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Cardio et Sport - msport.net

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<strong>Cardio</strong>N° 14 - Février 2008& Sp rtÉVÉNEMENTCœur <strong>et</strong> espaceEntr<strong>et</strong>ien avecPhilippe PerrinLA REVUE PRATIQUE DE LA CARDIOLOGIE DE L’EFFORTMISE AU POINTNouvelles techniqueséchocardiographiquesApport chez le sportifLE POINT SUR…Les troubles conductifsdu cœur d’athlèteCAS CLINIQUEHTA <strong>et</strong> force athlétiqueLa compétition est-elleenvisageable ?CONGRÈSLibres proposen direct de l’ESCANALYSE D’ARTICLELes limites du DSAdans la mort subitedu sportifDossierCORONAIRES ET SPORT – 2 E PARTIEQuel sport pour quel coronarien ?■ Accidents coronariens <strong>et</strong> activité sportive■ Le seuil angineux chez le coronarien sportif■ Endoprothèses coronaires <strong>et</strong> sport■ Les recommandations officielles sont-elles adaptées ?


SOMMAIREÉVÉNEMENT P. 5Cœur <strong>et</strong> espace : entr<strong>et</strong>ien avec Philippe Perrin,astronaute de la mission 111 (NASA, Juin 2002)Dr Marc Ferrière (Département de <strong>Cardio</strong>logie, CHU de Montpellier)p. 9DOSSIERCORONAIRES ET SPORT - 2 E PARTIEIntroductionPr Hervé Douard (Hôpital cardiologique, Pessac) Accidents coronariens <strong>et</strong> activité sportiveDr Laurent Chevalier (Clinique du <strong>Sport</strong>, Bordeaux-Mérignac) Le seuil angineux est-il augmenté chez le coronarien sportif ?Dr Richard Brion, Dr Robert Poy<strong>et</strong>, Dr Sylvain Guérard(Service de <strong>Cardio</strong>logie, HIA Desgen<strong>et</strong>tes, Lyon) Endoprothèses coronaires <strong>et</strong> activité sportiveDr François Passard (Polyclinique de la Louvière, Lille) Les recommandations officielles sont-elles adaptées ?Pr Hervé Douard (Hôpital cardiologique, Pessac)MISE AU POINT P. 25Apport des nouvelles techniques échocardiographiqueschez le sportifDr Stéphane Lafitte (Hôpital <strong>Cardio</strong>logique du Haut-Lévêque,CHU de Bordeaux)Pr Hervé Douard (Hôpital cardiologique, Pessac)LE POINT SUR... P. 31Les troubles conductifs du sportifDr Marc Ferrière (Département de <strong>Cardio</strong>logie, CHU de Montpellier)CAS CLINIQUE P. 33Hypertension artérielle <strong>et</strong> force athlétiqueDr Jean-Michel Guy (Centre de Médecine du <strong>Sport</strong>, CHPL, Saint-Etienne)CONGRÈS P. 35Libre propos en direct de l'ESCDr Marc Ferrière (Département de <strong>Cardio</strong>logie, CHU de Montpellier)ANALYSE D’ARTICLE P. 37Les limites du défibrillateur semi-automatiqueDr Stéphane Doutreleau (Service de Physiologie <strong>et</strong> d’ExplorationsFonctionnelles, Pr B. Geny, CHU de Strasbourg)éditoLa tête dans les étoilesou les pieds sur terreA l’heure où les nations les plus développéesenvoient régulièrement dans l’espace leursastronautes, où des sommes considérables sontdépensées pour faire avancer la recherche dansde nombreux domaines, ces mêmes pays restenttoujours incapables de fournir des chiffresfiables sur la prévalence des accidents cardiovasculairesliés à la pratique sportive. Curieuxparadoxe, qui n’a rien de spécifiquement françaisc<strong>et</strong>te fois-ci. Les modestes terriens, spécialistesde la cardiologie du sport que noussommes, savent que ces accidents se comptentpar centaines chaque année sur notre territoirenational. Le problème étant désormaisidentifié, il y a urgence à le prendre en charge.Les moyens à employer pour obtenir une diminutionsignificative de ces accidents toujoursdramatiques sont connus de la communautémédicale. Traiter l’accident grâce à la multiplicationdes défibrillateurs semi-automatiquesaux abords des aires de jeux est un moyen quisauvera des vies, mais sûrement moins souventchez les sportifs que chez les sédentaires.Eviter l’accident plutôt que le prendre en chargeest évidemment le moyen le plus sûr d’abaisserle nombre des infarctus du myocarde <strong>et</strong> desdécès. Dispenser sans relâche les règles d’or dela bonne pratique sportive auprès du corpsmédical <strong>et</strong> des sportifs est une tâche à laquellese consacre le Club des <strong>Cardio</strong>logues du <strong>Sport</strong>depuis plusieurs semestres maintenant. Mais ilfaudra bien que les tutelles prennent égalementen compte les preuves apportées par nosamis italiens de l’efficacité d’un bilan de dépistage,simple, incluant interrogatoire adéquat,examen clinique <strong>et</strong> ECG de repos. Alors, mêmesi le basique ECG de repos est moins high-techque la station spatiale internationale ou l’échocardiographie,restons simples <strong>et</strong> agissonsefficacement.Dr Laurent ChevalierClinique du <strong>Sport</strong>, Bordeaux-Mérignac<strong>Cardio</strong>&Sp rt• Rédacteur en Chef : Pr François Carré. • Rédacteur en chef adjoint : Pr Hervé Douard.• Comité de rédaction : Dr Laurent Chevalier, Dr Sonia Corone, Dr Stéphane Doutreleau,Dr Marc Ferrière, Dr Robert Franck, Dr Jean-Michel Guy, Dr Jean-Claude Verdier.• Comité scientifique : Dr Jacques Tricoire, Dr Pascal Poncel<strong>et</strong>, Dr Richard Brion,Dr Alain Ducardonn<strong>et</strong>, Dr Elisa Pedroni, Dr Jean-Michel Chevallier, Dr ThierryLaporte, Pr Dominique Midy, Dr Pierre Dumoulin, Pr Philippe Mabo, Dr CatherineMontpère, Dr Philippe Vernoch<strong>et</strong>, Dr Sonia Corone, Pr Alain Cohen-Solal, Pr PatriceVirot, Dr François Marçon, Pr Jean-Paul Broust<strong>et</strong>, Dr Vincent Lafay, Dr Jean Gauthier,Dr Dany Marcad<strong>et</strong>, Dr Richard Amor<strong>et</strong>ti.• Edition Expressions Santé S.A.S. • Directeur de la publication : Dr AntoineLolivier • Chef du Service Rédaction : Odile Mathieu • Rédacteur : MarjorieAndrès • Secrétaire de rédaction : Annaïg Bévan • Chef de Production <strong>et</strong>Fabrication : Gracia Bejjani • Chef de Studio : Laurent Flin • Maqu<strong>et</strong>te : ChristineLecomte • Photo de couverture : NASA/2002 • Impression : Imprimerie deCompiègne, 60205 Compiègne • ISSN : en cours.3<strong>Cardio</strong>&<strong>Sport</strong> • n°14


Cœur <strong>et</strong> espaceEntr<strong>et</strong>ien avec Philippe Perrin,astronaute de la mission 111(NASA, juin 2002)Evénement© NASA/2002L’exploration de l’espace a débuté il y a maintenant 50 ans. Philippe Perrin faisait partiedes 7 membres de l’équipage de la nav<strong>et</strong>te qui a séjourné 14 jours dans l’espace enjuin 2002. Il a ainsi dû effectuer trois sorties pour participer à l’assemblage de la stationspatiale internationale.Propos recueillis par le Dr Marc Ferrière (Département de <strong>Cardio</strong>logie, CHU de Montpellier)Lorsque l’on n’est pas journaliste,que l’on n’a jamais “interviewé”une personnalité, que l’on doitparler “cœur” (le viscère, l’organe) avecquelqu’un qui a pris de la hauteur surnotre bas monde, on prépare desquestions, on se prépare, <strong>et</strong> puis toutchange. Philippe Perrin prend laparole, il vous passionne, il vous livredes informations, des anecdotes étonnantes.Alors on ne parle pas, on nepose plus de questions, on écoute, onaimerait tout r<strong>et</strong>ranscrire, tant il estincongru de ne rapporter que les proposconcernant la médecine, l’activitéphysique <strong>et</strong> le cœur.> Une poussière de vieCommençons par sa conclusion : cequi ressort d’un tel vol, aboutissementd’un rêve d’enfance que nous avonstous eu, c’est que la terre est une“poussière” de vie, entourée d’un finliseré bleu, au sein d’un noir intense.Quel décalage avec les “terriens” quandon a vécu, senti cela, la fragilité de c<strong>et</strong>tepoussière, <strong>et</strong> que l’on r<strong>et</strong>rouve le journaltélévisé avec ces nouvelles “impor-tantes”, ces résultats sportifs “majeurs”,ces futilités, sans aucun rapport avecl’enjeu réel, primordial, ressenti làhaut.Mais… parlons des aspects médicaux.Médicaux, plus que cardiaques,car ceux-ci sont loin d’apparaître aupremier plan. De plus, quand on estastronaute, avant le vol, on n’y pensepas <strong>et</strong> on ne vous y fait pas penser.Philippe Perrin est pilote de chasse, ila donc bénéficié du bilan de santé d<strong>et</strong>out pilote. Il s’est préparé physiquementà raison de 2 heures d’activitéphysique par jour, endurance <strong>et</strong> plongéesous-marine, pendant 5 ans.> Le séjour dans l’espaceLe mal de l’espaceAu début du séjour dans l’espace, lescontraintes barométriques exercéessur l’oreille interne sont modifiéesdans leur intensité <strong>et</strong> leur répartition.Elles induisent fréquemment, lors dela période d’adaptation, le mal de l’espace,très proche du mal des transports: vertiges, nausées <strong>et</strong> fatigue trèshandicapants. Il peut s’installer aprèsune heure de vol en apesanteur <strong>et</strong>dure rarement plus de 24 heures, sansréelle accoutumance, théoriquement.Pour le prévenir <strong>et</strong>/ou détecter lessuj<strong>et</strong>s les plus sensibles, les Russes,qui ont une approche médicale trèsstricte, font passer l’épreuve dite “dutabour<strong>et</strong>”. Elle consiste à faire tournerle candidat, yeux fermés <strong>et</strong> tête inclinée,à 33 tours par minute. Il faut tenir10 minutes pour être éligible, sachantqu’un quidam moyen ne tient pas5 minutes sans vomir ! A l’opposé,un cosmonaute français restaitimperturbable après 30 minutes dansc<strong>et</strong>te centrifugeuse. Les Américains,© NASA/2002La terre est une “poussière” de vie, entouréed’un fin liseré bleu, au sein d’un noir intense.5<strong>Cardio</strong>&<strong>Sport</strong> • n°14


Evénementeux, ne font plus de tests préventifs<strong>et</strong> prévoient un traitement “ciblé”, aucas par cas. Il s’agit d’une injectionintramusculaire d’un produit analogueau métoclopramide, dite “ciblée”,car l’injection est faite par le commandantde bord, ou son second (silui-même est malade) dans une cibledessinée avant le départ au point fessieridéal ! C<strong>et</strong>te symptomatologie,qui peut récidiver avant une sortie enscaphandre, avec le danger que représenteun vomissement dans cecontexte, présente une composantepsychique qui peut être gérée parl’entourage.© NASA/2002La gestion de l’espaceLa gestion de l’espace est un autreproblème. En eff<strong>et</strong>, l’esprit terrien ases repères : la verticale, l’horizontale,le plancher, le plafond. Là-haut, plusrien ! Comme le grand bleu pour lesplongeurs, dans la zone où le noir desprofondeurs ne se différencie pasd’une surface trop lointaine pour laisserpasser une lumière perm<strong>et</strong>tant dela repérer. L’esprit terrien doit alorsdécider où sera le sol, le plafond <strong>et</strong>donc situer une verticale <strong>et</strong> une horizontale.Le choix porte en général surune paroi, mais si ce n’est pas lemême choix que les autres occupants,ceux-ci sont vus à l’envers, parexemple, ce qui peut aggraver la sensationde vertiges.La répartition des fluidesL’organisme réagit de manière décaléeaux problèmes de pesanteur parune modification de la répartition desfluides, avec accumulation de ceuxcivers l’extrémité céphalique. Ondevient “idiot” (space stupidity), probablementpar excès de liquide dansle cerveau <strong>et</strong>/ou œdème cérébral.C<strong>et</strong>te limite fréquente, mais r<strong>et</strong>ardéedans le temps par rapport au débutdu vol, justifie l’apprentissage scolaire,répétitif, rébarbatif de tâchesapparemment simples comme, parPhilippe Perrin s’est préparé physiquement à raison de 2 heures par jourd’activité physique, endurance <strong>et</strong> plongée sous-marine, pendant 5 ans.exemple, appuyer successivementdans un ordre pré-établi sur des boutonsde commande. L’astronaute aune sensation de régression confirméepar l’attitude de son entouragequi, à son r<strong>et</strong>our, ne manque pas delui faire remarquer sa “lenteur d’esprit”.Il n’y a pas d’accoutumance <strong>et</strong>ceci touche les vétérans comme lesnéophytes.Les troubles du sommeilLa prévention du fluid shifting peutr<strong>et</strong>arder sa survenue, cependant sansl’abolir. Ainsi, les Russes ont proposél’utilisation de garrots, puis a été testé,avec un certain succès, une périodede bed rest avant le départ, avec sommeilla tête en bas inclinée de 20°.Cependant, les troubles du sommeil<strong>et</strong> la fatigue qui en découlent sont aupassif de c<strong>et</strong>te méthode qu’il fautpoursuivre sur une longue période. Lescombinaisons du bas du corps avecpression négative n’ont pas donné derésultat significatif. Les Américainsproposent une hyperhydratation permanentelors du vol, sauf pour les sortiesdans l’espace. C<strong>et</strong>te attitude a aussises limites, comme la gestion desurines <strong>et</strong> les sensations de tête embrumée<strong>et</strong> de “parler du nez”, sans totalementprévenir les limites intellectuellesdéfinies précédemment.<strong>Cardio</strong>&<strong>Sport</strong> • n°146


© CNES/LECARPENTIERLydie, 2002Là-haut,plus aucunrepère spatial,comme dansle grand bleupour les plongeurs.© NASA/2002L’automédicationLes Américains laissent place à l’automédication<strong>et</strong> l’astronaute peutemmener une trousse médicale personnelle.L’aspirine <strong>et</strong> les antiinflammatoiresnon stéroïdiens sonttrès utilisés avant les sorties en scaphandre,pour limiter les courbaturesconstantes du fait de la débauched’énergie liée à un effort musculaired’endurance hors du commun <strong>et</strong>poursuivi 7 à 8 heures durant.Les somnifères sont aussi très utiliséspour faciliter le repos dans uncontexte d’excitation majeure.Comme les excrétions urinaire <strong>et</strong>digestive ne se font plus naturellement,des aspirateurs sont utilisés.Les régulateurs du transit digestifsont donc fréquemment utilisés.La fonte musculaireUn séjour en espace s’accompagned’une fonte musculaire majeure.Ainsi, le vol de 14 jours de PhilippePerrin a correspondu à 15 jours d’alitementcompl<strong>et</strong>. L’activité physique- pédalage, voire p<strong>et</strong>it tapis roulant -lors du vol a un eff<strong>et</strong> préventifreconnu. Elle est surtout utilisée surla base de 2 heures par jour pour lesvols longs (6 mois ou plus).Pour les vols plus courts, il n’y a pasde recommandation claire. Les problèmestechniques rencontrés, fixitédu matériel utilisé <strong>et</strong> de l’utilisateur,restent limitants. De plus, la préparationde l’activité physique peutprendre plus de temps que sa pratique<strong>et</strong> ce temps non programmé estpris sur le temps de sommeil.Les autres p<strong>et</strong>its soucispratiquesAutres soucis pratiques, la gestion de lasueur qui se transforme en grossesgouttes qui ne coulent pas, naviguentici <strong>et</strong> là avant de se coller un peu partout.Rappelez-vous, “Tintin objectifLune” (Ndlr) ! Enfin, pas de doucheaprès l’effort : shampoing sec <strong>et</strong> on“s’essuie” avec une servi<strong>et</strong>te. C<strong>et</strong>te activitéest donc laissée à la liberté de chacun<strong>et</strong> se fait par tranches de 10 minutessans compter la préparation. Au r<strong>et</strong>oursur terre, après un vol de 14 jours, on sesent les jambes faibles <strong>et</strong> on a beaucoupde mal à s’accroupir <strong>et</strong> à se relever, maisceci n’est que transitoire.L’accélérationLes contraintes du vol spatial sontmoindres que celles imposées par lepilotage d’avion de chasse. En eff<strong>et</strong>,l’accélération ne dépasse pas 3 G dansla nav<strong>et</strong>te au décollage, contre 8 G,voire 9 G, pour un pilote de chasse.Elle s’exerce cependant sur la poitrine<strong>et</strong> gène l’expansion pulmonaire avecsensation d’étouffement, alors quedans un avion, elle se fait dans le sensvertical avec un impact vertébral.Les contraintes cardiologiquesLe cardiofréquencemètre spatialn’existe pas ! Contrairement à ce quecertains s’imaginent, l’astronaute n’estpas bardé de capteurs cardiaques.Ainsi, en dehors d’expériences scientifiquesavec étude cardiaque programmée,la mesure de la fréquencecardiaque n’est assurée constamment<strong>et</strong> précisément que pendant les sortiesdans l’espace. Les astronautes ne sontpas informés des données de c<strong>et</strong>te surveillancequi a un double objectif :● surveiller (une micrométéorite estsi vite arrivée) que l’astronaute est envie (!) ;● <strong>et</strong> détecter une incapacité physiqueà prolonger la sortie.L’épuisement physique dû au travaileffectué est la raison principale d’interruptionprécoce des sorties <strong>et</strong> semanifeste par une accélération trèssignificative du rythme cardiaque.C<strong>et</strong>te incapacité se traduit donc parune tachycardie sinusale qui a aussiune composante psychique puisqu’ellepeut débuter avant la sortie.Certains astronautes sortaient avecun rythme à 120 par minute, alors quePhilippe Perrin a toujours le recordde bradycardie, avec un rythme inférieurà 60/min dans le sas de sortie.Le contrôle du rythme cardiaquen’est donc pas réalisé durant lesphases d’ascension <strong>et</strong> de rentrée.Rappelons que, avant le départ, les© NASA/2002« On sort dans l’espace, comme on remontedes profondeurs. »Evénement7 <strong>Cardio</strong>&<strong>Sport</strong> • n°14


