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La nécrose colique due au polystyrène de sodium

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<strong>La</strong> <strong>nécrose</strong> <strong>colique</strong> <strong>due</strong> <strong>au</strong> <strong>polystyrène</strong> <strong>de</strong> <strong>sodium</strong><br />

(Kayexalate) chez le dialysé: mythe ou réalité<br />

A propos <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux observations<br />

R. Montagnac 1 , S. Méh<strong>au</strong>t 2 , D. Blaison 3 et F. Schillinger 1<br />

1 Services <strong>de</strong> néphrologie-hémodialyse; 2 d’anatomie pathologique et 3 <strong>de</strong> gastro-entérologie, Centre hospitalier <strong>de</strong> Troyes<br />

Résumé • Summary<br />

Parmi les complications digestives observées chez les urémiques<br />

et les transplantés rén<strong>au</strong>x, la <strong>nécrose</strong> intestinale survenant<br />

sous association Kayexalate-sorbitol ne serait pas exceptionnelle<br />

pour les <strong>au</strong>teurs anglo-saxons. Cette lésion iatrogène<br />

est vraisemblablement sous-estimée <strong>de</strong>s cliniciens et <strong>de</strong>s pathologistes,<br />

et en France, ni la littérature ni la pharmacovigilance<br />

n’en font mention, cette association médicamenteuse étant<br />

cependant déconseillée dans le dictionnaire Vidal.<br />

Il nous a donc semblé opportun <strong>de</strong> rapporter <strong>de</strong>ux observations<br />

ayant fait discuter le diagnostic puis, nous appuyant sur les<br />

données <strong>de</strong> la littérature, d’appréhen<strong>de</strong>r les circonstances et hypothèses<br />

<strong>de</strong> survenue puis <strong>de</strong> proposer certains conseils préventifs.<br />

Mots-clés: Insuffisance rénale – Sulfonate <strong>de</strong> <strong>polystyrène</strong> sodique<br />

(Kayexalate) – Sorbitol/lactulose – Nécrose <strong>colique</strong>.<br />

Among gastro-intestinal complications reported in uremic or<br />

transplanted patients, colonic necrosis <strong>due</strong> to Kayexalate and sorbitol<br />

is not so unusual for english <strong>au</strong>thors. This iatrogenic event is<br />

probably un<strong>de</strong>restimated by physicians and pathologists. In<br />

France, neither literature nor pharmacovigilance refer this complication<br />

but Vidal dictionnary advises against such association.<br />

We thought of interest to report 2 representative observations<br />

and, after reviewing literature, to discuss diagnostics circumstances<br />

and etiopathogenic hypothesis and then to give some<br />

advices.<br />

Key words: Renal failure – Sodium polystyrene sulfonate (Kayexalate)<br />

– Sorbitol/lactulose – Intestinal necrosis.<br />

■ Introduction<br />

Chez les insuffisants rén<strong>au</strong>x aigus, chroniques et transplantés,<br />

quelques publications anglo-saxonnes font état <strong>de</strong> la survenue<br />

d’une <strong>nécrose</strong> intestinale après l’administration rectale et/ou<br />

orale d’un mélange <strong>de</strong> sulfonate <strong>de</strong> <strong>polystyrène</strong> sodique (Kayexalate)<br />

et <strong>de</strong> sorbitol.<br />

Nous rapportons <strong>de</strong>ux observations semblables chez <strong>de</strong>ux<br />

hémodialysées ayant pris du Kayexalate mais associé à du lactulose<br />

et non à du sorbitol.<br />

■ Observations<br />

Cas n° 1 : Mme M. est âgée <strong>de</strong> 63 ans lorsqu’elle est traitée,<br />

en mai 1981, par hémodialyse pour une insuffisance rénale terminale<br />

sur polykystose hépato-rénale. Les faits marquants ayant<br />

émaillé l’évolution sont <strong>de</strong>s septicémies itératives à colibacilles, à<br />

point <strong>de</strong> départ rénal, motivant une néphrectomie bilatérale en<br />

un temps, une parathyroï<strong>de</strong>ctomie pour hyperparathyroïdisme<br />

secondaire, une hépatite C et <strong>de</strong>s complications vasculaires diffuses<br />

