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DE LA RUE SAINT DOMINIQUE AU FAUBOURG SAINT GERMAIN ...

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<strong>DE</strong> <strong>LA</strong> <strong>RUE</strong> <strong>SAINT</strong> <strong>DOMINIQUE</strong> <strong>AU</strong> F<strong>AU</strong>BOURG <strong>SAINT</strong> <strong>GERMAIN</strong>Préhistoire de la ville et du 222, boulevard Saint-GermainFrédéric Dupont, alors maire du VII e arrondissement, écrit en 1984 dans le catalogue consacré àcette rue fameuse qui est alors «exposée » au musée Rodin par la Délégation à l’action artistique dela ville de Paris et la Société d’histoire et d’archéologie du V e arrondissement :« C’est là qu’habita Mme du Deffand, cette « héritière » de la marquise de Sévigné, qui, après avoirreçu dans son salon les principales célébrités de son siècle, écrivit d’admirables pages, et sut, alorsqu’elle était presque nonagénaire et devenue aveugle, conserver l’amour d’Horace Walpole quiplusieurs fois par an franchissait la Manche pour entendre sa voix, admirer son visage et ses yeux quine pouvaient plus voir.C’est aussi rue Saint-Dominique qu’ont été écrites les lettres de Mlle de Lespinasse qui sont les plusbelles lettres d’amour qu’un être humain pût écrire, baptisés par les Goncourt comme « le plus grandbattement de cœur du XVIIIe siècle » et qui devaient porter l’ultime signature de celle qui devaitmourir peu après le mariage de l’homme qui les avait inspirées. »Le Musée des Lettres et Manuscrits ne pouvait rêver meilleur patronage. Mais n’est-il pas installé222 boulevard Saint-Germain ? Lorsqu’en 1866, six cent vingt cinq mètres de l’ancienne rue Saint-Dominique sont rebaptisés boulevard Saint-Germain, l’histoire de l’ancienne voie n’en est pas pourautant abolie.L’évêque Saint Germain d’Auxerre, le découvreur de Sainte Geneviève, a donné son nom à l’église,précédemment consacrée sous le double vocable de Saint Vincent et Sainte Croix, après satranslation dans le chœur de l’église. Tout naturellement, la nouvelle desserte de la rive gauche rendhommage à sa mémoire en ce XIX e siècle féru d’histoire et d’héritage.Le nouveau découpage territorial s’entrelace avec la rue saint-Dominique apparemment disparuedont quelques immeubles constituent le joli secret des fonds de parcelle. Saint-Germain-des-Préscomme la rue voisine du Pré-aux-Clercs nous rappellent cette campagne qui s’étendait à l’ouest del’église et de l’abbaye dont elle était le centre. Le long de la Seine et jusqu’au Palais Bourbon, unezone inondable appartenait à l’Université depuis Louis VII le Jeune et servait de lieu de réunions et dedélassements pour les étudiants. Extra muros, on la distinguait par l’adjectif « Grand » Pré-aux-Clercsdu « Petit » situé à l’Est.


Un arrêt du Parlement daté du 7 septembre 1629 autorise le lotissement du site. La rue qui bordaitau sud le Pré aux Clercs prend le nom de Saint-Dominique en 1643. Ses anciens noms, dont Treillesen 1433, Herbu des Moulins-à-Vents en 1523, ou de l’Oseraie (1527), du Port (1530), aux Vaches(1542) alors que les animaux l’empruntaient pour rejoindre la plaine de Grenelle, illustrentl’évolution du futur faubourg.LES DOMINICAINS, <strong>DE</strong> <strong>LA</strong> COMMUN<strong>AU</strong>TE A <strong>LA</strong> PROMOTION IMMOBILIERELes lettres patentes de la reine régente, Marie de Médicis, en date de septembre 1611, autorisent lepère Sébastien Michaelis à fonder à Paris, un couvent de Dominicains, dits des jacobins réformés.L’installation place du Marché Saint-Honoré est approuvée le 8 avril 1612 par Henri de Gondi,évêque de Paris. La communauté est revenue à la règle austère de son fondateur. Il faut attendreune vingtaine d’années pour que le général de l’ordre, le père Nicolas Rodolphi décide la création dunoviciat destiné à la formation des jeunes frères selon ladite réforme.Vingt mille écus d’or, produits des taxes imposées aux provinces de l’ordre et des revenus des biensprivés des religieux, permettent d’acheter une maison avec terrain attenant de sept arpents et demi.Quatre représentants de la communauté viennent s’installer le 15 août 1631. L’acquisition n’estdéfinitive que le 5 juin 1532. L’abbé de Saint-Germain-des-Prés, qui a toujours autorité sur ceterritoire, autorise l’opération le 18 juin et le roi le 6 juillet de la même année.Dans la chapelle aménagée dans la maison, la première messe est célébrée par le nonce du Pape,Bichi, le 15 août 1631. Le patronage de la Vierge, dont ce jour est la fête, bénit l’ouverture dunoviciat auquel le nonce a intéressé le cardinal de Richelieu, d’où le don d’une rente annuelle de2000 livres. Sa nièce bien-aimée, la duchesse d’Aiguillon, assiste à la cérémonie . On connaît sonengagement au service de la Compagnie du Saint Sacrement. Dans cette France consacrée sept ansplus tard à la Vierge, Paris apparaît comme une cité sainte investie par la spiritualité de la Réformecatholique.