© NASA/2002Evénementastronautes ont bénéficié du bilancardiovasculaire standard d’un pilotede chasse.> Les sortiesdans l’espacePhilippe Perrin a effectué 3 sorties de7 à 8 heures chacune dans le cadre del’assemblage de la station orbitaleinternationale. Comme il le décrit trèsbien, « on sort dans l’espace, commeon remonte des profondeurs », c’està-direexposé aux accidents de décompression.En eff<strong>et</strong>, le scaphandre estpressurisé à un tiers d’atmosphère(oxygène pur). Théoriquement, dansces conditions, pour éviter les accidentsde décompression, l’utilisationd’un caisson demande 24 heures ! Lasolution r<strong>et</strong>enue actuellement par lesAméricains est la suivante : 2 heuresd’activité physique avec un masquealimenté en oxygène pur. Ceci perm<strong>et</strong>de purger les muscles <strong>et</strong> les viscèresde l’azote dissous <strong>et</strong> d’éviter un accident…de plongée dans l’espace.La gestion du scaphandreLa gestion du scaphandre s’acquiertlors des nombreux entraînementspréparatoires. Outre les accidents dedécompression, les risques traumatiquessont au premier plan. Onr<strong>et</strong>ient :● les traumatismes des ceintures scapulairescontre l’armature rigide, aveccompressions nerveuses <strong>et</strong> fontemusculaire des deltoïdes gênant l’ascensiondes bras <strong>et</strong> imposant delongues rééducations ;● la perte de sensibilité des poucesengoncés dans une armature type gantde ski serré, <strong>et</strong> boudinés, avec récupérationen quelques mois de la sensibilité.Le scaphandre n’est pas à la taille del’astronaute au sol. Il est plus grand,car l’astronaute grandit dans l’espace,sans doute en raison de l’absence decontrainte sur les structures élastiquesque sont les disques intervertébraux.Ainsi, Philippe Perrin a grandi de5 centimètres, avec un r<strong>et</strong>our rapideà sa taille normale au prix de douleurslombaires.Un effort d’enduranceL’effort durant la sortie est un effortd’endurance qui dure 7 à 8 heures, cequi est énorme. Il pousse l’athlète,pardon l’astronaute, au-delà de lasouffrance habituelle lors des compétitions.C’est l’équivalent d’une randonnéeavec dénivelée positive de1 000 à 1 500 mètres, qui oblige à puiserdans ses réserves physiques <strong>et</strong> mentalespour se dépasser. Pour PhilippePerrin, ces 3 sorties ont constitué lesefforts les plus intenses de toute sa viede pilote de chasse <strong>et</strong> de sportif.> Le r<strong>et</strong>our sur terreLe r<strong>et</strong>our sur terre n’est pas non plusde tout repos ! Un problème demuscle, un problème de taille, <strong>et</strong> ilfaut aussi réapprendre à marcher. Eneff<strong>et</strong>, au début, on déambule en écartantles jambes pour maintenir l’équilibre<strong>et</strong> on heurte les bords dans lescouloirs s’il y a un virage. Si l’on tientun verre à la main pendant un certaintemps, on le laisse tomber, étonnéqu’il ne “flotte” pas. Par contre, aucunsouci cardiaque ne se présente <strong>et</strong> lemuscle squel<strong>et</strong>tique récupère naturellementtotalement après ces volsdits de courte durée.> Le tourisme spatial ?Alors que penser du “tourisme” spatial? Actuellement, il concerne les volssuborbitaux qui vont perm<strong>et</strong>tre à unnombre non négligeable de personnes,quand même fortunées, de voir la terreà 100 kilomètres d’altitude <strong>et</strong> deprendre conscience dans ses tripes desa fragilité. Ceci est différent du vol 0G(ou gravité 0) tel qu’il sera accessiblepar tous <strong>et</strong> qui perm<strong>et</strong>tra de “sentir”Ces 3 sorties ont constitué les effortsles plus intenses de toute sa vie.l’apesanteur pendant 20 secondesdans un avion dérivé de ceux dans lesquelsnous voyageons tous les jours.Finalement, avec un bilan de santénormal, on peut aller dans l’espace.Avec un entraînement d’athlète <strong>et</strong> unmental de champion, on peut travaillerdans l’espace car mal des transports,répartition des fluides <strong>et</strong> “idiotie” del’espace se gèrent simplement à lademande. Les longs séjours ajoutentune gestion du capital musculaire àune indispensable stabilité psychique.Ainsi, une gravité artificielle sera sansdoute utile pour aller vers Mars.> En conclusionPour Philippe Perrin, le problèmeprincipal est celui du décalage dementalité vis-à-vis des problèmes dela planète. Pour les terriens, ils se limitentessentiellement à ceux de la viedes “ved<strong>et</strong>tes” qui s’étalent dans lesmédias <strong>et</strong> captivent toutes les attentions.L’astronaute lui, après desannées d’effort <strong>et</strong> après avoir participéà une aventure humaine <strong>et</strong> à uneactivité scientifique exceptionnelles,réclamant un dépassement physiquemajeur, les a perçus en direct. Ainsi,l’astronaute sait, par expérience personnelle,que l’espace terrestre estune poussière de vie fragile, très fragile,<strong>et</strong> que sa préservation est, <strong>et</strong> doitêtre, l’obj<strong>et</strong> de notre vie. ❚Remerciements au Dr Michel Bru sans lequelc<strong>et</strong> entr<strong>et</strong>ien n’aurait pu avoir lieu<strong>Cardio</strong>&<strong>Sport</strong> • n°14 8


DossierCORONAIRES ET SPORT - 2 E PARTIEQuel sport pour quel coronarien ?Introduction p.10Pr Hervé Douard (Hôpital cardiologique, Pessac)Accidents coronariens <strong>et</strong> activité sportive p.10Dr Laurent Chevalier (Clinique du <strong>Sport</strong>, Bordeaux-Mérignac)Le seuil angineux est-il augmenté p.15chez le coronarien sportif ?Dr Richard Brion, Dr Robert Poy<strong>et</strong>, Dr Sylvain Guérard (Service de <strong>Cardio</strong>logie, HIA Desgen<strong>et</strong>tes, Lyon)Endoprothèses coronaires <strong>et</strong> activité sportive p.18Dr François Passard (Polyclinique de la Louvière, Lille)Les recommandations officielles sont-elles adaptées ? p.22Pr Hervé Douard (Hôpital cardiologique, Pessac)Mots clésDopage, Endoprothèse, Entraînement, Infarctus, Ischémie myocardique,Recommandations, Rupture de plaque, Santé publique, Seuil angineux,Sténose, Syndrome coronarien aigu, Thrombose9 <strong>Cardio</strong>&<strong>Sport</strong> • n°14


DossierDossierIntroductionpratique du sport dominical, les facteurs derisque accumulés pendant le reste de la semaine.Pour d’autres, malheureusement, l’injustice d’unevie quasi ascétique ne peut faire oublier le tributque l’on paie parfois à ses gènes, <strong>et</strong> la survenueinexorable d’une athéromatose coronaire parfoisprécoce.Les accidents cardiaques médiatisés frappantdes athlètes jeunes <strong>et</strong> parfois célèbres sontheureusement rares. Mais malheureusement,des centaines d’évènements majeurs touchentégalement, chaque année, des sportifs moinsconnus, souvent plus âgés, <strong>et</strong> dont l’étiologieprincipale est alors la maladie coronaire. Les syncopes,l’infarctus <strong>et</strong> la mort subite peuvent êtreles premières manifestations d’une pathologieméconnue, mais aussi, parfois, mésestimée ouignorée par les sportifs occasionnels ou assidus,qui pensent trop souvent annihiler, à travers laDans la deuxième partie de ce dossier sont abordéesles spécificités des sports, qui restent souventconseillés - <strong>et</strong> à juste titre - aux coronariensdéjà avérés <strong>et</strong>, notamment, après angioplastie.Les recommandations pour la pratique de lacompétition ou du sport loisir… ont le mérited’exister… mais restent un cadre parfois troprigide derrière lequel les bons sens clinique <strong>et</strong>pratique du cardiologue autorisant ou non lapratique de telle ou telle activité sportive, à unedistance courte ou éloignée d’un événementcoronarien, avec plus ou moins de limites, restentprépondérants. ■Pr Hervé Douard1ACCIDENTS CORONARIENS<strong>et</strong> activité sportiveDr Laurent Chevalier (Clinique du <strong>Sport</strong>, Bordeaux-Mérignac)Les accidents coronariens survenantà l’occasion de la pratiquesportive, ou dans l’heure qui suit,demeurent des événements frappantspour la population générale mais égalementpour le corps médical. En eff<strong>et</strong>,malgré de nombreuses publicationsnord-américaines ou européennes cestrente dernières années, nous continuonsà nous étonner de ces accidents<strong>et</strong> à nous les relater entre confrèrescomme des cas assez exceptionnels.Ces complications coronariennesrestent, certes, relativement rareslorsque l’on rapporte leur incidence aunombre d’heures de sport effectuées,mais elles sont devenues pourtant relativementnombreuses en valeur absolue,depuis la formidable augmentationdu nombre de sportifs de tout niveaudans nos sociétés occidentales, datantdu milieu des années 80.En 2007, que savons-nous donc vraimentsur ce suj<strong>et</strong> ? Quelle est l’ampleurdu problème ? Qui est plusparticulièrement concerné ? Quelssont les mécanismes en cause ?Quelles solutions sont à notre dispositionpour voir diminuer ces accidentsdramatiques ?> Accidents coronariens<strong>et</strong> sport : un nouveauproblème de santépubliqueLa croissance impressionnante dunombre d’adeptes des sports de loisir<strong>Cardio</strong>&<strong>Sport</strong> • n°1410


en Europe <strong>et</strong> aux Etats-Unis, une proportiongrandissante de quinqua,sexa <strong>et</strong> septuagénaires, des chargesd’entraînement de plus en pluslourdes pour des objectifs toujoursplus relevés, tout concourt, dans “lasociété du jeunisme” qui est la nôtre,à l’augmentation inéluctable des accidentscardiovasculaires à l’occasion dela pratique sportive.Que nous disentles études publiéesdans les pays occidentaux ?Que le nombre de décès est infimelorsqu’il est rapporté aux nombresd’heures de pratique… chez les trèsjeunes du moins, avec des chiffresallant de 0,46 à 2,6 décès à l’effort/100 000 jeunes sportifs/an (1, 2). Maisles travaux menés sur des populationsplus âgées ne font plus le mêmeconstat. Ne tenons pas compte decertains travaux menés outre-atlantique,désormais obsolètes <strong>et</strong> devenustrop décalés en termes sociologiques.R<strong>et</strong>enons plutôt qu’en France,comme ailleurs, l’augmentation phénoménaledu réservoir de sportifsamateurs amène inévitablement àune augmentation de la prévalencedes accidents. C’est en tous les casce que semblent confirmer les résultatsde 2 études prospectives réaliséesen Dauphiné (3) <strong>et</strong> en Aquitaine(4), à 10 ans d’intervalle. Rapporté aunombre d’habitants, le nombre globald’infarctus du myocarde non mortelslors d’une activité sportive a augmenté,passant de 2,17/100 000 hab/an à2,4/100 000 hab/an, avec un pic defréquence pour la tranche d’âge 45-64 ans. De même pour le nombre dedécès, avec des valeurs de l’ordre de0,85/100 000 hab/an en Dauphinéversus 1,74/100 000 hab/an en Aquitaine.Pour finir, gardons bien à l’espritque les vétérans sont certes plusexposés, mais que la moyenne d’âgedes décédés en Aquitaine n’était quede 42,8 ans.La frontière des 35 ansDans l’étude menée en Aquitaine,46 des 47 infarctus non mortels recenséssont survenus chez des suj<strong>et</strong>s deplus de 35 ans, confirmant donc la trèsn<strong>et</strong>te prédominance de ce phénomènechez les sportifs vétérans. Cela est aussiconfirmé par une étude autopsiqued’envergure menée chez nos voisinsgermaniques (5).Par contre, dans un registre physiopathologiquedifférent, il faut impérativementgarder en mémoire quel’anomalie de traj<strong>et</strong> des coronaires estconsidérée comme la deuxième causede décès à l’effort chez les jeunes athlètes(6, 7).Tous les travaux menés sur les accidentscardiaques du sportif soulignentla surexposition masculine dans cedomaine, avec un sex ratio global de9/1. Comme dans le domaine de lacoronaropathie conventionnelle, lagent féminine bénéficie d’une protectionhormonale puissante <strong>et</strong> là réside,probablement, le mécanisme essentiel.Mais un réservoir de sportifs fémininsmoins important (8), ainsi quedes pratiques sportives souvent moinsextrêmes, surtout dans la tranche d’âgedes plus de 35 ans apportent égalementleur part d’explication. Pourmémoire, notons que le sex ratio desdécès chez les sportifs jeunes pourlesquels, nous venons de l’évoquer, lacoronaropathie n’est pas l’étiologiemajeure, est bien différent, aux environsde 4/1 seulement (2).Ainsi, la classique frontière des35 ans chez les patients de sexe masculin,au-delà de laquelle on assisteà une n<strong>et</strong>te augmentation des accidentscoronariens athéromateux,semble donc toujours devoir êtrer<strong>et</strong>enue.Que savons-nous donc ?Que les pratiquants occasionnels ounovices sont beaucoup plus exposésque les suj<strong>et</strong>s entraînés (9-11) <strong>et</strong> quela présence des classiques facteurs deDossierrisque s’accompagne d’un risque accrud’accidents également à l’effort (12).En outre, nous soupçonnons que larépartition des accidents n’est pashomogène au fil de la journée, de lasemaine <strong>et</strong> de l’année. Par contre, lesrésultats de la littérature sont divergentsquant aux périodes les plus àrisque (4, 13-15). Il faut cependantconsidérer que ces travaux ont étudiédes populations différentes, en âge,en capital génétique, <strong>et</strong> évoluant dansdes conditions climatiques elles aussispécifiques. D’où des habitudes sportivesdifférentes, des pics de pratiquedifférents, ce qui rend parfois assezparticuliers, <strong>et</strong> donc difficilementcomparables, certains des résultatsobtenus.A l’avenir, il faudra également intégrer,dans notre réflexion <strong>et</strong> dans nosdémarches de prévention, un paramètreparaissant majeur : la pollutionatmosphérique, si présente dans certainesde nos concentrations urbaines,exacerbée à l’occasion des variationsclimatiques. Son r<strong>et</strong>entissement surles accidents cardiovasculaires estdésormais prouvé (16-18).Après 35 ans, les accidents coronariensathéromateux augmentent.Dossier11 <strong>Cardio</strong>&<strong>Sport</strong> • n°14


