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L A R E V U E D U M É D E C I N D E T E R R A I N<br />
Dossier<br />
Enfants et adolescents<br />
<strong>sport</strong>ifs<br />
Tous concernés!<br />
2 e partie<br />
Profession<br />
Médecine <strong>du</strong> <strong>sport</strong><br />
en France<br />
Quels acteurs <br />
Découverte<br />
d’un <strong>sport</strong><br />
Aïkido<br />
La voie de la sagesse<br />
Mise au point<br />
Lésions<br />
sterno-claviculaires<br />
Les reconnaître<br />
« Guérir mieux<br />
en grimpant vers l’espoir »<br />
Parcours exceptionnel<br />
d’une femme exceptionnelle<br />
Peut-on repousser ses limites en s’engageant dans des défis <strong>sport</strong>ifs <br />
Entretien avec Christine Janin, médecin, alpiniste, fondatrice<br />
et présidente de l’association À Chacun son Everest.<br />
BIMESTRIEL - NUMÉRO 91 - SEPTEMBRE/OCTOBRE 2008<br />
www.m<strong>sport</strong>.<strong>net</strong>
MÉDECINS DU SPORT 3<br />
N°91-SEPTEMBRE/OCTOBRE 2008<br />
ÉDITO<br />
RENDONS<br />
LA MÉDECINE<br />
AUX MÉDECINS ET<br />
REPLAÇONS L’HUMAIN<br />
AU CENTRE DE<br />
CE QUI DOIT RESTER UN ART<br />
Depuis plusieurs années, sous<br />
l’influence d’une administration<br />
pressante et omnipotente, la pratique<br />
de la médecine subit des modifications,<br />
des transformations ou des réformes<br />
qui ne sont pas synonymes<br />
d’amélioration.<br />
Isolé, accusé de tous les maux, celui<br />
qui sait, car il a appris et entretient<br />
régulièrement son savoir, a prêté<br />
le serment d’Hippocrate, celui dont<br />
le comportement est souvent<br />
exemplaire, doit faire face à<br />
de multiples contraintes. EPP, FMC<br />
obligatoire, contrôle qualité, PMSI,<br />
CCAM, loi DMOS, EBM, référentiels<br />
HAS orientés par la maîtrise<br />
comptable… nous éloignent<br />
de l’intérêt <strong>du</strong> patient<br />
et de la véritable médecine, celle<br />
de l’Homme et <strong>du</strong> terrain.<br />
Notre manque de solidarité nous<br />
laisse-t-il les moyens de réagir Il est<br />
vrai que nos “Maîtres” d’antan,<br />
charismatiques cliniciens, enseignants<br />
respectés car respectables, défenseurs<br />
d’une médecine corporatiste et<br />
prioritairement humaniste, se font de<br />
plus en plus rares. Les politiques friands<br />
de réformes mais incapables d’assumer<br />
la responsabilité de leurs échecs (faillite<br />
de l’hôpital, numérus clausus excessif,<br />
gaspillages multiples…) sont, quant<br />
à eux, toujours prêts à porter l’estocade<br />
à ceux qu’ils ne considèrent pas, en<br />
favorisant l’hégémonie administrative.<br />
Mais, il ne peut y avoir de médecine<br />
sans médecin !<br />
Il est donc temps d’arrêter ce processus<br />
négatif et dégradant pour tous<br />
en se donnant les moyens<br />
de replacer l’Humain au centre<br />
de nos préoccupations.<br />
«Ne transformez pas votre art en<br />
un simple métier» : tel était le message<br />
de sagesse laissé par le Pr de Vernejoul,<br />
à l’occasion de son centenaire, en 1990.<br />
Tout ceci demeure plus que jamais<br />
d’actualité… mais il est peut-être<br />
déjà trop tard !<br />
Dr Hervé Zakarian<br />
Saint-Raphaël<br />
L’enfant et l’adolescent <strong>sport</strong>ifs<br />
Information, prévention, suivi :<br />
tous concernés !<br />
2 e partie<br />
P. 04-07 Profession<br />
Organisation de la médecine <strong>du</strong> <strong>sport</strong> en France<br />
Les différents acteurs<br />
P. 09-1 1 Evénement<br />
« Guérir mieux en grimpant vers l’espoir »<br />
Parcours exceptionnel d’une femme exceptionnelle<br />
Entretien avec Christine Janin<br />
< Dossier ><br />
P. 13-22 P. 13-22<br />
Sport et enfant : contre-indications, non<br />
contre-indication, obligation d’information page 14<br />
L’alimentation de l’enfant et<br />
de l’adolescent <strong>sport</strong>ifs page 16<br />
P. 23-25 Découverte d’un <strong>sport</strong><br />
L’aïkido<br />
La voie de la sagesse<br />
P. 27-31 Vécu<br />
Football et ramadan<br />
Approche nutritionnelle en période<br />
de compétition<br />
P. 32-33 Mise au point<br />
Lésions sterno-claviculaires<br />
Les reconnaître<br />
P. 34 Cas clinique<br />
Ne plus savoir sur quel pied danser<br />
Le pied en serpette<br />
Retrouvez Médecins <strong>du</strong> Sport sur Inter<strong>net</strong><br />
www.m<strong>sport</strong>.<strong>net</strong><br />
Articles, mises au point, banque d’images, formations, événements…<br />
Sommaire<br />
Directeur de la publication : Dr Antoine Lolivier - Rédacteur en chef : Dr Didier Rousseau - Rédacteur en chef adjoint : Odile Mathieu - Rédactrice : Stéphane Desmichelle-<br />
Secrétaire de rédaction : Annaïg Bévan - Chef de studio : Laurent Flin - Maquette : Christine Lecomte - Directrice de la Pro<strong>du</strong>ction : Gracia Bejjani - Assistante de<br />
pro<strong>du</strong>ction : Cécile Jeannin - Comité de rédaction : Pr François Carré - Pr Pascal Christel - Dr Jean-Marie Coudreuse - Dr Patrick Djian - Dr Martine Duclos - Dr Hervé de<br />
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Zakarian - Service d’abonnement : Claire Lesaint - Photos de couverture : “À chacun son everest”.<br />
Cette publication est éditée par Expressions Santé, 2, rue de la Roquette - Passage <strong>du</strong> Cheval Blanc, cour de Mai - 75011 Paris. Tél. : 01 49 29 29 29.<br />
Fax: 0149292919. E-mail: mds@expressions-sante.fr - N° ISSN: 1279-1334. Imprimeur: Imprimerie de Compiègne, 60205 Compiègne.<br />
Tous les articles sont publiés sous la responsabilité de leurs auteurs.
Profession<br />
Organisation de la méde<br />
en France<br />
Les différents acteurs<br />
Où en est la médecine<br />
<strong>du</strong> <strong>sport</strong> aujourd’hui<br />
et quelles en sont les<br />
différentes composantes<br />
en France Le tableau<br />
est difficile à établir :<br />
la médecine <strong>du</strong> <strong>sport</strong><br />
est multiple et fait<br />
intervenir plusieurs<br />
spécialités ainsi que de<br />
nombreux organismes<br />
publics et privés.<br />
Dans ce catalogue qui peut paraître fastidieux, certains trouveront des<br />
renseignements qui leur seront utiles.<br />
Nous verrons successivement :<br />
● les pouvoirs publics (le ministère de la Santé, de la Jeunesse, des<br />
Sports et de la Vie associative, les établissements nationaux et les<br />
directions régionales et départementales) ;<br />
● le Comité National Olympique et Sportif Français ;<br />
● les fédérations <strong>sport</strong>ives ;<br />
● l’Agence Française de Lutte contre le Dopage ;<br />
● les sociétés savantes ;<br />
● la formation ;<br />
● les associations ;<br />
● les syndicats ;<br />
● la médecine <strong>du</strong> <strong>sport</strong> libérale ;<br />
● le Conseil national de l’Ordre des médecins.<br />
LES STRUCTURES D’ÉTAT<br />
Le ministère de la Santé,<br />
de la Jeunesse, des Sports<br />
et de la Vie associative<br />
Ministère de la Santé, de la Jeunesse, des<br />
Sports et de la Vie associative<br />
95 avenue de France<br />
75650 Paris cedex 13<br />
Tél. : 01 40 45 90 00<br />
Le ministère de la Jeunesse et des<br />
Sports n’existe plus et a été intégré<br />
dans un grand ministère de la Santé,<br />
de la Jeunesse, des Sports et de la Vie<br />
associative, dont la ministre est actuellement<br />
Roselyne Bachelot-Narquin<br />
(http://www.jeunesse-<strong>sport</strong>s.gouv.fr/).<br />
* INSEP, Paris<br />
Bernard Laporte est le secrétaire d’Etat<br />
à la jeunesse et aux <strong>sport</strong>s.<br />
Au sein de la partie jeunesse et <strong>sport</strong>,<br />
la médecine <strong>du</strong> <strong>sport</strong> est représentée<br />
par un bureau médical composé de<br />
3 médecins et d’une pharmacienne.<br />
Ce bureau médical prend en charge :<br />
● la médecine <strong>du</strong> <strong>sport</strong>, dans un cadre<br />
de plus en plus transversal et interministériel<br />
(santé, recherche, é<strong>du</strong>cation<br />
nationale, affaires européennes…),<br />
en accord avec le Conseil national de<br />
l’Ordre des médecins ;<br />
● le suivi médical des <strong>sport</strong>ifs de haut<br />
niveau et le contrôle de sa bonne exécution<br />
par les fédérations <strong>sport</strong>ives ;<br />
● la prévention et la lutte contre le dopage,<br />
en accord avec l’Agence Française<br />
de Lutte contre le Dopage (AFLD) ;<br />
● l’organisation des fédérations et leur<br />
agrément par le ministère, ainsi que<br />
le suivi des subventions que reçoivent<br />
les fédérations en fonction d’une<br />
convention d’objectif médicale négociée<br />
de manière annuelle ;<br />
● le suivi des médecins contractuels des<br />
établissements régi par l’Etat (INSEP,<br />
CREPS, écoles nationales…) ;<br />
● l’organisation des compétitions et la<br />
responsabilité médicale.<br />
Les différents établissements<br />
publics nationaux<br />
Sont placés sous tutelle <strong>du</strong> ministère,<br />
31 établissements publics nationaux<br />
(24 CREPS, 2 instituts, 3 écoles, le Musée<br />
National <strong>du</strong> Sport et le Centre National<br />
pour le Développement <strong>du</strong> Sport).<br />
La liste est consultable sur le site <strong>du</strong><br />
ministère de la Santé, de la Jeunesse,<br />
des Sports et de la Vie associative :<br />
http://www.sante-jeunesse<strong>sport</strong>s.gouv.fr/<br />
● 24 Centres Régionaux d’E<strong>du</strong>cation Populaire<br />
et de Sport (CREPS) dont 22 en<br />
métropole ;<br />
● 3 écoles nationales : l’Ecole Nationale<br />
d’Equitation (ENE), l’Ecole Nationale<br />
de Ski et d’Alpinisme (ENSA)<br />
et l’Ecole Nationale de Voile (ENV) ;<br />
● 2 instituts : l’Institut National <strong>du</strong> Sport<br />
et de l’E<strong>du</strong>cation Physique (INSEP) et<br />
l’Institut National de la Jeunesse et de<br />
l’E<strong>du</strong>cation Populaire (INJEP) ;<br />
● le Musée National <strong>du</strong> Sport (MNS) ;<br />
● le Centre National pour le Développement<br />
<strong>du</strong> Sport (CNDS).<br />
MÉDECINS DU SPORT 4<br />
N°91-SEPTEMBRE/OCTOBRE 2008
cine <strong>du</strong> <strong>sport</strong> Dr<br />
Philippe Le Van*<br />
Mots-clés<br />
Dopage, Compétition,<br />
AMA, AUT, Liste,<br />
Substances interdites<br />
Profession<br />
Ces établissements publics participent,<br />
en fonction de leur spécificité, à<br />
la mise en œuvre de la politique nationale<br />
<strong>du</strong> ministère, notamment dans<br />
le domaine de la formation. Les CREPS<br />
apportent leur concours aux DRJS et<br />
DDJS et contribuent à la promotion des<br />
activités physiques et <strong>sport</strong>ives, de la<br />
jeunesse, de l’é<strong>du</strong>cation populaire et<br />
des loisirs.<br />
De plus, l’ensemble des établissements<br />
a vocation à accueillir les pôles relevant<br />
des filières d’accès au <strong>sport</strong> de<br />
haut niveau. Ils sont donc le lieu privilégié<br />
de la préparation <strong>sport</strong>ive des<br />
athlètes mais aussi, grâce aux cursus<br />
de formation qui leur sont proposés,<br />
de leur future insertion professionnelle.<br />
Des services médicaux existent au<br />
sein de ces CREPS plus ou moins développés,<br />
en fonction <strong>du</strong> nombre de<br />
<strong>sport</strong>ifs suivis dans les pôles <strong>sport</strong>ifs<br />
qui sont accueillis.<br />
L’Institut National <strong>du</strong> Sport et<br />
de l’E<strong>du</strong>cation Physique (INSEP)<br />
Directeur : Thierry Maudet<br />
11 avenue <strong>du</strong> Tremblay<br />
75012 Paris<br />
Tél. : 01 41 74 41 00<br />
Fax : 01 41 74 45 30<br />
Médical : 01 41 74 43 52<br />
http://www.insep.fr<br />
L’INSEP a un rôle particulier dans le<br />
<strong>sport</strong> de haut niveau.<br />
Cet institut permet à l’élite <strong>du</strong> <strong>sport</strong><br />
français de concilier entraînement et<br />
formation scolaire, universitaire ou<br />
professionnelle. Centre principal de<br />
ressources <strong>du</strong> <strong>sport</strong>, l’INSEP intervient<br />
en priorité dans la formation de l’encadrement<br />
<strong>sport</strong>if et participe à la création<br />
et à la diffusion des connaissances<br />
en matière de <strong>sport</strong>.<br />
Les <strong>sport</strong>s de haut niveau sont sélectionnés<br />
par les fédérations, les <strong>sport</strong>ifs<br />
de haut niveau étant répartis dans<br />
les 28 pôles France. Des moyens spécifiques<br />
et exceptionnels leur permettent<br />
de préparer les grandes échéances<br />
compétitives, tout en garantissant leur<br />
insertion sociale.<br />
Les formations internes sont complétées<br />
par des filières professionnelles<br />
et universitaires, en partenariat avec<br />
les grands établissements de la région<br />
parisienne : elles constituent la formation<br />
professionnelle continue de<br />
l’encadrement <strong>sport</strong>if français.<br />
Les relations internationales sont développées<br />
par des échanges réguliers<br />
avec plus de quarante pays sur les cinq<br />
continents, ainsi que des accueils et<br />
missions à l’étranger.<br />
Au niveau de la médecine <strong>du</strong> <strong>sport</strong>, le<br />
suivi permanent des <strong>sport</strong>ifs est assuré,<br />
en coordination avec l’encadrement<br />
fédéral.<br />
La science <strong>du</strong> <strong>sport</strong> est étudiée avec<br />
des programmes de recherche appliquée<br />
au <strong>sport</strong> de haut niveau, en collaboration<br />
avec le mouvement <strong>sport</strong>if :<br />
biomécanique et physiologie, mouvement,<br />
action et performance, psychologie<br />
<strong>du</strong> <strong>sport</strong>, mécanique appliquée<br />
au <strong>sport</strong>, sociologie.<br />
Le département médical de l’INSEP<br />
dispose : de médecins contractuels<br />
plein temps et mi-temps, d’un dispensaire<br />
(ce qui lui donne le statut de<br />
centre de santé), de nombreux spécialistes,<br />
d’un service d’imagerie comprenant<br />
radiologie, échographie et<br />
IRM, d’un service dentaire, d’un plateau<br />
technique d’exploration fonctionnelle<br />
physiologique et cardiologique,<br />
et d’un service de réé<strong>du</strong>cation.<br />
Le département médical a également<br />
un rôle de formation puisqu’il intervient<br />
dans des enseignements et<br />
stages de médecine et de kinésithérapie<br />
<strong>du</strong> <strong>sport</strong>.<br />
Les établissements spécialisés<br />
● l’Ecole Nationale de Ski et d’Alpinisme<br />
(ENSA)<br />
Directeur : Pierre Oudot<br />
35 route <strong>du</strong> Bois <strong>du</strong> Bouchet BP 24<br />
74401 Chamonix Mont-Blanc<br />
Tél. : 04 50 55 30 30<br />
Fax : 04 50 53 47 44<br />
http://www.ensa.jeunesse-<strong>sport</strong>s.fr<br />
● l’Ecole Nationale de Voile (ENV)<br />
Directeur : Christophe Debove<br />
Beg rohu BP 20<br />
56510 Saint-Pierre Quiberon<br />
Tél. : 02 97 30 30 30<br />
Fax : 02 97 30 42 61<br />
http://www.env.jeunesse-<strong>sport</strong>s.fr<br />
● l’Ecole Nationale d’Equitation (ENE)<br />
Directeur : Jacques Thiolat<br />
Terrefort - BP 207<br />
49411 Saumur Cedex<br />
Tél. : 02 41 53 50 50<br />
Fax : 02 41 67 63 08<br />
http://www.ene.jeunesse-<strong>sport</strong>s.fr<br />
Le choix de la déconcentration<br />
Le ministère et le secrétariat d’Etat disposent<br />
d’un réseau de services déconcentrés<br />
constitués de directions régionales<br />
de la jeunesse et des <strong>sport</strong>s<br />
(22 DRDJS) ; de directions départementales<br />
de la jeunesse et des <strong>sport</strong>s<br />
(74 DDJS et 4 DDJS d’Outre-Mer) et<br />
de 5 services dans les territoires<br />
d’Outre-Mer.<br />
Au sein de chaque DRJS, le directeur<br />
régional dispose d’un médecin<br />
conseiller régional contractuel qui a<br />
pour mission :<br />
● le développement de la médecine <strong>du</strong><br />
<strong>sport</strong> régionale ;<br />
MÉDECINS DU SPORT 5<br />
N°91-SEPTEMBRE/OCTOBRE 2008
Profession<br />
● la surveillance médicale des athlètes<br />
de haut niveau sur la région ;<br />
● la lutte antidopage régionale ;<br />
● la promotion de la santé par le <strong>sport</strong>.<br />
LE COMITÉ NATIONAL<br />
OLYMPIQUE SPORTIF<br />
FRANÇAIS (CNOSF)<br />
Le CNOSF (titre IV, chapitre 1 er <strong>du</strong> Code<br />
<strong>du</strong> <strong>sport</strong>), association reconnue d’utilité<br />
publique, est composé de l’ensemble<br />
des fédérations <strong>sport</strong>ives (fédérations<br />
uni<strong>sport</strong> olympiques, fédérations uni<strong>sport</strong><br />
non olympiques, fédérations multi<strong>sport</strong>s).<br />
Le CNOSF représente en France<br />
le CIO et est donc soumis aux exigences<br />
de la charte olympique.<br />
CNOSF<br />
Maison <strong>du</strong> Sport Français<br />
1 avenue Pierre de Coubertin<br />
75640 Paris cedex 13<br />
Tél. : 01 40 78 28 00<br />
Fax : 01 40 78 28 34<br />
http://www.comite-olympique.asso.fr/<br />
Le CNOSF possède une commission<br />
médicale présidée par le Dr Maurice<br />
Vrillac et composée de représentants<br />
des médecins fédéraux nationaux, des<br />
