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Le Calcaire de Saint-Ouen

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<strong>Le</strong> <strong>Calcaire</strong> <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong><br />

Essai d'étu<strong>de</strong> régionale <strong>de</strong> géologie<br />

appliquée au Génie Civil<br />

Compte-rendu <strong>de</strong>s journées d'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s 5 et 6 octobre1967,<br />

organisées par le Département <strong>de</strong>s So/s du Laboratoire<br />

Central <strong>de</strong>s Ponts et Chaussées et tenues au Laboratoire<br />

Régional <strong>de</strong> Trappes.


sommaire<br />

A. PASQUET<br />

5 • Avant propos<br />

J. LEGRAND<br />

7 • Introduction - Présentation <strong>de</strong>s journées<br />

12 • Fiche d'i<strong>de</strong>ntité<br />

14 • Glossaire<br />

G. CHAMPETIER DE RIBES 19 <strong>Le</strong> calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> - Sa genèse et ses<br />

principaux faciès<br />

— Résumé à l'intention <strong>de</strong>s praticiens<br />

— Discussion<br />

B. CARON 31 • Définition <strong>de</strong> la couche et quelques problèmes<br />

qui s'y attachent<br />

— Résumé à l'intention <strong>de</strong>s praticiens<br />

— Discussion<br />

J. FLORENTIN 55 • Propriétés mécaniques d'ensemble <strong>de</strong>s marnes<br />

du <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong><br />

M. RASKINE 61 • Réflexions à partir d'un certain nombre d'essais<br />

— Discussion <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux exposés précé<strong>de</strong>nts<br />

J.J. SEVESTRE 67 • <strong>Le</strong>s marno-calcaires du <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> sur<br />

l'autoroute B 3<br />

— Résumé à l'intention <strong>de</strong>s praticiens<br />

P. CHASSANDE 75 • Fondations d'ouvrages d'art autoroutiers dans la<br />

plaine <strong>de</strong> Rosny<br />

Ministère <strong>de</strong> l'Equipement et du Logement - Laboratoire Central <strong>de</strong>s<br />

Ponts et Chaussées - 58, Boulevard <strong>Le</strong>febvre - 75-Paris 15'<br />

Septembre 1969


E. DE CAZENOVE 79 • Fondations sur pieux dans le <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> <strong>de</strong> Vitry<br />

— Résumé à l'intention <strong>de</strong>s praticiens<br />

M. VANDANGEON 91 • Synthèse <strong>de</strong> quelques chantiers dans Paris<br />

et sa banlieue<br />

— Résumé à l'intention <strong>de</strong>s praticiens<br />

— Discussion <strong>de</strong>s quatre exposés précé<strong>de</strong>nts<br />

G. CHAMPETIER DE RIBES 97 • Visite <strong>de</strong> la coupe <strong>de</strong> La Frette<br />

B. CARON 100 • Visite <strong>de</strong>s terrassements du collecteur d'eaux<br />

pluviales <strong>de</strong> Vincennes<br />

G. CHAMPETIER DE RIBES 102 • Rapport <strong>de</strong> synthèse géologique<br />

M. ADAM 104 • Rapport <strong>de</strong> synthèse géotechnique<br />

J. LEGRAND 106 • Conclusions et recommandations<br />

111 • Liste <strong>de</strong>s participants<br />

112« Résumés


AVANT<br />

PROPOS<br />

A. PASQUET<br />

Ingénieur en Chef <strong>de</strong>s Ponts et Chaussées<br />

Directeur du Laboratoire Central <strong>de</strong>s Ponts et Chaussées<br />

Souvent rencontrée par les maîtres d'œuvre <strong>de</strong> la région parisienne, la<br />

formation du calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> déconcerte par son irrégularité et ses<br />

variations <strong>de</strong> faciès, inquiète par ses cavités fossiles ou actives. Aussi leur<br />

apparaît-elle, ainsi qu'aux projeteurs et aux ingénieurs <strong>de</strong> laboratoire, comme<br />

semée d'embûches et quelque peu mystérieuse. Cette méfiance explique leur<br />

réflexe <strong>de</strong> sécurité.<br />

Injustement décrié, le calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> attendait sa réhabilitation.<br />

C'est là l'un <strong>de</strong>s objectifs assignés aux <strong>de</strong>ux journées d'étu<strong>de</strong>s organisées<br />

par le Laboratoire Central <strong>de</strong>s Ponts et Chaussées les 5 et 6 octobre 1967 au<br />

Laboratoire Régional <strong>de</strong>s Ponts et Chaussées <strong>de</strong> Trappes. En réunissant ceux<br />

qui, à <strong>de</strong>s titres divers, ont eu à en connaître, on a tenté <strong>de</strong> faire le point, <strong>de</strong><br />

souligner les insuffisances et <strong>de</strong> dégager les directions <strong>de</strong>s recherches à engager<br />

pour mieux répondre aux interrogations <strong>de</strong>s maîtres d'œuvre.<br />

Mais l'ambition était plus vaste : on voulait, à l'occasion d'un cas particulier,<br />

faire ressortir l'intérêt pour l'économie et pour les travaux d'équipement<br />

d'étu<strong>de</strong>s régionales <strong>de</strong> géologie appliquée, dégager les métho<strong>de</strong>s auxquelles<br />

elles doivent obéir, préciser les types <strong>de</strong> documents, cartographiques par<br />

exemple, qui doivent les conclure. Comme cela était prévisible, cet objectif n'a<br />

été que partiellement atteint, la doctrine ne pouvant se fon<strong>de</strong>r que sur l'analyse<br />

critique d'un nombre suffisant <strong>de</strong> cas particuliers.<br />

Bénéfice insoupçonné : le dialogue constructif qui s'est établi entre spécialistes<br />

<strong>de</strong>s différentes disciplines et qui, espérons-le, les aura aidés à mieux<br />

situer leur contribution à une œuvre commune, sans renier leur spécialité,<br />

mais en la dépassant. Souhaitons que ce dialogue se poursuive et que l'esprit<br />

<strong>de</strong> ces journées soit à l'origine d'un développement, <strong>de</strong> toute manière indispensable,<br />

<strong>de</strong>s relations entre géologues et autres spécialistes du sol.<br />

5


Bien que cela n'ait pas été envisagé lors <strong>de</strong> l'organisation <strong>de</strong>s journées,<br />

il a paru intéressant <strong>de</strong> publier leurs travaux. Plusieurs raisons y ont conduit :<br />

— la qualité et en même temps la diversité <strong>de</strong>s communications à l'image <strong>de</strong><br />

la formation elle-même,<br />

— le nombre <strong>de</strong>s participants, l'éventail <strong>de</strong>s spécialités et secteurs professionnels,<br />

— le climat, l'animation et le niveau <strong>de</strong>s discussions,<br />

— le courant <strong>de</strong> dialogue qui a uni les spécialistes et les a amenés à échanger<br />

<strong>de</strong>s idées.<br />

Après une introduction, la publication donne les textes intégraux <strong>de</strong>s<br />

communications (certaines d'entre-elles sont précédées d'un résumé <strong>de</strong>stiné<br />

aux praticiens) suivies <strong>de</strong> discussions. Puis le compte rendu sommaire <strong>de</strong> la<br />

visite <strong>de</strong> chantier, les synthèses <strong>de</strong>s rapporteurs et les conclusions du<br />

Prési<strong>de</strong>nt.<br />

<strong>Le</strong> succès <strong>de</strong> ces journées est dû, en bonne partie, au concours actif <strong>de</strong> tous<br />

les participants ; évi<strong>de</strong>nce certes, mais l'atmosphère atteste <strong>de</strong> la réussite.<br />

Pour cette réussite, nous féhcitons M. <strong>Le</strong>grand, Chef du Département <strong>de</strong>s<br />

Sols du Laboratoire Central, qui a assuré la responsabilité <strong>de</strong> l'organisation<br />

<strong>de</strong> ces journées et les a présidées.<br />

Nous remercions M. Champetier <strong>de</strong> Ribes qui a bien voulu rapporter les<br />

aspects géologiques <strong>de</strong>s problèmes posés par le <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>.<br />

Nous sommes reconnaissants à M. Adam d'avoir accepté la charge <strong>de</strong> la<br />

préparation <strong>de</strong> ces journées et les fonctions <strong>de</strong> rapporteur <strong>de</strong>s problèmes <strong>de</strong><br />

« Mécanique <strong>de</strong>s Sols ».<br />

Enfin, nous ne saurions oublier que c'est à l'obligeance <strong>de</strong>s responsables<br />

du Laboratoire Régional <strong>de</strong> Trappes, MM. Cambournac (Ingénieur en Chef <strong>de</strong>s<br />

Ponts et Chaussées) et Couturier (Chef du Laboratoire Régional) que nous<br />

<strong>de</strong>vons d'avoir pu organiser cette réunion près <strong>de</strong> Paris, au calme et dans la<br />

verdure. L'excellente organisation matérielle qu'ils ont mise à notre disposition<br />

a largement contribué au climat très libre et détendu <strong>de</strong> ces journées.<br />

Si nous avions à formuler un souhait, ce serait <strong>de</strong> pouvoir considérer ce<br />

travail comme un premier pas dans une tentative d'adaptation, sur un cas<br />

particuher difficile, <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> la géologie aux problèmes précis du<br />

Génie Civil. Premier pas, et qui dit premier s'engage pour l'avenir.


Introduction<br />

Présentation<br />

<strong>de</strong>s journées<br />

J. LEGRAND<br />

Ingénieur <strong>de</strong>s Ponts et Chaussées<br />

Chef du Département <strong>de</strong>s Sols<br />

au Laboratoire Central <strong>de</strong>s Ponts et Chaussées<br />

<strong>Calcaire</strong> <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> massif. Carrière <strong>de</strong> Villeneuve-sur-Verberie (Oise).<br />

7


INTRODUCTION<br />

• La géologie du bassin <strong>de</strong> Paris n'est simple qu'en apparence : à l'échelle à laquelle les géologues ont<br />

accoutumé <strong>de</strong> travailler. Si la succession stratigraphique est, dans l'ensemble, bien établie, notamment au<br />

Tertiaire auquel appartient la formation dite calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>, elle apparaît beaucoup plus complexe<br />

au géologue <strong>de</strong> Génie Civil qui, travaillant à très petite échelle, se heurte à un certain nombre <strong>de</strong> difficultés.<br />

Parmi celles-ci on rangera :<br />

— les variations rapi<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s épaisseurs <strong>de</strong> couches, les irrégularités <strong>de</strong>s surface limites, toit et mur, liées<br />

par exemple à <strong>de</strong>s érosions fossiles,<br />

— les changements brutaux <strong>de</strong> faciès : variations latérales, lacunes <strong>de</strong> sédimentation ou d'érosion,<br />

— les acci<strong>de</strong>nts dans la lithologie : discontinuités, phénomènes <strong>de</strong> concrétions, pseudomorphoses, effets <strong>de</strong><br />

compaction,<br />

— les dissolutions fossiles ou actives avec ou sans remplissage, accompagnées ou non d'effondrements <strong>de</strong>s<br />

couches supérieures,<br />

— les acci<strong>de</strong>nts dans la tectonique .'fissures, décalage <strong>de</strong>s couches, effondrements locaux, pendage, ondulations.<br />

Toutes ces « anomalies » ou « acci<strong>de</strong>nts géologiques » ont <strong>de</strong>s causes que le géologue peut et doit analyser,<br />

et qu'il doit s'efforcer <strong>de</strong> regrouper dans <strong>de</strong>s synthèses locales qui peuvent ensuite prendre place dans une<br />

synthèse plus générale.<br />

Comme le soulignera M. Champetier <strong>de</strong> Ribes, la connaissance du cadre paléogéographique laguno-lacustre<br />

dans lequel la formation du calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> s'est déposée confirme, tout en l'éclairant, la complexité<br />

<strong>de</strong>s phénomènes qui l'ont affectée et qui sont à l'origine <strong>de</strong> sa diversité ou encore <strong>de</strong> son hétérogénéité.<br />

L'étu<strong>de</strong> poussée <strong>de</strong> cette paléogéographie constitue assurément une voie intéressante <strong>de</strong> recherche pour une<br />

explication satisfaisante <strong>de</strong>s diverses anomalies rencontrées, et pour la mise au point <strong>de</strong> métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> prévision<br />

plus précises et mieux adaptées.<br />

• Pour le géotechnicien (1), peu familiarisé avec les disciplines géologiques spécialisées, le calcaire <strong>de</strong><br />

<strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> est une couche quelque peu déroutante et mystérieuse présentant simultanément une gran<strong>de</strong> diversité<br />

dans la nature <strong>de</strong>s matériaux qu'elle renferme et une gran<strong>de</strong> dispersion <strong>de</strong> leurs propriétés mécaniques.<br />

<strong>Le</strong> calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-Quen se présente comme une couche d'épaisseur variable (<strong>de</strong> cinq à quinze mètres) relativement<br />

imperméable dans sa partie supérieure. Cette partie, lorsqu'elle existe, sert <strong>de</strong> mur à une nappe supérieure<br />

et <strong>de</strong> toit à la nappe <strong>de</strong>s sables <strong>de</strong> Beauchamp.<br />

Il est constitué par :<br />

— <strong>de</strong>s alternances généralement peu épaisses <strong>de</strong> marnes et <strong>de</strong> calcaires avec toutes les gradations entre ces<br />

variétés lithologiques tant du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> leur teneur en carbonate <strong>de</strong> calcium que <strong>de</strong> leur structure et<br />

<strong>de</strong> leurs propriétés mécaniques. A côté <strong>de</strong> matériaux à comportement <strong>de</strong> sol ou <strong>de</strong> roche, la série présente<br />

également <strong>de</strong>s matériaux intermédiaires comme les marnes compactes. L'absence <strong>de</strong> corrélation entre la<br />

résistance mécanique à la rupture en compression simple et la <strong>de</strong>nsité <strong>de</strong>s matériaux confirme l'influence<br />

<strong>de</strong>s facteurs <strong>de</strong> structure en relation, par exemple, avec le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> développement d'un squelette cristallisé ;<br />

— <strong>de</strong>s lits intercalés d'argiles brunes feuilletées magnésiennes (2) et <strong>de</strong> marnes hydrophiles à silex nectiques.<br />

(1) Voir au glossaire, la définition donnée ici au terme <strong>de</strong> géotechnicien.<br />

(2) Par commodité ces argiles sont souvent désignées dans les textes qui suivent et sur les figures par le sigle A.B.F.<br />

8


Sur une aire suffisamment restreinte (côté allant <strong>de</strong> la centaine à quelques centaines <strong>de</strong> mètres) ces alternances<br />

peuvent constituer <strong>de</strong> véritables « structures » sensiblement constantes ou évoluant <strong>de</strong> façon progressive,<br />

comme M. Caron le fera ressortir dans son exposé. L'apparente hétérogénéité cè<strong>de</strong> alors la place à une<br />

tendance locale à l'organisation.<br />

• De telles structures où s'intercalent <strong>de</strong>s lits <strong>de</strong> matériaux durs et tendres, les uns peu, les autres très sensibles<br />

à l'eau se prêtent mal à la reconnaissance par sondages, et au prélèvement d'échantillons intacts. <strong>Le</strong>s<br />

carottes <strong>de</strong> sondage ne fournissent dans les meilleurs cas qu'une figuration très approximative <strong>de</strong> l'épaisseur<br />

et <strong>de</strong> la succession <strong>de</strong>s diverses couches, et une indication inexacte, en particulier pour les sols intermédiaires,<br />

<strong>de</strong> leur état réel en place.<br />

• <strong>Le</strong>s fondations superficielles ou profon<strong>de</strong>s sollicitent en général simultanément plusieurs <strong>de</strong>s niveaux constitutifs<br />

<strong>de</strong> la couche. Il est alors difficile d'apprécier l'influence <strong>de</strong> la présence <strong>de</strong> tel ou tel niveau sur le<br />

comportement mécanique <strong>de</strong> l'ensemble <strong>de</strong> la structure. Cette influence dépend d'ailleurs <strong>de</strong> nombreux autres<br />

facteurs : configuration relative <strong>de</strong>s ouvrages et <strong>de</strong>s couches, directions respectives <strong>de</strong>s pendages <strong>de</strong>s couches<br />

et <strong>de</strong>s efforts appliqués, état en place <strong>de</strong>s sols sensibles qui peuvent constituer <strong>de</strong>s plans préférentiels <strong>de</strong><br />

glissement, et évolution possible <strong>de</strong> cet état.<br />

• Enfin le calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> présente les inconvénients propres aux formations contemporaines <strong>de</strong>s<br />

dépôts <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s masses <strong>de</strong> gypse. Il contient <strong>de</strong>s lentilles <strong>de</strong> gypse déposées au cours <strong>de</strong>s changements <strong>de</strong><br />

niveau du système laguno-lacustre qui lui a donné naissance. Ces lentilles sont à l'origine <strong>de</strong> la formation <strong>de</strong><br />

cavités fossiles ou actives, variables suivant leur position dans le bassin, ou constituent une source <strong>de</strong> cavités<br />

potentielles. Ces cavités posent à l'ingénieur <strong>de</strong> délicates interrogations.<br />

• La complexité et l'hétérogénéité <strong>de</strong> la couche, l'aspect peu flatteur <strong>de</strong>s prélèvements d'échantillons (sur<br />

lesquels on peut souvent constater l'entraînement par rotation au cours du carottage <strong>de</strong> blocs <strong>de</strong> calcaire<br />

dans la pâte marneuse remaniée par l'eau <strong>de</strong> forage) qui fait mal augurer <strong>de</strong>s propriétés mécaniques du<br />

matériau, la difficulté d'intégrer dans les calculs les divers niveaux <strong>de</strong> la structure, le risque constitué par la<br />

présence <strong>de</strong> cavités ou <strong>de</strong> lentilles <strong>de</strong> gypse, tout concourt, dans l'état actuel <strong>de</strong> nos connaissances, à impressionner<br />

défavorablement le maître d'oeuvre, et le conduit, à défaut d'une expérience personnelle étendue <strong>de</strong><br />

la couche, à « pénaliser » cette formation et à se garantir par une très gran<strong>de</strong> sécurité.<br />

En fait le calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> attend sa réhabilitation. Sous réserve d'une bonne reconnaissance préalable,<br />

localement très précise, il constitue un niveau satisfaisant pour asseoir <strong>de</strong>s fondations superficielles.<br />

Dans les fondations profon<strong>de</strong>s, il fournit sur les pieux moulés un frottement latéral très notable.<br />

PRÉSENTATION DES JOURNÉES<br />

• Dans le cadre <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s menées par les Laboratoires Régionaux <strong>de</strong> la Région Parisienne sous la direction<br />

technique du Laboratoire Central <strong>de</strong>s Ponts et Chaussées, on est'arrivé assez rapi<strong>de</strong>ment à la conclusion que<br />

le niveau géologique du calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> était la source <strong>de</strong> nombreux problèmes <strong>de</strong> génie civil.<br />

L'idée est alors venue d'organiser <strong>de</strong>s journées d'étu<strong>de</strong>, au cours <strong>de</strong>squelles <strong>de</strong>s laboratoires, bureaux<br />

d'étu<strong>de</strong>s, maîtres d'oeuvre publics et privés confronteraient leurs connaissances et leurs expériences, sur cette<br />

formation. Ces journées furent ouvertes à un nombre restreint <strong>de</strong> participants, essentiellement :<br />

— <strong>de</strong>s bureaux d'étu<strong>de</strong>s privés <strong>de</strong> mécanique <strong>de</strong>s sols, <strong>de</strong>s entreprises <strong>de</strong> sondage, ou spécialisées dans les<br />

problèmes <strong>de</strong> fondations,<br />

— le Bureau <strong>de</strong> Recherche Géologique et Minière (B.R.G.M.),<br />

— <strong>de</strong>s membres du corps enseignant,<br />

— <strong>de</strong>s maîtres d'oeuvre <strong>de</strong> l'Administration <strong>de</strong>s Ponts et Chaussées, <strong>de</strong> la S.N.C.F. et <strong>de</strong> la R.A.T.P.,<br />

— <strong>de</strong>s Laboratoires Régionaux <strong>de</strong> la Région Parisienne : Trappes, Bondy et Fontainebleau,<br />

— le Laboratoire Central <strong>de</strong>s Ponts et Chaussées.


• Au-<strong>de</strong>là, ces journées ont voulu être une tentative pour préciser le contenu et les métho<strong>de</strong>s d'une étu<strong>de</strong><br />

géologique régionale orientée sur les problèmes <strong>de</strong> génie civil, se situant à l'échelle <strong>de</strong> ces problèmes et <strong>de</strong> leur<br />

point <strong>de</strong> vue et susceptible <strong>de</strong> déboucher sur une représentation cartographique appropriée. Représentation qui<br />

fournirait au maître d'oeuvre les éléments nécessaires pour orienter sa campagne <strong>de</strong> reconnaissance et l'étu<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> ses ouvrages.<br />

Elles auront eu également l'ambition d'établir un contact fructueux entre spécialistes <strong>de</strong>s diverses disciplines :<br />

géologie, géophysique, forage, géotechnique, d'ouvrir entre eux un véritable dialogue dans lequel chacun<br />

s'efforcerait d'apporter les renseignements et les connaissances qu'il tient <strong>de</strong> sa spécialité, en vue <strong>de</strong> parvenir<br />

à une synthèse globale plus soli<strong>de</strong>.<br />

• <strong>Le</strong> programme <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux journées comporte un ensemble d'exposés suivis <strong>de</strong> discussions et coupés par une<br />

visite <strong>de</strong> chantier.<br />

Au cours <strong>de</strong> la première journée, on a examiné plus spécialement les aspects géologiques du calcaire <strong>de</strong><br />

<strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>. Deux exposés ont été présentés dans la matinée :<br />

M. Champetier <strong>de</strong> Ribes, Chef <strong>de</strong> la Section <strong>de</strong> Géologie du Laboratoire Central <strong>de</strong>s Ponts et Chaussées,<br />

a d'abord présenté cette formation dans un contexte général, en précisant les données génétiques et diagénétiques<br />

susceptibles d'expliquer sa diversité, notamment ses variations <strong>de</strong> faciès, et en s'efforçant <strong>de</strong> dégager<br />

certaines caractéristiques régionales, telles que, par exemple, les niveaux repères stratigraphiques.<br />

M. Caron (géologue du Laboratoire Régional <strong>de</strong> Bondy) a ensuite procédé à une <strong>de</strong>scription détaillée <strong>de</strong> la<br />

couche dans la région parisienne, limites supérieure et inférieure, variations <strong>de</strong> faciès, lithologie, structure,<br />

actions quaternaires, dissolutions notamment, en relation avec l'hydrogéologie. Il a indiqué également les<br />

limites <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s actuelles <strong>de</strong> reconnaissance, et proposé les moyens propres à conduire à une meilleure<br />

connaissance <strong>de</strong> la couche : enquête permanente, analyse systématique, synthèse continue, amélioration <strong>de</strong>s<br />

métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> reconnaissance et d'interprétation <strong>de</strong>s essais « in situ »<br />

L'après-midi, consacrée à l'examen sur place du terrain a permis aux participants <strong>de</strong> se rendre compte <strong>de</strong><br />

la complexité et <strong>de</strong> la diversité <strong>de</strong> la couche, en premier lieu en affleurement : coupe <strong>de</strong> La Frette en bordure<br />

<strong>de</strong> la Seine, puis dans le chantier souterrain du collecteur <strong>de</strong> Vincennes.<br />

La secon<strong>de</strong> journée, orientée sur l'aspect géotechnique et mécanique du calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>, a comporté<br />

dans la matinée <strong>de</strong>ux groupes d'exposés.<br />

<strong>Le</strong>s <strong>de</strong>ux exposés du premier groupe ont porté tout d'abord sur l'i<strong>de</strong>ntification géotechnique et les propriétés<br />

mécaniques <strong>de</strong>s divers « sols » rencontrés dans la couche.<br />

Celui <strong>de</strong> M. Florentin, Directeur du bureau d'étu<strong>de</strong>s Mécasol, donne <strong>de</strong>s renseignements statistiques, d'une part,<br />

sur les caractéristiques d'i<strong>de</strong>ntification et l'état en place <strong>de</strong>s marnes du calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> et, d'autre part,<br />

sur leur résistance au cisaillement, et relève la discordance entre ces <strong>de</strong>ux ensembles <strong>de</strong> données dans l'état<br />

actuel <strong>de</strong> nos connaissances.<br />

Celui <strong>de</strong> M. Raskine*, Assistant-Chef à la Section <strong>de</strong> Mécanique <strong>de</strong>s Sols du Laboratoire Central <strong>de</strong>s Ponts<br />

et Chaussées, fait le point d'un grand nombre d'essais <strong>de</strong> laboratoire, essais d'i<strong>de</strong>ntification et mécaniques,<br />

effectués à l'occasion <strong>de</strong> l'étu<strong>de</strong> d'une autoroute.<br />

Des exposés plus spécialisés leur ont fait suite :<br />

— Celui <strong>de</strong> M. Sevestre (Assistant <strong>de</strong> Mécanique <strong>de</strong>s Sols au Laboratoire Régional <strong>de</strong> Bondy) complétait et<br />

illustrait la communication faite la veille par M. Caron et faisait ressortir l'imbrication <strong>de</strong>s aspects géologiques<br />

et géotechniques à propos <strong>de</strong> l'étu<strong>de</strong> menée pour l'autoroute B 3.<br />

— M. Chassan<strong>de</strong>, Ingénieur <strong>de</strong>s Ponts et Chaussées en Seine-<strong>Saint</strong>-Denis, a indiqué les questions que cette<br />

formation pose au maître d'oeuvre, pour la conception et l'exécution <strong>de</strong> fondations <strong>de</strong> viaducs autoroutiers.<br />

* Depuis janvier 1968, M. Raskine est Chargé <strong>de</strong> Mission au Service <strong>de</strong>s Documents Techniques du Laboratoire Central <strong>de</strong>s<br />

Ponts et Chaussées.<br />

10


— MM. Geffriaud et Cha<strong>de</strong>isson, Ingénieurs à la Société Solétanche, ont présenté la communication <strong>de</strong><br />

M. <strong>de</strong> Cazenove, Ingénieur à cette même société, sur les fondations sur pieux <strong>de</strong>s centrales E.D.F., Arrighi<br />

et Vitry, et sur le comportement <strong>de</strong> pieux d'essais.<br />

— Enfin M. Vandangeon, Ingénieur au bureau d'étu<strong>de</strong> Simecsol, a présenté une synthèse <strong>de</strong>s renseignements<br />

fournis par <strong>de</strong> nombreux chantiers dans la région parisienne.<br />

Dans l'après-midi, après la discussion sur les communications <strong>de</strong> la matinée, M. Champetier <strong>de</strong> Ribes a présenté<br />

une courte synthèse <strong>de</strong>s aspects géologiques du <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>, et M. Adam <strong>de</strong>s aspects géotechniques. Enfin,<br />

M. <strong>Le</strong>grand dégageait les conclusions <strong>de</strong>s journées.<br />

Cette réflexion en commun, à propos d'une formation bien déterminée : le calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> apparaît donc<br />

finalement comme une tentative mo<strong>de</strong>ste pour faire le point <strong>de</strong>s connaissances apportées par les diverses<br />

disciplines, les regrouper dans une synthèse d'ensemble, mettre en relief les lacunes et les imperfections,<br />

dégager les soucis <strong>de</strong>s maîtres d'œuvre, et surtout proposer les recherches et étu<strong>de</strong>s à entreprendre. A plus<br />

long terme son objectif aura été <strong>de</strong> dégager les gran<strong>de</strong>s lignes d'une métho<strong>de</strong> pour développer <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s<br />

régionales <strong>de</strong> géologie appliquée, métho<strong>de</strong> susceptible d'être transposée à d'autres formations très différentes<br />

qui cachent souvent, sous une apparente régularité d'ensemble, une non moins gran<strong>de</strong> diversité.<br />

Enfin elle aura été l'occasion <strong>de</strong> contacts fructueux entre spécialistes <strong>de</strong>s différentes disciplines, géologues,<br />

géophysiciens, son<strong>de</strong>urs, géotechniciens, contacts qui, nous l'espérons, leur auront apporté la conviction que le<br />

progrès passait par un approfondissement par chacun <strong>de</strong> sa discipline, associé à la confrontation <strong>de</strong>s points<br />

<strong>de</strong> vue.<br />

11


f i c h e<br />

d'i<strong>de</strong>ntité<br />

STRATIGRAPHIE<br />

LOG<br />

LITHOLOGIQUE (i)<br />

ÉPAISSEURS<br />

(en m)<br />

VARIATIONS<br />

DE<br />

FACIÈS<br />

NIVEAUX-REPÈRES<br />

IMPORTANTS<br />

SABLES DE MONCEAU<br />

Sable fin vert<br />

<strong>de</strong> 0,50<br />

Passage à marne<br />

sableuse<br />

Toit du <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong><br />

Cotes NGF <strong>de</strong> 25 à 45<br />

Marne à la base<br />

à 3,00<br />

<strong>Le</strong>ntilles <strong>de</strong> gypse<br />

Couronne<br />

Argile mag. violette<br />

<strong>Calcaire</strong> sublitho<br />

Marne blanche<br />

<strong>Calcaire</strong> sublitho<br />

Argile mag. violette<br />

<strong>de</strong> 0,20<br />

à 1,00<br />

Parfois<br />

non représentée<br />

1<br />

Présence<br />

d'argile magnésienne<br />

Partie<br />

supérieure<br />

Marne blanche<br />

grumeleuse à rognons<br />

calcaires<br />

<strong>de</strong> 2<br />

à 5<br />

Ensemble<br />

généralement<br />

continu et homogène<br />

avec plus ou moins<br />

<strong>de</strong> rognons<br />

Silex à la base<br />

CALCAIRE<br />

DE<br />

SAINT-OUEN<br />

Partie<br />

inférieure<br />

mm<br />

Alternance <strong>de</strong><br />

marnes crèmes,<br />

<strong>de</strong> calcaires marneux<br />

et durs, d'argiles<br />

et niveaux <strong>de</strong><br />

marnes hydrophiles<br />

à silex nectiques<br />

<strong>Calcaire</strong>s prédominants<br />

à la base<br />

<strong>de</strong> 5 Sont constants :<br />

quelques lits d'argiles<br />

et <strong>de</strong> marnes<br />

hydrophiles<br />

et certains<br />

bancs calcaires<br />

<strong>Le</strong>ntilles <strong>de</strong> gypse<br />

<strong>de</strong><br />

Niveau<br />

Mortefontaine<br />

<strong>Calcaire</strong> gréseux<br />

ou sable (fossilifère,<br />

nombreuses avicules)<br />

<strong>de</strong> 0,10<br />

à 0,50<br />

Constant<br />

Annonce<br />

gypse sous-jacent<br />

<strong>Calcaire</strong><br />

<strong>de</strong> Ducy Fn<br />

Marnes<br />

et calcaires crèmes<br />

avec argile et gypse<br />

<strong>de</strong> 0,10<br />

à 3,50<br />

<strong>Le</strong>ntilles <strong>de</strong> gypse<br />

Horizon<br />

d'Ezanville<br />

Sable fin jaune ou vert<br />

<strong>de</strong> 0,05<br />

à 1,50<br />

Constant<br />

Annonce niveaux<br />

organiques sous-jacents<br />

SABLES<br />

DE<br />

BEAUCHAMP<br />

<strong>Calcaire</strong> dur ou<br />

niveau organique<br />

Sable fin bleu et<br />

banc gréseux<br />

<strong>de</strong> 0,10<br />

à 1,00<br />

<strong>de</strong> 3,00<br />

à 5,00<br />

Certains bancs<br />

gréseux constants<br />

Niveau organique<br />

variable<br />

Base du<br />

<strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> (s.l.)<br />

Marne grise<br />

<strong>de</strong> 1 à 2,50<br />

Passage à sable<br />

marneux<br />

(1) <strong>Le</strong> log lithologique représente une coupe moyenne dans la région nord-est <strong>de</strong> Paris.<br />

(2) <strong>Le</strong>s figures <strong>de</strong> ces colonnes ont un caractère indicatif.<br />

(3) <strong>Le</strong>s chiffres <strong>de</strong> cette colonne constituent <strong>de</strong>s valeurs moyennes <strong>de</strong>s essais d'i<strong>de</strong>ntification effectués sur un ensemble.


p r o v i s o i r e<br />

CARACTÉRISTIQUES<br />

HYDROGÉOLOGIQUES<br />

CARACTÉRISTIQUES<br />

RECONNAISSANCE<br />

ZONES<br />

GYPSEUSES (2)<br />

ARGILE<br />

MAGNÉSIENNE<br />

(2)<br />

EXEMPLE DE<br />

CARACTÉRISTIQUES<br />

D'IDENTIFICATION (3)<br />

Faibles, circulations<br />

Carottage facile<br />

A A A A A A A A A A A 4<br />

Y


Glossaire<br />

ANT ICLINAL<br />

Pli convexe vers le ciel. Après érosion, la couche la plus ancienne affleure au centre<br />

<strong>de</strong> l'anticlinal.<br />

CONCRÉTIONS<br />

On donne le nom <strong>de</strong> concrétions à <strong>de</strong>s concentrations acci<strong>de</strong>ntelles <strong>de</strong> certains constituants<br />

chimiques <strong>de</strong>s roches sédimentaires en <strong>de</strong>s points irrégulièrement répartis dans<br />

leur masse. <strong>Le</strong>ur forme est le plus souvent sphérique, ovoï<strong>de</strong> ou mamelonnée, leur<br />

structure est tantôt massive, tantôt concentrique, tantôt cloisonnée. Exemple : silex,<br />

miches argileuses, poupées calcaires, etc.<br />

CYCLE SEDIMENT AIRE<br />

Pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> l'histoire géologique d'un bassin s'écoulant entre le début d'une transgression<br />

et la fin <strong>de</strong> la régression qui lui fait suite.<br />

EFFET DE COMPACTION<br />

En <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> la compaction due à un écrasement du sédiment sous le poids <strong>de</strong>s strates<br />

qui le surmontent, il peut se produire, sous l'effet <strong>de</strong> mouvements tectoniques, <strong>de</strong>s<br />

serrages <strong>de</strong> couches ; le phénomène est susceptible <strong>de</strong> se développer en particulier<br />

dans <strong>de</strong>s couches tendres comprises entre couches plus dures.<br />

ESSAI DE CISAILLEMENT A L'APPAREIL TRIAXIAL<br />

1° Dans l'essai <strong>de</strong> cisaillement à l'appareil triaxial, l'échantillon compris entre <strong>de</strong>ux<br />

pierres poreuses à ses extrémités et limité latéralement par une membrane élastique<br />

est soumis :<br />

• à une contrainte isotrope a i<br />

par l'intermédiaire d'un flui<strong>de</strong> (huile, paraffine ou<br />

plus généralement eau),<br />

• à un déviateur vertical ( a 1<br />

- a 3<br />

) ( a l<br />

contrainte verticale totale) par l'intermédiaire<br />

d'un piston à déplacement contrôlé (généralement vitesse <strong>de</strong> déplacement<br />

constante).<br />

2° L'essai triaxial comporte en principe <strong>de</strong>ux phases :<br />

• une phase <strong>de</strong> consolidation ou reconsolidation au cours <strong>de</strong> laquelle l'échantillon<br />

se trouve soit replacé dans les conditions <strong>de</strong> contraintes qui régnaient «in situ»,<br />

soit placé dans les conditions <strong>de</strong> contraintes qu'il aura à supporter dans l'ouvrage,'<br />

• la phase <strong>de</strong> cisaillement proprement dite au cours <strong>de</strong> laquelle on accroît le<br />

déviateur, à contrainte isotrope constante, jusqu'à la rupture.<br />

3° La rupture est définie soit par la valeur maximale du déviateur ( a x<br />

- cr 3<br />

), ou du<br />

rapport — en fonction <strong>de</strong> la déformation verticale e soit à défaut par une valeur<br />

3<br />

donnée <strong>de</strong> la déformation verticale e.


ESSAI TRIAXIAL UU, CU, CD<br />

On distingue classiquement quatre grands types d'essais triaxiaux suivant les conditions<br />

retenues pour chacune <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux phases <strong>de</strong> l'essai.<br />

— L'essai UU non consolidé - non drainé<br />

• La phase <strong>de</strong> consolidation n'existe pas.<br />

• <strong>Le</strong> drainage est fermé pendant le cisaillement.<br />

<strong>Le</strong>s paramètres correspondants <strong>de</strong> l'enveloppe <strong>de</strong>s cercles <strong>de</strong> Mohr, assimilée à une<br />

droite en contraintes totales, sont notés : CU cohésion non drainée<br />

Q*>TJ pour les sols Cohérents 0^ = 0<br />

— L'essai CU consolidé - non drainé<br />

• L'échantillon est d'abord consolidé.<br />

• <strong>Le</strong> drainage est fermé pendant le cisaillement.<br />

<strong>Le</strong>s paramètres correspondants <strong>de</strong> l'enveloppe <strong>de</strong>s cercles <strong>de</strong> Mohr, assimilée à une<br />

droite en contraintes totales, sont notés sous différentes valeurs <strong>de</strong> la poussée <strong>de</strong><br />

consolidation : C c u<br />

— L'essai CU consolidé - non drainé avec mesure <strong>de</strong> pression interstitielle<br />

• L'échantillon est d'abord consolidé.<br />

• <strong>Le</strong> drainage est fermé pendant le cisaillement.<br />

• La pression interstitielle développée dans l'échantillon pendant le cisaillement est<br />

mesurée.<br />

<strong>Le</strong>s paramètres correspondants <strong>de</strong> l'enveloppe <strong>de</strong>s cercles <strong>de</strong> Mohr en contraintes<br />

effectives, assimilée à une droite, sont notés : C' c u<br />

,<br />

eu<br />

la mention ' indiquant qu'ils se réfèrent à <strong>de</strong>s contraintes effectives.<br />

— L'essai CD consolidé - drainé<br />

• L'échantillon est d'abord consolidé.<br />

• <strong>Le</strong> drainage est ouvert pendant le cisaillement, et la vitesse <strong>de</strong> cisaillement est<br />

suffisamment faible pour éviter l'apparition <strong>de</strong> pressions interstitielles dans<br />

l'échantillon.<br />

<strong>Le</strong>s paramètres correspondants <strong>de</strong> l'enveloppe <strong>de</strong>s cercles <strong>de</strong> Mohr, assimilée à une<br />

droite, sont notés :<br />

Cd<br />

fj> d<br />

En première approximation<br />

cohésion drainée<br />

angle <strong>de</strong> frottement drainé<br />

o*>d = d>cu<br />

ESSAI TRIAXIAL AVEC CONTREPRESSION<br />

La mesure <strong>de</strong> la pression iriterstitielle dans l'essai CU peut être faussée par la présence<br />

<strong>de</strong>.bulles <strong>de</strong> gaz. Des bulles d'air peuvent <strong>de</strong>meurer dans l'eau interstitielle au contact<br />

<strong>de</strong>s grains, ou dans le circuit <strong>de</strong> mesure si la désaération n'a pas été complète. La<br />

fermentation <strong>de</strong> certains sols organiques laisse dégager <strong>de</strong>s gaz.<br />

Pour dissoudre les bulles <strong>de</strong> gaz on augmente simultanément :<br />

— la pression isotrope a }<br />

autour <strong>de</strong> l'échantillon o }<br />

+ w,<br />

— la pression interstitielle dans l'échantillon, w<br />

F<br />

ACffiS<br />

<strong>Le</strong>s contraintes intergranulaires qui gouvernent le cisaillement <strong>de</strong>meurent inchangées,<br />

(cr 3<br />

+ ru — m = tr 3<br />

).<br />

Ou « aspect du terrain ». C'est l'ensemble <strong>de</strong>s caractères lithologiques et paléontologiques<br />

que présente un dépôt en un point déterminé. Ces caractères nous renseignent<br />

sur l'ensemble <strong>de</strong>s conditions génétiques <strong>de</strong> la sédimentation.


GÉOTECHNIQUE<br />

GÉOTECHNICIEN<br />

<strong>Le</strong> terme <strong>de</strong> géotechnique est pris ici, comme dans les pays <strong>de</strong> langue anglaise, au sens<br />

large. Il regroupe :<br />

— l'ensemble <strong>de</strong>s techniques qui permettent d'obtenir une connaissance suffisamment<br />

précise et chiffrée :<br />

• <strong>de</strong> la nature et <strong>de</strong> l'état <strong>de</strong>s sols : i<strong>de</strong>ntification sur échantillons remaniés,<br />

caractéristiques d'état sur échantillons intacts,<br />

• <strong>de</strong> leurs propriétés physiques et mécaniques détenriinées soit sur échantillons<br />

en laboratoire, soit en place,<br />

• <strong>de</strong> la ou <strong>de</strong>s nappes et <strong>de</strong> leurs mouvements.<br />

— les données géologiques <strong>de</strong> base nécessaires à la synthèse <strong>de</strong> ces renseignements<br />

et à une compréhension intime du comportement <strong>de</strong>s sols,<br />

— les métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> calcul et <strong>de</strong> dimensionnement <strong>de</strong>s ouvrages.<br />

Il inclut donc celui <strong>de</strong> « Mécanique <strong>de</strong>s Sols » davantage limité aux aspects mécaniques<br />

<strong>de</strong>s problèmes, encore que les <strong>de</strong>ux termes soient, en France, bien souvent synonymes.<br />

<strong>Le</strong> géotechnicien est un spécialiste <strong>de</strong> la géotechnique. Outre ses connaissances en<br />

mécanique <strong>de</strong>s sols, il possè<strong>de</strong> <strong>de</strong>s bases sérieuses en géologie, notamment en géologie<br />

appliquée au génie civil, ainsi qu'une gran<strong>de</strong> expérience <strong>de</strong>s divers types <strong>de</strong> sols et<br />

d'ouvrages.<br />

<strong>Le</strong> géotechnicien doit être capable <strong>de</strong> dialoguer avec le géologue et <strong>de</strong> comprendre son<br />

langage. Ils procè<strong>de</strong>nt ensemble à la synthèse <strong>de</strong>s données <strong>de</strong> la reconnaissance préalable<br />

du site à laquelle contribuent également les géophysiciens et les spécialistes <strong>de</strong>s<br />

techniques <strong>de</strong> forage et <strong>de</strong> sondage.<br />

LACUNE STRATIGRAPHIQUE<br />

LITHOLOGIE<br />

Marque une discontinuité dans la sédimentation. Certaines couches manquent ou sont<br />

peu représentées : c'est un cas fréquent sur les bombements anticlinaux <strong>de</strong> la région<br />

parisienne.<br />

Branche <strong>de</strong> la science <strong>de</strong>s roches dont le but est <strong>de</strong> préciser dans quelles circonstances<br />

géologiques et par quels mécanismes physico-chimiques, les roches se sont formées.<br />

Elle intéresse donc les phénomènes ayant contribué à la mise en place <strong>de</strong>s roches à une<br />

époque déterminée <strong>de</strong> l'histoire géologique <strong>de</strong> la Terre et les transformations <strong>de</strong> nature<br />

variée qu'ont pu subir les roches jusqu'à nos jours (voir phénomènes <strong>de</strong> diagénèse).<br />

IVLARINÉSIEN<br />

Étage représentant le Bartonien moyen, s'étendant <strong>de</strong>s sables d'Ézanville aux sables <strong>de</strong><br />

Monceau, et comportant <strong>de</strong>s sédiments <strong>de</strong> faciès laguno-lacustres. Dans la région<br />

parisienne, le calcaire dé <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> en constitue la partie essentielle.<br />

PALÉOSOLS<br />

PÉTROGRAPHIE<br />

<strong>Le</strong>s paléosols cités dans le texte sont <strong>de</strong>s paléopodzols. <strong>Le</strong>s podzols sont <strong>de</strong>s sols<br />

forestiers, lessivés et aci<strong>de</strong>s, friables et cendreux, se formant en climat humi<strong>de</strong> et froid.<br />

Branche <strong>de</strong> la science <strong>de</strong>s roches dont le but est la <strong>de</strong>scription <strong>de</strong>s différents types<br />

<strong>de</strong> roches.


PHÉNOMÈNES DE DIAGÉNÈSE<br />

C'est l'ensemble <strong>de</strong>s phénomènes physiques, chimiques ou biochimiques qui affectent une<br />

roche (au sens géologique) et les minéraux qu'elle contient, postérieurement à son dépôt.<br />

PLAINESTRUCTURALE (OU PLATE-FORME STRUCTURALE)<br />

C'est une plaine qui correspond au toit d'une couche <strong>de</strong>nse, horizontale, dégagée par<br />

l'érosion.<br />

PSEUDOMORPHOSE<br />

On entend par pseudomorphoses <strong>de</strong>s transformations chimiques avec conservation <strong>de</strong><br />

la forme cristalline initiale. La calcite peut, <strong>de</strong> cette manière, remplacer le gypse.<br />

GRESSION<br />

Pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> l'histoire géologique d'un bassin sédimentaire durant laquelle la mer se<br />

retire <strong>de</strong> l'aire continentale qu'elle avait recouverte auparavant.<br />

SÉPIOLITE<br />

Argile magnésienne, gonflante en présence d'eau, et rappelant le carton quand elle est<br />

sèche. <strong>Le</strong>s propriétés <strong>de</strong> cette argile (ou <strong>de</strong> sa forme voisine : attapulgite) sont dues<br />

à la taille du cation Mg et à la disposition en fibre <strong>de</strong>s arrangements moléculaires.<br />

SILEX NECTIQUE<br />

Silex <strong>de</strong>s marnes magnésiennes, constitué par une fine trame siliceuse, dont les pores<br />

sont quelquefois remplis par du gypse. <strong>Le</strong>ur <strong>de</strong>nsité est souvent inférieure à 1. Disposés<br />

en lits continus, ils ne dépassent pas la taille du poing.<br />

RANSGRESSION<br />

Pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> l'histoire géologique d'un bassin sédimentaire durant laquelle la mer avance<br />

et envahit une aire continentale.


