Dr Daniel Annequin - CNRD
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Peut on concilier les logiques budgétaires et<br />
la prise en charge de la douleur provoquée par les soins <br />
<strong>Dr</strong> <strong>Daniel</strong> <strong>Annequin</strong><br />
Responsable de l’unité Douleur et de centre de la migraine de l’enfant<br />
Hôpital d’enfants Armand Trousseau – Paris<br />
Chef de projet du programme national de lutte contre la douleur (2002-2005)<br />
Les bouleversements majeurs connus par les établissements hospitaliers sont particulièrement<br />
marqués par la T2A. Le paiement à l’activité modifie radicalement les pratiques. Les<br />
déterminismes budgétaires deviennent majeurs et toute activité hospitalière doit maintenant<br />
rendre compte de son coût à la lumière des nouveaux indicateurs en vigueur.<br />
Comment un objectif de Santé publique (la prise en charge de la douleur) peut il se<br />
développer, s’inscrire dans ces nouvelles perspectives <br />
Comment cette pression économique peut elle modifier la qualité des soins <br />
Des effets contradictoires peuvent s’observer. Plusieurs exemples illustrent cette complexité.<br />
Effet positif du paiement à l’acte<br />
Avant la mise en place de la T2A, les actes invasifs pédiatriques (endoscopie digestive,<br />
paracentèse) bénéficiaient plus facilement d’une anesthésie générale dans le secteur privé que<br />
dans les établissements publiques car ils donnaient lieu à une facturation (1;2). Les enfants<br />
étaient bénéficiaires car le plus souvent ; l’acte se pratiquait sans une sédation<br />
véritablement efficace en secteur public.<br />
Les techniques antalgiques efficaces sont moins coûteuses que les méthodes classiques<br />
La comparaison des coûts médicamenteux selon la technique d’anesthésie montre que<br />
l’anesthésie loco régionale (dont la supériorité antalgique est bien documentée) a un<br />
montant inférieur de 12 à 22 % à celui d’une anesthésie générale avec PCA pour la<br />
pose d’une prothèse de genou (3)<br />
Les bonnes pratiques antalgiques diminuent le recours à l’anesthésie générale ou à une<br />
sédation profonde<br />
118 soins dentaires chez 70 enfants ont été pratiqués sous MEOPA et anesthésie<br />
locale : 86 actes ont pu être réalisés avec succès ; 60 anesthésies générales ont pu ainsi<br />
être évitées. (4). L’utilisation de la sophrologie améliore significativement la tolérance<br />
de la ventilation non invasive chez des patient en insuffisance respiratoire aigue (5)<br />
1
Durée d’hospitalisation réduite, les aspects positifs<br />
La diminution de la durée moyenne de séjour (DMS) est recherchée en permanence<br />
pour augmenter la rotation des patients et la « rentabilité » des services. Des effets<br />
contradictoires peuvent être observés :<br />
o A Angoulême, la durée moyenne de séjour a diminué de 34% dans un service<br />
de chirurgie vasculaire, grâce à la mise en place d’un service d’anesthésie loco<br />
régionale à domicile pour les patients artéritiques (6)<br />
o A Nantes, on a réduit les DMS par l’introduction des ALR pour la chirurgie<br />
distale de la main chez l’enfant et un programme d’ALR ambulatoire a été mis<br />
en place pour la chirurgie du pied.<br />
Les programmes de réhabilitation post opératoires.<br />
o Les travaux danois de l’équipe de Henrik Kehlet ont parfaitement montré<br />
depuis plus de 15 ans que les bénéfices des programmes multidisciplinaires de<br />
récupération rapide associant : oxygénation peropératoire, limitation des<br />
transfusions, remplissage optimal, mobilisations articulaires, limitation des<br />
cicatrices, kinésithérapie respiratoire, verticalisation du patient, reprise de la<br />
marche, limitation de la durée d'iléus ; absence de drainage, alimentation<br />
précoce...<br />
o L'analgésie périopératoire représente l’élément stratégique de ces techniques<br />
de réhabilitation ; l’analgésie multimodale, associant plusieurs agents et/ou<br />
techniques analgésiques pour limiter la posologie des morphiniques, le recours<br />
privilégié de l’analgésie loco régionale sont des éléments déterminants (7).<br />
o En 2003, un programme multidisciplinaire de réhabilitation dans un service de<br />
chirurgie digestive faisait passer la durée d'hospitalisation de 12 jours à 2 jours<br />
après colectomie(8).<br />
o En 2008, avec le même type de programme, la DMS était réduite de 8 à 3,8<br />
jours après la pose de prothèses de hanche et de genou (9). Il est intéressant de<br />
noter qu’on ne retrouve pas de différence concernant le niveau de satisfaction<br />
des patients ayant les séjours réduits(10).<br />
2
Durée d’hospitalisation réduite, les aspects négatifs<br />
Ces programmes multidisciplinaires impliquent une organisation particulièrement<br />
rigoureuse de l’ensemble de l’équipe, tous les maillons sont indispensables (du<br />
chirurgien à l’aide soignante). Des réunions régulières avec actualisation des<br />
procédures, des protocoles pour sensibiliser, motiver les membres sont obligatoires.<br />
La qualité des relations au sein de l’équipe et particulièrement entre médecins et<br />
infirmière est un facteur majeur de réussite(11)<br />
Inversement, il faut également rappeler que des séjours trop brefs peuvent limiter les<br />
stratégies antalgiques. La diminution du temps de surveillance du patient peut induire<br />
une perte de chance : en hôpital de jour chez l’enfant, l’utilisation d’anesthésie loco<br />
régionale procure une excellente analgésie en salle de réveil mais la levée brusque de<br />
l’analgésie durant la nuit ou au domicile pose des problèmes majeurs de contrôle de la douleur<br />
(12)<br />
Une bonne connaissance du patient, nécessite un minimum de temps ; faute de quoi,<br />
la qualité relationnelle avec le patient (base d’une bonne évaluation de la douleur) peut<br />
être largement compromise. La diminution des effectifs soignants peut évidemment<br />
aussi contribuer à cette dégradation. La « pression du chiffre » avec des effectifs<br />
réduits concourent à la démotivation, aux demandes de mutation voire d’arrêt de<br />
travail<br />
Les bonnes pratiques génèrent des coûts supplémentaires<br />
La formation régulière des personnels, l’utilisation de médicaments antalgiques<br />
(crème anesthésiante, MEOPA…), de méthodes non pharmacologiques (hypnose…)<br />
génèrent des coûts qui sont souvent mal ou pas identifiés dans la nouvelle<br />
tarification .L’utilisation de MEOPA n’est pas actuellement facturable. Les actes<br />
pratiqués par les infirmiers (MEOPA, hypnose…) liés à la douleur, ne sont quasi<br />
jamais sont pas identifiables.<br />
Les effets pervers du paiement à l’activité<br />
Deux exemples en illustrent les possibles effets délétères :<br />
o Pour assurer la rentabilité économique, les Unités de soins palliatifs sont<br />
également incitées à réduire les durées de séjour. Bernard Devalois explicite<br />
cette incohérence « Un lit USP occupé de 360 jours rapporte 1,08 million<br />
3
d’euros pour 120 séjours de trois jours et 162 000 euros pour 18 séjours de 20<br />
jours ! Imaginez un lit avec un taux d’occupation de 98 % (10 séjours de 35<br />
jours), il représente 90 000 euros contre 270 000 euros pour un taux<br />
d’occupation de 50 % (30 séjours de six jours) » (13).<br />
o Le témoignage du Pr André Grimaldi montre l’inadéquation de ce mode de paiement<br />
avec les maladies chroniques : «Je reçois, il y a quelques temps, un coup de téléphone<br />
d’un journaliste de France2. Il me dit qu’il a un ami diabétique, qui est à Evian, et qui<br />
doit être amputé. Il me demande si je peux le prendre dans mon service. J’accepte. Il<br />
vient en ambulance, je vois que c’est un patient extrêmement compliant, qui répond<br />
bien au traitement médicamenteux, et qu’il faut juste un petit geste chirurgical, à mille<br />
lieux de l’amputation. Coût complet de ma prise en charge, autour de 1000 euros. Si le<br />
même patient est amputé, le coût facturé à l’hôpital est de plus de 6 000 euros. Avec la<br />
T2A. On voit bien que l’on est conduit à certaines pratiques car elles seront plus<br />
rentables, car mieux payés. C’est là, l’absurdité».(14)<br />
o Le rapport de l’IRDES (Institut de recherche et documentation en économie de la<br />
santé) décrit ces risques : « Les établissements ayant intérêt à raccourcir les séjours,<br />
ils peuvent renvoyer les patients à leur domicile prématurément du point de vue<br />
clinique. Ainsi, dans tous les pays où la T2A a été introduite, on observe une réduction<br />
significative des durées de séjours….la question qui se pose alors est de savoir<br />
lesquelles de ces réductions de durées sont « légitimes ». Le vrai défi est de pouvoir<br />
lier le paiement au patient pour qu’il reçoive les soins adéquats dans le cadre le plus<br />
adapté. Ce problème est bien défini par la théorie économique relative aux<br />
conséquences d’un système de T2A : lorsque le contenu du service associé à l’objet du<br />
paiement est mal défini (les soins fournis dans un séjour de GHM) le producteur tend<br />
à diminuer les services fournis dans le cadre du forfait et à transférer la<br />
responsabilité (et le coût) sur les autres (cost shifting). Ainsi, aux États-Unis, la baisse<br />
de la durée de séjour à l’hôpital s’est accompagnée d’un accroissement démesuré des<br />
soins de suite et des soins à domicile Il est donc important d’assurer un système de<br />
financement cohérent entre les différents modes de prises en charge » (15)<br />
Conclusion<br />
La nouvelle logique budgétaire génère de nouveaux comportements au sein du système de<br />
soin. Des risques réels de régression concernant le traitement de la douleur existent mais ces<br />
remaniements profonds peuvent être aussi une opportunité pour repenser nos stratégies de<br />
4
soin au profit du patient. Des programmes antalgiques innovants peuvent être mis en place ,<br />
ils impliquent une mobilisation , une concertation continue de l’ensemble des équipes.<br />
Une modification de la visibilité comptable des actes de base de la douleur provoquée par les<br />
soins (MEOPA …) est une priorité pour éviter de potentiels blocages voir des reculs dans les<br />
bonnes pratiques antalgiques.<br />
Références<br />
(1) Lienhart A, Carli P, Marty J, Pourriat J. Endoscopie digestive: qui fera quoi Ann Fr<br />
Anesth Reanim 2002;21:343-6.<br />
(2) Mougenot JF, Cezard JP, Faure C, Goulet O, Olives JP. Endoscopy of the child's<br />
digestive tract: which sedation Archives Pediatrie 2001;8(12):1302-4.<br />
(3) Hustache-Foster C, Breant D, Schmitt D, Reymond F, Sang B. Groupe homogène de<br />
séjour et anesthésie. Europharmat Bordeaux 2008.<br />
(4) Fabre S, Vaysse F, Carpentier C, Kern D, Fourcade O. Is premixed 50% nitrous oxide<br />
and oxygen an alternative to general anaesthesia for dental care in children Ann Fr<br />
Anesth Reanim 23[1], 72-73. 2004.<br />
Ref Type: Journal (Full)<br />
(5) Constantin JM, Perbet S, Futier E, Cayot-Constantin S, Gignac V, Bannier F, et al.<br />
[Impact of sophrology on non-invasive ventilation tolerance in patients with acute<br />
respiratory failure]. Ann Fr Anesth Reanim 2009 Mar;28(3):215-21.<br />
(6) Bures E, Schneider L. Prise en charge de la douleur chronique rebelle des malades<br />
artéritiques par cathéters péri nerveux et infusion continue d'anesthésique local de<br />
longue durée. Douleurs 2007;8(3):174-80.<br />
(7) Eledjam JJ, Viel E. La réhabilitation périopératoire. Congres national Société française<br />
d'anesthésie réanimation.Paris: Elsevier; 2006. p. 335-50.<br />
(8) Basse L, Madsen JL, Billesbolle P, Bardram L, Kehlet H. Gastrointestinal transit after<br />
laparoscopic versus open colonic resection. Surg Endosc 2003 Dec;17(12):1919-22.<br />
(9) Husted H, Holm G, Jacobsen S. Predictors of length of stay and patient satisfaction<br />
after hip and knee replacement surgery: fast-track experience in 712 patients. Acta<br />
Orthop 2008 Apr;79(2):168-73.<br />
(10) Husted H, Hansen HC, Holm G, Bach-Dal C, Rud K, Andersen KL, et al. [Accelerated<br />
versus conventional hospital stay in total hip and knee arthroplasty III: patient<br />
satisfaction]. Ugeskr Laeger 2006 May 29;168(22):2148-51.<br />
5
(11) Latimer MA, Johnston CC, Ritchie JA, Clarke SP, Gilin D. Factors affecting delivery<br />
of evidence-based procedural pain care in hospitalized neonates. J Obstet Gynecol<br />
Neonatal Nurs 2009 Mar;38(2):182-94.<br />
(12) Kokinsky E, Thornberg E, Ostlund AL, Larsson LE. Postoperative comfort in<br />
paediatric outpatient surgery. Paediatr Anaesth 1999;9:243-51.<br />
(13) Devalois B. Les unités sous la pression économique. A l'heure de la précarité. Soins<br />
palliatifs "la mort des unités est elle à craindre ," Colloque Assemblée Nationale 9 mai<br />
2006. Maison médicale Jeanne Garnier; 2006. p. 20-1.<br />
(14) Grimaldi A. Grimaldi en guerre contre la T2A. Blog Eric favereau Journal Liberation<br />
"La plume et le bistouri" 2007<br />
(15) Or Z, Renaud T. Principes et enjeux de la tarification à l'activité à l'hôpital (T2A)<br />
Enseignements de la théorie économique et des expériences étrangères. DT IRDES<br />
2009;23.<br />
6
Prise en charge de la douleur provoquée<br />
Evaluation de la douleur au cours de la toilette<br />
Chez un patient adulte, algique et communicant<br />
Michèle Garbacz* – Evelyne Roy* – <strong>Dr</strong> Claudine Cornet** – <strong>Dr</strong> Jean<br />
Paul Didelot** - Sandrine Vinsard* - Gérard Thomas***<br />
* Cadre et Cadres supérieurs de Santé ** Médecins anesthésistes *** Directeur des Soins<br />
Centre Hospitalier Universitaire de Nancy<br />
Introduction<br />
En 2005, au Centre Hospitalier Universitaire de Nancy a démarré une réflexion<br />
institutionnelle, pilotée par un pharmacien, sur les douleurs provoquées par les soins,<br />
dans le cadre d’un groupe de travail du CLUD.<br />
Une enquête préalable a été initiée dans les services de soins. Elle a permis d’y<br />
repérer des actes douloureux, parmi lesquels figure la mobilisation du patient algique<br />
qui concerne de nombreux soins sur l’ensemble des services hospitaliers.<br />
Les Services d’Hématologie et de Neurochirurgie ont alors décidé de<br />
réfléchir sur l’évaluation de la prise en charge de la douleur lors de la toilette chez un<br />
patient adulte, algique et communicant. Cette réflexion a fait l’objet d’une Evaluation<br />
des Pratiques Professionnelles (EPP) qui s’est inscrite dans le cadre de la certification<br />
V2 de notre établissement.<br />
Le projet abouti est donc l’évaluation de la prise en charge de la douleur lors<br />
de la toilette chez un patient adulte et communicant. Cette évaluation devait également<br />
nous permettre d’améliorer la qualité du soin prodigué.<br />
1. Matériel et méthode<br />
L’évaluation de la douleur au cours de la toilette a été retenue par les services<br />
d’hématologie et de neurochirurgie. La méthodologie a été commune aux deux<br />
services. Le groupe de travail, piloté par les cadres supérieurs des deux services<br />
volontaires, était composé d’un médecin de santé au travail, d’infirmières et d’aidessoignantes<br />
issus des deux pôles et de la médecine du travail.<br />
7
1.1 Choix de la méthode<br />
Nous avons utilisé le Protocole d’Audit Clinique Ciblé (ACC). L’ACC est une<br />
méthode d’évaluation des pratiques, de première intention, qui permet, à l’aide d’un<br />
nombre limité de critères, de comparer ses pratiques à des références admises, en vue<br />
de les améliorer (définition HAS).<br />
‣ Rédaction d’un référentiel<br />
L’audit clinique est une méthode d’évaluation qui permet, à l’aide de critères<br />
déterminés, de comparer les pratiques de soins à des références admises en vue de<br />
mesurer la qualité de ces pratiques, avec l’objectif de les améliorer (HAS 2005). Ceci<br />
suppose qu’il existe un référentiel des pratiques.<br />
Or, il a été impossible de trouver une référence sur le sujet malgré nos recherches<br />
étendues sur internet ou autres. La rédaction d’une procédure fut donc le premier<br />
travail du groupe. Ce travail fut officialisé par la validation du CLUD.<br />
‣ Elaboration de la grille d’audit avec 11 critères qui permettaient de tracer les<br />
différents moyens de prise en charge de la douleur tout au long de la toilette. Les<br />
critères portaient également sur la qualité de la communication avec le patient et<br />
sur la traçabilité des différentes étapes dans le dossier de soins.<br />
‣ Rédaction d’un guide d’utilisation de la grille d’audit qui devait permettre aux<br />
différents évaluateurs d’harmoniser leur façon de compléter la grille de recueil.<br />
‣ Les audits ont été réalisés par un tandem de soignants issus du groupe.<br />
1.2 Critères d’inclusion<br />
‣ Patients adultes<br />
‣ Patients communicants<br />
‣ En hématologie : tous les patients adultes, algiques et communicants<br />
‣ En neurochirurgie, tous les patients opérés du rachis à J1<br />
1.3 L’étude<br />
Il s’agit d’une étude<br />
‣ en grande partie prospective (9 critères sur 11) par l’observation du déroulement<br />
de 30 toilettes par service, par des membres du groupe de travail.<br />
‣ rétrospective pour le contrôle de la présence dans le dossier de soins de :<br />
8