DossierDossier> Les mécanismesétiologiques :quelques vérités,quelques hypothèses,encore beaucoupd’inconnuesDifférents mécanismesà r<strong>et</strong>enirCertains, comme le pont myocardique(19) ou le spasme coronaire post-effortsur coronaires angiographiquementsaines (20), font régulièrement l’obj<strong>et</strong>de case-reports dans la littérature.Les mécanismes vaso-spastiques dansle post-effort précoce, en période destimulation parasympathique intense(21, 22), peuvent être potentialisés parcertains facteurs comme la douchefroide, la cigar<strong>et</strong>te ou l’ingestion deboissons froides trop précoce (23),pouvant générer des accidents coronariensaigus.La dissection coronaire sembledemeurer anecdotique (24).La rupture de plaqueChez l’athlète jeune, la prévalence dela si banale rupture de plaquedemeure difficile à apprécier. Nousvenons de voir que la plupart desétudes de la littérature soulignent quece mécanisme enregistre une trèsn<strong>et</strong>te cassure de courbe chez leshommes à partir de 35 ans. Cela estacquis, mais ne sous-estimons-nouspas la part réelle de ce mécanismedans les décès survenus avant 35 ans?Car si les infarctus non létaux semblentrares dans c<strong>et</strong>te tranche d’âge,il se peut que la proportion d’infarctusavec mort subite à la clé soit bien plusimportante dans c<strong>et</strong>te sous-classejeune de la population. Avec unehypothèse physio-pathologique cohérente: la thrombose brutale d’unecoronaire nourrissant un “jeune”myocarde, jusqu’alors sain, dépourvude collatéralité efficace, non protégépar un préconditionnement ischémique,semble plus susceptible degénérer un trouble du rythme ventriculairelétal. Et le travail autopsiquede Rachka (5) <strong>et</strong> de son équipe sembleconfirmer c<strong>et</strong>te proportion non négligeablede rupture de plaque. En d’autrestermes, il est possible que les infarctus,plus rares chez les jeunes, soientplus souvent mortels (4).L’anomalie de naissancePar ailleurs, l’anomalie de naissance<strong>et</strong>/ou de traj<strong>et</strong> des coronaires apparaît,dans toutes les études, commeune cause notable d’accidents (7).C<strong>et</strong>te malformation, encore impossibleà dépister sans coronarographieil y a quelques années, peut désormaisêtre évoquée sur la simple échocardiographi<strong>et</strong>ransthoracique (pourl’anomalie de naissance) <strong>et</strong> confirméeou infirmée par le scanner cardiaquemultibar<strong>et</strong>tes <strong>et</strong>, très prochainement,en routine sur l’IRM “cœur entier”.Mais pourquoi la mort subite est-ellela première manifestation dans de sinombreux cas (6, 7) ? Pourquoi,lorsque l’épreuve d’effort la dépiste, lecaractère silencieux de l’ischémie estilsi fréquent ?Aussi significatifs que puissent être, enterme étiologique, la classique coronaropathie<strong>et</strong> l’anomalie de naissance descoronaires chez les moins de 35 ans, ilfaut tout de même considérer l’expérienceitalienne à grande échelle. C<strong>et</strong>tedernière, qui a permis de diviser par 8le nombre de décès chez les jeunessportifs, grâce à la pratique systématiqued’une consultation ciblée <strong>et</strong> d’unECG de repos, a atteint son but endépistant essentiellement des myocardiopathieshypertrophiques (25).La prévalence respective des différentescauses de mort subite chezl’athlète de moins de 35 ans méritedonc d’être précisée.Une réaction en chaîneBien sûr, lorsque l’on envisage l’ensemblede la population, la rupture deplaque endocoronaire demeure leprincipal responsable du classiquemais terrible infarctus du myocarde,tant redouté par tous les médecins dumonde amenés à rédiger des certificatsde non contre-indication à la pratiquedu sport.C<strong>et</strong>te rupture semble obéir à certainesréalités : un taux de cholestéroltotal/HDL plus élevé rend la plaqueplus friable (26). Une importante dilatationventriculaire, dans le cadre d’uneffort intense, exerce, sur les zones altéréesdes artères, des forces de cisaillement<strong>et</strong>, donc, de rupture plusimportantes. Une activité physique trèsimportante <strong>et</strong> le stress oxydatif générépeuvent être à l’origine d’une augmentationde certains paramètres proinflammatoires,contrebalançant laclassique baisse des taux de fibrinogène<strong>et</strong> de CRP obtenus habituellementdans le cadre d’une activitéphysique régulière (27).Une fois rompue, la plaque libère dessubstances pro-aggrégantes dans unelumière vasculaire où l’hyperaggrégabilitéplaqu<strong>et</strong>taire est déjà de mise, dufait de l’activité physique en cours (28).Et si c<strong>et</strong>te hyperaggrégabilité semblen<strong>et</strong>tement moins importante chez lesportif entraîné que chez le sportifoccasionnel (27, 29), elle demeurecependant résistante aux moléculesclassiquement efficaces en dehors del’activité sportive (30, 31).C<strong>et</strong>te réaction en chaîne, hémorragieintraplaque-rupture de plaque-thrombusplaqu<strong>et</strong>taire intraluminal au coursde l’effort semble également répondreà des variations saisonnières, différentesen fonction du sexe (14). Mais là encore,les séries sont restreintes <strong>et</strong> il faut segarder de considérer les conclusions d<strong>et</strong>ravaux très limités comme applicablesà l’ensemble des sportifs.Un autre point d’actualitéCes derniers semestres ont vu la parutionde nombreux articles portant surla souffrance myocardique générée<strong>Cardio</strong>&<strong>Sport</strong> • n°1412


par des épreuves d’endurance (32, 33),avec des résultats d’ailleurs parfoiscontradictoires (34). Des montées souventsignificatives de troponine ontnéanmoins été objectivées, sansconfirmation IRM de nécrose, cependant(35). S’il est tout à fait envisageableque ces montées de troponinene signifient pas obligatoirementnécrose myocardique, ne peut-oncependant envisager la constitutiond’infarctus myocardiques microscopiques,indétectables par nos techniquesd’imagerie, mais éventuellementà l’origine de micro-foyers arythmogènes,susceptibles de générer destroubles du rythme ventriculairesmortels lors d’efforts ultérieurs ?Le dopageAbordons, enfin, l’épineux problèmedu dopage. Comme les praticiensimpliqués dans la prise en charge dessportifs ne l’ignorent pas, ce fléau neconcerne pas que le haut niveau. Et laFrance n’est évidemment pas épargnéepar les comportements addictifs,même à des niveaux modestes (36).Des substances comme l’EPO (37), lesanabolisants (38), la cocaïne (38) onttoutes fait l’obj<strong>et</strong> de publications soulignantleurs eff<strong>et</strong>s hautement délétèressur le plan cardiovasculaire à l’effort,de par leurs eff<strong>et</strong>s prothrombotiques,vasoconstricteurs <strong>et</strong> pro-arythmiques.Mais comment en apprécier précisémentles mécanismes puisque cessubstances, interdites pour certaines àla consommation, sont égalementcontre-indiquées en association <strong>et</strong> n’ontjamais été étudiées en condition destress physiologique ? Quelle est laréponse de l’endothélium coronaire àces produits en conditions catécholergiquesmajeures, en état de déshydratationrelative ? Personne ne peut,aujourd’hui, apporter de réponse clairedans ce domaine. Mais une chose estcertaine, la consommation de substancesdopantes dans la population sportivegénère un biais non négligeable dansnotre compréhension des différentsmécanismes étiologiques en causedans les accidents.> Comment obtenir unediminution des accidentscoronariens à l’effort ?Améliorer la qualitédes bilans de dépistageIl s’agit d’une approche complexe, surtoutdans le domaine de la coronaropathie.En eff<strong>et</strong>, si plusieurs enquêtesréalisées au sein de populations sportivesfrançaises, ces derniers semestres,soulignent le taux insuffisant de bilanscardiologiques, la médiocre valeur prédictivede l’épreuve d’effort vis-à-vis dela rupture de plaque incite surtout àm<strong>et</strong>tre l’accent sur le contrôle des facteursde risque pour limiter les accidents.Quant à l’anomalie de naissancedes coronaires, l’échographie transthoraciquepeut être contributive, à lacondition que le problème soit spécifiquementrecherché lors de l’examen.Sensibiliser la populationAméliorer la sensibilisation d’unepopulation sportive pas assez informéedes comportements à risque <strong>et</strong>des symptômes suspects avant-coureurs(8) semble susceptible d’apporterun bénéfice plus appréciable enterme de prévention, <strong>et</strong> ce, pour uncoût bien moindre. C’est, par exemple,tout le sens de la campagne “Cœur <strong>et</strong><strong>Sport</strong> : Absolument, pas n’importecomment” menée par le Club des<strong>Cardio</strong>logues du <strong>Sport</strong> <strong>et</strong> visant à lapromotion des “10 règles d’or” de labonne pratique sportive.Améliorer la prise en chargeEnfin, quels que soient les niveaux desbilans de dépistage <strong>et</strong> le degré de sensibilisation,les accidents resteront uneréalité inévitable pour certains. Améliorerleur prise en charge dans l’urgencedoit également faire partie de “laDossierpanoplie anti-mort subite”. L’engouementpour la diffusion des défibrillateursdans les salles de sport <strong>et</strong> au borddes terrains doit, à notre sens, susciterquelques réserves sur leur efficacitélors des accidents survenantpendant l’effort, comme le suggèrentplusieurs publications récentes (39, 40).Il est possible que, vu le contexte de leursurvenue, ces accidents nécessitent desmodalités de réanimation spécifiques.Dans tous les cas, la multiplicationéventuelle de ces appareils ne doit pasocculter la nécessité de militer, dans lapopulation sportive (arbitres, entraîneurs,paramédicaux, dirigeants, participants…),pour l’apprentissage àgrande échelle des manœuvres basiquesde réanimation, dont la réalisationa toujours prouvé son efficacité.> En conclusionLes accidents coronariens sont donc responsablesde nombreux infarctus <strong>et</strong>décès dans la population sportive de toutniveau. Nous venons de voir que les différentsmécanismes incriminés demandentencore leur lot de travaux afin d’endéterminer plus précisément les ressortsintimes <strong>et</strong> les prévalences respectives ausein des différentes tranches d’âge.A l’instar de certaines autres anomaliescongénitales extra-coronariennes, ledépistage par un bilan adéquat peut éviterune part de drames. Mais la plupartdes événements coronariens survenantlors de l’activité sportive restent des accidents,par essence difficilement prévisibles.Aussi, la prévention demeure,nous en sommes persuadés, une armeessentielle dans notre combat contre ceproblème de santé publique. Luttercontre le tabagisme, contrôler les tauxde LDL cholestérol, marteler les“règles d’or”, promouvoir les formationsde secourisme, voici, nous l’espéronsdu moins, comment la communautécardiologique peut apporter sa contributionà la pratique plus sereine dusport à grande échelle. ■Dossier13 <strong>Cardio</strong>&<strong>Sport</strong> • n°14


DossierDossierBibliographie1. Maron BJ, Gohman TE, Aeppli D. Prevalence of sudden cardiacdeath during comp<strong>et</strong>itive sports activities in Minnesotahigh school athl<strong>et</strong>es. J am Coll <strong>Cardio</strong>l 1998 ; 32 : 1881-4.2. Corrado D, Basso C, Rizzoli G <strong>et</strong> al. Does sport activityenhance the risk of sudden death in adolescents and youngadults ? J Am Coll <strong>Cardio</strong>l 2003 ; 42 : 1959-63.3. Ayrolles O. Les accidents coronariens au cours ou au décoursde l’activité physique : étude prospective dans la région grenobloise.Thèse DES, Université de Grenoble, 1997.4. Chevalier L, Hajjar M, Douard H <strong>et</strong> al. <strong>Sport</strong>s related acutecardiovascular events in general population: a French regionalprospective study. In press.5. Raschka C, Parzeller M, Kind M. Organ pathology causingsudden death in athl<strong>et</strong>es. International study of autopsies(Germany, Austria, Switzerland). 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2LE SEUIL ANGINEUXEST-IL AUGMENTÉchez le coronarien sportif ?DossierDossierDr Richard Brion, Dr Robert Poy<strong>et</strong>, Dr Sylvain Guérard (Service de <strong>Cardio</strong>logie,HIA Desgen<strong>et</strong>tes, Lyon)Les cardiologues qui suivent despatients sportifs connaissent tousdes coronariens très entraînés quine présentent aucune manifestationclinique d’angine de poitrine. S’agit-ilde cas isolés ou d’un phénomènebeaucoup plus fréquent ? C<strong>et</strong>te particularitéest-elle directement liée à uneamélioration de l’ischémie myocardiqueou ne s’agit-il que d’une modificationde l’expression clinique ?> Notre étudeLe recrutementPour tenter de répondre à c<strong>et</strong>te question,nous avons analysé 12 observationsconsécutives de coronarienssportifs. Ils étaient inclus lorsqu’ils présentaientla première manifestationd’une coronaropathie totalementméconnue antérieurement (1). Deuxconditions étaient requises pour que lepatient puisse entrer dans c<strong>et</strong>te série :● la pratique régulière d’une activitéphysique à un très bon niveau d’entraînement;● les données de la coronarographiequi devaient m<strong>et</strong>tre en évidence aumoins une sténose supérieure à 70 %sur une artère principale.Ces patients ainsi sélectionnés ont étésoumis à un interrogatoire très précissur l’existence antérieure d’une symptomatologieangineuse, notammentpendant l’effort.Les patients pratiquent le cyclisme, la courseà pied, l’aviron, le fitness <strong>et</strong> le ski de fond.15 <strong>Cardio</strong>&<strong>Sport</strong> • n°14


DossierDossierTableau 1 - Résultats de l’épreuve d’effort (EE) en fonction des donnéesde la coronarographie.Résultat de Monotronculaires Bitronculairesl’épreuve d’effort (n = 4) (n = 5)EE négative 50 % (n = 2) 0 % (n = 0)EE douteuse 25 % (n = 1) 20 % (n = 1)EE positive 25 % (n = 1) 80 % (n = 4)La population est constituée de12 hommes âgés de 38 à 68 ans(moyenne 53,3 ans), pratiquant enmoyenne 7 heures de sport parsemaine (cyclisme, course à pied,aviron, fitness, ski de fond).L’enquêteLe mode de découverte de la coronaropathiea été :● 1 fois un arrêt cardiaque récupéré ;● 3 fois un syndrome coronaire aigu ;● 2 fois une première crise d’angortypique ;● 5 fois une première manifestationfonctionnelle atypique ;● 1 fois une épreuve d’effort systématique.L’enquête minutieuse a révélé qu’aucunde ces patients sportifs n’avait présentéde douleur angineuse avantl’épisode initial.Une épreuve d’effort a été réalisée chez9 d’entre eux avant la coronarographie.Pendant c<strong>et</strong>te épreuve, 7 suj<strong>et</strong>s ont ététotalement asymptomatiques <strong>et</strong> 2 ontprésenté une gêne thoracique légère<strong>et</strong> atypique. Les résultats sont résumésdans le tableau 1. Ce sont les lésionsbitronculaires (50 % des patients) quisont plus souvent associées à une“positivité” de l’épreuve d’effort.Les limites de l’étudeC<strong>et</strong>te p<strong>et</strong>ite étude a des limites évidentes.En eff<strong>et</strong>, l’ischémie silencieusen’est pas propre au sportif <strong>et</strong> l’aggravationrécente d’une lésion peut êtreà l’origine d’une sténose qui n’existaitpas auparavant (hémorragie sousplaque, thrombose constituée…). Toutefois,au-delà de ces limites, c<strong>et</strong>te sérienous paraît apporter des éléments deréflexion intéressants.L’absence d’angor préalable chez cessportifs coronariens interpelle <strong>et</strong>semble bien liée à l’entraînement physiqueintense <strong>et</strong> régulier. Il est en eff<strong>et</strong>très probable qu’il existait, au moinschez les bitronculaires, des lésionssignificatives préalables qui auraientété symptomatiques chez bien dessuj<strong>et</strong>s sédentaires.> Que dit la littérature ?Eff<strong>et</strong> de l’entraînementsur la douleur angineuseL’entraînement physique des coronariensr<strong>et</strong>arde leur seuil de douleur (1).La symptomatologie diminue à partirde 6 semaines d’entraînement, avecun eff<strong>et</strong> comparable à celui d’un traitementbêtabloqueur (2).Est-ce un eff<strong>et</strong> direct ? Au cours del’exercice aigu (> 70-80 % VO 2 max), ila été mis en évidence une libérationde bêta-endorphines par l’hypothalamus,l’hypophyse <strong>et</strong> les surrénales quiont un eff<strong>et</strong> antalgique (3). Un entraînementrégulier augmente encorec<strong>et</strong>te capacité de sécrétion de bêtaendorphines(4). Il a été montré que,lors de l’ischémie myocardique silencieuse,le taux de bêta-endorphinesétait supérieur au taux mesuré lors<strong>Cardio</strong>&<strong>Sport</strong> • n°1416