(hypertension artérielle ancienne; acci<strong>de</strong>nt vasculaire cérébral<br />

ischémique et artérite sévère <strong>de</strong>s membres inférieurs ayant<br />

amené à un traitement par aspirine et vasodilatateurs).<br />

Fin novembre 1999, après quelques jours <strong>de</strong> diarrhée, apparaissent<br />

<strong>de</strong>s douleurs épigastriques et abdomino-pelviennes puis<br />

<strong>de</strong>s rectorragies entraînant une déglobulisation d’environ 2 g/dl<br />

d’hémoglobine.<br />

<strong>La</strong> fibroscopie gastrique ne montre qu’une hernie hiatale,<br />

l’anuscopie est normale. En revanche, la coloscopie découvre, à<br />

45 cm <strong>de</strong> la marge anale, une vaste ulcération <strong>de</strong> 3 à 4 cm, avec<br />

une muqueuse décapée et très fragile, surmontée <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux bourrelets<br />

inflammatoires, sans aspect tumoral évi<strong>de</strong>nt. Les <strong>de</strong>ux biopsies<br />

qui portent sur les berges <strong>de</strong> l’ulcération retrouvent une<br />

muqueuse dystrophique, régénérative, œdémateuse et nettement<br />

congestive, infiltrée d’éléments lymphoplasmocytaires. Les<br />

six <strong>au</strong>tres biopsies concernent le fond <strong>de</strong> l’ulcération qui est comblée<br />

par un bourgeon charnu télangiectasique. En surface, on<br />

constate un enduit fibrino-leucocytaire compact, à l’intérieur<br />

duquel sont i<strong>de</strong>ntifiées <strong>de</strong>s particules cristalloï<strong>de</strong>s, basophiles,<br />

manifestement non stercorales, évoquant <strong>de</strong>s particules <strong>de</strong><br />

Kayexalate. Le diagnostic <strong>de</strong> colite ulcéreuse subaiguë est retenu.<br />

<strong>La</strong> patiente prenait alors quotidiennement du carbonate <strong>de</strong><br />

calcium (6 g), <strong>de</strong> l’oxy<strong>de</strong> d’aluminium (2,4 g), <strong>de</strong>ux cuillères<br />

mesure <strong>de</strong> Kayexalate et, pour lutter contre une constipation<br />

chronique, <strong>au</strong> moins un sachet <strong>de</strong> lactulose par jour.<br />

L’altération <strong>de</strong> l’<strong>au</strong>tonomie, du fait <strong>de</strong> l’aggravation <strong>de</strong>s lésions<br />

vasculaires périphériques, nécessite un placement en service <strong>de</strong><br />

Néphrologie Vol. 23 n° 3 2002, pp. 131-134 131<br />

articles origin<strong>au</strong>x


articles origin<strong>au</strong>x<br />

long séjour dans les semaines suivantes: le régime étant alors plus<br />

rigoureux, le Kayexalate peut être diminué à une cuillère mesure<br />

par jour, trois jours seulement par semaine. Presque <strong>de</strong>ux ans<br />

après, <strong>au</strong>cune récidive n’a été notée.<br />

Cas n° 2 : Mme C.D. est hémodialysée à partir <strong>de</strong> juillet<br />

1997, à l’âge <strong>de</strong> 72 ans, pour une insuffisance rénale sur syndrome<br />

d’Alport. Dans ses antécé<strong>de</strong>nts et <strong>au</strong> cours <strong>de</strong> l’évolution,<br />

sont à retenir: une hypertension artérielle sévère qui, après<br />

quelques temps d’hémodialyse, évolue vers l’hypotension permanente;<br />

la pose d’un pace maker pour BAV du <strong>de</strong>uxième <strong>de</strong>gré<br />

avec épiso<strong>de</strong>s <strong>de</strong> tachycardie à complexes larges; une dyslipémie;<br />

une artérite <strong>de</strong>s membres inférieurs à prédominance droite<br />

sur sténose iliaque modérément serrée, ne relevant que d’un<br />

traitement médical par pentoxifylline.<br />

A plusieurs reprises, en avril et mai 1999, elle présente <strong>de</strong>s<br />

troubles digestifs avec constipation opiniâtre, douleurs abdominales,<br />

parfois vomissements. Il n’y a <strong>au</strong>cune relation avec le<br />

déroulement <strong>de</strong>s séances <strong>de</strong> dialyse. Le bilan ne découvre<br />

qu’une lithiase vésiculaire et l’hypothèse d’épiso<strong>de</strong>s sub-occlusifs<br />

sur bri<strong>de</strong> est évoquée alors que, sous traitement symptomatique,<br />

les choses s’amen<strong>de</strong>nt partiellement.<br />

Sa constipation est favorisée par la prise, <strong>au</strong> milieu <strong>de</strong> chacun<br />

<strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux princip<strong>au</strong>x repas, <strong>de</strong> Kayexalate (une cuillère mesure les<br />

jours <strong>de</strong> dialyse et <strong>de</strong>ux les jours sans séance) et <strong>de</strong> 7,5 grammes<br />

<strong>de</strong> carbonate <strong>de</strong> calcium et, après ces mêmes repas, <strong>de</strong> 1/2<br />

gramme d’hydroxy<strong>de</strong> d’alumine. Pour y remédier, elle prend<br />

régulièrement un à <strong>de</strong>ux sachets <strong>de</strong> lactulose par jour.<br />

Début juin, elle est hospitalisée pour melæna et rectorragies<br />

ayant entraîné une déglobulisation <strong>de</strong> près <strong>de</strong> 3 g/dl d’hémoglobine.<br />

Une première coloscopie permet <strong>de</strong> constater un cæcum<br />

très déformé par un processus infiltrant et très ulcéré, englobant<br />

la valvule <strong>de</strong> B<strong>au</strong>hin (pouvant expliquer les épiso<strong>de</strong>s sub-occlusifs<br />

antérieurs). Le reste du côlon est normal. L’aspect histologique<br />

<strong>de</strong>s dix biopsies réalisées est celui <strong>de</strong> colite ulcéreuse subaiguë:<br />

ulcérations <strong>colique</strong>s avec, par endroits, <strong>de</strong>s macrophages plurinucléés<br />

et <strong>de</strong>s cellules épithélioï<strong>de</strong>s, sans valeur spécifique car<br />

siégeant en bordure <strong>de</strong> ces ulcérations. Celles-ci sont comblées<br />

par un abondant exsudat fibrino-leucocytaire qui renferme <strong>de</strong>s<br />

particules pseudo-cristallines basophiles correspondant à <strong>de</strong>s<br />

particules <strong>de</strong> Kayexalate. Il n’y a <strong>au</strong>cune prolifération tumorale<br />

infiltrante.<br />

Le contrôle réalisé un mois plus tard est be<strong>au</strong>coup moins<br />

inquiétant: le bas fond cæcal n’a plus d’aspect pseudo-tumoral<br />

et l’on i<strong>de</strong>ntifie bien la valvule <strong>de</strong> B<strong>au</strong>hin, lipomateuse, inflammatoire,<br />

siège <strong>de</strong> pétéchies. <strong>La</strong> muqueuse du reste du cæcum<br />

est plus ou moins blanchâtre, atrophique, avec <strong>de</strong>s érosions et<br />

quelques pétéchies. On ne cathétérise pas complètement la valvule<br />

<strong>de</strong> B<strong>au</strong>hin car elle est encore inflammatoire mais le grêle terminal,<br />

vu en enfila<strong>de</strong>, apparaît normal. L’aspect est celui d’une<br />

muqueuse en cours <strong>de</strong> réparation et l’histologie proche <strong>de</strong> l’examen<br />

précé<strong>de</strong>nt: colite subaiguë ulcéreuse avec <strong>de</strong>s ulcérations<br />

constituées d’un tissu <strong>de</strong> granulation formé <strong>de</strong> néo-vaiss<strong>au</strong>x<br />

entourés d’un infiltrat inflammatoire polymorphe, riche en plasmocytes.<br />

Quelques particules <strong>de</strong> Kayexalate, basophiles, cristalloï<strong>de</strong>s<br />

sont encore retrouvées. En bordure, la muqueuse <strong>colique</strong><br />

est dystrophique.<br />

Le Kayexalate est diminué moyennant une diététique plus<br />

stricte visant <strong>au</strong>ssi à réduire la constipation et elle n’a plus,<br />

<strong>de</strong>puis, présenté <strong>de</strong> récidive.<br />

132<br />

■ Commentaires<br />

Depuis 1961, le Kayexalate, ou <strong>polystyrène</strong> sulfonate <strong>de</strong><br />

<strong>sodium</strong>, est le produit le plus utilisé dans le traitement <strong>de</strong> l’hyperkaliémie<br />