médecins d'équipe de France, des médecins<br />
de CROS et de représentants<br />
des masseurs kinésithérapeutes. Elle<br />
participe à la préparation des règlements<br />
médicaux des fédérations comprenant,<br />
en particulier, en application<br />
de la loi de mars 1999, le certificat de<br />
non contre-indication pour les participants<br />
aux épreuves <strong>sport</strong>ives, le bilan<br />
médical des <strong>sport</strong>ifs des filières de<br />
haut niveau et des <strong>sport</strong>ifs de haut niveau<br />
(protocoles médicaux et bilans<br />
biologiques).<br />
Par les liens étroits qu'elle entretient<br />
avec le <strong>sport</strong> de haut niveau, la commission<br />
médicale <strong>du</strong> CNOSF a des intérêts<br />
communs avec la mission olympique<br />
<strong>du</strong> <strong>sport</strong> de haut niveau mais<br />
aussi avec la fondation Sport santé en<br />
matière de dopage. Elle fait office de<br />
médiateur au sein de la médecine <strong>sport</strong>ive<br />
française et, à ce titre :<br />
● elle informe les intervenants de la<br />
médecine <strong>sport</strong>ive des circulaires et<br />
enquêtes médicales délivrées par le<br />
CIO, ou par le ministère des Sports ;<br />
● elle organise des groupes de travail<br />
concernant la chronobiologie, le <strong>sport</strong><br />
et la climatologie, la vision et le <strong>sport</strong>,<br />
la récupération ;<br />
● elle participe à des groupes de travail<br />
et à des congrès en collaboration<br />
avec les médecins et masseurs kinésithérapeutes<br />
<strong>du</strong> milieu <strong>sport</strong>if (fédérations,<br />
équipes, CROS, CDOS) et avec<br />
les laboratoires médicaux ;<br />
● elle prépare la logistique médicale<br />
française pour les Festivals Olympiques<br />
de la Jeunesse Européenne, les Jeux<br />
Méditerranéens, les Jeux Olympiques,<br />
et les Jeux de la Francophonie en collaboration<br />
avec le ministère des Sports<br />
(commandes de médicaments et de<br />
pro<strong>du</strong>its de kinésithérapie, gestion des<br />
stocks et <strong>du</strong> matériel, établissement<br />
des dossiers médicaux des athlètes) ;<br />
● elle encadre médicalement la délégation<br />
française lors de ces événements<br />
<strong>sport</strong>ifs ;<br />
● elle participe à la lutte contre le dopage<br />
lors de réunions <strong>du</strong> Conseil de<br />
prévention et de lutte contre le dopage,<br />
et <strong>du</strong> Conseil d'administration <strong>du</strong> Laboratoire<br />
national de dépistage <strong>du</strong> dopage<br />
;<br />
● elle travaille en collaboration avec le<br />
ministère des Sports à l'élaboration <strong>du</strong><br />
livret médical, des protocoles médicaux<br />
et des plateaux techniques ;<br />
● elle se concerte avec l'Union nationale<br />
des médecins fédéraux, le Syndicat national<br />
des médecins <strong>du</strong> <strong>sport</strong> et la Société<br />
française de médecine <strong>du</strong> <strong>sport</strong>.<br />
LES FÉDÉRATIONS<br />
SPORTIVES<br />
Dès 1945, l’Etat a délégué aux fédérations<br />
<strong>sport</strong>ives le pouvoir d’organiser<br />
et de promouvoir la pratique de<br />
leurs disciplines. Il en a résulté une assez<br />
large autonomie des fédérations<br />
qui constituent le «mouvement <strong>sport</strong>if»<br />
et sont au cœur de l’organisation<br />
<strong>du</strong> <strong>sport</strong> en France.<br />
Au niveau médical, plusieurs acteurs<br />
évoluent avec des rôles différents :<br />
● un médecin élu au comité directeur<br />
de chaque fédération ;<br />
● un médecin fédéral national nommé<br />
par le président de la fédération et le<br />
responsable de la commission médicale<br />
nationale (qui peut être le médecin<br />
élu) ;<br />
● un médecin coordonnateur <strong>du</strong> suivi<br />
médical (poste créé récemment pour<br />
mettre en place et surveiller le bon déroulement<br />
<strong>du</strong> suivi médical longitudinal<br />
des <strong>sport</strong>ifs de haut niveau), présent<br />
uniquement dans quelques<br />
grandes fédérations ;<br />
● un ou plusieurs médecins d’équipe<br />
qui encadrent les différentes équipes<br />
de France lors des déplacements,<br />
stages et compétitions en France et<br />
à l’étranger ;<br />
● des médecins régionaux, voire départementaux,<br />
qui animent des commissions<br />
régionales et départementales,<br />
et sont le relais de la commission<br />
médicale nationale dans les régions et<br />
dans les départements, faisant remonter<br />
au niveau national les problèmes<br />
médicaux locaux.<br />
La commission médicale est composée<br />
<strong>du</strong> médecin fédéral national, <strong>du</strong><br />
médecin coordonnateur <strong>du</strong> suivi médical,<br />
<strong>du</strong> médecin des équipes nationale,<br />
des médecins fédéraux régionaux,<br />
voire départementaux, <strong>du</strong><br />
kinésithérapeute fédéral, des médecins<br />
et kinésithérapeutes des équipes<br />
nationales et de spécialistes reconnus<br />
pour leur compétence concernant le<br />
<strong>sport</strong> concerné.<br />
La commission médicale émet un avis<br />
sur la nomination des médecins travaillant<br />
pour la fédération et met en<br />
œuvre les dispositions législatives et<br />
réglementaires relatives à la protection<br />
de la santé des <strong>sport</strong>ifs, ainsi qu’à<br />
la prévention et la lutte contre le dopage<br />
(en assurant l’organisation de la<br />
surveillance sanitaire des <strong>sport</strong>ifs de<br />
haut niveau et inscrits dans la filière<br />
d'accession au haut niveau, et en définissant<br />
les modalités de délivrance<br />
<strong>du</strong> certificat de non contre-indication<br />
à la pratique de la ou des disciplines<br />
fédérales).<br />
Elle définit et met en œuvre la politique<br />
et la réglementation sanitaire fédérale<br />
à destination de l’ensemble des licenciés<br />
et organise la médecine fédérale.<br />
Elle examine les révisions nécessaires<br />
des règlements médicaux (par exemple<br />
: la surveillance des compétitions),<br />
les révisions de non contre-indication<br />
médicale ou de contre-indication et<br />
statue sur les litiges s'y rapportant, en<br />
particulier pour les surclassements.<br />
Elle effectue des études et communications<br />
scientifiques relatives à la<br />
discipline.<br />
Elle participe et contribue à toute autre<br />
action d'ordre médical et paramédical<br />
concernant la formation continue,<br />
la prévention <strong>du</strong> dopage, la réalisation<br />
de congrès médicaux et les actions de<br />
recherche.<br />
Elle participe à l’élaboration <strong>du</strong> volet<br />
MÉDECINS DU SPORT 6<br />
N°91-SEPTEMBRE/OCTOBRE 2008
médical de la convention d’objectifs<br />
<strong>du</strong> MSJS et statue sur les litiges se rapportant<br />
à l’ensemble de son champ de<br />
compétence.<br />
Elle a donc un rôle important sur le bon<br />
déroulement “médical” de la vie d’une<br />
fédération.<br />
L’AGENCE FRANÇAISE DE<br />
LUTTE CONTRE LE DOPAGE<br />
(AFLD)<br />
L’AFLD, autorité publique indépendante<br />
dotée de la personnalité morale,<br />
a été créée dans son principe par la<br />
loi <strong>du</strong> 5 avril 2006, relative à la lutte<br />
contre le dopage et à la protection de<br />
la santé des <strong>sport</strong>ifs et a été ren<strong>du</strong>e<br />
opérationnelle le 1 er octobre 2006, par<br />
décret.<br />
AFLD<br />
229 boulevard Saint-Germain<br />
75007 Paris<br />
Tél. : 01 40 62 76 76<br />
Fax : 01 40 62 77 39<br />
info@afld.fr<br />
Permanence de renseignements : <strong>du</strong> lundi<br />
au vendredi de 9h30 à 18h00<br />
- Département des contrôles<br />
229 boulevard Saint-Germain<br />
75007 Paris<br />
Tél. : 01 40 62 72 50<br />
Fax : 01 40 62 72 51<br />
controles@afld.fr<br />
Permanence de renseignements : <strong>du</strong> lundi<br />
au vendredi de 9h30 à 18h00<br />
- Département des analyses<br />
143 avenue Roger Salengro<br />
92290 Châtenay-Malabry<br />
Tél. : 01 46 60 28 69<br />
Fax : 01 46 60 30 17<br />
analyses@afld.fr<br />
Permanence de renseignements : <strong>du</strong> lundi<br />
au vendredi de 8h30 à 17h30<br />
L’AFLD exerce ses responsabilités<br />
dans six domaines.<br />
● Les contrôles antidopage : l’agence<br />
dispose de la compétence exhaustive<br />
de la définition de la stratégie des<br />
contrôles et de leur mise en œuvre opérationnelle,<br />
en ce qui concerne les<br />
compétitions et les entraînements se<br />
déroulant en France, en dehors des<br />
règles des fédérations internationales.<br />
● Les analyses : elles sont effectuées<br />
par le Laboratoire National de Détection<br />
<strong>du</strong> Dopage (LNDD), devenu un service<br />
de l’agence en prenant le nom de<br />
Département des Analyses. L’AFLD<br />
dispose de l’unique laboratoire accrédité<br />
en France auprès de l’Agence<br />
Mondiale Antidopage. Les analyses<br />
sont réalisées sous la responsabilité<br />
scientifique et technique <strong>du</strong> directeur<br />
des analyses, nommé par le collège de<br />
l’agence.<br />
● Le pouvoir disciplinaire et les AUT :<br />
l’agence assure le suivi de l’ensemble<br />
des procé<strong>du</strong>res disciplinaires mises en<br />
œuvre par les fédérations nationales. Par<br />
ailleurs, en corollaire de son rôle disciplinaire,<br />
l’agence est chargée par la loi<br />
de délivrer, au plan national, les autorisations<br />
d’usage à des fins thérapeutiques<br />
de pro<strong>du</strong>its interdits, sous leurs deux<br />
formes dites standard ou abrégée.<br />
● La prévention : aux côtés des autres<br />
acteurs de la prévention <strong>du</strong> dopage (ministères,<br />
notamment ministère chargé<br />
des Sports auquel la loi nouvelle confie<br />
la coordination des actions de prévention,<br />
mouvement <strong>sport</strong>if, collectivités territoriales,<br />
antennes médicales de prévention<br />
<strong>du</strong> dopage, professions de<br />
UNE FONDATION SPORT SANTÉ<br />
santé…), l’agence intervient au plan de<br />
la réflexion générale, par la voie de recommandations<br />
aux fédérations, par la<br />
réponse aux questions que celles-ci lui<br />
posent, ou encore par la réunion de commissions<br />
spécialisées composées de représentants<br />
d’administrations, <strong>du</strong> mouvement<br />
<strong>sport</strong>if ou des professions de<br />
santé.<br />
● La recherche : l’AFLD dispose d’un<br />
comité d’orientation scientifique, composé<br />
de neuf scientifiques français et<br />
étrangers de haut niveau, désignés<br />
par le président de l’agence, ainsi que<br />
de trois représentants des administrations<br />
concernées et d’un représentant<br />
de l’Agence Mondiale Antidopage.<br />
● L’action internationale, en tant<br />
qu’instance consultative : chargée<br />
de répondre aux questions des fédérations<br />
<strong>sport</strong>ives relevant de sa compétence,<br />
l’agence peut également<br />
leur adresser des recommandations.<br />
Elle est associée aux activités internationales<br />
dans le domaine de la<br />
lutte contre le dopage, notamment<br />
vis-à-vis de l’Agence Mondiale Antidopage.<br />
Vous pouvez télécharger les formulaires<br />
de demande d’AUT standard et abrégée<br />
(asthme et glucocorticoïde) sur le<br />
site de l’AFLD. http://www.afld.fr/. ■<br />
La Fondation Sport Santé a été créée afin de sensibiliser, informer et prévenir<br />
les pratiquants (actuels et à venir) et leur encadrement sur les bienfaits<br />
de la pratique <strong>sport</strong>ive et les dangers <strong>du</strong> dopage.<br />
Créée le 16 mai 2000, la fondation est gérée par Patrick Magaloff et a pour<br />
but :<br />
● l'information et la prévention auprès des pratiquants (actuels et à venir)<br />
et de leur encadrement sur les dangers <strong>du</strong> dopage ;<br />
● la sensibilisation à la bonne pratique <strong>du</strong> <strong>sport</strong> tant sur le plan physique<br />
qu'éthique et comportemental ;<br />
● la mobilisation et la responsabilisation des différents acteurs <strong>du</strong> monde<br />
<strong>sport</strong>if ;<br />
● la fédération et la mise en valeur des différentes initiatives, publiques<br />
ou privées : programme d'action de la fondation ;<br />
● la réalisation et la gestion de nouveaux documents pédagogiques : une<br />
mallette <strong>sport</strong> et santé, support pour sensibiliser les <strong>sport</strong>ifs et leur encadrement<br />
aux bonnes pratiques <strong>du</strong> <strong>sport</strong> et à la lutte contre le dopage,<br />
a été mise en place ;<br />
● l'organisation de colloques et conférences vers le réseau d'animateurs/conférenciers<br />
et les fédérations ;<br />
● le regroupement de jeunes <strong>sport</strong>ifs ;<br />
● la sensibilisation <strong>du</strong> milieu médical et paramédical.<br />
Profession<br />
MÉDECINS DU SPORT 7<br />
N°91-SEPTEMBRE/OCTOBRE 2008
©àchacunsonEvrest<br />
«Guérir mieux<br />
en grimpant<br />
©àchacunsonEvrest<br />
Événement «Guérir mieux en grimpant vers l’espoir»<br />
vers l’espoir»<br />
Parcours exceptionnel<br />
d’une femme exceptionnelle<br />
Lors de la dernière transat Jacques Vabre, nous avons<br />
retrouvé Christine Janin qui accompagnait des enfants<br />
touchés par le cancer pour leur permettre d’assister au<br />
départ de la célèbre course. Cette femme d’exception,<br />
médecin, alpiniste, fondatrice et directrice de l’association<br />
À Chacun son Everest, nous raconte son défi… ■<br />
MÉDECINS DU SPORT 9<br />
N°91-SEPTEMBRE/OCTOBRE 2008
Événement «Guérir mieux en grimpant vers l’espoir»<br />
Toujours plus haut<br />
©àchacunsonEvrest<br />
Entretien avec le Dr Christine Janin,<br />
médecin, alpiniste, fondatrice<br />
et directrice de l'association<br />
À chacun son Everest.<br />
Propos recueillis par<br />
Laurence Ducrot<br />
Dynamique et pétillante, ainsi va Christine Janin, qui<br />
partage son temps entre Chamonix, Annecy et Paris.<br />
Ce petit bout de femme, aux yeux rieurs, trace sa<br />
route en conjuguant ses deux passions : la médecine et la<br />
montagne.<br />
Christine Janin fut la première Française à atteindre le toit<br />
<strong>du</strong> monde : l’Everest, en 1990. En 1997, elle part à la conquête<br />
<strong>du</strong> Pôle Nord, sans moyen mécanique ni chien de traîneau.<br />
En 1994, elle crée À Chacun son Everest. Cette association<br />
aide les enfants atteints de cancer à guérir mieux en atteignant<br />
leur “Everest”. Ils peuvent ainsi se reconstruire<br />
à travers les défis que Christine Janin leur propose. Rencontrée<br />
lors <strong>du</strong> départ de la dernière transat Jacques Vabre,<br />
Christine Janin accompagnait des enfants touchés par le<br />
cancer au départ de cette course. Sur place, Jean-Philippe<br />
Chomette et Arnaud Boissières avaient choisi de faire porter<br />
à leur bateau les couleurs de l’association et de vivre<br />
le départ de cette course avec les enfants.<br />
Christine Janin nous livre son parcours de médecin, de <strong>sport</strong>ive,<br />
mais aussi de femme extraordinaire : sa vie est un<br />
véritable défi.<br />
Médecins <strong>du</strong> <strong>sport</strong> : Vous êtes la première femme à avoir atteint<br />
le toit <strong>du</strong> monde. D’où vient votre passion des sommets <br />
Christine Janin : Dès l’âge de 3 ans, en Italie, où j’habitais, je<br />
passais mon temps sur des skis. J’étais le garçon manqué de la<br />
famille, parmi quatre frères (dont mon jumeau). Je ne jouais<br />
pas à la poupée, mais au foot. Ma vie, c’était déjà le <strong>sport</strong>,<br />
le voyage, le bateau, le ski et l’escalade que j’ai commencé<br />
à pratiquer en France sur les rochers de Fontainebleau. Je<br />
voulais toujours être la première, aller “jusqu’au bout”. J’avais<br />
sûrement quelque chose à me prouver.<br />
En 1981, on m’a proposé de partir comme médecin d’une<br />
expédition en Himalaya, au sommet <strong>du</strong> Gasherbrum II, au<br />
Pakistan (8 035 mètres d’altitude). Une fois là-haut, c’était<br />
fait : j’étais exaltée par l’altitude.<br />
MDS : Une telle ascension doit demander de nombreuses<br />
qualités <br />
Christine Janin : En effet, il a fallu une bonne dose de volonté,<br />
<strong>du</strong> courage, de la détermination et un “zeste de folie”! Il faut<br />
de l’envie : oser sa vie, sa passion, ses envies et les vivre.<br />
C’est en parvenant au sommet de la montagne que nous<br />
commençons alors à “grimper”...<br />
Un parcours hors <strong>du</strong> commun.<br />
Christine Janin est alpiniste et médecin spécialisé en biologie<br />
et médecine <strong>du</strong> <strong>sport</strong>.<br />
Aventurière, volontaire et humaniste, elle possède toutes<br />
les qualités d’une femme hors-norme.<br />
En 1990, elle est la première Française sur le Toit <strong>du</strong> Monde<br />
(expédition Everest à 8 848 m d’altitude).<br />
En 1992, Christine Janin consacre l’année au challenge<br />