d’une ischémie myocardique symptomatique(5). Il est donc probablequ’il existe, chez le suj<strong>et</strong> entraîné, uneff<strong>et</strong> direct des bêta-endorphines surla symptomatologie clinique.Eff<strong>et</strong> de l’entraînementsur l’ischémie myocardiqueL’entraînement physique diminue lafréquence cardiaque <strong>et</strong> améliore laperformance des coronariens (1). Lesadaptations vasculaires peuvent êtremacrovasculaires (dilatation, collatéralité)<strong>et</strong>/ou microvasculaires (diminutionde la dysfonction endothéliale,angiogenèses capillaire <strong>et</strong> artériolaire).● L’entraînement physique augmentela collatéralité coronaire chez le suj<strong>et</strong>ischémique.C<strong>et</strong>te hypothèse a été démontrée chezl’animal de laboratoire <strong>et</strong> plus difficilementchez l’homme. Cliniquement, onsait que la pratique de 2 épreuves d’effortà 10 minutes d’intervalle m<strong>et</strong> en évidence,lors de la deuxième épreuve, uneaugmentation du seuil d’apparition del’ischémie, pouvant signifier l’ouvertured’une circulation collatérale (6).● L’entraînement améliore la dysfonctionendothéliale chez le coronarien(7-9).Ainsi, après un entraînement de4 semaines, l’injection d’acétylcholine(action sur les vaisseaux conductifs)améliore la vasoconstriction <strong>et</strong> l’adénosine(action sur les vaisseaux résistifs)améliore la réserve coronaire.● D’autres eff<strong>et</strong>s positifs ont été misen évidence.Un eff<strong>et</strong> sur l’angiogenèse capillairechez l’animal de laboratoire (10) <strong>et</strong> uneff<strong>et</strong> sur la viscosité sanguine, qui augmentemoins lors de l’exercice aiguchez le suj<strong>et</strong> entraîné.● Quelle durée d’entraînement estnécessaire pour améliorer le seuilischémique des coronariens ?Quelques semaines d’entraînementsuffisent pour améliorer la fonctionendothéliale. L’amélioration des angiogenèsescapillaire <strong>et</strong> artériolairedemanderait plusieurs mois d’entraînement.L’apparition d’une véritablecirculation collatérale à l’effort seraitle fruit de plusieurs années d’entraînement(11).> En conclusionL’entraînement physique augmente leseuil angineux des coronariens <strong>et</strong> améliorela perfusion myocardique. CesDossiereff<strong>et</strong>s bénéfiques sont recherchés enréadaptation.Toutefois, le fait que les sportifs coronariensne ressentent pas ou peu dedouleur ischémique, tout en réalisantdes efforts importants, peut “camoufler”une authentique coronaropathie<strong>et</strong> les exposer à un risque d’accidentaigu révélant une pathologie qu’ilsignoraient. C’est, par exemple, le casd’un des suj<strong>et</strong>s de notre série qui a présentéun arrêt cardiaque inaugural. Lamoindre douleur thoracique survenantà l’effort chez un sportif doit êtreprise en grande considération !La surveillance de sportifs qui présententdes facteurs de risque doitcomprendre une épreuve d’effortpour rechercher une ischémie. Lapositivité d’une épreuve d’effort, quim<strong>et</strong> en évidence une pathologie coronairechez un sportif, implique desactions de prévention, comme cheztout coronarien, associées à d’éventuelsconseils de modération sur lesobjectifs sportifs.La négativité d’une épreuve d’effortchez un suj<strong>et</strong> entraîné est de bon pronostic,mais n’exclut pas totalement laprésence d’une maladie coronaire <strong>et</strong>,donc, n’exclut pas le risque d’une rupturede plaque instable. Mais on nepeut pas tout prévoir ! ■DossierBibliographie1. Poy<strong>et</strong> R. Les manifestations de l’ischémie myocardique sontelles différentes chez les coronariens sportifs ? Thèse médecine,2003, Lyon.2. Ehsani AA, Heath GW, Hagberg JM <strong>et</strong> al. 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DossierDossier3 ENDOPROTHÈSESCORONAIRES<strong>et</strong> activité sportiveDr François Passard (Polyclinique de la Louvière, Lille)> GénéralitésLa prise en charge de la pathologiecoronarienne a été radicalement bouleversée<strong>et</strong> améliorée, pour certainesindications bien ciblées, depuis le débutdes années 1990, par l’apparition desendoprothèses (stents) coronaires, initialementimaginées pour parer auxcomplications aiguës de l’angioplastieau ballonn<strong>et</strong> (dissections extensives<strong>et</strong>/ou occlusives, “r<strong>et</strong>our élastique” marqué),les indications ayant été depuisétendues dans les tableaux cliniques <strong>et</strong>angiographiques divers, tels que lesatteintes pluritronculaires, les lésionscomplexes, les dégénérescences depontages coronaires veineux, les occlusionschroniques, les syndromes coronariensaigus, la réduction de laresténose au ballonn<strong>et</strong>.Rappelons qu’à l’heure de la remise enquestion de certaines de nos pratiques(“réflexe occulo-sténotique”) <strong>et</strong> denos matériels (stents actifs), l’angioplastiecoronaire, dans le cadre d’unangor d’effort, doit rester cantonnéeaux formes les plus sévères ou à unseuil d’apparition de l’ischémie cliniqueou électrique bas, une prise encharge telle qu’un reconditionnementà l’effort perm<strong>et</strong>tant de faire au moinsaussi bien, voire souvent mieux, <strong>et</strong> àun bien plus faible coût (1).> Contraintes<strong>et</strong> problèmes non résolusPlusieurs équipes ont confirmé,ensuite, la nécessité de préparer lespatients <strong>et</strong> de poursuivre au longcours les antiagrégants plaqu<strong>et</strong>tairesen post-implantation (2, 3), en raisond’un risque thrombotique aigu (dansles 24 heures suivant l’implantation)ou sub-aigu (dans le premier mois)très élevé. Ce risque est du aux propriétésphysiques hautement thrombogènesdes endoprothèses, dont lesprotocoles sont en incessante évolutionen raison des “améliorations” <strong>et</strong>modifications techniques des stentscoronaires, notamment depuis l’apparitiondes endoprothèses coronairesbioactives. Initialement commercialiséespour réduire la resténose intrastent(4), dont la fréquence desurvenue sous stent nu reste nonnégligeable (5, 6), elles justifientcependant des protocoles de bithérapieprolongée associant initialementaspirine <strong>et</strong> ticlopidine <strong>et</strong>,actuellement, aspirine <strong>et</strong> clopidogrel.L’intérêt essentiel, voire vital, de poursuivrec<strong>et</strong>te double association aprèsimplantation est justifié, dans le casTaux de décès ou d'IDM des stents actifsde première génération vs stents nus (%)403530252015105A partir des essais randomisésjusqu'aux dernières données disponibles38 %0SirolimusIDM : infarctus du myocarde16 %PaclitaxelTaux de décès <strong>et</strong>/ou d'IDM (%)7654321A partir des essais randomisésjusqu'aux dernières données disponiblesp = 0,033,9 %6,3 %0n = 870 n = 878IDM : infarctus du myocarde2,3 %n = 1 675Contrôle : Stents nusStents actifs (Sirolimus)Stents actifs (Paclitaxel)p = 0,682,6 %n = 1 685Figure 1 - Risque relatif d’événements secondaires sévères.D’après Eduardo Camenzind, WCC Barcelone, 2006.Figure 2 - Risque relatif d’événements secondaires sévères.D’après Eduardo Camenzind, WCC Barcelone, 2006.<strong>Cardio</strong>&<strong>Sport</strong> • n°1418


des endoprothèses nues, par la nécessitéd’attendre la réendothélialisationde celles-ci, qui nécessite en général4 à 6 semaines, ce qui perm<strong>et</strong>, par lasuite, d’alléger le protocole en poursuivantun seul des antiagrégants, l’inclusionendothéliale du matérielprothétique le rendant peu trombogène.Le choix du type d’antiagréganten monothérapie, dans ce cas, n’estpas tranché, sachant qu’alors, il n’y aaucune preuve de la supériorité del’un par rapport à l’autre.La problématique se complique n<strong>et</strong>tementavec les interrogationsactuelles (sans preuve formelle à cejour, les doutes ayant été émis sur desméta-analyses dont on connaît leslimites) (Fig. 1 <strong>et</strong> 2) concernant lesendoprothèses actives, notammenten ce qui concerne le risque d<strong>et</strong>hrombose tardive, imposant la poursuiteau long cours de l’aspirine <strong>et</strong>des thiénopyridines, dont l’arrêt prématuré,accidentel ou non, est laplupart du temps à l’origine desthromboses tardives de stent, auxconséquences dramatiques (7, 8). Cesendoprothèses bioactives sontresponsables localement, au sited’implantation coronaire, d’unedésendothélialisation totale <strong>et</strong> chroniquede la zone couverte, laissantparfois le matériel implanté à nudans la lumière coronaire, créant undéfaut d’apposition sur la paroi coronaire,ce qu’augmente le risqu<strong>et</strong>hrombogène, surtout si le noyau lipidiquede la plaque sous-jacente estmis à nu (9).Au-delà de l’eff<strong>et</strong> “cosmétique” de cesendoprothèses actives en terme deresténose angiographique <strong>et</strong> de tauxde revascularisation de la zone traitée(targ<strong>et</strong> lesion revascularization desAnglo-saxons), mais sans bénéficeprouvé aujourd’hui sur la mortalité,le risque d’événement cardiaquegrave (décès <strong>et</strong> infarctus liés à un<strong>et</strong>hrombose de stent) semble supérieuravec les stents bioactifs, de manièresignificative avec le sirolimus,moindre <strong>et</strong> non significative avec lepaclitaxel (10, 11).> Bénéficesde l’activité physiqueDans le cadre de la prévention secondaireaprès un accident coronarien aigu ouune angioplastie coronaire réglée, sontunanimement reconnus les bénéficesde la poursuite régulière <strong>et</strong> suffisanted’une activité physique adaptée, quele patient ait été précédemment sportifou non.Rappelons-nous qu’à ce jour, <strong>et</strong> malgréle caractère redondant de l’ordonnance“basique” du coronarien enprévention secondaire (bêtabloquants,IEC, antiagrégants, statines, ± éplérénone,± acides oméga 3), aucune decelles-ci ne peut se targuer d’avoirautant d’eff<strong>et</strong>s pléiotropes que l’activitéphysique <strong>et</strong> sportive assidue <strong>et</strong>adaptée (12, 13), <strong>et</strong> ceci, quel que soitle niveau de la fraction d’éjection ventriculairegauche.Hambrecht (1) a remarquablementenfoncé le clou, en montrant l’intérêtd’un reconditionnement à l’effort chezle coronarien stable.Rappelons aussi, de manière nonexhaustive, les incomparables <strong>et</strong> multiplesbénéfices de l’activité physiquerégulière (Tab. 1).> Problématiquede la pratique sportiveintensive ou inadaptéeLa plupart du temps, les patients quiont reçu un reconditionnement à l’effortau décours d’un événement coronarien,en connaissent les règles debonne pratique afin d’en tirer un maximumde bénéfices. C’est souvent le casdes patients ayant suivi les différentesphases, entr<strong>et</strong>enant par la suite leursacquis au sein des associations “cœurDossier<strong>et</strong> santé”. Ils connaissent leurs limitesde pratique, s’aident, pour les plusassidus, d’un cardiofréquencemètre, <strong>et</strong>oublient l’esprit de compétition.Malheureusement, certains patients,sous le coup d’une prise de consciencesoudaine mais excessive, voire débordante,ou niant sciemment leur pathologiecoronarienne, poursuivent ouaccentuent le volume <strong>et</strong> l’intensité deleur pratique habituelle, <strong>et</strong> en viennentà dépasser la simple notion de prévention,sensibilisés par l’ultramédiatisationdes activités sportives.Il en découle une activité sportiveinadaptée, excessive, parfois dans uncontexte de maîtrise incomplète desfacteurs de risque, exposant ce type depratiquants à une récidive d’événementcardiovasculaire grave, le risqued’accident cardiaque étant proportionnelà l’intensité de la pratique, à unniveau <strong>et</strong> dans un contexte inhabituels.Les recommandations (aucun patientn’a d’obligation d’y adhérer soit dit enpassant, un simple certificat médical decomplaisance ou une non-révélationd’antécédents personnels cardiovasculairesen dehors du parcours de soinshabituel perm<strong>et</strong>tant tous les excès !),mises à jour récemment par les sociétésaméricaines <strong>et</strong> européennes (14, 15),sont d’ailleurs assez restrictives pour lecoronarien, qui ne peut pas, en général,prétendre à la poursuite d’activitésde compétition, en tout cas pour desactivités à forte composante à la fois statique<strong>et</strong>/ou dynamique.De nombreux travaux ont confirmé,selon le type de pratique sportive, desmodifications aiguës ou chroniquesdes paramètres hématologiques, fibrinolytiques<strong>et</strong> hémostatiques (16, 17).Cela laisse à penser qu’il existerait, lorsde pratiques inadaptées, des modificationspéjoratives de tous ces paramètres,pouvant aboutir à uneaugmentation majeure du risqu<strong>et</strong>hrombotique, surtout en présenced’une endoprothèse coronaire.Dossier19 <strong>Cardio</strong>&<strong>Sport</strong> • n°14


DossierDossier> Activité sportive<strong>et</strong> thrombosed’endoprothèse :situations à risque, étatdes lieux, interrogationsCertaines situations de pratique, àrisque ou non, pourraient, de ce fait,augmenter le risque de thrombose destent aiguë ou tardive. Des facteursenvironnementaux, notamment lesconditions extrêmes (pratique sportiveen altitude hivernale ou estivale), desfacteurs concourant à une hyperviscositésanguine (déshydratation),des modifications de la pharmacocinétiquedes médications antiagrégantes(modification de l’alimentation, malabsorptionou r<strong>et</strong>ard d’absorption du faitd’une spoliation musculaire sanguinepériphérique), pourraient profondémentcomprom<strong>et</strong>tre la sécurité de lapratique sportive dans ce contexte.Plusieurs équipes ont publié des casisolés de thrombose sub-aiguë de stentlors de l’épreuve d’effort préalable, aprèsimplantation d’endoprothèse, ou durantle reconditionnement à l’exercice (18).La question posée est de savoir si le typed’exercice pratiqué peut être à l’origined’un tel événement. En eff<strong>et</strong>, d’autrestravaux plus récents semblent rassurants,<strong>et</strong> ne semblent pas notifier de surrisqueparticulier (19, 20).La possibilité de thrombose tardive destent après une épreuve d’effort a égalementété décrite à 6 mois, alors mêmeque le contrôle angiographique préalablementréalisé la veille par voie radialeétait angiographiquement optimal (21) !Tableau 1 - Les bénéfices de l’activité physique régulière.Eff<strong>et</strong>scardiovasculairesEff<strong>et</strong>s musculairespériphériquesEff<strong>et</strong>sneuro-hormonauxEff<strong>et</strong>s ostéo-articulairesEff<strong>et</strong>s métaboliquesEff<strong>et</strong>s ventilatoiresEff<strong>et</strong>s neurologiques<strong>et</strong> psychiquesEff<strong>et</strong>s hématologiques<strong>et</strong> hémostatiquesEff<strong>et</strong>s anticancéreuxEff<strong>et</strong>s sur l’immunité● Amélioration du débit cardiaque, prévention du remodelage VG, développementde la néo-angiogenèse, recul du seuil ischémique myocardique● Diminution des résistances périphériques, de la pré <strong>et</strong> post-charge, baisse de la PA● Amélioration du r<strong>et</strong>our veineux● Amélioration de la vasorelaxation endothéliale par stimulation de NO● Amélioration du baro-réflexe <strong>et</strong> de la variabilité sinusale● Réduction de l’hyperexcitabilité, eff<strong>et</strong> stabilisant de membrane, eff<strong>et</strong> anti-arythmique● Amélioration du pic ou de la VO 2 max, recul des seuils ventilatoires, améliorationdu pouls d’oxygène● Amélioration du rendement de la fibre musculaire● Augmentation des capacités oxydatives mitochondriales● Baisse de l’activité sympathique, augmentation du tonus parasympathique● Baisse de l’activation du système rénine-angiotensine-aldostérone● Prévention de l’ostéoporose● Perte pondérale, amélioration du profil lipidique, diminution de l’insulinorésistance● Prévention du diabète <strong>et</strong> de l’obésité● Diminution de l’hyperventilation, amélioration de la fonction diaphragmatique<strong>et</strong> des muscles intercostaux, des paramètres <strong>et</strong> du rendement ventilatoire● Amélioration de la capacité vitale● Eff<strong>et</strong> euphorisant <strong>et</strong> antidépresseur des endorphines● Amélioration de la fonction endothéliale, diminution des cytokines <strong>et</strong> du stressoxydatif, baisse de l’aggrégabilité plaqu<strong>et</strong>taire, augmentation de la fibrinolysephysiologique, baisse des molécules d’adhésion endothéliale, augmentation du NO● Réduction de l’incidence des cancers du côlon <strong>et</strong> du sein● Réduction des infections respiratoiresVG : ventricule gauche; PA : pression artérielle; NO : oxyde nitrique<strong>Cardio</strong>&<strong>Sport</strong> • n°1420