<strong>de</strong>s urémiques, dialysés ou non. Il agit comme résine<br />

échangeuse <strong>de</strong> cations <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> du côlon, libérant <strong>de</strong>s ions<br />

<strong>sodium</strong> pour fixer <strong>de</strong>s ions potassium qui sont alors éliminés<br />

dans les selles.<br />

Non absorbé, il est considéré comme dépourvu d’effets<br />

secondaires, hormis parfois anorexie, n<strong>au</strong>sées, vomissements,<br />

diarrhées. Par contre, il peut induire fécalome, constipation parfois<br />

sévère, voire occlusion, surtout s’il est prescrit concomitamment<br />

à d’<strong>au</strong>tres produits altérant le transit intestinal. 1,2,3 Pour<br />

tenter <strong>de</strong> diminuer ces effets, les prescripteurs américains l’associent<br />

quasi systématiquement, que ce soit par voie rectale ou<br />

orale, à une suspension <strong>de</strong> sorbitol.<br />

Non dégradé dans l’intestin grêle qui est dépourvu d’enzymes<br />

capables <strong>de</strong> le scin<strong>de</strong>r en monosacchari<strong>de</strong>s, le sorbitol est<br />

transformé par les bactéries <strong>colique</strong>s en aci<strong>de</strong>s gras à chaînes<br />

courtes qui, lorsqu’ils dépassent les capacités d’absorption,<br />

<strong>de</strong>viennent osmotiquement actifs.<br />

●<br />

Revue <strong>de</strong> la littérature<br />

Quelques observations mentionnent la survenue <strong>de</strong> lésions<br />

gastro-intestinales parfois graves, rattachées à l’association<br />

Kayexalate-sorbitol. Elles <strong>au</strong>raient une inci<strong>de</strong>nce postopératoire<br />

proche <strong>de</strong> 1,8% 2,4,5 et entreraient également dans le cadre <strong>de</strong>s<br />

<strong>nécrose</strong>s <strong>colique</strong>s « idiopathiques » <strong>de</strong> l’urémique.<br />

Lillemoe et coll. 5 sont les premiers, en 1987, à rapporter,<br />

chez cinq patients, en postopératoire (<strong>de</strong>ux après greffe rénale),<br />

une <strong>nécrose</strong> extensive <strong>de</strong> la muqueuse et un infarcissement<br />

transmural tant <strong>de</strong> l’iléon terminal que du côlon et du rectum.<br />

Les lavements <strong>de</strong> Kayexalate-sorbitol administrés sont incriminés,<br />

en l’absence d’<strong>au</strong>tre circonstance étiologique: les patients<br />

(s<strong>au</strong>f un) avaient moins <strong>de</strong> 40 ans, <strong>au</strong>cun n’avait <strong>de</strong> passé intestinal<br />

et l’extension pan<strong>colique</strong> et rectale réfutait l’hypothèse d’une<br />

anomalie du débit sanguin mésentérique. Expérimentalement,<br />

leurs trav<strong>au</strong>x chez <strong>de</strong>s rats norm<strong>au</strong>x et <strong>de</strong>s rats urémiques aboutissent<br />

à la conclusion que le mélange Kayexalate-sorbitol induit<br />

une <strong>nécrose</strong> <strong>colique</strong> dont le sorbitol est le principal responsable,<br />

l’état urémique potentialisant la sévérité <strong>de</strong>s lésions.<br />

Ces <strong>au</strong>teurs rappellent qu’en 1973 6 et 1977, 7 <strong>de</strong>ux publications<br />

rapportaient <strong>de</strong>s complications i<strong>de</strong>ntiques après transplantation<br />

rénale ou néphrectomie du transplant. Dans l’une, 7 il n’y<br />

avait pas d’argument étiologique chez ces patients jeunes et<br />

sans lésions vasculaires, en <strong>de</strong>hors d’épiso<strong>de</strong>s péri-opératoires<br />

transitoires d’hypotension artérielle. Bien que non précisés, il est<br />

fort probable que <strong>de</strong>s lavements <strong>de</strong> Kayexalate-sorbitol aient été<br />

réalisés du fait <strong>de</strong> cette prescription routinière en matière <strong>de</strong><br />

transplantation. 6,8 Dans la secon<strong>de</strong>, 6 un certain nombre <strong>de</strong> facteurs<br />

favorisants étaient évoqués. Tous les patients ayant eu <strong>de</strong>s<br />

lavements <strong>de</strong> Kayexalate, probablement avec du sorbitol, les<br />