La propriété est bordée au nord par le Grand Pré-aux-Clercs, à l’est par la butte du Moulin encoresuggérée par le nivellement de la rue Saint-Guillaume en sa partie septentrionale, au sud par la ruequi va bientôt changer de nom en hommage à ses illustres voisins, et la rue du Bac à l’ouest.Les maisons destinées à abriter la communauté occuperaient l’emplacement des 216/220 boulevardSaint-Germain. Deux bâtiments se coupent à angle droit dont la seconde chapelle occupe l’anglenord-est. Comme la construction se termine le 13 août 1632, le prieur sollicite la bénédiction del’abbé de Saint-Germain-des-Prés. Le noviciat dirigé par le père Carré dépend du général de l’ordrequi siège à Toulouse.Les dépenses devant être équilibrés par les revenus, les religieux décident d’élever des maisons derapport le long de la rue Saint Dominique. Ils cherchent des personnalités qui leur avancent lessommes nécessaires. Ils trouvent leur premier opérateur en la personne de Geoffroy de Laigue quileur confie trente sept mille livres afin de disposer d’une maison dont le noviciat se réserve l’usufruit.Le contrat est signé le 7 avril 1663.L’originalité de l’entreprise, alors commune à l’ensemble des ordres urbains qui ont fait del’investissement immobilier une pratique, réside dans la décision prise en 1682 par les Dominicainsde concevoir une petite ville patricienne. Le couvent et l’église sont reconstruits et l’église forme lefond d’une place demi-circulaire, plantée d’arbres, fermée de grilles, notre place Saint-Thomasd’Aquin, desservie par deux voies, actuellement rues Saint-Thomas-d’Aquin et Gribeauval. Cettesituation en cœur d’îlot respecte le silence et l’isolement indispensables à la vie religieuse. On ignorequi a pensé cet urbanisme spécifique. Peut-être une pensée croisée de l’architecte de l’église et de laspiritualité dominicaine.En bordure des rues du Bac et Saint-Dominique, dix-sept immeubles (cinq le long de la rue du Bacédifiés entre 1683 et 1688 - les 230 à 238 boulevard Saint-Germain-, et douze sur la rue Saint-Dominique de l’année 1684 - les 226 à 214 boulevard Saint-Germain) sont peu à peu construits sur lemodèle des premières maisons de 1663 et années suivantes. Les occupants locataires correspondentà la cible aristocratique (rue Saint-Honoré les dominicains avaient justement destiné leur promotionà la population bourgeoise de cette rue marchande), d’où une typologie d’hôtel particulier : portecochère et bâtiment sur rue, cour bordée ou non d’ailes, corps de logis et jardin avec en général uneporte permettant un accès rapide à l’église. À noter qu’il ne s’agit pas de demeures luxueuses. Il n’estévidemment pas question de rivaliser avec les excès des propriétaires particuliers.