Que conseilleren pratique ?Il semble tout d’abord important derester en conformité avec les recommandationspubliées, qui sont en toutétat de cause opposables. Il faut doncsavoir jouer de diplomatie <strong>et</strong> raisonnerles patients excessifs dans leur pratiquesportive, <strong>et</strong> ne pas hésiter à leurexposer <strong>et</strong> opposer les bénéficesconnus d’une activité pratiquée à unniveau raisonnable, bénéfique à longterme, aux risques potentiels d’uneactivité inadaptée, à très haut risquecoronarien, voire possiblement létale(1/3 des thromboses de stents !) (22).Même si toute la lumière reste à fairesur certains des mécanismes desthromboses aiguës, sub-aiguës ouchroniques de certaines endoprothèses,la première chose est de recommanderun minimum de bon sens, àla fois pour le patient <strong>et</strong> l’angioplasticien.Les facteurs de risque de thrombosed’endoprothèses bien connus(23, 24), tels qu’un arrêt prématuré ouun oubli du traitement antiplaqu<strong>et</strong>tairesimple ou mixte, les implantationsdans le cadre des syndromescoronariens aigus, la longueur <strong>et</strong> lenombre d’endoprothèses implantées,les bifurcations, peuvent pour certainsDossierêtre en partie maîtrisés, en privilégiantnotamment la poursuite prolongée desprotocoles mixtes d’antiagrégants plaqu<strong>et</strong>taires(25).Pour ce qui est de la pratique physique<strong>et</strong> sportive <strong>et</strong> de son incidence éventuellesur le risque de thrombosed’endoprothèse coronaire, les quelquescas publiés dans la littérature ne perm<strong>et</strong>tentpas, aujourd’hui, d’avoir uneattitude alarmiste, bien au contraire.Il faut juste trouver le bon équilibredans la pratique <strong>et</strong>, surtout, déconseillerdes activités induisant unemajoration spontanée du risqu<strong>et</strong>hrombotique. ■DossierBibliographie1. Hambrecht R, Walther C, Mobius-Winkler S <strong>et</strong> al. Percutaneouscoronary angioplasty compared with exercise trainingin patients with stable coronary artery disease: a randomizedtrial. Circulation 2004 ; 109 : 1371-8.2. Lablanche JM, McFadden EP, Bonn<strong>et</strong> JL <strong>et</strong> al. Combined antiplatel<strong>et</strong>therapy with ticlopidine and aspirin. A simplifiedapproach to intracoronary stent management. Eur Heart J 1996 ;17 : 1373-80.3. Barragan P, Pi<strong>et</strong>ri P, Villain P <strong>et</strong> al. Antiplatel<strong>et</strong> therapyduring coronary endoprosthesis placement. Arch Mal CœurVaiss 1996 ; 89 : 1515-20.4. Morice MC, Serruys PW, Sousa JE <strong>et</strong> al. A randomized comparisonof a Sirolimus-eluting stent with a standard stent forcoronary revascularization. N Engl J Med 2002 ; 346 : 1773-80.5. Bauters C, Banos JL, Van Belle E <strong>et</strong> al. 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ESC Study Group of<strong>Sport</strong>s <strong>Cardio</strong>logy: recommendations for participation in leisure-timephysical activity and comp<strong>et</strong>itive sports for patientswith ischaemic heart disease. Eur J <strong>Cardio</strong>vasc Prev Rehabil2006 ; 13 : 137-49.16. Cerneca E, Simeone R, Bruno G, Gombacci A. Coagulationparam<strong>et</strong>ers in senior athl<strong>et</strong>es practicing endurance sportingactivity. J <strong>Sport</strong>s Med Phys Fitness 2005 ; 45 : 576-9.17. Weiss C, Seitel G, Bartsch P. Coagulation and fibrinolysisafter moderate and very heavy exercise in healthy male subject.Med Sci <strong>Sport</strong>s Exerc 1998 ; 30 : 246-51.18. Meurin P, Domniez T, Weber H <strong>et</strong> al. Occlusion of a coronaryendoprosthesis after a negative stress test. Arch MalCœur Vaiss 1999 ; 92 : 369-72.19. Goto Y, Sumida H, Ueshima K <strong>et</strong> al. 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DossierDossier4LES RECOMMANDATIONSofficielles sont-elles adaptées ?Pr Hervé Douard (Hôpital cardiologique, Pessac)En 2005, ont été publiés d’unepart, les guidelines américainsde la 36 e conférence deB<strong>et</strong>hesda (1) <strong>et</strong>, 2 mois plus tard, lesrecommandations de la SociétéEuropéenne de <strong>Cardio</strong>logie (2). Ellesconcernent la pratique ou non dusport de compétition en cas depathologie cardiaque identifiée. Laplupart des anomalies congénitalesou acquises sont ainsi passées successivementen revue y compris,bien sûr, les coronaropathies, avecdes recommandations portant égalementsur les risques cardiaquespotentiels (probabilité élevée decoronaropathie, risques du dopage…),ainsi que des considérations juridiques.Dans les mois qui ont suivi, le JournalEuropéen de Réadaptation <strong>et</strong> dePrévention (3) a également proposéd’autres recommandations, non pluslimitées à la pratique du sport decompétition, mais aussi à sa pratiqueen loisirs.> Chaque casest particulierCes quelques lignes ne visent pas àcritiquer la démarche entreprise,louable pour préciser, dans bien desdomaines, la dangerosité d’une pratiqueassidue du sport en cas depathologie cardiovasculaire mais, surtout,d’en montrer les limites, particulièrementen dehors du sport decompétition de haut niveau qui, leplus souvent, doit être écarté. Lesauteurs de ces recommandations sesont d’ailleurs entourés de moultprécautions, soulignant les limitesnon seulement médicales, mais égalementlégales de ces textes, basésessentiellement sur l’avis d’unconsensus d’experts, tant les donnéesréellement scientifiques manquenten la matière, <strong>et</strong> la nécessaire adaptationindividuelle (du médecin maisaussi du sportif concerné) demeure.Chaque cas reste donc particulier - <strong>et</strong>c’est en partie ce qui fait le charme denotre profession - <strong>et</strong> ne peut s’inscrir<strong>et</strong>oujours dans le cadre strict <strong>et</strong>formaliste d’une conduite à tenirstéréotypée, au travers de recommandationstrop rigides <strong>et</strong> réductrices.> La classificationde MitchellLes critiques principales concernentla classification de Mitchell,publiée initialement en 1994 lors dela 26 e conférence de B<strong>et</strong>hesda, <strong>et</strong> quirepose plus sur une évaluation, certespragmatique, mais subjective descontraintes cardiovasculaires imposéesdans les différentes disciplinessportives. Les sports sont résumésdans 9 “cases” selon leur prédominancestatique ou dynamique d’unepart, <strong>et</strong> leur intensité d’autre part. Lessports à haut risque traumatique, ouparticulièrement à risque, y sont deplus identifiés. Certains sports sontvisiblement d’emblée mal identifiésen terme de contraintes cardiovasculairesestimées (exemple du tennis d<strong>et</strong>able ou du volley-ball classés en IB -faible composante statique, composantedynamique moyenne - ouencore du rugby classé en IIC, ou dela descente en ski alpin classée enIIIB). Les classifications européennes<strong>et</strong> américaines diffèrent d’ailleurs parfois(gymnastique, karaté, judo, voilesont classés en IIIA dans B<strong>et</strong>hesda <strong>et</strong>IIA en Europe ; hockey sur gazon <strong>et</strong>football passent de la IC à la IIC ; lacrosse du IIC au IIB…).> Les conditionsde pratiqueC<strong>et</strong>te initiative nord-américainenéglige des sports très pratiqués dansd’autres régions du globe (exemple dusumo en Asie ou de la pétanque enFrance…), alors qu’elle inclut des spécificitéscontinentales (rodéo, lacrosse…). Les conditions de pratiqueen compétition sont très différentesde celles à l’entraînement, le facteurpsychologique y majorant notammentle risque rythmique.L’implication personnelle est un facteurdifficile à codifier <strong>et</strong> même à déterminerindividuellement, <strong>et</strong> ne peut qu<strong>et</strong>rès partiellement être quantifiée parles sollicitations chronotropes mesuréesen situation quand celles-ci sontpossibles (cardiofréquencemètre).Pour chaque sport, les conditions environnementaleschangent complètementla donne, que ce soit pour desamateurs ou des professionnels(exemple du dernier championnat dumonde de cross-country au Kénya).L’éloignement, le froid, le degré d’altitude…changent complètement lerisque cardiovasculaire. Quant auxsports collectifs ou génériques (voile,gymnastique…), ils ne différencient pas<strong>Cardio</strong>&<strong>Sport</strong> • n°1422


les sollicitations cardiovasculaires trèsvariables selon les postes (gardien oumilieu de terrain en football, barreurou wincher en voile…). Enfin, les sportsque nous conseillons le plus souvent ànos coronariens (vélo, natation, ski defond…) sont les sports les plus formellementcontre-indiqués en compétitionpour les suj<strong>et</strong>s à haut risque. Aussi,tout est, bien sûr, question d’intensité,de durée, de répétitivité… élémentssouvent non pris en compte dans cesrecommandations générales.> Le cas des coronariensConcernant plus spécifiquement lescoronariens, les plus récentes recommandationsdémembrant les anciennes“menaces d’infarctus” en syndromecoronarien aigu (SCA) ne sont absolumentpas reprises ici. Au contraire,angor stable, instable, infarctus oupatients revascularisés sont mis dansle “même panier” des coronariens avéréssans distinction. L’évolutivité <strong>et</strong> lerisque à court <strong>et</strong> moyen termes sontpourtant très différents. Les débatsmédiatisés récents sur les stents actifsne trouvent ici aucun écho. C<strong>et</strong>te distinctionest pourtant fondamentalepour la pratique sportive, pour laquellele risque de thrombose de stent à longterme est un suj<strong>et</strong> préoccupant. Parsouci d’uniformité <strong>et</strong> de simplification,mais probablement excessive, les coronarienssont très grossièrement classésen haut <strong>et</strong> faible risque selon la fractiond’éjection, l’ischémie résiduelle oul’arythmie présente… Le risque intermédiaireancien a disparu au profit descoronariens dits “potentiels” basés uniquement,parfois, sur un score calciqueen imagerie, dont le pronostic restescientifiquement encore à établir !A l’autre bout de la “chaîne” des coronariens,le consensus est loin d’êtreclair en matière de reprise du sportchez les revascularisés (pontés oudilatés : faut-il attendre 1 mois, 6 mois,1 an… ?). Il est vrai que toute la difficultéen matière de coronaropathie,reste celle de cerner le risque évolutif,non pas tellement des sténoses avérées,en fait stabilisées par un traitementmédical bien conduit… <strong>et</strong> uneactivité sportive régulière, mais surtoutdu génie évolutif des plaquesjeunes, naissantes ou à venir, dont larupture brutale <strong>et</strong> ses conséquencessur la vascularisation myocardique nepeuvent être prévenues par le développementde la collatéralité salvatrice…elle-même initiée par uneactivité physique régulière.Ce dernier point est peut-être d’ailleursle plus débattu : en matière d’angiogenèse,d’artériogenèse <strong>et</strong> peut-êtrede vasculogenèse, des conditionsd’ischémie relative <strong>et</strong> répétée sont desfacteurs favorisants. Limiter ainsi uncoronarien en terme de performance<strong>et</strong> de fréquence cardiaque près de sonseuil ventilatoire est peut-être unefausse protection à long terme. Demême, assimiler le seuil ventilatoire àune frontière à ne pas dépasser enterme de risque rythmique est méconnaîtr<strong>et</strong>otalement les conditions dedéclenchement d’une arythmie graveventriculaire (notion de fenêtre dutrigger, de seuil d’activation du substrat,d’évolution chronotrope selon lesactivations respectives des composantesdu système nerveux autonome).BibliographieDossier> En conclusionLes critiques sont donc nombreuses,sans compter les situations cliniquesnon évoquées (Tako-Tsubo, dissectioncoronaire…). On pourrait ajouter lesrisques d’une dysfonction endothélialelimitante pour le sport après stenting <strong>et</strong>,semble-t-il, plus particulièrement en casde stents actifs ; les eff<strong>et</strong>s hypotensifsiatrogènes des médications conjuguéespréconisées par le traitement classique(IEC, bêtabloquants…), voire le déclenchementplus fréquent de myalgies <strong>et</strong>,surtout, de risque iatrogène musculaire<strong>et</strong> tendineux chez les coronariens traitéspar statine.Enfin, il faut bien reconnaître que,pour la majorité des pathologiescoronariennes, en tout cas en compétition,seuls les sports IA demeurentautorisés. En loisirs, lesautorisations ne sont guère plus élargiesqu’aux stades IIB ou IIA. Mais ilest vrai que la tâche était rude <strong>et</strong> l’entreprisea au moins le mérite d’avoirété débutée. Ces recommandations,dans lesquelles le principe de précautionprévaut largement, ne doiventpas constituer un frein <strong>et</strong> unelimitation à la pratique, sinon dusport de compétition, du moinsd’une activité de loisirs régulièrementpratiquée tant que les donnéesscientifiques sont ici largement <strong>et</strong>anciennement reconnues. ■1. Maron BJ, Zipes DP. Introduction: eligibility recommendations for comp<strong>et</strong>itive athl<strong>et</strong>eswith cardiovascular abnormalities-general considerations. J Am Coll <strong>Cardio</strong>l2005 ; 45 : 1318-21.2. Pelliccia A, Fagard R, Bjornstad HH <strong>et</strong> al. Recommendations for comp<strong>et</strong>itive sportsparticipation in athl<strong>et</strong>es with cardiovascular disease: a consensus document fromthe Study Group of <strong>Sport</strong>s <strong>Cardio</strong>logy of the Working Group of Cardiac Rehabilitationand Exercise Physiology and the Working Group of Myocardial and PericardialDiseases of the European Soci<strong>et</strong>y of <strong>Cardio</strong>logy. Eur Heart J 2005 ; 26 : 1422-45.3. Pelliccia A, Saner H. Participation in leisure-time physical activities and comp<strong>et</strong>itivesports in patients with cardiovascular disease: how to g<strong>et</strong> the benefits withoutincurring risks. Eur J <strong>Cardio</strong>vasc Prev Rehabil 2005 ; 12 : 315-7.Dossier23 <strong>Cardio</strong>&<strong>Sport</strong> • n°14


Apportdes nouvelles techniqueséchocardiographiqueschez le sportifMise au pointL’avènement, ces dernières années, d’outils de quantification de la fonction cardiaque enéchocardiographie autorise, aujourd’hui, leur transposition dans le domaine de l’explorationdu suj<strong>et</strong> sportif. Ces techniques sont maintenant embarquées sur les appareils demoyenne <strong>et</strong> haute gammes pour la diffusion de leur utilisation.Dr Stéphane Lafitte (Hôpital <strong>Cardio</strong>logique du Haut-Lévêque, CHU de Bordeaux)Pr Hervé Douard (Hôpital cardiologique, Pessac)Quantifier la contraction myocardiqueest la quête du Graalde tout clinicien cardiologue.C<strong>et</strong>te nécessité est particulièrementimpérieuse pour l’exploration du cœurdu sportif, bien connu pour présentercertaines spécificités morphologiques<strong>et</strong> fonctionnelles parfois difficilementdifférentiables de l’atteinte pathologique.Après quelques rappels physiologiquesde contraction myocardique,il sera décrit les techniques échographiquesmises à disposition, leursprincipales applications <strong>et</strong> validations.> Physiologiede la contractionLa description initiale de l’orientationdes fibres myocardiques au sein descouches cardiaques a très tôt motivél’appréhension de la contraction, nonpas exclusivement dans sa composanteradiale, mais également dans sacomposante longitudinale. En eff<strong>et</strong>,si les couches à mi-paroi présententune majorité de myocytes à directiontransversale à l’origine de l’épaississementpariétal, il n’en est pas demême au niveau des couches sousendocardiques<strong>et</strong> sous-épicardiques.A ce niveau, en eff<strong>et</strong>, les fibres myocytairesprennent un axe plus obliqueen s’enroulant autour du grand axecardiaque (1) (Fig. 1). De surcroît, c<strong>et</strong>enroulement hélicoïdal s’effectue defaçon opposée en sens horaire <strong>et</strong> antihoraire,respectivement au niveau descouches sous-endocardiques <strong>et</strong> sousépicardiques.Ainsi, au-delà de la contractionradiale quantifiée historiquement enTM, il s’avérait indispensable d’intégrerla composante longitudinale (2).Ce raccourcissement du ventriculegauche de la base vers l’apex étaitobservé en angiographie, quantifiéen TM par des logiciels dédiés <strong>et</strong> complexes,mais il n’est réellementdevenu accessible en pratique quedepuis l’avènement du Doppler tissulaire.A ces deux composantesradiale <strong>et</strong> longitudinale s’ajoute uneFigure 1- Représentation de la morphologieventriculaire gauche au niveau cavitaire(à gauche), au niveau pariétal avecvisualisation de l’enroulement hélicoïdaldes faisceaux de fibres mycoardiques(à droite). D’après Buckberg <strong>et</strong> al.dimension circonférentielle, depuispeu accessible par échogaphie <strong>et</strong> IRM,qui correspond au raccourcissementdes fibres dans la circonférence d’unecoupe transversale (3). L’associationde ces 3 entités contractiles génère unmouvement de rotation du plan de25<strong>Cardio</strong>&<strong>Sport</strong> • n°14