<strong>au</strong>teurs, sans établir <strong>de</strong> relation formelle, décidaient d’éviter<br />

dorénavant <strong>de</strong> tels lavements dans les suites d’une transplantation<br />

rénale.<br />

Wootton en 1989 9 puis Scott en 1993 10 rapportent chacun<br />

un cas <strong>de</strong> <strong>nécrose</strong> <strong>colique</strong> chez <strong>de</strong>s patients ayant reçu <strong>de</strong>s lavements<br />

<strong>de</strong> Kayexalate-sorbitol en post-transplantation rénale.<br />

Néphrologie Vol. 23 n° 3 2002


Dans une étu<strong>de</strong> rétrospective publiée en 1992, 4 Gerstman<br />

i<strong>de</strong>ntifie <strong>de</strong>ux cas <strong>de</strong> <strong>nécrose</strong> intestinale chez <strong>de</strong>s urémiques<br />

ayant reçu en postopératoire immédiat, uniquement par voie<br />

orale cette fois, un mélange <strong>de</strong> Kayexalate et <strong>de</strong> sorbitol.<br />

En 1997, Rashid 11 étudie quinze patients chez lesquels ont été<br />

retrouvés, histologiquement, <strong>de</strong>s crist<strong>au</strong>x <strong>de</strong> Kayexalate, soit sur<br />

<strong>de</strong>s biopsies gastriques et intestinales faites par voie endoscopique<br />

(sept fois), soit sur <strong>de</strong>s pièces <strong>de</strong> résections intestinales (neuf<br />

fois). Une <strong>nécrose</strong> est observée chez 75% <strong>de</strong>s douze patients<br />

pour lesquels on dispose <strong>de</strong> prélèvements colo-rect<strong>au</strong>x. Quatre<br />

ont <strong>au</strong>ssi une <strong>nécrose</strong> <strong>de</strong> l’intestin grêle. Le mélange Kayexalatesorbitol<br />

avait été administré par voie orale ou par son<strong>de</strong> naso-gastrique.<br />

Aucune <strong>au</strong>tre hypothèse étiologique n’est retenue.<br />

Pour la première fois, Roy-Ch<strong>au</strong>dhury évoque en 1997 12 une<br />

toxicité gastrique propre en relatant la survenue d’ulcères gastriques<br />

après prise orale <strong>de</strong> Kayexalate. Il suggère que les ulcères<br />

serpigineux observés tant <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> gastrique qu’intestinal pourraient<br />

représenter un type lésionnel caractéristique.<br />

En 1997 également, Gardiner 13 rapporte le cas <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux patients<br />

urémiques ayant reçu, <strong>au</strong> décours d’une chirurgie cardiaque, l’un<br />

<strong>de</strong> fortes doses <strong>de</strong> Kayexalate-sorbitol par son<strong>de</strong> gastrique et lavements,<br />

l’<strong>au</strong>tre seulement <strong>de</strong> petites doses par voie orale. Le premier,<br />

décédé, est <strong>au</strong>topsié et le second bénéficie d’une hémicolectomie<br />

droite avant <strong>de</strong> décé<strong>de</strong>r dix-huit jours plus tard. Chez les<br />

<strong>de</strong>ux, les examens histologiques révèlent une <strong>nécrose</strong> hémorragique<br />

<strong>de</strong> la muqueuse iléale et <strong>colique</strong> mais <strong>au</strong>ssi gastrique.<br />

Schiere, toujours en 1997, 14 précise qu’un hémodialysé pour<br />

insuffisance rénale aiguë <strong>au</strong> décours d’une intervention pour un<br />

anévrisme <strong>de</strong> l’aorte rompu, traité par Kayexalate, sans sorbitol<br />

cette fois, développe une hémorragie rectale intarissable nécessitant<br />

une hémicolectomie.<br />

A part se situe le cas rapporté par Bennett en 1996 15 d’un<br />

enfant prématuré <strong>de</strong> 650 grammes qui, après <strong>de</strong>s lavements <strong>de</strong><br />

Kayexalate-sorbitol, développe une perforation cæcale. Le<br />

Kayexalate, souvent utilisé dans les hyperkaliémies <strong>de</strong> nouve<strong>au</strong>nés<br />