- la traçabilité des gestes (1 critère/11)<br />
- la présence de la prescription d’antalgique (1 critère/11).<br />
1.4 Le calendrier<br />
‣ Novembre 2007 : rédaction d’une procédure qui, validée par le CLUD, deviendra<br />
le document de référence.<br />
‣ Du 15 janvier au 29 février : 1 er audit clinique ciblé<br />
‣ De mars à mai 2008 : présentation des résultats aux équipes et élaboration d’axes<br />
d’amélioration<br />
‣ De juin à septembre 2008 : 2 ème audit clinique ciblé<br />
2. La démarche<br />
2.1 Recueil des données du 1 er tour d’audit<br />
en neurochirurgie<br />
L’observateur :<br />
*recense le ou les patients répondant aux<br />
critères d’inclusion<br />
*consulte, avec le personnel des unités<br />
d’hospitalisation, l’heure de la toilette<br />
*observe, le matin venu, le déroulement<br />
complet de la toilette<br />
*complète, en temps réel, les critères de la<br />
grille de recueil qui sont relatifs à<br />
l’observation du geste<br />
*complète, en différé, les critères de la<br />
grille de recueil qui sont relatifs à la<br />
traçabilité du geste et de l’évaluation de la<br />
douleur<br />
en hématologie<br />
l’observateur :<br />
*s’informe de la présence des patients<br />
algiques sur l’étage et qui répondent<br />
aux critères d’inclusion<br />
*observe, le matin venu, le<br />
déroulement complet de la toilette<br />
*complète, en temps réel, les critères de<br />
la grille de recueil qui sont relatifs à<br />
l’observation du geste<br />
*complète, en différé, les critères de la<br />
grille de recueil qui sont relatifs à la<br />
traçabilité du geste et de l’évaluation<br />
de la douleur<br />
9
2.2 Analyse des résultats pour la Neurochirurgie<br />
Les données recueillies ont permis d’évaluer les écarts entre les attentes formulées<br />
dans le référentiel et la pratique professionnelle.<br />
30<br />
120,00%<br />
25<br />
100,00%<br />
20<br />
80,00%<br />
15<br />
60,00%<br />
10<br />
40,00%<br />
5<br />
20,00%<br />
0<br />
0,00%<br />
Eval, au cours du<br />
soin.<br />
Eval, après le soin.<br />
Eval, avant le soin.<br />
Antalgiques non,<br />
pharmacologiques.<br />
Délai et durée<br />
d'action.<br />
Réajustement du<br />
traitement<br />
antalgique.<br />
Traçabilité<br />
Eval, de la<br />
satisfaction du<br />
patient<br />
Mise en œuvre d'un<br />
traitement<br />
antalgique,<br />
Prescription<br />
d'antalgique<br />
Le patient est<br />
prévenu du soin<br />
Le diagramme de Pareto nous a permis de cibler les 20 % de causes responsables<br />
d’une grande partie des dysfonctionnements. Nous avons pu ainsi hiérarchiser nos<br />
actions et décider des axes d’amélioration.<br />
Cette représentation graphique nous a d’emblée montré que nous devions agir sur<br />
l’évaluation systématique de la douleur tout au long du geste et sa traçabilité.<br />
Nous avons également constaté une méconnaissance des techniques non<br />
pharmacologiques permettant d’estomper la douleur.<br />
Enfin nous avons pu noter une non prise en compte des durées et délais d’action des<br />
antalgiques.<br />
2.3 Communication aux équipes<br />
‣ Restitution des résultats en amphithéâtre et réunions d’unité :<br />
- aux professionnels paramédicaux<br />
- aux médecins du pôle<br />
10
‣ Proposition d’actions d’amélioration<br />
- élaboration d’une fiche réflexe pour une prise en charge optimale de la<br />
douleur au cours de la toilette<br />
- affichage dans la salle de soins du tableau issu du site du CLUD et intitulé<br />
délai d’action des médicaments à visée antalgique<br />
- sensibilisation des équipes avec un document rédigé sous la forme d’un<br />
arbre décisionnel<br />
- rappel sur la nécessité d’utiliser le planning mural pour programmer la<br />
toilette du patient<br />
- rappel sur la nécessité absolue de tracer les actions de soins dans le dossier<br />
de soins<br />
- rappel sur l’utilisation des échelles de mesure pour une évaluation<br />
chiffrée.<br />
2.4 Le 2 ème audit<br />
Le deuxième audit ciblé, réalisé dans les mêmes conditions, a permis de montrer les<br />
écarts obtenus en terme d’améliorations suite aux actions déployées. Il a permis de<br />
montrer une amélioration significative de la prise en charge de la douleur.<br />
Force est de constater que les points forts observés lors de la première évaluation ont<br />
été maintenus à savoir :<br />
‣ la relation avec le patient (le patient est prévenu du soin – la<br />
satisfaction est toujours mesurée)<br />
‣ la prescription systématique et la mise en œuvre de traitement à visée<br />
antalgique.<br />
Les points à améliorer sont le recours plus systématique à des moyens de diversion<br />
ainsi que l’évaluation systématique de la douleur au cours du soin.<br />
11
18<br />
120,0%<br />
16<br />
14<br />
100,0%<br />
12<br />
80,0%<br />
10<br />
8<br />
60,0%<br />
6<br />
40,0%<br />
4<br />
2<br />
20,0%<br />
0<br />
0,0%<br />
antalgiques non<br />
pharmacologiques<br />
eval,après le soin<br />
eval,au cours du<br />
soin<br />
eval,avant le soin<br />
délai et durée<br />
d'action<br />
réajustement du<br />
traitement<br />
antalgique<br />
traçabilité<br />
eval, de la<br />
satisfaction du<br />
patient<br />
mise en œuvre<br />
d'un traitement<br />
antalgique<br />
le patient est<br />
prévenu du soin<br />
prescription<br />
d'antalgique<br />
2.5 Conclusions et perspectives<br />
Comparaison 1 er et 2ème tour<br />
Service de Neurochirurgie<br />
Critères : intitulés courts<br />
TOURS 1 + 2 - % OUI (par rapport au total OUI + NON)<br />
C1-Le patient est prévenu du soin<br />
C2- Une prescription d'antalgique est réalisée.<br />
C3-U n traitement, à visée antalgique est mis en œ uvre.<br />
C4-rL'organisation du s oin tient compte de l'administration médicamenteuse antalgique : délai et durée d'action.<br />
C5- La douleur est évaluée avant le soin<br />
C6- La douleur est évaluée au cours du soin.<br />
C7-La douleur est évaluée après le soin.<br />
C8- I l existe un réajustement du traitement antalgique.<br />
C9-Il existe des moyens à visée antalgiques non,pharmacologiques.<br />
C10- Le déroulement du geste est traçé.<br />
C11-La satisfaction du patient a été évaluée par le soignant.<br />
OUI T1<br />
OUI T2<br />
0% 25% 50% 75% 100%<br />
Critères d’évaluation T1 oui<br />
En %<br />
T2 oui<br />
En %<br />
le patient est prévenu du soin 97 97<br />
une prescription d’antalgique est 97 100<br />
réalisée<br />
un traitement, à visée antalgique<br />
est réalisé<br />
l’organisation du soin tient<br />
compte de l’administration<br />
médicamenteuse – durée et délai<br />
d’action<br />
90 97<br />
30 72<br />
la douleur est évaluée avant le soin 20 72<br />
la douleur est évaluée pendant le 7 66<br />
soin<br />
la douleur est évaluée après le soin 13 52<br />
il existe un réajustement du 37 83<br />
traitement antalgique<br />
il existe des moyens, à visée<br />
antalgique, non pharmacologiques<br />
27 45<br />
le déroulement du geste est tracé 50 90<br />
77 90<br />
la satisfaction du patient a été<br />
évaluée pendant le soin<br />
12
Critères :<br />
i i lé<br />
Comparaison 1 er et 2ème tour<br />
Service Hématologie<br />
TOURS 1 + 2 - % OUI (par rapport au total OUI + NON)<br />
C1-le patient est prévenu du soin<br />
C2-prescription d'antalgique<br />
C3- traitement à visée antalgique<br />
C4- organisation et délai d'action<br />
C5- douleur avant soin<br />
C6- douleur pendant soin<br />
C7- douleur après soin<br />
C8- réajustement traitement<br />
C9-moyens à visée antalgiques,<br />
pharmacologiques<br />
C10-geste est tracé<br />
C11-satisfaction du patient<br />
C12-<br />
OUI 1er Tour<br />
OUI 2ème Tour<br />
0% 25% 50% 75% 100%<br />
Critères d’évaluation T1 oui<br />
En %<br />
T2 oui<br />
En %<br />
le patient est prévenu du soin 100 100<br />
une prescription d’antalgique est<br />
100 100<br />
réalisée<br />
un traitement, à visée antalgique<br />
80 71<br />
est réalisé<br />
l’organisation du soin tient<br />
50 86<br />
compte de l’administration<br />
médicamenteuse – durée et délai<br />
d’action<br />
la douleur est évaluée avant le soin 90 71<br />
la douleur est évaluée pendant le soin 0 100<br />
la douleur est évaluée après le soin 10 100<br />
il existe un réajustement du traitement 50 43<br />
antalgique<br />
il existe des moyens, à visée antalgique, 70 29<br />
non pharmacologiques<br />
le déroulement du geste est tracé 80 86<br />
la satisfaction du patient a été évaluée<br />
pendant le soin<br />
90 100<br />
Malgré les actions mises en place, certains résultats restent moyens, d’où la nécessité<br />
de poursuivre le plan d’amélioration.<br />
Le choix de cibler une évaluation des pratiques sur un soin fréquent intéressant<br />
l’ensemble des unités a d’emblée a été enthousiasmant. Il a permis à des équipes, de<br />
spécialités différentes, de partager une problématique professionnelle commune.<br />
En revanche, ce travail, mené sur plusieurs mois, montre combien il est difficile de<br />
maintenir un intérêt, s’il n’est pas ponctué d’accompagnement et d’encouragement.<br />
Il est indispensable de préserver la motivation d’un groupe de travail volontaire qui<br />
investit de son temps personnel.<br />
Ce travail a montré également combien il pouvait être difficile, pour les<br />
professionnels de se sentir évalué, par peur de mal faire.<br />
Malgré une prise de conscience amorcée, un chemin important reste à parcourir afin<br />
de développer la culture de l’évaluation.<br />
Ce partage transparent des résultats et des actions d’améliorations en cours doit<br />
permettre d’intégrer l’ensemble des professionnels dans la démarche qualité.<br />
De même, l’impact des actions d’améliorations constatées doit se pérenniser et se<br />
transmettre sur l’ensemble de l’établissement.<br />
13
Nous pensons donc qu’une réflexion institutionnelle est une première étape<br />
incontournable sur :<br />
‣ la mise en place d’une formation obligatoire sur l’évaluation pour les cadres<br />
‣ le moyen d’impulser aux équipes la culture de l’évaluation<br />
Pour faire vivre cette démarche, nous avons l’intention d’organiser, en transversalité,<br />
dans les services du Pôle, un suivi annuel des indicateurs les plus pertinents sur :<br />
‣ l’évaluation de la douleur, avant, pendant et après la toilette<br />
‣ la traçabilité<br />
‣ l’utilisation des échelles de mesure<br />
‣ l’utilisation des moyens de diversion<br />
14
BIBLIOGRAPHIE<br />
Références :<br />
- Code de la Santé Publique : article R.4127- 37, décret n° 2006-120 du 6 février<br />
2006 : «En toutes circonstances, le médecin doit s’efforcer de soulager les souffrances<br />
du malade par des moyens appropriés à son état et l’assister moralement...»<br />
- Circulaire du 2 mars 2006 : « Tout établissement doit se doter des moyens propres à<br />
organiser la prise en charge de la douleur des personnes qu’il accueille...»<br />
- Juin 2004 : MALAQUIN-PAVAN E., MORIZE V. – Prévention de la douleur provoquée<br />
par les soins chez la personne adulte et /ou âgée : organisation des soins avant /pendant<br />
/après.<br />
<strong>CNRD</strong> – Centre National de Ressources de lutte contre la douleur.<br />
- BO 2002-21. Mai 2002. Article L. 1110- 5 du CSP « Guide pour la mise en place d’un<br />
programme de lutte contre la douleur dans les établissements de santé ».<br />
- Loi n° 2002-303 du 04 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système<br />
de santé : « toute personne a le droit de recevoir des soins visant à soulager sa douleur. Celleci<br />
doit être en toute circonstance prévenue, prise en compte et traitée ».<br />
- La prévention de la douleur dans les établissements de santé - Groupe de travail ARH –<br />
DRASS – Coordination Lorraine Douleur – Soins Palliatifs – Accompagnement - Mars 2004<br />
- Manuel de certification des établissements de santé, édition 2007, chapitre 3, référence 26 –<br />
Direction de l’Accréditation - Haute Autorité de Santé : aborde la prise en charge de la<br />
douleur et notamment la traçabilité dans le dossier du patient.<br />
- Audit clinique ciblé : Évaluation des pratiques par comparaison à un référentiel : HAS juin<br />
2005<br />
15
GRILLE DE RECUEIL DES DONNEES<br />
Audit de pratiques<br />
Prise en charge de la douleur lors de la toilette<br />
chez un patient adulte algique et communicant<br />
Date : …………………<br />
Établissement / service : …………………<br />
N° de la grille : ………..<br />
Nom de l’évaluateur :<br />
Identification du patient : les 3 premières lettres <br />
N° CRITERES<br />
1 Le patient est prévenu du soin<br />
OU<br />
I<br />
NO<br />
N<br />
N<br />
A<br />
Commentaires<br />
2 Une prescription d’antalgique est réalisée<br />
3 Un traitement, à visée antalgique est mis en œuvre<br />
4 L’organisation du soin tient compte de l’administratio<br />
médicamenteuse antalgique : délai et durée d’action<br />
5 La douleur est évaluée avant le soin<br />
6 La douleur est évaluée au cours du soin<br />
7 La douleur est évaluée après le soin<br />
8 Il existe un réajustement du traitement antalgique<br />
9 Il existe des moyens à visée antalgique, non<br />
pharmacologiques<br />
10 Le déroulement du geste est traçé<br />
11 La satisfaction du patient a été évaluée par le soignan<br />
16
Douleur à la ponction de la<br />
fistule artério-veineuse en hémodialyse<br />
H. Vergne*, MC Darnis*, A Ostertag**, JM Poux*<br />
*ALURAD – Brive – Corrèze<br />
**INSERM U606, Centre Viggo Petersen, Hôpital Lariboisiere, PARIS<br />
ALURAD<br />
Centre Hospitalier de Brive<br />
Bd du Docteur Verlhac, BP 412<br />
193120 BRIVE CEDEX<br />
Tél : 05.55.23.02.73 / Fax : 05.55.17.52.58<br />
sec.med19@alurad.asso.fr<br />
jmpoux@alurad.asso.fr<br />
I – Introduction<br />
La douleur est devenue une problématique permanente en hémodialyse.<br />
La prévention de la douleur provoquée par les soins est définie comme une des priorités de<br />
santé publique.<br />
Les infirmières sont fortement impliquées dans l’évaluation et la prise en charge de la<br />
douleur (décret n°2002-194 du 11 Février 2002- relatif aux actes professionnels et à<br />
l’exercice de la profession d’infirmier). En hémodialyse, elles ont un rôle essentiel dans la<br />
gestion et l’utilisation des abords vasculaires (fistules artério-veineuses).<br />
Malgré un accueil infirmier de qualité, une écoute active et une bonne installation en<br />
dialyse, la ponction de la fistule artério-veineuse (FAV) avec des aiguilles de gros calibre<br />
représente un acte agressif et répétitif (deux ponctions trois fois par semaine) pour des<br />
patients dont la prise en charge en dialyse peut durer plusieurs années.<br />
A notre connaissance la douleur provoquée par la ponction de la FAV en hémodialyse<br />
a fait l’objet de peu de travaux d’évaluation. Nous avons donc réalisé une enquête sur la<br />
douleur globale ressentie à la ponction de la FAV dans les structures de dialyse de<br />
l’Association Limousine pour l’Utilisation du Rein Artificiel à Domicile (ALURAD) du<br />
17
secteur Corrèze composées d’une unité de dialyse médicalisée et de trois unités d’autodialyse.<br />
Cette enquête réalisée à l’aide d’un questionnaire d’auto-évaluation nous permet de<br />
dresser un état des lieux de la douleur engendrée par la ponction de la FAV et d’adapter les<br />
pratiques professionnelles au sein de notre équipe soignante.<br />
II – Les méthodes<br />
1 - Population de patients (tableau 1)<br />
Cette enquête a été conduite chez l’ensemble des patients hémodialysés chroniques de<br />
l’association ALURAD de notre secteur géographique, soit 72 patients.<br />
La douleur n’a pu être évaluée chez six patients (trois réponses inexploitables et trois non<br />
réponse au questionnaire). L’étude a donc été réalisée chez 66 patients : 48 hommes et 18<br />
femmes, d’âge moyen 66,8 ± 13,1 ans (moyenne ± écart-type) dont 12 patients diabétiques<br />
(un seul patient diabétique de type 1). L’ancienneté moyenne de la prise en charge en<br />
dialyse est de 47 mois avec une médiane de 25 mois.<br />
Les fistules artério-veineuses utilisant une veine native sont au nombre de 49. Dix sept<br />
patients ont une FAV de nature prothétique (PTFE : polytetrafluoroethylene).<br />
Tableau 1 : population de patients (n = 66)<br />
Age (ans, moyenne ± écart-type) 66,8 ± 13,1<br />
Femmes (n) 18<br />
Hommes (n) 48<br />
Diabète (n) 12<br />
FAV natives 49 (88%)<br />
Prothèses en PTFE 17 (12%)<br />
Anciennetés<br />
-de la FAV (mois, moyenne ± écart-type) 46 ± 41<br />
-de la dialyse (mois, moyenne ± écarttype)<br />
47 ± 58<br />
18
2 - Technique de ponction et aiguilles utilisées.<br />
Pour la ponction des FAV, nous utilisons des aiguilles métalliques du<br />
laboratoire HOSPAL de type « plumes », courtes, de calibre moyen 16 G (parfois 17G ou<br />
15G)<br />
Nous pratiquons la ponction de la FAV avec le biseau de l’aiguille tourné vers le bas. Les<br />
points de ponction sont changés à chaque séance de dialyse.<br />
3 - L’outil : un questionnaire d’auto-évaluation (Annexe 1)<br />
Cette enquête a donc été réalisée à l’aide d’un questionnaire d’auto-évaluation concis,<br />
remis au patient lors d’une séance de dialyse et rempli à domicile. Il comporte 5 questions<br />
simples dont 4 « fermées » (oui/non) relatives au ressenti global de la douleur à la ponction<br />