Vue rapprochée <strong>de</strong> la base du calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> sur l'affleurement du coteau <strong>de</strong> La Frette. Parmi<br />

les <strong>de</strong>ux bancs qui ressortent vers le bas <strong>de</strong> cette photographie, le banc supérieur représente l'horizon<br />

gréseux <strong>de</strong> IVlortefontaine qui marque, dans la région parisienne, la base du calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> au<br />

sens strict et le sépare du calcaire <strong>de</strong> Ducy visible en <strong>de</strong>ssous.<br />

18


G. CHAMPETIER DE RIBES<br />

Chef <strong>de</strong> la Section <strong>de</strong> Géologie-Prospections<br />

Département <strong>de</strong>s Sols<br />

au Laboratoire Central <strong>de</strong>s Ponts et Chaussées<br />

<strong>Le</strong> calcaire<br />

<strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong><br />

Sa genèse<br />

et ses principaux<br />

faciès<br />

Résumé à l'intention <strong>de</strong>s praticiens<br />

La connaissance d'une formation géologique<br />

plus ou moins hétérogène ne peut résulter que<br />

d'une construction ordonnée où tous les domaines<br />

<strong>de</strong> la géologie sont, tour à tour, confrontés<br />

: stratigraphie, paléontologie, pétrographie,<br />

géomorphologie, tectonique, etc. sans omettre<br />

la paléogéographie qui se réfère aux facteurs<br />

<strong>de</strong> genèse.<br />

Ainsi, pour mieux comprendre ce que représente<br />

le calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>, son extension<br />

géographique, ses caractéristiques d'i<strong>de</strong>ntification,<br />

ses propriétés lithologiques, les géologues<br />

spécialistes du bassin <strong>de</strong> Paris ont dû<br />

analyser l'ensemble <strong>de</strong>s processus <strong>de</strong> dépôts<br />

dans ce bassin pendant la pério<strong>de</strong> du Bartonien.<br />

En ce qui concerne la genèse du calcaire <strong>de</strong><br />

<strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>, ¡1 faut retenir que cette formation<br />

s'est déposée dans <strong>de</strong>s lacs et <strong>de</strong>s lagunes<br />

occupant les parties centrale et orientale du<br />

bassin <strong>de</strong> Paris, tandis qu'à l'ouest le bassin<br />

s'ouvrait sur la mer avec un apport <strong>de</strong> sables.<br />

<strong>Le</strong> jeu <strong>de</strong>s oscillations marines, les échanges<br />

<strong>de</strong> faunes entre les différentes cuvettes qui se<br />

créaient puis disparaissaient, l'influence du climat<br />

sont les principaux facteurs <strong>de</strong> genèse et<br />

ren<strong>de</strong>nt compte <strong>de</strong> la complexité <strong>de</strong>s problèmes<br />

auxquels se heurte le stratigraphie mais<br />

lui fournissent en même temps un cadre<br />

cohérent dans lequel il peut ordonner ses<br />

recherches.<br />

De même, l'analyse <strong>de</strong> phénomènes, survenus<br />

postérieurement à la mise en place <strong>de</strong>s dépôts<br />

et les ayant plus ou moins transformés (infiltration<br />

d'eau, phénomènes <strong>de</strong> pression et <strong>de</strong><br />

température), facilite la compréhension <strong>de</strong> nombreuses<br />

irrégularités rencontrées dans le calcaire<br />

<strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> : passées siliceuses ou<br />

dolomitiques, substitution dans le gypse, effets<br />

<strong>de</strong> compaction, ondulation <strong>de</strong>s couches, etc.<br />

Sur le plan stratigraphique les limites données<br />

actuellement au calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> sensu<br />

stricto sont l'horizon <strong>de</strong> Mortefontaine à la<br />

base et les sables <strong>de</strong> Monceau au sommet.<br />

L'horizon <strong>de</strong> Mortefontaine est un repère très<br />

utile à cause <strong>de</strong> son extension dans le bassin<br />

<strong>de</strong> Paris mais parfois difficile à déceler à cause<br />

<strong>de</strong> sa faible épaisseur. Il est généralement


sableux ou gréseux et pétri d'avicules ; il sépare<br />

le calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> du calcaire <strong>de</strong> Ducy<br />

moins épais et souvent gypseux. <strong>Le</strong>s sables <strong>de</strong><br />

Monceau intéressent surtout la région <strong>de</strong><br />

Paris et son pourtour immédiat.<br />

Quant aux variations <strong>de</strong> faciès du bartonien<br />

inférieur et moyen, elles peuvent être présentées<br />

sur une coupe schématique allant <strong>de</strong><br />

Gisors à Épernay en passant par le nord <strong>de</strong><br />

Paris. On y observe :<br />

a) l'intrication <strong>de</strong>s faciès marins et lagunolacustres<br />

dans la zone <strong>de</strong> Paris où se situe<br />

la formation du calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong><br />

assez bien individualisée et d'une épaisseur<br />

moyenne <strong>de</strong> 10 m ;<br />

b) le développement <strong>de</strong> séries sableuses à<br />

l'ouest : sables <strong>de</strong> Cresnes, sables <strong>de</strong><br />

Marines ;<br />

c) la constance <strong>de</strong> la sédimentation lacustre<br />

avec marnes et calcaires à l'est.<br />

En résumé les géologues, amenés à traiter <strong>de</strong>s<br />

problèmes <strong>de</strong> Génie Civil en relation avec le<br />

calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>, ne peuvent pas ignorer<br />

les résultats <strong>de</strong>s recherches précé<strong>de</strong>mment<br />

évoquées car, même dans un problème <strong>de</strong><br />

détail, ils y trouveront <strong>de</strong>s éléments d'appréciation<br />

que ce soit pour situer le niveau qui<br />

les intéresse par rapport à l'ensemble <strong>de</strong> la<br />

couche, faire <strong>de</strong>s corrélations entre sondages,<br />

prévoir éventuellement <strong>de</strong>s anomalies. Autrement<br />

dit, fixer un cadre plus précis aux recherches<br />

géotechniques.<br />

G. C. R.<br />

Connaître une formation géologique ce n'est pas seulement<br />

savoir en décrire quelques coupes, c'est<br />

avant tout le résultat d'une construction patiente<br />

et ordonnée où chaque observation, chaque recherche<br />

du géologue à l'échelle régionale comme à celle<br />

<strong>de</strong> l'échantillon doit contribuer à :<br />

— déterminer l'extension, les limites stratigraphiques,<br />

les variations <strong>de</strong> faciès <strong>de</strong> cette formation,<br />

— préciser ses caractères lithologiques, paléontologiques,<br />

sa pétrographie et sa tectonique,<br />

— reconstituer son histoire <strong>de</strong>puis sa mise en place<br />

jusqu'à l'époque actuelle.<br />

C'est ainsi qu'ont procédé les géologues, spécialistes<br />

du bassin parisien pour étudier les différents niveaux<br />

qu'on rencontre dans le sous-sol <strong>de</strong> cette région.<br />

Dans le cas du calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>, objet <strong>de</strong><br />

notre réunion d'aujourd'hui, il faut reconnaître qu'ils<br />

se sont heurtés à <strong>de</strong> sérieuses difficultés en raison<br />

<strong>de</strong>s nombreuses irrégularités et variations <strong>de</strong> faciès<br />

<strong>de</strong> la couche et aussi à cause <strong>de</strong> la rareté et <strong>de</strong> la<br />

qualité médiocre <strong>de</strong>s affleurements.<br />

<strong>Le</strong> calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> n'a d'ailleurs pas toujours<br />

été considéré comme une formation bien individualisée.<br />

Certains géologues du siècle <strong>de</strong>rnier le rattachaient<br />

au calcaire du Lutétien, d'autres à l'étage<br />

du gypse. Peu à peu furent décelés <strong>de</strong>s niveaux<br />

sableux d'origine marine l'encadrant <strong>de</strong> manière<br />

Introduction<br />

assez constante à la base et au sommet et, par la<br />

suite, <strong>de</strong> longues et difficiles recherches permirent<br />

<strong>de</strong> préciser la nature et l'extension <strong>de</strong>s principaux<br />

faciès.<br />

C'est A. <strong>de</strong> Lapparent qui vers 1890 fit la première<br />

synthèse <strong>de</strong> tous les résultats. Depuis, les travaux<br />

<strong>de</strong> L. et J. Morellet et Ch. Pomerol sur le Bartonien<br />

du bassin <strong>de</strong> Paris ont fait franchir un nouveau pas<br />

dans la connaissance du calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> et<br />

<strong>de</strong> sa genèse.<br />

Dans le court exposé qui suit je fais appel plus particulièrement<br />

à ces <strong>de</strong>rniers travaux, en commençant<br />

par examiner les problèmes <strong>de</strong> mise en place et<br />

d'évolution <strong>de</strong> cette formation.<br />

Auparavant, voici résumées <strong>de</strong> manière très succincte<br />

les caractéristiques géologiques du calcaire<br />

<strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> :<br />

Age probable : 40 millions d'années.<br />

Position stratigraphique dans l'Éocène : étage bartonien,<br />

sous-étage marinésien.<br />

Extension géographique : couvre environ 15 000 km 2<br />

dans le sous-sol du bassin parisien, surtout développé<br />

au centre et à l'est.<br />

Faciès <strong>de</strong> dépôt : laguno-lacustre avec passage à<br />

<strong>de</strong>s sables marins vers l'ouest.<br />

20


W & NW<br />

VEXIN<br />

PARISIS<br />

BRIE<br />

E & SE<br />

cycle<br />

STAMPIEN<br />

SANNOISIEN<br />

argile à meulière <strong>de</strong> Montmorency<br />

marnes à huîtres<br />

argile verte, calcaire <strong>de</strong> Sannois<br />

sables <strong>de</strong> Fontainebleau<br />

calcaire<br />

d'Etampes<br />

calcaire<br />

<strong>de</strong> Brie<br />

><br />

O<br />

LUDIEN<br />

gypse et marnes<br />

marnes à Pholadomya lu<strong>de</strong>nsis<br />

calcaire <strong>de</strong><br />

Champigny<br />

m-<br />

00<br />

cycle<br />

BARTONIEN<br />

MARINÉSIEN<br />

sables <strong>de</strong> Marines<br />

sables <strong>de</strong> Cresnes<br />

calcaire<br />

<strong>de</strong> St-<strong>Ouen</strong><br />

O<br />

O<br />

AUVERSIEN<br />

paléosols, grès <strong>de</strong> Beauchamp<br />

sables dAuvers et <strong>de</strong> Beauchamp<br />

calcaire <strong>de</strong><br />

Nogent-l'Artaud<br />

cycle<br />

LUTÉTI EN<br />

caillasses<br />

calcaire grossier, calcaire à Milioles<br />

grès <strong>de</strong> Belleu, argile <strong>de</strong> Laon<br />

calcaire<br />

<strong>de</strong> Provins<br />

><br />

c<br />

cycle<br />

YPRÉSIEN<br />

CUISIEN<br />

SPARNACIEN<br />

sables <strong>de</strong> Cuise<br />

argiles à lignite<br />

sables<br />

à Unios<br />

argile plastique<br />

X<br />

eye I e<br />

THAN ÉTI EN<br />

calcaires <strong>de</strong> Mortemer et <strong>de</strong> Clairoix<br />

•O . =<br />

sables <strong>de</strong> Bracheux<br />

calcaire <strong>de</strong> Rilly<br />

congl. <strong>de</strong> Cernay<br />

travertin <strong>de</strong> Sézanne<br />

DANO-MONTIEN<br />

CRÉTACÉ<br />

SUPÉRIEUR<br />

Fig.<br />

1. — <strong>Le</strong>s principaux cycles sédimentaires au paléogène dans le bassin <strong>de</strong> Paris (d'après Ch. Pomerol).<br />

Nature lithologique : marne-calcaire avec <strong>de</strong> nombreuses<br />

irrégularités.<br />

Faune : principalement coquilles d'eau douce ou<br />

saumâtre, limnées, planorbes, hydrobies et quelques<br />

restes <strong>de</strong> vertébrés.<br />

Flore : plantes d'eau douce, oogones <strong>de</strong> Chara.<br />

Épaisseur <strong>de</strong> la couche : en moyenne une dizaine<br />

<strong>de</strong> mètres.<br />

Utilisation : a été exploité pour l'amen<strong>de</strong>ment <strong>de</strong>s<br />

terres et comme matériau d'empierrement et <strong>de</strong><br />

construction. Sert <strong>de</strong> niveau <strong>de</strong> fondations dans la<br />

région parisienne.<br />

LE CALCAIRE DE SAINT-OUEN -<br />

GENÈSE ET DIAGENESE<br />

Une <strong>de</strong>s caractéristiques importantes du bassin <strong>de</strong><br />

Paris à l'ère du tertiaire, c'est la fréquence <strong>de</strong>s allées<br />

et venues marines que les géologues nomment transgression<br />

ou régression suivant qu'il s'agit d'une<br />

avancée ou d'un recul <strong>de</strong> la mer sur une aire continentale.<br />

Ceci, pense-t-on, a eu pour origine <strong>de</strong>s pulsations<br />

<strong>de</strong> l'ensemble du continent consécutives aux<br />

mouvements alpins.<br />

C'est, en effet, en étudiant ces phénomènes que les<br />

géologues peuvent établir <strong>de</strong>s correspondances entre<br />

différents faciès à une échelle régionale et fixer les<br />

21


Fig.<br />

2. — Extension <strong>de</strong>s sables marins <strong>de</strong> Cresnes<br />

et <strong>de</strong>s calcaires laguno-lacustres <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> (d'après Ch. Pomerol).<br />

gran<strong>de</strong>s coupures stratigraphiques. Une transgression<br />

suivie d'une régression marquent le début et la fin<br />

d'un cycle sédimentaire étant entendu qu'à l'intérieur<br />

d'un cycle peuvent se produire <strong>de</strong>s variations<br />

transgressives ou régressives secondaires. Ceci est<br />

bien illustré par le tableau (fig. 1) où Ch. Pomerol<br />

distingue, dans le Paléogène, cinq grands cycles<br />

sédimentaires.<br />

On remarque sur cette figure la position du calcaire<br />

<strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> vers le milieu du cycle bartonien et<br />

sa correspondance avec les sables <strong>de</strong> Cresnes déposés<br />

plus à l'ouest dans le Vexin indiquant euxmêmes<br />

la limite occi<strong>de</strong>ntale <strong>de</strong> l'avancée marine<br />

à cette époque (fig. 2).<br />

Auparavant, une transgression marine importante<br />

s'était avancée jusque dans la région <strong>de</strong> Paris et<br />

même à l'est en apportant <strong>de</strong>s sables. On a donné<br />

à ces sables <strong>de</strong>s noms très variés : Auvers, Beauchamp,<br />

Ermenonville.<br />

A la hauteur <strong>de</strong> Paris, ces sables appelés plus<br />

communément «sables moyens» se trouvent directement<br />

sous le calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>.<br />

Au cours <strong>de</strong> la régression ayant suivi le dépôt <strong>de</strong>s<br />

«sables moyens», il subsistait en arrière <strong>de</strong> la ligne<br />

<strong>de</strong> rivage une série <strong>de</strong> bassins, plus ou moins importants,<br />

fermés ou non et, suivant les cas, soumis ou<br />

non à <strong>de</strong>s apports d'eau douce. Qu'en résultait-il ?<br />

22


1° C'est dans un paysage <strong>de</strong> lacs et <strong>de</strong> lagunes<br />

qu'on peut situer la majorité <strong>de</strong>s dépôts correspondant<br />

au calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>. Par lui-même<br />

paysage montre quelles peuvent être les causes <strong>de</strong><br />

variations dans la nature <strong>de</strong>s dépôts :<br />

— Bassins probablement multiples et pouvant fonctionner<br />

indépendamment les uns <strong>de</strong>s autres.<br />

— Répercussion <strong>de</strong>s faibles oscillations marines sur<br />

l'équilibre du système lacs-lagunes.<br />

— Possibilité <strong>de</strong> zones exondées pendant un temps<br />

plus ou moins long avec lacunes <strong>de</strong> sédimentation.<br />

— Action érosive <strong>de</strong> la mer sur certains dépôts déjà<br />

formés.<br />

— Apports et éléments détritiques différents suivant<br />

la provenance <strong>de</strong>s rivières qui pouvaient<br />

ces bassins, etc.<br />

ce<br />

alimenter<br />

2° On peut imaginer la multiplicité <strong>de</strong>s espèces<br />

animales et végétales vivant dans ce milieu, certaines<br />

essentiellement marines, d'autres lagunaires,<br />

d'autres lacustres avec tous les intermédiaires possibles.<br />

A ce point <strong>de</strong> vue, l'abondance <strong>de</strong> limnées et<br />

<strong>de</strong> planorbes rencontrées dans certaines couches du<br />

calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> caractérisent son faciès<br />

laguno-lacustre.<br />

3° Enfin le climat et ses variations possibles durant<br />

cette pério<strong>de</strong> ont pu provoquer <strong>de</strong>s changements<br />

dans la faune, la flore et la nature du dépôt lui-même.<br />

Il est probable que, pendant le Bartonien, le climat<br />

est resté chaud et sec comme au Lutétien provoquant<br />

une évaporation importante dans les lagunes<br />

et les lacs et facilitant les dépôts salins, gypse, sels<br />

magnésiens.<br />

Ainsi ce cadre paléogéographique rapi<strong>de</strong>ment ébauché<br />

traduit la complexité <strong>de</strong>s phénomènes rencontrés<br />

par le géologue dans le calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong><br />

mais aussi la possibilité <strong>de</strong> reconnaître certains types<br />

<strong>de</strong> sédiments propres à cette époque, <strong>de</strong> retrouver<br />

par exemple <strong>de</strong>s successions <strong>de</strong> niveaux ou <strong>de</strong>s passages<br />

latéraux <strong>de</strong> faciès obéissant à un ensemble<br />

<strong>de</strong> facteurs se répétant dans la même zone durant<br />

une pério<strong>de</strong> déterminée.<br />

A ces facteurs <strong>de</strong> genèse correspondant au milieu<br />

du cycle bartonien il faut ajouter maintenant<br />

tous<br />

les phénomènes <strong>de</strong> diagenèse intervenus pour changer<br />

le sédiment frais en roche telle que nous la<br />

rencontrons actuellement à l'affleurement ou dans<br />

les fouilles <strong>de</strong> la région parisienne. Certains<br />

mécanismes<br />

<strong>de</strong> diagenèse et les facteurs qui les provoquent<br />

sont connus : action bactérienne, intervention<br />

<strong>de</strong> l'eau, transformation ou réorganisation<br />

<strong>de</strong> certains<br />

minéraux, facteurs physiques comme la pression,<br />

la température, les mouvements tectoniques.<br />

Dans le cas du calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>, ces phénomènes<br />

se traduisent entre autres choses par :<br />

— <strong>de</strong>s discontinuités lithologiques : passées siliceuses,<br />

dolomitiques, lits <strong>de</strong> silex, phénomènes<br />

<strong>de</strong> substitutions dans le gypse qui ont souvent<br />

pour effet d'accentuer l'hétérogénéité du sédiment<br />

originel ;<br />

— <strong>de</strong>s effets <strong>de</strong> compaction : écrasement <strong>de</strong> couches<br />

tendres où se développe une schistosité,<br />

ondulations ;<br />

— <strong>de</strong>s fissurations pouvant être en rapport avec <strong>de</strong>s<br />

mouvements tectoniques, puis remplissage argileux<br />

<strong>de</strong>s fissures...<br />

Il convient <strong>de</strong> souligner que ces<br />

transformations<br />

peuvent être concordantes avec la stratification mais<br />

également discordantes. Ce serait le cas <strong>de</strong> remplissages<br />

argileux <strong>de</strong> fissures recoupant la stratification.<br />

En résumé, les conditions <strong>de</strong> genèse et <strong>de</strong> diagenèse<br />

du calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> sont connues dans leurs<br />

gran<strong>de</strong>s lignes, mais difficiles à préciser<br />

détail. Elles indiquent :<br />

dans le<br />

— que la répartition <strong>de</strong>s faciès et leur succession<br />

dans le temps ne peut être quelconque, chacun<br />

<strong>de</strong>s tableaux paléogéographiques <strong>de</strong>vant se relier<br />

à celui qui le précè<strong>de</strong> et à celui qui le suit ;<br />

— que les phénomènes secondaires ayant modifié<br />

le sédiment originel doivent être recherchés et<br />

analysés avec soin par le géologue s'il veut<br />

apprécier :<br />

• leur influence sur l'hétérogénéité d'un niveau<br />

ou sur la couche entière,<br />

• leur validité éventuelle comme repère dans<br />

la série.<br />

COMMENT DÉFINIR STRATIGRAPHI-<br />

QUEMENT LE CALCAIRE DE<br />

SAINT-OUEN<br />

A l'origine, la dénomination calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<br />

<strong>Ouen</strong>t fut<br />

appliquée à une couche d'une douzaine<br />

<strong>de</strong> mètres d'épaisseur formée <strong>de</strong> bancs principalement<br />

marno-calcaires situés dans le sous-sol<br />

<strong>de</strong> la commune <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> au nord <strong>de</strong><br />

et limitée :<br />

Paris<br />

— à la base par une série sableuse bien connue,<br />

les sables <strong>de</strong> Beauchamp ou «sables<br />

moyens»<br />

qui surmontent les marnes et caillasses du<br />

Lutétien,<br />

23


sw<br />

NE Js<br />

N<br />

BEAUCE<br />

BRIE<br />

PARlSIS<br />

Calcai r e <strong>de</strong><br />

St <strong>Ouen</strong><br />

SOISSONNAIS<br />

Calcai re gross 1er<br />

PICARDIE<br />

200 m<br />

FJ3 <strong>Calcaire</strong> SM Sable, argile, gypse<br />

Fig. 3. — Coupe schématique <strong>de</strong>s plates-formes structurales du bassin tertiaire parisien.<br />

— au sommet par un horizon <strong>de</strong> sables verdâtres<br />

à <strong>de</strong>nts <strong>de</strong> squale précédant les marnes à<br />

pholodomya lu<strong>de</strong>nsis, très bon repère à la<br />

base <strong>de</strong> l'étage du gypse.<br />

En fait, les bancs marno-calcaires observés à<br />

<strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> étaient connus en <strong>de</strong> nombreux points<br />

du sous-sol parisien et les spécialistes <strong>de</strong> la géologie<br />

du bassin <strong>de</strong> Paris avaient été frappés par<br />

la plate-forme structurale que constituaient ces<br />

formations au nord <strong>de</strong> Paris (fig. 3). Déblayée<br />

du pliocène et couvrant toute la région entre<br />

l'Ourcq et l'Oise, cette plate-forme présente une<br />

légère inclinaison vers le sud et vient s'enfoncer<br />

sous les alluvions <strong>de</strong> la Seine à Paris pour disparaître<br />

ensuite au sud et à l'est sous le Plateau<br />

<strong>de</strong> Brie.<br />

Bien que fortement érodée elle existe aussi sur<br />

la rive droite <strong>de</strong> l'Oise sous forme d'un lambeau<br />

reposant sur le calcaire grossier.<br />

Dans ces conditions, il semble que le calcaire<br />

<strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> ne pose pas <strong>de</strong> problèmes stratigraphiques,<br />

au moins à l'échelle régionale. Cependant<br />

dès qu'on rentre dans le détail d'une coupe<br />

du calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> à l'échelle <strong>de</strong> l'affleurement<br />

ou du sondage se posent constamment<br />

<strong>de</strong>s problèmes <strong>de</strong> limites et <strong>de</strong> corrélations difficiles<br />

à résoudre. Pour clarifier cette question, il<br />

était nécessaire d'arriver à une définition plus<br />

stricte <strong>de</strong> la formation et <strong>de</strong> nombreux travaux<br />

furent effectués dans le but <strong>de</strong> préciser <strong>de</strong>s<br />

niveaux repères et <strong>de</strong> trouver <strong>de</strong>s équivalences<br />

Fig. 4. — Bloc gréseux <strong>de</strong> l'horizon <strong>de</strong> Mortefontaine à La Frette<br />

(la roche est pétrie <strong>de</strong> coquilles « d'avicula fragili »).<br />

<strong>Calcaire</strong> <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> surmontant les sables auversiens à Fleurines (Oise).<br />

Noter la forte épaisseur <strong>de</strong>s sables.<br />

24


IUM 111 ta.<br />

BARTON I EN<br />

7. Sables <strong>de</strong> Monceau et calcaire du bois du Mulot<br />

6. <strong>Calcaire</strong> <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>.<br />

5. Horizon <strong>de</strong> Mortefontaine.<br />

4. <strong>Calcaire</strong> <strong>de</strong> Ducy.<br />

3. Horizon d'Ézanville.<br />

2. Sables et grès <strong>de</strong> Beauchamp.<br />

LUTÉTIEN<br />

1. Caillasses.<br />

:o 9 a<br />

Mi wÈÊtÊHÈÊÊÊm<br />

Fig. 5. Coupe géologique du coteau <strong>de</strong> La Frette<br />

au nord-ouest <strong>de</strong> Paris.<br />

Vue partielle <strong>de</strong> l'affleurement du coteau <strong>de</strong> La Frette. La moitié<br />

supérieure <strong>de</strong> la coupe correspond au calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> sensu<br />

stricto ; à la base l'horizon d'Ézanville forme un banc <strong>de</strong> grès<br />

en relief.<br />

stratigraphiques entre les faciès marins et<br />

lacustres.<br />

A l'heure actuelle, on peut définir le calcaire <strong>de</strong><br />

<strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> sensu stricto comme l'ensemble <strong>de</strong>s<br />

niveaux à prédominance marno-calcaire compris<br />

entre l'horizon <strong>de</strong> Mortefontaine et les sables <strong>de</strong><br />

Monceau ou leur équivalent.<br />

L'horizon <strong>de</strong> Mortefontaine, malgré sa faible<br />

épaisseur, parfois quelques centimètres, est en<br />

effet un niveau ayant une gran<strong>de</strong> extension dans<br />

le bassin <strong>de</strong> Paris et relativement facile à i<strong>de</strong>ntifier<br />

grâce à l'abondance <strong>de</strong>s petites coquilles<br />

d'avicula qu'il contient (fig. 4). Il est généralement<br />

sableux ou gréseux, plus rarement argileux<br />

ou calcaire.<br />

Quant aux sables <strong>de</strong> Monceau, ils intéressent<br />

surtout la région <strong>de</strong> Paris où ils sont, en général<br />

assez facilement i<strong>de</strong>ntifiés. Vers l'ouest, ils passent<br />

à <strong>de</strong>s sables plus franchement marins, les sables <strong>de</strong><br />

Marines. A l'est, par contre, ils s'amenuisent et<br />

sont remplacés par <strong>de</strong>s marnes et <strong>de</strong>s calcaires<br />

lacustres pratiquement impossibles à séparer du<br />

calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> sensu stricto.<br />

Par rapport au schéma simplifié : calcaire <strong>de</strong><br />

<strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> compris entre sables moyens et sables<br />

<strong>de</strong> Monceau, il reste à préciser ce qui se passe<br />

entre les « sables moyens » et le niveau <strong>de</strong><br />

Mortefontaine.<br />

A cet égard, on peut se référer à l'intéressante<br />

coupe <strong>de</strong> La Frette (fig. 5), en bordure <strong>de</strong> la Seine<br />

au nord <strong>de</strong> Paris. Dans cette coupe, on observe :<br />

a) Au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong>s sables <strong>de</strong> Beauchamp ou « sables<br />

moyens » un petit banc gréseux <strong>de</strong> 0,30 m<br />

0<br />

GISORS<br />

Marnes à Pholadomya In<strong>de</strong>nsis<br />

Cale. du Bois du Mulot Cale. Noisy.le.Sec<br />

Sables <strong>de</strong> Cresne Sables <strong>de</strong> Monceau -<br />

Sables <strong>de</strong> Montagny<br />

CALCAIRE<br />

Niveau à Avicula Defrancei<br />

<strong>Calcaire</strong> <strong>de</strong> Ducy<br />

Sables <strong>de</strong> Beauchamp<br />

CHATEAU<br />

THIERRY<br />

DE S'OUEN<br />

E PER NAY<br />

CALCAIRE <strong>de</strong><br />

NOGENT L'ARTAUD<br />

Fig. 6. — Représentation schématique <strong>de</strong>s variations <strong>de</strong> faciès du<br />

Bartonien dans le bassin <strong>de</strong> Paris entre Gisors et Épernay.<br />

25


d'épaisseur que les stratigraphies rapportent à la<br />

formation d'Ézanville, épiso<strong>de</strong> transgressif un peu<br />

analogue à celui <strong>de</strong> Mortefontaine mais d'âge<br />

plus ancien.<br />

b) Des bancs marno-calcaires sur environ 2 m<br />

d'épaisseur, rattachés à la formation <strong>de</strong> Ducy.<br />

C'est un niveau assez constant dans le nord <strong>de</strong><br />

Paris bien que son épaisseur et la nature <strong>de</strong>s<br />

bancs soient variables d'un endroit à l'autre. Il<br />

n'est pas très différent au point <strong>de</strong> vue faciès<br />

du calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> avec cependant <strong>de</strong>s<br />

caractéristiques lithologiques propres. <strong>Le</strong>s intercalations<br />

gypseuses y sont fréquentes.<br />

c) <strong>Le</strong> niveau <strong>de</strong> Mortefontaine à avicules sur<br />

0,15 m d'épaisseur représenté ici par un faciès<br />

gréseux.<br />

<strong>Calcaire</strong> <strong>de</strong> Noisy-te-Sec<br />

Sables d e Cresne<br />

<strong>Calcaire</strong> <strong>de</strong> S 1<br />

<strong>Ouen</strong><br />

' intercalations <strong>de</strong> —<br />

s ? b I e dcMonlagny)<br />

Horizon <strong>de</strong> Mortefontaine<br />

<strong>Calcaire</strong> <strong>de</strong> Ducy<br />

Ezanville<br />

Sables <strong>de</strong> Beauchamps<br />

et Auvers<br />

-te<br />

.•<br />

Fig. 8. — Méry-sur-Oise : coupe<br />

géologique.<br />

En résumé, cette coupe et les corrélations qui<br />

ont pu être faites entre divers affleurements<br />

apparaître l'existence, au milieu du cycle<br />

font<br />

sédimentaire<br />

bartonien, <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux phases intermédiaires<br />

<strong>de</strong> transgression chacune suivie d'un<br />

régressif, le calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong><br />

au <strong>de</strong>rnier <strong>de</strong> ces mouvements. Toute cette<br />

mouvement<br />

correspondant<br />

pério<strong>de</strong><br />

forme le sous-étage marinésien dans la terminologie<br />

stratigraphique actuelle du bassin <strong>de</strong> Paris.<br />

VARIATIONS DE FACIES<br />

Ces variations sont étroitement reliées au schéma<br />

paléogéographique faisant venir la mer <strong>de</strong> l'ouest<br />

avec plusieurs oscillations atteignant et débordant<br />

le nord <strong>de</strong> la région parisienne (fig. 6).<br />

— A l'ouest : faciès marins, représentés surtout par<br />

<strong>de</strong>s sables : sables <strong>de</strong> Cresnes, <strong>de</strong> Marines. Ces<br />

sables recouvrent parfois les couches marno-calcaires<br />

du <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> en les ravinant et, dans cette<br />

zone, on observe une diminution sensible et une<br />

gran<strong>de</strong> irrégularité <strong>de</strong> l'épaisseur du <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>. <strong>Le</strong>s<br />

sables <strong>de</strong> Cresnes peuvent d'ailleurs être considérés<br />

en partie comme l'équivalent latéral du <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>.<br />

— Dans la région parisienne : <strong>de</strong>s faciès lagunolacustres<br />

type coupe <strong>de</strong> La Frette. <strong>Le</strong> calcaire <strong>de</strong><br />

<strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> est hétérogène mais assez franchement<br />

limité à sa partie supérieure par les sables <strong>de</strong><br />

Monceau.<br />

— A l'est, accentuation <strong>de</strong> la tendance lacustre et<br />

à partir <strong>de</strong> Meaux disparition <strong>de</strong>s sables <strong>de</strong><br />

Monceau.<br />

On peut illustrer tout ceci à partir <strong>de</strong>s coupes<br />

suivantes que je commenterai rapi<strong>de</strong>ment :<br />

Sables <strong>de</strong> Cresne<br />

Calcai re <strong>de</strong> S* Ou en<br />

(intercalations <strong>de</strong> .—<br />

sable <strong>de</strong> Montagny)<br />

Horizon <strong>de</strong> Mortefontaine<br />

Horizon <strong>de</strong> Ducy<br />

Horizon d'Era n ville<br />

Sables moyens<br />

Fig. 7. — Montagny-en-Vexin : coupe<br />

géologique.<br />

1° Montagny-en-Vexin (fig. 7) : <strong>Le</strong>s niveaux observés<br />

à La Frette se retrouvent sur cette coupe avec, il est<br />

vrai, <strong>de</strong>s épaisseurs et <strong>de</strong>s faciès assez différents.<br />

Deux faits me paraissent importants :<br />

— intercalation <strong>de</strong> sables à l'intérieur du calcaire<br />

<strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>, sables <strong>de</strong> Montagny ;<br />

— gran<strong>de</strong> irrégularité dans le contact calcaire <strong>de</strong><br />

<strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>, sables <strong>de</strong> Cresnes.<br />

Cela confirme l'influence marine prépondérante dans<br />

cette zone à l'époque où, vers le centre du bassin<br />

parisien, fonctionnait en permanence un régime <strong>de</strong><br />

lagunes et <strong>de</strong> lacs.<br />

2° Méry-sur-Oise (fig. 8) : On se déplace vers l'est,<br />

le calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> <strong>de</strong> type<br />

marno-calcaire<br />

est beaucoup plus développé que dans la coupe pré-<br />

26


cé<strong>de</strong>nte et les sables <strong>de</strong> Montagny réduits à une<br />

dizaine <strong>de</strong> centimètres <strong>de</strong> sables argileux. Pas <strong>de</strong><br />

contact irrégulier au sommet du <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>. On<br />

reconnaît encore l'influence marine mais elle n'est<br />

plus prépondérante.<br />

3° Annet (fig. 9) : On passe au nord-est <strong>de</strong> Paris, le<br />

caractère lagunaire et lacustre s'affirme sur toute la<br />

hauteur <strong>de</strong> la coupe englobant le niveau <strong>de</strong> Mortefontaine.<br />

<strong>Le</strong>s intercalations gypseuses sont importantes.<br />

Il semble que l'équivalent du calcaire <strong>de</strong><br />

Ducy soit entièrement gypseux. A noter également<br />

la présence <strong>de</strong> sables argileux au sommet du <strong>Saint</strong>-<br />

<strong>Ouen</strong> contemporains <strong>de</strong>s sables <strong>de</strong> Monceau <strong>de</strong> la<br />

région parisienne et le passage <strong>de</strong> ces sables à <strong>de</strong>s<br />

bancs <strong>de</strong> calcaire lacustre terminant la série marinésienne.<br />

4° Nanteuil-sur-Marne (fig. 10) : L'horizon <strong>de</strong> Mortefontaine<br />

à avicule existe à la base du calcaire <strong>de</strong><br />

<strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>. <strong>Le</strong>s faciès <strong>de</strong>viennent plus homogènes<br />

et quelques intercalations gypseuses indiquent <strong>de</strong>s<br />

communications temporaires avec le milieu marin.<br />

<strong>Calcaire</strong> <strong>de</strong> Ncisy-le-Sec -<br />

Sabl es argileux<br />

M<br />

. F<br />

L...1.J...L<br />

v y .1 ' Y v r<br />

TJ_IL_J_ T<br />

l_l<br />

<strong>Calcaire</strong> <strong>de</strong> S c <strong>Ouen</strong> «<br />

i ml er ca lations gypseusrb) J L<br />

F T I j i I i<br />

Morlefontaine<br />

Í marnes à avicula)<br />

Ducy i<br />

Marnes<br />

tables argileux^res<br />

<strong>Calcaire</strong> <strong>de</strong> S 1 <strong>Ouen</strong> -<br />

T T T • x j _ n<br />

i r T i ! i t i<br />

! - i - I<br />

1,7.1 ;,! ; |-.1 : j;<br />

Fig. 9. — Annet : coupe géologique.<br />

La partie supérieure du calcaire ne figure pas sur<br />

cette coupe et, vers le bas, le calcaire <strong>de</strong> Ducy n'a<br />

pu être observé ou, du moins, on ne peut le distinguer<br />

du calcaire <strong>de</strong> Nogent-l'Artaud.<br />

5° Enfin dans la région d'Épernay, le bartonien<br />

moyen est essentiellement lacustre et peu différencié.<br />

Il repose sur une couche aréno-quartzique qui, par<br />

ses caractères lithologiques, rappelle les sables<br />

moyens.<br />

<strong>Calcaire</strong> a potámi<strong>de</strong>s mules ^mj] |, || l | f |11 |' t11 l'I I I l'i 11 l'i 11111 ll'l 11 il [V<br />

<strong>Calcaire</strong> <strong>de</strong>Luzancy — *- , 1 ¡ I , 1 , ' , ' , *—r—^ , 1 , I , I ¡ M<br />

Sables Q? Bo.t-rham<br />

Fig. 10. — Nanteuil-sur-Marne : coupe géologique.<br />

CONCLUSION<br />

Parmi les différentes strates qui constituent le soussol<br />

tertiaire du bassin <strong>de</strong> Paris, celles qui correspon<strong>de</strong>nt<br />

au calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> se sont mises en<br />

place à une époque où les dépôts s'effectuaient <strong>de</strong><br />

manière discontinue et dans <strong>de</strong>s conditions très<br />

variables d'un endroit à l'autre du bassin. Il a fallu<br />

<strong>de</strong> longues recherches pour commencer à voir clair,<br />

dans ces niveaux et établir <strong>de</strong>s corrélations valables.<br />

<strong>Le</strong>s principaux résultats dont j'ai fait état et la<br />

connaissance <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s pour y aboutir ne peuvent<br />

pas être ignorés <strong>de</strong>s géologues chargés d'étudier<br />

tel ou tel problème <strong>de</strong> Génie Civil en relation avec<br />

cette formation, sous peine <strong>de</strong> commettre <strong>de</strong> graves<br />

erreurs d'appréciation dans l'interprétation <strong>de</strong>s données<br />

<strong>de</strong> terrain. <strong>Le</strong> géologue s'attachera, en effet, à<br />

déceler les niveaux marquant la base, le sommet ou<br />

une zone déterminée à l'intérieur du calcaire <strong>de</strong><br />

<strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> tout en sachant qu'il <strong>de</strong>vra apporter<br />

beaucoup <strong>de</strong> minutie dans ses observations ; il s'efforcera<br />

aussi <strong>de</strong> relier ses observations aux données<br />

connues localement ayant toujours à l'esprit le processus<br />

génétique qui a présidé à la mise en place<br />

<strong>de</strong> ces dépôts. Il sera ainsi en mesure <strong>de</strong> mieux<br />

délimiter les problèmes, <strong>de</strong> prévoir dans certains cas<br />

les anomalies susceptibles d'être rencontrées et <strong>de</strong><br />

choisir, en connaissance <strong>de</strong> cause, les métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />

prospection.<br />

27


discussion<br />

A la fin <strong>de</strong> son exposé, M. Champetier <strong>de</strong> Ribes indique que M. Feugueur (B.R.G.M.),<br />

présent dans la salle, a personnellement contribué aux récents travaux sur la stratigraphie<br />

du bassin <strong>de</strong> Paris et est donc particulièrement qualifié pour parler <strong>de</strong> ces<br />

problèmes ; il lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> bien vouloir nous en dire quelques mots et lui donne<br />

la parole.<br />

Intervention <strong>de</strong> M. Feugueur<br />

J'ai effectué en effet <strong>de</strong>s recherches sur le Bartonien du bassin <strong>de</strong> Paris et j'ai eu le<br />

plaisir d'être en contact à ce sujet avec les frères Morellet. Mes travaux sont résumés<br />

dans une communication faite en 1952 à la Société Géologique <strong>de</strong> France. Je me suis<br />

attaché en particulier à apporter <strong>de</strong>s précisions sur les équivalences entre niveaux<br />

marins et lacustres durant cette pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> l'histoire géologique du bassin parisien.<br />

D'abord un mot sur la limite inférieure <strong>de</strong>s sables marinésiens. Ces sables, ainsi<br />

nommés dans la nouvelle terminologie <strong>de</strong> Ch. Pomerol sur la stratigraphie du<br />

Bartonien <strong>de</strong> la région <strong>de</strong> Paris, surmontent les sables dits <strong>de</strong> Beauchamp ou sables<br />

auversiens. On place généralement leur limite inférieure au sommet <strong>de</strong> l'horizon<br />

d'Ézanville, faciès <strong>de</strong> <strong>de</strong>ssalure terminant la série marine inférieure (Beauchamp-<br />

Auvers). Cependant Ch. Pomerol, s'appuyant sur l'apparition <strong>de</strong> nouveaux minéraux<br />

lourds, a tendance à mettre cette limite à la base <strong>de</strong> l'horizon d'Ézanville. Ces <strong>de</strong>ux<br />

faits d'observation, faciès <strong>de</strong> <strong>de</strong>ssalure, fin <strong>de</strong> cycle, et apparition <strong>de</strong> minéraux<br />

nouveaux, paraissent contradictoires, mais, à mon avis, peuvent s'expliquer : la<br />

régression dans la partie centrale d'un bassin peut avoir lieu en même temps qu'une<br />

extension géographique <strong>de</strong>s faciès sur le pourtour <strong>de</strong> ce bassin (bordure marginale).<br />

C'est l'image du chapeau rempli d'eau : en enfonçant son poing par en-<strong>de</strong>ssous on<br />

vi<strong>de</strong> l'eau qui se répand sur les bords.<br />

Pour mieux montrer comment se font les équivalences entre faciès marins et lacustres<br />

au Bartonien, je prends maintenant quelques cas particuliers entre le Vexin, à l'ouest,<br />

et Paris, à l'est.<br />

I o Équivalence géométrique :<br />

Dans le Vexin, les sables <strong>de</strong> Cresnes d'âge marinésien sont grossiers à la base, avec<br />

une stratification entrecroisée et <strong>de</strong>s galets indiquant <strong>de</strong>s courants rapi<strong>de</strong>s. Ils passent au<br />

sommet à <strong>de</strong>s sables verts à faune <strong>de</strong> <strong>de</strong>ssalure : les sables <strong>de</strong> Marines à Corbula costata.<br />

Dans le Parisis, la partie supérieure <strong>de</strong> la coupe <strong>de</strong> La Frette au sommet du calcaire<br />

<strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>, montre <strong>de</strong>s sables dits sables <strong>de</strong> Monceau et bien connus dans la<br />

région <strong>de</strong> Paris. Ces sables présentent un faciès <strong>de</strong> <strong>de</strong>ssalure et une faune tout à fait<br />

i<strong>de</strong>ntique à celle <strong>de</strong>s sables <strong>de</strong> Marines. Au sommet du calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>, la<br />

corrélation est donc sables verts <strong>de</strong> Monceau = sables <strong>de</strong> Marines (sensu stricto) et<br />

non sables <strong>de</strong> Monceau = sables <strong>de</strong> Cresnes (sensu lato).<br />

2° Équivalence paléontologique :<br />

— à l'intérieur <strong>de</strong> la formation du calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>, la faune à Potámi<strong>de</strong>s<br />

tricarinatus a été recueillie notamment à Herblay et Méry-sur-Oise, cette faune marine<br />

est caractéristique <strong>de</strong>s sables <strong>de</strong> Cresnes ;<br />

28


— à l'inverse, on a trouvé dans les sables <strong>de</strong> Cresnes marins, Limnea longiscata,<br />

fossile lacustre caractérisant assez bien le calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>. Il me paraît important<br />

<strong>de</strong> souligner que les limnées ne se trouvent pas à l'intérieur <strong>de</strong> galets <strong>de</strong> calcaires,<br />

ce qui pourrait indiquer un remaniement du calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> dans les sables <strong>de</strong><br />

Cresnes et, <strong>de</strong> ce fait, la postériorité <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rniers, mais que certaines limnées sont<br />

sédimentées dans les sables (qui remplissent parfois la coquille). Autrement dit le<br />

calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> et les sables <strong>de</strong> Cresnes sont, en gran<strong>de</strong> partie, contemporains.<br />

Une telle hypothèse est d'ailleurs confirmée par la présence <strong>de</strong> niveaux sableux dans<br />

le calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>, par exemple les sables <strong>de</strong> Montagny où la faune est très<br />

comparable à celle <strong>de</strong>s sables <strong>de</strong> Cresnes. Il s'agit là d'incursions sableuses marines,<br />

dans les lacs d'eau saumâtre, ou douce, <strong>de</strong> bordure.<br />

— De la même façon, dans le Bartonien <strong>de</strong> base, l'horizon lacustre <strong>de</strong> Mont-<strong>Saint</strong>-<br />

Martin (faune à limnées et planorbes <strong>de</strong> Montagny) correspond aux sables auversiens,<br />

<strong>de</strong> Chavençon (cote 110) ;<br />

— Ainsi, en effectuant <strong>de</strong> nombreuses coupes sériées, en examinant les faunes en<br />

détail, les fines intercalations sableuses dans le calcaire et, inversement, les faciès<br />

calcaires dans les sables, a-t-on pu établir <strong>de</strong>s corrélations valables entre les dépôts<br />

marins et lacustres et mettre au point <strong>de</strong>s schémas paléographiques indispensables si<br />

l'on veut y voir clair dans la stratigraphie du Bartonien du bassin <strong>de</strong> Paris.<br />

Exploitation <strong>de</strong>s sables <strong>de</strong> l'Auversien à Villeneuve-sur-Verberie<br />

(Oise).


Ancienne marnière Enfer (Pontoise). <strong>Le</strong>s différences <strong>de</strong> végétation montrent la différence <strong>de</strong> fertilité entre les limons et le fond <strong>de</strong> la marnière,<br />

installée sur la marne du <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> (partie blanche).<br />

30


Définition<br />

<strong>de</strong> la<br />

couche<br />

et<br />

quelques problèmes<br />

qui s'y<br />

attachent<br />

B. CARON<br />

Ingénieur Géologue<br />

Laboratoire Régional <strong>de</strong> Bondy<br />

Résumé à l'intention <strong>de</strong>s praticiens<br />

<strong>Le</strong>s spécialistes, chargés <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> Génie<br />

Civil dans la région parisienne, semblent avoir<br />

<strong>de</strong>vant le calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> <strong>de</strong>s attitu<strong>de</strong>s<br />

différentes. Pour le mécanicien <strong>de</strong>s sols, ce<br />

terrain est mystérieux, et se prête mal aux<br />

essais ; pour le géologue, cette couche, peutêtre<br />

plus « compliquée » que d'autres du fait<br />

<strong>de</strong> sa genèse, doit présenter cependant une<br />

certaine organisation, qu'il s'agit <strong>de</strong> découvrir.<br />

La connaissance <strong>de</strong>s caractéristiques topographiques<br />

et tectoniques d'un site permet immédiatement<br />

<strong>de</strong> savoir si le <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> est<br />

concerné par les projets prévus dans ce site.<br />

<strong>Le</strong> calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> est en fait représenté<br />

par une alternance <strong>de</strong> calcaires, <strong>de</strong> marnes et<br />

d'argiles. Il nous semble très important <strong>de</strong> pouvoir<br />

définir plus précisément les caractéristiques<br />

lithologiques <strong>de</strong> cette assise, et, à cet<br />

effet, il est fait état <strong>de</strong> nos observations et <strong>de</strong>s<br />

résultats publiés par <strong>de</strong>s spécialistes.<br />

Des <strong>de</strong>scriptions lithologiques fines montrent<br />

que la complexité réputée <strong>de</strong> la couche n'est<br />

peut-être qu'apparente en gran<strong>de</strong> partie. En<br />

effet, <strong>de</strong>s observations continues, réalisées à<br />

l'occasion <strong>de</strong> travaux souterrains ou dans <strong>de</strong>s<br />

fouilles, prouvent que les différents faciès se<br />

relaient, obéissant ainsi à la logique <strong>de</strong>s lois<br />

naturelles.<br />

<strong>Le</strong>s limites <strong>de</strong> cette formation méritent toute<br />

notre attention. En effet, comme dans tous les<br />

cas, leur étu<strong>de</strong> permet <strong>de</strong> mieux comprendre<br />

la géologie <strong>de</strong> la couche, et <strong>de</strong> plus, elles possè<strong>de</strong>nt<br />

en propre <strong>de</strong>s caractéristiques intéressantes.<br />

A l'échelle <strong>de</strong> la carte, la structure du calcaire<br />

<strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> est à peu près régulière, mais à<br />

l'échelle à laquelle nous travaillons, certaines<br />

variations locales peuvent être suffisamment<br />

importantes pour influer sur la conception <strong>de</strong>s<br />

projets.<br />

Est introduite ainsi une notion d'échelle, signifiant<br />

l'importance <strong>de</strong>s observations <strong>de</strong> détail<br />

dans nos étu<strong>de</strong>s.<br />

Nous possédons peu <strong>de</strong> données sur l'hydrogéologie<br />

<strong>de</strong> cette couche, mais certains <strong>de</strong> ses<br />

caractères, intéressant la géologie appliquée<br />

aux travaux publics, ont cependant été déjà<br />

définis.<br />

Pour progresser dans la connaissance <strong>de</strong> cet


étage, nous jugeons indispensable :<br />

• <strong>de</strong> procé<strong>de</strong>r à <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s systématiques <strong>de</strong>s<br />

différents niveaux qui le constituent par :<br />

— analyse en laboratoire d'échantillons <strong>de</strong>s<br />

différents niveaux;<br />

— observations lithologiques et structurales<br />

fines;<br />

— enquêtes sur les différents problèmes posés,<br />

les solutions proposées, et leurs résultats<br />

quant à l'exécution <strong>de</strong>s travaux.<br />

• <strong>de</strong> développer la collaboration entre géologues<br />

et mécaniciens <strong>de</strong>s sols, en particulier,<br />

sur les sujets suivants :<br />

— amélioration <strong>de</strong>s techniques <strong>de</strong> carottage<br />

et d'échantillonnage, en les adaptant à ce<br />

terrain;<br />

— appréciation <strong>de</strong> la représentativité <strong>de</strong>s<br />

échantillons soumis aux analyses mécaniques<br />

et <strong>de</strong>s résultats <strong>de</strong>s essais in situ.<br />

Cet exposé montre que, dans la plupart <strong>de</strong>s cas,<br />

les connaissances déjà acquises sur cet étage<br />

et notre panoplie d'essais sont maintenant<br />

souvent suffisantes pour régler <strong>de</strong>s problèmes<br />

particuliers, dans l'état actuel <strong>de</strong>s techniques.<br />

Mais il veut surtout prouver que le progrès dans<br />

notre connaissance du calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>,<br />

qui est indispensable parce qu'il signifie la possession<br />

<strong>de</strong> nouvelles données scientifiques<br />

capables d'orienter la technique vers plus d'efficacité,<br />

n'est possible que si l'on dépasse le<br />

sta<strong>de</strong> pratique <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s particulières pour<br />

arriver au sta<strong>de</strong> <strong>de</strong> la synthèse.<br />

<strong>Le</strong>s moyens proposés pour réaliser ce progrès<br />

sont exposés. Il semble nécessaire, avec un état<br />

d'esprit d'enquête permanent, <strong>de</strong> procé<strong>de</strong>r<br />

d'abord à une analyse pétrographique et mécanique<br />

<strong>de</strong>s différents niveaux constituant la<br />

couche.<br />

Ces niveaux trouvent leur place dans <strong>de</strong>s structures<br />

locales, qu'il ne reste plus ensuite qu'à<br />

classer dans <strong>de</strong>s domaines géographiques<br />

homogènes, où certaines gran<strong>de</strong>s caractéristiques<br />

<strong>de</strong> la couche, préalablement définies, sont<br />

constantes.<br />

avant-propos<br />

Mon exposé a pour but <strong>de</strong> décrire la couche, <strong>de</strong> la<br />

définir et <strong>de</strong> discuter <strong>de</strong> certains problèmes qui<br />

troublent les responsables <strong>de</strong> projets où le calcaire<br />

<strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> est concerné.<br />

A cette occasion, je veux montrer ce qui peut être<br />

fait, à mon sens, pour arriver à une meilleure<br />

connaissance <strong>de</strong> ce terrain.<br />

On discernera ainsi au cours <strong>de</strong> ce travail une tentative<br />

<strong>de</strong> mise au point <strong>de</strong> métho<strong>de</strong>s, sinon le début<br />

d'un effort méthodologique. On y remarquera donc,<br />

ce qui est peut-être un peu déplacé ici, une légère<br />

tournure philosophique.<br />

Avant d'entamer les chapitres purement <strong>de</strong>scriptifs,<br />

je voudrais tenter <strong>de</strong> <strong>de</strong>ssiner, sans prétendre le<br />

connaître à fond, l'état d'esprit avec lequel <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>s<br />

spécialistes présents ici, le mécanicien <strong>de</strong>s sols et<br />

le géologue, abor<strong>de</strong>nt ce terrain.<br />

Notre assemblée prouve, s'il en était besoin, que<br />

nous vivons une époque <strong>de</strong> retrouvailles. Il y a<br />

quelque temps, le divorce entre mécanicien <strong>de</strong>s sols<br />

et géologue était flagrant. Pourtant certaines personnes<br />

réussirent la synthèse. C'est ainsi que<br />

Belgrand, Ingénieur <strong>de</strong>s Ponts et Chaussées, qui<br />

termina sa carrière comme Inspecteur Général, était<br />

en même temps un <strong>de</strong>s grands géologues parisiens,<br />

et entra à ce titre à l'Académie <strong>de</strong>s Sciences.<br />

Jeune Ingénieur, Belgrand construisit un pont sur<br />

l'Auxois, qui fut détruit peu après, car, reconnaissait-il,<br />

«on ne tint pas compte <strong>de</strong> la nature géologique<br />

<strong>de</strong>s sols». Et il concluait : « Il y avait une lacune<br />

dans nos étu<strong>de</strong>s, et dès ce moment je fus convaincu<br />

qu'un Ingénieur <strong>de</strong>s Ponts et Chaussées doit être<br />

non seulement géomètre, mais encore géologue. »<br />

<strong>Le</strong> narrateur qui rapporte cette citation affirme que<br />

« Belgrand donna désormais toute son attention aux<br />

faits géologiques».<br />

Cependant, le mécanicien <strong>de</strong>s sols croyait connaître<br />

suffisamment la géologie, particulièrement à Paris où<br />

les couches sont horizontales et où il existe tellement<br />

<strong>de</strong> documents ; et s'il ne la connaissait pas, il la<br />

délaissait, car à quoi pouvait-elle bien servir ? De<br />

son côté, le géologue s'enfermait dans sa tour<br />

d'ivoire, <strong>de</strong>venait un naturaliste acharné, et dédai-<br />

32


gnait les questions d'ordre pratique. Malgré cela, il<br />

lui arrivait <strong>de</strong> donner <strong>de</strong>s conseils au maître d'oeuvre,<br />

et même d'avancer <strong>de</strong>s conclusions très techniques.<br />

Dans les <strong>de</strong>ux cas, il y eut <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s réussites, mais<br />