des Seven Summits, ascension des plus hauts sommets<br />
de chaque continent. Elle est la première Européenne à<br />
signer ce challenge :<br />
● janvier : Mont Vinson (5 140 m) en Antarctique ;<br />
● mai : Mc Kinley (6 197 m) en Alaska ;<br />
● juillet : Elbrouz (5 642 m) dans le Caucase ;<br />
● août : Kilimandjaro (5 895 m) en Afrique ;<br />
● octobre : Carstensz (5 030 m) en Indonésie ;<br />
● décembre : Aconcagua (6 959 m) en Argentine.<br />
En 1994, Christine fonde l’association À Chacun son<br />
Everest !<br />
En 1997, elle est la première femme au monde à atteindre<br />
le Pôle Nord, en 62 jours de marche à skis, sans moyen<br />
mécanique ni chien de traîneau. Plusieurs jeunes de<br />
l’association viennent l’accueillir au Pôle Nord.<br />
Depuis, elle multiplie les projets les plus ambitieux, au<br />
rythme des voyages qui font toujours partie de sa vie.<br />
Le 28 juin 2001, c’est l’inauguration de la maison À<br />
Chacun son Everest à Chamonix, pour tous les enfants<br />
malades prêts à gravir leur Everest.<br />
MÉDECINS DU SPORT 10<br />
N°91-SEPTEMBRE/OCTOBRE 2008
MDS : Comment avez-vous eu l’idée de<br />
créer l’association À Chacun son Everest<br />
que vous dirigez aujourd’hui <br />
Christine Janin : Suite à mon ascension<br />
de l’Everest, j’ai tout d’abord raconté<br />
mes récits d’expéditions à des enfants<br />
hospitalisés en onco-hématologie pédiatrique,<br />
à l’hôpital Trousseau, à Paris. Cela<br />
a été un déclic : j’ai pris conscience de<br />
la force symbolique de l’Everest.<br />
À chacun son Everest est peut-être un<br />
projet fou, ambitieux, mais j’ai vite fait<br />
le parallèle entre le fait de gravir un<br />
sommet et celui de vaincre une maladie.<br />
Les avalanches peuvent être rapprochées<br />
<strong>du</strong> diagnostic, la cordée peut<br />
être mise en parallèle avec l’équipe<br />
médicale et familiale, l’itinéraire avec<br />
la voie <strong>du</strong> rétablissement, le sommet<br />
correspond à la guérison. C’est sur cette symbolique que<br />
les enfants vivent l’arrivée d’une ascension comme une véritable<br />
victoire, car c’est avec leur courage et leurs jambes<br />
qu’ils y parviennent. Nous sommes uniquement là pour les<br />
épauler. Au départ, je pensais seulement offrir une semaine<br />
de vacances à certains enfants que je connaissais bien. Et<br />
puis, l’expérience a été très positive, et, tant les médecins,<br />
les familles que les enfants m’ont demandé de continuer.<br />
Cette initiative permet également de soulager les parents.<br />
C’est, la plupart <strong>du</strong> temps, la première fois qu’ils laissent leurs<br />
enfants depuis le début de la maladie. C’est un moyen pour<br />
eux de retrouver une certaine liberté pendant quelques jours.<br />
©àchacunsonEvrest<br />
MDS : Pouvez-vous nous expliquer la démarche de votre<br />
association <br />
Christine Janin : L’association a pour mission d’aider les enfants<br />
et adolescents touchés de cancer ou de leucémie à surmonter<br />
leur épreuve, en les accompagnant vers l’ascension<br />
d’un sommet, leur “Everest”, symbole de l’espoir retrouvé.<br />
A travers des stages en montagne, les enfants reprennent<br />
©àchacunsonEvrest<br />
confiance en eux, changent le regard des autres, et se libèrent<br />
<strong>du</strong> poids <strong>du</strong> mot “cancer”.<br />
Nous organisons environ dix-sept stages d’une semaine. Au<br />
programme : balades, raquettes, ski de fond, chiens de traîneau,<br />
escalade, parc aventure, et toujours l’ascension de<br />
leurs sommets. Chaque stage est adapté aux enfants, en<br />
fonction de leur état médical et psychologique... et bien sûr<br />
en fonction de l’âge, de la météo et de la saison.<br />
Pour les accompagner, ils sont encadrés par un médecin,<br />
deux infirmières, des professionnels de la montagne, des<br />
animateurs BAFA, des bénévoles (pompiers, gendarmes ou<br />
autres) et moi-même.<br />
MDS : Votre cœur balance entre vos deux passions qui sont<br />
le <strong>sport</strong> et la médecine. Comment faites-vous le lien avec<br />
l’association <br />
Christine Janin : Je suis médecin de formation et je me suis<br />
tournée vers l’alpinisme. Au travers de cette association, j’ai<br />
réussi à concilier ma passion de la montagne avec ma vocation<br />
première. Et cette aventure est un véritable challenge,<br />
qui nécessite plus d’énergie que de gravir l’Everest. Mon ascension<br />
m’a permis de me prouver certainement des choses<br />
(on ne monte pas à l’Everest par hasard). Avec À Chacun son<br />
Everest, je vis une aventure extrêmement humaine avec tout<br />
ce qu’il y a de douloureux mais aussi de tellement beau et<br />
fort. Ces enfants sont vraiment courageux... Ce sont des<br />
champions... de la VIE !<br />
MDS : La réalisation des stages semble complexe. Quelles<br />
sont les difficultés auxquelles vous vous heurtez<br />
Christine Janin : Les vraies difficultés de toute entreprise,<br />
quelle qu’elle soit, sont celles liées à “l’humain” : l’équipe à<br />
gérer, apprendre à manager, à motiver les personnes dans<br />
la <strong>du</strong>rée et à trouver les bonnes personnes.<br />
MDS : Quelles sont les valeurs que l’on retient d’une telle<br />
aventure <br />
Christine Janin : Fierté et humilité car ce sont les enfants qui<br />
nous donnent de belles leçons de vie !<br />
MDS : Vous devez avoir un prochain défi en tête...<br />
Christine Janin : Pérenniser l’association À Chacun son Everest<br />
et <strong>du</strong>rer pour tous les enfants. Ils ont besoin de leur Everest<br />
et celui-ci est tellement plus beau que le mien ! ■<br />
Participer à une aventure humaine<br />
Événement «Guérir mieux en grimpant vers l’espoir»<br />
Depuis 14 ans, l’association aide les enfants à guérir mieux : plus<br />
de 2 300 enfants, âgés de 6 à 20 ans, ont participé à plus de 167 stages<br />
à Chamonix, avec le soutien de Janssen-Cilag.<br />
Vous pouvez envoyer vos dons* :<br />
À chacun son Everest - BP 101 - 74941 Annecy le Vieux<br />
www.achacunsoneverest.com<br />
* Association reconnue d’utilité publique :<br />
votre don est soumis à un régime fiscal particulier<br />
permettant certaines dé<strong>du</strong>ctions intéressantes.<br />
MÉDECINS DU SPORT 11<br />
N°91-SEPTEMBRE/OCTOBRE 2008
Dossier ><br />
L’enfant et l’adolescent <strong>sport</strong>ifs<br />
L’enfant<br />
et l’adolescent <strong>sport</strong>ifs<br />
Information, prévention, suivi : tous concernés !<br />
2 e partie<br />
PR MARTINE DUCLOS 1 ,<br />
DR JACQUES PRUVOST 2 ,<br />
DR MARIE-FRANCE<br />
OPRENDEK-ROUDEY 3 ,<br />
DR SABINE AFFLELOU 4 ,<br />
DR ISABELLE MULLER 5 ,<br />
DR MARIE-CAROL PARUIT 6<br />
© Romain Quéré - fotolia<br />
Mots-clés<br />
Entraînement <strong>sport</strong>if intensif,<br />
Enfant, Adolescent,<br />
Contre-indications,<br />
Obligation d’information,<br />
Alimentation, Dépense<br />
énergétique, Hydratation,<br />
Surentraînement,<br />
Equilibre alimentaire<br />
SOMMAIRE<br />
● Sport et enfant : contre-indications,<br />
non contre-indication, obligation<br />
d’information page 14<br />
A - Les contre-indications liées à un état pathologique<br />
B - Les contre-indications liées au <strong>sport</strong> intensif et/ou<br />
au <strong>sport</strong> de haut niveau<br />
C - Simple, double et triple sur-classements<br />
D - Les <strong>sport</strong>s à risque<br />
E - Obligation d’information<br />
1<br />
Service de Médecine <strong>du</strong> Sport<br />
et des Explorations Fonctionnelles,<br />
CHU Gabriel Montpied,<br />
Clermont-Ferrand<br />
2<br />
Médecin conseiller <strong>du</strong> directeur<br />
régional PACA, Marseille<br />
3<br />
Nutritionniste, Insep, Paris<br />
4<br />
Centre d’Accompagnement<br />
et de Prévention pour les Sportifs,<br />
CHU de Bordeaux<br />
5<br />
Antenne Médicale Prévention<br />
Dopage de Bordeaux<br />
6<br />
Service de Médecine <strong>du</strong> Sport,<br />
CHU de Nantes<br />
● L’alimentation de l’enfant<br />
et de l’adolescent <strong>sport</strong>ifs page 16<br />
A - L’évaluation de la dépense énergétique<br />
B - La journée alimentaire <strong>du</strong> jeune <strong>sport</strong>if<br />
C - Les besoins en protéines<br />
D - Les besoins en lipides<br />
E - Les besoins en glucides<br />
F - Les électrolytes et les minéraux<br />
G - Les oligo-éléments<br />
H - Les vitamines<br />
I - Les antioxydants<br />
MÉDECINS DU SPORT 13<br />
N°91-SEPTEMBRE/OCTOBRE 2008
L’enfant et l’adolescent <strong>sport</strong>ifs<br />
< Dossier ><br />
Sport et enfant : contre-indications,<br />
non contre-indication, obligation<br />
d’information<br />
■A - Les contre-indications<br />
liées à un état<br />
pathologique<br />
Les contre-indications totales et définitives<br />
à la pratique d’un <strong>sport</strong> ou<br />
d’une activité physique et <strong>sport</strong>ive<br />
sont rares chez l’enfant. Le médecin<br />
consulté en vue de la délivrance d’un<br />
certificat de non contre-indication a<br />
pour mission de dépister ces contreindications<br />
qui peuvent être (1) :<br />
● cardiovasculaires (cardiopathies et<br />
cardiomyopathies) ;<br />
● respiratoires (asthme) ;<br />
● métaboliques (diabète, obésité) ;<br />
● neurologiques (épilepsie) ;<br />
● psychologiques (troubles graves <strong>du</strong><br />
comportement, anorexie) ;<br />
● hématologiques (hémophilie, hémoglobinopathies)<br />
;<br />
● ophtalmologiques (amblyopie) ;<br />
● ORL (surdité) ;<br />
● ostéo-articulaires.<br />
L’activité physique avec les parents est à prendre en compte dans l’évaluation <strong>du</strong> nombre<br />
d’heures par semaine dévolues à l’activité physique.<br />
©Kzenon - Fotolia<br />
Cette courte liste n’est évidemment<br />
pas exhaustive.<br />
Il est cependant très rare, qu’à l’issue<br />
de son examen complet, le médecin<br />
ne puisse pas conseiller les parents et<br />
orienter l’enfant vers une activité physique<br />
compatible avec la pathologie<br />
ou le handicap <strong>du</strong> jeune <strong>sport</strong>if. D’autant<br />
que chez ces enfants, souvent<br />
très actifs, il vaut mieux envisager une<br />
activité physique adaptée et encadrée,<br />
plutôt que laisser évoluer une<br />
pratique “sauvage” et intensive sans<br />
surveillance.<br />
En cas de dépistage d’une réelle<br />
contre-indication totale temporaire ou<br />
définitive chez un jeune <strong>sport</strong>if déjà<br />
licencié, le médecin traitant doit adresser<br />
un certificat circonstancié de<br />
contre-indication à la pratique <strong>sport</strong>ive<br />
au président de la commission<br />
médicale de la fédération auprès de<br />
laquelle le <strong>sport</strong>if est licencié.<br />
■B - Les contre-indications<br />
liées au <strong>sport</strong> intensif<br />
et/ou au <strong>sport</strong> de haut<br />
niveau<br />
La consultation d’un enfant <strong>sport</strong>if<br />
permet d’évaluer le nombre d’heures<br />
par semaine dévolues à l’ensemble<br />
des pratiques <strong>sport</strong>ives :<br />
● <strong>sport</strong> à l’école ou au collège ;<br />
● <strong>sport</strong> en club ;<br />
● activités physiques avec les autres<br />
enfants ;<br />
● activités physiques avec les parents.<br />
Le <strong>sport</strong> intensif est défini par un<br />
nombre total d’heures de pratiques<br />
<strong>sport</strong>ives supérieur à 8 heures par<br />
semaine. Ainsi, très nombreux sont<br />
les enfants qu’il faut considérer<br />
comme <strong>sport</strong>ifs intensifs.<br />
Les listes ministérielles (<strong>sport</strong>ifs espoirs<br />
ou de haut niveau) s’ouvrent aux<br />
<strong>sport</strong>ifs très doués dès l’âge de 12 ans.<br />
Pour ces <strong>sport</strong>ifs, l’arrêté <strong>du</strong> 11 février<br />
2004 et l’arrêté <strong>du</strong> 16 juin 2006 fixent<br />
la nature et la périodicité des examens<br />
médicaux à mettre en place<br />
dans le cadre de la protection de la<br />
santé des <strong>sport</strong>ifs pour détecter<br />
d’éventuelles contre-indications temporaires<br />
ou définitives (2).<br />
■C - Simple, double et<br />
triple sur-classements<br />
Un certificat médical de sur-classement<br />
est obligatoire dans les disciplines<br />
<strong>sport</strong>ives pour lesquelles les<br />
jeunes <strong>sport</strong>ifs sont autorisés à disputer<br />
des compétitions dans les classes<br />
MÉDECINS DU SPORT 14<br />
N°91-SEPTEMBRE/OCTOBRE 2008
Dossier ><br />
L’enfant et l’adolescent <strong>sport</strong>ifs<br />
d’âge supérieures à la leur. Il s’agit, le<br />
plus souvent, de <strong>sport</strong>s d’équipe<br />
(football, basket-ball, handball, volley-ball),<br />
mais aussi d’un bon nombre<br />
de <strong>sport</strong>s “<strong>du</strong>els” (tennis, badminton,<br />
tennis de table).<br />
Les médecins généralistes et les médecins<br />
<strong>du</strong> <strong>sport</strong> non agréés par les différentes<br />
fédérations ne sont<br />
généralement sollicités que pour les<br />
simples sur-classements (autorisation<br />
à pratiquer une seule classe d’âge<br />
au-dessus de celle <strong>du</strong> jeune <strong>sport</strong>if).<br />
Les fédérations, les entraîneurs et<br />
parfois les parents, trouvent toujours<br />
d’excellents arguments pour minimiser<br />
les risques de ces sur-classements<br />
sur la santé des jeunes<br />
<strong>sport</strong>ifs. Les aspects quantitatifs et<br />
qualitatifs de ce type de pratique<br />
doivent pourtant être clairement<br />
précisés et évalués. En cas de surcharge<br />
<strong>sport</strong>ive évidente, le médecin<br />
consulté ne doit pas accepter de<br />
signer ces certificats de sur-classement<br />
et ne pas céder à la demande<br />
pressante de l’encadrement.<br />
■D - Les <strong>sport</strong>s à risque<br />
Rappelons qu’un arrêté, daté <strong>du</strong><br />
28 avril 2000, fixe la liste des disciplines<br />
“à risque” qui doivent réclamer<br />
des examens médicaux<br />
approfondis et spécifiques préalables<br />
à l’obtention d’une licence (3) :<br />
● <strong>sport</strong>s de combat pour lesquels la<br />
mise “hors de combat” est autorisée ;<br />
● alpinisme de pointe ;<br />
● <strong>sport</strong>s utilisant des armes à feu ;<br />
● <strong>sport</strong>s mécaniques ;<br />
● <strong>sport</strong>s aériens ;<br />
● <strong>sport</strong>s sous-marins.<br />
Chez les enfants, médecins généralistes<br />
et médecins <strong>du</strong> <strong>sport</strong> sont en<br />
priorité sollicités pour la délivrance<br />
d’un certificat de non contre-indication<br />
à la plongée sub-aquatique. Les<br />
contre-indications absolues à cette<br />
pratique chez l’enfant (foramen ovale<br />
perméable, asthme, épilepsie, pathologie<br />
de l’oreille moyenne) sont clairement<br />
décrites dans le règlement<br />
Les <strong>sport</strong>s de combat sont nombreux et leurs règlements sont toujours différents.<br />
médical de la fédération des <strong>sport</strong>s<br />
sous-marins (FFESSM). Les <strong>sport</strong>s de<br />
combat sont nombreux et leurs règlements<br />
toujours différents. Aussi, nous<br />
ne pouvons que recommander aux<br />
médecins de consulter les règlements<br />
médicaux respectifs sur les sites Inter<strong>net</strong><br />
des différentes fédérations et, au<br />
moindre doute, de contacter directement<br />
le président de la commission<br />
médicale <strong>du</strong> <strong>sport</strong> concerné.<br />
■E - Obligation<br />
d’information<br />
Dans le cadre des certificats de non<br />
contre-indication à la pratique <strong>sport</strong>ive<br />
chez l’enfant, le médecin a un<br />
rôle de dépistage mais aussi, et surtout,<br />
un rôle de conseil, d’orientation<br />
et d’information. En cas de pratique à<br />
risque ou de jeune <strong>sport</strong>if “à risque”,<br />
les développements staturo-pondéral,<br />
musculaire et pubertaire doivent<br />
être surveillés régulièrement. Très<br />
fréquentes chez les jeunes <strong>sport</strong>ifs<br />
intensifs, les atteintes ostéocartilagineuses<br />
sont systématiquement<br />
recherchées et traitées. Le<br />
médecin se doit d’informer le jeune<br />
<strong>sport</strong>if et ses parents des risques qu’il<br />
encourt en fonction <strong>du</strong> type de <strong>sport</strong><br />
pratiqué ou de l’intensité de la pratique<br />
(4). En cas de plainte des<br />
parents, ce sera au médecin de prouver<br />
qu’il a bien informé la famille par<br />
des notes circonstanciées écrites dans<br />
le dossier médical et le car<strong>net</strong> de<br />
santé, par exemple, ou par la remise<br />
de notices personnalisées. ■<br />
Bibliographie<br />
Dr Jacques Pruvost<br />
1. Le code <strong>du</strong> <strong>sport</strong>. Titre III. Santé des <strong>sport</strong>ifs<br />
et lutte contre le dopage. Suivi médical.<br />
Certificat médical. Article L.231-2 et article<br />
L.231-3.<br />
www.legifrance.gouv.fr<br />
2. Arrêté <strong>du</strong> 16 juin 2006 modifiant l’arrêté<br />
<strong>du</strong> 11 février 2004 fixant la nature et la<br />
périodicité des examens médicaux prévus<br />