et à l’utilisation de la crème EMLA®.<br />
Ce questionnaire utilise une échelle numérique (EN) de 0 à 10 pour l’intensité de la<br />
douleur ressentie. Nous avons distingué à l’aide de cette échelle trois niveaux de<br />
sévérité de la douleur : « faible » (1 à 4), « modérée » (5 et 6), et « sévère » (7 à 10).<br />
4 - Les variables qualitatives et quantitatives étudiées.<br />
Plusieurs variables quantitatives ou qualitatives relatives aux patients et à leurs abords<br />
vasculaires ont été étudiées.<br />
Patients :<br />
- âge (années)<br />
- sexe<br />
- diabète (oui – non)<br />
Abords vasculaires (FAV):<br />
- type FAV (native – prothétique)<br />
- situation FAV (distale – proximale)<br />
- reprise chirurgicale FAV (oui – non)<br />
- ancienneté de dialyse (mois)<br />
19
- ancienneté de la FAV (mois)<br />
- utilisation crème anesthésiante cutanée (oui – non)<br />
5 - Méthodes Statistiques<br />
Nous avons constitué deux groupes de patients selon le ressenti ou non d’une douleur<br />
à la ponction. Les variables qualitatives sont exprimées en pourcentage. Les résultats des<br />
variables quantitatives sont exprimées par leur moyenne et écart-type (m±ET). Nous avons<br />
calculé et utilisé la médiane de l’ancienneté de prise en charge en dialyse pour construire<br />
les variables relatives à l’ancienneté de dialyse et de création de FAV en deux classes<br />
distinctes (inférieure ou supérieure à cette médiane).<br />
Nous avons utilisé un test d’analyse de la variance (ANOVA) pour l’étude des variables<br />
quantitatives et un test de Chi 2 pour celles des variables qualitatives. En cas d’effectifs<br />
théoriques insuffisants, un test exact de Fischer a été réalisé. La valeur de la significativité<br />
a été fixée au seuil de 0,05.<br />
III – Les résultats<br />
La douleur à la ponction est exprimée par 38 des 66 patients, soit 57,5 % de nos<br />
patients dialysés.<br />
Douleur à la ponction de FAV<br />
Patients non<br />
Douloureux;<br />
42,20%<br />
Patients<br />
Douloureux ;<br />
57,50%<br />
L’intensité de la douleur exprimée est faible : en moyenne de 2, 8 (niveau 1) sur l’échelle<br />
numérique sachant que la majorité des patients (79%) expriment une douleur de niveau<br />
modérée (niveau 1)<br />
20
Niveaux douloureux de la ponction<br />
Niveau 2<br />
13%<br />
Niveau 3<br />
8%<br />
Niveau 1<br />
79%<br />
Niveau 1 Niveau 2 Niveau 3<br />
Une appréhension à la ponction est aussi exprimée par plus d’un tiers des patients.<br />
1 - Influence du sexe<br />
En dialyse, les hommes sont proportionnellement plus nombreux (et aussi plus âgés)<br />
que les femmes car l’insuffisance rénale chronique a, le plus souvent, une origine<br />
vasculaire (Néphropathies dites « vasculaires »). Dans notre étude, nous retrouvons<br />
également une proportion d’hommes plus élevée (48 hommes pour 18 femmes). Les<br />
hommes sont aussi en moyenne plus âgés que les femmes (68,8 ± 10,7 ans versus 61,5 ±<br />
17,2 (m ± SD), p=0,043).<br />
Douze des 18 femmes expriment une douleur à la ponction soit 67 % des femmes. Vingt<br />
six hommes sur 48 expriment une douleur soit 54 % des hommes. Statistiquement, ces<br />
pourcentages entre femmes et hommes ne différent pas de manière significative (67% vs<br />
54%, p= 0,4).<br />
2 - Influence de l’âge<br />
La moyenne d’âge dans le groupe « Douleur » est sensiblement égale à celle du groupe<br />
« Non Douleur » (65,3 ± 14,6 ans versus 68,8 ± 10,7 ans, p=0,28). L’âge n’intervient pas<br />
dans le ressenti douloureux de la ponction.<br />
21
3 - Influence du diabète<br />
Dans notre population assez faible de patients diabétiques (12 patients), 7 (58%)<br />
expriment de la douleur ; dans la population non diabétique (54 patients), une proportion<br />
équivalente exprime une douleur : 31 patients soit 57%. Parmi les patients qui expriment<br />
une douleur, il n’y a pas de différence significative entre le pourcentage de patients ayant<br />
un diabète et celui n’en présentant pas (p=0,95).<br />
4 - Nature de la FAV : native ou prothétique (PTFE)<br />
Dans la population des 49 patients porteurs d’une FAV native, 27 déclarent un ressenti<br />
douloureux, soit 55,1 %. Parmi les autres patients qui sont donc porteurs d’une FAV<br />
prothétique, 11 expriment une douleur, soit 64,7 %. Il n’y a pas de différence statistique<br />
significative entre les deux groupes (p=0,49).<br />
5 - Situation de la FAV (proximale ou distale)<br />
Nous comptons seulement 8 patients porteurs d’une FAV proximale (située au bras).<br />
Parmi les 58 patients porteurs d’une FAV « distale » à l’avant bras, 34 patients expriment<br />
une douleur à la ponction, soit 58,6 %. Parmi les 8 patients porteurs d’une FAV proximale,<br />
4 patients (50%) ressentent une douleur à la ponction. Parmi les patients qui expriment une<br />
douleur, la situation proximale ne diffère pas de manière significative de la situation distale<br />
de la FAV (p=0,71).<br />
6 - Reprise chirurgicale de la FAV<br />
Dans notre population, 31 patients ont subi antérieurement une reprise chirurgicale de leur<br />
abord vasculaire ou un geste endo-vasculaire d’angioplastie trans-luminale. Sur ces 31<br />
patients, 18 ressentent une douleur à la ponction, soit 58 %. Sur les 35 patients n’ayant pas<br />
subi de reprise chirurgicale, 20 expriment une douleur à la ponction, soit 57 %. Il n’y a pas<br />
de différence significative entre les 2 groupes (p=0,94). Un antécédent de reprise<br />
chirurgicale ne semble donc pas être un facteur aggravant la douleur à la ponction.<br />
22
7 - Ancienneté de traitement par dialyse<br />
L’ancienneté du traitement par dialyse, exprimée en mois, est moins importante dans le<br />
groupe exprimant une douleur (41,8 mois) que dans le groupe « non douleur » : 59,7 mois.<br />
Mais cette variable temps ne possède pas une distribution suivant une « loi normale ». Afin<br />
de tester la relation entre l’ancienneté de la dialyse et la présence de la douleur, nous avons<br />
distingué deux groupes de patients par rapport à la valeur médiane d’ancienneté en dialyse<br />
(24 mois): un groupe dont l’ancienneté en dialyse est supérieure à la valeur médiane<br />
(n=32), un groupe dont l’ancienneté en dialyse est inférieure/égale à la valeur médiane<br />
(n=34). Parmi les patients du groupe dont l’ancienneté en dialyse est la plus courte, 23<br />
(72%) ressentent une douleur à la ponction, alors que 15 (44%) patients dont l’ancienneté<br />
en dialyse est la plus longue ressentent une douleur à la ponction. Il existe une liaison entre<br />
les 2 variables qualitatives étudiées. Il y a davantage de patients présentant une douleur<br />
pour lesquels la durée de la dialyse est inférieure à 24 mois (p 24 mois<br />
Ainsi nous pouvons conclure que dans notre population de patients l’ancienneté en<br />
hémodialyse intervient dans le ressenti douloureux à la ponction de la FAV. Ceci confirme<br />
notre expérience quotidienne en hémodialyse.<br />
23
8 - Ancienneté de la FAV<br />
En moyenne, l’ancienneté de création de la FAV est de 44,9 mois dans le groupe<br />
« Douleur » contre 52,9 mois dans le groupe « Non Douleur ». Comme pour l’ancienneté<br />
de mise en dialyse, nous avons distingué deux groupes de patients selon l’ancienneté de<br />
création de leur abord vasculaire : supérieure ou inférieure /égale à 24 mois. Nous<br />
observons alors les populations suivantes : 26 patients dont la FAV a une ancienneté<br />
inférieure à 24 mois et 40 patients dont la FAV a plus de 24 mois d’ancienneté. Dans le<br />
premier groupe, 73% expriment une douleur contre 48% dans le deuxième groupe. La<br />
différence entre les deux groupes est significative (p< 0,05).<br />
Influence de l'ancienneté de la FAV<br />
Douleur<br />
80%<br />
70%<br />
60%<br />
50%<br />
40%<br />
30%<br />
20%<br />
10%<br />
0%<br />
73%<br />
48%<br />
< 24 Mois > 24 Mois<br />
La ponction d’une FAV récemment créée apparaît plus douloureuse. Ce résultat confirme<br />
aussi notre expérience quotidienne en hémodialyse.<br />
9 – Utilisation de la crème EMLA et efficacité<br />
La crème anesthésiante EMLA® est utilisée par 40 des 65 patients qui ont répondu à<br />
cette question (une absence de réponse). Nous avons constaté que 60,5 % des patients<br />
exprimant une douleur à la ponction de leur FAV utilisent cette crème anesthésiante.<br />
24
IV – Discussion et actions mises en place<br />
1 - Plusieurs Constats<br />
Les soins de pratique courante sont souvent douloureux.<br />
La ponction de la FAV en hémodialyse est un acte infirmier qui peut progressivement,<br />
par sa répétition, se banaliser au sein de l’équipe soignante. Il s’agit, cependant, d’un acte<br />
technique invasif mettant en jeu des aiguilles de calibre important.<br />
Notre étude montre que la douleur à la ponction est ressentie par plus de la moitié<br />
de nos patients dialysés. Elle est en réalité souvent non spontanément exprimée par les<br />
patients. Il existe probablement une certaine résignation des patients face à la douleur<br />
provoquée par la ponction. Il s’agit, certes, d’une douleur d’intensité faible dans plus de la<br />
moitié des cas mais qui se répète plusieurs fois par semaine. Cette étude confirme aussi<br />
notre expérience en hémodialyse : le ressenti douloureux lors de la ponction de la FAV<br />
diminue avec le temps passé en dialyse. La nature du montage vasculaire (natif ou<br />
prothétique) ne semble pas influencer ce ressenti.<br />
Les échecs de ponction, sources de complications (hématomes), représentent aussi un<br />
stress important pour les patients et une cause fréquente de douleur en rapport avec l’abord<br />
vasculaire.<br />
Pour certaines personnes âgées, seules ou isolées (dont l’habitation est assez éloignée du<br />
centre de dialyse) ou pour ceux qui ont conservé une activité professionnelle, il est parfois<br />
difficile d’appliquer correctement la crème anesthésiante (respect d’un délai d’application<br />
d’une heure) avant la dialyse.<br />
La prise en charge de la douleur à la ponction reste donc insuffisante malgré l’utilisation de<br />
la crème anesthésiante EMLA®. Une proportion non négligeable de patients ressentant une<br />
douleur n’en bénéficie pas. De plus, elle ne semble pas toujours efficace et l’action<br />
d’éducation pour une bonne application doit être précoce et évaluée dans le temps.<br />
25
2 - Actions proposées : la douleur devenue « fatalité » est prise en compte<br />
par l’équipe soignante.<br />
a) Un outil simple pour évaluer : au sein de notre équipe soignante le<br />
questionnaire d’auto-évaluation de la douleur à la ponction est utilisé comme un nouvel<br />
outil dans la lutte contre la douleur en hémodialyse. Il est distribué aux patients lors des<br />
premiers mois de la prise en charge en dialyse.<br />
b) Des moyens :<br />
• Lors de la consultation infirmière préalable à toute mise en route du traitement par<br />
hémodialyse, l’intérêt de l’utilisation de la crème EMLA® et des recommandations<br />
d’applications (repérage de la zone à anesthésier, délai minimal d’une heure, application<br />
d’un film alimentaire) sont expliqués aux patients.<br />
• Elaboration d’un protocole d’utilisation de la crème EMLA® en hémodialyse qui<br />
s’inspire de celui créé par le Centre National de Ressources de lutte contre la Douleur<br />
(<strong>CNRD</strong>) chez l’adulte.<br />
• Accès des patients à la crème EMLA® en tube de 5 g dans toutes les structures de<br />
soins (UDM et UAD).<br />
• Utilisation d’aiguilles à fistule de plus petit calibre (17G) lors des premières<br />
ponctions veineuses.<br />
26
V – Conclusions<br />
La ponction de la FAV en hémodialyse reste, malgré l’utilisation de la crème<br />
EMLA®, un acte potentiellement douloureux, même si l’intensité de la douleur<br />
occasionnée est modérée dans la majorité des cas. Elle concerne essentiellement les FAV<br />
récemment créées et utilisées. Des actions précoces d’éducation sur l’intérêt de<br />
l’application et la bonne utilisation de la crème EMLA®, c'est-à-dire avant la réalisation<br />
des premières séances de dialyse, doivent être mises en place.<br />
VI – Bibliographie<br />
- Davison S N : Chronic pain in end-stage renal disease. Adv. Chron. Kid. Dis. 2005;<br />
12(3): 326-334<br />
- Poux JM et coll. La douleur en hémodialyse: résultats d’une enquête prospective chez<br />
172 patients utilisant un questionnaire multidimensionnel d’autoévaluation. Abstract<br />
AD081. Société Française de Néphrologie - Clermont-Ferrand Sept. 2005<br />
- Crespo Montero R et al. : Pain degree and skin damage during arterio-venous fistula<br />
puncture. EDTA ERCA J. 2004; 30(4): 208-212<br />
- Décret n°2002-194 du 11 Février 2002 relatif aux actes professionnels et à l’exercice de<br />
la profession d’infirmier.<br />
- Evelyne Malaquin-Pavan et Pascale Thibault. Utilisation de la crème EMLA® chez<br />
l’adulte et la personne âgée. Fiche de soin de janvier 2005. <strong>CNRD</strong> - Site pour<br />
l’amélioration de la prise en charge de la douleur liée aux soins. www.cnrd.fr<br />
27
Annexe 1 : Questionnaire d’auto-évaluation<br />
Merci de répondre à ces quelques questions :<br />
1 - RESSENTEZ VOUS UNE DOULEUR LORS DE LA POSE (OU DE l’ABLATION)<br />
DES AIGUILLES DANS VOTRE FISTULE <br />
□ OUI<br />
□ NON<br />
2- ENTOUREZ LE CHIFFRE DE 0 à 10 QUI DECRIT LE MIEUX CETTE DOULEUR<br />
EN GENERAL<br />
0<br />
pas<br />
de<br />
doul<br />
eur<br />
1 2 3 4 5 6 7 8 9<br />
10<br />
douleur<br />
la plus<br />
horrible<br />
3 - UTILISEZ VOUS LA CREME EMLA® SUR VOTRE FISTULE ARTERIO<br />
VEINEUSE <br />
□ OUI<br />
□ NON<br />
4 - SI OUI, LA CREME EMLA® VOUS SEMBLE T’ ELLE <br />
□<br />
□<br />
EFFICACE<br />
NON EFFICACE<br />
5 - RESSENTEZ VOUS UNE APPREHENSION AVANT LA PONCTION DE<br />
VOTRE FISTULE ARTERIO VEINEUSE <br />
□ OUI<br />
□ NON<br />
28
Amélioration continue de la qualité de la prise en charge de la douleur postopératoire<br />
dans un CHU Pédiatrique.<br />
<strong>Dr</strong> Olivier Gall<br />
Praticien Hospitalier, Anesthésie Réanimation<br />
Bénédicte Lombart<br />
Cadre de santé, Unité de Lutte Contre la Douleur<br />
Hôpital d’enfants Armand Trousseau, Paris<br />
L’évaluation des pratiques professionnelles propose aujourd’hui des méthodes structurées<br />
d’amélioration continue de la qualité des soins (tableau 1). Le point commun entre ces<br />
différentes méthodes est d’essayer de confronter la situation quotidienne à une pratique idéale<br />
(données de la littérature) et d’évaluer objectivement l’impact des actions entreprises.<br />
Les premiers travaux consacrés à la qualité dans le domaine de la douleur postopératoire ont<br />
été publiés au milieu des années 90 en Europe et aux Etats-Unis (1-6).<br />
A l’hôpital d’enfants Armand Trousseau (Paris), une démarche d’amélioration de la qualité de<br />
la prise en charge de la douleur postopératoire a été engagée en 1996. Des audits se sont<br />
ensuite succédés en 1998, 2001, 2003, 2005 et 2007. Un audit est actuellement en cours<br />
d’analyse.<br />
Le premier audit clinique a été réalisé, à l’initiative du service d’Anesthésie-Réanimation et<br />
de l’unité Douleur, sur le modèle de l’enquête APHP (3). Cet audit a concerné les quatre<br />
secteurs de chirurgie pédiatrique : l’ORL, la maxillo-faciale, l’orthopédie et la chirurgie<br />
viscérale.<br />
Un observateur extérieur a vu systématiquement tous les opérés et consulté leur dossier. Le<br />
respect des procédures a été documenté grâce aux relevés sur l’information préopératoire,<br />
l’évaluation de la douleur postopératoire en SSPI et en chirurgie, la rédaction et exécution de<br />
la prescription antalgique postopératoire. L’observateur a évalué directement la douleur des<br />
enfants à J0 (sortie de SSPI) et à J1 (service de chirurgie) en tant que résultat – patient. Les<br />
échecs d’analgésie ont été définis comme une EVA > 40, un score OPS > 3 ou un score EDIN<br />
> 5 selon l’âge des patients.<br />
En 1996 l’audit a révélé des insuffisances importantes sur la plupart des indicateurs. Ainsi par<br />
exemple, concernant l’évaluation de la douleur en SSPI, il a été retrouvé une trace écrite de<br />
29
l’utilisation d’une échelle d’évaluation dans 8 % des observations ; le recours à la titration<br />
morphinique a également été insuffisant ; en corollaire un nombre important d’enfants a quitté<br />
prématurément la SSPI avec des scores de douleur élevés (27 % d’échecs d’analgésie à J0).<br />
L’évaluation et le traitement de la douleur ont également été insuffisants dans les services de<br />
chirurgie, avec une absence quasi complète de report écrit des évaluations de la douleur dans<br />
les dossiers de soins et 23 % d’échecs d’analgésie à J1.<br />
Les résultats ont été présenté en réunion aux principaux acteurs et diffusés par écrit au reste<br />
de la communauté médicale et à la direction de l’hôpital.<br />
Le plan d’action a été focalisé sur l’évaluation de la douleur et la titration morphinique en<br />
SSPI. Il a comporté une formation à l’évaluation de la douleur pédiatrique à l’intention des<br />
IDE de tous les services de l’hôpital. Par ailleurs une nouvelle fiche de surveillance en SSPI a<br />
été élaborée, fiche dans laquelle la douleur a été identifiée comme un critère de sortie. Les<br />