à côté, combien <strong>de</strong> déboires, et surtout que <strong>de</strong><br />

retards accumulés !<br />

C'est encore souvent avec cet état d'esprit que le<br />

géologue et le mécanicien <strong>de</strong>s sols étudient le<br />

calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>.<br />

— Pour te géotechnicien, c'est une couche qui<br />

contient <strong>de</strong>s «anomalies», et sûrement plus d'anomalies<br />

que d'autres terrains. On y observe une<br />

gran<strong>de</strong> dispersion <strong>de</strong>s résultats. Ceci semble dû au<br />

fait que ce terrain constitue un milieu anisotrope,<br />

sans organisation et d'ailleurs difficilement accessible<br />

avec les moyens actuels <strong>de</strong> reconnaissance. Pour<br />

le mécanicien <strong>de</strong>s sols, le calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong><br />

semble «mystérieux» et a, en tous cas, mauvaise<br />

réputation.<br />

— Pour le géologue, le calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> est<br />

une couche semblable aux autres dans la mesure<br />

où elle a son histoire et où chaque trait <strong>de</strong> sa<br />

nature ou <strong>de</strong> sa structure obéit à la logique <strong>de</strong>s lois<br />

naturelles. Il subsiste bien sûr beaucoup d'inconnues,<br />

<strong>de</strong> caractères imprécis, d'acci<strong>de</strong>nts <strong>de</strong> sédimentation,<br />

etc., qu'il s'agit d'expliquer. Ces tentatives<br />

d'explication <strong>de</strong>s phénomènes naturels permettent<br />

au géologue <strong>de</strong> jouer un <strong>de</strong> ses rôles essentiels,<br />

qui est <strong>de</strong> prévoir.<br />

Mon ambition, et je crois bien rejoindre celle<br />

<strong>de</strong> MM. <strong>Le</strong>grand et Champetier <strong>de</strong> Ribes, est, qu'à<br />

l'issue <strong>de</strong> ces journées, une symbiose s'établisse<br />

entre mécanicien <strong>de</strong>s sols et géologue ; que les<br />

préoccupations soient les mêmes et le langage<br />

commun ; que, pour le mécanicien <strong>de</strong>s sols, le<br />

<strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> soit mieux compris, moins mystérieux ;<br />

et que le géologue fasse en sorte désormais d'être<br />

prêt à répondre aux questions que lui poseront ¡es<br />

différents responsables <strong>de</strong>s projets <strong>de</strong> Génie Civil.<br />

INTRODUCTION<br />

Nous nous réunissons à propos du calcaire <strong>de</strong><br />

<strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>, car cette couche intéresse un grand<br />

nombre <strong>de</strong> projets et laisse encore beaucoup <strong>de</strong><br />

questions en suspens. Et cependant, cet étage est<br />

l'un <strong>de</strong> ceux qui ont été le plus sollicités par <strong>de</strong>s<br />

projets <strong>de</strong> toute sorte.<br />

L'urbanisation <strong>de</strong> certaines zones <strong>de</strong> la région parisienne<br />

suffit à le montrer. Alors comment firent nos<br />

prédécesseurs ?<br />

Je ne le sais pas, mais, quoiqu'il en soit, l'expérience<br />

est là, riche et variée. Alors ne peut-on<br />

l'utiliser, précisément pour cette couche, dont<br />

l'abord est difficile ? Je pense que, peut être plus<br />

qu'ailleurs, cet esprit d'enquête est nécessaire pour<br />

bien connaître cet étage.<br />

Chacun sait, d'un autre côté, que le <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong><br />

c'est principalement <strong>de</strong> la marne, du calcaire et <strong>de</strong><br />

l'argile. Je pense qu'il faut savoir <strong>de</strong> quelle marne,<br />

<strong>de</strong> quel calcaire et <strong>de</strong> quelle argile il s'agit. Il me<br />

semble indispensable <strong>de</strong> commencer dès maintenant,<br />

à l'occasion <strong>de</strong> divers travaux, cette analyse systématique.<br />

Une meilleure connaissance <strong>de</strong> ce niveau <strong>de</strong>vra procé<strong>de</strong>r<br />

surtout <strong>de</strong> l'esprit d'enquête et <strong>de</strong> l'esprit<br />

d'analyse, la synthèse, nous le soupçonnons déjà,<br />

tendant à la réhabilitation <strong>de</strong> la couche.<br />

PRÉSENTATION DU CALCAIRE DE<br />

SAINT-OUEN<br />

<strong>Le</strong>s limites d'extension horizontale <strong>de</strong> cet étage ont<br />

été fixées dans l'exposé précé<strong>de</strong>nt. La région parisienne,<br />

qui occupe une position centrale à l'intérieur<br />

<strong>de</strong> ces limites, contient donc théoriquement partout<br />

du calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>. Si l'on fait une carte <strong>de</strong><br />

répartition géographique <strong>de</strong> la couche (fig. 1 ), en<br />

prenant 40 m comme la profon<strong>de</strong>ur maximale à<br />

partir <strong>de</strong> laquelle la couche n'intéresse plus les projets<br />

<strong>de</strong> génie civil, soit directement comme niveau<br />

<strong>de</strong> fondation, soit indirectement par son influence<br />

sur <strong>de</strong>s niveaux <strong>de</strong> fondation situés plus haut, on<br />

remarque que l'on rencontre le <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> :<br />

— dans la plaine structurale <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-Denis, sur une<br />

superficie <strong>de</strong> 200 km 2 environ, à une profon<strong>de</strong>ur<br />

variant <strong>de</strong> 0 à 15 m, et sur une épaisseur <strong>de</strong><br />

10 à 17 m;<br />

— dans <strong>de</strong>s endroits où la présence du <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong><br />

jusqu'à la profon<strong>de</strong>ur citée, est conditionnée par<br />

la position <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s lignes structurales et <strong>de</strong>s<br />

plaines alluviales. Dans la région Sud-Est <strong>de</strong><br />

Paris par exemple, entre Marne et Seine, le<br />

<strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> a été détruit et le substratum sous les<br />

alluvions est lutétien. Par contre, on le rencontre<br />

sur le faîte <strong>de</strong> l'anticlinal <strong>de</strong> Meudon ; dans la<br />

33


égion située entre les RN 10 et 20, et à l'ouest<br />

<strong>de</strong> Paris.<br />

Ainsi, vu le faible pendage <strong>de</strong>s couches dans la<br />

région parisienne, la simple connaissance <strong>de</strong> la topographie<br />

est déjà un moyen <strong>de</strong> prospection, ce qui<br />

est loin d'être le cas dans d'autres régions.<br />

Mais cette prospection est évi<strong>de</strong>mment bien insuffisante.<br />

DESCRIPTION DU CALCAIRE DE<br />

SAINT-OUEN<br />

DANS LA RÉGION PARISIENNE<br />

C'est une alternance <strong>de</strong> bancs calcaires, <strong>de</strong> lits <strong>de</strong><br />

marne et d'argile, épaisse <strong>de</strong> 10 m en moyenne. <strong>Le</strong>s<br />

stratigraphies placent cet horizon dans l'étage marinésien,<br />

épiso<strong>de</strong> où les dépôts lacustres sont importants.<br />

Limites supérieure et inférieure du calcaire <strong>de</strong><br />

<strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong><br />

L'intérêt <strong>de</strong> les définir est double :<br />

— dans l'esprit où nous voulons travailler pour faire<br />

progresser la connaissance <strong>de</strong>s terrains, il est<br />

dangereux d'attribuer à une couche <strong>de</strong>s résultats<br />

qui ne lui appartiennent pas ;<br />

— l'histoire géologique est continue, bien que les<br />

témoins qui nous en restent soient discontinus.<br />

Autrement dit, certaines caractéristiques <strong>de</strong><br />

nature <strong>de</strong> la couche sont annoncées par l'histoire<br />

<strong>de</strong>s couches encaissantes. Il est donc nécessaire<br />

<strong>de</strong> connaître l'histoire <strong>de</strong> son contexte géologique.<br />

La couche du <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> est limitée classiquement<br />

par <strong>de</strong>ux horizons sableux : les sables <strong>de</strong> Monceau<br />

en tête ; les sables <strong>de</strong> Beauchamp à la base.<br />

Ces terrains ne sont pas uniquement sableux, mais<br />

leurs phases sableuses sont, à première vue, très<br />

semblables. Cependant, <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s fines (Ch. Pomerol<br />

1964) montrent certaines différences:<br />

« <strong>Le</strong>s sables auversiens (sables <strong>de</strong> Beauchamp) présentent<br />

un accroissement régulier <strong>de</strong> leur médiane,<br />

<strong>de</strong> l'Ouest vers l'Est (0,150 mm dans le Parisis ;<br />

0,300 mm dans le Tar<strong>de</strong>nois). L'hétérométrie varie<br />

<strong>de</strong> la même façon <strong>de</strong> 0,50 mm à 1,10 mm. Ceci<br />

indique un apport détritique venant <strong>de</strong> l'Est.<br />

<strong>Le</strong>s sables marinésiens (sables <strong>de</strong> Monceau) sont au<br />

contraire <strong>de</strong> plus en plus fins vers l'est (Md<br />

= 0,180 mm dans le Vexin, 0,110 mm à Luzarches<br />

et 0,07 mm à Survilliers). Il n'y a pas d'apport détritique<br />

Est-Ouest ».<br />

<strong>Le</strong>s sables <strong>de</strong> Monceau, épais <strong>de</strong> 2 m en moyenne,<br />

sont constitués <strong>de</strong> sable fin verdâtre, <strong>de</strong> lits <strong>de</strong><br />

marne et d'argile et parfois <strong>de</strong> bancs gypseux.<br />

<strong>Le</strong>s sables <strong>de</strong> Beauchamp, plus épais (7 m en<br />

moyenne) sont <strong>de</strong>s sables bleus contenant dans leur<br />

partie moyenne un banc marneux épais <strong>de</strong> 2 à 3 m,<br />

comprenant <strong>de</strong>s cristaux <strong>de</strong> « gypse en chevrons »,<br />

et parfois <strong>de</strong>s bancs <strong>de</strong> grès.<br />

<strong>Le</strong>s limites présentent quelques particularités, qu'il<br />

est important <strong>de</strong> souligner.<br />

Limite<br />

supérieure<br />

<strong>Le</strong>s sables <strong>de</strong> Monceau se présentent souvent tels<br />

que je viens <strong>de</strong> les décrire. Mais ils peuvent aussi<br />

être défigurés ou ne pas exister.<br />

Fig. 1. - Carte <strong>de</strong> profon<strong>de</strong>ur du <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>. On note que le calcaire,<br />

<strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> est à faible profon<strong>de</strong>ur dans le quart N.E. <strong>de</strong> la carte,<br />

ainsi que sur la bordure <strong>de</strong>s buttes-témoins Eocène-Oligocène. <strong>Le</strong>s<br />

parties en blanc marquent, ou l'absence totale du <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>, ou sa<br />

présence sous une faible épaisseur.<br />

Convergence <strong>de</strong> faciès : dans ce cas, les sables <strong>de</strong><br />

Monceau ressemblent au <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>. C'est ainsi que,<br />

sur l'Autoroute A 10 (S 34), à Antony, on observe :<br />

— 0,20 m : marne grise, dure, fossilifère, fracturée<br />

avec blocs <strong>de</strong> calcaire rosé;<br />

— 0,50 m : marne beige très fracturée.<br />

Ailleurs, on peut rencontrer <strong>de</strong>s sépiolites bien développées,<br />

ou <strong>de</strong>s bancs <strong>de</strong> gypse occupant toute la<br />

couche.<br />

Lacune stratigraphique : si l'on suit une ligne sud-<br />

34


Marne rosée<br />

Argile noire<br />

Dalle calcaire fracturée<br />

Argile noire<br />

CALCAIRE<br />

DE<br />

Lit <strong>de</strong> calcite<br />

SAINT-OUEN<br />

Marnes calcaires<br />

et argiles feuilletées<br />

Marne beige sèche<br />

Sable fin kaki<br />

SABLES DE<br />

MORTEFONTAINE<br />

Marne blanche molle<br />

Sable jaunâtre<br />

Sable bleu<br />

CALCAIRE<br />

DE DUCY<br />

SABLES<br />

D'ÉZANVILLE<br />

SABLES DE<br />

BEAUCHAMP<br />

Fig. 2. — Base du calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> et niveaux sous-jacents. (Collecteur <strong>de</strong> Vincennes - 5 e lot<br />

Puits 22 vers puits 23 - Cadre 47).<br />

nord, perpendiculaire à l'anticlinal <strong>de</strong> Meudon, on<br />

trouve :<br />

— à Sèvres (RN 187) : marnes d'Argenteuil sur<br />

<strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>;<br />

— à <strong>Saint</strong>-Cloud (bd <strong>de</strong> la République) : marnes<br />

d'Argenteuil sur <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>;<br />

— à Suresnes (Terrasse <strong>de</strong> la Fécheray) : 3 à 4 m<br />

<strong>de</strong> ludien sur le <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>.<br />

Je pense qu'un œil peu exercé peut confondre les<br />

marnes supra-gypseuses et le <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>.<br />

Limite<br />

inférieure<br />

<strong>Le</strong>s sables <strong>de</strong> Beauchamp existent souvent tels qu'ils<br />

ont été décrits plus haut, mais :<br />

— d'une part, entre <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> et Beauchamp se<br />

trouvent les niveaux <strong>de</strong> Mortefontaine, <strong>de</strong> Ducy<br />

et d'Ézanville;<br />

— et d'autre part, les sables <strong>de</strong> Beauchamp ont dans<br />

le Sud-Est <strong>de</strong> Paris le faciès « sud-parisien ».<br />

Niveaux <strong>de</strong> Mortefontaine, Ducy et Ézanville (fig. 2)<br />

<strong>Le</strong> niveau <strong>de</strong> Mortefontaine, peu épais dans la région<br />

parisienne, est représenté par un grès fossilifère ou<br />

un sable, qui échappe souvent à l'investigation. En<br />

effet, le son<strong>de</strong>ur ayant imprimé à sa machine un<br />

régime capable <strong>de</strong> lui faire traverser les bancs durs<br />

<strong>de</strong> la base du <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>, se trouve brutalement<br />

dans un matériau meuble qu'il ne peut remonter.<br />

Pourtant l'indice <strong>de</strong> ce niveau peu épais est important.<br />

En effet, le son<strong>de</strong>ur ayant consigne <strong>de</strong> s'arrêter<br />

aux sables <strong>de</strong> Beauchamp, croit s'y trouver, et<br />

délaisse ainsi la couche sous-jacente.<br />

Or le calcaire <strong>de</strong> Ducy, très constant dans la région<br />

parisienne et dont l'épaisseur varie <strong>de</strong> 0,10 m à<br />

3,50 m, contient souvent <strong>de</strong>s marnes et <strong>de</strong>s calcai-<br />

35


Beauchamp » sont constitués d'une argile sableuse<br />

vert-bleu homogène.<br />

Au sud <strong>de</strong> A 10, on observe à ce niveau 3 m <strong>de</strong><br />

marnes beiges et bleutées. On a ainsi à cet endroit<br />

<strong>de</strong>s marnes beiges (<strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>) sur <strong>de</strong>s marnes<br />

beiges (Beauchamp).<br />

Fig. 3. — Lithologie <strong>de</strong> la partie moyenne du calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong><br />

surtout représentée par une marne blanche contenant <strong>de</strong>s filets<br />

argileux noirs. (Collecteur <strong>de</strong> Vincennes - 5 lot - e Puits 24 vers<br />

puits 25 - Cadre 3).<br />

res durs, mais souvent aussi 3 m <strong>de</strong> gypse caverneux.<br />

Il est donc important <strong>de</strong> traverser ce niveau.<br />

<strong>Le</strong>s sables d'Ézanville se présentent sous forme <strong>de</strong><br />

sables jaune et blanc, un peu plus grossiers que les<br />

sables <strong>de</strong> Beauchamp, mais dont les caractéristiques<br />

géotechniques sont sensiblement égales. Ce niveau<br />

semble irrégulier mais il est intéressant <strong>de</strong> le connaître<br />

car il repose sur les paléosols signalés par Ch.<br />

Pomerol au sommet du Beauchamp. Ces paléosols<br />

sont souvent gréseux, mais parfois organiques. C'est<br />

ainsi qu'à Vincennes, on trouve 1 m d'une couche<br />

marneuse et organique en tête <strong>de</strong>s sables <strong>de</strong> Beauchamp.<br />

Faciès « sud-parisien » <strong>de</strong>s sables <strong>de</strong> Beauchamp<br />

Au nord <strong>de</strong> l'Autoroute B 3 (Bondy), les sables <strong>de</strong><br />

Beauchamp sont représentés par <strong>de</strong>ux lits sableux<br />

encadrant 2,50 m <strong>de</strong> marnes, composées ainsi :<br />

— marne argileuse hétérogène;<br />

— marne argileuse avec « gypse en chevrons »;<br />

— marne gris-perle.<br />

Lithologie<br />

Celle-ci est très diverse latéralement et verticalement<br />

(fig. 3). Il est courant <strong>de</strong> dire que la couche est<br />

anisotrope.<br />

Voici en effet quelques exemples <strong>de</strong> coupes lithologiques<br />

tirées <strong>de</strong> sondages carottés :<br />

• Autoroute A 10 (S 34)<br />

— sépiolite rose à lie <strong>de</strong> vin, massive,<br />

compacte et dure avec nodules siliceux<br />

— marne beige argileuse avec quelques<br />

lits d'argile brune feuilletée<br />

— marne beige-rosé fossilifère<br />

— calcaire marneux rosé, tendre, fossilifère<br />

avec quelques lits argileux<br />

— alternance calcaire, marne, argile et<br />

gypse<br />

— alternance calcaire, gypse et marnes<br />

ligniteuses<br />

• Autoroute B 3 (S 1)<br />

calcaire sub-lithographique, fracturé,<br />

quelques passages marneux à la base<br />

alternance <strong>de</strong> marnes roses à éclats<br />

calcaires et lits d'argile brune feuilletée,<br />

et <strong>de</strong> calcaires durs<br />

calcaires durs avec quelques lits marneux,<br />

gypse sur 0,60 m à la base<br />

Collecteur <strong>de</strong> la Bièvre (S 22)<br />

sépiolite violacée compacte<br />

marne compacte blanc-rosé<br />

calcaire sub-lithographique<br />

calcaire marneux avec argile brune<br />

feuilletée<br />

calcaire marneux fracturé<br />

gypse albastroï<strong>de</strong> et « pied d'alouette »<br />

calcaire gréseux beige<br />

calcaire marneux compact<br />

calcaire sub-lithographique et calcaire<br />

gréseux fossilifère<br />

0,50 m<br />

1,90 m<br />

0,30 m<br />

2,70 m<br />

1,30 m<br />

1,40 m<br />

3,65 m<br />

2,80 m<br />

2,70 m<br />

2,00 m<br />

0,90 m<br />

0,10 m<br />

3,00 m<br />

0,80 m<br />

1,20 m<br />

0,40 m<br />

0,90 m<br />

0,40 m<br />

Au sud <strong>de</strong> B 3 (Rosny-sous-Bois), les «sables <strong>de</strong> C'est ainsi qu'à 5 m du toit <strong>de</strong> la couche, on observe :<br />

36


— sur B 3 : alternance <strong>de</strong> marnes et calcaires durs;<br />

— sur A 10 : calcaire marneux tendre fossilifère;<br />

— sur la Bièvre : calcaire marneux compact avec<br />

lits d'argile.<br />

La conclusion s'impose donc d'elle-même lorsqu'on<br />

se limite à comparer ainsi <strong>de</strong>s coupes <strong>de</strong> sondages :<br />

la couche est très hétérogène.<br />

On remarque cependant une succession marne sur<br />

calcaire. Et si l'on rencontre parfois <strong>de</strong>s aberrations,<br />

peut-être faut-il les mettre sur le compte <strong>de</strong> phénomènes<br />

quaternaires. C'est ainsi que sur l'autoroute<br />

B 3, <strong>de</strong>ux sondages distants <strong>de</strong> 25 m ont montré :<br />

l'un 10 m <strong>de</strong> terrains à prédominance marneuse;<br />

l'autre 10 m <strong>de</strong> terrains à prédominance calcaire.<br />

Nous pensons que ce <strong>de</strong>rnier sondage a été réalisé<br />

à l'aplomb d'un effondrement profond, qui a concentré<br />

au niveau du <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>, par «appel au vi<strong>de</strong>»<br />

les horizons rocheux <strong>de</strong> la couche.<br />

On peut alors se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r si l'hétérogénéité signalée<br />

plus haut n'est pas en gran<strong>de</strong> partie apparente ?<br />

En effet, dans la figure 4, qui représente un relevé<br />

lithologique continu du collecteur <strong>de</strong> .Vincennes, et<br />

non une extrapolation entre <strong>de</strong>s sondages, on observe<br />

que certains bancs sont très réguliers et que la couche<br />

présent, en fait, une gran<strong>de</strong> organisation. On<br />

peut comparer ce <strong>de</strong>ssin au profil <strong>de</strong> l'autoroute B 3<br />

(fig. 5) qui montre un moindre nombre <strong>de</strong> bancs<br />

continus.<br />

La vraie conclusion est donc que le relevé du collecteur<br />

<strong>de</strong> Vincennes présente le vrai visage <strong>de</strong> la couche<br />

et que l'interprétation réalisée à partir <strong>de</strong> sondages<br />

carottés déforme en gran<strong>de</strong> partie la réalité.<br />

<strong>Le</strong> calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> n'a donc pas l'hétérogénéité<br />

qu'on lui prête ; les moyens actuels <strong>de</strong> prospection<br />

permettent mal <strong>de</strong> le saisir.<br />

L'observation attentive <strong>de</strong>s coupes <strong>de</strong> sondages permet<br />

cependant d'avancer que cet horizon présente<br />

<strong>de</strong>s variations latérales <strong>de</strong> faciès (conditionnées par<br />

l'histoire géologique <strong>de</strong> la couche) qui sont à l'échelle<br />

<strong>de</strong> la couche, mais non à celle <strong>de</strong>s projets <strong>de</strong> génie<br />

civil.<br />

Donc en fin <strong>de</strong> compte, cette couche est en gran<strong>de</strong><br />

partie ordonnée ; les niveaux qui la constituent ne<br />

sont pas disposés au hasard ; c'est notre interprétation<br />

qui en déforme le visage.<br />

Ceci amène une conséquence importante.<br />

<strong>Le</strong>s géologues nous apprennent la genèse <strong>de</strong> la couche<br />

et ses transformations postérieures. A partir <strong>de</strong>s<br />

conséquences qui en découlent pour la nature <strong>de</strong>s<br />

terrains et à partir <strong>de</strong>s observations que l'on peut<br />

faire encore, il est possible d'établir la liste <strong>de</strong>s<br />

variétés lithologiques constituant le <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>. On<br />

sait par exemple que le <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> ne peut contenir<br />

<strong>de</strong> craie ou <strong>de</strong> sables détritiques grossiers comme<br />

ceux du Sparnacien et, a fortiori, du granité...<br />

Il existe en fait 10 ou 15 constituants lithologiques,<br />

qu'il faut mettre en évi<strong>de</strong>nce (fig. 6).<br />

Ce que nous avons pu observer jusqu'ici nous permet<br />

<strong>de</strong> définir grossièrement un certain nombre <strong>de</strong> ces<br />

niveaux, et <strong>de</strong> décrire ainsi une première succession<br />

lithologique <strong>de</strong> la couche.<br />

On voit assez souvent, <strong>de</strong> haut en bas, les terrains<br />

suivants :<br />

« Couronne » <strong>de</strong> la couche :<br />

— argile magnésienne;<br />

— calcaire dur;<br />

— marne blanche;<br />

— calcaire sub-lithographique;<br />

— sépiolite.<br />

Cette « couronne », épaisse d'un mètre au maximum,<br />

a été observée dans la plupart <strong>de</strong> nos travaux intéressant<br />

la région parisienne immédiate. Elle semble<br />

cependant être assez constante, car L. Feugueur<br />

signale à Herblay (Val-d'Oise) la superposition<br />

suivante :<br />

— Sables <strong>de</strong> Monceau<br />

— calcaire roux très dur, en plaquettes,<br />

avec Potámi<strong>de</strong>s et Foraminifères<br />

— lit <strong>de</strong> marne violacée (0,05) sur marne<br />

argileuse à calcaires fragmentés<br />

— calcaire dur rosâtre, à patine blanche<br />

crayeuse et à cassure conchoïdale...<br />

0,30 m<br />

0,50 m<br />

Sous cette couronne, on trouve une marne blanche<br />

grumeleuse à silex bruns et rognons calcaires,<br />

épaisse <strong>de</strong> 2 à 3 m à Bobigny et <strong>de</strong> 6 m à Vincennes.<br />

Il semble que ce soit d'ailleurs au niveau <strong>de</strong> cette<br />

marne (fig. 7) qu'on observe <strong>de</strong>s variations latérales<br />

<strong>de</strong> faciès importantes. C'est ainsi que sur le tracé <strong>de</strong><br />

l'Autoroute A 10, nous avons pu observer un passage<br />

marne -* calcaire marneux -» calcaire dur, du Nord<br />

vers le Sud. Il faut noter :<br />

— qu'on suit cependant certains niveaux-repères à<br />

l'intérieur <strong>de</strong> faciès différents (argiles magnésiennes);<br />

— que le faciès est plus calcaire lorsque la couche<br />

s'approfondit.<br />

37


1<br />

Fig. 4. — Collecteur du bois <strong>de</strong> Vincennes - 5 e<br />

lot.<br />

<strong>Le</strong>s niveaux numérotés <strong>de</strong> 2 à 11 concernent les couches inférieures au<br />

<strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>. On note la continuité <strong>de</strong>s niveaux, ainsi que la structure ondulée<br />

du terrain, accentuée par le rapport <strong>de</strong>s échelles, mais cependant très bien<br />

marquée. On remarque à ce propos <strong>de</strong>ux styles d'ondulation, <strong>de</strong> pério<strong>de</strong> et<br />

d'amplitu<strong>de</strong> variables, dont il faut penser qu'elles sont d'origine différente.<br />

38


AUTOKOUTH iss<br />

ECHELLES : HW«0. L1/500<br />

G 3a Marnes a Photadomies<br />

CN <strong>Calcaire</strong> <strong>de</strong> Notsy<br />

SV Sables <strong>de</strong> Monceau<br />

SO Marno-calcaire <strong>de</strong> S <strong>Ouen</strong><br />

T<br />

SB Sables <strong>de</strong> Beauchamp<br />

— j'/rfj'VJil


PI 4<br />

1»I<br />

•L<br />

• gypseuses f — »<br />

= CALCAIRE<br />

Sable à boules<br />

grèstuses<br />

-^—r-r CALCAIRE SUBUTHOGRÂWQUT<br />

I<br />

ARGILE BRUNE MAGNESIENNE<br />

1<br />

— ' T Calcair* marn»ux wYlf<br />

t<br />

T<br />

4rgi7> à gyps»<br />

t> c/nwon<br />

Y'S:/; 1 '/.-<br />

S<br />

r<br />

* s sableux<br />

Fig. 5. - Autoroute B3.<br />

Profil discontinu au niveau <strong>de</strong> trois ouvrages.


Rg. 7. — Marne blanche du sommet<br />

du calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>. (Collecteur<br />

<strong>de</strong> Vincennes - 5 e lot - Puits 20).<br />

<strong>Le</strong>s traces <strong>de</strong> pelle indiquent une<br />

certaine plasticité <strong>de</strong> ce matériau.<br />

39


G4: 1,50 m <strong>de</strong> gypse.<br />

Sables <strong>de</strong> Monceau : 0,50 m.<br />

<strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>: 11 couches cumulant 3,80 m.<br />

Ducy : 1,85 m <strong>de</strong> gypse.<br />

Sables <strong>de</strong> Beauchamp : 0,80 m au sommet.<br />

Coupe à Livry-Gargan :<br />

Sables <strong>de</strong> Monceau : 1,90 m <strong>de</strong> gypse.<br />

<strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>: 3,18 m <strong>de</strong> marnes gypseuses.<br />

Sables <strong>de</strong> Beauchamp: 1,30 m au sommet.<br />

Groupe <strong>de</strong> l'axe <strong>de</strong> M eu don<br />

Fig. 8. — Base rocheuse du calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>.<br />

(Collecteur <strong>de</strong><br />

Bry-sur-Marne).<br />

Plus bas, la couche paraît moins organisée. On voit<br />

une alternance <strong>de</strong> bancs <strong>de</strong> marne et <strong>de</strong> calcaire et<br />

<strong>de</strong> lits d'argile (fig. 8). Cependant, d'après ce que<br />

nous avons remarqué jusqu'ici, et d'une façon<br />

constante, la base du calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> est<br />

rocheuse et présente la superposition « calcaire sublithographique<br />

sur calcaire gréseux à Potámi<strong>de</strong>s ».<br />

Pour l'instant, et malgré un grand nombre <strong>de</strong> coupes<br />

réalisées dans cet horizon, nous avons vu très peu<br />

<strong>de</strong> gypse dans la couche elle-même. Cependant,<br />

quelques auteurs en signalent, et en particulier<br />

R. Soyer. Ce géologue répartit les zones gypseuses<br />

antéludiennes en plusieurs groupes.<br />

Groupe<br />

Exemples :<br />

par/sien (Montmartre - gares <strong>de</strong> l'Est et du<br />

Nord - Belleville - Ménilmontant).<br />

Porte <strong>de</strong> Ménilmontant : dans le <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>, 5 bancs<br />

cumulant 4,30 m <strong>de</strong> gypse, plus 0,60 m dans les<br />

sables <strong>de</strong> Monceau.<br />

Porte <strong>de</strong>s Lilas : 2,60 m <strong>de</strong> gypse.<br />

Porte <strong>de</strong> Pantin : bancs <strong>de</strong> gypse saccharoï<strong>de</strong>.<br />

Massif <strong>de</strong> Montreuil : gypse non signalé.<br />

Groupe <strong>de</strong> l'Aulnay<br />

Exemples :<br />

Coupe à Annet-sur-Marne :<br />

H existait autrefois <strong>de</strong>s exploitations souterraines <strong>de</strong><br />

gypse dans le <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> à Bagneux. A Choisy-le-<br />

Roi, la base <strong>de</strong> la couche est gypseuse sur 2,50 m.<br />

On observe 2,20 m <strong>de</strong> gypse et <strong>de</strong> marnes gypseuses<br />

en tête <strong>de</strong> la couche à l'Hay-les-Roses et un banc<br />

compact au milieu. A Antony, la base du <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong><br />

contient 1,20 m <strong>de</strong> gypse dur et compact.<br />

Bien qu'on puisse peut-être attribuer aux couches<br />

limitrophes du <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> un certain nombre <strong>de</strong><br />

niveaux gypseux décrits plus haut, il convient <strong>de</strong><br />

souligner la présence fréquente <strong>de</strong> ce minéral dangereux<br />

à l'intérieur <strong>de</strong> la couche. D'après R. Soyer<br />

« la répartition <strong>de</strong>s zones gypseuses antéludiennes<br />

montre une certaine régularité et une certaine<br />

continuité au cours <strong>de</strong> l'Éocène moyen et supérieur...<br />

<strong>Le</strong> calcaire <strong>de</strong> Ducy, laguno-lacustre, comporte <strong>de</strong>s<br />

bancs gypseux bien continus dans Paris et l'Aulnay...<br />

Dans le <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>, pour chaque avancée marine à<br />

l'ouest, semblent correspondre <strong>de</strong>s dépôts gypseux à<br />

l'Est. C'est ainsi que les sables <strong>de</strong> Montagny situés<br />

dans la partie inférieure à l'Ouest du Bassin <strong>de</strong> Paris<br />

correspondraient au gypse situé à la base <strong>de</strong> la<br />

couche ; le calcaire marin <strong>de</strong> la Frette au gypse <strong>de</strong><br />

la partie centrale et les calcaires à Potámi<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />

tête au gypse <strong>de</strong> tête ».<br />

R. Soyer, s'appuyant sur les travaux <strong>de</strong> L. Feugueur,<br />

établit donc une correspondance entre la présence<br />

<strong>de</strong> niveaux marins à l'ouest et d'horizons gypseux<br />

à l'est. .<br />

Des observations nouvelles doivent peut-être confirmer<br />

cette hypothèse, mais elle nous semble dès à<br />

présent très intéressante, car elle permet <strong>de</strong> situer<br />

les niveaux gypseux dans le calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong><br />

et ainsi, d'orienter les prospections.<br />

Cette <strong>de</strong>scription lithologique permet donc d'établir<br />

un premier inventaire, qui contient les éléments<br />

suivants :<br />

40


Allure du sommet du calcaire <strong>de</strong> St.<strong>Ouen</strong> dans la tranchée <strong>de</strong><br />

L'AUTOROUTE DU NORD<br />

CD30<br />

<strong>de</strong>vi»<br />

<strong>Le</strong>gen<strong>de</strong><br />

Tv Terre veqetale 11 <strong>Calcaire</strong> marneux crème<br />

LSb Umon sableux brun 10 Marne vert pale<br />

Mr Marne rose 9 Argile marneuse rose à silex nectique<br />

Mb Marne blanche e Marne crème blocs calcaires<br />

MS( Marne sableuse jaune 7 Araile marneuse rose à silex nectiaue<br />

M) Marne jaune 6 <strong>Calcaire</strong> marneux crème a silex nectique<br />

Mv Marne verte 5 Arqile+ sable calciteux<br />

Sv Sable vert U Argile marneuse rose d" silex nectiaue<br />

SYA<br />

Sabla vert argleux 3 Marne crème<br />

_ Blocs calcaires brun 2 Argile rose â plaquettes cale, brun<br />

Blocs calcaires blanc 1 Marne crème â frag. calcaire<br />

Fig. 9. — Allure du sommet du calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> dans la tranchée <strong>de</strong> l'autoroute du<br />

Nord. <strong>Le</strong>s niveaux numérotés <strong>de</strong> 1 à 11 sont situés dans le calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>. <strong>Le</strong>s<br />

poches <strong>de</strong> sables <strong>de</strong> Monceau forment <strong>de</strong>s réservoirs où l'eau s'accumule et qu'il faut purger<br />

au cours <strong>de</strong>s terrassements.


. Hî. V".<br />

ifflllli<br />

<strong>Le</strong>s ouvrages d'art <strong>de</strong> l'Autoroute A 3 à Rosny-sous-<br />

Bois sont fondés sur le <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> situé à 20 m <strong>de</strong><br />

profon<strong>de</strong>ur par l'intermédiaire <strong>de</strong> pieux moulés. <strong>Le</strong>s<br />

puits, forés mécaniquement, ont <strong>de</strong>s longueurs variables<br />

à cause <strong>de</strong>s ondulations du toit <strong>de</strong> la couche<br />

et le laboratoire fut chargé <strong>de</strong> définir pour chaque<br />

pieu la cote <strong>de</strong> fondation.<br />

Nous avons vu à Blanc-Mesnil un terrassier creusant<br />

une tranchée pour installer une semelle filante et<br />

suivre la couche. <strong>Le</strong> fond <strong>de</strong> la tranchée était <strong>de</strong> la<br />

sorte très irrégulier.<br />

Fig. 10. — <strong>Calcaire</strong> <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> érodé,<br />

supportant <strong>de</strong>s limons. Plaine d'Aulnay-sous-Bois.<br />

calcaire sub-lithographique Rc 200 bars<br />

calcaire marneux w 17 %<br />

calcaire siliceux<br />

Rc 150 bars<br />

marne blanc-rosé grumeleuse w 40 %<br />

marne blanche compacte Ip 68<br />

argile brune feuilletée w 73 % Ip 150<br />

marne hydrophile à silex nectique w 112 % -Ip 170<br />

wL270<br />

gypse<br />

saccharoï<strong>de</strong><br />

albastroï<strong>de</strong><br />

substitué<br />

silex francs et divers<br />

etc.<br />

Cet inventaire est pour l'instant peu précis. Mais une<br />

fois réalisé plus complètement et les différents<br />

niveaux bien définis <strong>de</strong>s points <strong>de</strong> vue lithologique<br />

et mécanique, la seule question qui reste posée est<br />

<strong>de</strong> connaître la structure <strong>de</strong> cette couche, <strong>de</strong> savoir<br />

l'arrangement mutuel <strong>de</strong> ses composants lithologiques<br />

et leur répartition géographique, bref <strong>de</strong> limiter<br />

<strong>de</strong>s domaines homogènes.<br />

Structure <strong>de</strong> la couche<br />

Allure <strong>de</strong>s contacts avec<br />

encaissantes ;<br />

Ondulations du toit <strong>de</strong> la couche.<br />

les couches<br />

L'intérêt <strong>de</strong> les définir peut être donné par <strong>de</strong>ux<br />

exemples.<br />

Ces ondulations peuvent avoir <strong>de</strong>s amplitu<strong>de</strong>s<br />

importantes. La figure 9, qui est un profil schématique<br />

relevé sur l'Autoroute A 1 montre <strong>de</strong>s amplitu<strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong> l'ordre <strong>de</strong> 4 à 5 m.<br />

On connaît cependant <strong>de</strong>s endroits où le <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong><br />

présente une surface plane. C'est le cas à Aulnaysous-Bois<br />

où cette assise est tranchée par <strong>de</strong>s<br />

limons lœssiques (fig. W).<br />

La maille <strong>de</strong>s sondages a rarement les dimensions<br />

<strong>de</strong>s phénomènes recherchés et les ondulations<br />

échappent ainsi à l'investigation.<br />

Comment alors les prévoir ?<br />

Il faut pour cela connaître leur genèse et on peut,<br />

à ce titre, formuler trois hypothèses. (Il existe bien<br />

sûr <strong>de</strong>s ondulations dues aux mécanismes <strong>de</strong> la<br />

diagenèse, et particulièrement à la lapidification).<br />

Erosion avant le dépôt <strong>de</strong>s Sables <strong>de</strong> Monceau<br />

L. Feugueur a effectivement observé <strong>de</strong>s ravinements,<br />

qui ont pour effet <strong>de</strong> trancher les niveaux <strong>de</strong><br />

la couche. Nous ne l'avons pas observé jusqu'ici.<br />

Nous avons vu au contraire les niveaux suivre les<br />

ondulations. Il faut mettre à part le cas <strong>de</strong> l'érosion<br />

quaternaire qui ravine profondément la couche,<br />

comme à Vincennes.<br />

Effondrement <strong>de</strong> toits <strong>de</strong> cavités<br />

<strong>Le</strong>s cavités pourraient résulter <strong>de</strong> la dissolution du<br />

gypse. Nous n'avons pas rencontré jusqu'ici <strong>de</strong> vi<strong>de</strong>s<br />

dans le <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>, sinon une cavité estimée à 1 m 3<br />

à Bagnolet. Nous avons vu cependant dans un collecteur<br />

à Pierrefitte (fig. 11 ) une poche importante <strong>de</strong><br />

sables <strong>de</strong> Monceau dans la couche. Ceci est à<br />

mettre en parallèle avec les phénomènes observés<br />

dans le Lutétien supérieur, à la Place <strong>de</strong> la Nation<br />

par exemple, où l'on observe <strong>de</strong>s intercalations<br />

42


épaisses (2 m) <strong>de</strong> sables <strong>de</strong> Beauchamp dans les<br />

marnes et caillasses.<br />

Phénomènes<br />

périglaciaires<br />

Ceux-ci, entraînant <strong>de</strong>s cryoturbations peuvent expliquer<br />

certains acci<strong>de</strong>nts du toit <strong>de</strong> la couche, si<br />

celui-ci n'est pas très éloigné <strong>de</strong> la surface.<br />

Allures du contact basai<br />

Moins observé que le précé<strong>de</strong>nt, car les fonds <strong>de</strong><br />

fouille s'arrêtent généralement dans la couche, il<br />

semble plus régulier mais présente <strong>de</strong>s traces<br />

d'effondrements profonds. <strong>Le</strong> profil du collecteur <strong>de</strong><br />

Vincennes (fig, 4) montre d'ailleurs une certaine<br />

régularité dans la répartition <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux sortes d'ondulations<br />

<strong>de</strong> pério<strong>de</strong> différente.<br />

Allure <strong>de</strong> la couche proprement dite<br />

On peut distinguer d'abord une «texture lenticulaire<br />

», c'est la façon dont se présente le gypse, et<br />

une «texture discontinue», où l'on voit par exemple<br />

le passage latéral suivant : marne -» calcaire -><br />

« caillasses ».<br />

Il faut noter que ces niveaux lenticulaires ou discontinus<br />

qui marquent <strong>de</strong>s variations latérales <strong>de</strong> faciès,<br />

sont situés entre <strong>de</strong>s niveaux continus.<br />

On peut distinguer ensuite les questions <strong>de</strong> fissuration<br />

et <strong>de</strong> fracturation. <strong>Le</strong> banc rocheux <strong>de</strong> tête est<br />

toujours fracturé, et est constitué ainsi <strong>de</strong> prismes<br />

<strong>de</strong> dimensions apparentes 0,15 m x 0,15 m. On n'y<br />

observe pas <strong>de</strong> dalles. A la base les bancs rocheux<br />

sont moins fracturés et on y voit <strong>de</strong>s dalles <strong>de</strong><br />

dimensions moyennes 2 m x 2 m.<br />

Comment prévoir le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> fissuration <strong>de</strong> ces<br />

niveaux rocheux du calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> ?<br />

La mécanique <strong>de</strong>s roches peut probablement nous<br />

ai<strong>de</strong>r. Il existe vraisemblablement <strong>de</strong>s relations entre<br />

la fracturation, la nature, l'épaisseur <strong>de</strong> la couche<br />

et <strong>de</strong> son recouvrement ; et <strong>de</strong>s relations avec <strong>de</strong>s<br />

phénomènes d'effondrement brutal ou <strong>de</strong> tassement<br />

progressif.<br />

L'intérêt <strong>de</strong> prévoir cette fissuration est divers. En<br />

travaux souterrains, il est important <strong>de</strong> savoir si l'on<br />

rencontrera en terrassement <strong>de</strong>s blocs individualisés<br />

ou une dalle continue (définition <strong>de</strong>s « bancs durs »,<br />

entraînant <strong>de</strong>s plus-values). Pour d'autres travaux<br />

une question nous fut posée à propos <strong>de</strong> la fissuration<br />

<strong>de</strong>s bancs calcaires et leur effet « d'ancrage »<br />

<strong>de</strong>s talus. Elle concernait les marnes et caillasses<br />

rencontrées lors <strong>de</strong>s travaux du boulevard périphérique<br />

dans son franchissement du réseau P L M, mais<br />

aurait pu tout aussi bien nous être posée à propos<br />

du <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>.<br />

Lorsqu'une couche plastique surmonte un banc fracturé,<br />

on observe un envahissement <strong>de</strong>s fissures par<br />

<strong>de</strong>s marnes et <strong>de</strong>s argiles.<br />

Résultats <strong>de</strong>s actions quaternaires<br />

Fauchage <strong>de</strong> couches :<br />

Sur les versants, les couches rigi<strong>de</strong>s se déplacent<br />

43


COLLECTEUR DE BRYsur _ MARNE<br />

Profil<br />

géologique<br />

Fig. 12. — Profil géologique du collecteur <strong>de</strong> Bry-sur-Marne. La zone fissurée située entre<br />

les sondages S1 et S2 correspond à la flexure <strong>de</strong> la couche, qui présente ici un faciès<br />

rocheux dur.<br />

ECHELLES; M/200 -<br />

Ll/400<br />

M & C


<strong>Calcaire</strong> <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> à faciès rocheux non fissuré - Collecteur <strong>de</strong><br />

Bry-sur-Marne.<br />

Fig. 13. — <strong>Calcaire</strong> <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> à faciès rocheux fissuré - (Collecteur<br />

<strong>de</strong> Bry-sur-Marne). Noter la fissuration verticale et les décrochements,<br />

ainsi que les bourrages argileux.<br />

vers le fond <strong>de</strong>s thalwegs, à la suite <strong>de</strong> l'affouillement<br />

<strong>de</strong>s terrains sous-jacents situés à l'altitu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s<br />

niveaux d'érosion anciens, et par « appel au vi<strong>de</strong> ».<br />

On a pu observer à Bry-sur-Marne (fig. 12), sur un<br />

versant en bordure <strong>de</strong> la rivière, <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s fissures<br />

d'arrachement dans un <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> à faciès rocheux<br />

(hauteur : 4 m ; largeur : 0,50 m). Ces fissures<br />

étaient en partie remblayées par un bourrage<br />

marneux (fig. 13).<br />

Dissolutions :<br />

Nous en avons peu vu. Pourtant M. Soyer signale<br />

<strong>de</strong>s vi<strong>de</strong>s à Pantin, avec d'importantes venues<br />

d'eau (fig. 14). Par contre nous avons décrit <strong>de</strong>s<br />

bourrages d'anciens vi<strong>de</strong>s par <strong>de</strong>s matériaux susjacents.<br />

C'est le cas <strong>de</strong> la RN 1 à Pierrefitte, cité<br />

plus haut.<br />

Puisards ou « bouillons » :<br />

Dans la zone anciennement marécageuse située dans<br />

la banlieue Nord-Est <strong>de</strong> Paris, entre les rivières : la<br />

Reneuse, la Morée et la Molette, les habitants appelaient<br />

«bouillons» ou «torrents» <strong>de</strong>s entonnoirs<br />

situés à la surface du sol.<br />

Dollfus se pencha sur ce problème en 1903 et<br />

observa que ces «bouillons» étaient alignés sur<br />

l'ancien cours <strong>de</strong> la Beuvronne, rivière capturée par<br />

la Marne au Pleistocène. L'auteur attribua à tort l'origine<br />

<strong>de</strong> ces effondrements à une « rivière souterraine<br />

circulant dans les sables <strong>de</strong> Beauchamp». Il n'en<br />

reste pas moins vrai que cette observation <strong>de</strong> l'alignement<br />

<strong>de</strong>s acci<strong>de</strong>nts sur un ancien cours fluviatile<br />

est très importante daiis le cadre d'une prospection,<br />

puisqu'elle fournit une ligne directrice.<br />

En 1909, Morin put décrire <strong>de</strong>s puisards correspondant<br />

à ces «bouillons», à la gare S.N.C.F. <strong>de</strong> Noisyle-Sec.<br />

Il s'agit <strong>de</strong> puits naturels verticaux, affectant<br />

le <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> et comblés d'alluvions argilo-sableuses,<br />

où les eaux d'infiltration sont absorbées rapi<strong>de</strong>ment.<br />

Ces puits seraient situés sur <strong>de</strong>s bombements <strong>de</strong> la<br />

couche. Ces observations nous semblent aussi extrêmement<br />

intéressantes.<br />

La plupart <strong>de</strong> ces actions quaternaires, origine <strong>de</strong>s<br />

phénomènes observés, se sont manifestées sous<br />

l'effet <strong>de</strong>s eaux.<br />

45


Fig. 14. - Noter la présence <strong>de</strong> bancs <strong>de</strong> gypse au mur et au toit <strong>de</strong> la couche. Ces niveaux,<br />

d'épaisseur variable, contiennent une nappe assez abondante, qui provoque leur dissolution.<br />

Gypse<br />

c<br />


STATION R.A.T.P EGLISE DE PANTIN


Nous possédons peu <strong>de</strong> valeurs <strong>de</strong> débits. Signalons<br />

qu'à Antony la nappe du <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> (dans les limites<br />

fixées plus haut) a délivré 60 m 3 /h sur une section<br />

<strong>de</strong> galerie <strong>de</strong> 4 m, la nappe supérieure, imbibant la<br />

partie rocheuse <strong>de</strong> tête fournissant 12 m 3 /h.<br />

Il faut noter enfin l'abaissement général <strong>de</strong> cette<br />

nappe.<br />

Dans la région nord <strong>de</strong> Paris, où cette nappe était<br />

souvent ascendante, il a fallu tirer l'eau par pompages<br />

au niveau <strong>de</strong> la couche, puis <strong>de</strong>puis 20 à 30 ans<br />

les maraîchers <strong>de</strong> Bobigny, entr'autres, ont dû faire<br />

approfondir leurs puits jusqu'aux marnes et caillasses.<br />

Cette <strong>de</strong>scription rapi<strong>de</strong> du calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> est<br />

encore bien insuffisante et beaucoup <strong>de</strong> questions<br />

sont pour nous sans réponse.<br />

Comment accé<strong>de</strong>r à une meilleure connaissance <strong>de</strong><br />

la couche ?<br />

Effondrement <strong>de</strong> la base du calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> - (Carrière <strong>de</strong><br />

Moisselles - Attainville). La hauteur <strong>de</strong> la poche est <strong>de</strong> 6 m environ.<br />