aux articles L.3621-2 et R.3621-3 <strong>du</strong> Code<br />
de la santé publique.<br />
www.legifrance.gouv.fr<br />
3. Arrêté <strong>du</strong> 28 avril 2000 fixant la liste des<br />
disciplines <strong>sport</strong>ives pour lesquelles un examen<br />
médical approfondi est nécessaire en<br />
application de l’article 5 de la loi n° 99-223<br />
<strong>du</strong> 23 mars 1999 relative à la protection de<br />
la santé des <strong>sport</strong>ifs et à la lutte contre le<br />
dopage.<br />
www.legifrance.gouv.fr<br />
4. Delahaye C. Certificat de non contre-indication<br />
: les dangers d’un pacte pas anodin.<br />
Le quotidien <strong>du</strong> médecin 2006 ; 7901 : 10.<br />
©Catpaty - Fotolia<br />
MÉDECINS DU SPORT 15<br />
N°91-SEPTEMBRE/OCTOBRE 2008
L’enfant et l’adolescent <strong>sport</strong>ifs<br />
< Dossier ><br />
L’alimentation de l’enfant<br />
et de l’adolescent <strong>sport</strong>ifs<br />
de l’adolescent et<br />
de l’enfant <strong>sport</strong>ifs est un équilibre<br />
simple à proposer et, par-<br />
L’alimentation<br />
fois, difficile à réaliser dans la vie<br />
précipitée d’aujourd’hui où l’enfant,<br />
aux moments des repas ou des collations,<br />
peut être entouré d’acteurs<br />
multiples : l’école, la garderie, les<br />
relais parentaux divers... Les rôles sont<br />
trop souvent distribués aux autres ou<br />
aux institutions sans véritable connaissance<br />
de la part des parents de ce que<br />
consomment leurs enfants.<br />
Le médecin <strong>du</strong> <strong>sport</strong> doit être très vigilant<br />
au rythme de vie de son jeune<br />
<strong>sport</strong>if. Détecter d’éventuels troubles<br />
<strong>du</strong> comportement alimentaire créés<br />
par des distorsions au niveau des repas<br />
: le petit-déjeuner peut être “sauté”,<br />
le repas <strong>du</strong> midi non apprécié et laissé<br />
dans l’assiette, la collation peut être<br />
pantagruélique et le repas familial <strong>du</strong><br />
soir, soit évité avec un plateau-repas<br />
dans la chambre, soit pris seul ou avec<br />
une autre personne que les parents.<br />
L’interrogatoire, ciblant l’alimentation<br />
et la vie au quotidien, permet de<br />
mettre en place le meilleur équilibre<br />
alimentaire pour le jeune <strong>sport</strong>if.<br />
■A - L’évaluation de<br />
la dépense énergétique<br />
Chez les enfants et les adolescents, la<br />
dépense énergétique quotidienne ou<br />
journalière (DEJ) est couverte entre<br />
70 et 90 % par le métabolisme de<br />
base. Il correspond au sommeil, aux<br />
activités sédentaires et aux activités<br />
physiques légères.<br />
Les dépenses liées à la croissance ne<br />
représentent que de 1 à 3 % de la<br />
dépense énergétique journalière et,<br />
pour l’activité physique, il faut tenir<br />
compte de la thermo-régulation et de<br />
nombreux autres paramètres dont le<br />
type de <strong>sport</strong> pratiqué, son intensité,<br />
sa <strong>du</strong>rée, le sexe et l’âge, le niveau<br />
© DR<br />
L’alimentation de l’adolescent <strong>sport</strong>if est<br />
un équilibre simple à réaliser.<br />
d’entraînement <strong>du</strong> jeune <strong>sport</strong>if, ainsi<br />
que son statut nutritionnel, ses<br />
réserves énergétiques et sa composition<br />
corporelle.<br />
Ce sont les activités physiques de très<br />
haut niveau qui peuvent entraîner une<br />
augmentation de ces dépenses, de<br />
l’ordre de 25 à 30 % de la dépense énergétique<br />
hebdomadaire, soit de 5 à 10<br />
kcal/min pour 2 heures d’entraînement<br />
journalier.<br />
● Les recommandations<br />
Des tables indicatives de la dépense<br />
énergétique par semaine, évaluées en<br />
fonction d’un groupe d’indivi<strong>du</strong>s selon<br />
leur poids corporel et la <strong>du</strong>rée effective<br />
des activités <strong>sport</strong>ives, sont mises<br />
à disposition des entraîneurs dans les<br />
nouvelles recommandations 2004 pour<br />
les enfants et adolescents <strong>sport</strong>ifs de<br />
haut niveau de performance.<br />
Les recommandations de l’Afssa,<br />
redéfinies en 2001, préconisent :<br />
● des apports compris entre 2 200 et<br />
2 500 kcal/j pour les filles âgées de<br />
11 à 18 ans ;<br />
● de 2 350 à 2 900 kcal/j pour les garçons<br />
de cette même tranche d’âge.<br />
Cette fourchette ne représente pas les<br />
nécessités indivi<strong>du</strong>elles <strong>du</strong> jeune <strong>sport</strong>if,<br />
et une surveillance régulière <strong>du</strong><br />
poids 1 fois/mois, de la taille 1 fois/trimestre,<br />
de la composition corporelle et<br />
<strong>du</strong> développement pubertaire 1 fois/an<br />
est nécessaire.<br />
Les dépenses énergétiques doivent<br />
être réévaluées en fonction des changements<br />
d’entraînement, à peu près<br />
3 fois/an, à l’aide de semainiers, complétés<br />
par l’interrogatoire alimentaire<br />
indivi<strong>du</strong>el et personnalisé <strong>du</strong> jeune<br />
<strong>sport</strong>if. Il faut s’intéresser aux apports<br />
quantitatifs et qualitatifs, ainsi qu’à<br />
la densité nutritionnelle des différents<br />
aliments consommés.<br />
● Les connaissances à acquérir<br />
Très jeune, l’enfant ou l’adolescent<br />
doit connaître :<br />
● les 3 grands types de nutriments :<br />
glucides, lipides, protides ;<br />
● leur devenir dans l’organisme, avec<br />
une explication toute particulière<br />
pour les vitamines, les minéraux et les<br />
oligo-éléments ;<br />
● les bonnes pratiques d’hydratation.<br />
● L’interrogatoire alimentaire<br />
Il est la seule référence précise qui<br />
informe de la réalité alimentaire quotidienne.<br />
Il s’intéresse :<br />
● à tous les moments de la journée :<br />
le matin, le midi et le soir, avant et<br />
après les repas ;<br />
● à tous les grignotages sucrés et salés de<br />
la matinée, de l’après-midi et de la nuit ;<br />
● aux boissons alcoolisées ou sucrées ;<br />
● aux changements alimentaires issus<br />
des week-ends, des repas familiaux<br />
et des fêtes ;<br />
MÉDECINS DU SPORT 16<br />
N°91-SEPTEMBRE/OCTOBRE 2008
Dossier ><br />
L’enfant et l’adolescent <strong>sport</strong>ifs<br />
● à l’alimentation spécifique des journées<br />
<strong>sport</strong>ives et des compétitions.<br />
■B - La journée alimentaire<br />
<strong>du</strong> jeune <strong>sport</strong>if<br />
tique de la journée suivante.<br />
● Les règles de l’équilibre<br />
alimentaire<br />
Chaque repas doit privilégier les<br />
sucres complexes et le fructose par<br />
rapport aux sucres d’assimilation<br />
rapide, équilibrer les protéines animales<br />
et les protéines végétales, avec<br />
une place particulière pour les fruits,<br />
les légumes et les laitages, sans<br />
oublier certaines matières grasses.<br />
La répartition des apports énergétiques<br />
quotidiens totaux (AEQT)<br />
d’après les nouveaux apports nutritionnels<br />
conseillés (ANC 2001) est<br />
décrite dans le tableau 1.<br />
● Le petit-déjeuner<br />
Indispensable au quotidien, il est le<br />
starter de la journée. Il doit être complet,<br />
copieux pour éviter les grignotages<br />
de 10 heures <strong>du</strong> matin et pour<br />
pallier un entraînement qui se situe-<br />
● La rythmologie des repas<br />
Une journée devra être composée<br />
d’au minimum 3 repas : un petitdéjeuner,<br />
un déjeuner et un dîner.<br />
Le petit-déjeuner doit couvrir au<br />
moins 25 % des apports quotidiens,<br />
les 75 % restants se répartissant entre<br />
les 2 repas principaux et les collations.<br />
L’équilibre alimentaire impose de<br />
rythmer les repas dans la journée :<br />
entre le petit-déjeuner et le déjeuner,<br />
l’intervalle de temps ne doit pas<br />
dépasser 5 à 6 heures, et 7 à 8 heures<br />
entre le déjeuner et le dîner.<br />
Des collations de fin de matinée ou<br />
de milieu d’après-midi doivent être<br />
mises en place si le <strong>sport</strong> est pratiqué<br />
dans ces horaires, et selon la croissance<br />
de l’enfant.<br />
Le repas <strong>du</strong> soir doit rester un véritable<br />
repas, complet et équilibré. Il<br />
précède le jeûne de la nuit, il s’agit<br />
<strong>du</strong> repas de la récupération, de la<br />
reconstruction à la fin d’une journée<br />
<strong>sport</strong>ive et active. Il est absolument<br />
nécessaire à la mise en place énergérait<br />
3 heures après sa consommation.<br />
Attention, sauf si l’activité <strong>sport</strong>ive<br />
est réalisée dans l’heure ou les<br />
2 heures qui suivent le petit-déjeuner,<br />
il ne doit pas être surchargé en sucreries,<br />
en confiture, en pâtes à tartiner,<br />
ou en boissons très sucrées, en sucre<br />
ajouté avec le cacao ou le yaourt...<br />
Car si l’activité est plus tardive, l’enfant<br />
aura le temps de les transformer en triglycérides<br />
et de les stocker en graisses.<br />
● Les repas <strong>du</strong> midi et <strong>du</strong> soir<br />
Ils doivent être complets et équilibrés.<br />
● Les collations ou en-cas<br />
Les collations, ou en-cas, sont des<br />
entrées alimentaires très importantes<br />
pour l’enfant ou l’adolescent car ils<br />
amènent de l’énergie pour l’activité<br />
<strong>sport</strong>ive et préviennent la fatigue et<br />
les sensations de faim en post-activité.<br />
Ce sont des atouts majeurs pour<br />
la récupération.<br />
Tableau 1 - Répartition des apports énergétiques quotidiens selon<br />
les apports nutritionnels conseillés (ANC 2001).<br />
Dans la population normale Chez les <strong>sport</strong>ifs<br />
Protéines 10 à 15 % 12 à 16 %<br />
Lipides 30 à 35 % 25 à 30 %<br />
Glucides 50 à 55 % 55 à 70 %<br />
Un petit-déjeuner complet<br />
● Boissons chaudes et/ou froides :<br />
thé, ou café, et/ou eau, ou jus de fruits...<br />
© DR<br />
● Pain, et/ou céréales, et/ou biscuits peu gras,<br />
et/ou biscottes...<br />
● Pro<strong>du</strong>its laitiers : lait, yaourt,<br />
fromage blanc, petits suisses...<br />
(fromages à éviter si problème de poids...)<br />
© DR<br />
©Click - Morguefile<br />
● Fruits : cuits, crus, compotes, salades, jus...<br />
● Matières grasses : beurre ou margarine<br />
● Sucreries modérées à mo<strong>du</strong>ler en fonction de l’heure<br />
de l’entraînement<br />
● Protéines à ajouter selon le contexte <strong>sport</strong>if<br />
© Chantal S - Fotolia<br />
17<br />
MÉDECINS DU SPORT N°91-SEPTEMBRE/OCTOBRE 2008
L’enfant et l’adolescent <strong>sport</strong>ifs<br />
< Dossier ><br />
Collation ou en-cas<br />
● Pro<strong>du</strong>its céréaliers<br />
● Fruits mûrs, ou cuits, ou compote, ou jus,<br />
et/ou boissons énergétiques<br />
● Pro<strong>du</strong>its laitiers<br />
● Eau<br />
Repas <strong>du</strong> midi et <strong>du</strong> soir<br />
● Crudités, et/ou soupe, et/ou salade...<br />
● Viande, ou poisson, ou œufs, ou jambon,<br />
ou volaille...<br />
● Pain, et/ou légumes secs, et/ou tous types de féculents :<br />
pommes de terre, pâtes, riz, semoule, maïs,<br />
pro<strong>du</strong>its céréaliers, légumineuses...<br />
● Pro<strong>du</strong>its laitiers : lait, yaourt, fromage blanc,<br />
petits-suisses, fromage...<br />
● Fruits : cuits, crus, compotes, salades, jus...<br />
● Matières grasses : beurre, et/ou margarine, et /ou huile...<br />
● Boissons : eau et/ou tout autre type de boisson...<br />
Il faut aménager des temps pour boire<br />
<strong>du</strong>rant l’activité <strong>sport</strong>ive.<br />
© Steph - Fotolia<br />
© DR<br />
© DR<br />
© DR<br />
Les sucres d’assimilation rapide sont<br />
prioritaires au cours des activités et<br />
lors de la récupération, mais attention<br />
à leur surconsommation.<br />
● L’hydratation<br />
L’organisme équilibre les entrées et<br />
les sorties hydriques à parts égales.<br />
Les sorties digestives, cutanées, respiratoires<br />
et urinaires sont compensées<br />
par l’hydratation interne liée à<br />
la synthèse endogène des aliments et<br />
complétées par les boissons.<br />
L’activité physique, selon son intensité,<br />
sa <strong>du</strong>rée et l’environnement<br />
climatique, peut augmenter les<br />
déperditions hydriques qu’il faut donc<br />
savoir évaluer pour aider le jeune<br />
<strong>sport</strong>if à s’hydrater. La sensation de<br />
soif, chez l’enfant, n’est pas indicative<br />
et, dès que la ré<strong>du</strong>ction pondérale<br />
atteint 1 à 2 %, sa performance<br />
physique et ses capacités intellectuelles<br />
sont diminuées.<br />
Plus l’enfant est jeune, plus la pro<strong>du</strong>ction<br />
de chaleur métabolique par<br />
kilogramme de poids corporel est<br />
élevée. Les enfants ont une sudation<br />
inférieure à celle de l’a<strong>du</strong>lte, mais<br />
leur seuil de déclenchement en fonction<br />
de l’augmentation de la température<br />
est <strong>net</strong>tement plus élevé et<br />
le délai de tolérance est plus court,<br />
de même que leur vitesse d’acclimatation<br />
aux environnements extrêmes.<br />
En sachant que, spontanément, l’enfant,<br />
comme l’a<strong>du</strong>lte, ne boit pas<br />
suffisamment, il faut veiller à lui<br />
recommander plus d’eau qu’il n’en<br />
réclame et le faire avant même l’apparition<br />
de la soif.<br />
Suivre le poids corporel de l’enfant<br />
est une façon d’évaluer son degré de<br />
déshydratation.<br />
Il faut aménager des temps pour<br />
boire, toutes les 15 à 20 minutes,<br />
avec des quantités suffisantes de<br />
125 à 250 ml par prise, et avec des<br />
boissons agréables à consommer.<br />
Les boissons doivent être hypo ou<br />
isotoniques au plasma, composées<br />
uniquement d’eau pure si l’entraînement<br />
<strong>du</strong>re moins de 1 heure. Au-delà,<br />
entre 1 et 3 heures, des jus de fruits,<br />
dilués environ de moitié avec de l’eau<br />
minérale, peuvent être consommés,<br />
additionnés de 1 g/l de NaCl si la sudation<br />
est très importante.<br />
L’hydratation doit être constante et<br />
fractionnée : boire de l’eau avant, pendant<br />
et après les activités <strong>sport</strong>ives, par<br />
petites gorgées et régulièrement, mais<br />
aussi avant, pendant et après les repas.<br />
Après l’activité, les boissons doivent<br />
être largement mises à disposition<br />
pour que l’enfant ou l’adolescent<br />
puisse boire jusqu’à plus soif.<br />
Soif qui sera très peu importante si ce<br />
plan hydrique est respecté et adapté<br />
en fonction des paramètres d’entraînement<br />
et d’environnement déjà cités.<br />
■C - Les besoins<br />
en protéines<br />
La vitesse de renouvellement des protéines<br />
rapportée au poids corporel est<br />
beaucoup plus élevée chez l’enfant<br />
MÉDECINS DU SPORT 18<br />
N°91-SEPTEMBRE/OCTOBRE 2008
Dossier ><br />
L’enfant et l’adolescent <strong>sport</strong>ifs<br />
que chez l’a<strong>du</strong>lte. Ses nécessités sont<br />
celles liées à sa croissance, à son développement<br />
et à ses activités <strong>sport</strong>ives.<br />
Il faut maintenir une certaine masse<br />
musculaire et la faire évoluer. Le facteur<br />
protéiné n’est pas le seul impliqué<br />
dans l’équilibre azoté, l’apport énergétique<br />
jouant un rôle majeur.<br />
Les apports protéinés doivent se situer<br />
entre 12 et 15 % des AEQT. Ils sont<br />
généralement couverts par une alimentation<br />
équilibrée et variée, de<br />
bonne densité nutritionnelle couvrant<br />
les dépenses énergétiques.<br />
Ces apports augmentent avec la croissance<br />
de l’enfant.<br />
Les ANC sont de 0,85 g/kg/j avec une<br />
augmentation de 20 % sous forme<br />
alimentaire pure pour les enfants<br />
<strong>sport</strong>ifs, soit les apports minimaux de<br />
sécurité suivants :<br />
● 40 à 42 g/j chez les enfants de 12 ans ;<br />
● autour de 56 g/j chez les filles de<br />
15 ans ;<br />
● 61 g/j chez les garçons de 15 ans ;<br />
● 56 g/j chez les filles de 18 ans ;<br />
● 65 g/j chez les garçons de 18 ans.<br />
■D - Les besoins<br />
en lipides<br />
La ration lipidique doit représenter<br />
30 % des AEQT. L’adaptation se fait<br />
d’elle-même, lorsque la ration énergétique<br />
augmente au fur et à mesure<br />
des besoins. La ration alimentaire doit<br />
apporter 10 g/j d’acide linoléique et<br />
2 g d’acide alpha-linolénique, soit un<br />
rapport AG n - 6/AG n - 3 aux environs<br />
de 5.<br />
Les régimes restrictifs inférieurs à<br />
1 800 Kcal/j ne couvrent pas ces<br />
besoins.<br />
Par contre, le choix des graisses est<br />
important et il faut privilégier celles<br />
d’origine végétale. Il faut :<br />
● diversifier les huiles (olive, colza,<br />
soja, noix...) ;<br />
● utiliser des margarines ;<br />
● consommer des poissons gras au<br />
moins 2 fois/semaine (sardine, thon,<br />
saumon...) ;<br />
● lutter contre les excès de graisses<br />
saturées, cachées dans les sucreries<br />
ou les aliments d’origine animale<br />
Il faut consommer des poissons gras au moins deux fois par semaine.<br />
(viennoiseries, pâtisseries, charcuteries,<br />
beurre, crème fraîche, fromage,<br />
fritures, plats préparés <strong>du</strong><br />
commerce, gratins, pizza trop enrichie...)<br />