modalités d’administration de la morphine ont été simplifiées, en particulier grâce à la<br />
création d'une dotation de morphine pour la SSPI. Enfin, un protocole de titration en SSPI a<br />
été mis en place.<br />
Le deuxième et le troisième audit, réalisés en 1998 et en 2001 avec la même méthodologie,<br />
ont montré une amélioration sensible de l’évaluation de la douleur en SSPI et dans les<br />
services de chirurgie. Il a été retrouvé une trace écrite de l’utilisation d’une échelle<br />
d’évaluation dans 45 puis 87 % des observations en SSPI ainsi que dans 37 puis 90 % des<br />
observations dans les services de chirurgie.<br />
La progression n’a pas été homogène d’un service à l’autre témoignant le plus souvent de<br />
l’engagement d’un cadre et de l’équipe médicale dans la démarche.<br />
Le groupe de travail a été élargi. Les résultats de l’audit ont été communiqués plus largement<br />
et repris par le CLUD sous forme d’un tableau comparatif service par service.<br />
Le plan d’action a été ciblé sur la mise en œuvre des techniques d’analgésie les plus<br />
puissantes : PCA morphine et ALR avec cathéter de réinjection. La création d’une unité<br />
mobile de douleur postopératoire a été décidée avec surveillance spécifique de l’analgésie par<br />
PCA ou par cathéter péri-nerveux, de leur efficacité et du réajustement des traitements le cas<br />
échéant. Malheureusement cette unité a du interrompre son activité en raison de la difficulté<br />
pour détacher du personnel IADE du bloc opératoire.<br />
Un quatrième audit, réalisé en 2003, un an après la disparition de l’unité mobile de douleur<br />
post opératoire, a montré un recul notable dans l’évaluation de la douleur puisque<br />
l’exhaustivité est passée de 87 à 75 % en SSPI et de 90 à 77 % dans les services de chirurgie.<br />
Cependant les prescriptions postopératoires restaient majoritairement conformes aux<br />
30
ecommandations de pratique professionnelle : analgésie multimodale dans 83 % des cas,<br />
traitement systématique dans 97 % des cas, suppléments antalgiques dans 51 % des cas. note<br />
Le recours aux ALR a progressé de 5 % par rapport à l’enquête précédente, mais avec<br />
seulement 1 ALR avec cathéter de réinjection. L’utilisation de PCA n’était pas encore étendue<br />
avec une proposition de ce type d’analgésie à 11 % des patients. La marge de progression<br />
dans ces deux derniers domaines restaient donc notables.<br />
En 2003 le recrutement d’une IADE au sein de l’unité douleur avec une activité dédiée à la<br />
prise en charge de la douleur post opératoire a permis de reprendre les objectifs<br />
d’amélioration retenus précédemment.<br />
L’audit réalisé en 2005 a montré une pérennisation des améliorations de la prise en charge de<br />
la douleur en SSPI avec une évaluation de la douleur et une titration morphinique qui se sont<br />
généralisées. La présence des parents en SSPI, élément primordial dans la prise en charge en<br />
pédiatrie, s’est généralisée. Cependant, le taux d’échec d’analgésie à J1 est resté élevé à 21 %.<br />
Les hypothèses de cette stagnation sont la sous-administration de la morphine (utilisation de<br />
la nalbuphine trop majoritaire) et la faible utilisation des techniques d’analgésie<br />
locorégionales.<br />
L’audit de 2007 a mis en évidence une systématisation de l’évaluation tant en SSPI qu’en<br />
hospitalisation, accompagnée d’une amélioration qualitative de celle-ci. Les outils<br />
d’évaluation sont non seulement plus utilisés mais aussi mieux adaptés à l’âge de l’enfant et<br />
au contexte de la douleur. Des réévaluations de traitements sont également relevées dans 93%<br />
des cas où l’enfant avait reçu un traitement supplémentaire pour sa douleur.<br />
Dans notre expérience, les points essentiels dans cette démarche d’amélioration continue de la<br />
qualité ont été, d’un point de vue structurel, le support institutionnel marqué notamment par la<br />
création d’un poste d’IADE référente, et d’un point de vue organisationnel, l’élargissement du<br />
groupe de travail aux IDE et aux équipes médicales des services de chirurgie.<br />
L’évaluation de la douleur ou plus exactement l’amélioration de la qualité de l’évaluation de<br />
la douleur a été un point central de la démarche. Rendre le symptôme visible par une autoévaluation<br />
chiffrée est un objectif commun à tous les textes de recommandations. Les études<br />
montrent que l’introduction de l’évaluation douleur associée à une formation des<br />
professionnels permet d’atteindre cet objectif à court terme et exerce une influence favorable<br />
sur les niveaux de douleur postopératoire des patients (5, 7). A un stade plus avancé,<br />
l’évaluation doit permettre à l’IDE de déclencher l’administration de doses de secours. Enfin,<br />
la qualité de l’évaluation et de la relation au patient dépasse le cadre de la simple évaluation<br />
31
quantitative. Elle constitue même, de longue date, un moyen non pharmacologique de<br />
traitement de la douleur postopératoire (8).<br />
32
Références :<br />
1. Rawal N and Berggren L. Organization of acute pain services: a low-cost model. Pain<br />
1994; 57: 117-23<br />
2. Ward SE and Gordon D. Application of the American Pain Society quality assurance<br />
standards. Pain 1994; 56: 299-306<br />
3. Poisson-Salomon AS, Audit de la prise en charge de la douleur postopératoire. La<br />
Presse Médicale, 1996, 25 : 1013-1017.<br />
4. Miaskowski C, Crews J, Ready LB, Paul SM and Ginsberg B. Anesthesia-based pain<br />
services improve the quality of postoperative pain management. Pain 1999; 80: 23-9<br />
5. de Rond ME, de Wit R, van Dam FS, van Campen BT, den Hartog YM and Klievink<br />
RM. A pain monitoring program for nurses: effects on nurses' pain knowledge and<br />
attitude. J Pain Symptom Manage 2000; 19: 457-67<br />
6. Galinski M, Fletcher D, Gaude V, Guirimand F and Chauvin M. [Periodic evaluation of<br />
practices in postoperative pain management]. Ann Fr Anesth Reanim 2000; 19: 725-33<br />
7. Ravaud P, Keita H, Porcher R, Durand-Stocco C, Desmonts JM and Mantz J.<br />
Randomized clinical trial to assess the effect of an educational programme designed to<br />
improve nurses' assessment and recording of postoperative pain. Br J Surg 2004; 91:<br />
692-8.<br />
8. Egbert LD, Battit GE, Welch CE, Bartlett MK. Reduction of postoperative pain by<br />
encouragement and instruction of patients. A study of Doctor-Patient rapport. N Engl J<br />
Med 1964;270:825-827<br />
33
Tableau 1<br />
Chemin clinique<br />
Caractéristiques<br />
check list permettant de programmer et<br />
d’organiser chaque étape d’un processus de<br />
soin<br />
Indiqué pour<br />
évaluer une succession de procédures<br />
(traçabilité)<br />
Revue morbidité en<br />
analgésie<br />
étude de cas, rétrospective<br />
comparer la situation quotidienne à une<br />
pratique idéale (données de la<br />
littérature)<br />
analyser les causes racines des<br />
dysfonctionnements<br />
Enquête de pratiques questionnaire, prospectif ou retrospectif évaluer une structure et des procédures<br />
recueillir l’opinion des professionnels et<br />
les sensibiliser<br />
limite : déclaratif<br />
Audit clinique enquête prospective évaluer des procédures et des résultatpatients<br />
comparer la situation quotidienne à une<br />
pratique idéale (données de la<br />
littérature)<br />
limite : inapproprié pour évaluer une<br />
structure<br />
Suivi d’indicateurs<br />
recueil prospectif ciblé<br />
Par exemple : nombre de patients ayant une<br />
EVA > 40, un score OPS > 3 ou un score<br />
EDIN > 5.<br />
Principales modalités d’EPP d’après :<br />
Référentiel prise en charge de la douleur postopératoire, HAS, Juin 2005.<br />
(http://www.has-sante.fr)<br />
suivre l’impact d’un plan d’action au<br />
cours du temps<br />
34
Douleur neuropathique et douleur provoquée<br />
<strong>Dr</strong> T. Delorme<br />
Institut Curie Paris (75)<br />
Texte non communiqué pour l’impression du livret<br />
35
Retentissements des douleurs neuropathiques lors des soins<br />
Cécile Pago*, Marie Faucheur**, Isabelle Durgun***<br />
*Infirmière, **Cadre de santé, pôle rééducation, évaluation, réadaptation (RER)<br />
***Infirmière ressource douleur<br />
Hôpital Raymond Poincaré, Garches (78)<br />
Introduction<br />
Infirmière dans le pôle RER à l’hopital Raymond Poincaré je souhaitais témoigner de notre<br />
expérience de soignante dans la prise en charge des douleurs neuropathiques au sein du pôle .<br />
Depuis dix ans, le profil des patients accueillis dans le service a évolué. Nous recevons<br />
désormais plus de patients dits cérébraux lésées que des patients médullaires.<br />
Ces patients cérébro-lésés présentent des lésions le plus souvent d’origine vasculaire qui<br />
induisent des douleurs, et en particulier des douleurs neuropathiques.<br />
Les soignants sont donc confrontés quotidiennement à la difficulté de la prise en charge des<br />
patients douloureux. De plus l’hospitalisation longue (entre 3 et 6 mois) est souvent<br />
éprouvante pour le patient et son entourage. Le symptôme douleur majore ce ressenti.<br />
Malgré les différents projets les difficultés persistent, les douleurs neuropathiques sont encore<br />
mal prises en compte et parfois méconnues des soignants. Ainsi, il n’est pas rare d’entendre<br />
encore « Mais pourquoi criez-vous Madame, je vous ai à peine touché… ».<br />
Comment prendre en charge ce type de patient, comment tendre vers une indépendance<br />
lorsque le « toucher » devient insupportable et que l’on sait que les traitements<br />
médicamenteux bien conduits ont une efficacité modeste <br />
Quels projets avons-nous réalisés <br />
En 2005 à la suite du congrès de la SFETD « Mémoires et Douleur, pratiques plurielles le<br />
désir s’est fait sentir de « développer la culture douleur » au sein de notre service de<br />
rééducation fonctionnelle de 45 lits dédiés à des personnes cérébraux lésés (hémiplégiques,<br />
traumatisés crâniens sévères) et de 20 lits dédiés à des malades dits médullaires<br />
(paraplégiques et tétraplégiques).Il fallait donc :<br />
- Renforcer les compétences de chaque membre de l’équipe<br />
36
- Développer l’implication des soignants dans le traitement de la douleur<br />
- Améliorer la pratique pluridisciplinaire et la coordination des soins<br />
La mise en place de ce projet s’est déroulée sur deux ans et en deux étapes :<br />
- Première étape :<br />
o un premier temps centré sur<br />
- l’approfondissement des connaissances avec : une réactualisation des savoirs<br />
théoriques. Des cours 1 ont été dispensés par le médecin assurant les consultations<br />
douleurs une fois par semaine sur l’hôpital. Le nombre constant de participants ainsi<br />
que le retour positif du questionnaire d’évaluation du projet nous permet de penser<br />
que notre objectif a été atteint.<br />
o un deuxième temps centré sur<br />
- une meilleure connaissance de soi-même : groupe animé par un psychologue. Les<br />
peurs, les craintes, les réactions négatives des soignants sur ce sujet très impliquant<br />
n’ont pas permis l’atteinte de cet objectif. Ce thème a probablement été planifié trop<br />
tôt avec une équipe pas suffisamment mature professionnellement.<br />
- Deuxième étape : mise en place d’ateliers de réflexion sur la prise en charge des<br />
malades douloureux avec participation de l’équipe interdisciplinaire. Ce travail de<br />
groupe a été élaboré à partir des demandes des soignants évoquées dans le questionnaire<br />
d’évaluation des cours théoriques.<br />
La méthode proposée :<br />
une présentation de cas clinique sur les différents types de patients (blessés médullaires,<br />
malades hémiplégiques souffrant d’algodystrophie de l’épaule, traumatisés crâniens) .<br />
Cette méthode interactive, dynamique, impliquante (recherche de donnée pour présenter<br />
le cas clinique, lien entre connaissances théoriques et pratiques) a permis des<br />
acquisitions professionnelles utilisables.<br />
Parallèlement à ce projet une « enquête douleur » réalisée dans le service, a fait<br />
apparaître une demande des patients : la création d’un livret informatif simplifié sur la<br />
douleur neuropathique et ses traitements.<br />
Une autre enquête réalisée sur l’évaluation de la douleur et son suivi au sein de<br />
l’établissement a permis la création :<br />
1 Souffrance et douleur : mécanisme physiologiques, classification des douleurs par leur mécanisme (douleur<br />
nociceptives et neurologiques) et par leur durée douleur aigue, douleur chronique)<br />
37
- d’une fiche de suivi des douleurs chroniques permettant d’adapter au mieux les<br />
traitements<br />
- d’une fiche de demande de consultation douleur fournissant des indications précises<br />
Qu’avons–nous fait de tous ces acquis <br />
Toutes ces étapes ont incité chaque membre de l’équipe à développer tout un savoir,<br />
un savoir être et un savoir faire.<br />
Dans le domaine du savoir nous tentons de<br />
- mobiliser les connaissances acquises pour adapter le contenu des messages à chaque<br />
patient,<br />
- donner des explications sur les différents traitements pouvant dérouter le patient et sa<br />
famille (préjugés sur le Laroxyl®, le Rivotril® souvent étiquetés « traitements<br />
psychiatriques », sur la morphine assimilée à la dépendance),<br />
- prévenir les douleurs neurologiques chez les patients souffrant d’algodystrophie.<br />
Une fiche a été créée afin d’éduquer les patients et leurs familles.<br />
- repérer les épines irritatives (escarres, fécalome, infections, spasticité) qui provoquent<br />
une majoration des douleurs neuropathiques.<br />
Dans le domaine du savoir être nous tentons<br />
- d‘être à l’écoute, attentif à tout changement de comportement afin d’identifier<br />
rapidement la douleur neuropathique,<br />
- de toujours croire le patient dans ce qu’il nous dit et toujours croire nos<br />
collègues dans leurs évaluations,<br />
- d’avoir une attitude rassurante, posée et centrée sur le malade,<br />
- d’être en empathie,<br />
- d’entrer en relation d’aide : parfois le simple fait d’écouter la plainte soulage le<br />
patient,<br />
- de faire le lien entre les différents corps de métiers afin d’optimiser la prise en<br />
charge du patient, de travailler dans la complémentarité. De ce fait, il est important<br />
d’échanger toutes les informations en grande équipe transversale ce qui permet à chacun<br />
d’adapter quotidiennement son soin (traitement, toilette, rééducation…).<br />
38
Dans le domaine du savoir faire, nous tentons<br />
- d’évaluer correctement la douleur en partenariat avec le patient, de le rendre<br />
« actif »,<br />
- d’utiliser des échelles adaptées à son état cognitif (échelle visuelle verticale pour les<br />
patients hémi négligents),<br />
- de mettre en place le recueil de la douleur chronique dans le dossier de soin,<br />
- d’adapter nos soins par rapport aux douleurs neuropathiques.<br />
Exemples d’adaptation des pratiques soignantes pour les patients présentant des douleurs<br />
neuropathiques :<br />
lors de la toilette, ne pas commencer par le membre douloureux.<br />
frottements.<br />
pour un patient présentant une allodynie faire des contacts francs et non des<br />
avoir une organisation souple dans les soins (personnalisation du soin).<br />
pouvoir différer la toilette du patient ou la faire de façon partielle (membre douloureux<br />
lavé seulement 1 jour sur deux). Il nous est arrivé de faire une toilette succincte à une<br />
patiente pendant plus d’un mois tellement elle était douloureuse et angoissée. Ce temps a été<br />
nécessaire pour adapter son traitement et qu’elle prenne confiance en nous.<br />
le patient<br />
proposer la douche un jour où les douleurs neuropathiques sont moins présentes<br />
être en nombre suffisant pour une toilette « difficile » » afin de mobiliser un minimum<br />
prévoir un peu plus de temps auprès des patients présentant des douleurs<br />
neuropathiques<br />
ne pas faire les prélèvements sanguins et la prise de tension sur le bras hémiplégique<br />
En 2009 : quel bilan réalisons nous <br />
Malgré tous les aspects développés et les efforts de chacun nous nous heurtons encore à des<br />
difficultés :<br />
- la mixité des douleurs pose parfois des problèmes pour les diagnostiquer et les traiter.<br />
- le changement semestriel d’interne<br />
- l’intégration de nouveaux soignants<br />
39
- le questionnement des médecins face au bénéfice/risque dans le traitement : un fort<br />
dosage peut provoquer un ralentissement idéo-moteur et ainsi compromettre la<br />
rééducation ; mais lors d’un dosage plus faible la plainte douloureuse persiste……<br />
- la difficulté à traiter les douleurs neuropathiques engendre souvent des phases de<br />
découragement, d’épuisement de l’équipe face aux plaintes réitérées<br />
En conclusion :<br />
La prise en charge de la douleur neuropathique reste donc complexe. Pour palier les<br />
difficultés de prise en charge, nous nous efforçons d’optimiser notre travail mais comme dans<br />
toutes les unités, nous sommes confrontés à des effectifs soignants de plus en plus restreints et<br />
des exigences de qualités dans bien d’autres domaines (escarres, hygiène…)Il nous faut<br />