Elle affecte la couche sableuse sous-jacente et est comblée <strong>de</strong><br />

matériaux détritiques divers.<br />

Qu'en est-il actuellement ?<br />

Hydrogéologie du calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong><br />

<strong>Le</strong> problème <strong>de</strong> l'eau ne peut être abordé avec profit<br />

dans le calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>, comme dans les<br />

autres couches, que si une connaissance précise <strong>de</strong><br />

la structure géologique et <strong>de</strong> la nature <strong>de</strong>s terrains<br />

précè<strong>de</strong> les observations et essais que l'on peut faire<br />

dans ce domaine.<br />

Limites <strong>de</strong> la nappe :<br />

— <strong>Le</strong> mur est constitué par la partie marneuse médiane<br />

<strong>de</strong>s sables <strong>de</strong> Beauchamp, ou par leur<br />

masse même s'ils sont présents sous leur faciès<br />

argileux (faciès sud-parisien);<br />

— le toit est formé par les horizons marneux ou la<br />

sépiolite situés en tête <strong>de</strong> l'assise. Ces niveaux<br />

imperméables supportent fréquemment une nappe<br />

supérieure.<br />

Il y a localement <strong>de</strong>s mises en charge, comme nous<br />

l'avons vu à proximité <strong>de</strong> la Bièvre (Fresnes), ou <strong>de</strong>s<br />

communications avec la nappe supérieure s'effectuant<br />

à la faveur <strong>de</strong> variations locales <strong>de</strong> faciès.<br />

La circulation <strong>de</strong>s eaux se fait en régime <strong>de</strong> petite<br />

perméabilité (zones poreuses - joints...) et en perméabilité<br />

<strong>de</strong> fissures.<br />

LES MÉTHODES DE RECONNAIS­<br />

SANCE ET LEURS DIFFICULTÉS<br />

Pour accé<strong>de</strong>r à une meilleure connaissance <strong>de</strong> cet<br />

étage, il est nécessaire d'accroître notre culture<br />

géologique et d'améliorer les procédés <strong>de</strong> reconnaissance.<br />

<strong>Le</strong>s progrès dans la connaissance géologique du<br />

<strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> seront possibles grâce :<br />

• à un effort <strong>de</strong> documentation<br />

Il faut puiser dans tout ce qui a été écrit, pour en<br />

tirer <strong>de</strong>s données utiles à la géologie appliquée. Il<br />

est bon <strong>de</strong> savoir par exemple, car son comportement<br />

mécanique en dépend en partie, que le <strong>Saint</strong>-<br />

<strong>Ouen</strong> contient <strong>de</strong> l'illite dans sa masse, et que le<br />

minéral argileux prédominant dans sa partie inférieure<br />

est l'attapulgite.<br />

• à <strong>de</strong>s observations fines et nombreuses<br />

Nous avons l'habitu<strong>de</strong>, surtout lorsqu'il s'agit d'une<br />

première reconnaissance intéressant une région non<br />

encore prospectée, <strong>de</strong> porter notre attention d'une<br />

manière approfondie sur la lithologie, les altérations,<br />

la facturation, etc. le tout étant reporté sur <strong>de</strong>s<br />

coupes au 1/50 e et permettant ainsi <strong>de</strong> déterminer<br />

<strong>de</strong>s niveaux repères. Ces niveaux, intégrés dans <strong>de</strong>s<br />

48


Fig. 15. — Mauvaise récupération dans le calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong><br />

à Bondy. (524 - Autoroute B3).<br />

profils au 1/200 e ou au 1/500 e permettent alors <strong>de</strong><br />

préciser la structure générale <strong>de</strong> la couche. De plus,<br />

le mécanicien <strong>de</strong>s sols sait ainsi à quel niveau correspon<strong>de</strong>nt<br />

les échantillons qu'il étudie.<br />

• à <strong>de</strong>s analyses en laboratoire<br />

— analyses pétrographiques (plaques minces, etc.);<br />

— analyses minéralogiques (détermination <strong>de</strong>s argiles,<br />

etc.) utilisables dans l'inventaire <strong>de</strong>s niveaux<br />

reconnus.<br />

• à <strong>de</strong>s enquêtes<br />

Il est nécessaire, particulièrement pour le <strong>Saint</strong>-<br />

<strong>Ouen</strong>, <strong>de</strong> suivre les chantiers qui succè<strong>de</strong>nt aux<br />

étu<strong>de</strong>s. Il est, à notre sens, tout à fait déplorable <strong>de</strong><br />

constater la cassure importante qui sépare les gens<br />

exécutant les travaux, <strong>de</strong>s techniciens auteurs <strong>de</strong>s<br />

étu<strong>de</strong>s. Il serait très profitable en effet, d'utiliser<br />

une métho<strong>de</strong> par analogie, en tenant compte <strong>de</strong><br />

l'évolution <strong>de</strong>s techniques, à partir d'observations<br />

concernant le comportement <strong>de</strong> cette couche face<br />

aux sollicitations diverses apportées par <strong>de</strong>s travaux<br />

différents.<br />

Ces progrès seront possibles aussi grâce à une contribution<br />

plus gran<strong>de</strong> <strong>de</strong> la géologie à la mécanique<br />

<strong>de</strong>s sols.<br />

Pour les étu<strong>de</strong>s en laboratoire<br />

— Estimation et interprétation <strong>de</strong> certaines données<br />

techniques, comme le pourcentage <strong>de</strong> carottage,<br />

les pertes <strong>de</strong> flui<strong>de</strong>, les vitesses <strong>de</strong> perforation;<br />

— Fourniture <strong>de</strong>s carottes et échantillons.<br />

<strong>Le</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> est traditionnellement un terrain difficile<br />

à carotter, dénommé d'ailleurs souvent par le<br />

son<strong>de</strong>ur par le terme péjoratif <strong>de</strong> « marne à rognons »<br />

(fig. 15). Il est permis d'espérer que <strong>de</strong>s techniques<br />

nouvelles apporteront bientôt à ce problème <strong>de</strong>s<br />

solutions avantageuses. Pour l'instant, nous pensons<br />

49


qu'un meilleur carottage peut<br />

l'emploi :<br />

être obtenu par<br />

• <strong>de</strong> carottiers <strong>de</strong> gros diamètres (146-116 minimum);<br />

• <strong>de</strong> passes courtes;<br />

• <strong>de</strong> carottiers à paroi mince.<br />

Des procédés nouveaux, comme la roto-perçussion,<br />

seraient peut-être utilisables dans cet horizon ?<br />

Dans les parties marneuses, il nous semble que le<br />

prélèvement d'échantillons intacts se passe dans <strong>de</strong><br />

meilleures conditions avec l'emploi d'échantillonneurs<br />

à percussion. Dans les calcaires, les procédés<br />

par percussion ou rotation ne sont pas meilleurs<br />

l'un que l'autre.<br />

Cette difficulté <strong>de</strong> prélever <strong>de</strong>s « échantillons<br />

intacts» par un procédé mécanique approprié nous<br />

amène <strong>de</strong> plus en plus à <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r au son<strong>de</strong>ur <strong>de</strong><br />

fournir <strong>de</strong>s « échantillons paraffinés » qui sont <strong>de</strong>s<br />

morceaux <strong>de</strong> carottes, extraits au carottier double,<br />

et enduits <strong>de</strong> paraffine dès leur sortie du terrain.<br />

Cette question <strong>de</strong>s échantillons <strong>de</strong>stinés à être soumis<br />

aux essais <strong>de</strong> laboratoire soulève celle <strong>de</strong> leur<br />

représentativité, c'est-à-dire, d'une certaine manière,<br />

<strong>de</strong> la valeur qu'il faut attacher aux résultats tirés d'un<br />

échantillon ponctuel. Nous pensons que le géologue,<br />

ayant une vision nette <strong>de</strong> la nature et <strong>de</strong> la structure<br />

<strong>de</strong>s terrains, est le mieux à même <strong>de</strong> situer l'échantillon<br />

dans son contexte et <strong>de</strong> savoir, en fin <strong>de</strong><br />

compte, le volume <strong>de</strong> terrain qu'il représente.<br />

Pour les essais in situ<br />

Notre laboratoire a, jusqu'ici, peu <strong>de</strong> pratique <strong>de</strong> ces<br />

essais. Mais on peut dire que le pénétromètre est<br />

souvent arrêté par les bancs <strong>de</strong> tête, et que pressiomètre<br />

et pénétromètre ne peuvent être employés<br />

seuls, et <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt à être étalonnés à l'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> sondages<br />

carottés.<br />

Nous pensons que les divers essais in situ sont très<br />

intéressants mais qu'ils ne sont transposables que<br />

dans la mesure où ils sont étalonnés, et, qu'en fous<br />

cas, se pose aussi le problème <strong>de</strong> la représentativité<br />

<strong>de</strong>s résultats.<br />

CONCLUSIONS<br />

J'ai tenté <strong>de</strong> souligner dans mon exposé le fait<br />

suivant : localement, pour régler un problème particulier,<br />

notre panoplie d'essais, dans un grand nombre<br />

<strong>de</strong> cas, semble suffisante. A Bobigny, pour la<br />

nouvelle Préfecture, quelques sondages et trois puits<br />

ont suffi ; ailleurs, quelques sondages et <strong>de</strong>s essais<br />

in situ suffiront.<br />

Mais il s'agit ici exactement <strong>de</strong> définir et <strong>de</strong> connaître<br />

mieux le calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>. J'ai essayé <strong>de</strong><br />

prouver que, pour arriver à une meilleure connaissance<br />

<strong>de</strong> la couche, il fallait dépasser ce sta<strong>de</strong> pratique<br />

<strong>de</strong> l'étu<strong>de</strong> particulière et arriver au sta<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

la synthèse. C'est à ce prix-là que se réalisera le<br />

progrès. Il faut tenter d'aller plus loin que ce qui est<br />

fait actuellement, car, faute <strong>de</strong> recherches et d'étu<strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong> synthèse, on se réunira <strong>de</strong> nouveau dans<br />

10 ans au laboratoire <strong>de</strong> Trappes pour se poser les<br />

mêmes questions, toujours sans réponse.<br />

Notre connaissance du calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> dans<br />

la région parisienne doit progresser par la mise sur<br />

pied d'une enquête permanente, rendue possible<br />

dans cette région par le grand nombre <strong>de</strong> documents<br />

laissés à notre disposition, ainsi que par le grand<br />

nombre d'observations qu'il ne tient qu'à nous <strong>de</strong><br />

réaliser. Cette connaissance progressera aussi par<br />

l'exécution d'analyses pétrographiques et minéralogiques<br />

précises, par une étu<strong>de</strong> mécanique patiente<br />

et par l'amélioration <strong>de</strong> nos métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> reconnaissance.<br />

On doit arriver en fin <strong>de</strong> compte à une définition précise<br />

<strong>de</strong>s différents niveaux, à l'établissement d'une<br />

répartition cartographiée <strong>de</strong>s divers faciès et à la<br />

mise en évi<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> zones géographiques, <strong>de</strong> domaines<br />

homogènes, où certains <strong>de</strong>s caractères définis<br />

plus haut sont prédominants.<br />

Ainsi on fera en sorte que cette couche soit moins<br />

« mystérieuse » et on tendra, ce qui <strong>de</strong>vient déjà à<br />

la mo<strong>de</strong>, vers une réhabilitation <strong>de</strong> ce coupable.<br />

Pour le géologue, le calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> présente<br />

autant d'attraits et autant <strong>de</strong> problèmes que ses<br />

voisins. C'est donc avec raison que l'on peut imaginer<br />

d'autres rencontres <strong>de</strong> cet ordre, où la collaboration<br />

étroite du mécanicien <strong>de</strong>s sols et du géologue<br />

est si fructueuse, sur les terrains importants que<br />

l'on étudie dans la région parisienne.<br />

50


discussion<br />

M. Champetier <strong>de</strong> Ribes<br />

« Je remercie M. Coron pour son exposé et je souscris entièrement à ses conclusions.<br />

En particulier, après avoir dégrossi l'étu<strong>de</strong> géologique, il me paraît nécessaire <strong>de</strong><br />

confronter les coupes obtenues avec <strong>de</strong>s résultats d'essais géotechniques et d'examiner<br />

soigneusement les liaisons ou les discordances qu'il peut y avoir entre ces <strong>de</strong>ux types<br />

<strong>de</strong> classement <strong>de</strong>s terrains. Mais ceci fera l'objet d'autres discussions.<br />

Un fait inquiète beaucoup les gens qui se préoccupent du <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> comme couche<br />

<strong>de</strong> fondation, c'est la présence <strong>de</strong> gypse. Ceci pourrait être le premier point <strong>de</strong> notre<br />

discussion. M. Coron nous a dit que le gypse semble être localisé à certains niveaux<br />

du <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>. Est-ce que dans l'assistance <strong>de</strong>s personnes peuvent nous éclairer sur<br />

ce point, en s'aidant <strong>de</strong> leur expérience personnelle ?»<br />

M. Feugueur<br />

« <strong>Le</strong> Bureau <strong>de</strong> Recherches Géologiques et Minières a effectué, il y a quelques temps,<br />

une étu<strong>de</strong> concernant un problème dû à la présence <strong>de</strong> gypse dans la région nord <strong>de</strong><br />

Paris (franchissement du réseau S.N. CF. nord par le boulevard périphérique).<br />

Il existe une communication <strong>de</strong> M. Soyer* décrivant<br />

au jour à Àubervilliers.<br />

un fontis <strong>de</strong> 1 500 m? venu<br />

On y voit les niveaux du calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> dans leur superposition normale, mais<br />

très ondulés. Ces ondulations sont dues, selon M. Soyer, à <strong>de</strong>s dissolutions du gypse<br />

<strong>de</strong> cette couche, dissolutions anciennes suivies <strong>de</strong> tassement. Je pense qu'il faut chercher<br />

la cause du fontis plus bas, dans les marnes et caillasses du Lutétien supérieur.<br />

En effet, le vi<strong>de</strong> étant situé dans la masse même du calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>, il faut<br />

penser que les terrains, dont l'effondrement a donné naissance à ce vi<strong>de</strong>, ont comblé<br />

une cavité située plus bas, dans la seule couche susceptible <strong>de</strong> contenir du gypse en<br />

épaisseur suffisante, le Lutétien supérieur.<br />

Dans le secteur nord <strong>de</strong> Paris, la Société Ménard a entrepris une étu<strong>de</strong> pour appuyer<br />

<strong>de</strong>s piles d'ouvrage d'art sur les sables <strong>de</strong> Beauchamp. J'ai conseillé <strong>de</strong> <strong>de</strong>scendre<br />

les sondages jusqu'au Lutétien supérieur, pour y chercher le gypse. Nous y avons<br />

trouvé <strong>de</strong>s vi<strong>de</strong>s <strong>de</strong> 5 m <strong>de</strong> hauteur. <strong>Le</strong> traitement du terrain a été réalisé par injection<br />

qui a nécessité la mise en œuvre <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 10 000 m 3 <strong>de</strong> coulis.<br />

L'origine <strong>de</strong> beaucoup d'effondrements actuels est donc à rechercher dans les marnes<br />

et caillasses.<br />

Pour en revenir au <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>, les irrégularités observées seraient dues à <strong>de</strong>s dissolutions<br />

anciennes. A ce sujet, il faut se tourner vers l'hydrogéologie. On remarque qu'au<br />

nord <strong>de</strong> Paris, les couches <strong>de</strong> terrain s'enfoncent nettement sous le lit <strong>de</strong> la Seine.<br />

C'est là qu'on trouve dans les marnes et caillasses <strong>de</strong>s bancs <strong>de</strong> gypse épais <strong>de</strong> 5 m à<br />

certains endroits, sous forme <strong>de</strong> lentilles <strong>de</strong> plusieurs dizaines <strong>de</strong> mètres <strong>de</strong> longueur,<br />

et qui sont en cours <strong>de</strong> dissolution. A la Gare <strong>de</strong> l'Est, on connaît du gypse et <strong>de</strong>s vi<strong>de</strong>s<br />

dans le <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>. On peut dire cependant que le gypse du <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> est presque<br />

entièrement dissous et il faut admettre, avec l'abaissement progressif <strong>de</strong>s nappes<br />

aujourd'hui accéléré, une dissolution par étage, <strong>de</strong> haut en bas.<br />

*R. Soyer (1961). <strong>Le</strong>s dissolutions <strong>de</strong> gypse antéludiens dans le centre <strong>de</strong> l'He-<strong>de</strong>-France et leurs dangers<br />

pour les constructions - B.S.G.F., (7), m, p. 432.


La nappe précé<strong>de</strong>mment plus haute, se tient actuellement sous le toit du Lutétien où<br />

les pompages la remettent en circulation et permettent <strong>de</strong>s remontées <strong>de</strong>s eaux du<br />

Soissonnais non saturées en sulfates. A ce propos, j'ai <strong>de</strong>mandé aux autorités compétentes<br />

<strong>de</strong> faire établir <strong>de</strong>s décrets interdisant les pompages dans certaines formations.<br />

Il y a donc au total <strong>de</strong>ux questions. Celle <strong>de</strong> la dissolution du gypse. Mais également<br />

celle, préalable, <strong>de</strong> sa localisation théorique. A ce sujet, il semble que le gypse soit<br />

localisé dans les creux synclinaux où il affecte plusieurs niveaux stratigraphiques.<br />

Je crois que, si l'on veut entreprendre une recherche sur ces problèmes <strong>de</strong> gypse, il faut<br />

commencer par établir <strong>de</strong>s cartes <strong>de</strong> formations gypsifères et <strong>de</strong>s zones où le gypse<br />

est conservé».<br />

M. Champetier <strong>de</strong> Ribes<br />

«Il semble donc qu'un facteur déterminant soit à rechercher dans l'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s structures<br />

tectoniques».<br />

M. Feugueur<br />

« Ceci est évi<strong>de</strong>nt. Mais il y a <strong>de</strong> toute façon un grand effort <strong>de</strong> documentation à<br />

réaliser d'abord».<br />

M. Caron<br />

« Je veux préciser ceci. <strong>Le</strong>s faciès gypseux <strong>de</strong>s terrains, <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> et couches voisines,<br />

sont réputés se trouver dans le nord-est <strong>de</strong> la région parisienne. Sur l'autoroute B 3,<br />

un profil établi dans l'axe du Synclinal <strong>de</strong> la Seine, montre 12 m <strong>de</strong> marnes et caillasses<br />

sans gypse.<br />

Sur l'autoroute A 10, au sud <strong>de</strong> Paris, les marnes et caillasses ont 17 m d'épaisseur et<br />

contiennent 7 m <strong>de</strong> gypse. Elles sont situées à cet endroit sur le flanc sud <strong>de</strong> l'Anticlinal<br />

<strong>de</strong> Meudon.<br />

<strong>Le</strong>s faciès gypseux ne sont pas limités à la banlieue est <strong>de</strong> Paris ».<br />

M. Feugueur<br />

« Je parlais <strong>de</strong> ce que nous avons vu. Il est possible en effet que le gypse existe ailleurs<br />

qu'au nord-est <strong>de</strong> Paris. Cependant, il faut se souvenir que les couches présentent un<br />

enfoncement général vers le nord-est, vers la cuvette <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-Denis».<br />

M. Caron<br />

«Il semble en effet qu'il faille tenir le plus grand compte du contrôle tectonique. C'est<br />

ainsi que sur l'autoroute A 10, le gypse apparaît sur la même verticale dans toutes les<br />

couches. Cela signifie que les mêmes conditions <strong>de</strong> faciès ont régné au même endroit<br />

à <strong>de</strong>s époques différentes. La proximité <strong>de</strong> l'Anticlinal <strong>de</strong> Meudon laisse à penser que<br />

l'influence <strong>de</strong> cette structure tectonique a été importante pour la permanence <strong>de</strong> ces<br />

conditions <strong>de</strong> faciès. On peut à ce propos se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r si une étu<strong>de</strong> attentive <strong>de</strong> ces<br />

faits tectoniques ne fournirait pas <strong>de</strong>s localisations et ne pourrait pas constituer ainsi<br />

un moyen <strong>de</strong> prospection ».<br />

M. Feugueur<br />

« Ceci est vrai, mais en définitive très compliqué. Il faut, en effet, se souvenir que les<br />

mouvements tectoniques se sont passés à <strong>de</strong>s époques différentes. Par exemple, l'axe<br />

<strong>de</strong> l'Artois était immergé au Thanêtien, alors que celui du Bray l'était au Sparnacien.<br />

52


Dans la région parisienne, l'axe <strong>de</strong> Meudon ne présentait pas <strong>de</strong> haut-fond au Lutétien,<br />

alors que le Synclinal <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-Denis, plus important, a joué à ce moment ».<br />

M. Arnould<br />

«Je félicite M. Car on, ainsi que ses collaborateurs pour l'exposé que nous venons<br />

d'entendre. Je voudrais d'abord poser une question. Vous avez parlé <strong>de</strong> silex trouvé<br />

à la base du calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>. S'agissait-il vraiment <strong>de</strong> silex ? ».<br />

M. Caron<br />

« Il s'agit effectivement <strong>de</strong> silex, semblables à ceux <strong>de</strong> la craie, et dont on peut voir<br />

d'ailleurs un échantillon dans la salle».<br />

M. Arnould<br />

« Je vous remercie. Je voulais signaler que dans plusieurs couches du bassin <strong>de</strong> Paris,<br />

on distingue un certain nombre déformations dolomitiques, notamment <strong>de</strong>s concrétions,<br />

<strong>de</strong>s caillasses, souvent confondues avec <strong>de</strong>s calcaires silicifiés.<br />

Pour revenir au sujet, je voudrais d'abord parler <strong>de</strong>s marnes et caillasses. <strong>Le</strong> contrôle<br />

ne me semble pas uniquement tectonique. Avec un <strong>de</strong> mes élèves, M. <strong>Le</strong> Guillou, nous<br />

avons étudié environ 400 sondages traversant cet horizon à Paris. Nous avons remarqué<br />

que le gypse est plus important au nord, mais peut être présent partout, sous<br />

forme <strong>de</strong> lentilles ayant <strong>de</strong>s dimensions latérales <strong>de</strong> l'ordre <strong>de</strong> la centaine <strong>de</strong> mètres.<br />

Nous avons distingué <strong>de</strong>ux sortes <strong>de</strong> contrôles :<br />

— l'épaisseur totale <strong>de</strong>s marnes et caillasses. Si elles ont moins <strong>de</strong> 12 m, elles ont peu<br />

<strong>de</strong> chances <strong>de</strong> contenir <strong>de</strong>s lentilles <strong>de</strong> gypse. Si l'épaisseur dépasse 12 m (elle peut<br />

atteindre 35 m), les chances d'y trouver <strong>de</strong>s lentilles <strong>de</strong> gypse sont importantes ;<br />

— les lentilles <strong>de</strong> gypse semblent distribuées à l'aplomb <strong>de</strong> cuvettes affectant le toit du<br />

calcaire grossier.<br />

Ces <strong>de</strong>ux contrôles, qui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt encore à être précisés, me semblent mieux adaptés<br />

aux problèmes posés dans les étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> génie civil, que le contrôle tectonique trop lâche.<br />

Quant au <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>, il est probable qu'un contrôle analogue, par l'épaisseur totale,<br />

pourrait être utilisé».<br />

M. Caron<br />

«M. Soyer le dit nettement lorsqu'il signale que le <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> à faciès gypseux peut<br />

atteindre 17 m d'épaisseur».<br />

M. Arnould<br />

« On peut envisager un autre contrôle indirect constitué par les ondulations du toit <strong>de</strong><br />

la couche. On peut les expliquer à l'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> trois hypothèses :<br />

— les phénomènes glaciaires peuvent intervenir, mais seulement si la couche est peu<br />

profon<strong>de</strong>;<br />

— l'érosion qui peut avoir été contemporaine <strong>de</strong> la pério<strong>de</strong> où les sédiments n'étaient<br />

pas encore consolidés, ce qui la rend peu visible;<br />

— mais l'hypothèse qui me semble la plus valable est celle <strong>de</strong>s tassements. Tassements<br />

dûs à l'abaissement <strong>de</strong>s nappes, à la dissolution du gypse, ou à <strong>de</strong>s conséquences <strong>de</strong><br />

la diagenèse. L'alternance <strong>de</strong> bancs durs et <strong>de</strong> marnes donne lieu à <strong>de</strong>s tassements<br />

différentiels.


Pour mieux cerner les problèmes, il serait bon <strong>de</strong> rechercher les corrélations entre<br />

épaisseur totale <strong>de</strong> la couche et ondulations du toit (son amplitu<strong>de</strong> notamment est un<br />

paramètre comparable à une longueur d'on<strong>de</strong>) ».<br />

M. Caron<br />

«Au sujet <strong>de</strong>s ondulations, dues à.<strong>de</strong>s tassements différentiels, nous avons en effet<br />

remarqué que, si la couche possè<strong>de</strong> un faciès rocheux, les ondulations sont faibles ou<br />

inexistantes, alors que, si le faciès marneux est prédominant, les ondulations sont<br />

importantes ».<br />

M. Arnould<br />

«Il semble aussi que les ondulations sont d'autant plus prononcées<br />

près <strong>de</strong> la surface et que celle-ci est irrégulière».<br />

qu'elles se trouvent<br />

M. Champetier <strong>de</strong> Ribes<br />

« Après ces discussions touchant à la présence du gypse et aux <strong>de</strong>scriptions <strong>de</strong> la structure<br />

<strong>de</strong> la couche, quelqu'un désire-t-il parler <strong>de</strong>s argiles que l'on rencontre dans le<br />

calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> ?».<br />

M. Caron<br />

«Il doit y avoir en.effet beaucoup <strong>de</strong> choses à dire à propos <strong>de</strong> ces argiles. Mais je<br />

voudrais poser simplement une question. A partir <strong>de</strong> quelle épaisseur doit-on signaler<br />

les bancs argileux dans nos <strong>de</strong>scriptions géologiques ? Autrement dit, à partir <strong>de</strong> quelle<br />

épaisseur ces lits argileux présentent-ils un danger du point <strong>de</strong> vue géotechnique ?».<br />

M. <strong>Le</strong>grand<br />

«Je ne pense pas que la présence <strong>de</strong> lits d'argile, <strong>de</strong> faible épaisseur, telles que les<br />

« argiles brunes feuilletées », fréquemment rencontrées, présente <strong>de</strong>s inconvénients du<br />

point <strong>de</strong> vue tassement. Par contre, ces argiles, même en lits très minces, ont une<br />

influence très défavorable lorsque se posent <strong>de</strong>s problèmes <strong>de</strong> cisaillement ».<br />

Bibliographie<br />

G.F. DOLLFUS. — Sur les effondrements <strong>de</strong> la plaine <strong>de</strong> Sevran.<br />

CR. Ac. Sc., t. 137, p. 279 (1903).<br />

L. FEUGUEUR. — Présence <strong>de</strong> caillasses à Potámi<strong>de</strong>s tricarinàtus<br />

au sommet <strong>de</strong>s calcaires <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> à Herblay (S.-et-O.).<br />

Réflexions sur la valeur stratigraphique et la synchronisation <strong>de</strong><br />

certains termes bartoniens. B.S.G.F., 6 e série, tome II, pp. 373-<br />

378 (1952).<br />

M. MORIN. — <strong>Le</strong>s effondrements <strong>de</strong>. la plaine <strong>de</strong> Noisy-le-Sec.<br />

Bull. Mus. Hist. Nat., t. 15, pp. 390-391 (1909).<br />

Ch. P O M E R O L . — Origine et conditions <strong>de</strong> sédimentation <strong>de</strong>s dépôts<br />

sableux et argileux dans le golfe bartonien du Bassin <strong>de</strong> Paris.<br />

Deltaic and shallow marine <strong>de</strong>posits. Proc. sith intern, sédim.<br />

Congress, Elvesier édit., 1 vol. (1954).<br />

Ch. POMEROL. — Sur la paléogéographie <strong>de</strong>s sables d'Ezanville<br />

et la présence <strong>de</strong> paléopodzols à la limite Auversien-Marinésien<br />

dans le Bartonien du Bassin <strong>de</strong> Paris. CR. S.S.CF., Fasc. 2,<br />

p. 48 (1964).<br />

R. SOYER. — <strong>Le</strong>s zones gypseuses antéludiennes préservées <strong>de</strong> l'Ile<strong>de</strong>-France.<br />

B.S.G.F., 7 e Série, tome II, pp. 145-151 (1960).<br />

54


Propriétés<br />

mécaniques<br />

d'ensemble <strong>de</strong>s<br />

marnes<br />

j.FLORENTIN du <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong><br />

Directeur du Bureau d'Etu<strong>de</strong>s<br />

Société Mécasol<br />

Introduction<br />

La mécanique du sol abor<strong>de</strong> toujours l'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s<br />

marnes du <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> avec un certain complexe <strong>de</strong><br />

culpabilité. Malheureusement ce complexe se traduit<br />

par une pénalisation <strong>de</strong> la couche, pénalisation<br />

qu'elle ne mérite pas à notre avis. Ce complexe a<br />

plusieurs origines :<br />

— les conditions <strong>de</strong> formations géologiques, les<br />

transformations géochimiques ultérieures, en font<br />

un étage très hétérogène, allant <strong>de</strong>s marnes les<br />

plus plastiques aux roches les plus dures ;<br />

— les couches correspondantes, si couches il y a,<br />

sont souvent peu épaisses et il en résulte que le<br />

prélèvement, les essais en place, etc., sont très<br />

délicats ;<br />

— les marnes, imperméables en soi, sont environnées<br />

<strong>de</strong> roches plus dures, donc, a priori, fracturées<br />

et, par conséquent, perméables lorsqu'elles<br />

sont aquifères ;<br />

— l'étage pouvant contenir du gypse, on peut craindre<br />

<strong>de</strong>s poches <strong>de</strong> dissolution avec parfois <strong>de</strong>s<br />

conséquences néfastes.<br />

Mais en fait, ce ne sont pas là <strong>de</strong>s propriétés spé-<br />

cifiques du <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>. Cet étage n'est pas le seul à<br />

être hétérogène et anisotrope dans la région parisienne,<br />

et il n'est pas le seul à contenir du gypse.<br />

Vous savez comme moi qu'on a trouvé <strong>de</strong>s poches <strong>de</strong><br />

dissolution dans toutes les couches sous le calcaire<br />

<strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> et ce, jusqu'aux marnes et caillasses<br />

du calcaire grossier. De même, je ne crois pas qu'il<br />

y ait <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>s spéciaux <strong>de</strong> fondations relatifs à cette<br />

couche, car les mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> fondations dépen<strong>de</strong>nt également<br />

<strong>de</strong>s ouvrages qui interviennent par leur géométrie,<br />

leur charge, etc.<br />

Ce qui étonne le plus, lorsqu'on examine les marnes<br />

<strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>, c'est <strong>de</strong> voir que, malgré <strong>de</strong>s teneurs<br />

en eau élevées, <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nsités sèches et donc <strong>de</strong>s<br />

compacités faibles, <strong>de</strong>s indices <strong>de</strong> plasticité élevés,<br />

la couche est quand même résistante. En cherchant<br />

bien, on trouverait certainement d'autres couches<br />

«anormales» et souvent, il faut le dire, au contact<br />

<strong>de</strong> <strong>de</strong>ux sédimentations différentes.<br />

Je vais maintenant vous présenter sous forme <strong>de</strong><br />

graphiques quelques propriétés globales qui ne sont<br />

pas rigoureusement statistiques pour les raisons<br />

suivantes :<br />

— Un dossier donne lieu chez nous, en général, à un<br />

55


classement par couche géologique. Pour chaque couche<br />

et, malheureusement, quel que soit le nombre<br />

d'échantillons, on a enregistré, pour une propriété,<br />

la moyenne et les extrêmes. Je ne dispose donc au<br />

maximum pour un chantier que <strong>de</strong> trois valeurs<br />

classées, quel que soit le nombre d'échantillons.<br />

Aller plus loin aurait nécessité un travail trop important,<br />

remontant jusqu'en 1955, soit quelque 50 à<br />

60 dossiers à redépouiller. J'y ai renoncé.<br />

La métho<strong>de</strong> utilisée reste toutefois valable, compte<br />

tenu du nombre <strong>de</strong> valeurs disponibles.<br />

N V.<br />

N7.<br />

7 5<br />

en<br />

•<br />

•<br />

50<br />

IH /*<br />

Ci j<br />

Ci<br />

50<br />

•j<br />

f 3<br />

M oyenne <strong>de</strong> 152 valeurs = 38 •/•<br />

2 5<br />

M oyenne <strong>de</strong> 1 5 Ovaleur. = 1,3 9<br />

J<br />

0<br />

0,50 1(00 1,50 200<br />

0 50 100 150<br />

Fig. 2. — Marnes du <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> — Yd — Pourcentage <strong>de</strong> mesures<br />

(N %), inférieures à l'abscisse.<br />

Fig. 1. — Marnes du <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> — w% — Pourcentage <strong>de</strong> mesures<br />

(N %), inférieures à l'abscisse.<br />

•<br />

1—vvf—<br />

y<br />

1<br />

f \v<br />

^ ' > «<br />

WL = 136*<br />

Mp = 72<br />

Valeu rs hors grap nique<br />

269 31 0 364 367 38 i MO 560<br />

•<br />

Ip<br />

171 181 263 206 2K 279 320<br />

1<br />

i<br />

0 50 100 150 200 W|_ 250<br />

Fig. 3. — Marnes du <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong><br />

Classification par Ip, wu.<br />

TENEUR EN EAU ET DENSITÉ<br />

<strong>Le</strong>s valeurs ont été classées et l'on a noté en pourcentages<br />

le nombre <strong>de</strong> valeurs inférieures à une<br />

valeur donnée.<br />

— Teneur en eau (fig. 1 ) : <strong>Le</strong>s 152 valeurs s'étalent<br />

entre 5 et 140%. En fait, s'agissant <strong>de</strong> marnes,<br />

j'aurais dû supprimer quelques valeurs faibles relatives<br />

à <strong>de</strong>s éléments nettement rocheux rencontrés<br />

dans les éprouvettes. La moyenne <strong>de</strong> 38 % et la<br />

médiane <strong>de</strong> 32 % auraient été légèrement majorées.<br />

— Densité sèche (fig. 2) : <strong>Le</strong>s 150 valeurs vont <strong>de</strong><br />

0,6 à 2,20. La moyenne et la médiane sont 1,39<br />

avec, comme pour la teneur en eau, quelques valeurs<br />

suspectes, élevées.<br />

LIMITES D'ATTERBERG<br />

<strong>Le</strong>s valeurs disponibles sont en nombre plus faible,<br />

mais ont, par contre, le mérite d'être toujours relatives<br />

à <strong>de</strong>s marnes, car on n'a pas été jusqu'à pulvériser<br />

une roche pour faire les limites.<br />

0 100 200 300 4 00 500<br />

W L<br />

.Wp. Ip<br />

Fig. 4. — Marnes du <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> — w L, wp, Ip —<br />

Pourcentage <strong>de</strong> mesures (N %), inférieures à l'abscisse.<br />

Nous avons reporté sur la figure 3 les points figuratifs<br />

<strong>de</strong>s essais dans le plan wL, Ip. <strong>Le</strong> nuage <strong>de</strong> points<br />

figuratifs est au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> la droite A <strong>de</strong> Casagran<strong>de</strong><br />

pour wL < 50 et au-<strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> celle-ci pour wL > 50.<br />

56


La droite moyenne du nuage <strong>de</strong> points est sensiblement<br />

définie par Ip = 0,55 (wL— 12). La croix portée<br />

sur ce graphique correspond à la moyenne <strong>de</strong>s mesures<br />

faites soit : w L = 136, Ip = 72.<br />

Sur la figure 4, nous avons fait pour wL, w p et Ip la<br />

même représentation que pour w et V à<br />

. Ce graphique<br />

et le graphique précé<strong>de</strong>nt font ressortir l'extrême<br />

dispersion <strong>de</strong>s caractéristiques avec toutefois un<br />

indice <strong>de</strong> plasticité moyen très élevé.<br />

drainage fermé avec mesure <strong>de</strong> la pression interstitielle.<br />

Sur la figure 5 on trouve l'ensemble <strong>de</strong>s<br />

cercles d'essais, sur <strong>de</strong>s échantillons divers, dont la<br />

teneur en eau moyenne w = 32 % et la <strong>de</strong>nsité<br />

moyenne V à<br />

= 1,42 sont à comparer à la moyenne<br />

statistique <strong>de</strong>s figures 1 (w = 38 %) et 2 ( P d = 1,39).<br />

On constate que le domaine minimum<br />

intergranulaire<br />

correspond à


n bars<br />

Fig. 6. — Marnes du <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> (<strong>Saint</strong>-Denis, pont <strong>de</strong> la Révolte).<br />

Essais triaxiaux consolidés. Domaine intergranulaire.<br />

58


On peut objecter aux résultats <strong>de</strong>s figures 5 et 6<br />

le fait que le domaine intergranulaire résulte d'une<br />

mesure <strong>de</strong> la pression interstitielle. Il suffit que la<br />

mesure <strong>de</strong> la pression interstitielle soit faite par<br />

excès, pour que l'on ait une augmentation fictive<br />

<strong>de</strong> l'angle ip'. L'échantillon que je vous présente<br />

maintenant a fait l'objet d'essais consolidés lents.<br />

La consolidation sous <strong>de</strong>s étreintes <strong>de</strong> 0,5, 1,5 et<br />

3 bars a été réalisée sous une contrepression <strong>de</strong><br />

5 bars. La consolidation a duré 15 jours pour<br />

chaque éprouvette et l'écrasement a été réalisé avec<br />

une déformation verticale <strong>de</strong> l'ordre <strong>de</strong> un micron<br />

par minute pour une éprouvette <strong>de</strong> 88 mm <strong>de</strong><br />

hauteur.<br />

Là aussi on constate que, malgré le fort indice <strong>de</strong><br />

plasticité (Ip = 89%), on a f)d = 37°, Cd = 0,3 bar,<br />

ce qui est nettement élevé.<br />

LES MARNES DU SAINT-OUEN ET LA<br />

MÉCANIQUE DU SOL<br />

<strong>Le</strong>s<br />

résultats ci-<strong>de</strong>ssus laissent perplexes. Obtenir<br />

<strong>de</strong>s % supérieurs à 37°, pour <strong>de</strong>s Ip qui sont<br />

<strong>de</strong> l'ordre <strong>de</strong> 90 est fondamentalement<br />

Dans les statistiques sur les argiles dont<br />

disposons, nous avons<br />

anormal.<br />

nous<br />

relevé surtout les essais<br />

drainés, lents avec contrepression ce qui est le<br />

processus le plus pessimiste. En général, dès que<br />

l'indice <strong>de</strong> plasticité dépasse 50 %, on est sûr<br />

d'obtenir


Contact calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> -<br />

sables <strong>de</strong> Beauchamp. (Collecteur<br />

<strong>de</strong> Vincennes, 5 lot - passage<br />

e<br />

sous le métro). Noter la forme du<br />

soutènement conditionnée par la<br />

proximité du radier du souterrain.<br />

Silex brun dans la marne du calcaire<br />

<strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>. (Carrières<br />

<strong>de</strong> Moisselles - Attainville (Val<br />

d'Oise).<br />

60


Réflexions<br />

à partir<br />

d'un certain nombre d'essa<br />

M. RAS Kl NE<br />

Chargé <strong>de</strong> mission<br />

Service <strong>de</strong>s Documents Techniques<br />

Laboratoire Central <strong>de</strong>s Ponts et Chaussées<br />

Introduction<br />

Mon propos sera celui d'un géotechnicien <strong>de</strong> laboratoire<br />

qui considère que sa première mission est <strong>de</strong><br />

bien faire les essais et <strong>de</strong> bien les interpréter, afin<br />

<strong>de</strong> clore son étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> sol par une synthèse, si possible<br />

chiffrée, <strong>de</strong>s caractéristiques d'une couche ;<br />

cette synthèse <strong>de</strong>vant être, bien sûr, valable pour le<br />

maître d'œuvre et pour le calcul.<br />

Je n'apporterai au débat concernant la couche du<br />

calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> qu'un compte rendu <strong>de</strong><br />

l'expérience acquise au cours <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux étu<strong>de</strong>s importantes,<br />

anciennes déjà <strong>de</strong> plusieurs années : l'Autoroute<br />

du Nord, entre <strong>Saint</strong>-Denis et le Bourget, puis<br />

l'Antenne <strong>de</strong> Bagnolet <strong>de</strong> cette même autoroute.<br />

J'avoue immédiatement avoir subi « le complexe du<br />

<strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> » dont vient <strong>de</strong> parler M. Florentin, avec<br />

au début une nette tendance à vouloir pénaliser<br />

cette couche. Aussi n'émettrai-je que quelques<br />

réflexions sur le sujet, et non <strong>de</strong>s conclusions précises<br />

nécessitant une assurance que je n'ai pas.<br />

Ainsi donc, la couche du <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> m'a paru difficile<br />

à analyser et à exprimer ; elle m'a assez désorienté.<br />

Aussi curieux que cela paraisse maintenant,<br />

il n'y avait pas, à l'époque, <strong>de</strong> géologues dans nos<br />

laboratoires, connaissant bien la région, pour nous<br />

« présenter» les sols réels dans le temps et dans leur<br />

site, <strong>Le</strong>s essais étaient réalisés au fur et à mesure<br />

<strong>de</strong> la réception <strong>de</strong>s carottes au laboratoire et les<br />

résultats s'accumulaient. Mais les essais une fois<br />

terminés, il fallait s'efforcer <strong>de</strong> présenter au maître<br />

d'œuvre une synthèse <strong>de</strong>s résultats. La chose ne fut<br />

pas facile et je ne peux affirmer que la synthèse qui<br />

fut faite soit exempte <strong>de</strong> critiques.<br />

61


REPRÉSENTATIVITÉ DU PRÉLÈVEMENT<br />

La difficulté se présentait dès le début <strong>de</strong> l'étu<strong>de</strong>,<br />

à l'ouverture <strong>de</strong>s containers contenant les carottes<br />

dites intactes. Car, comment faire les essais et sur<br />

quel échantillon, lorsque la carotte du sol était<br />

constituée <strong>de</strong> calcaire fragmenté, fissuré, ou <strong>de</strong><br />

marne plus ou moins molle, ou d'alternances parfois<br />

incertaines <strong>de</strong> marne et <strong>de</strong> calcaire ?<br />

Il en découle quelques réflexions que je soumets à<br />

l'auditoire. Jusqu'à quel point le forage et l'extraction,<br />

perturbant le long sommeil géologique <strong>de</strong> la<br />

couche, défigurent celle-ci ; la partie reçue au laboratoire<br />

reflète ou trahit le sol réel en place ; la partie<br />

non extraite (le carottage était souvent à 50 %)<br />

n'était-elle pas caractéristique du sol ? Il faut répondre,<br />

même imparfaitement, à ces questions que je<br />

considère dans certains cas comme fondamentales.<br />

En particulier les laboratoires doivent éviter <strong>de</strong> verser<br />

dans l'un <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux excès contraires suivants : par<br />

crainte <strong>de</strong> faire une « bour<strong>de</strong> », conclure que les<br />

essais sont impossibles ou non significatifs, ce qui<br />

n'est d'aucun intérêt pour le maître d'œuvre ; ou<br />

bien, sous la pression du maître d'œuvre, fournir <strong>de</strong>s<br />

chiffres trop légèrement.<br />

Je pense qu'il est indispensable <strong>de</strong> voir le sol réel,<br />

<strong>de</strong> le voir et <strong>de</strong> le toucher, à défaut <strong>de</strong> pouvoir le<br />

pratiquer en laboratoire : dans <strong>de</strong>s puits, dans <strong>de</strong>s<br />

fouilles ou en prélevant <strong>de</strong>s échantillons <strong>de</strong> gros<br />

diamètre (0 300 mm par exemple). Ceci a été fait<br />

par la Société Solétanche, en vue <strong>de</strong> l'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la<br />

craie, pour les fondations du Pont <strong>de</strong> Sèvres. Bien<br />

sûr, un échantillon <strong>de</strong> 2 m <strong>de</strong> hauteur n'était pas<br />

commo<strong>de</strong> à manutentionner. Mais pour la première<br />

fois, j'avais la conviction <strong>de</strong> voir une craie très fissurée,<br />

mais non perturbée par l'extraction.<br />

De telles carottes <strong>de</strong> gros diamètre me paraissent<br />

indispensables pour une meilleure connaissance<br />

géotechnique <strong>de</strong>s couches complexes comme le<br />

<strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>.<br />

CLASSIFICATION GÉOTECHNIQUE<br />

Fermant la parenthèse, je reprends mon compte<br />

rendu <strong>de</strong> l'étu<strong>de</strong> du calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>.<br />

Ainsi, carotte après carotte, les résultats s'accumulèrent.<br />

En les récapitulant, je fus d'abord fortement<br />

désorienté par les fluctuations vraiment exceptionnelles<br />

<strong>de</strong> toutes les caractéristiques <strong>de</strong> nature, d'état<br />

et <strong>de</strong> comportement du sol, sans aucun lien apparent<br />

: limites <strong>de</strong> liquidité <strong>de</strong> 25 à 200-300, indices<br />

<strong>de</strong> plasticité <strong>de</strong> 5 à 100, poids spécifiques secs <strong>de</strong><br />

0,8 à 2,3, résistances à la compression simple <strong>de</strong><br />

0,5 à 150 bars. Évi<strong>de</strong>mment il y avait <strong>de</strong> la marne<br />

et du calcaire, mais ces <strong>de</strong>ux gran<strong>de</strong>s familles ne<br />

suffisaient pas à expliquer les fluctuations.<br />

En étudiant tous ces résultats, j'ai senti, après coup,<br />

une diversité dans le calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> qui<br />

n'était pas une simple hétérogénéité, et qui m'a permis<br />

<strong>de</strong> le subdiviser géotechniquement en différentes<br />

«familles». Ce classement très empirique est<br />

sans doute discutable ; mais je considère qu'il est<br />

préférable, pour le maître d'œuvre, à la remise «en<br />

vrac » <strong>de</strong> la masse <strong>de</strong>s résultats ou <strong>de</strong> valeurs<br />

moyennes avec leurs minima et leurs maxima.<br />

Ces familles étaient, sans entrer dans les détails,<br />

les suivantes :<br />

a) Une marne « granuleuse », très carbonatée, peu<br />

humi<strong>de</strong>, <strong>de</strong>nse, peu ou moyennement plastique,<br />

d'aspect légèrement sableux ou limoneux, friable,<br />

peu compressible.<br />

b) Une marne «grumeleuse», très humi<strong>de</strong>, très peu<br />

<strong>de</strong>nse, très plastique (dans la mesure où les limites<br />

d'Atterberg sont adaptées et ont une signification),<br />

très compressible, se présentant parfois comme un<br />

mélange <strong>de</strong> pâte marneuse et <strong>de</strong> rognons <strong>de</strong> calcaire<br />

tendre.<br />

c) Un calcaire très poreux ( -yd = 0,8 à 1,3), incompressible<br />

sous les charges habituelles, ayant <strong>de</strong>s<br />

résistances à la compression <strong>de</strong> 10 à 70 bars<br />

(moyenne 50 bars).<br />

d) Un calcaire plus <strong>de</strong>nse (7d = 1,8 à 2,3), ayant<br />

<strong>de</strong>s résistances supérieures à 100 bars. Dans certaines<br />

zones, les familles a, b, c, alternaient sans<br />

que j'ai pu détecter une loi <strong>de</strong> succession.<br />

ENSEIGNEMENTS<br />

De ces résultats si divers et <strong>de</strong> cette classification<br />

arbitraire, je tire les réflexions et enseignements<br />

suivants :<br />

Danger <strong>de</strong> l'essai ponctuel ou du résultat isolé<br />

Je suis convaincu que le grand nombre d'essais<br />

effectués m'a préservé d'erreurs trop grossières<br />

d'appréciation, d'un pessimisme ou d'un optimisme<br />

excessif. Par exemple, quelques essais <strong>de</strong> compression<br />

simple auraient pu donner aussi bien une résistance<br />

<strong>de</strong> 10 bars qu'une résistance <strong>de</strong> 100 bars.<br />

62


A quoi bon, dans ce cas, hésiter entre telle ou telle<br />

formule, entre tel ou tel coefficient, si la valeur<br />

oscille entre 1 et 10 sur l'ensemble <strong>de</strong>s familles.<br />

Je pense donc que, pour <strong>de</strong>s couches complexes<br />

comme le calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> et lorsqu'il<br />

s'agit d'ouvrages importants, ou bien il faut faire<br />

beaucoup <strong>de</strong> sondages et d'essais, ou bien, ce qui<br />

est préférable, accumuler les résultats, les ficher et à<br />

partir d'un grand nombre d'entre eux procé<strong>de</strong>r à une<br />

analyse plus fine du site et apprécier d'une manière<br />

probabiliste le comportement du sol à l'échelon local<br />

sinon régional.<br />

Danger d'un unique type d'essai<br />

Une seule caractéristique, parfois très simple suffit,<br />

à l'expérience, pour situer une bonne argile, homogène<br />

: par exemple, la teneur en eau ou le poids<br />

spécifique.<br />

Pour un sol complexe ou difficile à étudier, <strong>de</strong>s<br />

confusions peuvent se glisser. Ainsi, pour le calcaire<br />

<strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>, dès que l'opérateur m'annonçait un<br />

poids spécifique <strong>de</strong> 1 environ, je voyais la pâte <strong>de</strong><br />

la marne grumeleuse. J'ai mis un certain temps<br />

à reconnaître un calcaire incompressible qui,<br />

subrepticement, apparaissait dans la couche, avec<br />

cette faible valeur du poids spécifique ; je croyais à<br />

une erreur d'opérateur, à une <strong>de</strong>ssication acci<strong>de</strong>ntelle<br />

du sol au lieu <strong>de</strong> prélèvement, etc.<br />

Il m'a fallu faire <strong>de</strong>s essais œdométriques sur <strong>de</strong>s<br />