<strong>de</strong> très petit poids, est réputé à l’origine <strong>de</strong> fécalome voire<br />

d’obstruction intestinale, d’<strong>au</strong>tant qu’il se complexe <strong>au</strong> calcium<br />

et que l’intestin, immature, est <strong>de</strong> mobilité réduite. Mais le sorbitol<br />

a peut-être un rôle toxique direct sur l’intestin.<br />

Dardik, en 2000, 8 observe un patient ayant présenté une<br />

<strong>nécrose</strong> <strong>colique</strong> dont la manifestation initiale, 24 heures après la<br />

première prise par voies orale et rectale d’un mélange Kayexalate-sorbitol,<br />

est un syndrome abdominal aigu. Les constatations<br />

histologiques, après résection du côlon transverse, sont i<strong>de</strong>ntiques<br />

<strong>au</strong>x précé<strong>de</strong>ntes.<br />

En 2001, Susan Abraham 3 confirme les effets néfastes du<br />

Kayexalate également sur le tractus digestif supérieur. Pour certains,<br />

les crist<strong>au</strong>x <strong>de</strong> Kayexalate ne constituent qu’une découverte<br />

fortuite sur les coupes histologiques, sans caractère péjoratif<br />

(d’<strong>au</strong>tant qu’on peut en retrouver sur une muqueuse saine). Elle<br />

affirme <strong>au</strong> contraire que la présence <strong>de</strong> tels crist<strong>au</strong>x est à considérer<br />

comme un marqueur <strong>de</strong>s lésions muqueuses induites par cette<br />

médication ou tout <strong>au</strong> moins par l’association Kayexalate-sorbitol<br />

puisque ce <strong>de</strong>rnier n’est histologiquement pas visible. Il s’agit<br />

donc d’une ai<strong>de</strong> précieuse <strong>au</strong> diagnostic étiologique <strong>de</strong> lésions<br />

par ailleurs parfois non spécifiques, voire trompeuses.<br />

●<br />

Données anatomo-histologiques<br />

Anatomiquement, l’analyse <strong>de</strong>s biopsies et <strong>de</strong>s pièces opératoires<br />

ou <strong>au</strong>topsiques est i<strong>de</strong>ntique d’une observation à l’<strong>au</strong>tre.<br />

En endoscopie, on observe une friabilité muqueuse et <strong>de</strong>s<br />

zones érosives, voire nécrotiques, hémorragiques plus ou moins<br />

éten<strong>due</strong>s. En cas d’intervention, l’inspection note <strong>de</strong>s plages <strong>de</strong><br />

<strong>nécrose</strong> transmurale, allant même jusqu’<strong>au</strong> sta<strong>de</strong> <strong>de</strong> perforation.<br />

On peut <strong>au</strong>ssi observer <strong>de</strong>s zones d’infarcissement.<br />

Histologiquement, <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> <strong>colique</strong>, on peut avoir <strong>de</strong>s ulcérations<br />

muqueuses, <strong>de</strong>s pseudo-membranes sur la muqueuse, une<br />

<strong>nécrose</strong> muqueuse ou transmurale, et <strong>de</strong>s crist<strong>au</strong>x <strong>de</strong> Kayexalate<br />

en surface <strong>de</strong> la muqueuse. Le diagnostic différentiel est celui <strong>de</strong><br />

crist<strong>au</strong>x <strong>de</strong> cholestyramine, en fait <strong>au</strong>x propriétés tinctoriales différentes,<br />

la connaissance du traitement habituel aidant en fait à<br />

conclure. Le contexte clinique, les coprocultures, l’état <strong>de</strong>s vaisse<strong>au</strong>x<br />

constituent <strong>de</strong>s indices diagnostiques précieux pour éliminer<br />

d’<strong>au</strong>tres pathologies car, en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> la présence <strong>de</strong>s crist<strong>au</strong>x<br />

médicamenteux, les aspects histologiques font principalement discuter<br />

une colite non spécifique ou une colite ischémique.<br />

●<br />

Hypothèses étiopathogéniques<br />

Comme pour les <strong>au</strong>tres complications gastro-intestinales survenant<br />

chez les urémiques ou les transplantés, <strong>de</strong>s facteurs environnement<strong>au</strong>x<br />

pouvant prédisposer le côlon à la <strong>nécrose</strong> ont été<br />

incriminés: 5,13 l’urémie elle-même; une infection à germes<br />

opportunistes <strong>de</strong> type cytomégalovirus; un traitement par corticoï<strong>de</strong>s<br />

et immunosuppresseurs; une hypovolémie et/ou une<br />

hypotension post-dialytique ou postopératoire; une vasoconstriction<br />

médiée par le système rénine-angiotensine et aboutissant<br />

à une ischémie intestinale.<br />

Mais, dans certains <strong>au</strong>tres cas, la <strong>nécrose</strong> est survenue <strong>de</strong><br />

façon inexpliquée, 5 sans que soient mises en évi<strong>de</strong>nce colopathie<br />