Mise au pointcoupe axial, d’amplitude différente <strong>et</strong>de direction opposée entre la base <strong>et</strong>l’apex. C<strong>et</strong> aspect global correspondà la torsion cardiaque assimilée à unmouvement d’essorage de serpillière.La finalité de c<strong>et</strong>te complexité cibleune efficience maximale dans l’éjectiondu volume sanguin à chaque systole,associée au meilleur rendementde relaxation en phase diastolique.Or, en cas d’altération de la contractilitémyocardique, quelle que soit sonorigine, il n’existe pas d’homogénéitéen terme de r<strong>et</strong>entissement sur lesdifférentes composantes (4). Iciencore, le maintien du volume sanguinéjecté impose, malgré une déficiencedébutante, une compensationau niveau de la contraction radiale,alors même que la composante longitudinaleest d’ores <strong>et</strong> déjà significativementréduite. Ce concept vientrévolutionner le dogme de l’insuffisancecardiaque à fonction systoliquepréservée qui, en réalité, n’a deconservée que la fraction d’éjection.Et il en est probablement de mêmepour tout type d’altération de lacontraction myocardique sub-clinique.A ce jour, la transposition de ces donnéesà l’analyse de l’adaptation cardiaqueau cœur de sportif estquasiment vierge de toute descriptionintégrant ces notions de composantesde contraction.> Outils échographiques<strong>et</strong> informations cibléesLe mode TMHistoriquement, c’est le mode TM quiperm<strong>et</strong>tait l’obtention des premièresinformations de contraction myocardique.Cependant, en incidenceparasternale, il n’informe que sur lacomposante radiale, en s’appuyantsur la mesure de l’épaississementpariétal. Par ailleurs, il est limité parune appréhension simultanée dedeux parois opposées aux dépendsd’une investigation complète de lacouronne myocardique.Le mode bidimensionnelPlus globale, l’analyse en mode bidimensionnelpar la méthode de Simpsonbiplan exploite les vues apicales 4<strong>et</strong> 2 cavités pour une analyse du déplacementde l’endocarde <strong>et</strong> l’estimationde la fonction ventriculaire gauche viales volumes systolodiastoliques. Audelàde la dissociation possibleentre le déplacement de l’endocarde,qui peut être passif, <strong>et</strong> la réellecontraction myocardique, c<strong>et</strong>teapproche intègre préférentiellementla composante radiale, en minimisantla part longitudinale. Ainsi, c<strong>et</strong>te fractiond’éjection peut longtemps s<strong>et</strong>rouver maintenue proche de la normalepar phénomène de compensationradiale.Le mode Doppler tissulairepulséLe mode Doppler tissulaire pulsé(Fig. 2a) est la technique la plusrépandue pour investiguer la composantelongitudinale. En raison desa dépendance vis-à-vis de l’angle d<strong>et</strong>ir ultrasonore <strong>et</strong> d’un manque certaind’homogénéité entre les segmentsmyocardiques, seule l’approche globaleest r<strong>et</strong>enue. Le déplacement del’anneau mitral est alors analysé enmesurant les pics de vélocités systoliqueSa <strong>et</strong> protodiastolique Ea. Cesvélocités reflètent la sommation desforces développées segment par segment<strong>et</strong> transmises jusqu’à la base ducœur. Au niveau septal, en raison dela structure fibroconjonctive prédominante,le r<strong>et</strong>entissement estmoindre qu’au niveau latéral, avecdes vitesses 30 % moins élevées, d’oùabFigure 2 - Techniques conventionnelles Doppler tissulaire : en mode pulsé qui perm<strong>et</strong> les mesures des ondes systolique Sa <strong>et</strong> diastolique Ea,dont les valeurs attendues normales sont supérieures à 9 cm/s (a) ; en mode TM DTI couleur, dont l’interprétation est qualitativepar identification de gradients de couleur (donc de vélocités) mésosystolique <strong>et</strong> protodiastolique transmyocardiques (b).<strong>Cardio</strong>&<strong>Sport</strong> • n°1426


la nécessité de bien préciser la localisationdu point de mesure.Le mode TM couleurEn associant le mode TM au Dopplervélocité, on obtient le mode TMcouleur (Fig. 2b) qui perm<strong>et</strong> d’analyserla répartition des vélocitésentre les couches sous-endo <strong>et</strong> sousépicardiques.Physiologiquement,un gradient de vitesse existe aussibien en mésosytole qu’en protodiastole.Son identification estactuellement principalement visuelle,sauf par le biais de logiciels dédiésnon distribués.distance, donc la déformation du segment.Pour ce résultat, une doubleintégration mathématique dans l’espacepuis le temps est appliquée surles vélocités. Si de nombreux travauxont démontré la validité de c<strong>et</strong>temodalité sur modèles expérimentauxou cliniques, son application en pratiquequotidienne a toujours pêchéd’un manque certain de reproductibilitéen raison, principalement, desa faible résolution spatiale <strong>et</strong> d’uneff<strong>et</strong> amplificateur d’artefacts.● Le 2D strainLe 2D strain (Fig. 3b) est une nouvellemodalité d’évaluation des déformationsbasée sur une imagerie bidimensionnelleen échelle de grisutilisant la technique de speckle tracking.Les speckles sont les marqueursacoustiques naturels réflecteursaMise au pointApproche des déformationsLe concept de déformation, ou strain,se définit par la variation de longueurd’un segment au cours du temps. Lesegment se raccourcit, sa valeur dedéformation est négative ; il s’allonge,sa valeur est alors positive. Extrapoléà la contraction myocardique, l’épaississementpariétal sur un tracé TMpeut être assimilé à une déformationd’un segment. Il s’agit alors de la composanteradiale de la contractionmyocardique qui se positive tout aulong de la systole. Dans le sens longitudinal,c<strong>et</strong>te notion est plus abstraite.Pour l’intégrer, il faut rappeler que leventricule se raccourcit en systoledans le sens de la longueur, l’anneause déplaçant ainsi vers l’apex. Deuxpoints placés sur le myocarde longitudinalementse rapprochent l’un del’autre au cours de la systole, générantune courbe de déformationnégative. Au somm<strong>et</strong> de ces courbescorrespond la télésystole de lacontraction pariétale.b● La technique du Doppler tissulaireLa première approche des déformationss’est appuyée sur la techniquedu Doppler tissulaire (strain Doppler)(Fig. 3a). L’enregistrement des vitessesde déplacement entre deux ciblesperm<strong>et</strong> d’extrapoler les variations deFigure 3 - *Courbes de déformations obtenues par la technique Doppler tissulairestrain (a) <strong>et</strong> par la technique d’analyse en image noir <strong>et</strong> blanc (2D speckleou 2D strain) (b). Les courbes caractérisent ici la déformation longitudinale, doncle raccourcissement du segment mesuré, d’où une composante systolique négative.27 <strong>Cardio</strong>&<strong>Sport</strong> • n°14


Mise au pointd’ultrasons, considérés comme relativementstables pendant les différentesséquences d’images, alors queleur changement de position suit lemouvement du tissu myocardique.Leur suivi dans l’espace, ou tracking,est fondé sur le repérage de la positionde ces marqueurs acoustiquesdurant les différentes phases du cyclecardiaque. Les déformations bidimensionnellessont alors calculées àpartir du déplacement de ces marqueurs.Comparativement au strainDoppler tissulaire, c<strong>et</strong>te approche présentel’avantage d’être angle-indépendante,<strong>et</strong> perm<strong>et</strong> la mesure desdéformations dans les 3 dimensionsde l’espace.Figure 4 - Application du Doppler tissulaire pulsé à l’analyse des vélocitéschez des patients porteurs de cardiomyopathie hypertrophique (HC), hypertensive(HT) <strong>et</strong> chez les sportifs de haut niveau (d’après 5). Noter, malgré le seuil à 9 cm/s,un certain degré de chevauchement des points entre les 3 groupes.> Applicationsau cœur de sportifTrois applications cliniques peuventtrouver potentiellement un intérêt dansl’utilisation des techniques de quantificationde la contraction myocardique :● le diagnostic différentiel entre lecœur du sportif <strong>et</strong> la cardiomyopathiehypertrophique (CMH) ;● le diagnostic de cardiomyopathiehypokinétique débutante iatrogène ;● ou encore le syndrome de fatiguemyocardique aigüe.Hypertrophie adaptativephysiologique<strong>et</strong> cardiomyopathiehypertrophiqueC’est dans ce domaine que se r<strong>et</strong>rouvele plus grand nombre d’argumentsscientifiques témoignant de l’apportdes nouvelles techniques échographiques.● Le Doppler tissulaire pulséEn première ligne, le Doppler tissulairepulsé à l’anneau mitral sembleprésenter un pouvoir de discriminationintéressant entre les deux étatsmyocardiques. Dans sa phase systoliqu<strong>et</strong>out d’abord, Vinerreanu <strong>et</strong> al.(5) proposent, après une comparaisonde 30 athlètes <strong>et</strong> 15 patients porteursde CMH, une valeur de vélocitéde l’onde Sa de 9 cm/s comme discriminante,avec des seuils de sensibilité<strong>et</strong> de spécificité de 87 <strong>et</strong> 97 %respectivement (Fig. 4). Dans c<strong>et</strong>teétude, la vélocité à l’anneau est obtenuepar moyennage des mesures depic sur 4 points annulaires (septal,inférieur, antérieur, latéral). L’étudede l’onde protodiastolique Ea peutêtre également exploitée avec un seuilidentique à la valeur Sa. Dans notreexpérience sur des footballeurs professionnels,la CMH est associée à desvaleurs systoliques plus basses quechez le sportif (11,9 ± 2,2 cm/s vs 8,2 ±3,7 cm/s ; p < 0,05), mais avec unelarge dispersion des valeurs chez lesuj<strong>et</strong> pathologique.● Le TM DTI couleurMoins accessible de prime abord,l’évaluation du gradient de vélocitéen TM DTI couleur possède égalementun intérêt en pratique. Basésur les travaux de Palka (6), puis deDerumeaux (7), la présence d’ungradient de vélocité conservé audessusde 7 cm/s est en faveur d’uncœur de sportif sain, alors que dansla CMH, ce gradient sera diminué,voire aboli. En pratique, en raison del’absence de logiciel embarqué surles appareils, ce gradient ne peut êtreévalué que de façon qualitative, enrecherchant un dégradé de couleursen TM DTI en mésosystole ou protodiastole(Fig. 5).● L’analyse des déformationsPlus en vogue dans ce cadre diagnostique,il y a l’analyse des déformations.Les études en strain DTI sonten faveur d’une diminution desvitesses de déformation en présenced’une hypertrophie pathologique,avec des valeurs normales chez lessportifs (8). Cependant, l’exploitationde ces résultats reste délicate en pratique,en raison de la faible reproductibilitéde la technique de strainDTI.● Le 2D strainC<strong>et</strong>te limite a été comblée récemmentpar l’application de la technique de2D strain, plus fiable <strong>et</strong> donc compatibleavec une analyse en routine.Une seule étude publiée à ce jourdécrit la contractilité myocardique<strong>Cardio</strong>&<strong>Sport</strong> • n°1428


chez les sportifs de haut niveau dansun groupe de footballeurs professionnels(9). Comparativement auxsuj<strong>et</strong>s sains sédentaires, le sportifsemble présenter un profil de déformationspécifique, avec une composantelongitudinale significativementabaissée, compensée par une composanteradiale légèrement plushaute. Ces différences paraissent plusmarquées au niveau des segmentsbasaux.Ce phénomène pourrait prendre sourcedans une adaptation de contrainte àune géométrie ventriculaire modifiée(augmentation des diamètres télédiastolique<strong>et</strong> télésystolique). Comparativementaux patients porteurs deCMH dont les valeurs de déformationsont également abaissées en composantelongitudinale, la discriminationpeut être délicate. Il faut alors s’orientervers une approche analytique segmentaire(septum basal) pourlaquelle une valeur de - 13 % estassociée à des valeurs de sensibilité<strong>et</strong> spécificité acceptables. Il faut souligner,malgré tout, un certain degréde limite dans l’utilisation des composantesradiale ou transversale, à cejour moins reproductibles. Il est à soulignerque ces données ne peuventpas être extrapolées à d’autresdomaines sportifs à contraintes différentesqui génèrent une adaptationspécifique.Fatigue myocardique aiguëLe syndrome de fatigue myocardiqueaiguë peut également être évalué paréchocardiographie. Les travaux princepsde Douglas (10) avaient décrit lephénomène d’altération aiguë de lacontractilité survenant dans les suitesd’un épisode sportif violent <strong>et</strong> soutenu.Plus récemment, l’équipe deBoston (11) s’est appuyée sur les techniquesde Doppler tissulaire <strong>et</strong> d’analysedes déformations pour étudierles conséquences cardiaques d’unecourse de marathon sur un collectifFigure 5 - Exemple d’analyse des déformations chez un suj<strong>et</strong> (femme de 28 ansayant réalisé un temps de 4 h 20 min) en pré <strong>et</strong> post-course de marathon,avec l’identification de franche diminution de la contraction longitudinalede - 20 % à - 16 % entre les deux états.Tableau 1 - Valeurs de vélocité en DTI sur le ventricule gauche<strong>et</strong> déformations sur le ventricule droit avant <strong>et</strong> après le marathon.Avant AprèsOnde DTI E’ lateral (cm.s -1 ) 12 ± 2 8 ± 2 < 0,001Onde DTI A’ lateral (cm.s -1 ) 5 ± 1 8 ± 2 < 0,001Onde DTI E’ septal (cm.s -1 ) 10 ± 2 8 ± 2 < 0,001Onde DTI A’ septal (cm.s -1 ) 5 ± 1 8 ± 2 < 0,001Ventricule droit basalVendo (cm.s -1 ) 11 ± 2 9 ± 2 0,007Déformation (strain) (%) 18 ± 7 14 ± 4 < 0,001Strain rate (s -1 ) 1,2 ± 0,4 1,2 ± 0,3 0,25de 20 suj<strong>et</strong>s entraînés. Les auteurs ontclairement identifié une dégradationdes paramètres de contractilité généréepar la course, aussi bien sur laphase diastolique avec la diminutionde la composante Ea à l’anneau, quesur la phase systolique avec réductiondu pourcentage <strong>et</strong> de la vitessede déformation (Tab. 1). Ces anomaliesétaient inversement proportionnellesà l’entraînement effectuédans les semaines précédant lacourse. Enfin, l’atteinte systoliqueventriculaire observée aussi bien surle ventricule gauche que sur le ventriculedroit était réversible aucontrôle à un mois.DopageDans le domaine sensible du dopage,l’échocardiographie semble égalementpouvoir être contributive. Eneff<strong>et</strong>, de récents travaux tendent àdémontrer les eff<strong>et</strong>s directs de la prisede substances illicites sur la contractilitémyocardique. Dans l’étude deNottin <strong>et</strong> al. (12), portant sur 30 suj<strong>et</strong>sdont 15 bodybuilders, 6 d’entre euxétaient consommateurs de stéroïdesanabolisants en chronique. Dans cesous-groupe, les vélocités diastoliquesétaient significativement plusbasses que dans le groupe indemnede toute prise. Ces résultats ont étérécemment confirmés par uneétude italienne (13) appliquant lesMise au point29 <strong>Cardio</strong>&<strong>Sport</strong> • n°14


Mise au pointcelle de la distinction de la myocardiopathiedébutante non iatrogènedans le même groupe de suj<strong>et</strong>s.> En conclusionLes nouvelles techniques de quantificationmyocardique par échocardiographieperm<strong>et</strong>tent une approcheplus poussée de l’exploration ducœur du sportif. Qu’il s’agisse de ladifférenciation avec l’hypertrophiepathologique, de la fatigue myocardiqueaigüe, ou du dopage, les informationsobtenues sont à intégrerdans des algorithmes basés sur plusieursindices, <strong>et</strong> non sur un seulparamètre, en raison des limites inhérentesà chaque approche. ❚MOTS CLÉS<strong>Cardio</strong>myopathie hypertrophique,Cœur du sportif, Contractionmyocardique, Déformations,2D strain, Dopage, Dopplertissulaire pulsé, Mode TMLa consommation de stéroïdesentraînerait des altérations significativesdes vitesses <strong>et</strong> des taux de déformations.techniques de DTI déformation surun groupe plus important de bodybuilders,dont la moitié étaitconsommateurs de stéroïde depuisplus de 5 mois. En focalisant leuranalyse sur la paroi septale, il étaitmis en évidence des altérations significativesdes vitesses <strong>et</strong> des taux dedéformations comparativement auxcontrôles. Ces études ne sont que lesprémices des possibilités d’applicationdes techniques de quantificationde la contractilité myocardique, touten intégrant une des limites qui estBibliographie1. Torrent-Guasp F, Ballester M, BuckbergGD <strong>et</strong> al. Spatial orientation of the ventricularmuscle band: physiologic contributionand surgical implications. J Thorac<strong>Cardio</strong>vasc Surg 2001 ; 122 : 389-92.2. Dumesnil JG, Shoucri RM, Laurenceau JL,Turcot J. A mathematical model of thedynamic geom<strong>et</strong>ry of the intact leftventricle and its application to clinicaldata. Circulation 1979 ; 59 : 1024-34.3. Sengupta PP, Korinek J, Belohlavek M<strong>et</strong> al. Left ventricular structure andfunction: basic science for cardiac imaging.J Am Coll <strong>Cardio</strong>l 2006 ; 48 : 1988-2001.4. Ballo P, Quatrini I, Giacomin E <strong>et</strong> al.Circumferential versus longitudinal systolicfunction in patients with hypertension:a nonlinear relation. J Am SocEchocardiogr 2007 ; 20 : 298-306.5. Vinereanu D, Florescu N, Sculthorpe N<strong>et</strong> al. Differentiation b<strong>et</strong>ween pathologicand physiologic left ventricular hypertrophyby tissue Doppler assessment oflong-axis function in patients withhypertrophic cardiomyopathy or systemichypertension and in athl<strong>et</strong>es. Am J<strong>Cardio</strong>l 2001 ; 88 : 53-8.6. Palka P, Lange A, Fleming AD <strong>et</strong> al.,Differences in myocardial velocity gradientmeasured throughout the cardiaccycle in patients with hypertrophic cardiomyopathy,athl<strong>et</strong>es and patientswith left ventricular hypertrophy due tohypertension. J Am Coll <strong>Cardio</strong>l 1997 ;30 : 760-8.7. Derumeaux G, Douill<strong>et</strong> R, Troniou A <strong>et</strong>al. Distinguishing b<strong>et</strong>ween physiologichypertrophy in athl<strong>et</strong>es and primaryhypertrophic cardiomyopathies. Importanceof tissue color Doppler. Arch MalCœur Vaiss 1999 ; 92 : 201-10.8. Saghir M, Areces M, Makan M. Strainrate imaging differentiates hypertensivecardiac hypertrophy from physiologiccardiac hypertrophy (athl<strong>et</strong>e’s heart). JAm Soc Echocardiogr 2007 ; 20 : 151-7.9. Richand V, Lafitte S, Reant P <strong>et</strong> al. Anultrasound speckle tracking (twodimensionalstrain) analysis of myocardialdeformation in professional soccerplayers compared with healthy subjectsand hypertrophic cardiomyopathy. AmJ <strong>Cardio</strong>l 2007 ; 100 : 128-32.10. Douglas PS, O’Toole ML, Hiller WD <strong>et</strong>al. Cardiac fatigue after prolonged exercise.Circulation 1987 ; 76 : 1206-13.11. Neilan TG, Januzzi JL, Lee-LewandrowskiE <strong>et</strong> al. Myocardial injury andventricular dysfunction related to traininglevels among nonelite participantsin the Boston marathon. Circulation2006 ; 114 : 2325-33.12. Nottin S, Nguyen LD, Terbah M,Obert P. <strong>Cardio</strong>vascular effects of androgenicanabolic steroids in male bodybuildersd<strong>et</strong>ermined by tissue Dopplerimaging. Am J <strong>Cardio</strong>l 2006 ; 97 : 912-5.13. D’Andrea A, Caso P, Salerno G <strong>et</strong> al.Left ventricular early myocardial dysfunctionafter chronic misuse of anabolicandrogenic steroids: a Dopplermyocardial and strain imaging analysis.Br J <strong>Sport</strong>s Med 2007 ; 41 : 149-55.<strong>Cardio</strong>&<strong>Sport</strong> • n°1430