échantillons frais pour avoir l'assurance <strong>de</strong> l'apparition<br />

d'un « bon » calcaire.<br />

Rôle du langage<br />

J'ai dû employer un grand nombre d'adjectifs pour<br />

mieux décrire, géotechniquement, les variétés du<br />

calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>, adjectifs <strong>de</strong>stinés à expliquer<br />

les valeurs trouvées.<br />

Comme je le disais au début, l'étu<strong>de</strong><br />

géotechnique<br />

doit aboutir à une synthèse quantitative, mais aussi<br />

qualitative et <strong>de</strong>scriptive. Il est bon pour une argile<br />

<strong>de</strong> la décrire : plastique, saturée, compressible, etc.<br />

Pour un sable, en plus d'un fuseau <strong>de</strong> courbes, il<br />

est bon <strong>de</strong> préciser : fin, propre, peu <strong>de</strong>nse, rond,<br />

lisse, etc. Au fond, il est toujours utile <strong>de</strong><br />

«photographier»<br />

un sol, grâce au langage, car ce n'est pas<br />

un matériau noble et constant comme un<br />

Autant le bien<br />

connaître.<br />

métal.<br />

C'est pourquoi, pour le <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> en particulier, je<br />

pense que l'apport du géologue est essentiel au<br />

début et en cours d'étu<strong>de</strong> : il met le<br />

géotechnicien<br />

en condition, lui évitant <strong>de</strong>s surprises naïves et <strong>de</strong>s<br />

faux problèmes. Mais en fin <strong>de</strong> parcours, lorsque<br />

l'étu<strong>de</strong> va déboucher sur <strong>de</strong>s problèmes <strong>de</strong><br />

Civil où calculs, projets, constructions vont<br />

en lice, le langage du géotechnicien doit<br />

préparant celui <strong>de</strong><br />

l'ingénieur.<br />

Génie<br />

entrer<br />

l'emporter,<br />

En conclusion, je repose la question : le calcaire<br />

<strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> est-il difficile pour le géotechnicien<br />

? Sans faire <strong>de</strong> paradoxe, je réponds oui et non.<br />

Non pour M. Florentin (je m'excuse <strong>de</strong> le citer, mais<br />

c'est la vérité et il est à mes côtés) en raison <strong>de</strong><br />

l'expérience qu'il a accumulée pendant <strong>de</strong>s<br />

années<br />

<strong>de</strong> travail concret et <strong>de</strong> réflexion d'ingénieur. Oui,<br />

pour toute personne qui l'abor<strong>de</strong>, maître d'œuvre ou<br />

géotechnicien.<br />

63


discussion<br />

M. Adam ouvre la discussion à propos <strong>de</strong>s teneurs en eau <strong>de</strong>s marnes, comparées<br />

à leur limite <strong>de</strong> plasticité : on constate (fig. 1 et 4 <strong>de</strong> l'exposé <strong>de</strong> M. Florentin)<br />

que la teneur en eau paraît systématiquement inférieure à la limite <strong>de</strong><br />

plasticité ce qui pourrait expliquer le comportement «anormalement» bon <strong>de</strong> ces<br />

marnes. M. Florentin remarque que la superposition <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux figures (fig. ci-contre)<br />

suppose que l'on ait affaire à la même<br />

population pour w et w p<br />

ce dont il<br />

n'est absolument pas certain ; il peut<br />

seulement assurer que l'indice <strong>de</strong><br />

consistance est très élevé, ce que<br />

M. Raskine confirme.<br />

En fait, M. Florentin pense qu'au-<strong>de</strong>là<br />

/<br />

/ y<br />

<strong>de</strong>s minéraux, les colloï<strong>de</strong>s actifs<br />

/ /<br />

contenus dans la phase liqui<strong>de</strong> jouent<br />

/ /<br />

1 /<br />

un grand rôle à l'image <strong>de</strong> certaines<br />

5 0<br />

1 /<br />

latérites qui présentent, avec <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nsités<br />

<strong>de</strong> 1,10, <strong>de</strong>s indices <strong>de</strong> plasticité<br />

1/<br />

1 /<br />

très élevés : après étuvage, l'indice<br />

il<br />

<strong>de</strong> plasticité diminue considérablement,<br />

mais on sait que ceci carres-<br />

0<br />

il<br />

pond à une transformation <strong>de</strong> l'oxy<strong>de</strong> o ioo<br />

<strong>de</strong> fer contenu dans les latérites.<br />

¡100<br />

—' "w —<br />

200<br />

300<br />

W W P •/.<br />

C'est un phénomène analogue qu'il faut rechercher dans la marne du <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> et,<br />

là, géologues et minéralogistes ont un grand rôle à jouer ; ces <strong>de</strong>rniers sont bien<br />

d'accord pour penser que la phase liqui<strong>de</strong> sert <strong>de</strong> véhicule aux réactions naturelles<br />

conduisant à la texture <strong>de</strong>s roches. Une étu<strong>de</strong> au microscope polarisant donnerait<br />

sans doute <strong>de</strong>s résultats qualitatifs quant à la présence d'un « squelette » cristallisé,<br />

expliquant entre autres choses les bonnes résistances à la compression pour <strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong>nsités faibles.<br />

En outre M. Florentin, revenant à l'origine laguno-lacustre du <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>, est<br />

persuadé que les différences <strong>de</strong> potentiels qui ont existé <strong>de</strong>puis les 40 millions<br />

d'années nous séparant <strong>de</strong> l'époque <strong>de</strong> sa formation entre les couches salées et douces<br />

ont joué sur ces couches. Celles-ci seraient à l'origine <strong>de</strong> phénomènes d'électrolyse<br />

dans la phase liqui<strong>de</strong>, indépendamment <strong>de</strong> la matière elle-même, et pourraient expliquer<br />

les échanges physico-chimiques.<br />

Comme le propose M. Arnould, il semble donc qu'une recherche s'appuyant sur <strong>de</strong>s<br />

étu<strong>de</strong>s sédimentologiques, géochimiques et physicochimiques est nécessaire pour<br />

expliquer le comportement <strong>de</strong>s marnes du <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>.<br />

M. Berthier aimerait connaître la gamme <strong>de</strong>s teneurs en carbonates et le rôle joué<br />

par ceux-ci, mais M. Florentin qui utilise, comme la plupart <strong>de</strong>s laboratoires, le calcimètre<br />

Bernard ne sépare pas le carbonate <strong>de</strong> magnésie du carbonate <strong>de</strong> calcium,<br />

alors qu'il faudrait étudier le <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> avec une calcimétrie fine.<br />

Passant à un sujet voisin, M. Berthier <strong>de</strong>man<strong>de</strong> si la relation entre l'indice <strong>de</strong> plasticité<br />

et l'angle <strong>de</strong> frottement (*) interne concerne les marnes d'une manière générale<br />

64


y compris celles ayant <strong>de</strong>s teneurs en carbonates voisines du <strong>Saint</strong>- <strong>Ouen</strong> : en effet,<br />

le squelette peut avoir une importance variable selon que l'argile est dispersée dans<br />

le squelette ou, qu'au contraire, les carbonates forment <strong>de</strong>s nodules dans la matrice<br />

argileuse. A rattacher à ceci, M. Berthier, se référant à ce qui a été dit par M. Raskine<br />

et, par ailleurs, par M. Feugueur, pense que la phase détritique constituée <strong>de</strong> débris<br />

siliceux et calcaires peut également avoir <strong>de</strong> l'importance.<br />

En réponse, M. Florentin précise, qu'en général, lorsque la teneur en carbonate croît,<br />

l'indice <strong>de</strong> plasticité diminue, mais signale une secon<strong>de</strong> exception : les marnes brunes<br />

coiffant les glaises vertes qui, malgré un certain pourcentage <strong>de</strong> carbonates, présentent<br />

aussi <strong>de</strong>s indices <strong>de</strong> plasticité très élevés.<br />

Sur ce point, un programme d'essais est nécessaire dans l'optique indiquée précé<strong>de</strong>mment.<br />

On peut penser que la formation <strong>de</strong>s silex nectiques dans lesquels il n'y a pas<br />

trace <strong>de</strong> carbonate <strong>de</strong> calcium et où la matrice possè<strong>de</strong> un faible indice <strong>de</strong> plasticité<br />

correspond à un phénomène équivalent avec migration dans la phase liqui<strong>de</strong>.<br />

M. Arnould pense qu'une étu<strong>de</strong> est également souhaitable au sujet du rôle <strong>de</strong> l'étuvage<br />

dans les modifications <strong>de</strong>s caractéristiques ; il a, en effet, souvent constaté <strong>de</strong>s modifications<br />

sur la couleur <strong>de</strong>s sols, sans doute liées à <strong>de</strong>s modifications plus profon<strong>de</strong>s<br />

du matériau.<br />

Effectivement, M. Florentin, en général, procè<strong>de</strong> à la détermination <strong>de</strong>s limites sur les<br />

sols non étuvés et ne procè<strong>de</strong> à l'étuvage qu'en cas d'anomalies :<br />

- présence <strong>de</strong> gypse,<br />

- présence d'hydrates <strong>de</strong> fer ou d'alumine (les variations <strong>de</strong> teinte les mettent en<br />

évi<strong>de</strong>nce),<br />

- présence d'argiles magnésiennes (argiles du <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>, meulières, phase marneuse<br />

<strong>de</strong>s marnes et caillasses...) dont la structure fibreuse ne comporte pas <strong>de</strong> feuillets<br />

en contact direct,<br />

- eau zéolithique.<br />

Or ces anomalies ont <strong>de</strong>s conséquences sur le comportement <strong>de</strong>s sols et M. Geffriaud<br />

signale en particulier l'inci<strong>de</strong>nce <strong>de</strong>s variations <strong>de</strong> faciès qui a pu être constatée à<br />

propos d'essais sur pieux, sur les modules <strong>de</strong> déformation.<br />

M. Rat signale une explication donnée par Grimm quant aux argiles dont les feuillets<br />

reviendraient en contact après étuvage.<br />

M. Tcheng signale également <strong>de</strong>s modifications <strong>de</strong>s limites d'Atterberg dues à l'étuvage<br />

à propos d'essais effectués pour la centrale <strong>de</strong> Vitry et M. Habib insiste sur le<br />

rôle <strong>de</strong> l'eau à l'intérieur même <strong>de</strong>s échantillons.<br />

De cette discussion, il est surtout retenu qu'il est nécessaire d'étudier la microstructure<br />

du matériau, l'influence <strong>de</strong> la phase liqui<strong>de</strong> et <strong>de</strong> déceler le rôle joué par l'étuvage.<br />

(*) Voir la communication <strong>de</strong> M. FLORENTIN.<br />

65


<strong>Le</strong>s<br />

marno-calcaires<br />

du <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong><br />

sur<br />

l'autoroute<br />

B3<br />

J.J. SEVESTRE<br />

Assistant <strong>de</strong> mécanique <strong>de</strong>s Sols<br />

Laboratoire Régional <strong>de</strong> Bondy<br />

Résumé à l'intention <strong>de</strong>s praticiens<br />

La section <strong>de</strong> l'autoroute B3 étudiée comprend<br />

1 800 mètres en prolongement <strong>de</strong> l'autoroute<br />

A3 sur les communes <strong>de</strong> Noisy et Bondy,<br />

ainsi qu'une bretelle <strong>de</strong> raccor<strong>de</strong>ment à la<br />

roca<strong>de</strong> <strong>de</strong> banlieue à Bobigny.<br />

Une vingtaine d'ouvrages est prévue sur cette<br />

section et, étant donné la coupe <strong>de</strong>s terrains<br />

sur l'ensemble du projet, ce sont les couches<br />

marno-calcaires du <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> qui peuvent, à<br />

première vue, être utilisées comme couches<br />

<strong>de</strong> fondation.<br />

Une campagne préalable <strong>de</strong> forages a été<br />

réalisée représentant : 27 forages jusqu'aux<br />

sables <strong>de</strong> Beauchamp, 2 forages atteignant<br />

les marnes et caillasses et 10 forages s'arrêtant<br />

au sommet du calcaire grossier du Lutétien.<br />

En plus <strong>de</strong> prélèvements d'échantillons<br />

intacts, <strong>de</strong>s essais d'i<strong>de</strong>ntification rapi<strong>de</strong>s ont<br />

été effectués sur <strong>de</strong> nombreux échantillons.<br />

<strong>Le</strong>s sols rencontrés dans la formation « calcaire<br />

<strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> » sont constitués principalement<br />

par <strong>de</strong>s alternances <strong>de</strong> marnes et calcaires<br />

qu'on peut subdiviser en plusieurs types dont<br />

les caractéristiques varient dans certaines limites<br />

représentées dans le tableau ci-après.<br />

( blanches 1,45<br />

Marnes <<br />

( ou roses (1,30-1,65)<br />

<strong>Calcaire</strong> marneux<br />

Marnes calcaires<br />

<strong>Calcaire</strong> dur<br />

Fdt/m 3 w% R c<br />

t/m 2 Ce<br />

1,26<br />

(1,02-1,50)<br />

1,90<br />

(1,50-2,40)<br />

2,17<br />

(1,81-2,50)<br />

30<br />

(12-40)<br />

39<br />

(25-59)<br />

20<br />

(6-27)<br />

7<br />

(2-12)<br />

27<br />

(5-60)<br />

345<br />

(50-740)<br />

627<br />

(250-1130)<br />

774<br />

(320-1510)<br />

0,15<br />

(0,12-0,23)<br />

Toutefois, <strong>de</strong>s anomalies sous forme <strong>de</strong> lits<br />

0<br />

0<br />

0


d'argiles magnésiennes <strong>de</strong> quelques centimètres<br />

d'épaisseur, <strong>de</strong> marnes hydrophiles<br />

enrobant <strong>de</strong>s silex nectiques ou <strong>de</strong> marnes<br />

friables, peuvent notablement diminuer les<br />

caractéristiques mécaniques <strong>de</strong>s couches dans<br />

lesquelles elles sont intercalées.<br />

Des observations ont été faites sur la répartition<br />

verticale et horizontale <strong>de</strong>s terrains dans<br />

la zone couverte par le projet. On note, par<br />

exemple, une nette accentuation <strong>de</strong>s marnes<br />

vers le nord et une tendance plus calcaire vers<br />

le sud.<br />

En conclusion, l'étu<strong>de</strong> a pu mettre en évi<strong>de</strong>nce<br />

un certain nombre <strong>de</strong> matériaux assez bien<br />

différenciés sans qu'il soit possible <strong>de</strong> définir<br />

avec précision leur importance et leur répartition<br />

dans l'ensemble <strong>de</strong> la couche.<br />

<strong>Le</strong> matériel utilisé pour prélever les échantillons<br />

montre la supériorité du carottier battu<br />

lorsqu'on peut l'employer.<br />

Il semble enfin que les essais in situ comme<br />

l'essai pressiométrique, malgré leurs inconvénients,<br />

soient mieux adaptés à ce type <strong>de</strong><br />

terrain que les essais en laboratoire. Ces <strong>de</strong>rniers<br />

ont tendance à donner une idée nettement<br />

pessimiste sur les caractéristiques mécaniques<br />

<strong>de</strong>s matériaux étudiés.<br />

J.-J. S.<br />

SITUATION<br />

L'ÉTUDE<br />

ET ORGANISATION DE<br />

/<br />

Situation du projet (fig. 1 ).<br />

L'autoroute B3 prolonge l'autoroute A3 — dite<br />

antenne <strong>de</strong> Bagnolet — jusqu'à l'autoroute du<br />

Nord — A1 — à travers les communes <strong>de</strong> Noisy-le-<br />

Sec, Bondy, Bobigny, Aulnay-sous-Bois, Blanc-<br />

Mesnil.<br />

La partie étudiée ici est la section comprise entre<br />

l'autoroute A3 et le canal <strong>de</strong> l'Ourcq à Bondy, soit<br />

environ 1 800 m d'autoroute située sur Noisy et<br />

Bondy, ainsi qu'une bretelle <strong>de</strong> raccor<strong>de</strong>ment à la<br />

roca<strong>de</strong> <strong>de</strong> banlieue (N. 186) à Bobigny <strong>de</strong> 1 500 m<br />

environ. <strong>Le</strong> projet comporte, en plus, la mise en<br />

souterrain <strong>de</strong> la R.N. 3 à son passage sous l'autoroute<br />

B3. (Carrefour du pont <strong>de</strong> Bondy : N. 3 -<br />

N. 186 - B3).<br />

Cet ensemble comportait à l'origine 14 franchissements<br />

<strong>de</strong> la voirie (7), du chemin <strong>de</strong> fer (6) et du<br />

canal <strong>de</strong> l'Ourcq (1) et 3 échangeurs, soit au total<br />

vingt ouvrages d'art et <strong>de</strong>s remblais pouvant atteindre<br />

<strong>de</strong>s hauteurs <strong>de</strong> 14 m.<br />

Sol <strong>de</strong> fondation<br />

Sous l'ensemble du projet, la couche <strong>de</strong>s marnocalcaires<br />

<strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> est proche <strong>de</strong> la surface,<br />

ce qui l'a fait pressentir comme couche <strong>de</strong> fondation.<br />

Elle se trouve en effet à une profon<strong>de</strong>ur variant <strong>de</strong><br />

Fig.<br />

1. — Autoroute B3. Plan schématique du projet.<br />

/<br />

68


4 à 12 m, sous les sables verts infragypseux<br />

(Monceau) d'épaisseur à peu près constante, les<br />

marnes infragypseuses (bas <strong>de</strong>s masses et marnes<br />

du gypse) plus ou moins érodées et <strong>de</strong>s alluvions<br />

ou <strong>de</strong>s remblais divers. Au-<strong>de</strong>ssous, nous avons<br />

retrouvé la succession habituelle <strong>de</strong>s couches, à<br />

savoir : les sables <strong>de</strong> Beauchamp, les marnes et<br />

caillasses du Lutétien et le calcaire grossier.<br />

Organisation <strong>de</strong> l'étu<strong>de</strong><br />

Pour mener à bien cette étu<strong>de</strong>, l'entreprise Bachy<br />

a exécuté 38 sondages du début juin à la fin août<br />

1966. Tous les sondages ont traversé la couche<br />

<strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>, 27 ayant été arrêtés dans les<br />

sables <strong>de</strong> Beauchamp, 2 dans les marnes et<br />

caillasses, 10 dans le haut du calcaire grossier.<br />

3 —<br />

2 -<br />

' * ' r !<br />

H +-<br />

4—<br />

Durant toute la campagne, les sondages ont été<br />

suivis par le laboratoire <strong>de</strong> la région parisienne<br />

« Nord» (Bondy). Pour cela, un technicien supérieur<br />

géologue était en permanence sur le chantier afin<br />

<strong>de</strong> relever les coupes <strong>de</strong> sondages et d'établir les<br />

profils géologiques, un technicien supérieur <strong>de</strong> la<br />

section fondation a prélevé <strong>de</strong>s échantillons pour<br />

essais rapi<strong>de</strong>s <strong>de</strong> calage tels que i<strong>de</strong>ntifications<br />

(wL - Ip, CaC03, granulométries) et mesures <strong>de</strong> la<br />

teneur en eau, du poids spécifique apparent, et <strong>de</strong><br />

la résistance à la compression simple.<br />

Enfin, sur les directives du laboratoire, l'entreprise<br />

Bachy a procédé à la prise d'échantillons intacts et<br />

au paraffinage <strong>de</strong> morceaux <strong>de</strong> carottes intacts qui<br />

ont été étudiés par la section fondation du laboratoire.<br />

Fig. 2. — Cisaillement rapi<strong>de</strong> à la boîte.<br />

Ensemble <strong>de</strong>s points <strong>de</strong> cisaillement.<br />

""T<br />

ï -- \<br />

A i y<br />

5 6<br />

(T 'e n bars<br />

INTERPRÉTATION<br />

Nature <strong>de</strong>s sols<br />

Étant donné les difficultés présentées par la prise<br />

d'échantillons et le carottage dans le <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>,<br />

ainsi que son hétérogénéité, il est difficile <strong>de</strong><br />

définir avec précision les caractéristiques mécaniques<br />

<strong>de</strong> cette couche. Cependant, il semble que l'on<br />

puisse y distinguer les sols suivants :<br />

— <strong>de</strong>s marnes blanches à roses, plastiques, peu<br />

humi<strong>de</strong>s, <strong>de</strong>nses et très carbonatées. Ces<br />

marnes sont rai<strong>de</strong>s (le < 1) et ont probablement<br />

en place <strong>de</strong> bonnes caractéristiques mécaniques<br />

(supérieures à celles mesurées en laboratoire) ;<br />

— <strong>de</strong>s calcaires marneux humi<strong>de</strong>s, peu <strong>de</strong>nses,<br />

mais très résistants ;<br />

— <strong>de</strong>s marnes calcaires très <strong>de</strong>nses, et très résistantes<br />

;<br />

( 0" ) 3 5 6<br />

0" 'e n bars<br />

Fig. 2 bis. — Cisaillement rapi<strong>de</strong> à la boîte.<br />

Droites statistiques.<br />

— <strong>de</strong>s calcaires durs, compacts et très résistants ;<br />

— <strong>de</strong>s lits d'argile magnésienne (ABF)*, <strong>de</strong> marnes<br />

hydrophiles à silex nectiques très peu <strong>de</strong>nses,<br />

<strong>de</strong> marnes tendres pétries <strong>de</strong> fossiles.<br />

Marnes<br />

<strong>Le</strong>s marnes composant en majorité le <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong><br />

'ABF: argile brune feuilletée.<br />

69


sont <strong>de</strong>s marnes plastiques (32 < wL < 82) mais<br />

possédant un indice <strong>de</strong> plasticité faible (Ip < 30%).<br />

Elles sont fortement carbonatées (CaC03 > 70%)<br />

et moyennement humi<strong>de</strong>s. <strong>Le</strong>ur poids spécifique<br />

apparent sec est très variable autour <strong>de</strong> yd = ~\ ,45<br />

t/m 3 . <strong>Le</strong> tableau 1 montre bien les limites <strong>de</strong> variations<br />

<strong>de</strong> ces caractéristiques.<br />

calculs <strong>de</strong> tassements nous les avons donc considérées<br />

comme normalement consolidées.<br />

<strong>Le</strong> tableau 2 résume les variations <strong>de</strong> ces différentes<br />

caractéristiques.<br />

Tableau 2<br />

Tableau 1<br />

Valeurs<br />

caractéristiques<br />

Moyenne Minimum Maximum<br />

Nombre<br />

d'échantillons<br />

Valeurs<br />

caractéristiques<br />

Moyenne Minimum Maximum<br />

Nombre<br />

d'échantillons<br />

Cu (t/m 2 ) - 2 11 7<br />

^u (en °) - 25 45 7<br />

w (%) 30,5 12 40 50<br />

wL (%) 57,5 32 82 40<br />

Rc (t/m 2 ) 27 5 80 13<br />

Cc<br />

0,154 0,122 0,232 7<br />

Ip (%) 15,5 3 32 40<br />

CaC03 (%) 83 72 96 39<br />

Vd (t/m 3 ) 1,45 1,30 1,65 32<br />

• <strong>Le</strong>s essais mécaniques exécutés au laboratoire,<br />

ont montré qu'à court terme ces marnes étaient<br />

cohérentes et frottantes.<br />

En effet, sept cisaillements rapi<strong>de</strong>s à la boîte <strong>de</strong><br />

Casagran<strong>de</strong> ont montré qu'elles possédaient un<br />

angle <strong>de</strong> frottement interne cpu variant entre 25 et<br />

45° et une cohésion immédiate Cu <strong>de</strong> 2 t/m à<br />

2<br />

11 t/m 2 (fig. 2).<br />

Remarquons que, si on porte tous les points <strong>de</strong><br />

cisaillement sur un même graphique, ceux-ci forment<br />

un ensemble dont la droite la plus probable<br />

(droite <strong>de</strong> régression <strong>de</strong> T/CT) a pour caractéristiques<br />

Cu = 6,5 t/m 2 et


3° Des «calcaires sublithographiques», très compacts<br />

et très durs, très <strong>de</strong>nses (yd « 2,1 7 t/m ),<br />

3<br />

peu humi<strong>de</strong>s (w « 7 %) et très résistants<br />

(Rc w 770 t/m ).<br />

2<br />

<strong>Le</strong>s variations <strong>de</strong>s caractéristiques principales <strong>de</strong> ces<br />

matériaux sont présentées dans le tableau 3. Nous<br />

donnons en même temps le nombre <strong>de</strong> résultats<br />

obtenus pour chacun d'eux.<br />

Tableau 3<br />

Caractéristiques Sols Moyenne Minimum Maximum<br />

Nombre<br />

d'échantillons<br />

<strong>Calcaire</strong> marneux 39 25 59 32<br />

wl%) Marnes calcaires 20 6 27 20<br />

<strong>Calcaire</strong>s sublithographiq. 7 2 12 5<br />

i<br />

<strong>Calcaire</strong> marneux 1,26 1,02 1,53 29<br />

Fd (t/m 3 ) Marnes calcaires 1,90 1,51 2,41 20<br />

<strong>Calcaire</strong>s sublithographiq. 2,17 1,89 2,50 5<br />

De même la présence <strong>de</strong> marnes hydrophiles à silex<br />

nectiques et <strong>de</strong> petites coquilles fossiles augmente<br />

les caractéristiques d'Atterberg <strong>de</strong>s marnes matricielles.<br />

Par contre, ces ensembles sont souvent très<br />

humi<strong>de</strong>s et très fragiles. Il en résulte donc une<br />

diminution importante <strong>de</strong> leurs caractéristiques<br />

mécaniques ainsi qu'une augmentation <strong>de</strong> leur<br />

compressibilité (Cc jusqu'à 1,1).<br />

<strong>Le</strong> diagramme <strong>de</strong> Casagran<strong>de</strong> (fig. 4) montre bien<br />

l'influence <strong>de</strong> ces divers constituants sur les caractéristiques<br />

d'Atterberg <strong>de</strong>s marnes. (Signalons que<br />

ces limites ont été toutes faites par la même personne<br />

ce qui les rend comparables).<br />

Importance <strong>de</strong> ces anomalies<br />

Ces différents constituants se rencontrent toujours<br />

sous forme <strong>de</strong> lits peu épais allant <strong>de</strong> quelques<br />

millimètres à quelques centimètres, répartis dans les<br />

marnes et les calcaires marneux et non pas sous<br />

forme <strong>de</strong> poches ou <strong>de</strong> bancs épais. Ceci peut être,<br />

je pense, considéré comme favorable vis-à-vis du<br />

tassement.<br />

<strong>Calcaire</strong> marneux 344 50 740 11<br />

Rc (t/m 2 ) Marnes calcaires 627 40(250) 1130 7<br />

Répartition <strong>de</strong>s marnes et <strong>de</strong>s calcaires dans<br />

la couche du <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong><br />

<strong>Calcaire</strong>s sublithographiq. 774 320 1510 5<br />

Répartition<br />

verticale<br />

En <strong>de</strong>scendant, on rencontre :<br />

Enfin, ces matériaux pourront être considérés<br />

comme incompressibles vis-à-vis <strong>de</strong>s ouvrages.<br />

<strong>Le</strong>s « anomalies » <strong>de</strong> la couche<br />

Nature <strong>de</strong> ces anomalies<br />

Il existe dans cette couche un certain nombre <strong>de</strong><br />

lits d'argile magnésienne (ou argile brune feuilletée -<br />

ABF), <strong>de</strong> marnes hydrophiles enrobant <strong>de</strong>s silex<br />

nectiques peu <strong>de</strong>nses (yd ~ 0,2 t/m ) et très fragiles<br />

3<br />

et <strong>de</strong> marnes friables contenant un grand nombre<br />

<strong>de</strong> petits fossiles calcaires.<br />

La présence <strong>de</strong> ces divers matériaux modifie les<br />

caractéristiques <strong>de</strong> leur matrice. Ainsi les limites<br />

d'Atterberg <strong>de</strong>s marnes blanches sont fortement<br />

augmentées par la présence <strong>de</strong> filets d'ABF (fig. 3)<br />

qui, seules, peuvent avoir les caractéristiques suivantes<br />

: wL : 400 % et Ip : 200 % (Ex. : S N° 2<br />

w L = 358, Ip- = 204, w = 107).<br />

Cependant la teneur en eau w % <strong>de</strong> ces argiles est<br />

relativement faible (glt ^ 100%) ce qui leur donne<br />

un indice <strong>de</strong> consistance IC élevé et par conséquent<br />

une résistance non négligeable.<br />

— un banc <strong>de</strong> calcaire sublithographique d'épaisseur<br />

variant entre 0,6 et 1 m doublé, en-<strong>de</strong>ssous,<br />

d'un lit épais et continu d'ABF (10 cm environ) ;<br />

— <strong>de</strong>s « marnes plastiques » contenant <strong>de</strong>s rognons<br />

cornus d'épaisseur variable suivant le lieu ;<br />

— <strong>de</strong>s « calcaires marneux » et <strong>de</strong>s « marnes calcaires<br />

» ;<br />

— un banc <strong>de</strong> calcaire sublithographique épais grésifié<br />

à sa base (limite <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> - sables <strong>de</strong><br />

Beauchamp) ;<br />

— les lits les plus épais d'ABF et <strong>de</strong> marnes à silex<br />

nectiques et fossiles se rencontrent vers le centre<br />

<strong>de</strong> la couche, pratiquement à la limite marnes<br />

plastiques - calcaires.<br />

Variations longitudinales<br />

<strong>Le</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> est presque totalement calcaire au<br />

sud du projet puis <strong>de</strong>vient plus marneux quand on<br />

remonte vers le nord. On arrive à trouver, au centre<br />

du projet et sur la bretelle secondaire, 2/3 <strong>de</strong> marnes<br />

pour 1/3 <strong>de</strong> calcaire.<br />

Puis il re<strong>de</strong>vient plus calcaire au nord du canal <strong>de</strong><br />

l'Ourcq (Bobigny).<br />

71


Fig. 4. — Marno-calcaires du <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> - Autoroute B3 - Diagramme <strong>de</strong> Casagran<strong>de</strong>.<br />

Fig. 5. — <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> et sables verts. Fouille <strong>de</strong> Bobigny (N186).<br />

On observe la succession sables <strong>de</strong> Monceau sur calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>. Remarquons le décrochement <strong>de</strong> la couronne à la faveur duquel<br />

<strong>de</strong>s limons superficiels ont été piégés.<br />

72


Fig. 6. — Contact sables <strong>de</strong> Monceau - <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> (Bobigny).<br />

On remarque très nettement le contact entre les sables <strong>de</strong> Monceau homogènes (haut <strong>de</strong> la photo) et la marne à rognons du calcaire<br />

<strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>.<br />

Remarque<br />

En fait, la répartition est plus complexe que cela :<br />

On remarque, en effet, <strong>de</strong>s bancs calcaires peu épais<br />

dans les marnes plastiques, <strong>de</strong> même que, dans les<br />

calcaires et marnes calcaires, se trouvent <strong>de</strong>s lits<br />

<strong>de</strong> marnes plastiques.<br />

Des lits très fins d'ABF (quelques millimètres) ont<br />

été trouvés un peu partout dans la couche du<br />

<strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>.<br />

On constate localement <strong>de</strong>s variations importantes<br />

<strong>de</strong> constitution : par exemple le sondage n° 2 est<br />

marneux à environ 60% et le sondage n° 1 situé<br />

à 20 m du S2 est calcaire (calcaire sublithographique<br />

et calcaires marneux) à 80% environ.<br />

Épaisseur <strong>de</strong> la couche <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong><br />

L'épaisseur <strong>de</strong> cette couche est sensiblement<br />

constante et <strong>de</strong> l'ordre <strong>de</strong> 11 m. Cependant le<br />

contact supérieur du <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> avec les sables<br />

verts <strong>de</strong> Monceau est souvent très ondulé ce qui<br />

compliquera le choix <strong>de</strong>s niveaux <strong>de</strong> fondations<br />

superficielles (fig. 5 et 6).<br />

CONCLUSIONS<br />

Sur l'étu<strong>de</strong><br />

L'étu<strong>de</strong> a montré que l'on pouvait distinguer un<br />

certain nombre <strong>de</strong> matériaux différents dans cette<br />

couche géologique, mais, malheureusement, il a été<br />

impossible <strong>de</strong> définir exactement l'étendue et l'importance<br />

que chacun avait dans l'ensemble.<br />

De plus, l'état <strong>de</strong>s échantillons n'a pas rendu possible<br />

l'exécution d'un nombre suffisant d'essais mécaniques<br />

élaborés qui auraient permis <strong>de</strong> pousser plus<br />

loin la discrimination. Cependant, cela nous permet<br />

<strong>de</strong> dire que nous avons probablement sous-estimé<br />

ces matériaux qui auront, in situ, un comportement<br />

plus favorable que celui déduit <strong>de</strong>s essais exécutés<br />

en laboratoire.<br />

73


Sur les essais<br />

Il ressort <strong>de</strong> cette étu<strong>de</strong> un certain nombre d'enseignements<br />

à savoir que :<br />

1° <strong>Le</strong> mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> prélèvements <strong>de</strong>s échantillons<br />

intacts par sondage utilisé ne semble pas adapté à<br />

ce genre <strong>de</strong> terrain, plus <strong>de</strong> la moitié <strong>de</strong>s échantillons<br />

intacts prélevés étant inutilisables en laboratoire.<br />

En effet, l'entreprise a utilisé les matériels<br />

classiques pour ce genre <strong>de</strong> travail et les meilleurs<br />

résultats ont été obtenus à l'ai<strong>de</strong> du carottier battu<br />

(APM 78). Malheureusement, avec celui-ci, il est<br />

impossible <strong>de</strong> «passer» les rognons ou les bancs<br />

<strong>de</strong> calcaires même peu épais. <strong>Le</strong> prélèvement par<br />

rotation n'a donné pour sa part aucun<br />

valable.<br />

résultat<br />

Il conviendrait peut-être alors d'étudier un appareillage<br />

nouveau ou <strong>de</strong> plus grand diamètre.<br />

2° <strong>Le</strong>s essais en laboratoire ne semblent pas à<br />

l'échelle du phénomène, les instruments dont nous<br />

disposons ne donnant pas <strong>de</strong>s résultats représentatifs<br />

<strong>de</strong> l'ensemble. Il semble donc que, pour le<br />

moment, les essais in situ et particulièrement le<br />

pressiomètre, soient mieux adaptés à ce genre <strong>de</strong><br />

terrain, bien que celui-ci présente quelques inconvénients<br />

notables (résultats pouvant être faussés<br />

par <strong>de</strong> fins bancs <strong>de</strong> calcaire, un essai tous les<br />

mètres...).<br />

74


A<br />

Fondations<br />

d'ouvrages d'art autorou<br />

dans<br />

la plaine<br />

<strong>de</strong> Rosny<br />

P. CHASSANDE<br />

Ingénieur <strong>de</strong>s Ponts et Chaussées<br />

<strong>de</strong> la Seine <strong>Saint</strong>-Denis<br />

Point <strong>de</strong> vue du maître d'œuvre<br />

Introduction<br />

L'extrémité est <strong>de</strong> l'autoroute A3 et la partie sud<br />

<strong>de</strong> l'autoroute B3 se situent dans la plaine dite <strong>de</strong><br />

Rosny dont les caractéristiques géologiques et géotechniques<br />

ont été exposées par MM. Caron et<br />

Sevestre. Ces autoroutes traversent la plaine en<br />

remblais ou en viaducs à une altitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> 6 m environ<br />

au-<strong>de</strong>ssus du niveau du sol (plan <strong>de</strong> situation).<br />

<strong>Le</strong>s étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> fondation ont permis <strong>de</strong> conclure que<br />

la solution la plus sûre consistait à <strong>de</strong>scendre<br />

jusqu'au calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> qu'on rencontre à<br />

une vingtaine <strong>de</strong> mètres au-<strong>de</strong>ssous du niveau du sol.<br />

Après l'analyse détaillée <strong>de</strong>s données géologiques et<br />

géotechniques du problème, il est sans doute intéressant<br />

d'évoquer les problèmes pratiques que pose<br />

ce système <strong>de</strong> fondation. Pour le maître d'œuvre les<br />

questions sont essentiellement les suivantes :<br />

— quels sont les risques du système ?<br />

— quels sont les difficultés <strong>de</strong> réalisation ?<br />

— enfin, combien cela coûte-t-il ?<br />

LES RISQUES<br />

a) Ce système <strong>de</strong> fondation n'est pas absolument<br />

sûr car on concentre les efforts en un certain nombre<br />

<strong>de</strong> points (les pieux ou puits <strong>de</strong>scendus jusqu'au<br />

<strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>) alors qu'on risque <strong>de</strong> rencontrer, au<strong>de</strong>ssous<br />

du niveau <strong>de</strong> fondation, <strong>de</strong>s vi<strong>de</strong>s <strong>de</strong> dissolution<br />

dus à la présence <strong>de</strong> gypse soit dans le calcaire<br />

<strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>, soit dans les marnes et caillasses.<br />

En ce qui concerne le cas <strong>de</strong> l'autoroute A3, ce danger<br />

nous a été signalé par M. le Professeur Arnould<br />

à une époque où les fondations <strong>de</strong>s ouvrages étaient<br />

déjà réalisées. <strong>Le</strong> gypse rencontré dans le <strong>Saint</strong>-<br />

<strong>Ouen</strong> se limite heureusement dans cette zone à quelques<br />

bancs peu importants (maximum 2 à 5 mètres).<br />

Nous avons donc été amenés à faire, après coup,<br />

<strong>de</strong>s sondages <strong>de</strong> vérification sous les fondations <strong>de</strong><br />

l'ouvrage le plus sensible aux dénivellations d'appui<br />

et à prévoir, pour les autres, un système <strong>de</strong> vérification<br />

périodique <strong>de</strong> nivellement. Ces sondages n'ont<br />

heureusement pas révélé la présence <strong>de</strong> vi<strong>de</strong> ou<br />

d'un réseau important <strong>de</strong> fractures dans le gypse,<br />

mais seulement quelques passages gypseux dans les<br />

marnes. Heureusement, sinon nous aurions été bien<br />

embarrassés.<br />

Dans le cas <strong>de</strong> l'autoroute B3, compte tenu <strong>de</strong>s progrès<br />

réalisés dans la connaissance <strong>de</strong>s différentes<br />

couches intéressées, l'attention a été portée dès<br />

l'étu<strong>de</strong> générale sur la présence du gypse dans le<br />

<strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> et dans les marnes et caillasses et on a<br />

75


effectivement trouvé <strong>de</strong>s cavités <strong>de</strong> l'ordre <strong>de</strong> 1 m<br />

dans les marnes et caillasses donc à un niveau suffisamment<br />

bas pour que cela ne mette pas en cause<br />

la sécurité <strong>de</strong>s fondations sur le <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>.<br />

b) Il est difficile <strong>de</strong> savoir quel taux <strong>de</strong> travail on doit<br />

adopter sur le <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> en raison <strong>de</strong> ses variations<br />

latérales et en profon<strong>de</strong>ur (alternance <strong>de</strong> bancs calcaires<br />

durs et <strong>de</strong> marnes molles). Ainsi sur l'autoroute<br />

A3, l'étu<strong>de</strong> du Laboratoire Central <strong>de</strong>s Ponts et<br />

Chaussées a conclu, à partir <strong>de</strong> la formule <strong>de</strong><br />

Caquot, avec c = 10 bars et


L'une <strong>de</strong>s difficultés les plus sérieuses du procédé<br />

se présente en cas <strong>de</strong> rencontre <strong>de</strong> cavités. En effet,<br />

il se produit alors un éboulement imprévisible dont<br />

la reprise est délicate (tubage nécessaire) et qui<br />

risque <strong>de</strong> supprimer la butée <strong>de</strong>vant les puits. Cet<br />

inci<strong>de</strong>nt s'est produit sur trois puits pour l'ensemble<br />

<strong>de</strong>s dix ouvrages dont nous avons parlé précé<strong>de</strong>mment.<br />

<strong>Le</strong><br />

bétonnage <strong>de</strong>s puits s'effectue par tubes plongeurs<br />

constamment immergés dans le béton et<br />

remontés au fur et à mesure <strong>de</strong> l'avancement du<br />

bétonnage. Il en résulte que c'est toujours le<br />

même<br />

béton qui se trouve en surface et qui subit un délavage<br />

et un mélange éventuel avec les produits<br />

d'éboulement. Un récepage en tête est donc indispensable.<br />

Calcul<br />

Ces puits doivent supporter, outre les charges verticales,<br />

les efforts horizontaux dus au freinage, à la<br />

poussée <strong>de</strong>s terres, au retrait, etc.<br />

La réalisation <strong>de</strong> puits obliques étant délicate et<br />

aléatoire, on s'efforce <strong>de</strong> reprendre ces efforts par<br />

la flexion <strong>de</strong>s puits et par la butée <strong>de</strong>s terres <strong>de</strong>vant<br />

eux. Chaque puits est donc calculé comme une poutre<br />

sur appui élastique, la pression sous la poutre<br />

étant proportionnelle au déplacement horizontal :<br />

q = ky-<br />

La difficulté est d'apprécier le coefficient <strong>de</strong> proportionnalité<br />

(ou module <strong>de</strong> réaction). La métho<strong>de</strong> est<br />

d'ailleurs très contestée car, en fait, ce coefficient<br />

n'est pas constant, mais, pour le moment, nous ne<br />

connaissons pas <strong>de</strong> métho<strong>de</strong> pratique meilleure.<br />

Nous adoptons une valeur <strong>de</strong> k égale à 1 000 t/m 3<br />

dans la région <strong>de</strong> Rosny.<br />

Nous avons entrepris <strong>de</strong>s essais in situ en imposant<br />

par <strong>de</strong>s vérins <strong>de</strong>s efforts horizontaux opposés sur<br />

<strong>de</strong>ux puits voisins.<br />

<strong>Le</strong>s déformations obtenues sont différentes <strong>de</strong> celles<br />

qui résultent <strong>de</strong> l'équation q = ky, mais sont<br />

inférieure<br />

à celles calculées avec k = 10 3 sauf tout à<br />

fait en tête. C'est donc que notre métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> calcul<br />

est dans le sens <strong>de</strong> la sécurité. Cette métho<strong>de</strong><br />

conduit habituellement à armer les puits sur une<br />

dizaine <strong>de</strong> mètres <strong>de</strong> hauteur avec, par exemple, pour<br />

un pieux <strong>de</strong> 1,30 m <strong>de</strong> diamètre: 16 HA 25<br />

(e = 22,5) plus un Adx 0 16 hélicoïdal.<br />

Des<br />

métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> calcul plus exactes permettraient<br />

sans doute <strong>de</strong> réduire le ferraillage mais<br />

serait faible.<br />

l'économie<br />

Fig. 1. — Machine rotative permettant <strong>de</strong> forer <strong>de</strong>s puits<br />

<strong>de</strong> très gros diamètre (1 m à 1,70 m).<br />

CONSIDERATIONS ECONOMIQUES<br />

Il est apparemment assez coûteux d'aller chercher<br />

le niveau <strong>de</strong> fondation à 20 mètres <strong>de</strong> profon<strong>de</strong>ur.<br />

En effet, le prix d'un mètre <strong>de</strong> forage varie <strong>de</strong> 130<br />

à 320 F suivant qu'il s'agit d'un diamètre <strong>de</strong> 1 m ou<br />

1,70 m et pour un forage à sec. Dans l'eau, les prix<br />

se trouvent majorés d'environ 10%. <strong>Le</strong> béton pour<br />

puits, par ailleurs, revient <strong>de</strong> 1 50 à 1 60 F le m suivant<br />

qu'on est à sec ou dans 3 l'eau.<br />

En cas <strong>de</strong> terrain peu cohérent, il faut y ajouter le<br />

prix <strong>de</strong>s boues thixotropiques nécessaires pour éviter<br />

les effondrements au cours du<br />

bétonnage.<br />

Aussi M. l'Inspecteur Général Mothe s'est-il inquiété<br />

<strong>de</strong> l'emploi systématique <strong>de</strong> ce système <strong>de</strong> fondation<br />

dans certains secteurs comme celui <strong>de</strong> Rosny, et<br />

nous a-t-il <strong>de</strong>mandé <strong>de</strong> procé<strong>de</strong>r à une étu<strong>de</strong> comparative.<br />

<strong>Le</strong> terme <strong>de</strong> comparaison était une fondation<br />

superficielle travaillant à <strong>de</strong>ux bars. Il fallait toutefois<br />

77


en déduire, pour les semelles sous culée, le poids du<br />

remblai, ce qui réduisait la pression résultant <strong>de</strong>s<br />

charges verticales du pont à 0,7 bar et conduisait à<br />

<strong>de</strong>s semelles très importantes.<br />

La comparaison a été effectuée sur un ouvrage du<br />

type P.l. classique d'autoroute, on a trouvé<br />

310 000 F <strong>de</strong> fondation pour la solution puits et<br />

284 000 F pour la solution semelle.<br />

On peut donc dire que la différence est minime alors<br />

qu'au contraire le gain <strong>de</strong> sécurité, en raison <strong>de</strong><br />

l'hétérogénéité <strong>de</strong>s terrains superficiels, est très<br />

important.<br />

En conclusion on peut dire que, grâce aux moyens<br />

actuels <strong>de</strong> forage en gros diamètre, les fondations<br />

profon<strong>de</strong>s sur calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> peuvent constituer<br />

une bonne solution à tous points <strong>de</strong> vue. Mais le<br />

maître d'oeuvre doit avoir conscience <strong>de</strong> ce qu'il<br />

n'obtient une sécurité réelle qu'au prix d'une étu<strong>de</strong><br />

préalable minutieuse, longue, et coûteuse : pour les<br />

3 km d'autoroute B3 nous avons déjà dépensé :<br />

- 180 000 F en sondages ;<br />

— 130 000 F en étu<strong>de</strong>s du Laboratoire <strong>de</strong> Bondy.<br />

Et on vous a signalé précé<strong>de</strong>mment les incertitu<strong>de</strong>s<br />

qui restent encore à lever !<br />

78


Fondations<br />

sur pieux<br />

dans<br />

le <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong><br />

<strong>de</strong> Vitry<br />

E. DE CAZENOVE<br />

Ingénieur à la Société Solétanche<br />

Résumé à l'intention <strong>de</strong>s praticiens<br />

L'exposé rend compte <strong>de</strong>s essais <strong>de</strong> chargement<br />

<strong>de</strong> pieux affectant le calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<br />

<strong>Ouen</strong> <strong>de</strong> la région <strong>de</strong> Vitry, à la centrale<br />

Arrighi et à la nouvelle centrale <strong>de</strong> Vitry.<br />

A la centrale Arrighi le pieu d'essai <strong>de</strong> 106 cm<br />

<strong>de</strong> diamètre a été arrêté dans la partie supérieure<br />

marneuse du calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>.<br />

<strong>Le</strong> dispositif <strong>de</strong> mise en charge du pieu permettait<br />

<strong>de</strong> faire varier <strong>de</strong> diverses façons<br />

l'effort <strong>de</strong> pointe et le frottement latéral.<br />

L'essai a donc permis d'obtenir la variation, en<br />

fonction <strong>de</strong> l'enfoncement, du frottement latéral<br />

et <strong>de</strong> la résistance <strong>de</strong> pointe dans les marnes<br />

du <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>.<br />

Bien que la vitesse d'enfoncement du pieu en<br />

fonction <strong>de</strong> la charge ne cesse <strong>de</strong> croître,<br />

l'essai a été arrêté à un enfoncement <strong>de</strong> 54 mm<br />

correspondant à une charge <strong>de</strong> 460 t (soit<br />

environ une contrainte <strong>de</strong> 60 bars en tête)<br />

sans que le poinçonnement ait été atteint. La<br />

répartition <strong>de</strong> la charge du pieu entre les différentes<br />

couches est la suivante :<br />

Nature Épaisseur Force portante<br />

Compte tenu <strong>de</strong> ces résultats et notamment <strong>de</strong><br />

la valeur <strong>de</strong> l'enfoncement, les pieux ont été<br />

arrêtés plus profond sur le premier banc <strong>de</strong><br />

calcaire beige rosé du <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> et chargés<br />

à 43 bars.<br />

A la centrale <strong>de</strong> Vitry le pieu d'essai le plus<br />

large a un diamètre <strong>de</strong> 108 cm ; il traverse le<br />

calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> et repose près <strong>de</strong> la<br />

base <strong>de</strong> Beauchamp. <strong>Le</strong> dispositif <strong>de</strong> mise en<br />

charge est analogue à celui <strong>de</strong> l'essai précé<strong>de</strong>nt.<br />

<strong>Le</strong> comportement <strong>de</strong> ce second pieu au cours<br />

<strong>de</strong> l'enfoncement est sensiblement différent<br />

car il repose dès le début du chargement sur<br />

une couche dure. La charge atteinte est <strong>de</strong><br />

810 t pour un enfoncement <strong>de</strong> 22,6 mm et<br />

se décompose comme suit :<br />

Nature Épaisseur Force portante<br />

Frottement<br />

latéral<br />

— Alluvions et blocs 3 m 180t<br />

— <strong>Calcaire</strong> <strong>de</strong> St-<strong>Ouen</strong> 6 m 2501<br />

Effort <strong>de</strong><br />

pointe<br />

Frottement<br />

latéral<br />

— Alluvions anciennes 3 m 210t<br />

— <strong>Calcaire</strong> <strong>de</strong> St-<strong>Ouen</strong> 4 m 1151<br />

(0,8 bar)<br />

Effort <strong>de</strong><br />

pointe<br />

1401<br />

(13,6 bars)<br />

— Beauchamp 5 m 1401 2401<br />

Compte tenu <strong>de</strong>s résultats, les pieux ont été<br />

arrêtés sous la base du calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<br />

<strong>Ouen</strong> à une profon<strong>de</strong>ur variable avec le diamètre<br />

du pieu (<strong>de</strong> 3 m pour 0 = 42 cm à<br />

5,5 m pour 0 = 1 50 cm).


