Les Chartreux sont passés par Corenc

H I S T O I R E
Les Chartreux sont passés par Corenc
Cet été, par le chemin St-Bruno, laissez-vous guider,
dans notre parc régional, vers la Grande
Chartreuse.
Neuf siècles d’histoire
C’est en 1084 que Bruno et ses six compagnons qui partagent
avec lui le désir d’une vie de silence, de solitude, et de prière,
héritée des ermites des premiers siècles après J-C, se présentent
à Hugues, évêque de Grenoble et lui demandent de leur indiquer
un site qui pourrait convenir à cette vie érémitique à laquelle ils
aspirent. Hugues va les conduire vers le désert de la Chartreuse:
à Corenc, l’oratoire du chemin Saint-Bruno rappelle l’ascension
de Bruno et de ses compagnons guidés par Hugues.
La vallée de Chartreuse, entourée de montagnes et d’épaisses
forêts, avec son cadre grandiose et sévère, son climat rude, son
accès difficile, correspondait tout à fait au site qu’ils recherchaient
et ils s’y installèrent. Chacun construisit sa cabane en
bois, et une chapelle réunit les moines pour la prière. Les principes
de vie édictés par Bruno attirent d’autres ermites qui fondent
rapidement de nouvelles « chartreuses » sur tout le territoire
national puis dans toute l’Europe. L’ordre, qui a rédigé la
coutume cartusienne « Voici ce que nous avons coutume de
faire… », compte au XVI e siècle plus de 200 monastères. Aujourd’hui,
19 monastères de moines dans le monde et 5 de moniales
se réclament de la règle de l’ordre des Chartreux.
Leur activité en Chartreuse au cours de ces neuf siècles d’histoire
a été intense. Outre la réalisation des parchemins et des
enluminures, dont une bible dite de « Casalibus » datant du
XI e siècle, confectionnée dans les premières cabanes en bois, et
conservée à la Bibliothèque de Grenoble, ils ont défriché, mené
des activités agropastorales, entretenues les forêts, construisant
granges, étables, fromageries. Ils furent pendant longtemps
« maîtres de forge », exploitant dès le XIII e siècle des mines de fer
au col de Bovinant au-dessus du monastère, utilisant les torrents
pour actionner les trompes d’eau, souffleries ingénieuses
manœuvrées par le courant d’eau et les « martinets », sorte de
marteaux mécaniques entraînés par une roue à aube. Des vestiges
de ces activités sont encore visibles. Enfin, ils connaissent
le succès que l’on sait dans la fabrication et la vente de la liqueur
qui s’exporte dans le monde entier.
A visiter: la Correrie
On peut y accéder en voiture. A l’origine les pères étaient installés
dans la maison haute, au monastère et les frères convers à la
maison basse: la Correrie. Puis on y installa les frères malades.
Aujourd’hui, elle abrite un musée. On peut y admirer une
superbe maquette en bois (1/125 e ) du monastère qu’un religieux
a mis trois ans à réaliser et qui permet d’appréhender globalement
les lieux. Des explications sont données sur la règle cartusienne.
Sur l’ensemble des chartreuses dans le monde.
On peut également y visiter une cellule de moine: construite sur
deux niveaux: à l’étage, une pièce pour la prière, une autre qui
sert de lieu de vie et au rez-de-chaussée, une réserve de bois et
un atelier et à l’extérieur, devant l’atelier, un jardin entouré de
hauts murs.
A admirer de loin: le monastère
A 3,5 km environ de la Correrie au nord: le monastère. Le
monastère d’origine a été détruit par une avalanche ; reconstruit
plus bas à l’emplacement d’aujourd’hui, il a été huit fois détruit
par le feu. Même si quelques bâtiments plus anciens datant des
XIV e et XV e siècles subsistent, l’ensemble des bâtiments datent
du XVII e siècle. On en reconnaît l’architecture massive, porteuse
d’une grande noblesse par l’équilibre, les fenêtres à meneaux alignées
et la symétrie affirmée. C’est une véritable cité ceinte de
murs dont les admirables toitures profondes abritent un monde
de silence. On ne peut pas visiter le monastère mais on peut l’admirer…
de loin pour respecter le vœu des moines. Chassés à la
Révolution, puis en 1903 au moment de l’interdiction des congrégations,
les moines sont de retour depuis 1940.
Pendant des siècles, ils ont contrôlé les entrées du Désert par des
portes, porte du Pont, porte de l’Œillette, hébergeant les voyageurs
dans des bâtiments du Grand Logis, encore existants
aujourd’hui.
Au-dessus du monastère, la chapelle Saint-Bruno, bâtie sur un
rocher escarpé à l’emplacement du premier ermitage, la chapelle
Notre-Dame de Casalibus et disséminés le long de l’enceinte
du désert, de nombreux petits oratoires portant la croix
des Chartreux, un globe surmonté d’une croix, attestent de
leur présence.
Monique Sacchi-Meunier
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Les Nouvelles de Corenc/juin 2012