Les troubles conductifsdu sportifComment interpréter, surveiller, voire explorer, les troubles de conduction asymptomatiquesfréquemment rencontrés chez le sportif ?Dr Marc Ferrière (Département de <strong>Cardio</strong>logie, CHU de Montpellier)Le point sur...Selon le consensus de la SociétéEuropéenne de <strong>Cardio</strong>logie,l’ECG de repos fait partie duminimum requis du bilan cardiovasculairede dépistage du sportif de compétition,qu’il soit de haut niveau ounon. On recherche les pathologiesrares mais potentiellement dangereusesque sont la cardiopathie hypertrophique,la maladie arythmogène duventricule droit <strong>et</strong> les canalopathies.La majorité des ECG sont normaux,ou montrent des particularités plusfréquentes chez le sportif très entraîné(cœur d’athlète).> Pauses cardiaquesLes pauses cardiaques (période d’asystolieou de bloc sino-auriculaire) sontdes constatations fréquentes, lors dela période nocturne, sur les Holter de24 heures. Elles ont la même originevagale que la bradycardie sinusale dusportif à laquelle elles sont souventassociées. Elles sont indépendantesde l’existence d’un trouble de conductionatrio-ventriculaire (BAV). Plus fréquenteschez les vétérans, ellesdépassent 3 secondes dans un tiers descas. Elles doivent toujours être asymptomatiques.> Blocsartrio-ventriculairesLes BAV sont aussi plus fréquentschez les sportifs. Ils semblent liés àune susceptibilité individuelle <strong>et</strong>dépendre d’une sensibilité du nœudAV indépendante de celle du nœudsinusal aux influences du systèmenerveux autonome. Ainsi, l’espace PRest, en règle générale, allongé chez lesportif <strong>et</strong> sans relation avec une éventuellebradycardie. Le BAV de premierdegré, 5 à 10 fois plus fréquent quedans la population sédentaire, est rencontré3 fois plus souvent chez lesportif que chez la sportive. Non évolutifdans le temps si l’activité physiquepersiste, il disparaît après arrêtde l’entraînement. Il n’est pas plus fréquentchez le vétéran.Si des BAV de second degré avecpériode Luciani-Wenckebach peuventaussi être observés, les BAV de plushaut grade sont beaucoup plus rares<strong>et</strong> doivent faire rechercher une pathologiesous-jacente avant d’affirmerleur caractère fonctionnel.Chez les sportifs asymptomatiques, lepronostic à long terme de ces troublesde conduction est bon, même si l’activitésportive est poursuivie au mêmeniveau. Chez des suj<strong>et</strong>s symptomatiques,au repos ou à l’effort, la diminutionde l’entraînement, qui doittoujours être proposée en premièreintention, peut être insuffisante <strong>et</strong>une stimulation définitive peut êtrenécessaire.> Troubles de conductionpariétauxTroubles intra-atriauxL’élargissement de l’onde P est beaucoupplus fréquent que chez le sédentaire.Défini comme une hypertrophieauriculaire électrique, il est sans rapport,cependant, avec le diamètreéchographique. Il n’a pas de significationpathologique.Une origine extrasinusale du pacemakerauriculaire, sans caractèrepathologique, est aussi fréquente. Engénéral, l’influx naît dans l’oreill<strong>et</strong>tedroite. Le wandering pace maker estplus rare que le BAV du premier degré.Bloc incompl<strong>et</strong> droitD’autant plus fréquent que le rythmecardiaque est lent, il est considérécomme une variante de la normale.Comme chez le sédentaire, il est deuxfois plus fréquent chez l’homme. Présentchez au moins 15 % des sportifs<strong>et</strong> 30 % des endurants, sa fréquencen’augmente pas avec l’âge, mais avecl’ancienn<strong>et</strong>é de l’entraînement. Saphysiopathologie est mal expliquéemais il semble associé à une hypertrophieventriculaire droite. Il n’évoluepas dans le temps.Bloc compl<strong>et</strong> droitRare, ce n’est pas un signe du cœur d’athlète.Il peut masquer l’hypertrophieadaptative du sportif en diminuant31<strong>Cardio</strong>&<strong>Sport</strong> • n°14


Le point sur...Elargissementde l'onde P(D2, VF, V2-3)chez un sportifprofessionnelde 32 ans.ischémie au niveau de la microcirculation.Si le bilan cardiovasculaireexhaustif est normal, la pratique sportivesous surveillance annuelle peutêtre autorisée.> En conclusionLes particularités de la conduction ducœur d’athlète ne doivent être nisous-estimées, ni surestimées. Ellesne se conçoivent que chez des suj<strong>et</strong>sasymptomatiques. Elles ne s’observentqu’en cas de haut niveau d’entraînement<strong>et</strong> plus souvent chez lesendurants. Leur découverte chez unefemme doit un peu plus alerter. L’analyse<strong>et</strong> la comparaison d’ECG successifssont le gage de l’utilité de c<strong>et</strong>examen basique de dépistage. ❚“naturellement” le voltage des QRS <strong>et</strong>rendant donc les critères de Cornell <strong>et</strong>Sokolow moins sensibles. Il est associéà une hypertrophie ventriculaire droite.Il peut, parfois, poser, dans c<strong>et</strong>te population,des problèmes diagnostiques avecla dysplasie ventriculaire droite arythmogène<strong>et</strong> le syndrome de Brugada.Bloc compl<strong>et</strong> gaucheExceptionnel au repos, il doit fairerechercher systématiquement unecardiopathie qui, dans 70 % des cas,sera une coronaropathie.Déviations axialesObservées dans 5 % des cas <strong>et</strong> plussouvent chez les hommes <strong>et</strong> les sportifsvétérans, les déviations axialesgauche (≥ - 30°) ou droite (> 110°), nefont pas partie des signes ECG ducœur d’athlète <strong>et</strong> doivent conduire àun bilan approfondi.Troubles de conductionpariétaux à l'effortIls sont toujours évocateurs de pathologiecardiaque, notamment coronarienne.Le bloc gauche d’effort peut êtredouloureux lors de son installation,même sans lésion coronaire significative.Son incidence est de0,17 à 0,5 % des épreuves d'effort toutvenant (10 000 BBG d'effort annuelsaux USA !), y compris chez le sportif.Des anomalies associées à la scintigraphiefont parfois évoquer uneBibliographie1. Pelliccia A, Maron BJ, Di Paolo FM <strong>et</strong> al.Prevalence and clinical significance ofleft atrial remodelling in comp<strong>et</strong>itive athl<strong>et</strong>es.J Am Coll <strong>Cardio</strong>l 2005 ; 46 : 690-6.2. Schuchert A, Wagner SM, Frost G,Meinertz T. Moderate exercise inducesdifferent autonomic modulations of sinusand AV node. Pacing Clin Electrophysiol2005 ; 28 : 196-9.3. Pelliccia A, Maron BJ, Culasso F <strong>et</strong> al.Clinical significance of abnormal electrocardiographicpatterns in trainedathl<strong>et</strong>es. Circulation 2000 ; 102 : 278-84.4. Fuller CM, McNulty CM, Spring DA <strong>et</strong>al. Prospective screeninig of 5,615 highschool athl<strong>et</strong>es for risk of sudden cardiacdeath. Med Sci <strong>Sport</strong>s Exerc 1997 ; 29 :1131-8.5. Scott AS, Eberhard A, Ofir D <strong>et</strong> al.Enhanced cardiac vagal efferent activitydoes not explain training-induced bradycardia.Auton Neurosci 2004 ; 112 : 60-8.6. Sharma S, Whyte G, Elliott P <strong>et</strong> al.MOTS CLÉSBloc atrio-ventriculaire,Bloc incompl<strong>et</strong>, Bloc compl<strong>et</strong>,Déviation axiale,Pauses cardiaques,<strong>Sport</strong>if, Trouble intra-atrialElectrocardiographic changes in 1 000highly trained junior elite athl<strong>et</strong>es. Br J<strong>Sport</strong>s Med 1999 ; 33 : 319-24.7. Langdeau JB, Blier L, Turcotte H <strong>et</strong> al.Electrocardiographic findings in athl<strong>et</strong>es:the prevalence of left ventricular hypertrophyand conduction defects. Can J<strong>Cardio</strong>l 2001 ; 17 : 655-9.8. Stein R, Medeiros CM, Rosito GA <strong>et</strong> al.Intrinsic sinus and atrioventricular nodeelectrophysiologic adaptations in enduranceathl<strong>et</strong>es. J Am Coll <strong>Cardio</strong>l 2002 ;39 : 1033-8.9. Hood S, Northcote RJ. Cardiac assessmentof v<strong>et</strong>eran endurance athl<strong>et</strong>es: a12 year follow up study. Br J <strong>Sport</strong>s Med1999 ; 33 : 239-43.10. Chan PG, Logue M, Kliegfield P. Effectof right bundle branch block on electrocardiographicamplitudes, including combinedvoltage criteria used for thed<strong>et</strong>ection of left ventricular hypertrophy.Ann Noninvasive Electrocardiol 2006 ; 11 :230-6.<strong>Cardio</strong>&<strong>Sport</strong> • n°14 32


Hypertension artérielle<strong>et</strong> force athlétiqueMonsieur X. P. consulte pour obtenir un certificat de non contre-indication à la pratiquesportive afin de participer à une compétition internationale de force athlétique. Celui-cilui a été refusé 6 mois plus tôt, en raison de son hypertension, pour une compétitionnationale, sans bilan complémentaire.Dr Jean-Michel Guy (Centre de Médecine du <strong>Sport</strong>, CHPL, Saint-Etienne)Cas clinique> HistoriqueMonsieur X. P., âgé de 75 ans, pesant83 kg <strong>et</strong> mesurant 1,72 m, est hypertendudepuis 2005, avec des valeursinitiales à 160 mmHg pour la pressionartérielle (PA) systolique <strong>et</strong> 100 mmHgpour la PA diastolique. Il est traité avecun antagoniste des récepteurs à l’angiotensine<strong>et</strong> par une statine pour unehypercholestérolémie.Sur le plan sportif, depuis l’âge de 50 ans,il effectue environ 4 séances (60 à90 minutes) par semaine de musculation.Il concourt depuis 2003 uniquementdans la catégorie “développé-couché” oubench press. Il est devenu champion deFrance dans sa catégorie master en 2006,en soulevant 87 kilos.Sur le plan médical, il n’a jamais eude symptômes cliniques, <strong>et</strong> est suivirégulièrement par son médecin traitantqui l’accompagne parfois poursurveiller la PA lors de l’entraînement.> Examen cliniqueL’examen clinique ne montre pasd’anomalie à l’auscultation cardiaqueou à l’auscultation pulmonaire, ni desouffle vasculaire :● tension artérielle : 150/80 mmHg ;● électrocardiogramme : rythme sinusalà 75 par minute, bloc de branchegauche incompl<strong>et</strong>.> ExamenscomplémentairesBilan biologiqueLe bilan biologique ne montre pas decomplications rénales <strong>et</strong> le fond d’œileffectué en 2006 était normal. Le bilanlipidique est normalisé sous statine(LDL-cholestérol : 1,2 g/l).Echographie cardiaqueL’échographie cardiaque révèle :● une absence d’hypertrophie ventriculairegauche (parois à 11 mm) ;● une absence de dilatation du ventriculegauche à 51 mm <strong>et</strong> 37 mm ensystole, avec une fraction de raccourcissementà 28 % ;● un Doppler mitral normal ;● une absence de valvulopathie aortique.Test d’effortLe test d’effort réalisé sous traitementantihypertenseur jusqu’à épuisementl’amène à une fréquence cardiaquede 165 battements par minute pourune puissance de 140 watts (lactate :13 mmol/l) <strong>et</strong> montre une absencede sous-décalage du segment ST,quelques extrasystoles monomorphesisolées en début d’exercice, mais disparaissantdurant l’effort.Le profil tensionnel à l’effort est le suivant: tension artérielle de repos à150/80 mmHg montant à l’acmé del’effort à 210/80 mmHg , puis en récupérationà 6 minutes à 160/70 mmHg <strong>et</strong>à 20 minutes de l’effort à 150/60 mmHg.Doit-on refuser à nouveau le certificatde non contre-indication ?> CommentairesLes recommandations européennesconcernant le contenu du bilan àeffectuer chez un hypertendu qui veutfaire du sport en compétition ou deloisir ont été publiées. Il est nécessairede rappeler que, pour la compétition,l’électrocardiogramme de repos,l’épreuve d’effort <strong>et</strong> l’échographi<strong>et</strong>ransthoracique doivent être répétésannuellement (Tab. 1). Le résultat deces examens perm<strong>et</strong> également d’apprécierle risque cardiovasculaire globaldu sportif, surtout à c<strong>et</strong> âge.Monsieur X. P. présente une HTA biencontrôlée par un traitement médical,avec un risque cardiovasculairemoyen (grade I, groupe B) (Tab. 2).Le risque cardiovasculaire de cepatient de 75 ans hypertendu est plutôtlié à une maladie coronariennepotentielle.En dehors du risque coronarien, quinous semble avoir été en grande partieéliminé par une épreuve d’effortmaximale négative, la survenue33<strong>Cardio</strong>&<strong>Sport</strong> • n°14


Cas cliniqued’accident, en particulier vasculaire,lors de la pratique de l’haltérophilieou de la musculation par un hypertendu,est peu documentée.Bien sûr, on sait que lorsque les effortsdépassent 50 % de la force maximalevolontaire (FMV), les pressions artériellessystolique <strong>et</strong> diastolique augmententbeaucoup, surtout si d’importantesmasses musculaires sontmises en jeu. L’hyperpression intrathoraciqueinduite par la manœuvrede Valsalva (lors de la poussée <strong>et</strong> dumaintien de la charge) se transm<strong>et</strong> àl’arbre artériel, mais entraîne égalementune élévation des pressionsextravasculaires minimisant probablementle risque de rupture vasculairequi dépend des variations depression transmurale.L’adaptation tensionnelle enregistréelors du test d’effort cardiologique estsatisfaisante, mais ne peut pas être transposéeà celle du sport pratiqué. Pourc<strong>et</strong>te raison, un contrôle est effectuépar le médecin traitant lors de séancesd’entraînement <strong>et</strong> ne relève pas de poussées(190/100 mmHg), ni de chutes brutalestransitoires post-effort pour lescharges ne dépassant pas 70 kg.Par ailleurs, les recommandations européennesconcernant la pratique sportivede compétition chez l’hypertenduproposent de restreindre de façon relativeles sportifs lorsque le risque estmodéré, sauf pour les sports de type IIIC(classification de Mitchell)… Or, l’haltérophilieest de type IIIA (composantestatique > 50 % FMV <strong>et</strong> dynamique àmoins de 40 % de la VO 2 max).En somme, il s’agit d’un hypertendu àrisque cardiovasculaire moyen <strong>et</strong> qui,grâce à la pratique d’un sport, trouve lemoyen de vieillir avec une qualité de vieinégalable. Egalement compétiteur, il saitqu’il peut devenir champion d’Europe !Tous les examens sont rassurants,l’autorisation de participer à la compétitionlui est donnée… Il devient championd’Europe en juin 2007 en soulevant97,5 kg (échec à 100 kg).Tableau 1 - Contenu <strong>et</strong> périodicité du bilan chez l’hypertendu sportif.ECG EE ETT SurveillanceCompétition Oui Oui Oui AnnuelleLoisir > 60 % VO 2 max Oui Oui Oui Annuelle40-60 % VO 2 maxHTA risque léger ou modéré Oui Non Non AnnuelleHTA à haut risque Oui Oui Oui Annuelle< 40 % VO 2 max Oui Non Non AnnuelleSi symptômes Oui Oui Oui AdaptéeTableau 2 - Risque cardiovasculaire de l’hypertendu.Grade I Grade II Grade IIIAutres facteurs de risque HTA légère HTA modérée HTA sévère<strong>et</strong> histoire de la maladie Systolique : Systolique : Systolique :140-159 mmHg 160-179 mmHg > 180 mmHgDiastolique : Diastolique : Diastolique :90-99 mmHg 100-109 mmHg > 110 mmHgGroupe A : Risque faible Risque moyen Risque élevéPas d’autre facteur de risqueGroupe B : Risque moyen Risque moyen Risque élevé1-2 facteurs de risqueGroupe C : Risque élevé Risque élevé Risque élevé3 facteurs de risque ou plus,ou atteinte organe cible,ou diabète> En conclusionL’hypertension artérielle n’est pas unecontre-indication formelle <strong>et</strong> systématiqueà la compétition sportive,même pour des efforts statiques. Lesrecommandations éditées récemmentsont là pour nous guider…autant les utiliser ! ❚Pour en savoir plus...1. Fagard RH, Björnstad HH, Borjesson M<strong>et</strong> al ESC study group of sports cardiologyrecommendations for participationin leisure-time physical activities andcomp<strong>et</strong>itive sports for patients withhypertension. Eur J <strong>Cardio</strong>vasc PrevRehabil 2005 ; 12 : 326-31.2. Pellicia A, Fagard RH, Björnstad HH <strong>et</strong>al Recommendations for comp<strong>et</strong>itiveMOTS CLÉSCertificat de noncontre-indication,Hypertension,Hypercholestérolémie,Recommandations,Risque cardiovasculairesports participation in athl<strong>et</strong>es with cardiovasculardiseases: a consensus documentfrom the study group of sportscardiology of the working group of cardiacrehabilitation and excercise physiologyand the working group ofmyocardial and pericardial diseases ofthe European Soci<strong>et</strong>y of cardiology. EurHeart J 2005 ; 26 : 1422-45.<strong>Cardio</strong>&<strong>Sport</strong> • n°14 34