En résumé, pour un pieu d'environ un mètre<br />

Nature<br />

Force portante<br />

Frottement<br />

latéral<br />

Effort <strong>de</strong><br />

pointe<br />

<strong>de</strong> diamètre (on note en effet une grosse<br />

influence du diamètre en terrain hétérogène)<br />

arrêté au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong>s niveaux calcaires durs<br />

<strong>de</strong> la couche, les caractéristiques mécaniques<br />

du calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> peuvent être schématisées<br />

comme suit :<br />

- <strong>Calcaire</strong> <strong>de</strong><br />

<strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong><br />

- <strong>Calcaire</strong> <strong>de</strong><br />

<strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong><br />

(Arrighi)<br />

- <strong>Calcaire</strong> <strong>de</strong><br />

<strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong><br />

(Vitry)<br />

0,4 bar + 0,016 bar<br />

par mm d'enfoncement<br />

- maximum<br />

0,8 bar<br />

0,5 bar + 0,025 bar<br />

par mm<br />

d'enfoncement<br />

3 bars + 0,2 bar par<br />

mm d'enfoncement<br />

<strong>Le</strong> calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> est en mesure <strong>de</strong><br />

recevoir <strong>de</strong>s charges moyennes <strong>de</strong> l'ordre <strong>de</strong><br />

150 tonnes par appui isolé sous réserve que<br />

le dispositif <strong>de</strong> fondation puisse s'accommo<strong>de</strong>r<br />

<strong>de</strong> tassements (différentiels et absolus) <strong>de</strong><br />

quelques centimètres.<br />

Sa contribution au frottement latéral <strong>de</strong>s pieux<br />

qui le traversent n'est pas négligeable, pf ç<br />

Introduction<br />

L'Électricité <strong>de</strong> France a construit à Vitry, sur la<br />

rive gauche <strong>de</strong> la Seine :<br />

— en 1951, la centrale Arrighi (fig. 1 ),<br />

— en 1965, à 1 km au nord, la nouvelle centrale<br />

<strong>de</strong> Vitry (fig. 2-3).<br />

<strong>Le</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> a une dizaine <strong>de</strong> mètres d'épaisseur<br />

à Arrighi où il est utilisé comme couche porteuse ;<br />

il n'a plus que 6 m sur le second site où tous les<br />

pieux le traversent.<br />

Sur les <strong>de</strong>ux sites il y a eu <strong>de</strong> très importants<br />

essais <strong>de</strong> pieux, dont nous résumerons les résultats.<br />

<strong>Le</strong>s règles pratiques pour la fixation <strong>de</strong> la longueur<br />

<strong>de</strong>s pieux ont été établies par Mécasol, qui a aussi<br />

fait les essais <strong>de</strong> laboratoire.<br />

PIEU D'ESSAI DE LA CENTRALE ARRIGHI<br />

(fig. 4)<br />

Coupe géologique du terrain<br />

— Terrain naturel à la cote (+ 35). Nappe phréatique<br />

vers la cote (+ 28).<br />

Fig. 1. - Centrale Arrighi (1951).<br />

— Remblais et « alluvions mo<strong>de</strong>rnes» (limons argileux<br />

très compressibles) jusqu'aux cotes (+ 28) à<br />

(+ 23) suivant les sondages.<br />

— «Alluvions anciennes»: 0 à 6 m d'épaisseur:<br />

sables, graviers et galets propres, à ceci près qu'un<br />

<strong>de</strong>s onze sondages a traversé un banc argileux<br />

(ailleurs nous avons vu jusqu'à 0,50 m <strong>de</strong> limon<br />

argileux à cohésion <strong>de</strong> l'ordre du bar en plein<br />

milieu <strong>de</strong>s alluvions anciennes, ailleurs encore <strong>de</strong>s<br />

vases).<br />

— A la cote (+ 22) en moyenne : toit <strong>de</strong>s terrains<br />

argileux : peut-être la base <strong>de</strong>s « marnes infragypseuses»,<br />

peut-être déjà le <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> (il n'y a<br />

pas eu d'étu<strong>de</strong> géologique).<br />

— Base du <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> vers la cote (+ 13) : en<br />

tête <strong>de</strong>s marnes crèmes parfois sableuses avec<br />

rares blocs calcaires, à la base <strong>de</strong>ux bancs <strong>de</strong><br />

calcaire beige rosé («calcaire <strong>de</strong> Ducy» ?) épais <strong>de</strong><br />

0,6 et 0,2 m, séparés par <strong>de</strong>s marnes crèmes, vertes<br />

et brunâtres, tourbeuses. Sous le banc inférieur <strong>de</strong>


Fig. 2. - Centrale <strong>de</strong> Vitry (janvier 1967).<br />

calcaire, encore 1 ou 2 m <strong>de</strong> marnes diverses avec<br />

quelques blocs calcaires. Traces <strong>de</strong> gypse.<br />

<strong>Le</strong> banc supérieur <strong>de</strong> calcaire rosé a été retrouvé,<br />

plus ou moins nettement, à la nouvelle centrale<br />

d'Ivry d'une part, à Créteil d'autre part.<br />

Rappelons qu'on trouve parfois beaucoup plus <strong>de</strong><br />

calcaire : par exemple un banc massif <strong>de</strong> 2 m<br />

d'épaisseur à la porte <strong>de</strong> Clignancourt.<br />

— «Beauchamp» sur environ 6 m d'épaisseur: ici<br />

presque uniquement <strong>de</strong> l'argile sableuse verdâtre<br />

avec passages blanchâtres ; à la base 0,4 m <strong>de</strong> grès<br />

vert très dur dans un <strong>de</strong>s quatre sondages profonds.<br />

Traces <strong>de</strong> gypse.<br />

— « Marnes et caillasses » sur environ 15 m d'épaisseur<br />

: alternance classique <strong>de</strong> bancs marneux et<br />

calcaires avec filonnets <strong>de</strong> gypse. Un <strong>de</strong>s sondages<br />

aurait traversé un banc ou un bloc <strong>de</strong> gypse <strong>de</strong><br />

1,6 m d'épaisseur : il n'y a pas eu d'analyse chimique<br />

et il pourrait s'agir en fait d'un agglomérat <strong>de</strong><br />

calcite et <strong>de</strong> cristaux <strong>de</strong> quartz avec rares cristaux<br />

<strong>de</strong> gypse (matériau rencontré ailleurs en gros amas,<br />

toujours pris pour du gypse si on ne le regar<strong>de</strong> pas<br />

<strong>de</strong> très près). Fig. 3. - Centrale <strong>de</strong> Vitry (1965).<br />

81


Fig. 4. - PIEUX D'ESSAI<br />

Argile<br />

Alluvtons mo<strong>de</strong>rnes<br />

10 -<br />

Sable et<br />

gravier<br />

Atluvions anciennes<br />

Marne<br />

creme<br />

20<br />

25<br />

Marne crème avec nodules<br />

calcaires.<br />

Minces couches alternées<br />

<strong>de</strong> marne, calcaire et gypse .<br />

Argile gris-vert avec <strong>de</strong>s<br />

fîlonnets <strong>de</strong>gypse vers<br />

la base<br />

<strong>Calcaire</strong> blanc,peu fossilifère<br />

légèrement fissure'.<br />

Premier essai <strong>de</strong> Vitry.<br />

Ancrage <strong>de</strong> 1 000 tonnes<br />

réalisé au moyen <strong>de</strong> câbles.<br />

(Doc. Solétanche - E.D.F.).<br />

<strong>Calcaire</strong> blanc,peu fossilifère<br />

avec filonnet <strong>de</strong><br />

calcite et gypse-<br />

Argile blanc-crème avec<br />

passage <strong>de</strong> gypse<br />

Ar gîte _ bl a ne crème avec<br />

inlercalations <strong>de</strong> tourbe.<br />

Série <strong>de</strong> bancs <strong>de</strong> tourbe<br />

noire avec un peu <strong>de</strong> mar.<br />

neetqq.pass.<strong>de</strong> caillasses<br />

<strong>Calcaire</strong> gréseux grrs<br />

très compact, très<br />

fossilifère,a grains fins<br />

4S<br />

Charge en tonnes<br />

50 fOO<br />

Marne grise (gypsifere?)<br />

<strong>Calcaire</strong> gréseux gris<br />

"V^ -J" -v^v\<br />

^— \<br />

20<br />

Mesures faites lors <strong>de</strong><br />

~ " 1 ouvertur e <strong>de</strong> la pointe<br />

Mesures faites lors<strong>de</strong><br />

la mise en chargedupieu<br />

50 10 0 150 20 0 250 300 350 ¿00 500<br />

Cha rge en tonnes<br />

Pourcentage d'efforts pris par la pointe.<br />

Enfoncements <strong>de</strong> la pointe en fonction <strong>de</strong>s charges.<br />

Il n'y a pas <strong>de</strong><br />

poinçonnement.<br />

82


DE LA CENTRALE THERMIQUE<br />

ARRIGHI.<br />

83


A la base <strong>de</strong>s « marnes et caillasses » ou au toit du<br />

«calcaire grossier», dans un seul sondage et sur<br />

3 m d'épaisseur : bancs <strong>de</strong> tourbe entrelardés <strong>de</strong><br />

minces bancs <strong>de</strong> marnes et <strong>de</strong> calcaires (formation<br />

également rencontrée au pont <strong>de</strong> Courbevoie).<br />

— Vers la cote (— 3) : toit du « calcaire grossier »,<br />

reconnu jusqu'à la cote (— 15) : environ 70 % <strong>de</strong><br />

calcaire et 30 % <strong>de</strong> marnes, rares traces <strong>de</strong> gypse.<br />

Pieu d'essai<br />

Il paraissait être certain que <strong>de</strong>s pieux arrêtés sur<br />

le premier banc <strong>de</strong> calcaire rosé pourraient être<br />

chargés à 50 bars. L'essai a donc été conduit <strong>de</strong><br />

façon à déterminer la force portante <strong>de</strong> pieux<br />

arrêtés nettement plus haut.<br />

• Pieu foré en 106 cm <strong>de</strong> diamètre, jusqu'à 17,2 m<br />

<strong>de</strong> profon<strong>de</strong>ur, soit 2 ou 3 m au-<strong>de</strong>ssus du banc<br />

calcaire.<br />

• Pointe préfabriquée contenant un vérin plat <strong>de</strong><br />

98 cm <strong>de</strong> diamètre. Au-<strong>de</strong>ssus, armature <strong>de</strong>stinée<br />

seulement à tenir les instruments <strong>de</strong> mesure :<br />

— tube axial pour la mesure <strong>de</strong> l'ouverture du vérin<br />

<strong>de</strong> pointe et pour la mesure <strong>de</strong>s températures,<br />

— et six témoins sonores.<br />

• Béton moulé dans le sol jusqu'à 10 m sous la<br />

surface du sol, dans une chemise lubrifiée au-<strong>de</strong>ssus,<br />

<strong>de</strong> façon que le frottement latéral soit négligeable<br />

sur ces 10 m (remblais et alluvions enlevés avant la<br />

construction <strong>de</strong> la centrale).<br />

• Au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> la tête du pieu, 4 vérins <strong>de</strong> 250 t<br />

calés sur un chevêtre en béton ancré par <strong>de</strong>ux câbles<br />

scellés dans le calcaire grossier à 43 m <strong>de</strong> profon<strong>de</strong>ur.<br />

<strong>Le</strong> dispositif aurait permis <strong>de</strong> charger le pieu à<br />

I 000 t si les tassements avaient été assez faibles.<br />

En fait on n'a pas pu dépasser 463 t.<br />

II y a eu au total huit cycles chargementdéchargement,<br />

d'abord avec le vérin <strong>de</strong> pointe<br />

bloqué, ensuite en faisant varier <strong>de</strong> diverses façons<br />

la charge <strong>de</strong> pointe et le frottement latéral.<br />

Résultats obtenus<br />

L'analyse <strong>de</strong>s résultats a été présentée par M. Cambefort<br />

(Annales <strong>de</strong> l'I.T.B.T.P., Sols et Fondations<br />

n° 44, décembre 1964 : figures 3,8, 15, 17, 19 et<br />

22). Voici les résultats bruts :<br />

1° Frottement latéral dans les « alluvions anciennes<br />

» - propres (épaisseur : 3 m ; pression verticale<br />

moyenne : 1,5 bar) :<br />

— 0,14 bar par mm d'enfoncement jusqu'à 2 mm<br />

d'enfoncement,<br />

— 0,07 bar par mm d'enfoncement <strong>de</strong> 2 à 20 mm,<br />

— limite asymptotique : 2,05 bars (soit 210 tonnes)<br />

: résultat extrêmement médiocre probablement<br />

parce que le tassement est essentiellement<br />

dû à la compressibilité <strong>de</strong>s marnes sous-jacentes.<br />

2° Frottement latéral dans les marnes <strong>de</strong> 13 à<br />

17,2 m <strong>de</strong> profon<strong>de</strong>ur:<br />

— 0,21 bar par mm jusqu'à 2 mm,<br />

— 0,016 bar par mm supplémentaire jusqu'à<br />

20 mm,<br />

— limite asymptotique : 0,8 bar (soit 11 5 t).<br />

3° Résistance en pointe dans les marnes<br />

— 0,5 bar par mm jusqu'à 10 mm,<br />

— ensuite 0,2 bar par mm supplémentaire,<br />

— soit finalement 13,6 bars (140 t) pour les 54 mm<br />

atteints pour la charge maximale.<br />

S'il n'y avait pas eu <strong>de</strong> témoins sonores, on aurait<br />

pu seulement étudier l'enfoncement en tête en fonction<br />

<strong>de</strong> la charge sur graphique logarithmique :<br />

— au début jusqu'à 1 mm et 65 t, l'enfoncement<br />

croît à peu près comme la puissance 1,4 <strong>de</strong> la<br />

charge : exposant faible, dû à ce que le pieu est<br />

lubrifié sur les dix premiers mètres ;<br />

— ensuite, jusqu'à 28 mm et 380 t, exposant 1,9,<br />

déjà élevé (pour les cas les plus courants en<br />

France : terrains pas trop mauvais en surface,<br />

pieux flottants dans <strong>de</strong>s terrains dont la compression<br />

décroît fortement en profon<strong>de</strong>ur, on trouve<br />

généralement un exposant compris entre 1,6<br />

et 1,8) ;<br />

— enfin <strong>de</strong> 28 à 54 mm et <strong>de</strong> 385 à 463 t : exposant<br />

3,3 : la limite <strong>de</strong> poinçonnement proprement<br />

dite (enfoncement croissant sans limite<br />

sous charge constante) n'a pas été atteinte.<br />

Solution retenue<br />

Tous les autres pieux (42 à 106 cm <strong>de</strong> diamètre)<br />

ont été ancrés dans le premier banc <strong>de</strong> calcaire rosé<br />

et chargés à seulement 43 bars.<br />

La charge moyenne uniformément répartie est <strong>de</strong><br />

l'ordre <strong>de</strong> 2 à 3 bars ; il en est résulté une nette<br />

consolidation <strong>de</strong>s couches profon<strong>de</strong>s (base du <strong>Saint</strong>-<br />

<strong>Ouen</strong> et surtout Beauchamp, accessoirement marnes<br />

et caillasses) et un tassement général <strong>de</strong> 60 mm,<br />

sans aucune conséquence gênante pour l'exploitation.<br />

84


1<br />

NOUVELLE CENTRALE THERMIQUE DE<br />

VITRY (fig. 5)<br />

Coupe géologique du terrain<br />

• <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> érodé à la cote (+ 23) en moyenne ;<br />

base à la cote (+ 17) en moyenne : mêmes marnes<br />

avec bancs calcaires qu'à Arrighi.<br />

• Beauchamp : épais <strong>de</strong> 5 à plus <strong>de</strong> 7 m :<br />

— pour quatre sondages, en tête <strong>de</strong>s argiles<br />

sableuses molles verdâtres sur 3 à 5 m<br />

d'épaisseur, puis (dans trois sondages, le quatrième<br />

est trop court) du sable vert très<br />

compact,<br />

— au cinquième sondage : d'abord 4 m <strong>de</strong> sable<br />

vert compact avec quelques passages grésifiés,<br />

ensuite alternance <strong>de</strong> calcaire siliceux<br />

dur et d'argile verdâtre sur 2 m d'épaisseur.<br />

• Marnes et caillasses jusqu'à la cote (— 3), puis<br />

22 m <strong>de</strong> calcaire grossier (dont 5 m <strong>de</strong> sable...)<br />

et 7 m <strong>de</strong> sables du Soissonnais. Pas <strong>de</strong> traces <strong>de</strong><br />

gypse.<br />

Pieu d'essai <strong>de</strong> 108 cm <strong>de</strong> diamètre (fig. 6)<br />

Dispositif analogue à celui <strong>de</strong> la centrale Arrighi à<br />

quelques détails près :<br />

Fig. 5. -<br />

PIEUX D'ESSAI DE LA NOUVELLE CENTRALE THERMIQUE DE VITRY.


Charge en têteFfe en tonnes<br />

0 100 ' ' 200 300 400 500 600 700 800 900<br />

•S<br />

Enfoncements <strong>de</strong>s pieux en fonction <strong>de</strong>s charges.<br />

2 5- en tonnes par mètre 0 20 40 60 80 100 120 U0 160<br />

TTD i 1 r 1 1 1 1 1 r<br />

Contraintes en tête et frottement latéral<br />

<strong>de</strong>s quatre pieux, en fonction <strong>de</strong>s enfoncements.<br />

86


— perforation en 108 cm <strong>de</strong> diamètre avec une<br />

Benoto EDF 55 ; diamètre réel d'après la courbe<br />

<strong>de</strong> bétonnage : 1,15 à 1,25 m;<br />

— forage jusqu'à 20,4 m, soit 5,4 m sous le toit<br />

du Beauchamp ; tubage lubrifié <strong>de</strong> 0 à 6 m <strong>de</strong><br />

profon<strong>de</strong>ur ;<br />

— pas <strong>de</strong> vérins <strong>de</strong> mesure ; dix extensomètres.<br />

L'analyse <strong>de</strong>s résultats obtenus est présentée dans<br />

le texte <strong>de</strong> M. Cambefort déjà cité (fig. 1, 13, 14 et<br />

42 à 45). En bref (lois simplifiées) :<br />

— Pour 2 m d'alluvions anciennes et 1 m <strong>de</strong> blocs<br />

(bases <strong>de</strong>s alluvions ? toit du <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> ?) :<br />

• frottement latéral: 0,145 bar + 0,062 bar<br />

par mm d'enfoncement.<br />

— Pour 6 m <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> :<br />

• frottement latéral : 0,31 bar + 0,025 bar par<br />

mm d'enfoncement ;<br />

• ensuite nouvelle loi linéaire : 0,55 bar<br />

+ 0,025 bar par mm d'enfoncement (compté<br />

<strong>de</strong>puis l'origine <strong>de</strong>s enfoncements).<br />

— Beauchamp : frottement latéral dans 5 m <strong>de</strong><br />

Beauchamp (argileux) :<br />

• 0,6 bar + 0,0058 bar par mm d'enfoncement<br />

;<br />

• résistance en pointe dans le Beauchamp<br />

(paraissant ici encore argileux) : 2,84 bar<br />

+ 0,71 bar par mm d'enfoncement.<br />

L'essai a été stoppé à 22,6 mm d'enfoncement<br />

pour une charge <strong>de</strong> 810 t qui se décompose comme<br />

suit (compte tenu du diamètre réel du pieu aux<br />

différentes profon<strong>de</strong>urs . et <strong>de</strong>s enfoncements,<br />

décroissant avec la profon<strong>de</strong>ur du fait du raccourcissement<br />

du pieu) :<br />

• frottement latéral : respectivement 180 t, 250 t<br />

et 140 t pour 3 m d'alluvions et blocs, 6 m <strong>de</strong><br />

<strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> et 5 m <strong>de</strong> Beauchamp ;<br />

• pointe : 240 t.<br />

L'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la relation (enfoncement en tête du pieu ;<br />

charge) sur graphique logarithmique conduit aux<br />

résultats suivants :<br />

• jusqu'à 400 t, l'enfoncement croît en gros<br />

comme la puissance 1,6 <strong>de</strong> la charge ;<br />

• au-<strong>de</strong>là, exposant 2,7 - l'allure <strong>de</strong> cette courbe<br />

s'accor<strong>de</strong> avec les formules résumées indiquées<br />

Fig.<br />

6. — Centrale <strong>de</strong> Vitry. Pieu d'essai <strong>de</strong> 108 cm.<br />

87


ci-<strong>de</strong>ssus : résistance en pointe dans le Beauchamp<br />

très forte dès le début <strong>de</strong> l'enfoncement<br />

à ce niveau, accroissement <strong>de</strong> la résistance en<br />

fonction <strong>de</strong> l'enfoncement partout relativement<br />

faible.<br />

Pieux d'essais <strong>de</strong> 45 cm, 33 cm et 13 cm <strong>de</strong><br />

diamètre (fig. 7, 8)<br />

A 1,5 m du pieu <strong>de</strong> 108 cm et chargés par le<br />

même chevêtre. Pieux forés à l'eau lour<strong>de</strong>, avec<br />

chemises lubrifiées et témoins comme pour le pieu<br />

<strong>de</strong> 108 cm, à ceci près que le pieu <strong>de</strong> 13 cm n'a<br />

qu'un extensiomètre proche <strong>de</strong> la pointe.<br />

Charges maximales: 200 t, 110 t et 25 t (soit<br />

123 bars, 123 bars et 183 bars en tête).<br />

Fig. 7. — Centrale <strong>de</strong> Vitry. Essai du pieu 0 0,33 m.<br />

<strong>Le</strong>s résultats obtenus peuvent se résumer comme<br />

suit (lois simplifiées avec terme fixe et terme proportionnel<br />

à l'enfoncement ; exposants déduits <strong>de</strong>s<br />

graphiques : logarithme <strong>de</strong> la charge - logarithme<br />

<strong>de</strong> l'enfoncement).<br />

Pieux <strong>de</strong> diamètre 45 cm 33 cm 13 cm<br />

Frottement latéral :<br />

- Alluvions et blocs 0,37 bar + 0,12 bar/mm 0,30 bar+ 0,16 bar/mm -<br />

- <strong>Saint</strong>-Quen 0,42 bar + 0,21 bar/mm 0,19 bar+ 0,10 bar/mm -<br />

- Beauchamp 0,28 bar + 0,05 bar/mm 0,15 bar+ 0,11 bar/mm<br />

Résistance en pointe 0 bar + 4,2 bar/mm 0 bar + 3,9 bar/mm -<br />

Exposant 1,5 jusqu'à 150 t 1,3 jusqu'à 70 t 1,4<br />

puis 1,7 puis 1,5<br />

Dispositions adoptées<br />

Fig. 8. — Centrale <strong>de</strong> Vitry. Vue d'ensemble côté pieu 0 0,44 m.<br />

On remarque le chevêtre B.A. n° 1 (couleur gris-clair) et le chevêtre<br />

B.A. n° 2 (couleur blanche).<br />

Malgré l'excellente ténue <strong>de</strong>s pieux <strong>de</strong> petit diamètre<br />

(moins <strong>de</strong> 10 mm d'enfoncement pour 123<br />

et 184 bars), il a été décidé d'ancrer tous les<br />

pieux dans le Beauchamp, avec <strong>de</strong>s fiches sous la<br />

base du <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> allant <strong>de</strong> 3 m pour 42 cm <strong>de</strong><br />

diamètre à 5,5 m pour 150 cm <strong>de</strong> diamètre (fiches<br />

déterminées indépendamment du mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> perforation<br />

: avec tubage provisoire battu ou foncé par<br />

mouvement louvoyant, ou à l'eau lour<strong>de</strong> sans tubage<br />

provisoire).<br />

88


CONCLUSIONS<br />

Résumons d'abord sommairement les données<br />

géotechniques établies par Mécasol pour le <strong>Saint</strong>-<br />

<strong>Ouen</strong> : on peut y distinguer schématiquement <strong>de</strong>s<br />

marnes colloïdales, <strong>de</strong>s marnes <strong>de</strong>nses et <strong>de</strong>s<br />

bancs <strong>de</strong> calcaires :<br />

marnes<br />

colloïdales<br />

marnes<br />

<strong>de</strong>nses<br />

« Teneur en eau » 45 à 110% 28 à 44 %<br />

Proportion <strong>de</strong> calcaire 15 à 86 % 80 à 88 %<br />

Module oedométrique 38 à 220 bars un essai : 110 bars<br />

Cohésion 0,35 à 0,8 bar 0,8 bar minimum<br />

(cohésion à l'essai non consolidé rapi<strong>de</strong>, à angle<br />

<strong>de</strong> frottement interne nul).<br />

Résultats bruts pour le <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong><br />

En simplifiant les formules, on obtient les résistances<br />

suivantes :<br />

En pointe (Arrighi, 0 106 cm arrêté avant le calcaire)<br />

:<br />

3 bars + 0,2 bar par mm d'enfoncement.<br />

Au frottement<br />

latéral<br />

— Arrighi, pas <strong>de</strong> calcaire, 0 106 cm :<br />

0,4 bar + 0,016 bar par mm, jusqu'à une limite<br />

<strong>de</strong> 0,8 bar.<br />

— Nouvelle centrale, les six <strong>de</strong>rniers mètres du<br />

<strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>, y compris les bancs calcaires :<br />

0 108 cm : 0,5 bar + 0,025 bar par mm<br />

0 45 cm : 0,42 bar + 0,21 bar par mm<br />

0 33 cm : 0,19 bar + 0,10 bar par mm<br />

Pour ces trois pieux, limite non atteinte, alors que<br />

les contraintes au frottement latéral se sont élevées<br />

respectivement à 1 bar, 1 bar et 0,6 bar (enfoncement<br />

à mi-hauteur <strong>de</strong> la couche : 20 mm ; 3 mm et<br />

4 mm).<br />

Interprétation qualitative<br />

<strong>Le</strong>s pieux <strong>de</strong> 106 et 108 cm ont donné <strong>de</strong>s résultats<br />

très voisins, les pieux <strong>de</strong> 33 cm et surtout <strong>de</strong><br />

45 cm ont donné <strong>de</strong>s résultats bien meilleurs.<br />

Il y a l'hétérogénéité du terrain, et, <strong>de</strong> plus, <strong>de</strong>ux<br />

explications :<br />

1° <strong>Le</strong>s pieux <strong>de</strong> 45 cm et 33 cm ont été forés à<br />

l'eau lour<strong>de</strong>, procédé parfois aussi bon, généralement<br />

meilleur au point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> la force portante<br />

(et du bétonnage...) que la perforation avec tubage<br />

provisoire.<br />

Notons à ce sujet que nous avons fait à Montereau<br />

<strong>de</strong>ux pieux très voisins, <strong>de</strong> même diamètre, ancrés<br />

dans <strong>de</strong>s alluvions médiocres : un pieu foré à l'eau<br />

lour<strong>de</strong>, et un pieu foré avec tubage provisoire qui<br />

a tassé <strong>de</strong> 50% <strong>de</strong> plus à charge égale (R. Cha<strong>de</strong>isson,<br />

5 e congrès <strong>de</strong> Mécanique <strong>de</strong>s Sols, Paris<br />

1961, Volume 2, page 27).<br />

Autres essais avec <strong>de</strong>s conclusions dans le même<br />

sens en Italie et en Espagne.<br />

2° Mais surtout il y a une grosse influence du diamètre.<br />

En terrain élastique homogène à élasticité<br />

linéaire, <strong>de</strong>s pieux <strong>de</strong> même longueur tous chargés<br />

à 50 bars subiraient <strong>de</strong>s tassements presque proportionnels<br />

aux diamètres.<br />

En terrain hétérogène, soient par exemple <strong>de</strong>s pieux<br />

<strong>de</strong> même profon<strong>de</strong>ur arrêtés dans une couche plus<br />

compacte que les terrains <strong>de</strong> couverture, et que<br />

l'on charge <strong>de</strong> façon que les tassements en pointe<br />

soient les mêmes : pour les pieux <strong>de</strong> gros diamètre,<br />

ce terrain <strong>de</strong> couverture tassera surtout du fait du<br />

tassement général dû à l'action <strong>de</strong> la pointe et le<br />

raccourcissement du pieu au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> cette pointe<br />

ne provoquera qu'un cisaillement modéré <strong>de</strong>s couches<br />

<strong>de</strong> couverture ; au contraire au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> la<br />

pointe d'un pieu <strong>de</strong> petit diamètre, le terrain <strong>de</strong><br />

couverture ne sera guère entraîné par la pointe et<br />

s'opposera plus directement au raccourcissement<br />

du pieu.<br />

Pour les sols élastiques à élasticité non linéaire (cas<br />

le plus fréquent, voir les essais <strong>de</strong> plaque <strong>de</strong> chargement<br />

et les essais pressiométriques) cet effet du<br />

diamètre ne peut être que plus marqué encore.<br />

Répercussion <strong>de</strong>s tassements sur les ouvrages<br />

On s'intéresse surtout en général aux tassements<br />

différentiels qui peuvent se produire après l'achèvement<br />

du gros <strong>de</strong> la fondation.<br />

Ces tassements différentiels sont une fraction,<br />

importante en terrain hétérogène, <strong>de</strong>s tassements<br />

absolus. Et on a vu que ces tassements absolus,<br />

aux essais, variaient en gros comme la puissance<br />

89


1,7 <strong>de</strong> la charge. Ce sont donc les <strong>de</strong>rnières surcharges<br />

(vent, ponts roulants...) — et sans doute<br />

surtout les vibrations — qui sont responsables du<br />

gros <strong>de</strong>s tassements. Finalement, pour que les<br />

tassements différentiels soient négligeables, il faut :<br />

— ou que les tassements absolus soient très faibles;<br />

c'est très probablement ce qui s'est produit à la<br />

nouvelle centrale (pas <strong>de</strong> mesures connues),<br />

— ou que les fondations soient liées par un radier<br />

rigi<strong>de</strong> : c'est probablement ce qui s'est produit à<br />

Arrighi ; <strong>de</strong> plus le tassement <strong>de</strong> 6 cm pourrait<br />

y être dû pour une large part à la consolidation<br />

assez régulière <strong>de</strong> la base du <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> et du<br />

Beauchamp.<br />

Fondations futures<br />

Malgré le caractère confus et aléatoire <strong>de</strong>s conclusions<br />

ci-<strong>de</strong>ssus, il est probable qu'on n'hésiterait<br />

guère sur les caractéristiques <strong>de</strong>s fondations <strong>de</strong> nouveaux<br />

ouvrages dans la même région. Depuis les<br />

essais résumés ici, les prix <strong>de</strong>s fondations et les<br />

caractéristiques <strong>de</strong>s ouvrages ont en effet beaucoup<br />

évolué ; en particulier il y a presque toujours avantage<br />

à charger les pieux au maximum permis par<br />

la résistance du béton, même s'ils doivent être<br />

nettement plus longs que <strong>de</strong>s pieux moins chargés.<br />

Pour les centrales thermiques, il y a <strong>de</strong> plus en<br />

plus avantage à fon<strong>de</strong>r chaque appui sur un seul<br />

« pieu ». Même à Arrighi on n'hésiterait pas actuellement<br />

à ancrer tous les pieux <strong>de</strong> 42 à 150 cm<br />

dans le Beauchamp et à les charger à 50 bars<br />

(70 à 900 t). De 500 à 1 500 ou 3 000 t, on pourra<br />

envisager <strong>de</strong>s fondations sur « barrettes », sur<br />

«croix», et sur «H» (perforation à l'eau lour<strong>de</strong>)<br />

chargées à 50 bars ou un peu moins lorsque ce<br />

seront les contraintes limites admissibles en tête<br />

(flexion composée) qui déterminerorrt la surface <strong>de</strong>s<br />

appuis.<br />

C'est seulement pour <strong>de</strong>s appuis <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> 1 500 à<br />

3 000 t qu'on pourrait avoir à choisir entre :<br />

— <strong>de</strong>s fondations chargées à 50 bars et <strong>de</strong>scendues<br />

à la base <strong>de</strong>s marnes et caillasses,<br />

— ou <strong>de</strong>s fondations arrêtées dans le Beauchamp<br />

et chargées à un peu moins <strong>de</strong> 50 bars.<br />

— Seuls <strong>de</strong>s ouvrages légers (moins <strong>de</strong> 150 t par<br />

appui) et supportant <strong>de</strong>s tassements différentiels<br />

notables d'une part, <strong>de</strong>s radiers très épais s'accommodant<br />

<strong>de</strong> tassements absolus notables<br />

d'autres part, pourraient encore être fondés dans<br />

le <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> <strong>de</strong> Vitry — tel du moins qu'on l'a<br />

trouvé à Arrighi et à la nouvelle centrale thermique.<br />

90


Synthèse<br />

<strong>de</strong><br />

quelques chantiers<br />

dans Paris<br />

et<br />

sa banlieue<br />

M. VANDANGEON<br />

Ingénieur à la Société Simecsol<br />

Résumé à l'intention <strong>de</strong>s praticiens<br />

<strong>Le</strong> calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> est un niveau géologique<br />

assez complexe rencontré dans le soussol<br />

<strong>de</strong> la région parisienne. En partant <strong>de</strong><br />

l'expérience <strong>de</strong> plusieurs chantiers on a pu<br />

tirer :<br />

— <strong>de</strong>s conseils sur les moyens d'investigation<br />

à mettre en œuvre dans cette formation ;<br />

— quelques conclusions sur son utilisation<br />

comme terrain <strong>de</strong> fondation.<br />

Parmi les moyens d'investigation, il est conseillé<br />

<strong>de</strong> donner une part importante aux sondages<br />

et aux puits en vue <strong>de</strong> préciser la nature du<br />

terrain, la position <strong>de</strong> la nappe, la perméabilité<br />

et éventuellement <strong>de</strong> détecter les poches<br />

<strong>de</strong> gypse ou les vi<strong>de</strong>s <strong>de</strong> dissolution. Il est souvent<br />

difficile <strong>de</strong> tirer parti <strong>de</strong>s résultats d'essai<br />

sur échantillons intacts à cause <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong><br />

dispersion que présentent généralement les<br />

résultats. Il est nécessaire <strong>de</strong> leur adjoindre<br />

<strong>de</strong>s essais in situ : malgré leur portée limitée<br />

(refus sur les bancs calcaires) les pénétromètres<br />

et Standard Pénétration Test, donnent <strong>de</strong>s<br />

indications très utiles sur la nature et la résis-<br />

tance du terrain. De même, les essais au vérin<br />

à la plaque permettent <strong>de</strong> déterminer avec une<br />

bonne approximation la compressibilité du<br />

milieu. Enfin, les essais pressiométriques peuvent<br />

être utilisés dans certaines conditions.<br />

<strong>Le</strong> calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> est très souvent<br />

utilisé comme terrain <strong>de</strong> fondation bien que sa<br />

réputation à cet égard ne soit pas toujours<br />

excellente.<br />

En fondations superficielles <strong>de</strong>s précautions<br />

sont à prendre :<br />

— éviter d'être immédiatement au-<strong>de</strong>ssus d'un<br />

banc d'argile ;<br />

— éviter les poches <strong>de</strong> dissolution affectant la<br />

surface <strong>de</strong> la couche ;<br />

— en cas <strong>de</strong> terrassement sous la nappe,<br />

rabattre celle-ci pour ne pas détériorer le<br />

terrain d'assise.<br />

En fondations profon<strong>de</strong>s suivant les cas, on<br />

peut réaliser <strong>de</strong>s puits, <strong>de</strong>s pieux forés ou <strong>de</strong>s<br />

pieux battus. Pour les puits, la contrainte par


section <strong>de</strong> base est comprise en général entre<br />

10 et 20 bars, pour les pieux forés entre 40<br />

et 50 bars en délimitant avec soin le niveau<br />

d'arrêt <strong>de</strong>s pieux.<br />

Dans le cas où le calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> est<br />

gypseux <strong>de</strong>ux cas sont à considérer :<br />

— si le gypse est dissous, les charges sont à<br />

répartir sur les niveaux sous-jacents : sables<br />

<strong>de</strong> Beauchamp, calcaire du Lutétien ;<br />

— si le gypse n'est pas dissous, on peut fon<strong>de</strong>r<br />

l'ouvrage à condition <strong>de</strong> mettre en place<br />

un dispositif permettant <strong>de</strong> suivre l'évolution<br />

du gypse.<br />

En conclusion, moyennant certaines précautions<br />

et une reconnaissance <strong>de</strong> terrain très<br />

soignée, le calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> est généralement<br />

une fondation <strong>de</strong> bonne qualité.<br />

M.V.<br />

Introduction<br />

<strong>Le</strong> niveau géologique du calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>,<br />

auquel le mécanicien du sol adjoint généralement<br />

les horizons <strong>de</strong> Mortefontaine et <strong>de</strong> Ducy, présente<br />

une gran<strong>de</strong> variété d'aspects, à Paris et dans la<br />

région parisienne.<br />

Il est constitué <strong>de</strong> bancs marneux, calcaires et argileux<br />

alternants, formant un ensemble anisotrope, à<br />

prédominance le plus souvent marneuse, parfois<br />

calcaire. De plus, dans l'est <strong>de</strong> Paris, on rencontre<br />

<strong>de</strong>s lentilles <strong>de</strong> gypse dans cette formation.<br />

Nous nous proposons d'exposer les moyens d'investigation<br />

que nous mettons en œuvre dans cette formation<br />

et les conclusions que nous en avons tirées à<br />

la suite <strong>de</strong> différentes étu<strong>de</strong>s.<br />

PROCÉDÉS D'INVESTIGATION<br />

Sondages carottés - Puits<br />

Il est important <strong>de</strong> définir en premier lieu avec exactitu<strong>de</strong><br />

la nature <strong>de</strong>s terrains et, s'ils sont baignés par<br />

une nappe phréatique, leur perméabilité.<br />

A cet effet, l'exécution <strong>de</strong> puits <strong>de</strong> reconnaissance ou<br />

<strong>de</strong> sondages carottés est indispensable. <strong>Le</strong> puits<br />

donnera <strong>de</strong>s renseignements plus précis et plus pratiques<br />

que le sondage ; son exécution est toutefois<br />

plus onéreuse et elle peut poser <strong>de</strong>s problèmes sous<br />

la nappe phréatique, le calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> étant<br />

généralement très fissuré, donc très perméable.<br />

<strong>Le</strong>s sondages et les puits seront irremplaçables,<br />

notamment pour détecter les poches <strong>de</strong> gypse et les<br />

vi<strong>de</strong>s <strong>de</strong> dissolution dans le calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>.<br />

Essais en laboratoire<br />

Il est intéressant <strong>de</strong> prélever <strong>de</strong>s échantillons intacts<br />

dans les puits ou les sondages pour les étudier en<br />

laboratoire. Malheureusement, les essais en laboratoire<br />

ne peuvent prétendre donner une idée complète<br />

du calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> en raison <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> dispersion<br />

<strong>de</strong>s résultats. Il n'est pas rare, en effet, <strong>de</strong><br />

rencontrer, dans un même puits ou un même sondage,<br />

un échantillon <strong>de</strong> calcaire présentant une <strong>de</strong>nsité<br />

sèche supérieure à 2,5 g/cm 3 et une résistance<br />

à la compression simple supérieure à 300 bars, et un<br />

échantillon <strong>de</strong> marne argileuse ayant une <strong>de</strong>nsité<br />

sèche inférieure à 1 g/cm 3 et une résistance à la<br />

compression simple inférieure à 1 bar. Il est difficile,<br />

à partir <strong>de</strong> telles données, <strong>de</strong> conclure aux caractéristiques<br />

mécaniques à attribuer à l'ensemble <strong>de</strong> la<br />

formation.<br />

Essais in situ<br />

C'est pourquoi, dans la plupart <strong>de</strong> nos étu<strong>de</strong>s, nous<br />

avons jugé utile <strong>de</strong> compléter les sondages, puits et<br />

essais en laboratoire par <strong>de</strong>s essais in situ :<br />

— pénétromètres, dynamiques ou statiques,<br />

— Standard Pénétration Test,<br />

— essais au vérin à la plaque.<br />

<strong>Le</strong>s pénétromètres donnent <strong>de</strong>s indications « en<br />

continu » moins contrastées que les essais en laboratoire<br />

et permettent <strong>de</strong> donner <strong>de</strong>s conclusions en<br />

ce qui concerne la « portance » <strong>de</strong>s terrains. Ils<br />

détectent avec précision les couches argileuses les<br />

plus compressibles, sur lesquelles il convient <strong>de</strong> ne<br />

pas disposer directement les fondations.<br />

<strong>Le</strong>s sondages Standard Pénétration Test donnent <strong>de</strong>s<br />

indications moins précises, mais tout aussi utilisables<br />

lorsque la formation est suffisamment homo-<br />

92


gène. Pour <strong>de</strong>s reconnaissances rapi<strong>de</strong>s, ils présentent<br />

l'avantage <strong>de</strong> renseigner, <strong>de</strong> manière simple<br />

et facilement interprétable, à la fois sur la nature<br />

et la résistance du terrain. Malheureusement, pénétromètres<br />

et Standard Pénétration Test obtiennent<br />

leur refus sur les bancs calcaires et leur portée en<br />

est d'autant limitée.<br />

<strong>Le</strong>s essais au vérin à la plaque, mis en œuvre le plus<br />

souvent dans <strong>de</strong>s puits ou <strong>de</strong>s galeries souterraines,<br />

permettent, par contre, d'étudier le terrain à une<br />

échelle plus gran<strong>de</strong>, se rapprochant <strong>de</strong> celle <strong>de</strong> la<br />

fondation. En « intégrant » plusieurs bancs, ils permettent<br />

<strong>de</strong> déterminer avec une très bonne approximation<br />

la compressibilité du milieu. Ils présentent<br />

toutefois plusieurs inconvénients : ils sont assez<br />

onéreux, longs et délicats à mettre en œuvre ; <strong>de</strong><br />

plus, il s'agit d'essais <strong>de</strong> mécaniques <strong>de</strong>s roches<br />

qu'il convient d'adapter aux marnes en prenant un<br />

certain nombre <strong>de</strong> précautions. En particulier, il<br />

convient d'éviter le fluage latéral en prenant soin<br />

<strong>de</strong> disposer la plaque au fond d'une cavité cylindrique<br />

<strong>de</strong> même diamètre et <strong>de</strong> mesurer les tassements<br />

au sein même du terrait?, et non pas sur la paroi, en<br />

raison <strong>de</strong> la décompression du terrain en surface,<br />

causée par le terrassement.<br />

Parfois, enfin, nous réalisons <strong>de</strong>s essais pressiométriques<br />

dans le calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>, lorsque sa<br />

nature a été soigneusement définie au préalable et<br />

dans la mesure où cette formation est assez homogène.<br />

En définitive, il n'existe pas d'essai s'adaptant en<br />

toutes circonstances au calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>. Il<br />

convient, dans tous les cas, <strong>de</strong> recueillir sur ce<br />

niveau le maximum <strong>de</strong> renseignements, en fonction<br />

<strong>de</strong> l'importance <strong>de</strong> la reconnaissance à effectuer,<br />

donc, <strong>de</strong> mettre en œuvre plusieurs techniques <strong>de</strong><br />

sondages et d'essais pour cerner au mieux le<br />

problème.<br />

UTILISATION DU CALCAIRE DE<br />

SAINT-OUEN COMME TERRAIN<br />

DE FONDATION<br />

<strong>Le</strong> calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> n'a pas toujours une<br />

excellente réputation comme terrain <strong>de</strong> fondation.<br />

On s'en méfie parce qu'il peut être gypsifère et<br />

parce que c'est, en fait, très rarement un véritable<br />

calcaire.<br />

Toutefois, il est exceptionnel <strong>de</strong> ne pas utiliser le<br />

calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> pour y disposer les fondations<br />

<strong>de</strong>s ouvrages lorsque ce niveau n'est surmonté par<br />

aucune autre couche portante. Ce n'est que lorsque<br />

le calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> contient <strong>de</strong>s vi<strong>de</strong>s que<br />

l'on ancre les fondations dans les niveaux situés<br />

immédiatement <strong>de</strong>ssous : les sables <strong>de</strong> Beauchamp<br />

ou les marnes calcaires du Lutétien.<br />

<strong>Le</strong> calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> est donc considéré par le<br />

mécanicien du sol comme une couche portante intéressante<br />

et nous étudierons ce niveau en tant<br />

qu'assise <strong>de</strong> fondations superficielles et profon<strong>de</strong>s.<br />

Fondations superficielles<br />

Lorsque le calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> est rencontré au<br />

niveau bas <strong>de</strong> l'ouvrage à fon<strong>de</strong>r, on y dispose directement<br />

les semelles <strong>de</strong> fondations.<br />

On prend la précaution <strong>de</strong> conserver une épaisseur<br />

suffisante <strong>de</strong> marne ou <strong>de</strong> calcaire au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong>s<br />

bancs d'argile, afin <strong>de</strong> limiter l'importance <strong>de</strong>s<br />

tassements.<br />

<strong>Le</strong>s taux <strong>de</strong> travail adoptés varient essentiellement<br />

avec l'ancrage dans la formation et avec la nature<br />

du matériau. En général, on se tient à <strong>de</strong>s contraintes<br />

<strong>de</strong> l'ordre <strong>de</strong> 3 à 5 bars lorsque le « <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> »<br />

est marneux, parfois on réduit ces valeurs, lorsqu'il<br />

est plus argileux, à 2 bars environ, on l'augmente<br />

au contraire s'il est calcaire (jusqu'à 10 bars).<br />

Lorsqu'on a à réaliser <strong>de</strong>s fondations dans le calcaire<br />

<strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> sous le niveau <strong>de</strong> la nappe phréatique,<br />

il faut prendre certaines précautions : en effet,<br />

lorsqu'elle est constituée <strong>de</strong> marnes fracturées, cette<br />

formation se présente, à l'ouverture d'une fouille<br />

sous l'eau, comme une boue blanche, ce qui ne<br />

manque pas d'alarmer le terrassier et le maçon. Il<br />

convient alors d'effectuer les terrassements en rabattant<br />

la nappe, ce qui revient à pomper l'eau dans<br />

<strong>de</strong>s puisards. On peut ainsi <strong>de</strong>scendre les fouilles<br />

à sec dans <strong>de</strong> bonnes conditions, sans détériorer le<br />

terrain d'assise.<br />

La perméabilité du calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> est assez<br />

particulière : dans les bancs calcaires, existent <strong>de</strong><br />

larges fissures ouvertes par lesquelles peuvent se<br />

produire d'importantes venues d'eau. Des venues<br />

d'eau se produisent également par les surfaces <strong>de</strong><br />

séparation entre les bancs. Dans les bancs marneux,<br />

existe par contre un réseau <strong>de</strong> fissures très petites,<br />

pratiquement microscopiques, donnant l'impression<br />

que la marne est perméable «en petit». Ce point est<br />

très important car si l'on n'y prend pas gar<strong>de</strong>, le<br />

matériau marneux se dégra<strong>de</strong> rapi<strong>de</strong>ment dans <strong>de</strong>s<br />

fouilles verticales sous l'eau.<br />

Parfois, le calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> est fortement<br />

altéré en surface ; il comporte alors <strong>de</strong>s poches <strong>de</strong><br />

93


limons ou <strong>de</strong> sables limoneux remplissant les vi<strong>de</strong>s<br />

créés par les circulations d'eau. Il faut éviter <strong>de</strong><br />

disposer <strong>de</strong>s points d'appui isolés au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> telles<br />

poches, ce qui impose, soit <strong>de</strong> <strong>de</strong>scendre les semelles,<br />

soit <strong>de</strong> donner une meilleure rigidité à l'ensemble<br />

<strong>de</strong> la fondation.<br />

Fondations profon<strong>de</strong>s<br />

<strong>Le</strong> calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> est souvent surmonté par<br />

<strong>de</strong>s terrains <strong>de</strong> qualité médiocre ne pouvant supporter<br />

les charges <strong>de</strong>s ouvrages : alluvions mo<strong>de</strong>rnes<br />

argilo-limoneuses ou marnes infragypseuses argileuses<br />

ou altérées, ou encore masses et marnes du<br />

gypse comportant <strong>de</strong>s vi<strong>de</strong>s. Il est alors nécessaire<br />

<strong>de</strong> rechercher comme niveau d'assise le calcaire <strong>de</strong><br />

<strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>, dans la mesure où ce <strong>de</strong>rnier ne<br />

comporte pas lui-même <strong>de</strong> vi<strong>de</strong>s ou <strong>de</strong> lentilles<br />

gypseuses.<br />

On réalise alors, soit <strong>de</strong>s puits, soit <strong>de</strong>s pieux forés,<br />

soit <strong>de</strong>s pieux battus.<br />

<strong>Le</strong>s puits sont ancrés <strong>de</strong> 1 à 3 diamètres dans la<br />

formation ; la contrainte par section <strong>de</strong> base <strong>de</strong>s<br />

puits est comprise en général entre 10 et 20 bars,<br />

les précautions relatives à l'exécution <strong>de</strong>s fondations<br />

<strong>de</strong> surface sont à prendre.<br />

<strong>Le</strong>s pieux forés sont en général <strong>de</strong>scendus jusqu'au<br />

milieu du calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>, la contrainte par<br />

section <strong>de</strong> base <strong>de</strong>s pieux étant <strong>de</strong> 40 à 50 bars.<br />

Souvent, la base du calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> (horizons<br />

<strong>de</strong> Mortefontaine et <strong>de</strong> Ducy) est beaucoup plus<br />

calcaire que le sommet et on <strong>de</strong>scend systématiquement<br />

les pieux jusqu'à cette base. C'est notamment<br />

le cas dans la région nord <strong>de</strong> Paris. <strong>Le</strong> niveau d'arrêt<br />

<strong>de</strong>s pieux forés doit être soigneusement délimité et<br />

on doit éviter en particulier d'arrêter les pieux sur<br />

un banc argileux.<br />

<strong>Le</strong>s pieux battus obtiennent généralement leur refus<br />

au sommet du calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> avec un<br />

ancrage variant généralement <strong>de</strong> 1 à 3 diamètres,<br />

fonction du frottement <strong>de</strong>s terrains le long <strong>de</strong>s<br />

pieux et <strong>de</strong> la résistance du calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>.<br />