cependant avec l’aide des cadres et de notre direction maintenir :<br />
- notre participation aux différents congrès traitant de la douleur car ceux-ci sont des lieux<br />
privilégiés d’échanges , de rencontres et de ressourcement,<br />
- des espaces de transmissions avec la réferente douleur et l’équipe soignante ainsi que des<br />
échanges en équipe interdisciplinaire.<br />
Le travail ensemble dans la complémentarité est un défi qu’il nous faut relever<br />
La préparation de ce travail m’a donné un nouvel élan dans mon rôle de référente<br />
douleur du service.<br />
Parler, échanger sur notre vécu, nos frustrations face à cette douleur rebelle ne peut-être<br />
que bénéfique pour une meilleure prise en charge du patient douloureux.<br />
Le travail ensemble dans la complémentarité est un défi qu’il nous faut relever<br />
Bibliographie :<br />
- Soins infirmiers et douleur C. Metzger /A.Muller .M.Schwetta/C.Walter Editions<br />
Masson<br />
- Les Douleurs Neuropathiques Institut Upsa de la douleur<br />
- L’infirmière et les soins palliatifs. SFAP, Editions Masson<br />
- Prendre soin à l’hôpital. W. Hesbeen, Editions Masson<br />
40
Prise en charge par la kinésithérapie des patients présentant des douleurs<br />
neuropathiques<br />
A.Quesnot * P.Ribinik**, B.Barrois**<br />
* cadre de santé, masseur-kinésithérapeute<br />
** médecin de Médecine Physique et de Réadaptation<br />
Service de Médecine Physique et de Réadaptation<br />
CH Gonesse – BP30071, 95503 Gonesse cedex<br />
Les équipes de MPR prennent en charge des patients qui présentent des incapacités<br />
liées à une déficience du système nerveux et/ou de l’appareil locomoteur génératrice de<br />
douleurs neuropathiques. Ces douleurs doivent être recherchées, évaluées, traitées voire<br />
prévenues lorsque cela est possible. Elles sont sources de complications qui ralentissent voire<br />
compromettent la récupération. Or l’objectif attendu en MPR est la restauration fonctionnelle.<br />
L’équipe de MPR associe alors des thérapeutiques physiques aux traitements médicamenteux<br />
pour prévenir ou lutter contre la douleur en agissant sur toutes ses composantes : nociceptives,<br />
neuropathiques, émotionnelles.<br />
1 – Qui sont les patients [1], [3], [12], [15]<br />
Les situations potentiellement douloureuses initiées ou causées par une lésion primitive ou un<br />
dysfonctionnement du système nerveux et prévisibles en MPR sont reconnues.<br />
Il peut s’agir de patients présentant des déficiences susceptibles d’entrainer des incapacités<br />
qui sont aggravées par :<br />
- des douleurs neuropathiques d’origine centrale en rapport avec :<br />
o un syndrome thalamique ou encore un syndrome épaule-main post-AVC,<br />
o une lésion médullaire traumatique ou d’origine dégénérative (myélopathie<br />
cervicarthrosique),<br />
o une syringomyélie, une sclérose en plaque ou encore une maladie de<br />
Parkinson.<br />
41
- des douleurs neuropathiques d’origine périphérique en rapport avec :<br />
o une polyneuropathie d’origine alcoolique ou infectieuse (syndrome de<br />
Guillain-Barré) ou métabolique (diabète)<br />
o une compression plexique, radiculaire ou tronculaire (névralgie cervicobrachiale,<br />
lombo-radiculalgie, syndrome canalaire), un syndrome des loges,<br />
o un syndrome douloureux régional complexe de type II,<br />
o une algohallucinose après amputation.<br />
- Certains patients présentent des douleurs neuropathiques dans un contexte initialement<br />
non neurologique et ou les composantes neuropathiques et nociceptives sont<br />
intriquées :<br />
o hyperalgésie secondaire après chirurgie de l’appareil locomoteur liée à la voie<br />
d’abord notamment au niveau du genou,<br />
- Des entités particulières où les douleurs ne résultent à priori pas d’une lésion nerveuse<br />
évidente mais possiblement d’un dysfonctionnement d’origine centrale des contrôles<br />
modulateurs de la douleur :<br />
o le syndrome douloureux régional complexe de type I,<br />
o la fibromyalgie.<br />
Les situations sont donc très variées. C’est la mise en évidence des caractéristiques<br />
neuropathiques de la douleur qui permet d’instaurer un traitement médicamenteux et<br />
physique adapté.<br />
L’examen clinique régulier permet d’évaluer l’efficacité des thérapeutiques et d’adapter la<br />
prise en charge.<br />
2 A quelles douleurs les patients de MPR sont - ils confrontés [2], [11]<br />
L’évaluation des patients présentant des douleurs neuropathiques et potentiellement intriquées<br />
à d’autres douleurs est réalisée lors d’un examen clinique « policier ».<br />
L’interrogatoire recherche :<br />
des douleurs spontanées continues superficielles à type de brûlure ou profondes décrites par<br />
le patient comme des sensations d’étau, de crampes, de broiement ou d’engourdissement. Ces<br />
douleurs spontanées peuvent prendre des aspects paroxystiques notamment à type de<br />
42
décharge électrique. Elles peuvent être provoquées par certains mouvements ou par certains<br />
stimuli.<br />
L’intensité des douleurs est cotée par l’échelle numérique simple (outil institutionnel<br />
recommandé au Centre Hospitalier de Gonesse, complété par une échelle verbale simple ou<br />
d’autres outils pour des patients non communicants).<br />
Classiquement, les douleurs neuropathiques augmentent à la fatigue, en fin de journée et dans<br />
la première partie de la nuit. Le questionnaire DN4 est un outil d’évaluation facile à utiliser et<br />
qui permet de valider devant le patient l’existence de sa symptomatologie.<br />
(voir DN4 en annexe).<br />
L’examen clinique recherche :<br />
une zone d’hypoesthésie superficielle thermique, tactile, voire une anesthésie superficielle ou<br />
profonde , une allodynie mécanique et/ou thermique, une zone d’hyperalgésie. On précise le<br />
territoire atteint.<br />
Les douleurs consécutives à des atteintes du système nerveux périphérique présentent une<br />
topographie en rapport avec le site lésionnel. Mais quand se greffe un SDRC la topographie<br />
n’est plus uniquement en rapport avec le territoire lésionnel initial…<br />
Les douleurs d’origine centrale sont bilatérales dans les atteintes médullaires et touchent un<br />
hémicorps dans les atteintes cérébrales si la lésion est unilatérale. La topographie de ces<br />
dernières peut être mal systématisée et atteindre un seul membre ou plus volontiers les<br />
extrémités (syndrome thalamique ou de Déjerine-Roussy).<br />
L’évaluation comporte nécessairement :<br />
- un examen neurologique et orthopédique complets (ROT, RCP, testing moteur,<br />
amplitudes articulaires) à la recherche d’autres déficiences et adapté à la pathologie<br />
initiale,<br />
- un bilan du retentissement des douleurs sur l’état général (insomnie, asthénie, perte<br />
d’appétit, dépression),<br />
- un bilan des incapacités qui en résultent et le retentissement sur la qualité de vie.<br />
L’évaluation des douleurs neuropathiques peut être rendue difficile par la présence<br />
concomitante d’un contexte chirurgical douloureux, par l’absence d’une systématisation des<br />
troubles sensitifs ou par la présence de troubles cognitifs associés.<br />
43
Au terme de l’évaluation les attentes du patient sont écoutées : demande de guérison,<br />
demande de soulagement. Des objectifs réalistes sont ensuite fixés avec lui :<br />
o analgésie partielle ou totale, temporaire ou permanente quand cela parait possible,<br />
o réduction de la douleur au seuil de tolérance,<br />
o apprentissage de la gestion de ce seuil de tolérance dans les activités de la vie<br />
quotidienne,<br />
o prise de conscience des changements induits par la meilleure tolérance.<br />
3- Prise en charge masso-kinésithérapique [2]<br />
Les douleurs neuropathiques restent des douleurs dont la prise en charge est complexe. Elle<br />
nécessite la mise en œuvre de l’ensemble de l’arsenal thérapeutique dont les kinésithérapeutes<br />
(MK) disposent. Il reste difficile d’évaluer les résultats obtenus par une technique utilisée de<br />
manière isolée. Cette prise en charge MK s’inclut systématiquement dans une prise en charge<br />
pluridisciplinaire et tient compte de trois paramètres différents mais néanmoins intriqués que<br />
sont :<br />
- la pathologie et la connaissance globale de son évolution,<br />
- les signes cliniques et leur retentissement sur la qualité de vie,<br />
- le vécu spécifique à chaque patient de son histoire.<br />
Nous proposons au patient de mettre l’ensemble des moyens en œuvre à notre disposition<br />
pour diminuer l’intensité et/ou la fréquence de ses douleurs et nous y associons un<br />
reconditionnement à l’effort lui permettant de concilier sa pathologie avec sa vie sociale et<br />
professionnelle.<br />
La prise en charge masso-kinésithérapique des douleurs neuropathiques poursuit de manière<br />
simultanée trois axes (tableau 2) :<br />
- un axe physique et mécanique,<br />
- un axe neurophysiologique,<br />
- et un axe cognitivo-comportemental.<br />
En fonction de la pathologie initiale, l’accent est mis sur un des axes voire sur certaines<br />
techniques de manière préférentielle sans qu’à ce jour il existe d’arbre décisionnel formel ni<br />
d’évaluation quantifiée de ces stratégies cliniques.<br />
44
Tableau 2 : Les trois axes de la prise en charge MK des douleurs neuropathiques.<br />
Axes Approche physique<br />
et mécanique<br />
Approche neurophysiologique<br />
Approche cognitivocomportementale<br />
Objectifs Diminuer les facteurs Calmer la douleur Appendre au patient à<br />
d’irritations<br />
neuropathique<br />
comprendre sa douleur et<br />
radiculaire ou<br />
à mieux la gérer.<br />
tronculaire.<br />
Indications<br />
spécifiques<br />
Douleurs<br />
neuropathiques<br />
associées aux douleurs<br />
par excès de<br />
nociception (lomboradiculalgies,<br />
névralgies cervicobrachiales,<br />
..).<br />
Techniques Massages<br />
Mobilisations<br />
nerveuses<br />
Mobilisations<br />
articulaires<br />
Ultra-sons<br />
Education<br />
thérapeutique ciblée Désensitization<br />
sur l’ergonomie des<br />
activités de la vie<br />
quotidienne ou du<br />
poste de travail<br />
Reconditionnement à<br />
l’effort<br />
Douleurs neuropathiques Les trois types de<br />
périphériques associées douleurs neuropathiques<br />
aux douleurs par excès de<br />
nociception, douleurs<br />
neuropathiques<br />
périphériques et douleurs<br />
neurologiques centrales<br />
Electrothérapie de Basse<br />
fréquence et très basse<br />
fréquence<br />
Cryothérapie<br />
Thermothérapie<br />
Vibrations mécaniques<br />
transcutanées<br />
Massage relaxant<br />
Relaxation<br />
Imagerie mentale<br />
Biofeedback négatif<br />
Education thérapeutique<br />
vis-à-vis de la gestion de<br />
la douleur<br />
45
3.1. Approche physique et mécanique<br />
a. le massage<br />
Lorsque les douleurs neuropathiques périphériques perdurent, il apparaît des zones ténocellulo-myalgiques<br />
avec un épaississement du tissu sous-cutané, des tensions aponévrotiques,<br />
des douleurs tendineuses et des contractures musculaires. Ces zones sont douloureuses<br />
(allodynie) à la palpation et à la pression.<br />
Des massages à type de friction, palper-rouler, pétrissage superficiel, massage transversal<br />
profond et traits tirés sont réalisés. En règle générale douloureuses pendant 2 à 3 séances, ces<br />
techniques permettent de supprimer les modifications tissulaires et la douleur qui les<br />
accompagne.<br />
Aucune étude n’a été retrouvée sur les effets du massage dans les douleurs neuropathiques.<br />
b. les mobilisations nerveuses [13], [16], [18], [20], [21]<br />
Les mobilisations du tissu nerveux sont décrites et utilisées couramment comme test<br />
diagnostic de souffrance radiculaire ou tronculaire et comme techniques de rééducation à part<br />
entière. Parmi les plus connues nous retrouvons pour le membre inférieur le test de Lasègue,<br />
le Slump-test, le test de Lasègue inversé et pour le membre supérieur le test neural du<br />
membre supérieur n°1 encore appelé « test de Lasègue du bras » . Ce dernier test est<br />
spécifique du nerf médian et du tronc secondaire antéro-médial.<br />
Ces techniques consistent :<br />
o dans un premier temps à mobiliser progressivement le tissu nerveux par rapport aux<br />
structures anatomiques voisines,<br />
o dans un deuxième temps à effectuer une mise en tension des tissus nerveux soit à<br />
partir de l’extrémité distale du membre, soit à partir de l’extrémité proximale avec ou<br />
non une mise en tension préalable au niveau du rachis.<br />
o en fin de progression à associer les différentes composantes d’étirement pour obtenir<br />
la mobilisation maximale en regard de la zone lésée.<br />
La difficulté de réalisation réside dans le nombre de répétitions et dans l’intensité de<br />
l’étirement pour éviter une recrudescence des douleurs.<br />
Les indications principales sont la névralgie cervico-brachiale, la myélopathie<br />
cevicarthrosique, le syndrome du canal carpien, le syndrome du rond pronateur, le syndrome<br />
du défilé des scalènes, la lombo-radiculalgie, le syndrome de loges,…<br />
46
Les résultats obtenus sont variables selon les études. Scrimshaw et col. ont comparé une<br />
rééducation classique à une rééducation classique associée à des mobilisations nerveuses<br />
passives ou actives post-opératoires chez 81 patients souffrant de lombo-sciatique. A 18<br />
mois post-opératoire, les auteurs ne constatent pas de différence.<br />
Hebbner et col. comparent les effets d’une rééducation classique et d’une rééducation associée<br />
à des mobilisations nerveuses réalisées par 60 patients souffrant d’un syndrome du canal<br />
carpien. Les auteurs constatent peu de différence et celles-ci sont non significatives. A<br />
contrario Tal- Akabi montre l’intérêt des techniques neurodynamiques et de mobilisations<br />
passives sur les douleurs quelle que soit le stade de la lésion.<br />
c. Les mobilisations passives [4]<br />
Dans le cadre des névralgies cervico-brachiales (NCB) ou des lombo-radiculalgies, des<br />
mobilisations rachidiennes sont réalisées dans le sens de l’ouverture des trous de conjugaison<br />
de la racine qui souffre. Dans les syndromes canalaires les mobilisations s’effectuent dans le<br />
sens de la diminution des pressions sur le contenu.<br />
Cappieters et col. ont comparé les effets des mobilisations passives cervicales et des ultrasons<br />
chez 20 patients présentant une NCB.<br />
Les patients ayant bénéficié des techniques de mobilisation cervicale ont vu l’intensité de leur<br />
douleur diminuer ainsi que sa topographie. Au cours du test de mise en tension des racines du<br />
membre supérieur, l’amplitude a augmenté de manière significative.<br />
d. Les ultra-sons<br />
Les ultra-sons pulsés sont utilisés pour leur action mobilisatrice et défibrosante sur les tissus<br />
mous. Les ultra-sons utilisés en continu ont un effet antalgique.<br />
Aucune étude n’a été retrouvée concernant les effets des ultra-sons dans les douleurs<br />
neuropathiques. Par contre, des études prouvent leurs effets sur les douleurs musculaires.<br />
e. L’éducation thérapeutique ciblée sur l’ergonomie des activités de la vie<br />
quotidienne et/ou du poste de travail<br />
L’ergothérapeute et/ou le MK s’attachent à revoir avec le patient les difficultés qu’il rencontre<br />
dans les activités de la vie quotidienne ou à son poste de travail. Le rééducateur met en place<br />
des stratégies qu’elles soient posturales, matérielles (aides techniques, aménagement par<br />
exemple de certains espaces comme le bureau ou les sièges utilisés) ou organisationnelles.<br />
Après essais, le patient sélectionne, choisit et s’entraîne à automatiser ces nouveaux éléments.<br />
Aucune étude n’a été retrouvée sur l’intérêt de l’ergonomie dans les douleurs neuropathiques.<br />
47
f. Le reconditionnement à l’effort [24]<br />
Le réentraînement à l’effort et le reconditionnement à l’effort sont systématiquement proposés<br />
aux patients dès que les douleurs ont rétrocédé ou sont inférieures sur l’échelle numérique à<br />
4/10.<br />
Les exercices réalisés en individuel et en groupe ont pour objectif de restaurer l’amplitude, la<br />
fluidité et la célérité du mouvement, de lutter contre l’amyotrophie et de réentraîner le<br />
système cardio-respiratoire.<br />
Il permet également au patient progressivement de mieux cerner son potentiel et ses limites à<br />
l’effort.<br />
Les exercices sont adaptés à chaque pathologie et à ses symptômes. L’intensité et la<br />
fréquence des séances sont progressivement augmentées. Les douleurs à type de courbatures<br />
sont fréquentes et le patient apprend à les différentier des douleurs neuropathiques.<br />
Le seul critère de progression ou d’arrêt des séances est l’augmentation ou la réapparition des<br />
douleurs neuropathiques.<br />
Nous n’avons pas retrouvé d’étude spécifique sur le réentraînement à l’effort dans le cadre<br />
des douleurs neuropathiques.<br />
Taylor et col. dans une revue de la littérature 2002- 2005 ont mis en exergue l’effet bénéfique<br />
de ce type de prise en charge que ce soit chez des patients atteints de sclérose en plaque, de<br />
lombalgie chronique ou encore de pathologie respiratoire ou cardiaque. Les effets sont<br />
optimums si le programme est individualisé.<br />