Les sommes récoltées ne suffiront pas. Le chantier de l’église qui a pour architecte Pierre Bullet,architecte du roi et de la ville, dont la première pierre est posée le 5 mars 1683 par l’archevêqued’Albi, le dominicain Hyacinthe Serroni, et la duchesse de Luynes, Anne de Rohan- Montbazon, ne setermine qu’en 1769 par la façade signée par le frère Claude, architecte et dominicain. Nombred’édifices religieux abritant des ordres connaîtront de la sorte une économie difficile, et parfois uninachèvement jusqu’à un état persistant de ruines, tels l’église des Bernardins.<strong>DE</strong> L’HÔTEL, CINQUIEME MAISON DU P<strong>LA</strong>N <strong>DE</strong> VERNIQUET (1796), D’ABORD NUMEROTE 42 <strong>RUE</strong><strong>SAINT</strong>-<strong>DOMINIQUE</strong>, À L’ACTUEL 222 BOULEVARD <strong>SAINT</strong>-<strong>GERMAIN</strong>.Un dénommé Bailly est le premier occupant connu de l’immeuble peut-être antérieur au dernieraménagement du couvent. À dater de Pâques 1682, Jean Luillier, seigneur de Labbebille, le loue à viepour un montant forfaitaire de 15 0000 livres. En 1704, M. Goislard, conseiller au Parlement, yréside.Le 12 mai 1708, la comtesse d’Arco signe un bail de six ans ; le loyer annuel est fixé à 1 500 livres.Elle y loge le chevalier de Bavière, le fils qu’elle a eu de l’Electeur Maximilien-Emmanuel, logeant à cemoment au N° 40 actuel de la rue du Cherche-Midi.La marquise de Villette lui succède, puis le 10 avril 1717, pour six ans à nouveau et au loyer annuel,nettement augmenté, de 2 500 livres (le quartier prend de la valeur), à Jean-Baptiste-Julien Danycande Lanazouarn, maître des Comptes, et son épouse Claude-Charlotte de Tilly de Blaru. Le bail seraprolongé.Le 23 avril 1727, les précédents locataires toujours présents, un bail partant de Pâques de neuf ans,intéresse particulièrement l’histoire. Le nouvel occupant est en effet Claude de Saint-Simon, abbé deJumièges, et plus encore abbé de cour aux idées jansénistes. Il demeurait auparavant rue Taranne,voie prolongeant la rue Saint-Dominique vers l’abbaye. Déjà locataire de la maison II, il le sera plustard des maisons IV et VI.


Cousin du duc de Saint-Simon qui habite la maison II, soit le 218 boulevard Saint-Germain, toujoursexistant, entre 1714 et 1746, il héritera de ses papiers à la mort du mémorialiste en 1755. On peutêtre reconnaissant à celui qui était surnommé « Monsieur le Riche » et qui fut si imbu de ses titres etrang, d’avoir évité la vente et la dispersion des Mémoires.Le loyer modéré de 1 800 livres est lié à l’engagement de l’abbé de construire dans le coin du jardin« du côté de la maison occupée par le duc de Saint Simon », une écurie avec grenier au dessus. Surles 1 800 livres de travaux supplémentaires destinés à l’amélioration du confort, il n’en dépensepourtant que 800, les Jacobins réglant le solde.La famille des Saint-Simon représentée par plusieurs de ses membres est bien le symbole de cettesociété de locataires. En 1742, Catherine-Charlotte-Henriette de Canouville de Raffetot loue pourneuf ans au prix annuel de 1 500livres, puis renouvelle pour neuf ans à nouveau en 1751, le loyerpassant à 2 000 livres à la demande de la locataire qui récupère le corps de logis construit dans lejardin par l’abbé (désormais évêque de Metz) qui reloue le 1 er octobre 1757 au prix de 2 900 livres.Quand il meurt le 27 février 1760, sa sœur, Marie-Elisabeth de Rouvroy Saint-Simon, veuve du duc deLaval-Montmorency, maréchal de France, loue à son tour, pour neuf ans et 3 000 livres à dater du 1 eroctobre 1760. Elle meurt dans la maison le 4 janvier 1762.Le chapelet des noms illustres continue de s’égrener. Le 24 février 1762, Marguerite-CharlotteFleuriau de Marville, veuve de Pierre-Emmanuel, marquis de Crussol, loue pour neuf ans toujours ettrois mille livres. Le bail étant résilié le 5 avril 1766 un nouveau bail de même durée et d’un montantde 3 250 livres commence le 1 er juillet en faveur de Marie-Marthe-Françoise de Bonneval, veuve deLouis de Talaru, marquis de Chalmazel, gouverneur de Phalsbourg, premier hôtel de la Reine,demeurant rue de l’Université. Le lendemain de la résiliation du bail, soit le 11 décembre 1770,l’hôtel est loué, à dater du 1 er avril, toujours pour trois, six, neuf ans, à François-Raymond, marquisde Montmort, lieutenant-général, à son épouse Marie-Geneviève Vidaud de Dognon ; le loyer quiaugmente petit à petit est passé à 3 500 livres. Le jour de la résiliation (23 mars 1773), l’hôtel estreloué au même prix à dater du 1 er avril, à Adélaïde-Luce-Madeleine Galard de Béarn-Brassac, veuvede Bertrand-Nompar de Caumont, marquis de Caumont. Ces changements rapides sontsymptomatiques de la fonction quasiment hôtelière, au sens moderne, de ce type de propriété quin’est qu’une halte dans la vie de la haute société contemporaine.Le 1 er avril 1782, le loyer étant passé brutalement à 4 700 livres, l’évêque de Beauvais, François-Joseph de la Rochefoucauld-Bayers prend possession des lieux. Son passage est très rapide puisqu’àpartir du 14 août de la même année, et au même tarif, la nouvelle locataire, qui le sera encore en1790, devient Marie-Louise-Auguste de Montmorency, veuve de Charles, comte de Ruffec,lieutenant-général.