;<br />
● ne pas délaisser le beurre pour<br />
autant.<br />
■E - Les besoins<br />
en glucides<br />
Les besoins en glucides des enfants<br />
et des adolescents <strong>sport</strong>ifs restent<br />
autour de 50 à 55 % des AEQT.<br />
Les augmentations peuvent être<br />
ponctuelles en fonction de l’activité<br />
physique pratiquée en en<strong>du</strong>rance, ou<br />
en intensité...<br />
Il est très important de distribuer les<br />
glucides dans la journée au cours des<br />
différents repas, mais aussi en fonction<br />
de l’heure des entraînements, de<br />
leur intensité et de leur <strong>du</strong>rée. Il faut<br />
éviter les carences glucidiques de fin<br />
de matinée, ou de fin d’après-midi,<br />
lorsque le repas est déjà métabolisé.<br />
Les glucides, grâce à leurs effets sur<br />
la sécrétion d’insuline, sont un des stimulants<br />
de l’anabolisme protéique<br />
et favorisent la croissance.<br />
La présence de lactose, glucose, galactose,<br />
fructose, xylose et saccharose dans<br />
l’alimentation augmente aussi l’absorption<br />
des minéraux tels que le calcium,<br />
le sodium, le fer, le magnésium, le<br />
zinc, le cuivre et le manganèse.<br />
En revanche, tout apport excessif en<br />
sucres entraîne tout d’abord une augmentation<br />
des réserves en glycogène<br />
<strong>du</strong> foie et des muscles, puis celle des<br />
réserves lipidiques avec une prise<br />
pondérale inadaptée en graisses et<br />
proportionnelle à l’excès de la<br />
consommation.<br />
Les repas doivent être équilibrés avec<br />
des fruits et des légumes, <strong>du</strong> pain<br />
et/ou des féculents, ainsi que des pro<strong>du</strong>its<br />
laitiers.<br />
La règle des 3 heures liée à l’assimilation<br />
intestinale des sucres d’assimilation<br />
semi-lente ou lente<br />
(pro<strong>du</strong>its céréaliers, légumineuses,<br />
pommes de terre...) doit être respectée<br />
au mieux avant les activités<br />
<strong>sport</strong>ives. Elle concerne les repas et<br />
les en-cas.<br />
Restons ludiques avec les sucreries,<br />
mais évitons les excès !<br />
© DR<br />
© DR<br />
MÉDECINS DU SPORT 19<br />
N°91-SEPTEMBRE/OCTOBRE 2008
L’enfant et l’adolescent <strong>sport</strong>ifs<br />
< Dossier ><br />
■F - Les électrolytes<br />
et les minéraux (Tab. 2)<br />
Les besoins en minéraux (sodium,<br />
chlore, potassium, phosphore,<br />
magnésium, calcium) doivent être<br />
couverts par une alimentation équilibrée<br />
et variée, riche en fruits et<br />
légumes et en pro<strong>du</strong>its céréaliers,<br />
toujours associés à des apports<br />
hydriques adaptés à la perte sudorale.<br />
● Le sodium, le chlore,<br />
le potassium<br />
La sudation peut en modifier l’équilibre.<br />
C’est uniquement sur des efforts<br />
supérieurs à 1 heure, en ambiance<br />
très chaude et sur des efforts de<br />
grande intensité, qu’un complément<br />
en sodium sous forme de sel (NaCl),<br />
à raison de 1 g à 1,5 g/l, est conseillé.<br />
Au-delà de 3 heures d’activité, il est<br />
souhaitable d’ajouter 0,4 g/l de potassium<br />
qui peut aussi être fourni par<br />
des fruits secs.<br />
● Le calcium<br />
Le stock calcique de l’enfant évolue en<br />
fonction de l’âge : il passe de 80 g à<br />
1 an à 400 g à 10 ans, pour atteindre<br />
900 à 1 200 g entre 10 et 19 ans.<br />
La constitution <strong>du</strong> pic de masse minérale<br />
osseuse est un facteur déterminant<br />
pour le risque d’ostéoporose<br />
ultérieure. Il est dépendant de plusieurs<br />
facteurs entre 10 et 20 ans : d’un<br />
apport calcique autour de 1 200 mg/j,<br />
accompagné d’un apport phosphoré<br />
de 800 mg/j, et de 280 à<br />
400 mg/j de magnésium associés à des<br />
quantités de vitamine D adaptées et<br />
une activité physique régulière.<br />
Dans le monde des adolescents, les<br />
apports en pro<strong>du</strong>its laitiers sont trop<br />
souvent insuffisants. L’assimilation <strong>du</strong><br />
calcium des laitages est d’environ<br />
20 % supérieure à celle des sources<br />
végétales, mais les carences sont d’autant<br />
plus importantes que les fruits<br />
et les légumes ne sont pas consommés<br />
régulièrement.<br />
Des carences importantes apparaissent quand les fruits et les légumes ne sont pas consommés<br />
régulièrement.<br />
© DR<br />
Pour les <strong>sport</strong>s d’intérieur, mieux vaut apporter<br />
une supplémentation en vitamine D.<br />
Il ne faut pas oublier que les pertes<br />
urinaires calciques sont aussi liées aux<br />
apports en protéines et en sodium<br />
des repas. Leur surconsommation est<br />
négative. Le tabac, l’alcool et le café<br />
sont également les ennemis d’une<br />
bonne ossification.<br />
Pour les enfants et les adolescents<br />
<strong>sport</strong>ifs, les pertes sudorales augmentent<br />
l’élimination de calcium, mais le<br />
<strong>sport</strong> augmente l’accrétion calcique.<br />
La recherche d’un minimum d’ingérés<br />
est donc très importante pour<br />
l’avenir minéral de l’enfant et la vitamine<br />
D doit être dosée de façon à<br />
éviter les carences.<br />
Pour les <strong>sport</strong>s peu exposés au soleil,<br />
il est recommandé d’apporter une<br />
supplémentation en vitamine D de<br />
100 000 unités en début et en fin<br />
d’hiver.<br />
© Béheff - Fotolia<br />
Tableau 2 - Apports conseillés en minéraux et oligo-éléments chez l’enfant et l’adolescent (d’après Beaufrère et al.).<br />
Ages Ca (mg) P (mg) Mg (mg) Fe (mg) Zn (mg) Cu (mg) F (mg) I (µg) Se (µg) Cr (µg)<br />
7-9 ans 900 600 200 8 9 1,2 1,2 120 40 40<br />
10-12 ans 1 200 830 280 10 12 1,5 1,5 150 45 45<br />
Adolescents<br />
(13-19 ans) 1 200 830 410 13 13 1,5 2 150 50 50<br />
Adolescentes<br />
(13-19 ans) 1 200 800 370 16 10 1,5 2 150 50 50<br />
MÉDECINS DU SPORT 20<br />
N°91-SEPTEMBRE/OCTOBRE 2008
Dossier ><br />
L’enfant et l’adolescent <strong>sport</strong>ifs<br />
● Le magnésium<br />
Les besoins en magnésium sont augmentés<br />
en période pubertaire.<br />
L’excrétion urinaire ne compense pas<br />
les pertes sudorales et les besoins sont<br />
évalués autour de 370 à 420 mg/j.<br />
Le magnésium est concentré dans les<br />
pro<strong>du</strong>its céréaliers et le cacao.<br />
■G - Les oligo-éléments<br />
(Tab. 2)<br />
● Le fer<br />
Il a un rôle majeur dans le tran<strong>sport</strong><br />
de l’oxygène par l’hémoglobine et<br />
donc sur la VO 2 max.<br />
Les besoins en fer restent de :<br />
● 7 à 8 mg entre 1 à 10 ans ;<br />
● 12 mg pour les garçons ;<br />
● 14 mg pour les filles dès l’apparition<br />
des règles ;<br />
● 9 mg/j pour les hommes a<strong>du</strong>ltes ;<br />
● 16 mg/j pour les femmes a<strong>du</strong>ltes.<br />
Les pertes se font par la transpiration,<br />
les voies digestives et urinaires, et sont<br />
augmentées lors des menstruations<br />
pour les jeunes filles.<br />
L’alimentation doit être équilibrée et<br />
diversifiée, comportant des viandes<br />
rouges, des poissons et des pro<strong>du</strong>its dérivés,<br />
leur biodisponibilité en fer étant de<br />
15 à 25 % supérieure à celle des pro<strong>du</strong>its<br />
céréaliers et des légumineuses dont<br />
l’assimilation n’est que de 0,1 à 5 %.<br />
Une alimentation de qualité assure<br />
donc des apports suffisants sans augmentation<br />
notable des matières<br />
grasses, et la complémentation ne<br />
Le magnésium est concentré dans les pro<strong>du</strong>its céréaliers et le cacao.<br />
doit se faire qu’après un contrôle sanguin<br />
de la ferritine.<br />
Si elle est inférieure à 12 mg/l, elle<br />
tra<strong>du</strong>it des seuils de fer diminués<br />
dans le foie et dans la moelle osseuse<br />
et justifie une supplémentation. Par<br />
contre, une surcompensation peut<br />
entraîner des effets délétères au<br />
niveau cellulaire par augmentation<br />
de la pro<strong>du</strong>ction de radicaux libres.<br />
Chez l’enfant <strong>sport</strong>if, il faut contrôler,<br />
au minimum une fois par an, le<br />
statut en fer avec un dosage <strong>du</strong><br />
récepteur sérique, soluble de la transferrine<br />
si besoin.<br />
● Le zinc<br />
Le zinc intervient dans les processus<br />
de réparation des lésions oxydatives.<br />
C’est un élément clef de la croissance,<br />
<strong>du</strong> développement pubertaire, de<br />
l’immunité cellulaire...<br />
Des apports équilibrés en calcium,<br />
cuivre et fer sont indispensables à son<br />
assimilation.<br />
© Monika Adamczyk - Fotolia<br />
■H - Les vitamines (Tab. 3)<br />
● Les vitamines hydrosolubles<br />
Les vitamines hydrosolubles <strong>du</strong> groupe B<br />
sont proportionnelles à l’apport calorique<br />
quotidien. Il apparaît, dans une<br />
étude de Guilland et al. (1989) que,<br />
comparé à des témoins appariés pour<br />
le sexe et l’âge, le statut vitaminique<br />
des <strong>sport</strong>ifs est altéré, notamment en<br />
vitamines B1, B2, B6 et C.<br />
La supplémentation en vitamines<br />
hydrosolubles n’est aujourd’hui pas<br />
recommandée, notamment si l’activité<br />
<strong>sport</strong>ive est occasionnelle ou inférieure<br />
à 3 heures par semaine.<br />
La niacine est couverte par la voie<br />
endogène et par l’alimentation.<br />
Tout passe par l’équilibre alimentaire<br />
et, surtout, par le respect de quantités<br />
suffisantes de fruits, de légumes<br />
et de pro<strong>du</strong>its céréaliers.<br />
Attention aux enfants dont les<br />
apports énergétiques sont inférieurs<br />
© DR<br />
Tableau 3 - Apports conseillés en vitamines chez l’enfant et l’adolescent (d’après Beaufrère et al.).<br />
Ages A E D K C B1 B2 PP B5 B6 B8 B9 B12<br />
(µg) (mg) (µg) (µg) (mg) (mg) (mg) (mg) (mg) (mg) (µg) (µg) (µg)<br />
7-9 ans 500 9 5 30 90 0,8 1,3 9 3,5 1 25 200 1,4<br />
10-12 ans 550 11 5 40 100 1 1,3 10 4 1,3 35 250 1,9<br />
Adolescents<br />
(13-19 ans) 750 12 5 45-65 110 1,3 1,6 13 4,5 1,6 45 300 2,3<br />
Adolescentes<br />
(13-19 ans) 600 12 5 45-65 110 1,1 1,4 11 4,5 1,5 45 300 2,3<br />
MÉDECINS DU SPORT 21<br />
N°91-SEPTEMBRE/OCTOBRE 2008
L’enfant et l’adolescent <strong>sport</strong>ifs<br />
< Dossier ><br />
à leurs dépenses énergétiques réelles<br />
(gymnastes, danseuses, jockeys...) :<br />
leur couverture vitaminique risque de<br />
ne pas être assurée.<br />
● Les vitamines liposolubles<br />
Les vitamines liposolubles A, D, E et K<br />
sont, dans l’alimentation, l’apanage <strong>du</strong><br />
monde végétal et <strong>du</strong> foie des poissons.<br />
Ce descriptif permet de se rendre<br />
compte de la fréquence de leur<br />
carence.<br />
Conclusion<br />
L’équilibre alimentaire :<br />
● correspond à des apports identiques en protéines pour les<br />
repas <strong>du</strong> midi et <strong>du</strong> soir : un équilibre entre la<br />
viande rouge, la viande blanche, le poisson et<br />
les autres protéines ;<br />
● un assaisonnement riche en huile végétale<br />
(olive, colza, noix, pépin de raisin, tournesol...),<br />
sans oublier que le beurre est riche en vitamine A ;<br />
© DR<br />
© DR<br />
La vitamine E interrompt les réactions<br />
en chaîne de la péroxydation<br />
lipidique ; c’est le principal antioxydant<br />
liposoluble de l’organisme.<br />
Elle ne peut pas être synthétisée par<br />
l’homme et doit être apportée par<br />
l’alimentation. Les huiles végétales<br />
en apportent 50 à 70 % et doivent<br />
être associées à la margarine et au<br />
beurre. Seulement 20 à 50 % des<br />
quantités consommées sont assimilées.<br />
Avec une alimentation équilibrée et un<br />
entraînement bien con<strong>du</strong>it, l’organisme<br />
adapte ses systèmes de défense antioxydants,<br />
ce qui se tra<strong>du</strong>it par une<br />
absence d’augmentation des marqueurs<br />
de la péroxydation lipidique.<br />
Pour la vitamine D, nous l’avons vu,<br />
une supplémentation après dosage<br />
biologique doit être entreprise et<br />
suivie au fur et à mesure de l’année<br />
<strong>sport</strong>ive.<br />
■I - Les antioxydants<br />
Les antioxydants, le bêtacarotène, le<br />
sélénium, le zinc, le manganèse et le<br />
cuivre sont les éléments <strong>du</strong> potentiel<br />
antioxydant.<br />
Aucun effet ergogène n’a été rapporté<br />
à la supplémentation en micronutriments<br />
antioxydants chez le sujet<br />
<strong>sport</strong>if au statut nutritionnel satisfaisant.<br />
Par contre, l’équilibre alimentaire est<br />
absolument indispensable et le petitdéjeuner<br />
primordial.<br />
■<br />
Dr Marie-France Oprendek-Roudey<br />
● des quantités suffisantes de fruits et de<br />
légumes (3 à 4 fruits par jour), des crudités, et/ou<br />
de la soupe, et/ou des légumes verts cuits aux 2 repas ;<br />
● des quantités suffisantes de sucres sous forme de pain, et/ou<br />
de féculents, de fruits et de légumes, des sucreries en quantités<br />
adaptées à l’effort physique encadrant l’activité (avant,<br />
pendant) et après en récupération ;<br />
● les pro<strong>du</strong>its laitiers sont absolument indispensables<br />
pour la croissance et la réalisation <strong>du</strong> pic de masse osseuse<br />
qu’il faut maintenir jusqu’à l’âge de 20 ans pour éviter les<br />
fractures de fatigue et l’ostéoporose.<br />
Trois à quatre pro<strong>du</strong>its laitiers par jour, associés aux fruits et<br />
aux légumes, et complémentés par des eaux riches en calcium<br />
et magnésium sont souhaitables.<br />
La vitamine D doit faire l’objet d’une surveillance biologique<br />
constante et de complémentation si besoin.<br />
Les enfants et adolescents <strong>sport</strong>ifs qui ont une activité intense,<br />
autour de 16 heures par semaine, doivent être surveillés régulièrement<br />
sur le plan de leur croissance, de la biologie et complémentés si besoin.<br />
Pour en savoir plus<br />
1. Alfredson H, Lorentzon R. Chronic achilles tendinosis : recommandations for treatment and prevention.<br />
Sports Med 2000 ; 29 : 135-46.<br />
2. Beaufrère B, Briend A, Ghisolfi J et al. Comité de nutrition de la Société Française de Pédiatrie,<br />
avec la collaboration de Vermorel M. Nourissons, enfants et adolescents dans CNERMA/CNRS/AFSSA<br />
et apports nutritionnels conseillés pour la population française. Paris : Tec et Doc , 2001.<br />
3. Bellisle F, Berta JL, Bresson JL et al. Apports nutritionnels conseillés pour les enfants et les adolescents,<br />
<strong>sport</strong>ifs de haut niveau de performance. Paris : Tec et Doc , 2004.<br />
4. Bigard X, Guezennec Y. Nutrition <strong>du</strong> <strong>sport</strong>if. Paris : Masson, 2003.<br />
5. Duhamel JF, Sevin I, Bourdin ML et al. Nutrition de l’enfant et <strong>sport</strong>. Entretiens de Bichat , Médecine<br />
<strong>du</strong> Sport 2004.<br />
6. Equation Nutrition. APRIFEL 2001 ; 20.<br />
7. Guilland JC, Penaranda T, Gallet C et al. Vitamin status of young athletes including the effects of<br />
supplementation. Med Sci Sports Exerc 1989 ; 21 : 441-9.<br />
8. Martin A. Apports Nutritionnels Conseillés pour la population française. CNRS/CNERNA/AFSSA.<br />
Paris : Tec et Doc Lavoisier (3 e édition), 2001.<br />
9. Potier de Courcy G. Ce qu’il faut retenir des nouvelles recommandations nutritionnelles françaises<br />
(ANC 2001). Diab Nutr et Fact de Ris 2001 ; 61 : 22-30.<br />
© DR<br />
© DR<br />
© DR<br />
MÉDECINS DU SPORT 22<br />
N°91-SEPTEMBRE/OCTOBRE 2008
L'aïkido<br />
La voie de la sagesse<br />
Après le Japon, la France<br />
est le second pays<br />
à pratiquer l'aïkido.<br />
60 000 Français sont<br />
licenciés en aïkido<br />
au sein de 2 fédérations<br />
nationales. Cette<br />
discipline est souvent<br />
perçue, à tort, comme<br />
un art martial<br />
compétitif et violent.<br />
Qu'en est-il <br />
©cynoclub - Fotolia<br />
Découverte d’un <strong>sport</strong><br />
est un budo, en d'autres<br />
termes une méthode d'é<strong>du</strong>cation<br />
issue d'un art martial ja-<br />
L’aïkido<br />
ponais. Il est basé sur des écoles d'arts<br />
martiaux anciennes, essentiellement<br />
le jiu-jitsu (Médecins <strong>du</strong> <strong>sport</strong> n°88),<br />
l'escrime et l'aikijutsu.<br />
Le terme aïkido signifie «la voie de<br />
concordance des énergies» (aï = harmonie<br />
; ki = énergie ; do = voie).<br />
1942 : NAISSANCE<br />
D’UN NOUVEL ART <br />
Entre 1920 et 1930, après s’être adonné<br />
à différents arts martiaux, le Japonais<br />
Morihei Ueshiba décida d'orienter sa<br />
pratique différemment et de créer un<br />
art dont le but ne serait ni de combattre<br />
ni de vaincre, mais de «supprimer la<br />
notion d'ennemi».<br />
En 1927, Morihei Ueshiba fonde kobukan,<br />
le premier dojo à Tokyo. Dans<br />
les années 1930, plusieurs hauts gradés<br />
d'autres écoles de budo se joignent<br />
à l'école de Morihei Ueshiba et un<br />
nombre important de ses élèves s’initie<br />
à ce nouveau style. Officiellement<br />
reconnu par le gouvernement japonais<br />
en 1940, Morihei Ueshiba nomma définitivement<br />
son art “aïkido” en 1942.<br />
Il décide alors de promouvoir l'aïkido<br />
au niveau international.<br />