3.2. Approche neuro-physiologique<br />
a. Stimulation Electrique Transcutanée Antalgique (SETA en français ou TENS en<br />
anglais) ou encore l’électrothérapie de basse fréquence et de très basse fréquence.<br />
[5], [7], [8], [10], [14], [19]<br />
- L’électrothérapie de très basse fréquence (entre 1 et 10 HZ) permet<br />
d’augmenter la sécrétion naturelle d’enképhalines et d’endomorphines dans le liquide<br />
céphalo-rachidien. Son effet est retardé par rapport à la mise en place du traitement.<br />
Deux grandes électrodes (10x15cm) sont placées en regard du rachis thoraco-lombaire. Le<br />
patient est informé au préalable des sensations de tapotements qu’il va ressentir. L’intensité<br />
est réglée par le patient au maximum de ce qu’il tolère.<br />
48
- L’électrothérapie de basse fréquence (30 à 100 Hz) permet de jouer sur la théorie du<br />
gate control system décrite en 1968 par Melsack et Wall. Elle permet de diminuer la<br />
transmission du message nerveux douloureux vers les centres supérieurs. Son action perdure<br />
durant le temps d’application. Les électrodes sont placées sur le trajet des nerfs sensitifs<br />
destinés à la zone qui souffre.<br />
Ces deux modes d’électrothérapie sont systématiquement utilisés de manière combinée afin<br />
d’obtenir un effet immédiat pendant les séances (basse fréquence) et un effet permanent<br />
même en dehors des séances (très basse fréquence). Les courants sont wobulés pour être<br />
efficaces.<br />
Trois séances sont nécessaires en pratique pour évaluer l’effet bénéfique du traitement et pour<br />
éduquer le patient à l’utilisation du stimulateur portable.<br />
Une prescription de location du stimulateur est alors réalisée. Le stimulateur doit posséder<br />
deux générateurs distincts permettant d’utiliser deux types de courants en parallèle (à préciser<br />
dans la prescription).<br />
Kumar et col. ont étudié l’effet antalgique de la SETA chez 31 patients présentant des douleurs<br />
neuropathiques d’origine diabétique. La SETA (courant uniquement de très basse fréquence) a été<br />
appliquée pendant 30 mn de manière quotidienne durant 4 semaines.<br />
Le groupe témoin comporte 13 patients : 5 ont vu les douleurs diminuer (effet placebo) et 8 n’ont pas<br />
présenté de modification de leurs douleurs.<br />
Le groupe traité comporte 18 patients : 3 ont une disparition totale des douleurs et les 15 autres ont<br />
une diminution de 83% de l’intensité de celle-ci. Dans notre expérience, les patients présentant des<br />
douleurs neuropathiques d’origine diabétique ne sont pas adressés aux MK.<br />
Une revue de la littérature de Fattal et col. sur l’utilisation de la SETA (courant de basse fréquence)<br />
dans les douleurs neuropathiques des blessés médullaires ne retrouve pas de niveau de preuve suffisant<br />
pour leur utilisation. Dans cette même étude une analyse des pratiques professionnelles françaises<br />
montre que la SETA a une très large place dans les douleurs sous-lésionnelles et lésionnelles. La<br />
SETA offre « des promesses » d’efficacité antalgique dans les douleurs lésionnelles (recommandation<br />
grade<br />
C).<br />
Pour Cruccu et col. on peut utiliser la SETA (courant de basse fréquence) dans les douleurs<br />
neuropathiques (recommandation grade C).<br />
Nous n’avons pas retrouvé de référence concernant l’utilisation concomitante d’un courant de<br />
basse fréquence et de très basse fréquence dans les douleurs neuropathiques.<br />
49
. La cryothérapie ou thermothérapie froide [6], [9], [17]<br />
La cryothérapie est utilisée pour son effet antalgique. Einsingbach et col. ont démontré qu’une<br />
chute thermique comprise entre 7 et 9°C est susceptible de bloquer la conduction algique.<br />
L’analgésie cutanée superficielle est obtenue lorsque la température cutanée est inférieure à<br />
15°.<br />
Des processus chimiques sont évoqués dans la transmission et dans l’acheminement du<br />
message douloureux à partir des terminaisons libres. Le froid pourrait avoir un rôle pour<br />
ralentir ces processus chimiques.<br />
La cryothérapie ralentit la conduction nerveuse et permet une diminution de la spasticité tout<br />
en apportant une sensation de confort au patient.<br />
Les sources de froid actuellement utilisées sont variées et sont caractérisées par la vitesse de<br />
refroidissement et le seuil minimal de température qu’elles procurent.<br />
- Les refroidissements lents sont provoqués par l’application de vessie de glace, de sachet de<br />
gel préréfrigéré, voire de manière plus historique par des immersions de membres dans de<br />
l’eau glacée. La transmission du froid se fait par conduction thermique tissulaire.<br />
- Les techniques de refroidissement rapide (cryothérapie gazeuse associée ou non au CO2)<br />
donnent des résultats nets sur la douleur. La transmission du froid se fait par convection<br />
thermique tissulaire.<br />
Dans les pays Nordiques, à l’Est de la France (Allemagne, Autriche, Pologne) ou encore au<br />
Japon, les chambres de froid à -110° sont d’utilisation courante.<br />
Petrilli et col. ont mis en exergue une diminution des douleurs chez des patients porteurs de<br />
sclérose en plaque et chez des patients présentant un AVC ou une SLA après cryothérapie.<br />
Chatap présente des résultats similaires chez un certain nombre de patients âgés avec douleurs<br />
neurologiques périphériques. Mais les auteurs ne différencient pas les résultats selon le type<br />
de douleur et ils ne précisent pas si l’amélioration est liée à la diminution de la spasticité chez<br />
les patients porteurs de pathologie neurologique centrale.<br />
c. La thermothérapie chaude<br />
La thermothérapie chaude quelles qu’en soient ses formes d’applications (parafangothérapie,<br />
compresse chaude, infra-rouge) permet d’obtenir un relâchement musculaire global et une<br />
sensation de détente du patient sans effet prouvé sur les douleurs neuropathiques.<br />
50
d. Les techniques de désensitization<br />
Ces techniques jouent sur le Gate Control System. Utilisées par les MK et les ergothérapeutes,<br />
elles consistent à saturer d’informations les zones hyperesthésiques par des sollicitations<br />
manuelles ou mécaniques : immersions de l’extrémité ou du membre dans des récipients<br />
contenant du riz, des lentilles,….<br />
Nous n’avons pas retrouvé d’études spécifiques concernant les effets des techniques de<br />
désensitization sur les douleurs neuropathiques.<br />
e. Les vibrations mécaniques transcutanées [6], [22], [23]<br />
Les vibrations mécaniques transcutanées consistent à appliquer sur la zone douloureuse et<br />
son pourtour immédiat des vibrations mécaniques dont la fréquence se situe autour de 100Hz,<br />
dont l’amplitude varie de 0,3 à 1 mm et sur des surfaces variant de 6cm2 à 200cm2. La<br />
pression est modérée. La durée d’application efficace est comprise entre 10 et 45 mn avec une<br />
moyenne de 20 à 25 mn. Ces techniques datent de l’Antiquité mais ont connu un réel essor à<br />
partir des années 1990 grâce aux travaux de Roll et Neiger.<br />
Le message afférent provoqué par les vibrations participerait à l’inhibition de la transmission<br />
du message douloureux (théorie du Gate Control System). L’effet rémanent de l’antalgie<br />
(plusieurs heures à quelques jours) laisse supposer la mise en jeu de neuromédiateurs.<br />
Les indications sont nombreuses et incluent les névralgies, les névromes, l’algohallucinose.<br />
En 1994, Tardy-Gervet et col. ont évalué chez 24 patients douloureux chroniques dont 7<br />
atteints de douleurs neuropathiques, les effets de la SETA isolée, des vibrations mécaniques<br />
transcutanées isolées encore appelées stimulations vibratoires (SV), de la SETA et des SV<br />
associées, et enfin d’ une stimulation factice. Deux séances de 35 mn étaient fixées par<br />
semaine pendant deux semaines. Quel que soit le délai post-traitement, l’association des deux<br />
types de stimulation (SETA+SV) a des effets antalgiques supérieurs et de manière<br />
significative à chacun des traitements utilisés isolément. L’efficacité de la SV isolée ou la<br />
SETA isolée n’est pas statistiquement différente. La comparaison avec la stimulation factice<br />
de chacun des trois types de traitement met en évidence des différences très significatives.<br />
3.3. Approche cognitivo-comportementale<br />
Les techniques utilisées (massage relaxant, relaxation en groupe suivie ou non d’un temps de<br />
parole avec le MK et le psychologue, relaxation en balnéothérapie, imagerie mentale,<br />
biofeedback négatif) sont proposées au patient pour lui apprendre à se détendre et à diminuer<br />
les tensions aussi bien musculaires que psychiques. La relaxation et le biofeedback négatif<br />
51
peuvent être réalisées de manière autonome par le patient après quelques séances<br />
d’apprentissage.<br />
L’éducation thérapeutique du patient lui permet de comprendre les causes, les conséquences<br />
de sa douleur et comment mieux les appréhender et les gérer.<br />
Des études complémentaires de bonne qualité méthodologique sont nécessaires pour évaluer<br />
l’efficacité de ces techniques dans les douleurs neuropathiques.<br />
4. Conclusion<br />
A ce jour il persiste des difficultés d’évaluation des techniques de rééducation utilisées dans la<br />
prise en charge des patients présentant des douleurs neuropathiques dont la sémiologie est<br />
variée et qui de plus sont souvent intriquées à d’autres douleurs. Nous n’avons pas retrouvé<br />
d’études méthodologiques de bonne qualité permettant d’asseoir notre pratique clinique.<br />
Celle-ci repose sur une expérience professionnelle et un consensus d’équipe.<br />
Des stratégies cliniques encore mal définies se dessinent selon le type de douleur qu’il faudra<br />
recenser et évaluer.<br />
52
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54
Etats des lieux de la prise en charge de la douleur<br />
des patients souffrant de pathologie psychiatrique<br />
<strong>Dr</strong> Djéa SARAVANE<br />
Chef de Service- Praticien Hospitalier<br />
EPS de Ville-Evrard - 93330 NEUILLY-sur-MARNE<br />
Président de l’Association Nationale pour la<br />
Promotion des Soins Somatiques en Santé Mentale<br />
Introduction<br />
La douleur en santé mentale a été pendant longtemps négligée, voire même ignorée du fait de<br />
très nombreuses croyances qui ont perduré. Ces croyances étaient surtout que les patients<br />
psychiatriques ne souffraient pas, ou qu’ils étaient insensibles à la douleur, voire même<br />
présenteraient une analgésie totale. Cette méconnaissance du phénomène douloureux peut<br />
nuire à une bonne prise en charge des patients atteints de pathologie mentale sévère, et elle<br />
touche l’ensemble des pathologies organiques, comme l’attestent les études de mortalité et de<br />
co-morbidité.<br />
L’espérance de vie d’un patient schizophrène est diminuée de 20 ans par rapport à la<br />
population générale et cette surmortalité est due à la pathologie organique non détectée et non<br />
traitée. La première cause de décès dans cette population est due à la pathologie cardiovasculaire.<br />
Certaines pathologies organiques douloureuses peuvent passer inaperçues et<br />
engager le pronostic vital (infarctus du myocarde, pathologie chirurgicale…)<br />
La douleur en santé mentale est le parent pauvre des études de la douleur et ce n’est que très<br />
récemment que ce thème commence à émerger avec une prise de conscience du personnel<br />
soignant en charge des patients.<br />
« La douleur qui se tait n’en est que plus funeste » (Racine, Andromaque).<br />
Historique de la prise en charge de la douleur en santé mentale<br />
De nombreuses études sur la perception de la douleur, surtout chez les patients psychotiques,<br />
ont été publiées ces dernières années. Toutes ces études concluent à l’hypoalgésie voire<br />
l’analgésie chez les patients schizophrènes. Les auteurs font état de la difficulté pour le<br />
psychotique à exprimer ou à percevoir des stimulations douloureuses. Ces cas cliniques<br />
56
publiés indiquent le danger de méconnaître une pathologie organique douloureuse. On peut<br />
reporter les cas cliniques qui confirment cette insensibilité à la douleur.<br />
Déjà Kraeplin (1), en 1919 avait noté que les patients étaient moins sensibles aux inconforts<br />
corporels : brûlure de cigarettes, automutilation. De même Bleuler (2) note chez les patients<br />
une analgésie, comme s’ils vivaient « dans un monde imaginaire à partir de leurs troubles<br />
sensoriels ».<br />
Pour évaluer la réalité de ce phénomène d’insensibilité, des nombreux cas décrits par les<br />
auteurs, citons l’article de Marchand et al (3) qui a recensé la survenue de trois pathologies<br />
chirurgicales aiguës : perforation d’ulcère gastro-duodénal, appendicite aiguë et fracture du<br />
fémur. Sur les 79 cas retenus pour ces pathologies, 29 cas soit 37 % n’ont présenté aucune<br />
plainte douloureuse. Dans un autre article Marchand (4) relate l’absence de plaintes<br />
douloureuses dans l’infarctus du myocarde chez des patients schizophrènes : 82,5 % des cas<br />
l’infarctus fut indolore à la phase initiale et dans 67 ,5 % des cas à 24 h.<br />
Le désir d’objectiver le phénomène d’insensibilité a été étudié par divers auteurs, avec des<br />
études concernant les réponses obtenues lors des douleurs provoquées par divers stimuli :<br />
physique, thermique et clinique. La majorité de ces études manifeste des lacunes par la<br />
méthodologie, la variabilité et les interprétations des résultats. Toutes ces études aboutissaient<br />
à une évidence que les patients schizophrènes ont une réduction de la sensibilité à la douleur.<br />
Les hypothèses formulées à cette insensibilité à la douleur<br />
On peut évoquer :<br />
- Le rôle des neuroleptiques, ainsi l’halopéridol a la capacité de se fixer sur des<br />
récepteurs opiacés d’où une diminution de la perception douloureuse (5)<br />
- Le rôle des opioïdes endogènes, mais les résultats des études ne sont pas concluants<br />
(6)<br />
- Le rôle du système glutaminergique de type NMDA (N-Méthyl-D-Aspartate). La<br />
baisse de transmission de ces récepteurs semble expliquer l’évolution déficitaire du<br />
patient psychotique (7)<br />
- L’état du patient pendant la phase de sa maladie : dans les épisodes féconds de la<br />
maladie ou dans les épisodes d’angoisse où l’information douloureuse est annulée<br />
d’où cette apparente analgésie ;<br />
Il a fallu attendre les travaux de l’équipe de S. Marchand (8-9) pour avoir une<br />
explication neurophysiologique pour cette apparente insensibilité à la douleur.<br />
57
S. Marchand a mesuré les mécanismes excitateurs de la douleur et les mécanismes<br />
inhibiteurs par l’efficacité du contrôle inhibiteur diffus nociceptif (CIDN) chez les<br />
patients schizophrènes et des sujets contrôles. L’hypoalgésie constatée des patients<br />
schizophrènes ne s’explique pas par une hyperactivité des CIDN, mais par une<br />
absence de sensibilisation à la douleur lors de la stimulation thermique. Les patients<br />
ressentent bien la douleur, mais ne présentent pas cette sensibilisation qui est un<br />
phénomène adaptatif pour éviter une lésion suite à une stimulation persistante.<br />
Etat des lieux<br />
La première enquête nationale sur la prise en charge de la douleur dans les centres hospitaliers<br />
de psychiatrie, réalisée par E. Serra (10) nous donne des résultats très intéressants : plus de<br />
70 % des chefs de service de psychiatrie estiment que la prise en charge des problèmes<br />
physiques chez les malades mentaux n’est pas satisfaisante, 75 % estiment que leurs équipes<br />
ne sont pas formées à la douleur et 1 malade sur 3 n’a même jamais accès à une prise en<br />
charge « compétente » de sa douleur. Enfin 70 % des hôpitaux psychiatriques n’ont pas de<br />
Comité de Lutte conte la Douleur (CLUD).<br />
De cette enquête, on peut en tirer des conclusions sur la prise en charge de la douleur en santé<br />
mentale : les pathologies psychiatriques s’expriment par une expression douloureuse<br />
particulière, et certaines par un déni de la douleur.<br />
Cette évaluation est difficile et rencontre de nombreux obstacles :<br />
- La sensation exprimée par le patient : comment l’interpréter la nature et le devenir de<br />
ce message<br />
- La volonté d’écoute du patient qui souffre<br />
- La volonté d’observer le patient<br />
- Savoir identifier une situation complexe, des signes qui vont alerter<br />
- Pas de verbalisation de la douleur, associée à des altérations des perceptions et du<br />
schéma corporel<br />
- Liés à la reconnaissance de la douleur par l’équipe soignante insuffisamment formée<br />
dans ce domaine<br />
Et pourtant les pouvoirs publics et la ARH (Agence Régionale d’Hospitalisation) ont affiché<br />
la lutte contre la douleur comme une priorité de santé publique. Le dernier plan de la douleur<br />
établi pour les années 2006-2010, fixe les actions prioritaires à mener pour les patients les<br />
58
plus vulnérables. Les études montrent que plus les patients ont du mal à communiquer plus ils<br />
sont vulnérables à la douleur aiguë et à la douleur chronique rebelle.<br />
Toutes ces constatations sont autant de freins au développement de la prise en charge de la<br />