L’EXPERTISE <strong>DE</strong>S 41/42 <strong>RUE</strong> <strong>SAINT</strong>-<strong>DOMINIQUE</strong> (MAISONS IV ET V DU P<strong>LA</strong>N <strong>DE</strong> VERNIQUET) ENDATE DU 16 SEPTEMBRE 1790. <strong>DE</strong>S ORIGINES DOMINICAINES <strong>AU</strong>X NOUVE<strong>AU</strong>X IMMEUBLES <strong>DE</strong>S224/222 BOULEVARD <strong>SAINT</strong>-<strong>GERMAIN</strong>, UN MEME <strong>DE</strong>STIN ARCHITECTURAL .MM Destriche, nommé par la Commune de Paris, et Rousseau, nommé par l’Assemblée Nationale,nous ont laissé une description très exacte du site qui nous intéresse. Les extraits suivantsintéresseront le lecteur d’autant que le plan des constructions élevées à mesure sur la parcellepermet de bien comprendre le descriptif.« Maisons et dépendances situés à paris, n°s 41 et 42 provenant de la Communauté des Dominicainsconsistant en un corps de bâtiment double, et simple sur la rue avec bâtiment an aile enclavé aulevant sur la cour, d’un autre corps de bâtiment aussi en aile enclavé au levant sur la cour, d’un autrecorps de bâtiment entre les deux cours et d’un petit bâtiment dans le fond de la principale cour, detrois cours dont une petite pratique dans l’épaisseur du bâtiment en aile au couchant et d’un puits.Les deux corps de bâtiment sur la rue l’un double et l’autre simple ainsi que l’autre simple ainsi quel’aile en retour au levant sur la cour sont élevés d’un rez-de-chaussée au dessus des caves de deuxétages carrés et d’une mansarde avec grenier perdu au dessus, l’aile en retour sur la cour aucouchant est élevée d’un rez-de-chaussée avec mansarde au dessus (dû à M de Saint-Simon) et lepetit bâtiment en forme d’ « angard » au fond de la cour est élevé d’un rez-de-chaussée, seulement àusage de remises.Les caves qui n’existent que sous les deux corps de bâtiment sur la rue sont divisées en plusieursberceaux et distributions de planches. Le rez-de-chaussée des deux dits corps de bâtiments sur, larue et les deux ailes sont divisés en deux passages de portes cochères avec chacune une loge deportier et « supente » au dessus des deux vestibules dans lesquels chacun est pratiqué un grandescalier dégageant tous les étages des dits corps de bâtiment avec chacun sous leurs échappées unedescente aux caves. Le surplus du rez-de-chaussée divisé ensemble en deux cuisines avec chacune unfour, de deux offices, trois autres pièces et d’une remise.Le 1 er Etage orné de parquet, lambris, chambranle de marbre et glaces, est composé de sixprincipales pièces trois cabinets et une petite garderobe en saillie sur la cour.Le Second Etage divisé en neuf pièces avec corridor.Le 3 e Etage en mansarde est divisé en onze pièces pour Domestiques, un cabinet d’aisance et unautre petit cabinet dans le comble au dessus du bâtiment double sont trois autres pièces dégagéespar un petit corridor avec cabinet d’aisance.