Quel que soit le type <strong>de</strong> fondations adopté, il est<br />

nécessaire <strong>de</strong> s'assurer <strong>de</strong> la non existence <strong>de</strong> vi<strong>de</strong>s<br />

dans les terrains sous-jacents : sables <strong>de</strong> Beauchamp<br />

et marnes et caillasses. Particulièrement, les fondations<br />

ponctuelles telles que pieux ou puits sont<br />

déconseillées au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> vi<strong>de</strong>s et on <strong>de</strong>vra leur<br />

préférer soit <strong>de</strong>s pieux profonds <strong>de</strong>scendus au calcaire<br />

grossier, soit <strong>de</strong>s fondations superficielles assez<br />

rigi<strong>de</strong>s pour enjamber un fontis venant au jour, les<br />

vi<strong>de</strong>s connus étant injectés.<br />

Cas du <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> gypseux<br />

<strong>Le</strong> faciès gypseux du calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> pose<br />

<strong>de</strong>s problèmes particuliers :<br />

— soit le gypse a été dissous, auquel cas <strong>de</strong>s vi<strong>de</strong>s<br />

se sont formés. On a alors la possibilité d'utiliser<br />

malgré tout le «<strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>» comme terrain <strong>de</strong><br />

fondation, mais il est nécessaire <strong>de</strong> reconnaître<br />

et <strong>de</strong> combler tous les vi<strong>de</strong>s. Il est préférable, le<br />

plus souvent, <strong>de</strong> reporter les charges <strong>de</strong>s ouvrages<br />

sur les sables <strong>de</strong> Beauchamp ou les niveaux du<br />

Lutétien,<br />

— soit le gypse n'a pas été dissous. Il est alors possible<br />

<strong>de</strong> fon<strong>de</strong>r l'ouvrage sur le calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<br />

<strong>Ouen</strong>, mais il faudra suivre l'évolution <strong>de</strong> l'état<br />

du gypse. On aura intérêt, dans le cas où le gypse<br />

paraît très friable ou en voie <strong>de</strong> dissolution, à<br />

laisser <strong>de</strong>s forages d'injection en attente et à<br />

placer un dispositif d'alerte (témoins <strong>de</strong> tassements<br />

- par exemple) permettant d'injecter les<br />

vi<strong>de</strong>s formés.<br />

CONCLUSIONS<br />

En conclusion, le calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> pose souvent<br />

<strong>de</strong>s problèmes <strong>de</strong> fondation difficiles et intéressants.<br />

Il nécessite, plus que tout autre terrain, une<br />

reconnaissance détaillée et poussée, surtout dans<br />

l'est <strong>de</strong> Paris où il peut être gypseux et comporter<br />

<strong>de</strong>s vi<strong>de</strong>s, ainsi du reste que les terrains sousjacents.<br />

Généralement, il s'agit d'un terrain <strong>de</strong> fondation <strong>de</strong><br />

bonne qualité, moyennant certaines précautions<br />

d'exécution <strong>de</strong>s fondations. Nous n'avons rencontré<br />

que peu <strong>de</strong> cas où il s'est avéré nécessaire <strong>de</strong> ne pas<br />

arrêter les fondations dans le calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong><br />

et <strong>de</strong> le traverser pour rechercher une assise <strong>de</strong><br />

meilleure qualité.<br />

94


discussion<br />

ayant suivi les exposés <strong>de</strong> MM. SEVESTRE - CHASSANDE - CAZENOVE et VANDANGEON<br />

Il semble ressortir <strong>de</strong>s exposés présentés que les principales difficultés concernent :<br />

- la reconnaissance du sol,<br />

- le choix <strong>de</strong>s caractéristiques à attribuer au sol,<br />

- la présence du gypse et <strong>de</strong> cavités.<br />

M. Champetier <strong>de</strong> Ribes, à la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> plusieurs participants, décrit les<br />

métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> reconnaissance par diagraphie et, plus spécialement, l'enregistrement<br />

<strong>de</strong> la radioactivité naturelle qui permet <strong>de</strong> repérer assez nettement <strong>de</strong>s niveaux<br />

bien contrastés dans le <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> et <strong>de</strong> faciliter ainsi les corrélations. Cette<br />

métho<strong>de</strong> a, en outre, sur l'examen <strong>de</strong>s carottes (nous avons vu qu'il y avait<br />

souvent 50% <strong>de</strong> déchet), l'avantage <strong>de</strong> s'appliquer au sol en place.<br />

On peut aussi examiner le sol en place et effectuer <strong>de</strong>s prélèvements dans <strong>de</strong>s<br />

trous ou <strong>de</strong>s puits (par exemple, une pelle Poclain permet d'atteindre 7,5 m <strong>de</strong><br />

profon<strong>de</strong>ur pour une section <strong>de</strong> 2 m x 2 m).<br />

M. Arnould rappelle que les prélèvements sont d'autant plus coûteux que les<br />

forages exécutés sont <strong>de</strong> grand diamètre et M. Cha<strong>de</strong>isson signale que Solétanche<br />

s'en tient au maximum à <strong>de</strong>s diamètres <strong>de</strong> 300 mm.<br />

M. Tcheng considère que, pour l'interpolation, le pénétromètre dynamique est<br />

souvent très largement suffisant, ce qui permet <strong>de</strong> réduire le nombre <strong>de</strong>s forages.<br />

Toute reconnaissance faite, il semble cependant que, pour les fondations profon<strong>de</strong>s<br />

importantes, il soit difficile <strong>de</strong> se dispenser d'essais <strong>de</strong> pieux. En effet,<br />

le frottement latéral dans le <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> joue certainement un très grand rôle qui<br />

ne peut être confirmé qu'à l'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> tels essais sur <strong>de</strong>s pieux munis d'instruments<br />

<strong>de</strong> mesure à divers niveaux.<br />

L'autre problème très important qui préoccupe l'ensemble <strong>de</strong>s participants est la<br />

présence du gypse..., ou plutôt son absence par suite <strong>de</strong> dissolution. A ce sujet,<br />

M. Chassan<strong>de</strong> précise qu'au parc <strong>de</strong> Bagnolet, les précautions prises ont consisté,<br />

pour les charges concentrées, à construire, dimensionner et armer <strong>de</strong>s semelles<br />

pouvant enjamber <strong>de</strong>s vi<strong>de</strong>s <strong>de</strong> 10 m <strong>de</strong> diamètre se produisant en un endroit<br />

quelconque sous l'ouvrage, les matériaux travaillant alors à leur limite élastique.<br />

M. Feugueur signale que le B.R.G.M. a relevé à Aubervilliers un vi<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

I 500 m 3<br />

prenant naissance dans les marnes et caillasses et apparaissant en<br />

surface, que les fondations du viaduc du périphérique sur les voies S.N.C.F. à<br />

la porte <strong>de</strong> la Chapelle sont également prévues pour enjamber <strong>de</strong>s vi<strong>de</strong>s tronconiques<br />

ayant 15 m à la base et 10 m au sommet, 10 m plus haut.<br />

II semble que l'ordre <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> ces dimensions correspon<strong>de</strong> bien à la<br />

plupart <strong>de</strong>s grands fontis examinés <strong>de</strong>puis 1850, ainsi qu'à la dissolution <strong>de</strong><br />

l'ensemble <strong>de</strong>s couches du gypse au droit d'une même verticale.<br />

Concernant toujours le gypse, la présence d'anhydrite et sa transformation en<br />

gypse sont abordées. M. Arnould ne croit pas qu'il y ait eu dans le bassin<br />

parisien d'anhydrite ayant donné naissance à du gypse, car une pression <strong>de</strong><br />

100 bars environ est nécessaire pour obtenir cette transformation ; toutefois,


M. Florentin signale que quelques bars en contrepression permettent sur échantillon<br />

une telle transformation, le tout est donc <strong>de</strong> rechercher le processus<br />

naturel <strong>de</strong> la formation du gypse.<br />

En <strong>de</strong>rnier lieu, M. Florentin s'étonne <strong>de</strong> ce que certains laboratoires, pour<br />

rechercher les limites d'Atterberg, commencent par diluer le matériau dans l'eau,<br />

le laissent décanter et opèrent sur la portion fine <strong>de</strong>s éléments décantés (530 g<br />

d'eau pour 70 g <strong>de</strong> matière sèche) ; il estime que l'on enlève ainsi la plupart <strong>de</strong>s<br />

ions qui se trouvaient dans la phase liqui<strong>de</strong>.<br />

96


1<br />

Visites<br />

Visite <strong>de</strong> la coupe <strong>de</strong> La Frette<br />

G. CHAMPETIER DE RIBES<br />

<strong>Le</strong> coteau <strong>de</strong> La Frette domine la rive droite d'un méandre<br />

<strong>de</strong> la Seine au nord-est <strong>de</strong> Paris à proximité <strong>de</strong> Cormeillesen-Parisis.<br />

C'est un <strong>de</strong>s rares endroits <strong>de</strong> la région parisienne<br />

où peuvent s'observer le calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> et les<br />

niveaux qui l'encadrent dans une coupe pratiquement<br />

continue avec une bonne vision <strong>de</strong> l'horizon du <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong><br />

lui-même.<br />

Nous avons pris la route qui part <strong>de</strong> la Seine et monte en<br />

direction <strong>de</strong> la gare <strong>de</strong> La Frette. Au départ, la route<br />

entame un talus formé <strong>de</strong> marnes et <strong>de</strong> calcaires lacustres<br />

coupés <strong>de</strong> fines intercalations gypseuses (fig. 1) ; c'est le<br />

sommet <strong>de</strong>s marnes et caillasses du Lutétien supérieur. Puis<br />

apparaissent quelques indices <strong>de</strong> sables visibles à travers les<br />

grillages <strong>de</strong>s jardins avec <strong>de</strong>s bancs .gréseux dont on peut<br />

noter 2 ou 3 affleurements ou blocs sur le bord <strong>de</strong> la route.<br />

Ce sont les sables dits « <strong>de</strong> Beauchamp » localité située à<br />

quelques kilomètres plus au nord ; à cet endroit ils ne sont<br />

pas fossilifères. On les suit sur 150 m environ et, un peu<br />

avant le tournant <strong>de</strong> la route, apparaît l'affleurement principal<br />

constitué par une falaise rocheuse d'une douzaine <strong>de</strong><br />

mètres <strong>de</strong> hauteur où se distinguent <strong>de</strong> bas en haut (fig. 2) :<br />

— La partie supérieure <strong>de</strong>s sables <strong>de</strong> Beauchamp formée <strong>de</strong><br />

sables jaunâtres à tendance gréseuse.<br />

— Un niveau plus dur <strong>de</strong> 30 cm sortant légèrement en relief<br />

et contenant <strong>de</strong>s cérithes caractéristiques <strong>de</strong> la zone dite<br />

d'Ézanville, localité au nord <strong>de</strong> Paris.<br />

— Des calcaires marneux sur environ 2 m avec alternance<br />

<strong>de</strong> bancs compacts et <strong>de</strong> bancs plus tendres qui correspon<strong>de</strong>nt<br />

au calcaire <strong>de</strong> Ducy.<br />

V „ _<br />

Fig. 1. — Coteau <strong>de</strong> La Frette: le talus bordant la route est formé <strong>de</strong><br />

calcaire et marnes lacustres du Lutétien supérieur entrecoupés <strong>de</strong> fines<br />

intercalations gypseuses. Ceci représente la base <strong>de</strong> la Coupe <strong>de</strong> La Frette.<br />

97


— L'horizon <strong>de</strong> Mortefontaine d'épaisseur très réduite<br />

(15 cm) mais facilement reconnaissable ; c'est un grès pétri<br />

<strong>de</strong> coquilles d'avicula fragili, fossile repère du niveau <strong>de</strong><br />

Mortefontaine, très intéressant par son extension dans le<br />

bassin parisien.<br />

— <strong>Le</strong> calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> proprement dit dont l'épaisseur<br />

visible ici est d'environ 8 m : alternance <strong>de</strong> marnes<br />

blanchâtres et <strong>de</strong> calcaires marneux dans la partie inférieure,<br />

la tendance marneuse s'accentuant vers le sommet<br />

avec <strong>de</strong>s intercalations d'argile sépiolitiques qui donnent<br />

une teinte verdâtre aux couches supérieures.<br />

Dans le tournant <strong>de</strong> la route (fig. 3) n'affleure plus que le<br />

calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> avec, à la base, le niveau <strong>de</strong><br />

Mortefontaine à avicula. La route continue à monter et<br />

après une interruption d'affleurement on observe, dans un<br />

talus à droite, <strong>de</strong>s sables jaunes verdâtres avec quelques<br />

débris <strong>de</strong> coquilles. Ce sont les sables <strong>de</strong> Monceau dont<br />

le caractère marin ici se relie bien au faciès sables <strong>de</strong><br />

Marines qu'on trouve plus à l'ouest.<br />

L'attention <strong>de</strong>s participants à cette visite a été attirés sur<br />

les points suivants :<br />

— Intérêt <strong>de</strong> voir en superposition tous les horizons alternativement<br />

marins et lacustres du Bartonien dans la partie<br />

centrale du. bassin <strong>de</strong> Paris.<br />

— Importance <strong>de</strong> certains niveaux comme celui <strong>de</strong> Mortefontaine<br />

pour préciser la stratigraphie à l'intérieur d'une<br />

98


1<br />

coupe traversant le calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> et, en conséquence,<br />

la minutie d'observation dont doit faire preuve le<br />

géologue qui étudie ces terrains.<br />

— <strong>Le</strong> manque <strong>de</strong> fraîcheur <strong>de</strong> la coupe qui uniformise les<br />

différents niveaux à l'intérieur du <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> proprement<br />

dit. En attaquant les différents bancs avec un marteau on<br />

se rend compte <strong>de</strong>s variations <strong>de</strong> nature <strong>de</strong> roches et en<br />

particulier <strong>de</strong>s passées argileuses parfois très fines.<br />

— La nature assez complexe du contact Montefontaine-<br />

<strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> avec <strong>de</strong>s enchevêtrements <strong>de</strong> cristaux <strong>de</strong><br />

gypse (fig. 4).<br />

— A La Frette, le calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>, sous l'angle <strong>de</strong><br />

la géologie <strong>de</strong> l'ingénieur, se présente sous un bon aspect :<br />

peu d'irrégularités, pas <strong>de</strong> niveaux argileux épais, pas d'anomalies<br />

gypseuses importantes, pas <strong>de</strong> circulations d'eau.<br />

Fig. 3. — Coupe <strong>de</strong> La Frette : vue<br />

d'ensemble <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux affleurements<br />

du calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>. A droite<br />

<strong>de</strong> la photo, les couches inférieures<br />

représentent le calcaire <strong>de</strong> Ducy et<br />

l'horizon d'Ézanville.<br />

Fig. 4. — Coupe <strong>de</strong> La Frette : Base<br />

du calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>. Son contact<br />

avec le niveau gréseux dur <strong>de</strong> Mortefontaine<br />

est perturbé par le développement<br />

<strong>de</strong> lentilles gypseuses.<br />

99


Collecteur <strong>de</strong> Vincennes - 5 e lot. Fonçage du puits 28.<br />

Visite <strong>de</strong>s terrassements<br />

du collecteur d'eaux pluviales <strong>de</strong> V<br />

B. CARON<br />

100


Collecteur <strong>de</strong> Vincennes - 5 e lot, du puits 24 vers le puits 23.<br />

Noter, en noir, les « coups <strong>de</strong> sabre » d'argile-ciment.<br />

Après avoir vu la coupe <strong>de</strong> La Frette, les participants à<br />

l'excursion ont visité un lot <strong>de</strong> terrassement du collecteur<br />

<strong>de</strong> Vincennes. <strong>Le</strong>s visiteurs ont observé <strong>de</strong>ux fronts <strong>de</strong><br />

taille, distants <strong>de</strong> 110 m.<br />

• Front <strong>de</strong> taille du puits 23 (21 e travée amont), situé<br />

entre — 11 et — 15 m. Sous le cours <strong>de</strong>s Maréchaux :<br />

observation sur 4 m <strong>de</strong> la base du calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<br />

<strong>Ouen</strong>, constituée par une alternance <strong>de</strong> bancs marneux<br />

et calcaires, <strong>de</strong> lits d'argile et <strong>de</strong> calcite granuleuse. On<br />

y voit aussi les niveaux <strong>de</strong> Mortefontaine sableux et <strong>de</strong><br />

Ducy marneux.<br />

• Front <strong>de</strong> taille au puits 24 (2 travées d'amorce amont<br />

et aval), situé entre — 11 et — 15 m, face à l'entrée du<br />

fort <strong>de</strong> Vincennes : observation sur 4 m <strong>de</strong> la partie<br />

médiane <strong>de</strong> la couche, essentiellement marneuse et du<br />

contact <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>/Mortefontaine. On note la présence<br />

<strong>de</strong> « coups <strong>de</strong> sabre » d'argile-ciment, résultant <strong>de</strong> l'injection<br />

<strong>de</strong>s alluvions tangentes à l'extrados <strong>de</strong> la galerie.<br />

<strong>Le</strong>s commentaires et discussions <strong>de</strong>s visiteurs ont porté sur :<br />

— L'intérêt <strong>de</strong> pouvoir observer le terrain, en place et non<br />

altéré. <strong>Le</strong>s géologues soulignent, en effet, la possibilité <strong>de</strong><br />

faire <strong>de</strong>s observations <strong>de</strong> qualité dans ce genre <strong>de</strong> terrassements<br />

et, d'une manière plus générale, dans les puits <strong>de</strong><br />

reconnaissance. <strong>Le</strong>s terrains s'y présentent sans altération<br />

et dans leur état réel, contrairement aux affleurements où <strong>de</strong>s<br />

phénomènes secondaires les défigurent (éboulements, lessivage,<br />

etc.). <strong>Le</strong>s mécaniciens <strong>de</strong>s sols notent la possibilité<br />

<strong>de</strong> réaliser <strong>de</strong>s prélèvements intacts bien représentatifs,<br />

tant au point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> l'échantillon que <strong>de</strong><br />

son choix dans un contexte bien visible.<br />

— La continuité latérale <strong>de</strong> la plupart <strong>de</strong>s niveaux lithologiques.<br />

L'organisation <strong>de</strong> la couche, au moins à l'échelle<br />

locale, ressort en effet <strong>de</strong> l'observation du terrain. On<br />

remarque cependant les discontinuités verticales, souvent<br />

brutales, particulièrement dans le voisinage du puits 23.<br />

— <strong>Le</strong> fait que le <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> apparaît bien meilleur qu'au<br />

vu <strong>de</strong>s carottes et l'intérêt <strong>de</strong> comparer, dans la mesure du<br />

possible, les données <strong>de</strong>s sondages et les données <strong>de</strong> terrassements<br />

situés au même endroit, afin d'apprécier les perturbations<br />

apportées par les travaux <strong>de</strong> reconnaissance.<br />

— La bonne tenue <strong>de</strong> ce terrain dans les travaux souterrains.<br />

— L'observation <strong>de</strong>s « coups <strong>de</strong> sabre » d'argile-ciment, et<br />

aussi le cheminement important <strong>de</strong>s coulis, même <strong>de</strong>nses et<br />

peu pénétrants, dans <strong>de</strong>s terrains peu perméables.<br />

101


. C'est d'abord avec un certain recul que nous avons examiné le « calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> » dans le cadre <strong>de</strong><br />

IS /l\^\)f\Yt l'histoire géologique du bassin <strong>de</strong> Paris. Nous avons vu en particulier que les conditions <strong>de</strong> genèse <strong>de</strong> cette<br />

J-VJ^KA/ #/ \J i V fnrrnatinn formation Ptaip.nt étaient liées lipps à <strong>de</strong>s HPS transgressions transprpssinns et pt régressions rptrrpssinns marines marinps <strong>de</strong> Hp faible faihlp amplitu<strong>de</strong> amnlitiiHp modifiant mnHifiant la salure salnrp HPS <strong>de</strong>s<br />

eaux et la nature <strong>de</strong>s dépôts qu'ils soient d'origine détritique ou chimique. La succession <strong>de</strong>s tableaux paléogéographiques<br />

qui ont été présentés éclaire la répartition <strong>de</strong>s divers faciès que peut revêtir le « calcaire <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong><br />

<strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> » et fournit, au moins en partie, les causes <strong>de</strong> son hétérogénéité. Nous avons pu noter que cette<br />

hétérogénéité a été accentuée par <strong>de</strong>s processus diagénétiques d'ordre mécanique, physique ou chimique intervenus<br />

durant la pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> 40 millions d'années qui nous sépare <strong>de</strong> la mise en place <strong>de</strong> ces dépôts.<br />

synthèse<br />

géologique<br />

Nous avons vu d'autre part comment se posait le problème <strong>de</strong>s limites <strong>de</strong> la formation. Si la coupe <strong>de</strong> La Frette<br />

nous est apparue claire à cette égard d'autres coupes le sont moins à cause <strong>de</strong>s convergences <strong>de</strong> faciès et <strong>de</strong>s<br />

possibilités <strong>de</strong> lacunes stratigraphiques. Nous avons retenu l'importance <strong>de</strong> l'horizon <strong>de</strong> Mortefontaine à<br />

avicules qui limite, à la base, le « calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> » proprement dit, la présence plus ou moins régulière<br />

du calcaire <strong>de</strong> Ducy sous cet horizon, enfin la limite supérieure <strong>de</strong> la formation jalonnée par les sables <strong>de</strong><br />

Monceau dans la région <strong>de</strong> Paris au centre du bassin, les sables <strong>de</strong> Marines à l'ouest et <strong>de</strong>s faciès lacustres à<br />

l'est.<br />

G. CHAMPETIER DE RIBES<br />

La formation elle-même nous est apparue avec une prédominance <strong>de</strong> faciès marneux dans la partie supérieure<br />

(en particulier marnes blanches grumeleuses à silex et rognons <strong>de</strong> calcaire) une tendance plus calcaire vers la<br />

base, <strong>de</strong>s intercalations <strong>de</strong> bancs <strong>de</strong> calcaire sublithographiques, d'argiles magnésiennes et <strong>de</strong> sépiolites, la couche<br />

atteignant au total une douzaine <strong>de</strong> mètres d'épaisseur. <strong>Le</strong>s variations latérales <strong>de</strong> faciès très nombreuses, certains<br />

acci<strong>de</strong>nts gypseux, dolomitiques ou siliceux, les ondulations à plus ou moins gran<strong>de</strong> amplitu<strong>de</strong> observées sur <strong>de</strong>s<br />

affleurements ou dans <strong>de</strong>s fouilles font <strong>de</strong> cette couche un ensemble assez complexe constituant cependant une<br />

unité dans le Tertiaire parisien.<br />

De ces premières réflexions, il faut retenir que grâce aux travaux <strong>de</strong> plusieurs générations <strong>de</strong> géologues, <strong>de</strong>s<br />

corrélations valables ont pu être établies entre divers niveaux <strong>de</strong> l'étage bartonien ainsi que nous l'a précisé<br />

L. Feugueur et que le contexte géologique dans lequel se situe le calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> est maintenant assez<br />

bien défini à l'échelle régionale. Il appartient donc au géologue ayant à étudier un problème ou à interpréter<br />

une coupe <strong>de</strong> sondage liés à cette formation, <strong>de</strong> les rattacher à ce contexte et d'avoir présent à l'esprit les<br />

différents problèmes qui viennent d'être évoqués.<br />

Si l'on passe maintenant à l'échelle <strong>de</strong>s travaux <strong>de</strong> génie civil, il faut d'abord constater que le calcaire <strong>de</strong><br />

<strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>, du fait qu'on le rencontre à faible profon<strong>de</strong>ur dans une gran<strong>de</strong> partie du sous-sol parisien, intervient<br />

dans <strong>de</strong> nombreux travaux : fondations, fouilles, galeries, etc. Comme niveau <strong>de</strong> fondation il a trouvé <strong>de</strong>s défenseurs<br />

au cours <strong>de</strong> ces journées. Néanmoins, les variations importantes et parfois brutales <strong>de</strong>s caractéristiques<br />

lithologiques, tectoniques, hydrogéologiques... influencent nécessairement plus ou moins le comportement<br />

mécanique <strong>de</strong> cette couche et ren<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> toute manière difficiles les problèmes <strong>de</strong> la reconnaissance géologique,<br />

<strong>de</strong> la représentativité <strong>de</strong>s échantillons recueillis, du choix <strong>de</strong>s essais et, par conséquent, <strong>de</strong> l'interprétation<br />

<strong>de</strong> tous ces résultats.<br />

En s'appuyant sur une série <strong>de</strong> travaux réalisés dans la périphérie <strong>de</strong> Paris, M. Caron a soutenu ici avec<br />

beaucoup <strong>de</strong> conviction et <strong>de</strong> compétence l'idée que ces caractéristiques n'étaient pas aussi anarchiques et<br />

diversifiées qu'on pouvait le craindre et qu'un travail d'enquête <strong>de</strong>vait conduire à localiser progressivement<br />

<strong>de</strong>s zones- présentant une certaine homogénéité du point <strong>de</strong> vue : types lithologiques, architecture <strong>de</strong> la couche,<br />

présence ou absence <strong>de</strong> certaines anomalies. Pour ces <strong>de</strong>rnières, il apparaît que <strong>de</strong>s facteurs <strong>de</strong> contrôle peuvent<br />

être trouvés. On a parlé du contrôle tectonique mais M. Arnould a justement fait remarquer qu'il pouvait<br />

y avoir d'autres contrôles intéressants à chercher, en particulier à propos du gypse.<br />

En bref, le travail d'enquête que propose M. Caron ne paraît pas utopique si on l'envisage dans un périmètre<br />

limité où les problèmes <strong>de</strong> fondation et <strong>de</strong> travaux souterrains revêtent une gran<strong>de</strong> importance. Son objet est<br />

<strong>de</strong> regrouper dans un cadre géologiquement bien déterminé, ordonné et <strong>de</strong> plus en plus précis, les observations<br />

<strong>de</strong> terrain, les données <strong>de</strong> sondage et les divers essais réalisés in situ ou en laboratoire. La présentation <strong>de</strong> ces<br />

résultats sous forme cartographique ou autre étant, par elle-même, une recherche à laquelle il conviendra<br />

<strong>de</strong> réfléchir.<br />

102


Parallèlement à cette enquête <strong>de</strong>vront être expérimentées <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> prospection bien adaptées à l'étu<strong>de</strong><br />

du « calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> ». A ce sujet, <strong>de</strong>s suggestions ont été faites, par exemple l'emploi <strong>de</strong> la diagraphie<br />

dans les sondages, susceptible <strong>de</strong> fournir <strong>de</strong>s corrélations précises entre plusieurs niveaux <strong>de</strong> la formation et<br />

évitant <strong>de</strong> trop nombreux sondages carottés.<br />

Enfin, au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s observations sur la structure et la lithologie <strong>de</strong> la couche, une connaissance plus intime <strong>de</strong> la<br />

microtexture, <strong>de</strong> la microstructure et du rôle joué par l'eau dans les différentes strates est, comme cela a été dit,<br />

fondamentale pour analyser les propriétés physiques <strong>de</strong> la roche et indiquer dans quelles conditions doivent<br />

s'effectuer les essais.<br />

Il y a là un champ d'investigation où s'appliquent pleinement les métho<strong>de</strong>s empruntées à la minéralogie, la<br />

pétrographie ou la sédimentologie, en les complétant par <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s physico-chimiques. De telles recherches<br />

<strong>de</strong>vraient faciliter la confrontation <strong>de</strong>s problèmes <strong>de</strong> géologie et <strong>de</strong> géotechnique et éclairer l'interprétation.<br />

Dans le cas <strong>de</strong> calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>, elles sont sans aucun doute à préconiser.<br />

Fouille angle <strong>de</strong> la rue <strong>de</strong> Crimée-rue Curial (19 e ).<br />

Noter la faible profon<strong>de</strong>ur à laquelle se rencontre le <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>.<br />

103


Rapport<br />

<strong>de</strong><br />

synthèse<br />

géotechnique<br />

Ce matin, nous avons ressenti la perplexité du mécanicien <strong>de</strong>s sols <strong>de</strong>vant :<br />

— la difficulté qu'il éprouvait à obtenir <strong>de</strong>s échantillons utilisables,<br />

— la dispersion <strong>de</strong>s résultats,<br />

— et les diverses possibilités d'interprétation telles que nous les ont montrées MM. Florentin, Raskine, Geffriaud*<br />

et Sevestre.<br />

Ceci conduit à une certaine ambiguïté concernant les choix à faire à propos <strong>de</strong>s fondations d'ouvrages situés<br />

au droit <strong>de</strong> cette couche.<br />

Voilà qui me conduit à rappeler <strong>de</strong>s souvenirs plus lointains quand, débutant, je suis entré dans une entreprise<br />

ayant un service chargé <strong>de</strong> s'occuper <strong>de</strong>s travaux souterrains et <strong>de</strong>s fondations tout spécialement dans la région<br />

parisienne : ce service ne comportait ni géologue ni géotechnicien, mais <strong>de</strong>s chefs <strong>de</strong> chantier compétents qui<br />

connaissaient parfaitement le sous-sol pour y avoir toujours travaillé. Pour eux, comme le calcaire grossier, et<br />

mieux que les marnes et caillasses, le <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> était un bon niveau <strong>de</strong> fondations, et je dois dire que les<br />

ingénieurs faisaient en général confiance à ces hommes lorsqu'ils proposaient <strong>de</strong> fixer ce niveau au droit du<br />

Ducy ou du Mortefontaine.<br />

M. ADAM<br />

Ainsi donc, il s'agit bien d'une réhabilitation comme l'a dit M. Caron.<br />

PARTICULARITÉS DÉLICATES<br />

H n'en subsiste pas moins dans le <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> <strong>de</strong>s particularités délicates sur lesquelles je me dois maintenant<br />

d'insister.<br />

En fait, si nous considérons les sujets d'inquiétu<strong>de</strong>, nous trouvons d'abord :<br />

<strong>Le</strong>s cavités qui peuvent être :<br />

— existantes et déjà stabilisées (fossiles dit-on parfois),<br />

— en cours <strong>de</strong> formation,<br />

— en puissance.<br />

Et, concernant le <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>, le problème <strong>de</strong>s cavités semble très exactement lié à la présence actuelle ou à une<br />

époque antérieure du gypse qui n'est en fait dangereux que dans la mesure où l'eau circule.<br />

Ce qui revient à donner le premier rôle à Veau.<br />

L'abaissement <strong>de</strong> la nappe nous a été signalé comme un danger important, son rôle est double car, s'il entraîne<br />

<strong>de</strong>s vi<strong>de</strong>s <strong>de</strong> dissolution, il entraîne <strong>de</strong>s tassements non négligeables et, quand on parle <strong>de</strong>s nappes qui, d'artésiennes<br />

au début du siècle, doivent aujourd'hui être pompées à une vingtaine <strong>de</strong> mètres <strong>de</strong> profon<strong>de</strong>ur, cela<br />

revient à charger le sol sur <strong>de</strong>s surfaces immenses à plus <strong>de</strong> 2 kg/cm 2<br />

compte non tenu du rôle joué par le<br />

gradient hydraulique qui n'a pas forcément qu'une composante verticale.<br />

Sur un plan général, le remè<strong>de</strong> consiste, M. Feugueur nous l'a dit, à réglementer les pompages car c'est le seul<br />

moyen d'action sur les cavités en formation et en puissance, c'est-à-dire sur l'évolution du sol.<br />

Localement, et pour les cavités déjà formées, la solution consiste à les combler, soit à l'ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> remblais<br />

hydrauliques, soit par bourrage, bétonnage ou tout autre moyen approprié pourvu que l'on s'assure <strong>de</strong> son<br />

efficacité. D'autre part, lorsqu'on soupçonne seulement la présence <strong>de</strong> cavités situées plus profondément,<br />

susceptibles d'avoir provoqué le <strong>de</strong>sserrement du <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>, on peut envisager d'injecter le sol : nous avons<br />

vu à Vincennes utiliser l'injection... et ses conséquences parfois fâcheuses comme le claquage ; en effet, il suffit<br />

<strong>de</strong> quelques centaines <strong>de</strong> grammes <strong>de</strong> pression dans le coulis en surface pour que celui-ci, s'introduisant dans un<br />

lit horizontal, joue le rôle d'un vérin plat gigantesque et soulève sans difficulté le sol tandis que les mètres<br />

cubes d'injection se multiplient sans nécessité. Soulignons encore une fois que l'application d'un tel procédé<br />

ne peut être que locale.<br />

<strong>Le</strong>s autres sujets d'inquiétu<strong>de</strong> restent principalement : les marnes tendres, les anomalies géotechniques, les<br />

ondulations.<br />

104


Au sujet <strong>de</strong>s marnes tendres, M. Florentin nous a rassurés tout en posant <strong>de</strong>s questions auxquelles <strong>de</strong>vront<br />

répondre nos prochaines recherches, puis nous avons vu une tentative <strong>de</strong> classification avec MM. Raskine et<br />

Sevestre.<br />

Quant aux anomalies géotechniques, telles que les argiles magnésiennes et les marnes hydrophiles à silex<br />

nectiques, il est possible d'en minimiser les conséquences si elles restent les quelques rares et fines couches<br />

auxquelles nous sommes habitués, et cela semble logique dans le cadre <strong>de</strong>s alternances <strong>de</strong> transgression et<br />

régression admises.<br />

Elles n'en font pas moins <strong>de</strong>s plans <strong>de</strong> glissement préférentiels dont il faut tenir compte lorsqu'un ouvrage<br />

présentera <strong>de</strong>s efforts obliques en fondation.<br />

C'est ici que je situerais volontiers les anomalies signalées par M. Florentin.<br />

Enfin les ondulations <strong>de</strong> la couche, qui ont fait l'objet <strong>de</strong> diverses explications hier, ne posent pas <strong>de</strong> problèmes<br />

majeurs à l'ingénieur, d'autant que le pendage général en reste toujours faible. Notons simplement qu'il n'est<br />

effectivement pas possible <strong>de</strong> réaliser une fondation plane sans entamer le <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>.<br />

RECONNAISSANCE<br />

Il nous faut donc localiser et apprécier ces diverses particularités et c'est là l'objet même <strong>de</strong> la reconnaissance.<br />

M. Vandangeon a présenté une excellente synthèse à laquelle je me rallie avec un penchant certain à utiliser les<br />

essais en place à titre <strong>de</strong> première reconnaissance puis d'interpolation. Toutefois, le problème <strong>de</strong>s cavités<br />

reste entier, et comme, encore une fois, celles-ci sont dues à l'eau, j'imagine que c'est l'eau elle-même qui<br />

<strong>de</strong>vrait être utilisée pour tenter <strong>de</strong> situer et même estimer les cavités ; il est probable que, si l'on pouvait<br />

établir une carte <strong>de</strong>s circulations d'eau tenant compte <strong>de</strong>s teneurs en sels et <strong>de</strong>s vitesses <strong>de</strong>s débits locaux,<br />

un grand pas serait franchi.<br />

Toutefois, en attendant que les recherches en ce sens portent leurs fruits, j'insisterai volontiers d'une part,<br />

sur le soin qui doit être apporté au carottage si l'on souhaite avoir <strong>de</strong>s essais <strong>de</strong> laboratoire significatifs, d'autre<br />

part, sur les possibilités <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux appareils d'étu<strong>de</strong> en place <strong>de</strong>s sols utilisés le plus communément dans la<br />

région, qui sont le pénétromètre et le pressiomètre Ménard :<br />

— le pénétromètre statique permet <strong>de</strong> localiser le toit du premier banc dur et, beaucoup plus difficilement<br />

combiné avec le carottage, d'apprécier les couches tendres; le pénétromètre dynamique permet parfois <strong>de</strong><br />

traverser certains bancs durs peu épais ;<br />

- le pressiomètre, associé à un examen très sérieux du sondage préalable, peut rendre d'excellents services,<br />

mais il ne faut pas oublier que dans le <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> où les « anomalies » peuvent avoir seulement quelques<br />

centimètres d'épaisseur, les essais au pressiomètre, qui se font habituellement tous les mètres et intéressent<br />

au moins une vingtaine <strong>de</strong> centimètres, peuvent laisser échapper celles-ci ou leur conférer <strong>de</strong>s caractéristiques<br />

légèrement impropres.<br />

OUVRAGES<br />

Enfin, le point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> l'entreprise, exposé par M. Geffriaud quant aux fondations sur pieux, ne doit pas être<br />

absent <strong>de</strong> nos préoccupations et nous montre une fois <strong>de</strong> plus que le frottement latéral joue un rôle considérable<br />

sur les pieux d'essais pour lesquels la pression <strong>de</strong> pointe, limitée à quelque 15 bars, ne mobilise que très<br />

partiellement la capacité du béton : nous voyons là à quel point il est indispensable <strong>de</strong> réaliser <strong>de</strong>s mesures<br />

sous les ouvrages réels et ceci bien au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> la pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> la mise en œuvre.<br />

Je disais tout à l'heure que l'entrepreneur parisien se fondait volontiers sur les horizons forts du <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> :<br />

c'est qu'au problème du gypse près, le <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> est au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s marnes infra-gypseuses, le premier <strong>de</strong>s bons<br />

sols que sont le Beauchamp, les marnes et caillasses, le sable <strong>de</strong> Cuise et le calcaire grossier lui-même 15 à<br />

30 mètres plus bas, donc beaucoup plus onéreux à atteindre. Il est ainsi normal que, pour <strong>de</strong>s taux <strong>de</strong> 3 à 30 bars,<br />

selon qu'il s'agit <strong>de</strong> fondations superficielles ou profon<strong>de</strong>s, le constructeur s'arrête sur le <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> : la<br />

plupart <strong>de</strong>s constructions industrielles et <strong>de</strong> nombreux ouvrages petits et moyens sont fondés <strong>de</strong> la sorte. Je<br />

souligne d'ailleurs, à propos <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rniers, que nous avons là un sol permettant <strong>de</strong>s talus rai<strong>de</strong>s lorsque les<br />

efforts entrant en ligne <strong>de</strong> compte ne comportent pas <strong>de</strong> composante horizontale trop importante comme en<br />

témoigne la coupe <strong>de</strong> La Frette que nous sommes allés voir.<br />

* M. GEFFRIAUD a présenté l'exposé préparé par M. <strong>de</strong> CAZENOVE.<br />

105


conclusions<br />

et recommandations<br />

J. LEGRAND<br />

Conclusions<br />

Bien que le sujet abordé soit difficile et que les journées soient loin <strong>de</strong> l'avoir épuisé, il est<br />

possible cependant <strong>de</strong> dégager certaines conclusions, les unes d'ordre général, les autres plus<br />

spécialement applicables à la formation du « calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> ».<br />

ÉTUDES DE GÉOLOGIE RÉGIONALE<br />

En partant <strong>de</strong>s connaissances actuelles sur la genèse et l'histoire <strong>de</strong> la couche, et en s'appuyant<br />

sur une expérience pratique étendue, le géologue est en mesure <strong>de</strong> proposer au géotechnicien<br />

et au maître d'œuvre, au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> la complexité qui frappe au premier abord, <strong>de</strong>s schémas plus<br />

ou moins lâches d'organisation, par exemple :<br />

— définition <strong>de</strong>s limites supérieure et inférieure, variations du toit et du mur <strong>de</strong> la couche<br />

(pendage - ondulations),<br />

— par gran<strong>de</strong>s zones : variations <strong>de</strong> faciès, présence d'anomalies, existence <strong>de</strong> niveaux-repères,<br />

106


— variétés lithologiques et types <strong>de</strong> « structures locales » les plus probables à un emplacement<br />

donné, à l'échelle <strong>de</strong>s travaux <strong>de</strong> l'ingénieur, par référence à un catalogue <strong>de</strong> ces variétés<br />

et « structures locales ».<br />

La mise au point <strong>de</strong> tels schémas et la connaissance <strong>de</strong> leur extension géographique probable<br />

reposent sur un travail permanent d'enquête et <strong>de</strong> synthèse qui permettra d'ordonner progressivement<br />

l'ensemble <strong>de</strong>s informations dont on dispose. Ce travail ne peut donc être confié qu'à<br />

<strong>de</strong>s géologues compétents, avertis <strong>de</strong>s problèmes <strong>de</strong> géotechnique, et travaillant en collaboration<br />

avec les géotechniciens.<br />

Pour participer au travail d'inventaire <strong>de</strong>s géologues, les géotechniciens doivent s'efforcer<br />

d'i<strong>de</strong>ntifier au mieux les divers niveaux en précisant leurs propriétés géotechniques, et en<br />

appréciant leur probabilité d'évolution à l'air ou à l'eau (altération ou gonflement). Une classification<br />

pourra probablement s'en dégager dont le géologue tirera parti pour sa synthèse.<br />

<strong>de</strong> calculateur) l'ensemble <strong>de</strong>s infor­<br />

On peut porter dans un fichier (manuel ou sur mémoire<br />

mations concernant:<br />

— la couche, ses variations <strong>de</strong> faciès, ses « structures locales », ses anomalies, etc.<br />

— les fouilles ou galeries qui l'affectent,<br />

— les sondages et essais en place qui la concernent,<br />

— les constructions existantes,<br />

— les constatations sur le comportement <strong>de</strong>s ouvrages.<br />

Lors <strong>de</strong> l'étu<strong>de</strong> d'un problème précis, ces renseignements sont alors directement accessibles à<br />

partir du mémoire. Certains, notamment ceux <strong>de</strong> caractère topographique, peuvent même être<br />

synthétisés et représentés sous forme <strong>de</strong> « cartes ».<br />

Fichier et cartes constitueront un outil précieux pour le dégrossissage <strong>de</strong>s avant-projets<br />

sommaires et <strong>de</strong>s avant-projets détaillés. <strong>Le</strong>ur consultation permettra en particulier d'orienter<br />

dès le départ, en la plaçant dans un contexte plus large, la reconnaissance du sol qui restera<br />

dans la plupart <strong>de</strong>s cas nécessaire pour l'étu<strong>de</strong> d'un ouvrage.<br />

De telles étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> géologie régionale qui se situent à l'échelle <strong>de</strong>s préoccupations <strong>de</strong> l'ingénieur<br />

<strong>de</strong> génie civil, présentent un intérêt économique indiscutable, principalement dans les zones<br />

promises à un développement important et ayant à faire face à un effort d'équipement<br />

considérable.<br />

Il est permis <strong>de</strong> penser que leur utilisation entraînera <strong>de</strong>s économies justifiant largement leur<br />

coût d'établissement. L'essai mérite au moins d'être tenté sur <strong>de</strong>s formations et dans <strong>de</strong>s régions<br />

diverses (par exemple : calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>, marnes <strong>de</strong> Pantin, sables <strong>de</strong> Beauchamp dans<br />

le bassin parisien, formations <strong>de</strong> pente dans différentes régions).<br />

RECHERCHE SUR LES PROPRIÉTÉS PHYSIQUES ET MÉCANIQUES DES MATÉRIAUX<br />

DES DIVERSES COUCHES<br />

En plus <strong>de</strong> sa contribution au travail d'inventaire, le géotechnicien entreprendra <strong>de</strong>s recherches<br />

en laboratoire sur les propriétés physiques et mécaniques très particulières <strong>de</strong> certains matériaux<br />

rencontrés dans la couche, notamment :<br />

— les argiles fibreuses magnésiennes (sépiolites par exemple),<br />

107


— les marnes, en relation avec le développement <strong>de</strong> leur squelette : influence <strong>de</strong> la teneur en<br />

carbonate <strong>de</strong> calcium, <strong>de</strong> sa nature et <strong>de</strong> sa répartition. Ainsipourra-t-on peut-être expliquer<br />

les discordances soulignées par M. Florentin.<br />

CAVITÉS<br />

La présence <strong>de</strong> cavités difficiles à déceler rend le calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> suspect. Mais cet<br />

inconvénient ne se rencontre pas que dans cette couche.<br />

Des recherches doivent être entreprises pour définir <strong>de</strong>s critères <strong>de</strong> distribution du gypse lenticulaire<br />

dans les marno-calcaires et préciser les circulations <strong>de</strong>s eaux, très complexes dans une<br />

formation aussi fracturée.<br />

Tout ou presque est à faire dans le domaine <strong>de</strong> la prospection et <strong>de</strong> la reconnaissance <strong>de</strong> ces<br />

cavités, <strong>de</strong> préférence par <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s non <strong>de</strong>structives d'investigation.<br />

MÉTHODES DE RECONNAISSANCE<br />

<strong>Le</strong>s métho<strong>de</strong>s actuelles <strong>de</strong> reconnaissance ne sont pas adaptées à la formation constituée d'une<br />

succession <strong>de</strong> bancs <strong>de</strong> faible épaisseur et <strong>de</strong> dureté très variable, avec présence <strong>de</strong> niveaux<br />

sensibles à l'eau ou <strong>de</strong> rognons.<br />

La reconnaissance proprement dite doit être orientée par la connaissance <strong>de</strong>s niveaux-repères,<br />

<strong>de</strong>s coupes <strong>de</strong> référence et <strong>de</strong>s propriétés mécaniques <strong>de</strong>s divers niveaux. Elle s'appuiera dans<br />

l'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> détail sur <strong>de</strong>s observations dans <strong>de</strong>s puits ou tranchées (au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> la nappe<br />

phréatique) ou sur <strong>de</strong>s sondages en gros diamètre, ainsi que sur les résultats d'essais géophysiques<br />

— diagraphie par exemple).<br />

<strong>Le</strong> problème du prélèvement d'échantillons intacts représentatifs reste entier. On peut tenter<br />

d'en faire dans les puits et tranchées. <strong>Le</strong> carottage pose divers problèmes : diamètre du forage<br />

en relation avec la structure <strong>de</strong>s marnes et la présence <strong>de</strong> rognons, remaniement par l'eau,<br />

passage <strong>de</strong>s bancs durs, ren<strong>de</strong>ment.<br />

CALCUL ET COMPORTEMENT DES OUVRAGES<br />

L'utilisation <strong>de</strong>s essais en place, pénétromètre, pressiomètre, essai <strong>de</strong> chargement peut pallier<br />

l'insuffisance <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s classiques <strong>de</strong> reconnaissance.<br />

Ces essais sont par ailleurs indispensables pour apprécier les propriétés mécaniques d'ensemble<br />

<strong>de</strong>s diverses couches et dimensionner les ouvrages, ce qui ne peut résulter actuellement <strong>de</strong> la<br />

seule connaissance <strong>de</strong>s propriétés mécaniques <strong>de</strong> chacune <strong>de</strong>s couches. Cette utilisation doit<br />

être développée.<br />

En même temps un gros effort est à faire sur l'étu<strong>de</strong> du comportement <strong>de</strong>s ouvrages pendant<br />

leur exécution et après leur mise en service. <strong>Le</strong>s constatations, les essais <strong>de</strong> chargement, les<br />

mesures <strong>de</strong> tassement et <strong>de</strong> contraintes doivent être multipliés pour confronter les « calculs »<br />

à l'expérience. <strong>Le</strong>s résultats doivent être regroupés pour servir à la synthèse d'ensemble.<br />

RÉHABILITATION<br />

Sous réserve d'une reconnaissance bien conduite, le « calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> » constitue un<br />

niveau satisfaisant <strong>de</strong> fondation. Malgré la présence <strong>de</strong> bancs <strong>de</strong> marnes plastiques sensibles à<br />

l'eau, il peut recevoir <strong>de</strong>s fondations superficielles, sans crainte <strong>de</strong> tassements excessifs, ou<br />

même <strong>de</strong>s fondations profon<strong>de</strong>s.<br />

108


Recommandations<br />

Certains <strong>de</strong>s géologues confirmés <strong>de</strong>s laboratoires <strong>de</strong>s Ponts et Chaussées doivent être dégagés<br />

<strong>de</strong>s tâches courantes pour entreprendre ces étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> géologie régionale dont nous pensons<br />

qu'elles rendront <strong>de</strong> grands services aux maîtres d'œuvre. Mais l'action ne sera efficace que si<br />

la collaboration confiante entre géologues et géotechniciens que nous avons constatée au cours<br />

<strong>de</strong> ces journées se poursuit et s'approfondit dans la recherche d'une synthèse d'ensemble <strong>de</strong>s<br />

données <strong>de</strong> diverses origines.<br />

Parmi les recommandations à leur adresser en vue <strong>de</strong> faire fructifier leur collaboration, on peut<br />

ranger, semble-t-il, les suivantes :<br />

1° - Avant d'étudier tel ou tel point <strong>de</strong> détail, le géologue <strong>de</strong>vra avoir assimilé et constamment<br />

à l'esprit les connaissances <strong>de</strong> géologie régionale accumulées <strong>de</strong>puis <strong>de</strong> nombreuses années.<br />

Une mise en mémoire systématique <strong>de</strong> ces données assortie <strong>de</strong> possibilités diverses d'exploitation<br />

est à envisager.<br />

2° - Pour résoudre les problèmes <strong>de</strong> géologie appliquée au Génie Civil il est souhaitable que<br />

les géologues soient avertis <strong>de</strong>s problèmes que les maîtres d'œuvre ou projeteurs peuvent<br />

rencontrer, non point pour se muer en géotechniciens mais pour orienter leurs observations<br />

géologiques suivant ces problèmes (recherche, par exemple, <strong>de</strong> plans <strong>de</strong> glissement constitués<br />

par <strong>de</strong>s argiles plastiques dans le niveau du calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> pour une configuration <strong>de</strong>s<br />

efforts et un type d'ouvrage conduisant à prendre ce risque en considération). ,<br />