douleur en santé mentale.<br />
Alors comment évaluer <br />
Les patients atteints de pathologie mentale sévère ressentent bien la douleur, mais ne<br />
réagissent pas, ne l’expriment pas et l’expression de cette douleur se fait dans un langage ou<br />
dans un comportement qu’il faut savoir décoder (11-12)<br />
En théorie, et dans la pratique, il n’y a aucune raison de faire une dichotomie entre le psyché<br />
et le soma. Il faut viser une réunion des deux même si l’on ne parvient pas toujours à donner<br />
un sens à la plainte du malade. Cette évaluation s’efforcera d’être pluridisciplinaire,<br />
évaluation triple, par le patient (quand cela est possible), par les soignants, par la famille<br />
(lorsqu’elle est présente).<br />
L’évaluation de la douleur fait partie intégrante de la prise en charge globale du patient en<br />
santé mentale. Elle n’est pas limitée à celle de son intensité mais implique l’analyse de son<br />
étiologie, de son ou de ses mécanismes physiopathologiques supposés, de sa place dans<br />
l’histoire et la culture du patient mais aussi de l’impact de cette douleur sur la qualité de vie,<br />
le comportement, la vie relationnelle.<br />
Il n’existe pas d’échelle d’évaluation spécifique de la douleur en santé mentale.<br />
Dans cette évaluation, l’abord clinique est important et il est basé sur une évaluation globale<br />
du malade et pas uniquement de la maladie. Il faut savoir prêter une attention particulière aux<br />
changements de comportements et d’habitudes et au langage du patient (quels mots sur quels<br />
maux ) Il est capital que les soignants puissent confronter ce que le patient a pu leur<br />
exprimer, verbalement ou non (attitudes du corps, les sous-entendus…).<br />
Les échelles d’évaluation que l’on peut proposer, doivent être simples. Celles qui semblent<br />
utiles dans le cas de nos patients…(13) :<br />
- L’Echelle Verbale Simple (EVS) : « Est-ce que vous avez mal »<br />
- Le Faces Pain Scale ou l’échelle des six visages est classiquement utilisée en pédiatrie,<br />
mais semble être intéressante dans ce contexte.<br />
- Pour les patients ayant des difficultés de communication ou non communicants, les<br />
échelles d’hétéro-évaluation : Doloplus, ECPA etc… ont été testées, mais l’échelle<br />
d’expression de la douleur Adolescent et Adulte polyhandicapé (EDAAP) récemment<br />
59
validée semble intéressante. Elle est en cours de modification au langage propre et<br />
attitudes des patients en santé mentale.<br />
Et les difficultés de traitement <br />
Tous les traitements pharmacologiques et non pharmacologiques peuvent être proposés.<br />
Parmi les antalgiques, il faudrait inciter à la prudence de la co-prescription de ces produits<br />
avec les traitements psychiatriques :<br />
- Anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) et thymorégulateurs<br />
- Dextropropoxyphène et Antidépresseurs tricycliques et carbamazépine<br />
- Savoir utiliser les morphiniques, malgré les réticences en Santé Mentale pour leur<br />
prescription en raison des effets secondaires « supposés » chez les patients :<br />
dépression respiratoire et dépendance – addiction.<br />
- Le traitement non pharmacologique est justifié et doit faire partie de l’arsenal<br />
thérapeutique : stimulations thermiques, massage, approche cognitivocomportementale<br />
mais attention toutefois à l’hypnose qui reste une contre indication<br />
absolue dans certaines pathologies psychiatriques (14).<br />
Conclusion<br />
La douleur en santé mentale est un véritable défi pour les soignants : comment transmettre la<br />
douleur en la mettant en mots Comment comprendre ce patient douloureux qui reste<br />
silencieux <br />
Il est important de connaître le patient, ses habitudes, ses pathologies afin de déceler un<br />
changement ou décoder ce qu’il tente de communiquer à autrui. Il est aussi indispensable de<br />
pouvoir dégager les signes réels de la douleur à travers l’observation, le comportement ou les<br />
attitudes, et les dissocier du contexte des troubles psychiatriques.<br />
C’est donc ensemble (patient, soignant, famille) que nous devons nous pencher sur cette<br />
approche et savoir développer une attitude qui va permettre d’établir une relation objective et<br />
constructive avec le patient. La pathologie mentale ne doit pas masquer ou devenir un alibi à<br />
un diagnostic tardif de pathologie organique. Et, pour le soignant, la meilleure posture<br />
consiste à être authentiquement là, à écouter, à agir.<br />
60
Bibliographie<br />
1. Kraeplin E<br />
Dementia praecox et paraphrenia<br />
Scotland, Livingstone, 1919<br />
2. Bleuler E, trad fr. Ey H<br />
Dementia praecox oder grippe der schizophrenien<br />
Centre d’Etude Psychiatrique, Paris 1964<br />
3. Marchand WE, Sarota B, Marble H et al<br />
Occurrence of painless acute surgical disorders in psychotic patients<br />
NEJM 1959 ; 260 : 580-5<br />
4. Marchand WE<br />
Occurrence of painless myocardial infraction in psychotic patients<br />
NEJM 1955 ; 253 : 51-5<br />
5. Clay GS , Brougham LR<br />
Haloperidol binding to an opiate receptor site<br />
Biochem Pharmacol 1975 : 24 : 1363-7<br />
6. Naber D, Pickar D, Post r et al<br />
Endogenous opioïd activity and beta-endorphine<br />
Immunoreactivity in CSF of psychiatric patients and normal volunteers<br />
Am J Psychiatry 1981 ; 138 : 1437-62<br />
7. Javitt DC, Zukin SR<br />
Recent advance in the phencyclidine model of schizophrenia<br />
Am J Psychiatry 1991 ; 148 : 1301-8<br />
8. Julien N, Marchand S<br />
Endogenous pain inhibitory systems activated by spatial summation are opioïd<br />
mediated<br />
Neurosci Lett 2006 ; 401 : 256-60<br />
9. Marchand S et al<br />
De l’hypoalgésie à l’hyperalgesie !<br />
La letter de l’IUD 2008 ; n° 28<br />
10. Serra E, Saravane D., De Beauchamp I et al<br />
La douleur en santé mentale : première enquête nationale auprès des PH Chefs de<br />
service de psychiatrie générale et de pharmacie<br />
L’Information psychiatrique 2008 ; 84 (1) : 67 – 74<br />
11. Dworkin RH<br />
Pain insensitivity in schizophrenia : a neglected phenomenon and some implications<br />
Schiz Bill 1994 ; 20 : 235-48<br />
61
12. Saravane D., Chopineau S.<br />
Douleur en santé mentale : difficultés diagnostiques et thérapeutiques<br />
Santé Ment 2005 ; 99 : 42-7<br />
13. Saravane D.<br />
L’évaluation de la douleur en santé mentale<br />
Douleur et Santé Mentale, IUD 2008, N° 3<br />
14. Servie A., Thurel C<br />
La douleur en pratique quotidienne : diagnostic et traitements<br />
Paris : Arnette, 1994<br />
62
La douleur aiguë en psychiatrie<br />
(Patients communicants et dyscommunicants)<br />
Pratique quotidienne à l’hôpital Esquirol<br />
<strong>Dr</strong> Z. DEGAGH. Praticien hospitalier<br />
Chef de service soins somatiques<br />
<strong>Dr</strong> A. HAIRECHE. Assistant generaliste<br />
I. Introduction<br />
• Le travail mené sur l’évaluation et le traitement de la douleur a connu, depuis quelques<br />
années, un grand progrès.<br />
• Les résultats sont indiscutables essentiellement dans certains domaines tels que les<br />
douleurs cancéreuses, la douleur chez l’enfant, etc.<br />
• Cependant, certaines spécialités affichent encore un retard en la matière…<br />
II. Définitions<br />
• La douleur<br />
• 2. La douleur aiguë<br />
• 3. La communication de la douleur<br />
1. la douleur<br />
La douleur est définie comme « une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable,<br />
associée à une lésion tissulaire réelle ou potentielle ou décrite en des termes évoquant une<br />
telle lésion » (IASP)<br />
2. la douleur aiguë<br />
• La douleur aiguë peut être définie comme un symptôme douloureux d’apparition<br />
brutale ou progressive, et d’installation récente.<br />
• Elle déclenche une démarche diagnostique dans le but d’en préciser l’origine.<br />
63
3. La communication de la douleur<br />
Communiquer (v.t) :<br />
Faire passer quelque chose,<br />
Faire savoir quelque chose à quelqu'un, le lui révéler, lui en donner connaissance ;<br />
Transmettre, divulguer…<br />
Larousse.<br />
En termes de soin, la communication conditionne le sens et l’efficience de la prise en charge<br />
de la douleur.<br />
Elle constitue l’enclenchement principal de la thérapeutique antalgique.<br />
Patient dyscommunicant…<br />
Dys : préfixe indiquant une difficulté, une anomalie, le mauvais état ou le mauvais<br />
fonctionnement de… Larousse<br />
Donc, tout patient présentant une difficulté constante ou transitoire, à formuler une plainte<br />
douloureuse cohérente<br />
III. Prise en charge la douleur dans notre établissement:<br />
• A. Moyens et fonctionnement:<br />
• B. Travaux et enquêtes:<br />
• C. Cas cliniques:<br />
A. Moyens et fonctionnement:<br />
5 pôles psychiatriques :<br />
Pôle<br />
Paris<br />
centre<br />
12 unités d’hospitalisation adultes,<br />
1 unité de polyhandicapés,<br />
1 unité d’hospitalisation en soins<br />
somatiques,<br />
Pôle<br />
Paris<br />
12ème<br />
Unité<br />
de<br />
soins<br />
Pôle<br />
Paris-<br />
Bastill<br />
1 unité de consultations spécialisées,<br />
1 maternité.<br />
Pôle<br />
94g16<br />
et I03<br />
Pôle<br />
Répub<br />
lique-<br />
64
Les médecins généralistes somaticiens, rattachés au service de soins somatiques, se déplacent<br />
quotidiennement dans les unités fonctionnelles psychiatriques.<br />
Ils examinent les entrants, répondent à l’urgence et gérent les problèmes somatiques avec<br />
éventuel transfert dans l’unité de soins somatique.<br />
C’est une véritable prise en charge somatique des patients hospitalisés en psychiatrie.<br />
Il existe un réel engagement médical et paramédical, dans la prise en charge globale du<br />
patient.<br />
C’est ainsi que depuis quelques années, une réflexion sur la prise en charge de la douleur a été<br />
menée dans notre établissement.<br />
Cette réflexion a abouti la création d’un CLUD qui a permis de définir des orientations<br />
stratégiques de la prise en charge de la douleur sur l’hôpital.<br />
Missions prioritaires :<br />
• La formation institutionnelle sur la prise en charge de la douleur, pour les personnels<br />
médicaux et paramédicaux,<br />
• L’élaboration de protocoles en lien avec la prise en charge de la douleur,<br />
• Mener des enquêtes de pratique,<br />
• Définir les échelles d’évaluations retenues.<br />
La constitution du CLUD :<br />
• Un Président : Médecin (psychiatre ou généraliste),<br />
• Le Directeur de l’hôpital,<br />
• Deux médecins psychiatres,<br />
• Médecin anesthésiste (maternité),<br />
• Deux pharmaciens,<br />
• La Directrice des soins infirmiers,<br />
• Le cadre de l’US somatiques,<br />
• Un cadre de service psychiatrique,<br />
• Trois infirmières et une aide soignante,<br />
• Deux membres du service qualité.<br />
65
Le fonctionnement du CLUD :<br />
• Les réunions sont régulières : 4 fois par an.<br />
• Les membres sont convoqués par courrier.<br />
• Un rapport annuel est présenté à la CME.<br />
B. Travaux et enquêtes réalisés :<br />
• En 1998 et 1999 : Enquête auprès des personnels paramédicaux, sur la définition de<br />
la douleur et ses manifestations. (CLUD)<br />
• En 2001: Enquête auprès des personnels médicaux et paramédicaux, afin de repérer<br />
la catégorie de soignants confrontés à la douleur ;(CLUD)<br />
• En 2009 : Enquête « Dépistage de la douleur », auprès des patients hospitalisés.<br />
• En 2009 : Inventaire des soins douloureux et mise en place d’une pratique préventive<br />
de la douleur liée au soin. (en cours)<br />
Résultats des enquêtes:<br />
1. Enquête de 1998,1999 : Sur la définition de la douleur et de ses manifestations, par les<br />
personnels paramédicaux, (CLUD):<br />
La douleur existe chez le patient hospitalisé en psychiatrie.<br />
59% des soignants y sont souvent confrontés.<br />
92% la définissent par un caractère multidimensionnel (organique,<br />
psychique,émotionnelle).<br />
La plainte douloureuse est majoritairement identifiée comme une demande d’aide et<br />
renvoie régulièrement à la nécessité d’évaluation (ce qui nous renvoie à la dimension<br />
émotionnelle).<br />
Un des axes majeurs retenus était l’élaboration d’une formation qui tient compte de la<br />
spécificité psychiatrique où la dimension émotionnelle est prégnante. Les objectifs étaient :<br />
1. Une Meilleure connaissance des échelles d’évaluation,<br />
2. Situer le patient en service de psychiatrie comme acteur et ayant les ressources pour<br />
participer à l’évaluation de sa propre santé,<br />
3. Permettre de mieux connaitre la dimension sensorielle de la douleur et son intrication<br />
avec la dimension émotionnelle.<br />
66
2. Enquête de 2001 : (catégorie des soignants confrontés à la douleur)<br />
a. La plainte douloureuse spontanée:<br />
Catégorie soignants IDE AS Psy M.G<br />
Plainte douloureuse* 92% 60% 63% 45%<br />
* 92 % des infirmiers sont dépositaires de la plainte douloureuse.<br />
b. La douleur recherchée:<br />
La douleur est recherchée par le psychiatre dans 24% des cas.<br />
La douleur est recherchée par le généraliste dans 50% des cas.<br />
c. Nombre de soignants formés pour l’évaluation de la douleur : 5%.<br />
d. Traitement antalgique institué par :<br />
Catégorie soignants MG Psy M.G<br />
Antalgique institué* 71% 61% 29%<br />
* Sur 100 douleurs signalées au MG, 71 prescriptions d’antalgique.<br />
e. Réévaluation du traitement:<br />
Remarques:<br />
Fréquence de<br />
réévaluation<br />
1x / jour<br />
1x/sem.<br />
(au moins)<br />
L’enquête a concerné trois unités fonctionnelles :<br />
• L’unité de polyhandicapés: 15 patients majoritairement dyscommunicants, en raison<br />
de graves maladies neurologiques congénitales ou de psychose déficitaire.<br />
• Une unité de psychiatrie adulte classique : 15 patients.<br />
• L’unité de soins somatiques (11 patients : fin de vie, post-op traumato et viscérale,<br />
diabétique, complications d’alcoolisme chronique…etc )<br />
Les trois critères transversaux recherchés dans l’enquête étaient :<br />
1. La plainte douloureuse spontanée,<br />
2. La douleur révélée par l’interrogatoire,<br />
3. La douleur liée au soin pratiqué dans une situation aiguë.<br />
La manifestation douloureuse est représentée par :<br />
. Chez le patient communicant = la plainte verbale,<br />
. Chez le patient dyscommunicant = retrait, grimace, cris, agitation…etc, voire tout<br />
comportement inhabituel<br />
Plainte Dlr<br />
Spontanée<br />
UPH 28%<br />
Dlr révélée à<br />
l’interrogatoire<br />
échelle spécifique<br />
30%<br />
Douleur liée<br />
au soin<br />
64,2%<br />
UPS 7,69% 53,84% 100%<br />
USS 0% 37,5% 100%<br />
* Cf Discussion<br />
C. Exemples de soins douloureux pratiqués et prévention mise en place:<br />
1- Soins douloureux :<br />
• Ponctions : veineuse, artérielle, lombaire, pleurale et d’ascite<br />
• Sondages : urinaire, nasogastrique<br />
• Aspiration trachéobronchique<br />
• Pansements : escarre, ulcère de jambe, post chirurgicaux…<br />
• Petite chirurgie superficielle : sutures<br />
• Réduction de fracture ou de luxation<br />
• Mobilisations douloureuses : toilette, kinésithérapie, mobilisation…<br />
68
2- Moyens de prévention mis en place :<br />
• Patch Emla : utilisé avec intérêt pour diminuer la douleur liée à l’effraction cutanée<br />
• MEOPA : utilisé dans plusieurs situations douloureuses notamment en odontologie<br />
• Anesthésie locale de Xylocaïne pour les petites chirurgies<br />
• Antalgiques per os ou IV de courte durée utilisés selon les paliers de l’OMS : sont<br />
administrés à des horaires précis avant certains soins fortement algiques notamment<br />
pour les patients en fin de vie<br />
• Immobilisation pour les fractures et les luxations<br />
• Moyens non médicamenteux tels que :<br />
- respect du rythme du malade<br />
- atmosphère calme<br />
- faire expliquer le déroulement du soin par les infirmiers de psychiatrie qui<br />
connaissent le patient<br />
D. Cas cliniques:<br />
CAS N° 1:<br />
• Monsieur S.B, 38 ans.<br />
• PMD en phase maniaque => CSI.<br />
• Constipation => occlusion, EVA = 0<br />
• Colectomie sub-totale : Nécrose colique étendue.<br />
• Complication 1 : état de choc => réa. Chir.<br />
• Complication 2 : Nécrose iatrogène des orteils (Noradré)<br />
• Retour Esquirol ; état psychiatrique stabilisé<br />
• Soins des orteils : EVA 6 ~ 9 => Morphine.<br />
CAS N° 2:<br />
• Monsieur J.M.G, 63 ans. Pas d’ATCD somatique.<br />
• Psychose chronique productive.<br />
• A l’admission : Pas de plainte douloureuse spontanée.<br />
• Interrogatoire : « Douleur infligée par Dieu comme punition ».<br />
• Indifférence au symptôme, déni du corps.<br />
• TA = 18/11. ECG : Trouble de repolarisation en latéral.<br />
• Scintigraphie myocardique : ischémie antéro-septo-apical.<br />
69
• CCL: maladie angineuse.<br />
CAS N° 3:<br />
• Monsieur A.R, 70 ans.<br />
• Psychose chronique paranoïde.<br />
• Plainte excessive : dit avoir la chaude pisse depuis des années et réclame un<br />
antibiotique, (multiples ECBU pratiqués en extra-hospitalier).<br />
• Echographie prostatique = Adénome de prostate.<br />
• Traitement => disparition de la plainte.<br />
• CCL : dysurie.<br />
IV. Discussion:<br />
• La surestimation de la douleur en psychiatrie est rare.<br />