L’adjudication du 41 rue Saint-Dominique (la numérotation n’a pas encore changé) est prononcée le15 septembre 1791 au profit du docteur Jean Bayle agissant pour sa future épouse, Madame veuvePaulin Daguesseau, au prix de soixante et onze mille huit cents livres payables à terme. Née GabrielleAnne Delavieuville, l’adjudication est à nouveau prononcée cette fois à son nom le 7 septembre 1791suite au décès de son second mari.Le 22 mai 1811, alors que la nouvelle numérotation est en vigueur, le nouvel acquéreur est là encoreune veuve, Madame Meunier, née Odelin, qui acquiert la propriété pour la somme de cent cinq millefrancs dont la fille, veuve de Joseph Violette, héritera à son tour après la mort de son frère. Décédéeà Bourg-la-Reine le 14 septembre 1852, elle lègue son bien par testament olographe à AlexandreGoffin qui lègue à son tour le 8 octobre 1852 à Mademoiselle Jeanne Guy, célibataire majeurehabitant également Bourg-la-Reine. À la mort de celle-ci le 28 septembre 1867, la Fabrique Saint-Séverin sera admise à hériter de la nouvelle propriétaire par décret impérial du 14 mai 1870 àcondition d’accepter les clauses du testament, à charge pour elle :« 1 D’ajouter à perpétuité la somme de douze cents francs aux honoraires du curé de la paroisse etune pareille somme de douze cents francs au traitement des vicaires.2 De faire distribuer tous les ans et à perpétuité par les soins du curé, trois cents francs auxpauvres de ladite paroisse.3 De faire acquitter une année de messes une fois dites et treize messes tous les ans à perpétuité. »Il nous faut quitter provisoirement le 41 tout en y revenant constamment. En effet, lors del’adjudication du 7 septembre 1791, M Catalan, chirurgien dentiste, paye soixante et onze mille deuxcents livres pour devenir propriétaire du 42. Le 12 avril 1809, il acquiert divers « objets » provenantdu 32 vendus par le mandataire de Madame Delavieuville pour un montant de quinze mille francs.Lui succèdent pour cinquante huit mille francs Monsieur et Madame Jean Eloi Erambert, marchandparfumeur, le 26 février 1812. Madame Meunier, déjà propriétaire de l’immeuble mitoyen, se porteacquéreur le 28 juin 1814 et fait une affaire car elle ne paye que cinquante mille francs. Après ledécès de madame Violette, son cousin germain, Jean Meunier est l’héritier auxquelles succéderontsa veuve et sa fille, Madame Collonge, et sa petite fille, Mademoiselle Guiliani.


<strong>LA</strong> RECONSTRUCTION.Les époux Bellaigue sont les bénéficiaires de l’adjudication du 30 avril 1870. La valeur du bien a étéestimée cent quatre vingt deux mille francs. Antoine Bellaigue, propriétaire, et son épouse, EmilieEugénie Pierron, demeurent 11, rue Saint-Guillaume lorsqu’ils vendent le 21 février 1885 l’antiquepropriété du 38 pour trois cent cinquante cinq mille francs. Le 3 novembre 1885 l’adjudication des 34et 36 par la Fabrique Saint-Séverin au prix de deux cent dix mille francs.L’acte contenant cette dernière transaction mentionne que « les constructions qui existaient alorssur le N°222 ont été démolies, et sur leur emplacement ont été réédifiées des constructionsnouvelles qui ne forment qu’une seule maison avec celle élevée… sur l’emplacement du N°224...Quant à la maison située Boulevard Saint-Germain N°220, elle a été conservée telle qu’elle existait. »Libraire, François Xavier Roy, s’adresse à l’architecte Salomon Revel dont l’agence est installée 18,rue Choron dans le IX e arrondissement. Natif de Rouxviller, élève de Lenormand, il s’agit d’ungénéraliste constructeur de banques et d’usines autant que d’immeubles de rapport. Le choix estbon quand on sait le parti adopté : l’immeuble résidentiel en façade sur le boulevard Saint-Germain,et la librairie dans la cour, où l’on trouve également le bâtiment servant d’écuries et remises.L’architecte meurt en 1887 alors que le chantier démarre et c’est son successeur Gabriel Lhuiller quiréalise son projet. Les magasins seront partiellement transformés en appartements dès 1893, maissans perdre leur vocation de départ qui coïncide avec leur nouvelle fonction de musée.Olympe-Mathilde Roy, fille du libraire promoteur, habite le 218 boulevard Saint-Germain, l’ancienhôtel illustré par le duc de Saint-Simon, lorsqu’elle meurt le 10 janvier 1935. Son second mari, HenriJoseph Marie Saint Germain, dit de Saint-Germain, cède le bien à la librairie Rombaldi dont le siègeest 184 boulevard Saint-Germain pour la somme de quatre millions cinq cent mille francs régléscomptant le 16 décembre 1943. La société Rombaldi est représentée par Madame GermaineMaurice, veuve en première noces non remariée de Monsieur Toussaint Antoine Rombaldi.Entre les Roy et les Rombaldi, les libraires éditeurs se sont succédé : Geffroy en 1900, à l’Abeille d’Oret la Reliure française en 1924. Le Bottin du Commerce par rue nous révèle que les éditions del’Abeille d’Or Rombaldi ainsi que Toussaint Rombaldi, également 28 rue Jacob sont déjà présents en1930.