3° - Pour débrouiller ces mêmes problèmes, <strong>de</strong>s efforts doivent être faits vers une observation<br />

plus fine du terrain complétée par <strong>de</strong>s travaux <strong>de</strong> laboratoire bien adaptés pour parvenir à un<br />

classement ordonné et systématique <strong>de</strong>s phénomènes observés à l'échelle où l'on travaille. A ce<br />

sta<strong>de</strong>, les informations apportées par les géologues et les géotechniciens se rejoignent et se<br />

complètent. Telle la proposition qui a été avancée <strong>de</strong> procé<strong>de</strong>r à un inventaire <strong>de</strong>s variétés<br />

lithologiques <strong>de</strong> la couche, <strong>de</strong> leurs propriétés géotechniques ainsi que <strong>de</strong>s types <strong>de</strong> « structures<br />

locales ».<br />

4° - De fréquents contacts sont nécessaires entre géologues et géotechniciens pour intégrer<br />

dans les données géologiques préalablement mises en ordre, d'autres données résultant d'essais<br />

géotechniques, d'essais mécaniques en laboratoire ou in situ, et <strong>de</strong> résultats tirés <strong>de</strong> l'expérience.<br />

Dans les formations irrégulières et complexes, les diverses sources <strong>de</strong> renseignements<br />

s'éclairent mutuellement, se complètent et contribuent à la synthèse d'ensemble. En outre,<br />

certaines hétérogénéités mises en évi<strong>de</strong>nce par le géologue peuvent s'estomper ou à l'inverse<br />

s'exalter au niveau <strong>de</strong> la géotechnique.<br />

5° - Un effort parallèle doit être tenté par les géotechniciens pour comprendre dans ses<br />

gran<strong>de</strong>s lignes la démarche intellectuelle <strong>de</strong>s géologues, accé<strong>de</strong>r à leur langage et mieux saisir<br />

l'importance <strong>de</strong> leur apport, pour améliorer les métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong> reconnaissance et <strong>de</strong> prélèvement,<br />

pour mieux adapter les essais en laboratoire et in situ et pour perfectionner les métho<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />

calcul.<br />

A ces conditions seulement, <strong>de</strong> véritables équipes compétentes dans la reconnaissance <strong>de</strong>s<br />

formations difficiles pourront être progressivement constituées.<br />

109


Liste <strong>de</strong>s participants<br />

ADAM L.C.P.C. GIRARD LCP.C<br />

AMAR L.C.P.C. GRELU P & C VERSAILLES<br />

ARNOULD LCP.C. HABIB ÉCOLE POLYTECHNIQUE<br />

BERGIN LR.P.C. TRAPPES LABATUT Section Sols - Division<br />

Ouvrages d'Art S.N.C.F.<br />

BERLIOZ E.N.P.C<br />

LEGRAND LCP.C<br />

BERTHIER LCP.C<br />

LE MAOUT<br />

LR.P.C TRAPPES<br />

CAILLEUX<br />

LEVY S.C.E.T. - S.S.A.<br />

CARON LR.P.C BONDY<br />

MAIGNAIN<br />

B.R.G.M.<br />

CHABERT E.N.P.C.<br />

MAILLARD<br />

LR.P.C BONDY<br />

CHADEISSON SOLETANCHE<br />

MALEKI A.S.T.E.F.<br />

CHAMPETIER<br />

MARCHAND Section Souterrains - Division<br />

DE RIBES LCP.C<br />

Ouvrages d'Art S.N.C.F.<br />

CHASSANDE P & C SEINE SAINT-DENIS<br />

MORANÇAY Service Régional Equipement<br />

Paris - DERGO<br />

CHEVRIER<br />

LR.P.C TRAPPES<br />

PAILLEUX LR.P.C BONDY<br />

CLAUDEL E.N.P.C.<br />

PAN ET LCP.C<br />

COLLINGE A.S.T.E.F.<br />

PILOT LCP.C<br />

COUTURIER<br />

LR.P.C TRAPPES<br />

RASKINE LCP.C<br />

DENYS LR.P.C BONDY<br />

DUBUS<br />

ECCHI<br />

FEUGUEUR<br />

FLORENTIN<br />

GEFFRIAUD<br />

GEMMINGER<br />

RAT<br />

LCP.C<br />

B.R.G.M.<br />

ORLEANS LA SOURCE<br />

SCHLOSSER LCP.C<br />

P & C BONDY<br />

SEVESTRE P & C BONDY<br />

B.R.G.M. PARIS<br />

SIVIGNON R.A.T.P. Travaux Neufs<br />

MECASOL<br />

TCHENG CE.B.T.P.<br />

SOLETANCHE<br />

THORIN LR.P.C TRAPPES<br />

Section Sols ' Division<br />

VANDANGEON SIMFCSOI<br />

Ouvrages d'Art S.N.C.F. WEPIERRE Laboratoire Aéroport <strong>de</strong> Paris


<strong>Le</strong> calcaire<br />

<strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>.<br />

Sa genèse<br />

et ses principaux faciès.<br />

G. CHAMPETIER DE RIBES<br />

L'auteur commence par décrire rapi<strong>de</strong>ment les conditions <strong>de</strong> dépôt (genèse) du calcaire<br />

<strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> et les transformations (diagenèse) qui l'ont affecté au cours <strong>de</strong>s temps<br />

géologiques. Il définit ensuite les limites stratigraphiques du calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong><br />

dans la région parisienne en se référant à la coupe <strong>de</strong> La Frette en bordure <strong>de</strong> la<br />

Seine au nord <strong>de</strong> Paris. Il présente enfin quelques coupes-types <strong>de</strong> ce sous-étage du<br />

bartonien en décrivant les variations <strong>de</strong> faciès observées d'Ouest en Est.<br />

En conclusion, l'interprétation d'une coupe dans le calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> ne peut pas<br />

se faire sans une connaissance assez complète <strong>de</strong> la formation sur le plan régional,<br />

le géologue ayant toujours présent à l'esprit les conditions <strong>de</strong> genèse <strong>de</strong> ce dépôt.<br />

Définition<br />

<strong>de</strong> la couche du «<strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>»<br />

et quelques problèmes<br />

qui s'y rattachent.<br />

A l'occasion <strong>de</strong> divers projets routiers et travaux souterrains dans la région parisienne,<br />

l'auteur a effectué <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s géologiques <strong>de</strong> sites intéressant le calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<br />

<strong>Ouen</strong> et donne son point <strong>de</strong> vue sur la « complexité » <strong>de</strong> cette couche et les métho<strong>de</strong>s<br />

qui nous permettraient <strong>de</strong> mieux la connaître.<br />

Il commence par une présentation du calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> rencontré à diverses<br />

profon<strong>de</strong>urs dans le sous-sol <strong>de</strong> Paris et <strong>de</strong> sa banlieue. Ensuite, à partir d'observations<br />

personnelles et <strong>de</strong> résultats publiés par <strong>de</strong>s spécialistes, il fait une <strong>de</strong>scription<br />

<strong>de</strong> la couche et <strong>de</strong> ses particularités stratigraphiques, lithologiques, tectoniques et<br />

hydrogéologiques' dans la région parisienne en montrant avec quelques exemples que<br />

ces particularités ne sont pas distribuées au hasard. Il en tire <strong>de</strong>s conclusions au sujet<br />

d'une métho<strong>de</strong> d'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> cette formation géologique où la collaboration du géologue<br />

et du mécanicien <strong>de</strong>s sols <strong>de</strong>vrait être très fructueuse.<br />

<strong>Le</strong> calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> constitue un étage très hétérogène présentant en alternance,<br />

parfois <strong>de</strong> faible épaisseur, <strong>de</strong>s variétés lithologiques allant <strong>de</strong>s marnes plastiques<br />

imperméables aux roches dures fracturées. C'est une couche résistante, bien que<br />

les marnes présentent <strong>de</strong>s teneurs en eau et <strong>de</strong>s indices <strong>de</strong> plasticité élevés, et <strong>de</strong>s<br />

compacités faibles.<br />

Propriétés mécaniques<br />

d'ensemble du calcaire<br />

<strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>.<br />

J. FLORENTIN<br />

Pour illustrer ce fait on a tracé les courbes <strong>de</strong> fréquence <strong>de</strong>s teneurs en eau, limites<br />

d'Atterberg et <strong>de</strong>nsités sèches d'une centaine d'échantillons <strong>de</strong>s marnes du <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>.<br />

On constate, en particulier dans le diagramme <strong>de</strong> plasticité, que les points représentatifs<br />

s'ordonnent suivant une droite <strong>de</strong> pente différente <strong>de</strong> la droite <strong>de</strong> Casagran<strong>de</strong><br />

lp = 0,55 (WL - 12).<br />

<strong>Le</strong>s essais mécaniques, essais triaxiaux consolidés rapi<strong>de</strong>s (non drainés) avec mesure <strong>de</strong><br />

pression interstitielle ou consolidés lents (drainés) donnent <strong>de</strong>s valeurs <strong>de</strong> l'angle


L'auteur faisant part <strong>de</strong> sa propre expérience <strong>de</strong> géotechnicien <strong>de</strong> laboratoire exprime<br />

les difficultés qu'il a ressenties pour interpréter les résultats d'essais sur <strong>de</strong>s échantillons<br />

du calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>.<br />

Il en tire quelques suggestions sur la manière d'abor<strong>de</strong>r le problème, le but étant <strong>de</strong><br />

présenter au maître d'œuvre une synthèse valable <strong>de</strong>s caractéristiques <strong>de</strong> la couche.<br />

Il insiste en particulier sur l'observation <strong>de</strong> la formation en place, le prélèvement <strong>de</strong><br />

carottes <strong>de</strong> gros diamètre, la nécessité d'effectuer <strong>de</strong>s essais en grand nombre et <strong>de</strong><br />

différents types. <strong>Le</strong> problème posé, dans ce cas, au géotechnicien reste cependant<br />

délicat et nécessite une soli<strong>de</strong> expérience pour être traité correctement.<br />

Réflexions à partir<br />

d'un certain nombre d'essais.<br />

M. RASKINE<br />

Malgré les difficultés <strong>de</strong> prélèvement d'échantillons intacts dans le calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<br />

<strong>Ouen</strong>, l'auteur s'efforce, dans cette étu<strong>de</strong>, <strong>de</strong> faire un classement géotechnique <strong>de</strong>s<br />

sols rencontrés dans cette formation en différenciant divers types <strong>de</strong> marnes et <strong>de</strong><br />

calcaires. <strong>Le</strong>s résultats montrent que les caractéristiques mécaniques pour chaque type<br />

ainsi défini varient dans <strong>de</strong>s limites assez importantes. L'auteur souligne également<br />

la présence d'anomalies comme les lits d'argiles magnésiennes qui ren<strong>de</strong>nt souvent<br />

difficiles une interprétation d'ensemble.<br />

En conclusion, il semble que <strong>de</strong>s efforts doivent être faits pour améliorer les métho<strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong> prélèvement par carottage, et il paraît nécessaire <strong>de</strong> compléter les essais en laboratoire<br />

par <strong>de</strong>s essais in situ du type pressiomètre.<br />

<strong>Le</strong>s marno-calcaires<br />

<strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> sur l'autoroute B3.<br />

J.-J.<br />

SEVESTRE<br />

L'exposé rend compte <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux séries d'essais <strong>de</strong> chargement <strong>de</strong> pieux affectant le<br />

calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> et effectués à l'occasion <strong>de</strong> la construction <strong>de</strong> centrales<br />

thermiques.<br />

A la centrale Arrighi, le pieu d'essai <strong>de</strong> 106 cm <strong>de</strong> diamètre a été arrêté dans la<br />

partie supérieure marneuse du calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>. <strong>Le</strong> dispositif <strong>de</strong> mise en charge<br />

du pieu permettait <strong>de</strong> faire varier l'effort <strong>de</strong> pointe et le frottement latéral. L'essai<br />

a été. arrêté à un enfoncement <strong>de</strong> 54 mm correspondant à une charge <strong>de</strong> 460 tonnes<br />

(soit environ une contrainte <strong>de</strong> 60 bars en tête) sans que le poinçonnement ait été<br />

atteint. La répartition <strong>de</strong> la charge entre les différentes couches a été déterminée.<br />

Finalement, compte tenu <strong>de</strong> la valeur <strong>de</strong> l'enfoncement, les pieux ont été arrêtés plus<br />

profond sur le premier banc <strong>de</strong> calcaire beige rosé du <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> et chargés à 43 bars.<br />

A la centrale <strong>de</strong> Vitry, le pieu d'essai le plus large a un diamètre <strong>de</strong> 108 cm ;<br />

traversant le calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>, il repose près <strong>de</strong> la base du Beauchamp. <strong>Le</strong><br />

dispositif <strong>de</strong> mise en charge est analogue à celui <strong>de</strong> l'essai précé<strong>de</strong>nt. <strong>Le</strong> comportement<br />

<strong>de</strong> ce second pieu au cours <strong>de</strong> l'enfoncement est sensiblement différent car<br />

il repose dès le début du chargement sur une couche dure. La charge atteinte est<br />

<strong>de</strong> 810 tonnes pour un enfoncement <strong>de</strong> 22,6 mm. Finalement les pieux ont été arrêtés<br />

sous la base du calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> à une profon<strong>de</strong>ur variable avec le diamètre<br />

du pieu (<strong>de</strong> 3,00 m pour 0 = 42 mm à 5,50 m pour 0 = 150 mm).<br />

Fondations sur pieux<br />

dans le calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong><br />

<strong>de</strong> Vitry.<br />

E. DE CAZENOVE<br />

En conclusion l'article donne pour le calcaire <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> la valeur <strong>de</strong> l'effort<br />

<strong>de</strong> pointe et la fourchette <strong>de</strong>s valeurs du frottement latéral observées dans les <strong>de</strong>ux<br />

essais <strong>de</strong> chargement sur un pieu d'environ un mètre <strong>de</strong> diamètre.<br />

L'expérience d'un certain nombre d'étu<strong>de</strong>s a permis à l'auteur <strong>de</strong> se faire une opinion,<br />

d'une part sur les procédés <strong>de</strong> reconnaissance les mieux appropriés au calcaire <strong>de</strong><br />

<strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>, d'autre part sur les possibilités <strong>de</strong> fon<strong>de</strong>r sur cet étage géologique.<br />

Il compare l'intérêt relatif <strong>de</strong>s puits et <strong>de</strong>s sondages carottés, celui <strong>de</strong>s essais <strong>de</strong> laboratoire<br />

et <strong>de</strong>s essais in situ (pénétromètres, standard pénétration test, essais au vérin,<br />

à la plaque).<br />

Il étudie ensuite successivement les problèmes posés par la réalisation <strong>de</strong>s fondations<br />

superficielles et profon<strong>de</strong>s reposant sur ce matériau (taux <strong>de</strong> travail, conditions d'exécution,<br />

problèmes liés à la présence <strong>de</strong> cavités).<br />

Synthèse <strong>de</strong> quelques chantiers<br />

dans Paris et sa banlieue.<br />

M. VANDANGEON<br />

113


<strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> limestone:<br />

its genesis an principal facies.<br />

G. CHAMPETIER DE RIBES<br />

The author begins with a brief <strong>de</strong>scription of the conditions of <strong>de</strong>posit (genesis) of<br />

<strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> limestone and the transformations (diagenesis) which have affected it in<br />

the course of geological ages. He then <strong>de</strong>fines the stratigraphie limits of <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong><br />

limestone in the Paris area, referring to the La Frette section on the banks of the<br />

Seine North of Paris. Several typical sections of this bartonian substage are then<br />

presented, with a <strong>de</strong>scription of the variations in facies observed from West to East.<br />

In conclusion, a section of <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> limestone cannot be interpreted without a fairly<br />

thorough knowledge of the regional formation, and the geologist must always bear in<br />

mind the conditions of genesis of this <strong>de</strong>posit.<br />

Definition of the layer<br />

and some problems relating to it.<br />

B. CARON<br />

In connection with a number of highway projects and un<strong>de</strong>rground work in the Paris<br />

area, the author carried out geological surveys of sites involving <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> limestone,<br />

and gives his views on the "complexity" of this layer and the methods which would<br />

make it possible to gain a better knowledge of it.<br />

He begins with a presentation of <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> limestone encountered at various <strong>de</strong>pths<br />

in the subsoil of Paris and its suburbs. Then, from personal observations and from<br />

results published by specialists, he <strong>de</strong>scribes the layer and its stratigraphic, lithologic,<br />

tectonic and hydrogeological particularities in the Paris area, showing with some<br />

examples that these particularities are not distributed at random. Conclusions are<br />

drawn concerning a method of studying this geological formation in which collaboration<br />

between the geologist and the soil mechanics engineer should prove extremely fruitful.<br />

General mechanical properties<br />

Of <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> limestone.<br />

<strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> limestone constitutes a very heterogenous layer presenting sometimes<br />

shallow alternation of lithological varieties ranging from impervious plastic marl to<br />

hard fissured rock. The layer is resistant, <strong>de</strong>spite high water content and high indices<br />

of plasticity and low cohesion.<br />

To illustrate this fact, this article gives the water content frequency curves, Atterberg<br />

limits and dry <strong>de</strong>nsities of about a hundred samples of <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> marl. In particular,<br />

it is seen from the plasticity chart that representative points lie along a line whose<br />

s l<br />

°P e i s different from the Casagran<strong>de</strong> line test l p<br />

= 0.55 (W L<br />

- 12).<br />

Mechanical tests, rapid triaxial consolidated undrained tests, with measurement of<br />

interstitial pressure, or slow consolidated drained tests, give values of the angle of<br />

j. FLORENTIN intergranular friction f ' in the neighbourhood of 37°, whereas the values normally<br />

to be expected in soils with indices of plasticity greater than 50 are much lower;<br />

around 20°.<br />

To attempt to explain this anomaly and to discover in particular whether it may be due<br />

to a structure of the marl linked with physico-chemical phenomena, it is proposed<br />

to study, at several well-i<strong>de</strong>ntified levels of marl in the layer, the Atterberg limits<br />

before and after curing, and the shear strength characteristics of undisturbed samples<br />

and of disturbed samples of the same soils.<br />

The author was responsible for a series of bridges whose pile foundations rest on<br />

r<br />

i r . • <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> limestone.<br />

Foundations of engineering<br />

„ 4 . . : „ +u„ ~* n», any He enumerates engineer in all similar the circumstances.<br />

problems which arose in this connection, and which will face<br />

structures in the plain of Rosny.<br />

anv enaineer in similar<br />

£ rcumstances<br />

.<br />

p. CHASSANDE T^ The e<br />

qquestions u e s t<br />

j o n s 0 of f<br />

r arate t e 0f of working, the the method of executing the foundations, and costs<br />

of the various solutions adopted are successively <strong>de</strong>alt with.<br />

114


The author refers, in the light of his own experience as a laboratory geotechnician,<br />

to the difficulties he has experienced in interpreting the results of tests on samples<br />

of <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> limestone. .<br />

Reflexions from<br />

He makes some suggestions as to the manner of taking the problem, the object<br />

being to give the client a valid synthesis of the characteristics of the layer. He 3 number OT teStS.<br />

particularly stresses in situ observation of the formation, the taking of large diameter M R A S K| N E<br />

core samples, and the need to make a great number of tests of different types. In<br />

this case, the problem with which the geotechnician is faced remains tricky, and <strong>de</strong>mands<br />

sound experience in or<strong>de</strong>r to be <strong>de</strong>alt with correctly.<br />

Despite the difficulty of taking undisturbed samples of <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> limestone, the author<br />

attempts in this article to make a geotechnical classification of the soils encountered<br />

in this formation, differentiating various types of marl and limestone. The results<br />

show that the mechanical characteristics of each type thus <strong>de</strong>fined vary within quite<br />

wi<strong>de</strong> limits. The author also emphasizes the presence of anomalies such as beds of<br />

magnesian clay, which often make the overall interpretation difficult.<br />

In conclusion, it seems that efforts should be ma<strong>de</strong> to improve methods of core<br />

sampling, and it appears necessary to complement laboratory tests by in situ tests of<br />

the pressiometric type.<br />

<strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> marlaceous<br />

limestone on Autoroute B3.<br />

J.-J.<br />

SEVESTRE<br />

This article reports on two series of pile loading tests carried out in <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong><br />

limestone in connection with the building of steam power stations.<br />

At the Arrighi power station, the test pile 106 cm in diameter was stopped in the<br />

upper marly part of the <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> limestone. The pile loading system enabled the<br />

peak load and the lateral friction to be varied. The test was stopped at a <strong>de</strong>pth of<br />

54 mm, corresponding to a load of 460 tons (equivalent to about 60 bars at the head)<br />

without achieving penetration. The distribution of the pile load between the different<br />

layers was <strong>de</strong>termined. Finally, taking account of the extent of driving in, the piles<br />

were driven more <strong>de</strong>eply into the first bed of rosy beige <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> limestone and<br />

loa<strong>de</strong>d to 43 bars.<br />

At the Vitry power station, the wi<strong>de</strong>st test pile had a diameter of 108 cm. It passed<br />

through the <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> limestone and rested on the Beauchamp base. The loading<br />

system was similar to that referred to above. The behaviour of this second pile<br />

during driving in was appreciably different, because from the outset of driving it<br />

rested on a hard base. A load of 810 tons was attained for a <strong>de</strong>pth of 22.6 mm.<br />

Finally, the piles were driven below the base of the <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> limestone, to a <strong>de</strong>pth<br />

varying with the diameter of the pile (from 3 metres for diameter 42 mm to 5.5 metres<br />

for diameter 150 mm).<br />

Pile foundations<br />

in <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> limestone at Vitry.<br />

E. DE CAZENOVE<br />

In conclusion, the author gives the value of the peak force for <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> limestone,<br />

together with the bracket of the values of lateral frictioh observed during two loading<br />

tests on a pile about one metre in diameter.<br />

Experience gained in a number of studies has enabled the author to form an opinion<br />

on the most suitable reconnaissance methods for <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> limestone on the one hand,<br />

and the possibilities of building foundations on this geological layer on the other hand.<br />

He compares the relative advantages of bore-holes and core-sampling, and of laboratory<br />

tests and in situ tests (penetrometers, standard penetration test, jack tests, plate<br />

bearing test).<br />

He then successively studies the problems posed by the construction of superficial<br />

and <strong>de</strong>ep foundations resting on this material (rate of working, conditions of working,<br />

problems connected with the presence of cavities).<br />

A synthesis of some working sites<br />

in Paris and its suburbs.<br />

M. VANDANGEON<br />

115


La caliza <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>.<br />

Su génesis y sus principales<br />

facieses<br />

G. CHAMPETIER DE RIBES<br />

El autor empieza <strong>de</strong>scribiendo rápidamente las condiciones <strong>de</strong> sedimento (génesis) <strong>de</strong><br />

la caliza <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>, y las transformaciones (diagénesis) que la han afectado en el<br />

transcurso <strong>de</strong> los tiempos geológicos. Define luego los límites estratigráficos <strong>de</strong> la<br />

caliza <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> en la región parisiense refiriéndose al corte <strong>de</strong> La Frette al lin<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>l Sena al norte <strong>de</strong> París. Presenta por fin algunos cortes tipos <strong>de</strong> este subpiso <strong>de</strong>l<br />

bartoniano <strong>de</strong>scribiendo las variaciones <strong>de</strong> faciés observadas <strong>de</strong> Oeste a Este.<br />

Concluye que la interpretación <strong>de</strong> un corte en la caliza <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> no pue<strong>de</strong><br />

hacerse sin un conocimiento bastante completo <strong>de</strong> la formación en el plano regional y<br />

que se han <strong>de</strong> tener siempre muy presentes las condiciones <strong>de</strong> génesis <strong>de</strong> dicho<br />

sedimento.<br />

Definición <strong>de</strong> la capa<br />

y <strong>de</strong> algunos problemas<br />

que se refieren a ella.<br />

Con motivo <strong>de</strong> varios proyectos <strong>de</strong> vialidad y <strong>de</strong> obras subterráneas <strong>de</strong> la región<br />

parisiense, el autor ha efectuado unos estudios geológicos <strong>de</strong> sitios, concernientes a<br />

la caliza <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> y expone, su punto <strong>de</strong> vista acerca <strong>de</strong> la complejidad <strong>de</strong> dicha<br />

capa y los métodos que permitirían el conocerla mejor.<br />

Empieza presentando la caliza <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> hallada a varias profundida<strong>de</strong>s en el<br />

subsuelo <strong>de</strong> París y <strong>de</strong> sus cercanías. Luego, partiendo <strong>de</strong> observaciones personales<br />

y <strong>de</strong> resultados publicados por especialistas, hace una <strong>de</strong>scripción <strong>de</strong> la capa y <strong>de</strong> sus<br />

particularida<strong>de</strong>s atratigráficas, litológicas, tectónicas e hidrogeológícas en la región<br />

parisiense, <strong>de</strong>mostrando con algunos ejemplos que dichas particularida<strong>de</strong>s no están<br />

distribuidas casualmente. Saca conclusiones acerca <strong>de</strong> un método <strong>de</strong> estudio <strong>de</strong> esta<br />

formación geológica en don<strong>de</strong> la colaboración <strong>de</strong>l geólogo y <strong>de</strong>l técnico <strong>de</strong> mecánica<br />

<strong>de</strong> suelos tendría que ser fructífera.<br />

La caliza <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> constituye un piso muy heterogéneo que ofrece con alternancias,<br />

a veces <strong>de</strong> poco espesor, unas varieda<strong>de</strong>s litólogicas que van <strong>de</strong>s<strong>de</strong> las margas<br />

plásticas impermeables hasta las rocas duras fracturadas. La capa es resistente, a pesar<br />

<strong>de</strong> los contenidos <strong>de</strong> agua, <strong>de</strong> los índices <strong>de</strong> plasticidad elevados y <strong>de</strong> las compacida<strong>de</strong>s<br />

pequeñas.<br />

Propieda<strong>de</strong>s meca'nicas globales<br />

<strong>de</strong> la caliza <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>.<br />

J. FLORENTIN<br />

Para ¡lustrar este hecho, dánse las curvas <strong>de</strong> frecuencia <strong>de</strong> los contenidos <strong>de</strong> agua,<br />

límites <strong>de</strong> Atterberg y <strong>de</strong>nsida<strong>de</strong>s secas, <strong>de</strong> un centenar <strong>de</strong> testigos <strong>de</strong> margas <strong>de</strong><br />

<strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>. Constátase en particular en el diagrama <strong>de</strong> plasticidad que los puntos<br />

representativos se ponen en or<strong>de</strong>n a lo largo <strong>de</strong> una recta <strong>de</strong> pendiente diferente <strong>de</strong><br />

la recta <strong>de</strong> Casagran<strong>de</strong> lp = 0,55 (WL — 12).<br />

Los ensayos mecánicos, ensayos triaxiales consolidados rápidos (no drenados) con<br />

medición <strong>de</strong> presión intersticial o consolidados lentos (drenados) dan unos valores <strong>de</strong>l<br />

ángulo


El autor, dando cuenta <strong>de</strong> su propia experiencia <strong>de</strong> geotécnico <strong>de</strong> laboratorio, expresa<br />

las dificulta<strong>de</strong>s halladas para interpretar los resultados <strong>de</strong> ensayos sobre muestras <strong>de</strong><br />

la caliza <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>.<br />

Reflexiones<br />

Hace algunas sugestiones sobre el modo <strong>de</strong> abordar el problema, siendo su fin, él g partir (JE CÍertO niímeTO<br />

presentar al maestro <strong>de</strong> obras una síntesis vale<strong>de</strong>ra <strong>de</strong> las características <strong>de</strong> la capa. ,<br />

Insiste particularmente sobre la observación <strong>de</strong> la formación «in situ », la extracción 06 ensayOS.<br />

<strong>de</strong> muestras <strong>de</strong> gran diámetro, la necesidad <strong>de</strong> efectuar ensayos <strong>de</strong> diferentes tipos M R A S K| N E<br />

y en gran número. En este caso, el problema planteado al geotécnico continua siendo<br />

<strong>de</strong>licado y necesita una solida experiencia para ser tratado correctamente.<br />

A pesar <strong>de</strong> las dificulta<strong>de</strong>s halladas en la toma <strong>de</strong>-muestras intactas en la caliza <strong>de</strong><br />

<strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>, el autor esfuérzase, en este estudio, en hacer una clasificación geotécnica<br />

<strong>de</strong> los suelos hallados en dicha formación diferenciando varios tipos <strong>de</strong> margas y <strong>de</strong><br />

calizas. Los resultados indican que las características mecánicas <strong>de</strong> cada tipo asi <strong>de</strong>finido,<br />

varían <strong>de</strong>ntro <strong>de</strong> unos limites bastante importantes. El autor subraya también la<br />

presencia <strong>de</strong> anomalías tales como lechos <strong>de</strong> arcillas magnesianas, que hacen a menudo<br />

difícil la interpretación global.<br />

Para concluir, todavía parece ser necesario, el esforzarse en mejorar los métodos <strong>de</strong><br />

toma <strong>de</strong> testigos y el completar los estudios <strong>de</strong> laboratorio con ensayos «in situ » <strong>de</strong>l<br />

tipo presiometro.<br />

Los margo-calcareos<br />

<strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> en la autopista 63.<br />

J.-J. SEVESTRE<br />

El informe da fe <strong>de</strong> dos series <strong>de</strong> ensayos <strong>de</strong> carga <strong>de</strong> pilotes efectuados en la caliza<br />

<strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> con motivo <strong>de</strong> la construcción <strong>de</strong> centrales térmicas. A la central Arrighi,<br />

el pilote <strong>de</strong> prueba <strong>de</strong> 106 cm <strong>de</strong> diámetro ha sido colocado en la parte superior<br />

margosa <strong>de</strong> la caliza <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> ; el dispositivo <strong>de</strong> puesta en carga <strong>de</strong>l pilote permite<br />

el hacer vahar la carga <strong>de</strong> punta y el roce lateral. Párase el ensayo á 54 mm <strong>de</strong><br />

profundidad <strong>de</strong> hundimiento lo cual correspon<strong>de</strong> a una carga <strong>de</strong> 460 t (o sea casi<br />

60 bars a la cabeza) sin que se haya obtenido el punzonamiento. La repartición <strong>de</strong><br />

la carga <strong>de</strong>l pilote entre las diferentes capas ha permitido, al ser <strong>de</strong>terminada. Finalmente,<br />

teniendo, en cuenta el valor <strong>de</strong>l hundimiento, los pilotes han sido fijados mas<br />

profundamente sobre el primer banco <strong>de</strong> caliza beige rosada <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> y con carga<br />

<strong>de</strong> 43 bars.<br />

En la central <strong>de</strong> Vitry, el pilote <strong>de</strong> prueba mas ancho tiene un diámetro <strong>de</strong> 108 cm ;<br />

atraviesa la caliza <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> y reposa sobre la base <strong>de</strong>l Beauchamp. El dispositivo<br />

para la puesta en carga es análogo al <strong>de</strong>s pilote anterior. El comportamiento durante el<br />

hundimiento <strong>de</strong> este segundo pilote es bastante diferente pues reposa <strong>de</strong>s<strong>de</strong> principio<br />

sobre una capa dura. La carga alcanzada es, para un hundimiento <strong>de</strong> 22,6 mm, <strong>de</strong><br />

810 t. Ultimamente los pilotes fueron fijados bajo la base <strong>de</strong> la caliza <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong><br />

a una profundidad que varia con el diámetro <strong>de</strong> los mismos (<strong>de</strong> 3,00 m por 0 = 42 mm<br />

á 5,50 m por 0 = 150 mm).<br />

Cementaciones sobre pilotes<br />

en la caliza <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> en Vitry.<br />

E. DE CAZENOVE<br />

En conclusión el artículo da para la caliza <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> el valor <strong>de</strong>l esfuerzo <strong>de</strong><br />

punta y los límites <strong>de</strong> los valores <strong>de</strong>l roce lateral observados en los dos ensayos <strong>de</strong><br />

carga sobre pilotes <strong>de</strong> un metro <strong>de</strong> diámetro, aproximadamente.<br />

La experiencia <strong>de</strong> un cierto número <strong>de</strong> estudios ha permitido al autor el formarse<br />

una opinión, por una parte, acerca <strong>de</strong> los procedimientos <strong>de</strong> reconocimientos mejor<br />

apropriados a la caliza <strong>de</strong> <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>, y por otra parte acerca <strong>de</strong> las posibilida<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />

cementar sobre dicho piso geológico.<br />

Compara el interés relativo <strong>de</strong> los pozos y <strong>de</strong> los son<strong>de</strong>os con testigos, y <strong>de</strong> los<br />

ensayos <strong>de</strong> laboratorio y <strong>de</strong> los ensayos in situ (penetrómetros, standard penetración<br />

test, ensayos con gato y con placa).<br />

Estudia sucesivamente los problemas planteados por la realización <strong>de</strong> cementaciones<br />

superficiales y profundas que reposan sobre dicho material (cantidad <strong>de</strong> trabajo, condiciones<br />

<strong>de</strong> ejecución, problemas relacionados con la presencia <strong>de</strong> cavida<strong>de</strong>s).<br />

Síntesis <strong>de</strong> algunas obras<br />

en Paris y sus cercanías.<br />

M. VANDANGEON<br />

117


Der Kalkstein<br />

von <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>.<br />

Seine Entstehung und<br />

seine Hauptgesteinstrukturen.<br />

G. CHAMPETIER DE RIBES<br />

Der Verfasser beschreibt zuerst rasch die Ablagerungsbedingungen (Entstehung) <strong>de</strong>s<br />

Kalksteines von <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> und seine Verän<strong>de</strong>rung (Verwandlung) während <strong>de</strong>n geologischen<br />

Zeiten. Er bestimmt dann die stratigraphischen Grenzen <strong>de</strong>s Kalksteines von<br />

<strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> in <strong>de</strong>r pariser Umgebung mit Bezugnahme auf <strong>de</strong>n Einschnitt von La Frette<br />

längs <strong>de</strong>r Seine im Nor<strong>de</strong>n von Paris. Endlich beschreibt er einige typische Einschnitte<br />

dieser Unterstufe <strong>de</strong>s Bartonischen, in<strong>de</strong>m er die Verän<strong>de</strong>rungen <strong>de</strong>s Gesteinstruktur<br />

von Westen nach Osten untersucht.<br />

Als Folgerung ist die Auslegung eines Einschnittes in <strong>de</strong>m Kalkstein von <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong><br />

nicht ausser einer ziemlich umfassen<strong>de</strong>r Kenntniss <strong>de</strong>r Entstehung auf <strong>de</strong>m regionalen<br />

Gebiet zu erfassen, da <strong>de</strong>m Geologen die Ablagerungsbedingungen dieser Entstehung<br />

immer gegenwärtig sind.<br />

Festlegung <strong>de</strong>r Schicht<br />

und einiger Probleme<br />

die davon abhängen.<br />

Bei <strong>de</strong>r Gelegenheit verschie<strong>de</strong>nen Strassenprojekten und unterirdischen Arbeiten in <strong>de</strong>r<br />

pariser Umgebung, hat <strong>de</strong>r Verfasser geologische Untersuchungen auf Stellen, die vom<br />

Kalkstein von <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> abhängen, ausgeführt; er äussert hier seine Meinung über<br />

die Komplexität dieser Schicht und die Metho<strong>de</strong>n, die uns zu einer besseren Sachkenntnis<br />

bringen könnten.<br />

Er beginnt mit <strong>de</strong>r Beschreibung <strong>de</strong>s Kalksteines von <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>, <strong>de</strong>n man in verschie<strong>de</strong>nen<br />

Tiefen <strong>de</strong>s Untergrun<strong>de</strong>s von Paris und seiner Umgebung antrifft. Nach<br />

persönlichen Beobachtungen und nach <strong>de</strong>n von Spezialisten herausgegebenen Resultaten,<br />

beschreibt er diese Schicht und seine stratigraphischen, lithologischen, tektonischen und<br />

hydrogeologischen Beson<strong>de</strong>rheiten in <strong>de</strong>r pariser Umgebung und beweist, durch einige<br />

Beispiele, dass diese Beson<strong>de</strong>rheiten nicht zufallsweise verteilt sind. Daraus zieht er<br />

Folgerungen über eine Untersuchungsmetho<strong>de</strong> dieser geologischen Schichtung; dabei<br />

sollte die Zusammenarbeit <strong>de</strong>s Geologes und <strong>de</strong>s Bo<strong>de</strong>nmechanikers sehr fruchtbar sein.<br />

Der Kalkstein von <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> besteht aus einer sehr ungleichartigen Stufe; sie erweist<br />

lithologische Arten, die manchmal in dünnen Abwechselungen von <strong>de</strong>n plastischen<br />

wasserdichten Mergeln bis zu <strong>de</strong>n harten zerbrochenen Gesteinen gehen. Diese Schicht<br />

hat eine gute Festigkeit trotzt <strong>de</strong>r hohen Wassergehalte und <strong>de</strong>r hohen Plastizitätswerten<br />

und <strong>de</strong>r geringen Dichten.<br />

Mechanische<br />

Gesamteigenschaften<br />

<strong>de</strong>s Kalksteines von <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong><br />

J. FLORENTIN<br />

Zur Illustrierung dieser Tatsache dienen die Frequenzkurven <strong>de</strong>r Wassergehalte, die<br />

Atterberg-Grenzen und die trockenen Dichte von ungefähr hun<strong>de</strong>rt Muster vom Mergel<br />

von <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>. Man stellt beson<strong>de</strong>rs fest dass auf <strong>de</strong>m Plastizitätsdiagramm sich die<br />

Vorstellungspunkte nach einer gera<strong>de</strong>n Linie einordnen, <strong>de</strong>ren Steilheit von <strong>de</strong>r Linie<br />

von Casagran<strong>de</strong> verschie<strong>de</strong>nen ist lp = 0,55 (WL — 12).<br />

Die mechanischen Prüfungen wie rasche verstärkte dreiaxiale Versuche (ohne Entwässerung)<br />

mit Messung <strong>de</strong>s Zwischenraumdruckes o<strong>de</strong>r langsame verstärkte Versuche<br />

(mit Entwässerung), erweisen einen Kornreibungswinkel nahe von 37°, da aber die<br />

Werte, die man normalerweise erwarten dürfte für einen Plastizitätswert <strong>de</strong>r' über<br />

50 liegt, viel kleiner und ungefähr 20° gleich sind.<br />

Um es zu versuchen, diese Unregelmässigkeit zu klären und beson<strong>de</strong>rs um festzustellen<br />

ob sie einer Mergelstruktur, die mit physikalischen und chemischen Vorgängen<br />

verbun<strong>de</strong>n ist, entspricht, wur<strong>de</strong>n Untersuchungen auf einigen gut lokalisierten und<br />

i<strong>de</strong>ntifizierten Mergelgrundschichten vorgeschlagen :<br />

— die Atterberg Grenzen vor und nach Heissauflagerung,<br />

— die Scherfestigkeitseigenschaften auf unbeschädigten Mustern und auf neubereiteten<br />

Gemischen dieser Bö<strong>de</strong>n.<br />

Fundamente <strong>de</strong>r Kunstbaute<br />

in <strong>de</strong>r Ebene von Rosny.<br />

P. CHASSANDE<br />

Der Verfasser hatte die Gelegenheit eine ganze Reihe von Brücken auszuführen, <strong>de</strong>ren<br />

auf Pfahl Fundamente sich auf <strong>de</strong>n Kalkstein von <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> stützen.<br />

Er nennt all die Probleme, die er sich stellen musste und die sich je<strong>de</strong>r Bauherr<br />

stellen wird in <strong>de</strong>n gleichen Umstän<strong>de</strong>n.<br />

Man überblickt nach und nach die Probleme <strong>de</strong>s Beanspruchungsgra<strong>de</strong>s das anzuwen<strong>de</strong>n<br />

ist, <strong>de</strong>r Ausführungsmetho<strong>de</strong> <strong>de</strong>r Fundamente, <strong>de</strong>r Kosten <strong>de</strong>r verschie<strong>de</strong>nen Bauweisen.<br />

118


Trot? seiner Erfahrung als Laboratorium Geotechniker, hat <strong>de</strong>r Verfasser Schwierigkeiten<br />

angetroffen bei <strong>de</strong>r Klarlegung <strong>de</strong>r Versuchsergebnissen über Probenentnahmen aus <strong>de</strong>m<br />

Kalkstein von <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>.<br />

Daraus zieht er einige Vorschläge über die Erörterung <strong>de</strong>s Problèmes und setzt sich<br />

als Ziel, <strong>de</strong>m Bauherr eine sachliche Zusammenfassung <strong>de</strong>r Kennzeichen <strong>de</strong>r Schicht<br />

vorzustrecken. Er macht uns aufmerksam auf die Notwendigkeit <strong>de</strong>r Beobachtung <strong>de</strong>r<br />

Bildung an Ort und Stelle, auf die Entnehmung von Bohrkernen mit grossem Durchmesser,<br />

auf die Notwendigkeit Versuche in grossem Mass und verschie<strong>de</strong>ner Art auszuführen.<br />

Das Problem, das <strong>de</strong>m Geotechniker gestellt wird, bleibt in diesem Fall<br />

trotz<strong>de</strong>m schwierig und verlangt eine sichere Erfahrung.<br />

Betrachtungen<br />

auf <strong>de</strong>r Grundlage<br />

einer gewissen Anzahl<br />

von Versuche.<br />

M. RASKINE<br />

Trotz <strong>de</strong>r Schwierigkeiten, unbeschädigte Probeentnahmen aus <strong>de</strong>m Kalkstein von<br />

<strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> zu entnehmen, versucht <strong>de</strong>r Verfasser in dieser Untersuchung eine geotechnische<br />

Klassifizierung <strong>de</strong>r in dieser Schichtung getroffenen Bö<strong>de</strong>n aufzubauen, und da<br />

unterschei<strong>de</strong>t er verschie<strong>de</strong>ne Arte von Mergel und Kalksteine. Die Resultate zeigen,<br />

dass die mechanischen Eigenschaften je<strong>de</strong>r bestimmten Art in einem ziemlich breiten<br />

Gebiet liegen. Der Verfasser macht uns auch auf das Bestehen von Unregelmässigkeiten<br />

wie tonmagnesiumhaltige Bettungen aufmerksam, die oft eine Gesamtauslegung schwieriger<br />

machen.<br />

Zum Schluss scheint es Nötig, sich um eine Verbesserung <strong>de</strong>r Entnehmungsmetho<strong>de</strong><br />

durch Kernbohrung anzustrengen und es erweist sich notwendig die Untersuchungen<br />

im Laboratorium durch Untersuchungen in situ durch Pressiometer zu ergänzen.<br />

Die Düngemergel<br />

von <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong><br />

auf <strong>de</strong>r Autobahn B3.<br />

J.-J. SEVESTRE<br />

Der Bericht referiert über zwei Reihen von Belastungsversuchen von Pfählen im Kalksteingebiet<br />

von <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong>, beim Aufbau von thermischen Zentralen.<br />

Bei <strong>de</strong>r Zentrale Arrighi wur<strong>de</strong> <strong>de</strong>r Versuchspfahl von 106 Zentimeter Durchmesser in<br />

<strong>de</strong>r oberen Düngeschicht <strong>de</strong>s Kalksteines von <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> angehalten. Die Belastungsvorrichtung<br />

<strong>de</strong>s Pfahles erlaubt es, die Spitzenlast und die Seitenreibung zu verän<strong>de</strong>rn.<br />

Der Versuch wur<strong>de</strong> bei einem Eindringen von 54 Millimeter, das einer Last von<br />

460 Tonnen korrespondiert (o<strong>de</strong>r ungefähr 60 Bar an <strong>de</strong>r Spitze) angehalten, ohne dass<br />

das Durchlöchern erreicht wur<strong>de</strong>. Rücksichtlich auf die Eindringungstiefe wur<strong>de</strong>n die<br />

Pfahle schliesslich tiefer auf <strong>de</strong>r ersten beige-rosenfarbige Kalkschicht von <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong><br />

angehalten und bis zu 43 Bar gela<strong>de</strong>n.<br />

Bei <strong>de</strong>r Zentrale von Vitry hat <strong>de</strong>r breiteste Versuchspfahl einen Durchmesser von<br />

108 Zentimeter; er durchquert <strong>de</strong>n Kalkstein von <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> und ruht auf <strong>de</strong>r Grundschicht<br />

vom Beauchamp. Die Belastungsvorrichtung ist <strong>de</strong>r jenen <strong>de</strong>s vorgängigen<br />

Pfahles gleich. Die Pfahle wur<strong>de</strong>n schliesslich unter <strong>de</strong>r Kalkschicht von <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong><br />

angehalten, an einer Tiefe die in Beziehung mit <strong>de</strong>m Durchmesser <strong>de</strong>s Pfahles steht<br />

(3 m für 0 = 42 mm bis zu 5,50 m für 0 = 150 mm).<br />

Fundamente auf Pfählen<br />

im Kalksteingebiet<br />

von <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> in Vitry.<br />

E. DE CAZENOVE<br />

Zum Schluss liefert <strong>de</strong>r Artikel die Werte <strong>de</strong>r Spitzenlast, die Grenzen <strong>de</strong>r Seitenreibung<br />

die bei <strong>de</strong>n bei<strong>de</strong>n Pfahlbelastungen auf einen Pfahl von einem Meter Durchmesser<br />

im Kalkstein von <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> erhalten wur<strong>de</strong>n.<br />

Die Erfahrung über eine gewisse Zahl von Untersuchungen, hat es <strong>de</strong>m Verfasser<br />

erlaubt, sich eine Meinung zu erforschen, einerseits über die Erkennungsmetho<strong>de</strong>n die<br />

für <strong>de</strong>n Kalkstein von <strong>Saint</strong>-<strong>Ouen</strong> am besten geeignet sind, an<strong>de</strong>rerseits über die<br />

Fondierungsmöglichkeiten auf dieser geologischen Stufe.<br />

Er vergleicht das relative Interesse <strong>de</strong>r Schächte und <strong>de</strong>r Kernbohrungen, <strong>de</strong>r Laboratoriumsuntersuchungen<br />

und <strong>de</strong>r Untersuchungen in situ (Penetrometer, Standarddurchdringgungstest,<br />

Presstopfversuch, Plattenversuch).<br />

Er untersucht dann die Probleme, die die Ausführung <strong>de</strong>r oberflächlichen und tiefen<br />

Fundamente auf diesem Baustoff stellen (Beanspruchungsgrad, Ausführungsbedingungen,<br />

Probleme die mit <strong>de</strong>m Bestehen von Hohlräume verbun<strong>de</strong>n sind).<br />

Zusammenfassung einiger<br />

Baustellen in Paris<br />

und in seiner Vorstadt.<br />

M. VANDANGEON<br />

119


M3BeCTHHKH CaHT-VaHCKoro<br />

Hpyca<br />

Hx oôpanoBamie H ocHOBHbie<br />

epa un H<br />

G. CHAMPETIER DE RIBES<br />

AnT"p eiiepua ,\at'T KpaThoe niinraïun' ycinuiiii oT.io;icenn>i (oópanoiiauiie) HUnei-T-<br />

IIHKIIH CaHT-VaHcKoro Hpyra H II:>M«'(it'iiii 11 (.uiarpiiea). i;»Topi,i:' HT» iiopoAM upeTepiie.iH<br />

il TPI^HHH HX reo.ioni'ieiKOH H pen. HAieib<br />

peKii CeHhi. Ha ceiiepe »T ropoA-i Maputu. Haboneii aiiiop AaeT onucaiiHe, HecKo;;r,KHx<br />

xapamepHMx pa.'ipeaon mor» óa ¡>Try<br />

H ujoTiioi'Tii cKe.ii'Ta A.ia IOTIIII »ó[ia.!u»n CaiiT-yaiicKiir» jieprejiH. Ha AwarpaMMe<br />

luacTiuiiiocTti oTMe'iaeTcii. 'ITO xapaKTepm.ir TOMKII [lacnojiKbt'iibi in, npHMoS. iiaKJion<br />

jiOTopufi o-TJiii'iaeTCB OT iiaK.ioHa lipHNioii no l>'a:iarpanAy.<br />

Oomne MexaHHMecKHe<br />

CBOftcTBa<br />

"H3BeCTHHKOB<br />

CaHT-YaHCKoro npyca"<br />

J. FLORENTIN<br />

Mi'xaHH'K'i'biie HiiibiTaHiiji 11a Tprxociioc c/Karae r ycKuppHHHM yiuoTiiemieM (lie<br />

Api'HiiponaiiHbie). cni,i noupopcbi: íipeAejiOB iipoiHocTH. Texnojiornu yi-Tpoii-<br />

CTBâ OCHOBaHHÜ (JyHAaMeHTOB. < TOHMOCTII pali.lHIHHX TGXHH I6CKHX pelUeHHH.<br />

l<br />

120


Aivmp. Li'.riiTiii IM i il M iiiócTneiiHMM OIIMTOM .laóopaTopnoro reoTexHHKa H pacCKaai.iiiacT<br />

il T¡>y.i-iniT)i\. i.oTopi.io (in iK'iihiTRj upH niiTcpiipfTaii.iiH pe:iyjibTaTOB HciibiTaHHÎi. uponi'.ii'iiiiiii\<br />

na niipa:ii(ii.v n:iiii'iTiiHKa OatiT-yancKoro apyca.<br />

IIi'MUM n:: :>Tiir». aiiTiip BIII/CHT HeKOTopMc upe^jidiKeHHJi nu uoBOAy Toro. KaK HOAxcaiiTi.<br />

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CaHT-yaHCKHX H.IBerTHHKOB. a r .ipyiOH CTOJKIÜI.I O IIO:ÌMI)!K110CTII 110.1 l.:iOBaTT>CH 8T11M ri'O.lo-<br />

THiefKHM apycoM B Ka iecTBe r ociioiianiiíi.<br />

ABTop epaBHHnaPT oTimciiTvjkHHf upcmiyiuccnia pa:ii)iMi»iiii,ix inaxTiibix I'TIII..IOII ir<br />

CKBaJKHH KOJiOHKoBoro óypeHiin. noiii.iTaiiiiii .lañupaTopiiux il im.icni.is ( nciicTpuMcTpawH.<br />

CTaHflapTHbiM HCübiTaHHeM Ha naóniiKy inali. nciibiTainiiiMii e HOMOHII.KI .uiMici'ara, inni.!.<br />

TaHHHMH MeTOAOM BAaB.lHBailllB lUTa.Mliai.<br />

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M. VANDANGEON<br />

121

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