L’aïkido est une méthode d’é<strong>du</strong>cation issue<br />
d’un art martial japonais.<br />
La forme actuelle de l'aïkido doit beaucoup<br />
au fils <strong>du</strong> fondateur qui œuvra à<br />
vulgariser la discipline et, surtout, à<br />
créer une nomenclature des techniques.<br />
UN SPORT SANS<br />
COMPÉTITION<br />
L'aïkido est composé de techniques à<br />
mains nues ou avec armes (sabre, bâton,<br />
couteau) destinées à retourner la<br />
force d'un agresseur contre lui-même.<br />
Comme le souhaitait son fondateur, l'aïkido<br />
n'est pas une technique d'attaque,<br />
mais vise à vaincre l'adversaire en bloquant<br />
sa tentative d'agression.<br />
Le but de la pratique est de s'améliorer,<br />
de progresser techniquement (respecter<br />
la distance de sécurité, trouver<br />
l'ouverture, se placer, gérer plusieurs<br />
attaques en même temps), physiquement<br />
(souplesse, rapidité, musculature)<br />
et mentalement (rester calme en<br />
toutes circonstances).<br />
Les muscles travaillent constamment<br />
et deviennent plus souples. Les enchaînements,<br />
surtout les chutes, ont<br />
pour mérite de muscler le dos. L'aïkido<br />
est également un <strong>sport</strong> d'en<strong>du</strong>rance.<br />
Lexique<br />
Bokken : sabre<br />
Dojo : lieu<br />
consacré à la<br />
pratique de<br />
l’aïkido<br />
Grade dan : degré d'expérience<br />
de l'aïkidoka, le degré le plus<br />
élevé étant le 10 e dan<br />
Hakama : pantalon ample plissé<br />
que portent les aïkidokas<br />
expérimentés et qui cache<br />
les déplacements<br />
Jo : bâton<br />
Juken : baïon<strong>net</strong>te<br />
Obi : ceinture servant à fermer le<br />
vêtement traditionnel japonais<br />
Keikogi : vêtement d'entraînement<br />
Kyu : sous-grade, 1 dan étant<br />
composé de 6 kyu, classés par<br />
ordre décroissant<br />
Tanto : sabre japonais, couteau<br />
Tori : le défenseur<br />
Uke, Aite : l'attaquant<br />
©Konstantin Ribarov - Fotolia<br />
MÉDECINS DU SPORT 23<br />
N°91-SEPTEMBRE/OCTOBRE 2008
Découverte d’un <strong>sport</strong><br />
De plus, d'après la Fédération Française<br />
d’Aïkido et de Budo (FFAB), l'aïkido<br />
permet d'augmenter la souplesse<br />
des articulations, de corriger la colonne<br />
vertébrale, de contrôler la respiration,<br />
la relaxation et l'en<strong>du</strong>rance.<br />
DÉVELOPPEMENT<br />
DE L’AÏKIDOKA<br />
L'aïkido est l’un des rares <strong>sport</strong>s pour<br />
lequel il n'existe aucune compétition.<br />
L'accent est mis sur le développement<br />
<strong>du</strong> pratiquant. Pendant les cours, le<br />
professeur fait la démonstration d'une<br />
technique puis les élèves tentent de<br />
repro<strong>du</strong>ire le mouvement. Ils améliorent<br />
ainsi petit à petit leur pratique.<br />
Les participants s'entraînent par deux :<br />
un attaquant (uke) et un défenseur<br />
(tori) qui neutralise l'agression par une<br />
technique d'aïkido.<br />
En général, une fois que le professeur<br />
a présenté la technique, uke attaque<br />
tori à quatre reprises (deux fois de<br />
chaque côté alternativement), puis les<br />
partenaires échangent leurs rôles.<br />
Le professeur peut également décider<br />
de faire travailler en “technique<br />
libre”. Chacun des 2 adversaires<br />
garde son rôle d'attaquant ou de défenseur.<br />
Après chaque mouvement, l'attaquant<br />
se relève et réattaque. Le défenseur<br />
peut alors utiliser la technique<br />
qu'il souhaite.<br />
Comme dans plusieurs budo, les aïkidokas<br />
utilisent le système des grades<br />
kyu et dan afin d'établir le degré d'aptitude<br />
des participants.<br />
L'aïkidoka débutant se voit généralement<br />
attribué le grade «6 e kyu». Gravant<br />
ensuite les différents échelons<br />
jusqu'au 1 er kyu, il passe alors son<br />
1 er dan. Le niveau le plus élevé est le<br />
10 e dan.<br />
Les pratiquants portent la ceinture<br />
blanche jusqu'au 6 e kyu, puis la ceinture<br />
noire dès le 1 er dan obtenu.<br />
Esquiver et s’approprier l’attaque<br />
Les mouvements d'aïkido débutent<br />
toujours par une attaque de la part de<br />
uke. Il peut s'agir d'un coup, d'une saisie<br />
ou d'une combinaison des deux visant<br />
généralement le haut <strong>du</strong> corps.<br />
Au moment de l'attaque, tori bouge,<br />
modifiant ainsi la trajectoire et s'appropriant<br />
l'attaque. Tori s'esquive par<br />
un pivot ou attaque pour exploiter la<br />
Les techniques d’aïkido pouvant se faire à partir de prises ou de coups différents, dans des<br />
positions différentes, le nombre de situations est important.<br />
réaction de défense de uke. De plus,<br />
par ses déplacements, tori entretient<br />
et amplifie le déséquilibre de uke. Au<br />
final, tori projette ou immobilise uke à<br />
l'aide d'une clef (au bras, au poig<strong>net</strong>...),<br />
ou de différents contrôles au niveau<br />
<strong>du</strong> corps de uke.<br />
Combien de prises différentes <br />
Il n'existe qu'un petit nombre de techniques<br />
mais chacune possède des variantes.<br />
De plus, chaque technique<br />
pouvant se faire à partir de prises ou<br />
de coups différents, debout ou à genou,<br />
le nombre de situations est finalement<br />
important.<br />
Ne faire qu’un avec son arme<br />
L'aïkido se pratique également avec<br />
des armes.<br />
La répétition d'exercices d'entraînement<br />
doit permettre au pratiquant d'arriver<br />
à ne faire plus qu'un avec son<br />
arme qui devient ainsi un véritable prolongement<br />
de son corps.<br />
La pratique des armes permet également<br />
d'apprendre à garder une certaine<br />
distance face à ses adversaires<br />
et à travailler la posture.<br />
Cependant, très souvent, l'aïkido se<br />
pratique uniquement à mains nues<br />
puisque peu d'écoles maîtrisent la<br />
pratique et les techniques avec<br />
armes.<br />
DU KEIKOGI<br />
AU HAKAMA...<br />
L'aïkido se pratique pieds nus sur un<br />
tatami. Les aïkidokas peuvent porter<br />
des nus-pied, les zori, qu'ils disposent<br />
perpendiculairement au tatami avant<br />
de monter sur cette zone de “combat”.<br />
Les aïkidokas non expérimentés portent<br />
un vêtement d'entraînement : le keikogi,<br />
composé d'un pantalon blanc et d'une<br />
veste blanche fermée par une ceinture.<br />
Devenu suffisamment expérimenté, l’aïkidoka<br />
porte le hakama, un pantalon flottant<br />
large noir ou bleu foncé, qui permet<br />
de dissimuler les déplacements.<br />
En aïkido, il n'existe que deux couleurs<br />
de ceinture : la noire et la blanche.<br />
CERTIFICAT DE NON<br />
CONTRE-INDICATION<br />
Selon les dispositions légales reprises<br />
dans les statuts fédéraux, toute personne<br />
licenciée à la FFAB doit obligatoirement<br />
être en possession <strong>du</strong> passeport fédéral<br />
validé par la photo <strong>du</strong> titulaire, le certificat<br />
médical original de non contre-indication<br />
et le timbre de licence. ■<br />
Violaine Colmet Daâge<br />
©Dimitar Marinov - Fotolia<br />
MÉDECINS DU SPORT 24<br />
N°91-SEPTEMBRE/OCTOBRE 2008
Interview Nicole Sicard,<br />
médecin de la<br />
commission médicale<br />
de la FFAB<br />
MDS : Quelle est votre implication dans la FFAB <br />
Nicole Sicard : Je suis membre <strong>du</strong> comité directeur de la FFAB, présidente<br />
de la commission médicale. Celle-ci est composée également<br />
d’un technicien et d’un médecin, tous deux hauts gradés.<br />
Nous avons une mission de conseil et d’accompagnement à la<br />
décision, d’organisation et de lien avec les commissions médicales<br />
régionales, mais pas de soins directement.<br />
Tous les membres <strong>du</strong> comité directeur de la fédération sont pratiquants<br />
d’aïkido.<br />
MDS : Y a-t-il beaucoup de chutes en aïkido <br />
N. S. : Effectivement, il y a beaucoup de chutes en aïkido. Chaque<br />
technique réalisée par tori en réponse à une attaque aboutit à<br />
une immobilisation ou à une chute. Il est très important et<br />
très intéressant de travailler la chute, au plan personnel, mais<br />
aussi pour la pratique et aite se relève pour attaquer de nouveau.<br />
L’apprentissage de la chute commence dès les premiers<br />
cours. Le débutant apprend à descendre au sol souplement,<br />
et à se relever de façon martiale.<br />
Il s’agit d’une discipline sans compétition, les enjeux ne sont<br />
pas les mêmes que dans d’autres activités <strong>sport</strong>ives. L’agressivité<br />
de aite est juste celle qui permet à tori de se trouver en<br />
situation d’entraînement, elle est donc mesurée et ajustée au<br />
niveau de chacun.<br />
MDS : Quelle est la traumatologie spécifique de l'aïkido <br />
N. S. : L'aïkido est une discipline qui entraîne peu de traumatismes<br />
par rapport au nombre de pratiquants. Nous observons cependant<br />
des incidents comme des traumatismes de l’épaule, peut-être plus<br />
souvent chez les débutants. Les plus fréquents sont les entorses<br />
acromio-claviculaires. Il y a parfois des accidents plus importants,<br />
mais ils sont rares.<br />
Les entorses de genou ou de cheville sont un peu plus fréquentes<br />
lors des stages où les pratiquants sont nombreux, par choc d’un<br />
couple à l’autre, mais l’apprentissage de la gestion de l’espace fait<br />
aussi partie des bases de l’enseignement et diminue le risque.<br />
L’absence de compétition limite l’émulation. Les pratiquants restituent<br />
les enjeux au niveau personnel.<br />
XXV e<br />
de MÉDECINE, RHUMATOLOGIE<br />
et TRAUMATOLOGIE SPORTIVE.<br />
journée<br />
raphaëloise<br />
Dr MATHELIN – Dr FICHEZ – Dr CHOUCHANE – Dr DUCASSE – Dr ZAKARIANI<br />
avec la participation <strong>du</strong> Groupement Latin et Méditéranéen<br />
de Médecine <strong>du</strong> Sport, de la Fédération PACA de rhumatologie<br />
et <strong>du</strong> Ministère de la Jeunesse et des Sports PACA.<br />
SAMEDI 18 OCTOBRE 2008<br />
Palais des congrès<br />
(Nouveau Port de Saint-Raphaël)<br />
Tél. 04 94 19 84 19<br />
(Permanence assurée pour les urgences)<br />
Déjeuner sur le port<br />
Début des conférences : 9 h précises<br />
Accès au Palais des Congrès de Saint-Raphaël :<br />
Découverte d’un <strong>sport</strong><br />
MDS : Quels conseils donneriez-vous aux médecins qui délivrent<br />
des certificats de non contre-indication pour la pratique de l'aïkido <br />
Existe-t-il des contre-indications <br />
N. S. : Je leur conseille de bien se renseigner sur cette discipline.<br />
Les gens ont souvent l’image d’un art martial compétitif et violent.<br />
Pour un médecin, cela peut l’entraîner à ne pas signer de certificat<br />
de non contre-indication. Et effectivement, certaines personnes<br />
qui pourraient pratiquer ce <strong>sport</strong> n’obtiennent pas de certificat<br />
de non contre-indication par méconnaissance de l’aïkido.<br />
Je voudrais que les médecins n’hésitent pas à contacter les médecins<br />
de ligue ou les médecins fédéraux pour se renseigner<br />
sur cette discipline et les risques de sa pratique. Ainsi, ils pourraient<br />
signer le certificat en toute connaissance de cause. Nous<br />
ne voulons pas de certificats de complaisance mais simplement<br />
que personne ne soit exclu à tort.<br />
■<br />
Inscriptions : centre de Rhumatologie<br />
Place Coullet – SAINT-RAPHAEL<br />
Tél. 04 94 19 50 50<br />
Fax. 04 94 19 50 51<br />
Possibilité d’inscription sur place mais,<br />
pour des raisons de commodité (repas),<br />
merci de confirmer par téléphone ou courrier.<br />
MÉDECINS DU SPORT 25<br />
N°91-SEPTEMBRE/OCTOBRE 2008
Football et ramadan<br />
Approche nutritionnelle en période<br />
de compétition<br />
La préparation <strong>sport</strong>ive<br />
a considérablement<br />
évolué et se caractérise<br />
aujourd’hui par une<br />
intensification de l’effort<br />
physique et <strong>du</strong> rythme<br />
des entraînements.<br />
La nutrition <strong>du</strong> <strong>sport</strong>if<br />
est devenue un enjeu<br />
capital et ne doit pas<br />
être négligée. Quel est<br />
le suivi diététique des<br />
footballeurs pratiquant<br />
le ramadan <br />
Les dernières années, l’évolution<br />
<strong>du</strong> football de haut niveau, avec<br />
l’intensification de l’engagement<br />
physique et le rythme des compétitions,<br />
a entraîné une nécessaire modification<br />
de la préparation physique.<br />
Cette évolution a dû être accompagnée<br />
d’une attention plus particulière<br />
à la nutrition <strong>du</strong> <strong>sport</strong>if et, parfois à<br />
d’autres apports qui peuvent être douteux,<br />
aussi bien sur le plan de l’intérêt<br />
nutritionnel que sur celui de<br />
l’éthique (l’objectif à atteindre étant<br />
bien sûr d’optimiser toujours plus la<br />
performance avec des exigences croissantes<br />
d’année en année).<br />
Les clubs de football professionnels et<br />
les sélections nationales s’intéressent<br />
de plus en plus à cette problématique.<br />
Mais en dehors des repas organisés<br />
lors des “mises au vert”, des stages<br />
de préparation ou des repas de jour de<br />
match, les footballeurs gèrent euxmêmes<br />
ou en famille les repas <strong>sport</strong>ifs.<br />
Le rôle des staffs médicaux se<br />
limite donc à un rôle de conseil dans<br />
le cadre <strong>du</strong> travail de prévention.<br />
* Médecin <strong>du</strong> <strong>sport</strong> et nutritionniste <strong>du</strong> <strong>sport</strong>, Ajaccio<br />
** Diététicienne <strong>du</strong> <strong>sport</strong>, Cap d’Ail<br />
© Lisasolonunko - Morguefile<br />
Quel est le suivi diététique des<br />
footballeurs pratiquant le ramadan<br />
Les jeunes des centres de formation<br />
sont en théorie souvent encadrés sur<br />
le plan diététique, avec beaucoup de<br />
repas pris sur place.<br />
UNE ÉTUDE<br />
ÉPIDÉMIOLOGIQUE DES<br />
RATIONS ALIMENTAIRES<br />
Au cours de la saison 2005-2006, nous<br />
avons mis en place une étude auprès<br />
de footballeurs professionnels et de<br />
stagiaires (catégorie 16-18 ans), de<br />
quatre clubs de football professionnels<br />
<strong>du</strong> sud de la France, avec bilan nutritionnel<br />
de veille, de jour et de lendemain<br />
de match (70 footballeurs au<br />
total, dont 27 professionnels et 43 stagiaires).<br />
Nous avons décidé par ailleurs de nous<br />
pencher sur l’analyse d’une journée<br />
type de 4 footballeurs musulmans qui<br />
suivent le ramadan en période de compétition,<br />
sur le vécu de ces footballeurs<br />
ainsi que sur l’analyse que nous en<br />
retirons au vu de notre expérience de<br />
terrain.<br />
Mots-clés<br />
Football, Nutrition,<br />
Compétition,<br />
Ramadan<br />
Dr Gilles Testou*<br />
Thérèse Ferrari**<br />
© Katih<br />
kocyildir<br />
Il en est ressorti certaines anomalies<br />
:<br />
● des petits-déjeuners insuffisants, voire<br />
absents, chez un professionnel sur deux<br />
et chez un jeune sur quatre ;<br />
● des insuffisances d’apport en fruits<br />
et légumes, soit moins de 200g/j chez<br />
un footballeur sur deux (professionnels<br />
et jeunes), que la restauration soit<br />
collective ou indivi<strong>du</strong>elle ;<br />
● une négligence de l’importance de la<br />
ration de récupération d’après match<br />
(apports largement insuffisants ou<br />
inadaptés), retrouvée surtout chez les<br />
jeunes (un sur trois) <strong>du</strong> fait de repas<br />
d’après match souvent mal structurés<br />
(déplacements extérieurs).<br />
Les compétitions se succédant à des<br />
cadences de plus en plus rapprochées,<br />
la récupération devient le souci majeur<br />
<strong>du</strong> médecin de terrain avec la gestion<br />
au coup par coup après le match (afin<br />
d’activer le processus de réparation<br />
tissulaire et de réplétion des stocks<br />
énergétiques) et la gestion au long<br />
© DXfoto.com - Fotolia<br />
- Fotolia<br />
Vécu<br />
MÉDECINS DU SPORT 27<br />
N°91-SEPTEMBRE/OCTOBRE 2008
Vécu<br />
cours (afin de prévenir la fatigue, le<br />
surentraînement et la blessure).<br />
Rappelons que de la vitesse et de l’importance<br />
de la resynthèse <strong>du</strong> glycogène<br />
musculaire dépend la possibilité de<br />
s’entraîner à nouveau, a fortiori de<br />
refaire une compétition dans des délais<br />
courts, ce qui est essentiel pour le <strong>sport</strong>if<br />
de haut niveau. Cela implique une<br />
rapide captation cellulaire, avec perméabilité<br />
membranaire au glucose élevée,<br />
dans un environnement métabolique<br />
et hormonal favorable. Dès la fin<br />
de l’exercice (dans les vestiaires), la<br />
consommation immédiate de glucides<br />
simples en solution, puis sous forme<br />
solide, permet une resynthèse glycogénique<br />
optimale. Cette consommation<br />
doit être poursuivie régulièrement pendant<br />
les heures suivantes. L’utilisation<br />
de boissons glucosées est d’autant plus<br />
importante chez les sujets qui n’ont pas<br />
faim dans les heures qui suivent le<br />
match.<br />
L’hydratation est insuffisante dans la<br />
cohorte de footballeurs étudiée mais<br />
nous avons noté, selon les clubs, une<br />
sensibilisation différente en matière<br />