(diverticulose en particulier) et/ou vasculopathie (athérosclérose<br />

<strong>de</strong> l’artère mésentérique) préexistantes. 7,13 Une évolution spontanément<br />

favorable peut s’observer après l’arrêt du Kayexalate. 12<br />

Ceci laisse à penser 5,12 que le sorbitol soit induit une ischémie<br />

intestinale par le déplacement volémique créé par sa charge<br />

osmotique, soit possè<strong>de</strong> un effet toxique direct sur la muqueuse<br />

intestinale en agissant sur l’activité locale <strong>de</strong>s prostaglandines. Le<br />

sorbitol est en effet un agent osmotique organique retrouvé à<br />

forte concentration dans le cytosol cellulaire et jouant un rôle clé<br />

dans l’homéostasie du volume cellulaire.<br />

Mais les lésions gastriques parfois observées alors que l’effet<br />

osmotique du sorbitol n’est que <strong>colique</strong> et la survenue <strong>de</strong><br />

<strong>nécrose</strong> <strong>colique</strong> en l’absence <strong>de</strong> sorbitol ont amené certains<br />

<strong>au</strong>teurs à envisager la responsabilité du Kayexalate seul. Ses<br />

effets toxiques loc<strong>au</strong>x ne seraient pas dose-dépendants car ils<br />

ont pu survenir pour <strong>de</strong> faibles doses 5 mais ils seraient liés à son<br />

temps <strong>de</strong> contact avec la muqueuse digestive. D’ailleurs, alors<br />

que l’on pourrait imaginer un rôle néfaste <strong>de</strong>s lavements <strong>de</strong><br />

Kayexalate pour le rectum, il est intéressant <strong>de</strong> noter que celui-ci<br />

est le plus souvent épargné car il y existe <strong>de</strong>s facteurs protecteurs<br />

loc<strong>au</strong>x: vascularisation, évacuation plus rapi<strong>de</strong> du lavement et<br />

donc diminution du temps <strong>de</strong> contact. 7<br />

Il f<strong>au</strong>t donc éviter toute diminution du transit intestinal 12,13 qui<br />

ne peut qu’<strong>au</strong>gmenter ce temps <strong>de</strong> contact. Or, la stase stercorale<br />

est un phénomène fréquent chez les urémiques chroniques du<br />

fait <strong>de</strong> la restriction hydrique et <strong>de</strong>s médications proposées. Ce<br />

phénomène s’accentue en cas d’intervention chirurgicale en raison<br />

<strong>de</strong> l’alitement, <strong>de</strong> l’iléus postopératoire, du recours éventuel à<br />

<strong>de</strong>s drogues diminuant la mobilité intestinale.<br />

Néphrologie Vol. 23 n° 3 2002 133<br />

articles origin<strong>au</strong>x


articles origin<strong>au</strong>x<br />

■ Discussion<br />

Nos <strong>de</strong>ux patientes ont donc présenté une atteinte <strong>colique</strong><br />

pour laquelle l’absence d’étiologie évi<strong>de</strong>nte, la constipation<br />

habituelle, la découverte <strong>de</strong> crist<strong>au</strong>x <strong>de</strong> Kayexalate <strong>au</strong> fond <strong>de</strong>s<br />

ulcérations <strong>colique</strong>s, l’absence <strong>de</strong> lésions ischémiques en dépit<br />

<strong>de</strong> leur état vasculaire et l’absence <strong>de</strong> récidive à distance nous<br />

ont fait évoquer le rôle possible du Kayexalate, voire <strong>de</strong> son association<br />