<strong>LA</strong> FAMILE ROMBALDILes origines croisent Bastia et Ajaccio chez les grands parents de Madame Rombaldi dont la présencecinquantenaire boulevard Saint-Germain est une caution de l’histoire.Son père naît à Paris et se marie à une belle alsacienne. Entreprenant dès son plus jeune âge, il a lachance de rentrer à onze ans chez Calmann Lévy qui lui apprend à conjuguer édition et commerce.De la boutique de la rue Jacob, il passe à la Société de Géographie (le 184 boulevard Saint-Germainmentionné précédemment) dont il reprend la librairie.Il rachète trente six maisons d’édition et son installation dans les lieux dont nous rapportonsl’histoire extraordinaire en font une personnalité de Saint-Germain-des-Prés et du Tout-Paris. Ce quine l’empêche pas de garder les pieds sur terre et de pratiquer le treize pour douze en continuant àêtre grossiste en librairie.Sa fille fait un beau mariage, son fils prend sa suite.Et c’est la création du fameux Club de la Femmeen association avec l’éditeur Cino Del Duca. La maison prospère, recrute beaucoup. Et la charge serévèlera trop lourde. À tel point que les éditions fermeront leurs portes, laissant un nom inoublié.L’écriteau portant mention des éditions Rombaldi est heureusement conservé.<strong>DE</strong> MA<strong>DE</strong>MOISELLE ROMBALDI À SCIENCES PO ET <strong>AU</strong> MUSEE <strong>DE</strong>S LETTRES ET MANUSCRITSMademoiselle Rombaldi a passé ses premières années dans le bâtiment de la librairie. Après la ventepar la famille à la Caisse de retraites du personnel naviguant de l’aéronautique civile, et la cessationdes activités de l’éditeur, que va devenir l’immeuble industriel de la cour ? Les années ont accumuléles transformations qui sont de véritables altérations de cette boîte à vide central entouré de galerieset éclairage zénithal.La première réutilisation envisagée, soit l’installation de l’école des Sciences Politiques, a eu pourconséquence la création de plateaux destinés aux open space et un câblage généralisé. Au cours duchantier mené par l’architecte Eric Chazelle et son agence Drôles de trames, les Bâtiments de Franceont réorienté le chantier vers une mise en valeur du vide autour duquel s’organise le parallélépipèdeconçu par Salomon Revel.


La rigueur du projet valorise les structures. Les circulations et sanitaires regroupés derrière un murde service noir, les piles de pierre du sous-sol et les colonnes de fonte qui ceinturent le cœur de laboîte confèrent un cadre scénique aux expositions et activités à venir du Musée.L’attention donnée à l’éclairage donne à l’ensemble une coloration qui joue avec la lumière naturelle.La modernité du site ainsi reconditionné est en relation affinitaire avec les premières maisonsconstruites par les dominicains destinées à servir à tous usages et locataires en fonction des usagesen cours.La beauté de l’immeuble créé pour le libraire éditeur Roy est la preuve que l’architecture transmetparfaitement le message de l’histoire. En effet jusqu’au présent article la mémoire des lieux étaitplus ou moins ignorée. Aujourd’hui elle est réunie en toutes ses parties.Pascal Payen-AppenzellerHistorienExpert stratigraphe du Patrimoine

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