d’hydratation.<br />
ANALYSE NUTRITIONNELLE<br />
SUR LA MOYENNE<br />
DES TROIS JOURS (TAB. 1)<br />
L’apport énergétique moyen quotidien<br />
doit être de 3 168 kcal/j pour les footballeurs<br />
en période de compétition : elle<br />
est de 3 202 kcal pour les professionnels<br />
et 3 148 kcal pour les stagiaires.<br />
De nombreuses études comportant<br />
l’évaluation des apports alimentaires<br />
et des dépenses énergétiques journalières<br />
(DEJ), par la méthode de l’eau<br />
doublement marquée ou la méthode<br />
d’enregistrement de la fréquence cardiaque,<br />
ont montré que les enquêtes<br />
et les relevés alimentaires sous-estiment<br />
en moyenne de 12 à 15 % les<br />
besoins énergétiques des sujets étudiés.<br />
Nous avons donc pris d’avantage<br />
en compte l’évolution de ces apports<br />
énergétiques pendant les trois jours<br />
étudiés que les valeurs elles-mêmes.<br />
Manque de fibres chez<br />
les professionnels comme<br />
chez les stagiaires<br />
L’équilibre en macronutriments met<br />
en évidence une insuffisance d’apports<br />
en glucides au profit des lipides, surtout<br />
chez les jeunes footballeurs. En<br />
effet, en période de préparation de<br />
match et de récupération, nous attendrions<br />
plutôt une ration glucidique de<br />
l’ordre de 55 à 65 % des apports énergétiques<br />
quotidiens.<br />
Dans les deux groupes, on observe une<br />
insuffisance de fibres. Cette sousconsommation<br />
glucidique profite à une<br />
surconsommation lipidique, phénomène<br />
que nous pouvons aisément retrouver<br />
chez les jeunes de cette tranche d’âge,<br />
<strong>sport</strong>ifs ou non <strong>sport</strong>ifs, avec les erreurs<br />
classiques : exces d’acides gras saturés,<br />
trop souvent présents dans les restaurations<br />
collectives, de par le choix des<br />
aliments consommés et le mode de préparation<br />
des aliments (cuissons et assaisonnements),<br />
manque de fruits et de<br />
légumes, alimentation déstructurée avec<br />
petit-déjeuner insuffisant et grignotages<br />
fréquents (viennoiseries ou barres chocolatées<br />
riches en graisses), alimentation<br />
peu variée à forte densité énergétique<br />
mais faible densité nutritionnelle.<br />
L’apport en fer est moins important chez<br />
les professionnels que chez les stagiaires.<br />
Rappelons l’importance <strong>du</strong> fer<br />
chez le <strong>sport</strong>if en raison de son rôle dans<br />
le tran<strong>sport</strong> de l’oxygène par l’hème de<br />
l’hémoglobine : une relation directement<br />
proportionnelle a été démontrée<br />
entre le taux de l’Hb sanguine, la capacité<br />
de tran<strong>sport</strong> de l’O 2 par le sang et<br />
le VO 2 max ou la PMA. Un des indicateurs<br />
de la carence martiale est la diminution<br />
de la ferritinémie.<br />
L’étude des bilans sanguins, pratiqués<br />
de manière systématique dans le cadre<br />
<strong>du</strong> suivi longitudinal habituel des footballeurs<br />
professionnels, a permis de<br />
constater que, malgré cet apport en<br />
fer qui paraît limite quantitativement,<br />
seulement deux footballeurs professionnels<br />
sur vingt-sept présentent une<br />
ferritine inférieure à 30 microgrammes<br />
par litre : le taux d’hémoglobine le<br />
plus bas retrouvé est à 13,6 g/l<br />
(moyenne retrouvée : Hb à 14,36 g/l et<br />
ferritine à 98,58 µg/l). Notons enfin<br />
qu’une grande partie des footballeurs<br />
prennent des compléments multivitaminés<br />
deux fois par saison, contenant<br />
notamment <strong>du</strong> fer.<br />
Pas d’impact pour le statut marital<br />
A notre grande surprise, nous n’avons<br />
pas constaté de différences majeures<br />
dans ces deux groupes d’indivi<strong>du</strong>s,<br />
Tableau 1 - Répartition des apports énergétiques chez les footballeurs.<br />
Footballeurs (70) Glucides<br />
%<br />
Protides<br />
%<br />
Lipides<br />
%<br />
Fibres<br />
%<br />
Fer<br />
%<br />
Professionnels 55,4 14,8 29,8 13,51 9,19<br />
Stagiaires 52,1 15,6 32,3 16,66 13,63<br />
Célibataires (51) 52 16,7 31,3 15,84 13,15<br />
Vie maritale (19) 52,5 15,1 32,4 15,75 10,35<br />
Européens (42) 55,3 15,1 29,6 17,36 12,88<br />
Sud-américains (5) 55,2 15,6 29,2 13,51 9,78<br />
Magrébins (11) 58,0 12,9 29,1 15,04 10,22<br />
Africains (Afrique noire) (9) 49,5 20,0 30,5 11,45 7,32<br />
Antillais (3) 54,8 17,5 27,7 12,98 11,9<br />
Poste : gardien 52,4 15,9 31,7 - -<br />
Poste : défenseur 56,4 16 27,6 - -<br />
Poste : milieu 60,8 13,4 25,8 - -<br />
Poste : attaquant 58,2 14,2 27,6 - -<br />
© Stephen Coburn - Fotolia<br />
Selon les clubs de football, il existe une sensibilisation<br />
différente en matière d’hydratation.<br />
MÉDECINS DU SPORT 28<br />
N°91-SEPTEMBRE/OCTOBRE 2008
aussi bien au niveau de l’équilibre en<br />
macronutriments qu’au niveau <strong>du</strong><br />
faible apport en fruits et légumes (et<br />
donc en fibres).<br />
Nous pourrions être amenés à penser<br />
que la vie maritale ne garantit pas<br />
un équilibre alimentaire idéal.<br />
Consommation protidique<br />
et origine ethnique<br />
● Chez les Européens et les Sud-Américains<br />
étudiés, nous trouvons des similitudes<br />
avec un équilibre alimentaire<br />
en macronutriments proche des ANC<br />
sédentaires ; l’apport glucidique est<br />
un peu insuffisant en ces périodes de<br />
compétition.<br />
● Chez les sujets originaires des pays<br />
<strong>du</strong> Maghreb, l’apport glucidique est<br />
correct, avec une tendance minime<br />
hypoprotidique et hyperlipidique.<br />
● Chez les Africains (Afrique noire), le<br />
régime est hyperlipidoprotidique, au<br />
détriment des glucides.<br />
● Chez les Antillais, nous avons pu<br />
noter un régime hyperprotidique.<br />
Au total, les différences entre ces<br />
groupes de sujets ne sont pas<br />
majeures. Le point commun toujours<br />
retrouvé est le déficit en fruits et<br />
légumes, donc en fibres et en vitamines,<br />
avec diminution <strong>du</strong> potentiel<br />
antioxydant.<br />
Un poids limite chez les gardiens<br />
Il n’y a pas de différence majeure en<br />
ce qui concerne les joueurs de champs.<br />
Par contre, les gardiens de but présentent<br />
une alimentation qui est très<br />
éloignée de celle <strong>du</strong> marathonien, le<br />
profil <strong>du</strong> poste pouvant l’expliquer.<br />
Cependant, nous ne pouvons pas pour<br />
autant justifier cet excès de lipides,<br />
que l’on retrouve très souvent dans<br />
tous les clubs au niveau de la balance<br />
et de la pince à plis cutanés, les gardiens<br />
étant le plus souvent à la limite<br />
supérieure au niveau <strong>du</strong> poids et de la<br />
masse grasse.<br />
© Mercure - Fotolia<br />
Plus de vitamines chez les stagiaires<br />
Dans les différents groupes étudiés,<br />
nous pouvons noter que les apports en<br />
vitamines <strong>du</strong> groupe B, notamment B1,<br />
B6 et B9 sont à la limite inférieure, voire<br />
basse (folate), si l’on se réfère aux<br />
apports nutritionnels conseillés (ANC)<br />
en appliquant les coefficients correcteurs<br />
liés à la dépense énergétique.<br />
Les professionnels présentent un statut<br />
<strong>net</strong>tement plus bas par rapport aux<br />
stagiaires pour ce qui est des vitamines<br />
B2, B6, C (surtout en lendemain<br />
de match) et folates. La cause Une<br />
alimentation peu diversifiée et pauvre<br />
en fruits et légumes !<br />
On connaît bien l’intérêt des vitamines<br />
B1, B2 et B6 pour lesquelles une subcarence<br />
peut entraîner une diminution<br />
des performances aérobies, non proportionnelle<br />
au statut en ces trois vitamines<br />
; les performances aérobies<br />
retournant à leur valeur initiale après<br />
réplétion vitaminique. Il est donc nécesaire<br />
de prévoir une amélioration des<br />
apports vitaminés déficitaires. De<br />
même, l’intérêt de la vitamine C est<br />
bien connu : stabilité <strong>du</strong> tissu conjonctif,<br />
cicatrisation, entrée des acides gras<br />
dans les mitochondries, prévention de<br />
l’anémie ferriprive, protection cellulaire<br />
par son pouvoir antioxydant.<br />
Pour mémoire, les vitamines sont<br />
apportées par :<br />
● le kiwi, le citron, le cresson, la fraise,<br />
l’orange... pour la vitamine C ;<br />
● les foies de veau et de volaille, le lait,<br />
les pro<strong>du</strong>its laitiers (intérêt puisque le<br />
calcium est souvent à la limite inférieure),<br />
le poisson, les viandes, les<br />
végétaux à feuilles vertes... pour la<br />
vitamine B2 ;<br />
● les abats, la viande, le poisson, les<br />
pommes de terre, le pain complet, la<br />
banane, l’œuf, le fromage... pour la vitamine<br />
B6 ;<br />
● le foie de volaille, les germes de blé,<br />
Antaillais<br />
Une alimentation équilibrée et diversifiée apporterait des solutions aux problèmes nutritionnels.<br />
le jaune d’œuf, les épinards, le cresson,<br />
le pain complet... pour les folates.<br />
Conclusion<br />
Au total, une alimentation équilibrée<br />
et diversifiée (avec 5 fruits et légumes<br />
par jour) apporterait des solutions à<br />
ces problèmes, probablement sans<br />
avoir recours à une quelconque supplémentation.<br />
ANALYSE NUTRITIONNELLE<br />
EN VEILLE DE MATCH<br />
L’apport énergétique total en veille de<br />
match représente, en moyenne, 3 405<br />
kcal contre 3 130 et 2 980 le jour et le lendemain<br />
<strong>du</strong> match ; ceci pouvant s’expliquer<br />
par le désir d’accroître les<br />
réserves énergétiques. Mais cette alimentation<br />
à base de 31,4 % de lipides<br />
pour seulement 52 % de glucides n’est<br />
pas judicieuse (avec apport protéiné à la<br />
limite supérieure), surtout chez les jeunes<br />
stagiaires.<br />
Il y a, dans les deux groupes, une trop<br />
grande part de glucides simples par rapport<br />
à l’apport énergétique total, surtout<br />
chez les footballeurs professionnels<br />
(Tab. 2). En effet, 22 % et 16,23 % de<br />
sucres simples ne sont pas justifiés, d’autant<br />
plus que nous sommes en veille<br />
de match et que la séance d’entraînement<br />
de veille de match est légère.<br />
Vécu<br />
MÉDECINS DU SPORT 29<br />
N°91-SEPTEMBRE/OCTOBRE 2008
Vécu<br />
ANALYSE NUTRITIONNELLE<br />
LE JOUR DU MATCH<br />
Le jour <strong>du</strong> match, la répartition en<br />
macronutriments est cohérente pour<br />
les footballeurs professionnels. Par<br />
contre, encore une fois, la portion lipidique<br />
est excessive au détriment des<br />
glucides, pourtant importants le jour<br />
<strong>du</strong> match dans la catégorie des footballeurs<br />
stagiaires (Tab. 3). Nous pouvons<br />
noter un apport en sucres simples<br />
assez important par rapport à la part<br />
totale des glucides, ceci pouvant être<br />
expliqué par le désir d’apporter des<br />
sucres starters en approche et pendant<br />
la compétition, ainsi qu’en récupération<br />
d’après match.<br />
ANALYSE NUTRITIONNELLE<br />
LE LENDEMAIN DU MATCH<br />
La répartition en macronutriments est<br />
sensiblement la même chez les professionnels<br />
et les stagiaires, avec une<br />
portion lipidique excessive au détriment<br />
des glucides (Tab. 4). Ceci peut<br />
s’expliquer par le besoin de réintro<strong>du</strong>ire<br />
les aliments plaisir en fin de<br />
semaine, après le match. Il en est de<br />
même pour les sucres rapides consommés<br />
plus volontiers.<br />
Tableau 2 - Répartition des apports énergétiques la veille <strong>du</strong> match.<br />
Journée totale % de protéines % de graisses % de glucides<br />
Footballeurs 16,5 31,4 52,1<br />
Professionnels 15,82 30,68 53,53<br />
Stagiaires 17,52 32,33 50,16<br />
Tableau 3 - Répartition des apports énergétiques le jour <strong>du</strong> match.<br />
Journée totale % de protéines % de graisses % de glucides<br />
Footballeurs 14,2 30,1 55,7<br />
Professionnels 13,61 26,43 59,96<br />
Stagiaires 14,58 32,44 52,98<br />
Tableau 4 - Répartition des apports énergétiques le lendemain de match.<br />
Journée totale % de protéines % de graisses % de glucides<br />
Footballeurs 14,9 32,3 52,8<br />
Professionnels 15,21 32,32 52,47<br />
Stagiaires 14,75 32,38 52,87<br />
© Evan Boticelli - Fotolia<br />
QUEL SUIVI DIÉTÉTIQUE<br />
PENDANT LE RAMADAN <br />
Le ramadan est “évolutif” dans le<br />
temps, avec des dates de début et de<br />
fin qui varient chaque année. En théorie,<br />
il ne faut ni boire ni manger, <strong>du</strong><br />
lever au coucher <strong>du</strong> soleil, que l’on soit<br />
<strong>sport</strong>if ou non. Le ramadan est également<br />
un mois de convivialité et de<br />
fête, l’occasion de retrouvailles familiales<br />
et de solidarité. Les familles et<br />
les amis se rendent visite et l’on veille<br />
tard le soir. Cela peut donc aussi avoir<br />
son importance au niveau des rythmes<br />
biologiques de nos footballeurs.<br />
En pratique, bien souvent, les footballeurs<br />
professionnels adaptent la<br />
règle (pas d’alimentation solide ni<br />
liquide entre le lever et le coucher <strong>du</strong><br />
soleil) les jours de compétition afin de<br />
pratiquer leur métier avec le moins de<br />
risque possible pour leur santé. Les<br />
jours de match, ils se permettent uniquement<br />
de boire (<strong>du</strong> moins dans la<br />
majorité des cas).<br />
Nous avons étudié les bilans alimentaires<br />
d’une journée type de footballeurs<br />
professionnels pratiquant le ramadan<br />
en octobre-novembre : ils nous ont<br />
permis de constater une insuffisance<br />
en protéines animales dans 3 cas sur<br />
4, un excès de sucres simples et une<br />
hydratation insuffisante malgré les<br />
apports importants <strong>du</strong> matin et <strong>du</strong> soir.<br />
Le conseil le plus important consiste<br />
vraisemblablement à avoir un véritable<br />
repas structuré au petit-déjeuner, comportant<br />
les glucides complexes, les glucides<br />
starters, les protéines animales,<br />
qui sont souvent négligées (pas<br />
d’autre repas avant le soir).<br />
Un suivi diététique personnalisé pendant<br />
et après le ramadan est souhaitable.<br />
Un risque majeur de déshydratation<br />
Les <strong>sport</strong>ifs qui évoluent au sein d’un<br />
<strong>sport</strong> collectif comme le football vivent<br />
différemment le ramadan, par rapport<br />
à un <strong>sport</strong>if type athlétisme ou karaté.<br />
En effet, si le footballeur n’est pas à<br />
100 % de ses possibilités, sa contre-<br />
performance sera peut-être “masquée”<br />
par ses coéquipiers. En contrepartie,<br />
il peut affaiblir le groupe.<br />
En dehors de la période estivale, période<br />
“à risques” car pourvoyeuse d’états de<br />
déshydratation, il semble que la gêne<br />
occasionnée par la pratique <strong>du</strong> ramadan<br />
ne soit pas si importante que l’on<br />
puisse le penser. La période de ramadan<br />
estivale est pour le médecin de club<br />
une période de vigilance extrême (chaleur<br />
et journées plus longues) avec un<br />
risque majeur de déshydratation.<br />
Les <strong>sport</strong>ifs questionnés pensent compenser<br />
le déficit hydrique de la journée<br />
en se mettant en état d’hyperhydratation<br />
la nuit et le matin. Or, au vu<br />
des horaires d’entraînement, ils ont<br />
vite fait d’éliminer par voie rénale l’excédent<br />
hydrique et n’empêchent donc<br />
pas l’apparition de la déshydratation.<br />
Y aurait-il un intérêt et serait-il éthique<br />
d’utiliser le glycérol avec l’eau afin de<br />
retarder l’élimination de celle-ci <br />
L’hyperhydratation réelle et préalable<br />
MÉDECINS DU SPORT 30<br />
N°91-SEPTEMBRE/OCTOBRE 2008
par l’utilisation <strong>du</strong> glycérol pourrait prévenir<br />
une partie de la déshydratation.<br />
L’ingestion de glycérol (métabolite<br />
naturel de l’organisme) et d’eau préalablement<br />
à l’exercice, pourrait in<strong>du</strong>ire<br />
une hyperhydratation vraie et <strong>du</strong>rable<br />
en ré<strong>du</strong>isant la diurèse par effet osmotique.<br />
Cependant, se pose malgré tout<br />
un problème pratique, car pour réaliser<br />
cette hyperhydratation, il faut environ<br />
2 heures, avec l’ingestion d’une<br />
dose de boisson glycérolée, puis 3<br />
ingestions toutes les 30 min de 400 ml<br />
d’eau. Cela nécessiterait de se lever<br />
très tôt (2 heures avant le lever <strong>du</strong><br />
soleil) et l’effet <strong>du</strong>re 4 heures environ.<br />
Il faudrait donc que l’entraînement ait<br />
lieu rapidement après la constitution de<br />
l’état d’hyperhydratation. Ce pro<strong>du</strong>it<br />
n’est pas inscrit à ce jour sur la liste des<br />
pro<strong>du</strong>its interdits, mais son utilisation<br />
peut rester malgré tout sujette à caution.<br />
En effet, est-il légitime d’administrer<br />
ce pro<strong>du</strong>it à un indivi<strong>du</strong> ne soufrant<br />
d’aucune pathologie <br />
L’entraînement quotidien d’un <strong>sport</strong>if<br />
de haut niveau est difficilement<br />
compatible avec une restriction<br />
hydrique : faut-il chercher à contourner<br />