<strong>au</strong> lactulose.<br />

Plus que le Kayexalate, c’est le sorbitol et jamais le lactulose<br />

que la littérature, exclusivement anglo-saxonne, retiendrait comme<br />

potentiellement responsable. Le sorbitol est moins prescrit en<br />

France que le lactulose, et l’association d’un laxatif <strong>au</strong> Kayexalate,<br />

surtout en lavement, est loin d’être <strong>au</strong>ssi systématique<br />

qu’<strong>au</strong>x Etats-Unis. Leur métabolisme <strong>colique</strong> est cependant<br />

proche et l’on peut penser que le lactulose peut être responsable<br />

<strong>au</strong> même titre que le sorbitol. <strong>La</strong> pharmacovigilance française<br />

quant à elle n’a recensé <strong>au</strong>cun acci<strong>de</strong>nt imputable à l’une ou<br />

l’<strong>au</strong>tre <strong>de</strong> ces médications. Seul le dictionnaire Vidal déconseille<br />

l’association, mais là encore avec le sorbitol uniquement.<br />

A la suite <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux acci<strong>de</strong>nts, du fait <strong>de</strong> la sévérité potentielle<br />

<strong>de</strong> telles complications, nous avons préféré redéfinir une attitu<strong>de</strong><br />

préventive en restant <strong>au</strong>ssi pru<strong>de</strong>nts avec l’utilisation du lactulose.<br />

<strong>La</strong> gestion <strong>de</strong> l’hyperkaliémie peut faire appel à d’<strong>au</strong>tres<br />

mesures que le Kayexalate, en particulier diététiques. Si son indication<br />

s’avère cependant absolue, il f<strong>au</strong>t d’une part limiter<br />

<strong>au</strong>tant que faire se peut la durée <strong>de</strong> son utilisation et, d’<strong>au</strong>tre<br />

part, estimer la mobilité intestinale <strong>de</strong>s patients pour prévenir <strong>au</strong><br />

mieux toute constipation, en ne recourant <strong>au</strong>x laxatifs que <strong>de</strong><br />

façon pru<strong>de</strong>nte et mesurée, et non systématique. Selon le dictionnaire<br />

Vidal et la littérature que nous avons analysée, le<br />

mélange Kayexalate-sorbitol, par voie orale comme en lavements,<br />

est fortement déconseillé. En péri-opératoire ou lors <strong>de</strong><br />

pério<strong>de</strong>s <strong>de</strong> stress, la transplantation en étant une circonstance<br />

exemplaire, il doit même être absolument proscrit.<br />

Si certains préconisent d’administrer le Kayexalate dans du<br />

lait avec <strong>de</strong> larges doses <strong>de</strong> lactulose, 12 cette attitu<strong>de</strong> nous paraît<br />

peu souhaitable en raison <strong>de</strong>s apports <strong>de</strong> phosphore que constituerait<br />

l’apport lacté et du fait qu’à la lueur <strong>de</strong> nos <strong>de</strong>ux observations,<br />

l’utilisation du lactulose nous paraît <strong>de</strong>voir être pru<strong>de</strong>nte.<br />

Il convient <strong>de</strong> surcroît d’éduquer les patients d’une part à ne<br />

pas prendre en même temps toutes les médications fréquemment<br />

prescrites et qui favorisent la constipation et, d’<strong>au</strong>tre part, comme<br />

le recomman<strong>de</strong> le dictionnaire Vidal, à prendre les topiques gastro-intestin<strong>au</strong>x<br />

à distance (plus <strong>de</strong> 2 heures) du Kayexalate.<br />

■ Conclusion<br />

Seul ou plutôt en association avec le sorbitol, voire le lactulose,<br />

le Kayexalate est susceptible d’induire chez les urémiques, <strong>de</strong>s<br />

<strong>nécrose</strong>s gastro-intestinales parfois délétères. Son utilisation ne<br />

doit pas être remise en c<strong>au</strong>se dans la gestion <strong>de</strong> l’hyperkaliémie<br />

mais nécessite <strong>de</strong>s préc<strong>au</strong>tions adaptées <strong>au</strong>x patients et à leurs<br />

pathologies associées afin <strong>de</strong> prévenir <strong>de</strong> telles complications.<br />

134<br />

Adresse <strong>de</strong> correspondance:<br />

Dr Richard Montagnac<br />

Service <strong>de</strong> néphrologie-hémodialyse<br />

Centre hospitalier <strong>de</strong> Troyes<br />

101, Avenue Anatole France<br />

F-10003 Troyes Ce<strong>de</strong>x<br />

E-mail: richard.montagnac@ch-troyes.fr<br />

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Néphrologie Vol. 23 n° 3 2002

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