Libres proposen direct de l'ESCLe congrès de l'ESC (European Soci<strong>et</strong>y of <strong>Cardio</strong>logy), qui s'est tenu à Vienne du 1 er au5 septembre 2007, a été remarquable par le nombre de participants actifs (plus de22 000 !), <strong>et</strong> la qualité des communications <strong>et</strong> des mises au point. Nous avons j<strong>et</strong>é unregard particulier de cardiologue intéressé au sport <strong>et</strong> à la prévention cardiovasculaire surc<strong>et</strong>te réunion scientifique.Dr Marc Ferrière (Département de <strong>Cardio</strong>logie, CHU de Montpellier)CongrèsLe congrès de l’ESC s’est tenu à Vienne du 1 er au 5 septembre 2007.un constat alarmant: bien que mieuxD’emblée,reconnus <strong>et</strong> mieux traités,les hypertendus ne sont pas pluséquilibrés. On n'a jamais autant parlédiététique <strong>et</strong>, pourtant, la populationd'obèses <strong>et</strong> de diabétiques augment<strong>et</strong>rès vite. Quant à l'activité physique,elle n'est pas bien comprise par cespopulations.Trois aspects de ce congrès ont r<strong>et</strong>enunotre attention.> Le psychiqueL’ESC, c'est le sacrifice d'un week-end,la participation journalière à un choixde sessions ininterrompues de 8 h 30 à18 h (voire 20 h), soit 50 heures d'activitéintellectuelle. Avec toujours c<strong>et</strong>tequestion lancinante : « est-ce quec'était mieux dans la salle d'à côté car,dans celle-là, je savais tout <strong>et</strong> dans celled'avant, je n'ai rien compris. » Le cardiologuede terrain se pose des questionsexistentielles quand il apprendque pour pouvoir éviter un accidentcardiaque chez un dabétique, il fauttraiter 80 patients pendant 5 ans à2 euros par jour, en plus des 4 euros debase. Mais il ne saura pas qui est cepatient sauvé ; le sien, celui du confrèrevoisin ou un plombier polonais ? Alorsqu'il existe des appareils qui, pour unprix voisin, vous sauvent un patientconnu, identifié, en le choquant.Patient souvent arrivé à ce stade sévèrecar il n'a respecté aucun des préceptes35<strong>Cardio</strong>&<strong>Sport</strong> • n°14


Congrèsd'hygiène de vie que vous avez eu tantde mal à expliquer, sans toujoursconvaincre, au premier groupe.> L'hygiène de vieElle repose sur une bonne activité physique<strong>et</strong> une alimentation équilibrée.La cardiologie du sport <strong>et</strong> l'activitéphysique ont été abordées pendant17 heures 40, grâce à 10 sessions de1 heure 30 à 2 heures <strong>et</strong> à 76 postersaffichés ou commentés. Pour limiterles méfaits de la position assise prolongée(50 heures !), les organisateursont étalé le congrès sur une grandesurface. Ceci impose une activité d’endurance« dure » pour passer rapidementd’une salle à l’autre. Ainsi, lecongressiste moyen parcourra 12 000 pas(témoignage du podomètre espion utilisépar un cardiologue inqui<strong>et</strong> de lasanté de ses confrères) par jour. Le travailde résistance n’est pas oubliépuisque la visite des stands, outre unestimulation intellectuelle par des« quizz », augmente régulièrement lepoids de la sacoche du congressiste debrochures, mais aussi de gadg<strong>et</strong>s dedensité n<strong>et</strong>tement plus importante.Une bonne préparation physique estdonc souhaitable. Sur le plan alimentaire,des progrès sont notés. Ainsi, unerestriction calorique globale n<strong>et</strong>te estobservée sur les stands qui, de plus,proposent de p<strong>et</strong>ites tables rondesavec peu de sièges, limitant dramatiquementle risque de séjour prolongé.Cependant, bien que l'espace soit sanstabac <strong>et</strong> sans alcool, des progrès restentà faire vis-à-vis de l’incitation augrignotage permanent <strong>et</strong> de laconsommation de sodas sucrés. Autotal, en 5 jours : perte de 1 kg sansdéconditionnement (fréquence cardiaqueinchangée).> Un congrès équitableEnfin, nous avons eu la sensation trèsforte d'un congrès qui tend à deveniréquitable. En eff<strong>et</strong>, les nombreux gadg<strong>et</strong>sach<strong>et</strong>és par l’industrie pharmaceutiqueaux pays économiquementpeu développés r<strong>et</strong>ournent, pour unegrande part, vers leur pays d’originegrâce aux congressistes qui les ont récupérésaprès une dépense physique salutaire.Ceci témoigne aussi de l'ouvertureextra-européenne de ce congrès.> Des améliorationspossiblesCes constatations nous poussent àsuggérer des amélioratons pour l’ESCde Munich (1 au 4 septembre 2008).● M<strong>et</strong>tre les arrêts de bus <strong>et</strong> stations demétro à au moins 300 mde l'entrée du palaisdes congrès. Un efforta été perçu à Vienne,mais renseignementpris, il s'agissaitd'un eff<strong>et</strong> collatéraldu r<strong>et</strong>ard de laconstruction de lastation de métrodesservant le stadepour la future couped'Europe de footballUne amélioration possible:prévoir un espace de relaxation.(quel paradoxe, on fait des travauxcolossaux pour perm<strong>et</strong>tre à 100 000 personnesde ne pas faire d'effort physiquepour aller voir 22 personnesappliquer les recommandations desanté !).● Alourdir les gadg<strong>et</strong>s <strong>et</strong>, surtout,plomber les CD <strong>et</strong> les DVD qui onttendance à remplacer les lourdespublications.● Ajouter un peu de vin sur les standsavec un quota de 1 verre par demijournée, supprimer toute possibilitéde collation (grignotage), en dehorsd'horaires définis.● Installer, dans les salles des posters,une salle de sport équipée de bicycl<strong>et</strong>tes<strong>et</strong> tapis roulant qui ne doiventpas être réservés aux seuls mannequinsinvités par les fabricants dematériel.● Prévoir un espace de relaxation avecun séjour obligatoire minimum de15 minutes par jour, espace doubléde 13 h 30 à 14 h 30 pour les adeptesde la sieste.● Attribuer des points d'EPP en proportionde la réalisation de ce programme.● Rendre le congrès encore plus équitableen réservant les gadg<strong>et</strong>s <strong>et</strong> autresaides à l'activité cardiologique auxseuls ressortissants des pays où ils ontété fabriqués.● A l'ESC de Vienne, il y avait 22 000 cardiologuesactifs, soit 40 % des cardiologueseuropéens, chiffre proche dunombre d'hypertendus équilibrés.Souhaitons que Munich fasse mieuxencore <strong>et</strong> qu'au moins 5 jours par an,tous les cardiologues européens donnentl'exemple. ❚MOTS CLÉSActivité physique,Congrès équitable,HTA, Hygiène de vie,Prévention<strong>Cardio</strong>&<strong>Sport</strong> • n°14 36


Les limitesdu défibrillateur semi-automatiqueDrezner JA, Rogers KJ. Sudden cardiac arrest in intercollegiate athl<strong>et</strong>es: d<strong>et</strong>ailed analysis and outcomesof resuscitation in nine cases. J Heart Rhythm 2006 ; 3 : 755-9.Analyse d’articleLe bénéfice du défibrillateur semi-automatique, dans le contexte particulier de la mortsubite à l’effort de suj<strong>et</strong>s jeunes, n’est pas connu. L’article analysé ici apporte quelqueséléments de réflexion.Dr Stéphane Doutreleau (Service de Physiologie <strong>et</strong> d’Explorations Fonctionnelles,Pr B. Geny, CHU de Strasbourg)aisé à un défibrillateursemi-automatique (DSA) dansL’accèsles lieux publics a montré unbénéfice indiscutable avec une n<strong>et</strong>tediminution de la mortalité pré-hospitalièreaprès arrêt cardiorespiratoire(ACR) (1). La mort subite du sportifétant, dans la grande majorité descas, d’origine cardiovasculaire partroubles du rythme ventriculaire, lessociétés américaine de cardiologie <strong>et</strong>de médecine du sport encouragentlogiquement, depuis quelques années,la mise à disposition de DSA dans lessalles de sport (2).> Les donnéesde l’articleIl s’agit d’une étude rétrospective(1999-2005) sur 9 cas recensés demort subite à l’effort chez des jeunessportifs (âge moyen : 21 ans). L’évaluationde la prise en charge était réaliséepar interrogatoire de l’entraîneur,directement impliqué dans tous lescas (questionnaire <strong>et</strong> contact téléphonique).Il s’agissait de 5 sportifsnoirs américains <strong>et</strong> de 4 caucasiens.Les sports impliqués étaient le bask<strong>et</strong>(n = 4), le football (n = 2), le “lacrosse”(n = 2) <strong>et</strong> la natation (n = 1).> Circonstancesde survenueLa mort subite est survenue à l’exercice(après 45 minutes en moyenne),lors de l’entraînement ou d’un matchpour 8 d’entre eux, <strong>et</strong> lors d’uneséance de musculation pour le dernier.L’intensité de l’exercice était évaluée(par l’entraîneur), le plus souventcomme modérée (n = 7) ou légère(n = 1) mais, dans un cas, il s’agissaitd’un exercice intense. La cause de lamort subite (interrogatoire de l’entourage<strong>et</strong> autopsie) était :● une cardiomyopathie hypertrophiquedans 5 cas ;● un commotio cordis dans 2 cas ;● un infarctus du myocarde dans 1 cas ;● une cause reste incertaine (hypertendutraité par inhibiteur d’enzymede conversion).> Manœuvresde réanimationLes manœuvres de réanimation ontété immédiates, c’est-à-dire :● dans les 30 secondes chez 6 athlètes ;● dans la minute chez 2 athlètes ;● <strong>et</strong>, malheureusement, après 8 minuteschez le dernier.Le service médical d’urgence (SMU)n’était sur place au moment de l’accidentque dans un cas, mais présenten cours de réanimation dans tous lescas, après un délai en moyenne de7 minutes.> Utilisation du DSADans 5 cas, un DSA a été utilisé parquelqu’un de formé avant l’arrivée dessecours, <strong>et</strong> dans 4 cas par le SMU.L’analyse a posteriori de la mémoire duDSA révélait des troubles du rythmeventriculaire chez 7 athlètes, un rythmeidioventriculaire chez 1 athlète <strong>et</strong> uneanalyse inconnue chez le dernier.Un choc a donc été délivré dans les7 premiers cas après, en moyenne,3,1 minutes. Le délai était bien sûrplus court, 1,6 minutes en moyenne,lorsque le DSA était immédiatementutilisé (4 chocs délivrés sur les 5 athlètes).Après la délivrance du choc, l’analyseautomatique du tracé n’a étéidentifiable que dans 3 cas : 1 r<strong>et</strong>our enrythme sinusal <strong>et</strong> 2 asystolies. Dans 4 cas,des chocs multiples ont été délivrés.Au final, 8 athlètes sur 9 sont décédés.Le survivant (sans séquelle après3 semaines <strong>et</strong> demi de coma) est celuipour lequel aucune cause décelable,a posteriori, n’a été r<strong>et</strong>rouvée. Il est37<strong>Cardio</strong>&<strong>Sport</strong> • n°14


Analyse d’articlemaintenant porteur d’un défibrillateurautomatique implanté.> DiscussionC<strong>et</strong>te étude rapporte les résultats del’utilisation du DSA dans le cadre particulierde la mort subite de suj<strong>et</strong>sjeunes survenant pendant une activitésportive. Même si elle ne rem<strong>et</strong>pas en cause l’intérêt du DSA <strong>et</strong> de ladéfibrillation précoce, elle interrogequand même sur la prise en chargede l’ACR sur le terrain de sport.La physiopathologie de l’ACR comporte3 phases (9) :1. une phase dite “électrique” dudébut de l’événement à la 4 e minuteenviron ;2. une phase “circulatoire” de la 4 e àla 10 e minute ;3. une phase “métabolique” au-delàde la 10 e minute.La défibrillation est optimale dans lapremière phase. Au-delà de la 4 e ou5 e minute, il est actuellement recommandéde réaliser une courte périodede massage cardiaque externe efficacependant 1 à 2 minutes pour optimiserla perfusion myocardique <strong>et</strong>cérébrale avant d’utiliser le défibrillateur.L’efficacité du choc électriquesemble alors être meilleure dans desétudes animales (8, 11), mais aussichez l’homme (4, 10). Dans tous lescas, la défibrillation doit être immédiatementsuivie de manœuvres deréanimation. Dans c<strong>et</strong>te étude, laprise en charge semble avoir été optimale,puisque le délai entre l’ACR <strong>et</strong>la délivrance d’un choc électriquen’était que de 3 minutes environ.L’échec de la défibrillation précoceimplique que, dans ce contexte,d’autres facteurs peuvent interférer.Pour expliquer le faible taux de réussite,différentes hypothèses peuventêtre proposées :● la rar<strong>et</strong>é de l’événement : l’arrêtcardiaque du sportif, heureusementrare, reste un événement auquel on adu mal à croire <strong>et</strong> même les secouristesformés semblent m<strong>et</strong>tre plus d<strong>et</strong>emps à réagir dans ce contexte particulier(5), ce qui ne semble cependantpas être le cas d ans c<strong>et</strong>te étude ;● l’existence d’une cardiopathie (icisurtout des CMH) ; la présenced’anomalies du myocarde est un facteurde mauvais pronostic ; la défibrillationprécoce semble ainsibeaucoup plus efficace en cas decommotio cordis (46 % dans la sériede Maron) (7) ou de QT long (3) ;● la durée <strong>et</strong> l’intensité de l’exercicequi ont précédé l’ACR avec uneconcentration plasmatique en catécholaminesélevée, une acidose métabolique,une hypoxémie tissulaire <strong>et</strong>,sur le plan hémodynamique, desrésistances vasculaires initialementbasses, une hypovolémie plus oumoins importante (déshydratation),tous ces facteurs contribuant à unmauvais “rendement” des manœuvresde réanimation cardiorespiratoire.La prise en charge plus spécialisée, parles services de secours, devrait donctenir compte de ce contexte particulier<strong>et</strong> quelques règles sont connues :● oxygénation la plus précoce possible ;● pas de dose importante d’adrénalineinitialement ;● remplissage vasculaire systématique ;● éviter l’utilisation de sérum glucoséqui peut aggraver l’acidose métabolique.Bibliographie1. Guidelines 2000 for <strong>Cardio</strong>pulmonaryResuscitation and Emergency <strong>Cardio</strong>-vascularCare (Part 4). Circulation 2000 ;102 : I60-76.2. American College of <strong>Sport</strong>s Medicine andAmerican Heart Association. Med Sci <strong>Sport</strong>sExerc 2002 ; 34 : 561-4.3. Berger S, Utech L, Hazinski MF. Pediatr ClinNorth Am 2004 ; 51 : 1463-78.4. Cobb LA <strong>et</strong> al. Jama 1999 ; 281 : 1182-8.5. Drezner JA <strong>et</strong> al. Clin J <strong>Sport</strong> Med 2007 ;> ConclusionSans rem<strong>et</strong>tre en cause l’intérêt <strong>et</strong> l’apportdu DSA dans la prise en charge de lamort subite du sportif survenue au coursde l’effort, c<strong>et</strong> article nous rappelle quec’est une mesure peu efficace lorsqu’elleest isolée. Dans les recommandationsaméricaines récentes sur la prise encharge de l’ACR dans ce contexte particulier(5), la défibrillation précoce estmise en avant, au même titre que lareconnaissance rapide de l’ACR <strong>et</strong> de lamise en œuvre immédiate du massagecardiaque externe, qui ne doit être interrompuque brièvement pour la défibrillation<strong>et</strong> repris immédiatement après.C<strong>et</strong> article nous rappelle aussi combienil est important de dépister lessuj<strong>et</strong>s à risque de mort subite par uninterrogatoire, un examen physique<strong>et</strong>, selon les recommandations européennes,un ECG de repos avant lasignature d’un certificat de non contreindicationà la pratique sportive.Enfin, si l’on ne peut qu’encouragerla mise en place de défibrillateursaccessibles pour les sportifs <strong>et</strong> pour lepublic sur les terrains de sport, elle nedoit pas nous rassurer outre mesure<strong>et</strong> ne doit pas constituer un laissezpasserpour la pratique du sport dessuj<strong>et</strong>s à risque. ❚MOTS CLÉSEntraînement, Mort subite,Troubles du rythme ventriculaire17 : 87-103.6. Drezner JA, Rogers KJ. Heart Rhythm 2006;3 : 755-9.7. Maron BJ <strong>et</strong> al. JAMA 2002 ; 287 : 142-6.8. Niemann JT <strong>et</strong> al. Circulation 1992 ; 85 : 281-7.9. Weisfeldt ML, Becker LB. JAMA 2002 ; 288 :3035-8.10. Wik LT <strong>et</strong> al. JAMA 2003 ; 289 : 1389-95.11. Yakaitis RW <strong>et</strong> al. Crit Care Med 1980 ; 8 :157-63.<strong>Cardio</strong>&<strong>Sport</strong> • n°14 38

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