l’esprit <strong>du</strong> ramadan ou accepter la<br />
réalité <br />
S’entraîner la nuit<br />
Pourquoi ne pas proposer une préparation<br />
adaptée à la situation avec un<br />
entraînement nocturne puisque les<br />
obligations <strong>du</strong> ramadan rendent possible<br />
l’alimentation solide et liquide<br />
uniquement la nuit Cette idée serait<br />
par ailleurs proche <strong>du</strong> rythme des compétitions<br />
qui se déroulent à partir de<br />
20 h, voire de 20 h 45.<br />
Les jours de match, l’organisation de<br />
la soirée est déterminante avec une<br />
Un entraînement nocturne serait proche<br />
<strong>du</strong> rythme imposé par le ramadan.<br />
© Isitsharp - Fotolia<br />
L’hydratation.<br />
La moyenne des résultats exploitables<br />
est de 2,2 litres,<br />
ration hydrique d’entraînement<br />
comprise,<br />
en période<br />
hivernale,<br />
ce qui paraît<br />
insuffisant.<br />
prise en compte de l’importance de<br />
la ration d’attente, ration qui permettra<br />
d’apporter le glycogène nécessaire<br />
pour 90 minutes de jeu.<br />
Quoi qu’il en soit, cette situation<br />
demande une adaptation (l’idéal étant<br />
de négocier l’hydratation les jours<br />
d’entraînement et de match en été,<br />
dans la mesure <strong>du</strong> possible), à moins<br />
d’accepter un préjudice, soit pour la<br />
santé <strong>du</strong> <strong>sport</strong>if, soit pour l’équipe, soit<br />
pour le respect de la pratique religieuse.<br />
Le débat reste ouvert.<br />
CONCLUSION<br />
Les objectifs à atteindre restent les<br />
mêmes que ceux que nous recherchons<br />
chez la majorité des <strong>sport</strong>ifs,<br />
avec la recherche d’un équilibre en<br />
macronutriments cohérent en fonction<br />
des objectifs de préparation de<br />
compétition mais aussi de récupération,<br />
une diversification de l’alimentation<br />
en apportant plus de fruits<br />
et légumes et en privilégiant la densité<br />
nutritionnelle, la prise de<br />
conscience de l’importance <strong>du</strong> petit<br />
déjeuner et, enfin, un apport hydrique<br />
adapté.<br />
© Riat - Fotolia<br />
Il se dégage de cette étude une alimentation<br />
souvent trop riche en<br />
lipides, au détriment des glucides, limitant<br />
le stockage <strong>du</strong> glycogène au<br />
niveau des muscles et <strong>du</strong> foie avant le<br />
match, mais aussi après, ce qui peut<br />
être parfois problématique en cas de<br />
matchs rapprochés.<br />
Une absence totale de fruits et légumes<br />
a été très souvent retrouvée ; les seul<br />
repas contenant des légumes sont<br />
ceux qui sont organisés par le club<br />
dans le cadre de stages, mises au vert<br />
ou repas de déplacement en cas de<br />
match à l’extérieur. Une mise à disposition<br />
systématique dans les vestiaires<br />
d’un panier de fruits pourrait<br />
automatiser la consommation.<br />
Face à ce constat, il est concevable,<br />
après bilan alimentaire et biologique,<br />
de proposer une complémentation<br />
polyvitaminée associée à des minéraux,<br />
seulement si nous n’arrivons pas<br />
à modifier ces habitudes alimentaires.<br />
Les différents résultats de ce travail<br />
montrent qu’une prise en charge diététique<br />
et de l’hygiène de vie est indispensable<br />
sur le moyen et le long terme,<br />
avec des bénéfices évidents en terme<br />
de performance et de santé. Il semble<br />
que le problème doit être abordé très<br />
tôt : c’est dans les centres de préformation<br />
et centres de formation que les<br />
habitudes se prennent. Chez les<br />
a<strong>du</strong>ltes, l’é<strong>du</strong>cation au sein de la<br />
famille est indispensable.<br />
Il est par ailleurs nécessaire d’avoir<br />
une réflexion sur le devenir de ces footballeurs<br />
après leur carrière, avec la problématique<br />
des prises de poids (et parfois<br />
une véritable sédentarité) et de<br />
ces habitudes nutritionnelles parfois<br />
défaillantes (trop de lipides, pas assez<br />
de fibres) qui les amèneront à un<br />
risque cardiovasculaire ou de cancer<br />
colo-rectal non négligeable.<br />
La problématique <strong>du</strong> ramadan en<br />
période de match En un mot, il faut<br />
négocier, surtout en été, l’eau, et structurer<br />
le reste de la journée en restant à<br />
l’écoute de ces athlètes qui peuvent être<br />
fragilisés par cette période délicate.<br />
Au total, nous revenons sur l’éternelle<br />
conclusion d’une alimentation raisonnable,<br />
équilibrée et diversifiée, qui<br />
n’empêche pas de conserver une place<br />
pour l’aliment plaisir, mais qui doit<br />
représenter le petit plus pour que le<br />
footballeur puisse évoluer le plus longtemps<br />
possible en haut niveau. ■<br />
Pour en savoir plus<br />
1. Apports Nutritionnels Conseillés, AFSSA<br />
2004.<br />
2. Bigard X. Stratégies de resynthèse <strong>du</strong><br />
glycogène au cours de la récupération. In:<br />
Bigard X, Nutrition <strong>du</strong> <strong>sport</strong>if. Grenoble :<br />
Masson, 2005.<br />
3. Margaritis I, Rousseau AS. Faut-il supplémenter<br />
les <strong>sport</strong>ifs en anti-oxydants <br />
Nice<br />
4. Melin B, Jimenze C, Koulmann N et al.<br />
Hyperhydratation in<strong>du</strong>ced by glycerol<br />
ingestion: hormonal and renal responses.<br />
Can J Physiol Parmacol 2002 ; 80 : 526-32.<br />
Vécu<br />
MÉDECINS DU SPORT 31<br />
N°91-SEPTEMBRE/OCTOBRE 2008
Mise au point<br />
Lésions<br />
sterno-claviculaires<br />
Les reconnaître<br />
Les lésions de<br />
l’articulation<br />
sterno-claviculaire sont<br />
peu fréquentes et de<br />
diagnostic difficile.<br />
Quels sont les différents<br />
tableaux cliniques <br />
Les lésions sterno-claviculaires sont<br />
beaucoup plus rares que les lésions<br />
de l’articulation acromio-claviculaire<br />
: le rapport est de 1 pour 4.<br />
ANATOMIE ET<br />
BIOMÉCANIQUE<br />
L’articulation sterno-claviculaire met<br />
en contact l’extrémité interne de la clavicule<br />
qui est en forme de selle et la fossette<br />
claviculaire <strong>du</strong> sternum. Ces deux<br />
surfaces s’articulent par l’intermédiaire<br />
d’un ménisque fibro-cartilagineux.<br />
L’articulation est constituée d’une capsule<br />
articulaire, renforcée par le ligament<br />
sterno-claviculaire antérieur (1).<br />
Par ailleurs, le ligament costo-claviculaire<br />
unit la clavicule à la première côte.<br />
Cet ensemble est aussi renforcé par<br />
le ligament inter-claviculaire (Fig. 1).<br />
La mobilité de l’articulation sterno–<br />
Ligament costo-claviculaire<br />
Capsule articulaire<br />
claviculaire se fait dans tous les plans<br />
de l’espace :<br />
● lors des mouvements de circum<strong>du</strong>ction<br />
de l’épaule, elle tourne autour de<br />
l’axe de la clavicule entre 15° et 25° ;<br />
● lors des mouvements d’anté et de rétropulsion<br />
de l’épaule elle a 35° d’anté<br />
ou de rétro-pulsion ;<br />
● lors des mouvements d’ab<strong>du</strong>ction de<br />
l’épaule, elle a aussi une mobilité de 35°.<br />
Ainsi, l’articulation sterno-claviculaire<br />
est toujours sollicitée lors des mouvements<br />
de l’épaule.<br />
MÉCANISMES<br />
Nous pouvons distinguer deux types<br />
de mécanismes :<br />
● le mécanisme direct quand l’impact<br />
se fait directement sur la face antérieure<br />
de la clavicule, en provoquant<br />
un déplacement postérieur de l’extrémité<br />
interne de la clavicule ;<br />
● le mécanisme indirect.<br />
Il existe également deux types de<br />
luxation :<br />
● les luxations pré-sternales où la partie<br />
interne de la clavicule est en avant<br />
<strong>du</strong> sternum (elles surviennent lors<br />
d’une chute en arrière quand le blessé<br />
pose sa paume de main au sol pour se<br />
retenir) et le choc est d’avant en arrière<br />
(Fig. 2) ;<br />
Ligament inter-claviculaire<br />
Dr Didier Rousseau*<br />
Mots-clés<br />
Lésion sterno-claviculaire,<br />
Sternum, Clavicule,<br />
Luxation, Décollement<br />
● les luxations rétro-sternales qui surviennent<br />
lorsque, par exemple, un<br />
joueur de rugby veut protéger sa balle<br />
au sol en plaçant sa main en appui, ce<br />
qui expose l’épaule à un choc d’arrière<br />
en avant (Fig. 3).<br />
DIAGNOSTIC CLINIQUE<br />
Il existe plusieurs tableaux cliniques<br />
dans le diagnostic des lésions sternoclaviculaires.<br />
Les luxations aiguës<br />
Elles font suite à un traumatisme aigu<br />
et brutal.<br />
On distingue (2) :<br />
● la luxation pré-sternale pour laquelle<br />
on retrouve une tuméfaction <strong>du</strong>re, en<br />
avant <strong>du</strong> sternum, éventuellement ascensionnée,<br />
avec un œdème : l’extrémité<br />
interne de la clavicule est mobile et la ré<strong>du</strong>ction<br />
possible mais instable ;<br />
● la luxation rétro-sternale, plus rare, de<br />
diagnostic plus difficile, en raison de<br />
la position rétro-sternale de la clavicule<br />
difficile à apprécier, surtout dans le cas<br />
fréquent de comblement par un œdème.<br />
C’est la douleur localisée sur l’articulation<br />
sterno-claviculaire et les manœuvres<br />
de compression en ad<strong>du</strong>ction<br />
de l’épaule qui permettent d’évoquer<br />
le diagnostic.<br />
Muscle sous-clavier<br />
Figure 1 - Anatomie de l’articulation sterno-claviculaire.<br />
* Rhumatologue, Médecin <strong>du</strong> Sport, INSEP, Paris<br />
Ligament intra-articulaire<br />
Cependant, le diagnostic reste très<br />
difficile.<br />
Face à tout traumatisme de l’épaule<br />
qui ne fait pas sa preuve, il est nécessaire<br />
de rechercher une pathologie<br />
de l’articulation sterno-claviculaire. Et<br />
ce, d’autant que les luxations rétrosternales<br />
constituent une urgence<br />
dans la mesure où il peut exister des<br />
signes compressifs <strong>du</strong> médiastin.<br />
MÉDECINS DU SPORT 32<br />
N°91-SEPTEMBRE/OCTOBRE 2008
Figure 2 - Mécanisme de la luxation sterno-claviculaire<br />
postérieure.<br />
Les luxations anciennes<br />
Ce sont des disjonctions, le plus souvent<br />
antérieures, qui ont été méconnues<br />
ou négligées. En effet, les disjonctions<br />
postérieures, compte tenu<br />
de leurs complications compressives<br />
immédiates, sont prises en charge<br />
plus tôt.<br />
Les luxations récidivantes<br />
Elles sont le plus souvent antérieures.<br />
Figure 3 - Mécanisme de la luxation<br />
sterno-claviculaire antérieure.<br />
TRAITEMENTS<br />
Le traitement peut être orthopédique<br />
ou chirurgical :<br />
● la ré<strong>du</strong>ction orthopédique s’applique<br />
aux luxations rétro–sternales et nécessite<br />
d’être pratiquée au bloc opératoire,<br />
sous assistance cardio-respiratoire ;<br />
● le traitement chirurgical s’applique<br />
à la stabilisation de la luxation présternale,<br />
pouvant être plus souvent instable<br />
et mal tolérée que la disjonction<br />
rétro-sternale (il existe différents procédés<br />
chirurgicaux que nous ne détaillerons<br />
pas dans cet article).<br />
Lorsque la luxation est ancienne, on<br />
peut proposer la résection interne de<br />
la clavicule (5, 6).<br />
CONCLUSION<br />
Certaines formes de lésions sterno-claviculaires<br />
mettent en jeu le pronostic<br />
vital et doivent être diagnostiquées et<br />
traitées rapidement. Il s’agit, dans ce<br />
cas, des luxations rétro-sternales.<br />
Pour les autres formes, les différents<br />
traitements proposés doivent tenir<br />
compte de la gêne fonctionnelle et parfois<br />
esthétique, afin d’en porter une<br />
indication juste. Et ceci, dans la mesure<br />
où les traitements chirurgicaux<br />
ne sont pas simples à réaliser et ont<br />
abouti à des résultats aléatoires. ■<br />
Mise au point<br />
Les subluxations antérieures et<br />
luxations volontaires<br />
Elles surviennent chez des sujets<br />
jeunes et laxes, et sont le plus souvent<br />
bénignes. Les luxations volontaires<br />
sont plus souvent retrouvées chez la<br />
femme jeune.<br />
Les décollements épiphysaires<br />
Le noyau épiphysaire de l’extrémité interne<br />
de la clavicule est le dernier à se<br />
souder : sa fusion avec la clavicule peut<br />
se faire jusqu’à l’âge de 25 ans. Il a été<br />
décrit des décollements épiphysaires<br />
pouvant en imposer pour une luxation<br />
pré-sternale, mais ce doute est levé<br />
par le scanner.<br />
Les autres diagnostics<br />
Ce sont ceux qui concernent toute<br />
forme de pathologie infectieuse, inflammatoire,<br />
voire tumorale, qui auront<br />
été éliminés avant d’envisager un<br />
diagnostic traumatique.<br />
EXAMENS<br />
COMPLÉMENTAIRES<br />
Devant la difficulté à obtenir des clichés<br />
(3, 4) dont l’interprétation soit<br />
irréprochable, il est conseillé d’explorer<br />
l’articulation sterno-claviculaire par<br />
examen tomodensitométrique (Fig. 4).<br />
Figure 4 - Scanner de l’articulation sterno-claviculaire.<br />
Bibliographie<br />
1. Aswad R, Sbihi A, Dumontier C. Luxation postérieure sterno-claviculaire. Institut de la<br />
Main : maitrise orthopédique, 2007.<br />
2. Rockwood CA, Wirth MA. Injuries to the sternoclavicular joint fracture in a<strong>du</strong>lts. 4 th ed.<br />
Erockxood and Green’s. Lippincott-Raven, 1996.<br />
3. Heinig CF. Retrosternal dislocation of the clavicle : early recognition, X-ray diagnosis, and<br />
management. J Bone Joint Surg 1968 : 50-830.<br />
4. Levinsohn EM, Bunnell WP, Yuan HA. Computed tomography in the diagnosis of dislocations<br />
of the sternoclavicular joint. Clin Orthop Relat Res 1979 ; 140 :12-6.<br />
5. Acus RW, Bell RH, Fisher DL. Proximal clavicle excision : an analysis of results. J Shoulder<br />
Elbow Surg 1995 ; 4 : 182-7.<br />
6. Brinker MR, Kartz RL, Reardon PR, Ardon MJ. A method for open re<strong>du</strong>ction and terminal<br />
fixation of the instable posterior sterno-clavicular joint dislocation. J Orthop Trauma<br />
1997 ; 11 : 378-81.<br />
MÉDECINS DU SPORT 33<br />
N°91-SEPTEMBRE/OCTOBRE 2008
Ne plus savoir<br />
sur quel pied danser<br />
Le pied en serpette<br />
Chaque activité <strong>sport</strong>ive<br />
présente un certain<br />
nombre de particularités<br />
et de techniques<br />
spécifiques. C’est sans<br />
doute le rôle <strong>du</strong> médecin<br />
<strong>du</strong> <strong>sport</strong> de dépister<br />
les technopathies,<br />
pour essayer d’y porter<br />
remède, si possible<br />
précocement par<br />
une prévention, parfois,<br />
malheureusement,<br />
après avoir effectué<br />
le diagnostic de<br />
la technopathie.<br />
Il faut alors envisager<br />
des mesures<br />
thérapeutiques orientées<br />
dans les deux directions.<br />
la base <strong>du</strong> 5 e métatarsien. La mise en<br />
tension <strong>du</strong> court péronier latéral est<br />
légèrement douloureuse, mais la palpation<br />
<strong>du</strong> tendon n’est pas pénible.<br />
La radiographie simple s’avère strictement<br />
normale. L’IRM met en évidence<br />
une souffrance située au niveau<br />
de la zone articulaire <strong>du</strong> Lisfranc,<br />
s’étendant largement sur la base <strong>du</strong><br />
métatarsien.<br />
C’est l’examen dynamique qui nous<br />
donne la clé <strong>du</strong> diagnostic.<br />
La montée sur demi-pointes s’effectue<br />
avec un léger affaissement latéral, mouvement<br />
en forme de croissant, avant<br />
que le pied ne retrouve un équilibre<br />
lorsqu’il est en position de demi-pointe.<br />
C’est donc une forme de demi-cercle<br />
qui est parcourue par l’arche externe<br />
<strong>du</strong> pied, qualifiée par les professionnels<br />
de la danse, de pied en serpette,<br />
image tout à fait évocatrice.<br />
Sur un plan thérapeutique, c’est la correction<br />
de la technopathie, après un<br />
Dr Jacques Parier*<br />
Mots-clés<br />
Danse, Articulation <strong>du</strong><br />
Lisfranc, Pied en serpette<br />
repos de 2 à 3 semaines, qui a permis<br />
de régler cette pathologie.<br />
Une musculation spécifique s’est avérée<br />
indispensable, pour améliorer la<br />
statique <strong>du</strong> pied, et permettre une<br />
montée sur demi-pointes ou pointes<br />
dans de bonnes conditions. ■<br />
© DR<br />
Cas clinique<br />
Melle A. pratique la danse de<br />
manière professionnelle. Elle<br />
a débuté à l’âge de 6 ans et<br />
danse aujourd’hui 4 à 6 heures par jour.<br />
Elle se plaint d’une douleur au niveau<br />
de son pied droit, apparue de manière<br />
progressive, peut-être facilitée par une<br />
intensification de l’intensité de la chorégraphie,<br />
avec de nombreux sauts,<br />
impulsions, montées sur pointes et<br />
demi-pointes.<br />
La douleur est située sur le compartiment<br />
externe <strong>du</strong> pied, Lisfranc cinq, rendant<br />
difficile la montée sur demi-pointes<br />
et les réceptions d’impulsions.<br />
L’examen clinique révèle une douleur<br />
au niveau <strong>du</strong> Lisfranc qui déborde sur<br />
* Clinique des Maussins, Paris<br />
Figure 1 - L’IRM met en évidence une souffrance au niveau de la zone articulaire <strong>du</strong> Lisfranc.<br />
MÉDECINS DU SPORT 34<br />
N°91-SEPTEMBRE/OCTOBRE 2008