• En revanche, sa sous-estimation demeure très fréquente.<br />
• Tous les malades n’expriment pas leur douleur, mais l’absence de manifestation ne<br />
signifie pas absence de douleur.<br />
• Nous remarquons que la douleur liée au soin est quasi constante en psychiatrie<br />
(témoin).<br />
• De ce fait, la recherche et l’évaluation de la douleur chez le patient atteint de maladie<br />
mentale doit être systématique.<br />
• Nécessité d’une échelle spécifique pour les patients dyscommunicants.<br />
• La participation d’une tierce (soignant ou autre) qui connait le comportement habituel<br />
du patient, peut être d’un grand apport.<br />
• Un travail sur des échelles spécifiques d’évaluation de la douleur en psychiatrie est<br />
entamé par nos équipes somatiques.<br />
70
Prévention de la douleur lors d’un soin<br />
Expériences infirmières auprès de patients adultes et enfants en psychiatrie ou<br />
atteints de pathologies psychiatriques<br />
D. Haingue, Infirmier<br />
CHU Reims (51)<br />
Introduction<br />
A partir d’un cas clinique, lors d’une ponction veineuse (douleur induite),<br />
chez un enfant présentant des Troubles obsessionnels compulsifs (TOCS). Ce cas<br />
clinique présente l’utilisation par l’équipe de soins d’une méthode de « Distraction »<br />
pour détourner l’attention de l’enfant durant le soin.<br />
Ce travail prend appui sur les recommandations de l’ANAES :<br />
« ….La prise en charge de la douleur peut comporter, en plus des antalgiques, des<br />
moyens non pharmacologiques (distraction, relaxation, hypnose) » et sur les éléments<br />
relatifs aux droits des malades et à la qualité du système de santé : « toute personne a<br />
le droit de recevoir des soins visant à soulager sa douleur. Celle-ci doit être en toute<br />
circonstance prévenue, prise en compte et traitée ».<br />
Si l’enfant peut citer lui-même la stratégie d’adaptation qu’il utilise habituellement,<br />
celle-ci doit lui être proposée et facilitée. Dans le cas contraire et pour les enfants plus<br />
jeunes, la distraction est souvent une aide efficace pour diminuer la détresse et/ou la<br />
douleur :<br />
Exemples de techniques simples de distraction : lire un livre à l’enfant ou lui montrer<br />
des illustrations ; chez le plus grand, lui proposer de se raconter intérieurement une<br />
histoire, relaxation : mimer la respiration nécessaire pour faire des bulles de savon en<br />
soufflant dans une paille<br />
Nous présenterons le contexte de réalisation et l’importance du recueil<br />
d’information du service chargé de réaliser le prélèvement, le matériel et les méthodes<br />
nécessaires et la démarche entreprise.<br />
Cette technique a abouti et devait permettre d’améliorer la qualité du soin<br />
prodigué.<br />
71
1. Contexte de réalisation<br />
Un enfant de 8 ans (Luc), présentant un TOC, doit subir un prélèvement sanguin. Ce<br />
soin doit être réalisé le lendemain à 8h. La mère de l’enfant est inquiète, après trois<br />
tentatives de prélèvement ayant échouées. L’infirmière en charge de l’enfant appelle<br />
l’assistante sociale du service pour trouver une solution.<br />
La rencontre avec la mère de l’enfant permet d’effectuer un recueil d’informations sur<br />
les expériences antérieures qui auraient pu marquer la mémoire de Luc et de sa mère.<br />
Ceci permet en outre, de repérer les capacités et le caractère de l’enfant afin<br />
d’optimiser les possibilités de communication entre l’équipe de soin et lui faire<br />
émerger ainsi, ses peurs, ses passions et ses centres d’intérêt. Et par la même évaluer le<br />
caractère d’urgence et les possibilités de se donner du temps pour parvenir à la<br />
réalisation de ce soin. Les résultats sont prévus pour une consultation programmée 15<br />
jours plus tard.<br />
L’entretien avec la mère permet d’améliorer la connaissance de l’enfant, qui est décrit<br />
comme étant joueur, très anxieux, plutôt explorateur avec un niveau d’activité intense.<br />
2. Recueil d’information sur le service en charge de réaliser le prélèvement<br />
La période de l’examen est située en décembre, la salle d’attente est décorée avec un<br />
sapin de noël. L’équipe de soin présente est celle habituellement affectée aux<br />
prélèvements sanguins. Elle sera également présente le lendemain.<br />
Préparer l’équipe à un type d’accueil différent a permis d’obtenir un consensus. La<br />
contention ne sera pas utilisée et Luc ne fera qu’une simple visite, le prélèvement<br />
sera fait ce jour là.<br />
3. Matériel et méthode<br />
Des masques, utilisés pour l’administration du MEOPA sont disponibles dans la salle<br />
de prélèvement, ainsi que des crayons parfumés. L’acceptation du MEOPA pourrait<br />
être un atout dans la perspective d’autres soins douloureux.<br />
La prise en compte de l’expérience de l’enfant est essentielle. L’intégration de<br />
l’activité spontanée peut lui permettre de devenir acteur des soins.<br />
4. La démarche : « Faire la différence »<br />
Pour limiter l’attente, il est nécessaire de synchroniser la prise en charge de l’enfant<br />
avec l’arrivée de la famille.<br />
72
Allez à la rencontre de la mère et l’accueillir avec bienveillance afin que l’enfant<br />
puisse bénéficier de la détente ressentie par sa mère.<br />
La 1 ère rencontre est capitale pour l’enfant, elle participe au processus de fixation dans<br />
la mémoire avec telle personne ou à propos de telle émotion.<br />
La dynamique de rencontre a instaurer est fondée sur la confiance réciproque. Elle est<br />
aussi fonction du caractère de l’enfant, soit plutôt taciturne, ou hyperactif.<br />
Il est indispensable d’intégrer l’imprévu dans le déroulement du soin. Il y a toujours<br />
un intrus (bruit perceuse, visite d’un collègue etc.…).<br />
5. Perspective de « La distraction lors des soins douloureux.<br />
D’après Serge Marchand , Cette technique consiste à centrer l’attention de l’enfant sur<br />
autre chose que sur sa douleur en lui donnant quelque chose à voir, à faire, à entendre.<br />
Ce « savoir faire » est issu du rôle propre de l’infirmière. Il est possible d’envisager<br />
l’inscription de cette technique sur la liste des actes professionnels infirmiers.<br />
6. En conclusion<br />
On peut se demander s’il existe des indications et des contre indications de l’hypnose<br />
ou et de la pédo psychiatrie en général. Les sources bibliographiques sur ce sujet sont<br />
rares, voire inexistantes. Malgré le fait que cette technique réclame du temps, il semble<br />
judicieux de poursuivre cette expérience pour construire un outil de cotation et<br />
envisager son développement.<br />
La distraction n’est pas un médicament, mais un mode relationnel qui varie d’une<br />
personne à l’autre, d’un lieu à l’autre, et d’un temps à un autre.<br />
Certaines situations doivent inciter à la prudence : les troubles graves de la<br />
personnalité, la psychose, la schizophrénie, la paranoïa, les dépressions sévères etc.…<br />
Cette approche doit être intégrée dans le dispositif de soins plus complexe dont ces<br />
patients doivent bénéficier.<br />
73
Bibliographie<br />
- ANAES : Evaluation et stratégies de prise en charge de la douleur aiguë en<br />
ambulatoire chez l’enfant de 1 mois à 15 ans. 2000<br />
- Circulaire du 2 mars 2006 : « Tout établissement doit se doter des moyens propres à<br />
organiser la prise en charge de la douleur des personnes qu’il accueille...»<br />
- Juin 2004 : MALAQUIN-PAVAN E., MORIZE V. – Prévention de la douleur provoquée<br />
par les soins chez la personne adulte et /ou âgée : organisation des soins avant /pendant<br />
/après.<br />
<strong>CNRD</strong> – Centre National de Ressources de lutte contre la douleur.<br />
- Loi n° 2002-303 du 04 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système<br />
de santé : « toute personne a le droit de recevoir des soins visant à soulager sa douleur. Celleci<br />
doit être en toute circonstance prévenue, prise en compte et traitée ».<br />
- Manuel de certification des établissements de santé, édition 2007, chapitre 3, référence 26 –<br />
Direction de l’Accréditation - Haute Autorité de Santé : aborde la prise en charge de la<br />
douleur et notamment la tracabilité dans le dossier du patient.<br />
- Rôle propre de l’infirmière. Partie IV et v du code de la Santé Publique (Annexe au<br />
Décret n° 2004-802 du 29 juillet 2004.<br />
Ouvrages :<br />
- Le devoir, Jules SIMON<br />
Librairie Hachette, 1863<br />
- Le phénomène de la douleur, comprendre pour soigner », Serge MARCHAND<br />
Masson, 1998<br />
- Stress, apprensa/and coping, LAZARUS et FOLKMAN<br />
SPRINGER, 1984<br />
74
La spécificité de la prise en charge des douleurs provoquées en psychiatrie<br />
Fabienne HERY, Infirmière, formatrice<br />
IFSI Croix-Rouge Française<br />
Saint Herblain (44)<br />
Introduction :<br />
Le but de cette communication est de sensibiliser les personnels de soins à l’importance<br />
d’anticiper la prévention des douleurs générées par les soins potentiellement douloureux,<br />
ainsi qu’à l’importance d’une approche différente dans la prise en charge des patients<br />
douloureux en psychiatrie.<br />
En tant que soignant nous avons obligation de prendre en charge la douleur et de prévenir<br />
la douleur provoquée par les soins, en regard de la charte du patient hospitalisé[1], du plan<br />
douleur 2006/2010[2] et de la loi relative aux droits du patient de mars 2002[3].<br />
La douleur est une expérience globale individuelle subjective qui a des répercussions sur<br />
l’ensemble de l’individu tant au niveau psychologique que biologique.<br />
En psychiatrie le problème de la prise en charge réside surtout dans le décodage du<br />
discours du patient.<br />
Le constat :<br />
Il réside encore des lacunes dans la prise en charge de la douleur en santé mentale. Il<br />
persiste en particulier des insuffisances dans l'anticipation des prises en charge des<br />
douleurs qui peuvent être provoquées lors des soins.<br />
D’une manière générale, dans les services de psychiatrie, nous pouvons constater l’absence<br />
de protocoles pour leur prévention.<br />
Ainsi interrogeons nous : dans certains services accueillant des patients atteints de<br />
pathologie psychiatrique avant d'effectuer des soins invasifs la pommade EMLA®,<br />
pourtant simple d’utilisation, a-t-elle été appliquée Ainsi, dans certaines structures les<br />
prélèvements sanguins douloureux sont encore faits sans utilisation d'antalgiques locaux.<br />
Autres exemples : un patient se rendant à une consultation dentaire en ville ne pourrait-il<br />
pas recevoir un antalgique avant son départ de la structure Le patient se rendant en<br />
sismothérapie pourrait bénéficier d'explications supplémentaires et d’une prise en compte<br />
de son anxiété.<br />
Pourquoi lors de certains gestes ou certains soins, dont on sait qu’ils sont douloureux, les<br />
moyens de prévention de la douleur ne sont-ils pas anticipés <br />
75
Pourtant, chez le patient atteint de pathologie psychiatrique, l'appréhension de la douleur<br />
ou la non compréhension de l’examen ou du soin peuvent déclencher des crises d'angoisse<br />
importantes chez le patient et rendre impossible la réalisation de l’acte.<br />
La douleur isole des autres, exacerbe les émotions, les perceptions, les sentiments. Cette<br />
traversée de la souffrance est personnelle, chaque individu va la vivre avec ses modalités<br />
de fonctionnement et ses mécanismes de défense. C’est là que « prendre soin » prend tout<br />
son sens, dans l’écoute et l’accompagnement individualisé que le soignant doit s’efforcer<br />
de maintenir le plus possible.<br />
La maladie mentale isole, n’isolons pas d'avantage ces patients en souffrance.<br />
Ce qu’il est possible de faire :<br />
Il n’est pas nécessaire de persister dans ce qui ne fonctionne pas mais adopter une<br />
approche différente en changeant les pratiques soignantes et en les remettant en question.<br />
Pour cela il faut repenser les soins, les organiser de façon différente.<br />
Il est donc important de recenser les différents soins douloureux afin de mieux anticiper la<br />
prévention des douleurs liées aux soins et de mener une réflexion d'équipe à partir de<br />
l’existant.<br />
Ce qui semble le plus important dans ces différentes prises en charge, c'est de rechercher<br />
des moyens simples non coûteux, surtout de prendre le temps de laisser le patient exprimer<br />
son vécu douloureux.<br />
Adapter l’attitude soignante à chaque patient :<br />
Il faut donc envisager d’aborder le patient de façon différente, changer d'approche, que ce<br />
soit chez l'enfant ou chez l'adulte.<br />
En tant que soignant nous pouvons mettre en avant notre créativité et devons faire preuve<br />
d’adaptation à la problématique de la prise en charge de la douleur dans le contexte bien<br />
spécifique de la santé mentale.<br />
L’attitude soignante est primordiale.<br />
Pour prendre en charge ce type de patient il est nécessaire d'avoir des informations<br />
complètes, fiables et adaptées le concernant.<br />
Rappelons que plus le patient est acteur de ses soins, plus il coopère, plus le soin sera mené<br />
de façon satisfaisante pour lui. Sa coopération est donc indispensable, dans la mesure du<br />
possible.<br />
76
Pour optimiser la prise en charge du patient, les soins doivent être accompagnés par des<br />
mots rassurants et des explications sur les actes ou sur l’examen afin de gagner la<br />
confiance du patient.<br />
D’où la nécessité de prendre en charge de façon très personnalisée les soins et d'anticiper<br />
les angoisses du patient. Il est nécessaire d'expliquer chaque geste en utilisant un discours<br />
adapté.<br />
Le langage du patient reste différent il ne faut pas oublier de décoder ce qu'il met derrière<br />
ses mots. Accompagner, guider, informer, voilà le maître mot de la prise ne charge de la<br />
douleur provoquée par les soins.<br />
Pour résumer et concrétiser les attitudes soignantes à adopter quelques pistes à suivre :<br />
- Laisser le patient verbaliser<br />
- Mettre le patient en confiance<br />
- Prendre le temps<br />
- Décoder le langage du patient<br />
- Effectuer un entretien douleur<br />
- Lors des soins, expliquer au patient tous les actes qui lui sont faits<br />
- Le prévenir au préalable<br />
- Prévenir les intervenants extérieurs : kinésithérapeute, médecin somathicien, etc. de la<br />
problématique du patient<br />
- Prendre en compte l'entourage du patient<br />
- Evaluer et réévaluer la douleur du patient douloureux ou non<br />
- Effectuer une traçabilitée des soins et de la douleur dans le dossier patient, mettre en<br />
place un suivi<br />
- Appliquer les protocoles et/ou les prescriptions<br />
La création ou mise en place de protocoles implique un travail d’équipe de tous les acteurs<br />
de soins.<br />
L'histoire du vécu douloureux influence énormément l'attitude du patient.<br />
Il faut toujours prendre en compte la pathologie psychiatrique du patient; même si le<br />
patient est délirant. Dans le doute il est essentiel de ne jamais ignorer le phénomène<br />
douloureux. Tous les soins qui sont connus ou peuvent être envisagés comme douloureux<br />
et/ou anxiogènes doivent être accompagnés d'un protocole antalgique et/ou<br />
comportemental.<br />
77
Retour d'expérience :<br />
J’avais effectué un entretien douleur il a deux ans auprès d’une patiente[4] et j’ai rencontré<br />
à nouveau cette patiente hospitalisée deux ans après dans le même service. Elle m'annonce<br />
que le diagnostic de fribromyalgie a été posé ; Deux ans auparavant, elle souffrait déjà de<br />
douleurs diffuses mais le diagnostic n’était pas encore confirmé.<br />
Elle évoque toute l'importance de l’entretien effectué deux ans au préalable dans sa prise<br />
en charge douloureuse. Elle souligne que ce qui l'a marquée c'est la qualité d'écoute<br />
soignante et cette approche différente qui lui a permis de mettre des mots sur ses maux.<br />
Elle précise que sa problématique douloureuse est bien prise en charge avec un suivi<br />
important. Par contre son entourage n'a plus supporté son état dépressif et son<br />
comportement liés aux douleurs chroniques. De ce fait sa famille est en recul et elle vit un<br />
important isolement social (patiente bipolaire de type 2)<br />
Dans ce cas nous pouvons noter que finalement ce que la patiente à retenu de cette prise en<br />
charge c’est qu’a un moment elle a été entendue et que cela a eu des répercussions sur son<br />
implication, elle est devenu actrice de sa prise en charge.<br />
Conclusion :<br />
Nous pouvons conclure en précisant qu’il faut toujours rester centré sur les problématiques<br />
du patient. L’abord du patient douloureux en psychiatrie est bien spécifique, cela ne va pas<br />
sans une prise en charge pluridisciplinaire et plurimodale. Un travail de recensement des<br />
actes potentiellement douloureux doit être effectué dans les différentes institutions, cela<br />
nécessite un vrai travail de collaboration entre les différents acteurs et le patient.<br />
Que la cause soit ou non identifiée, toute douleur a pour le patient une signification dont la<br />
connaissance et la reconnaissance par le personnel soignant sont indispensables dans le<br />
cadre de la prise en charge.<br />
[1] Charte du patient hospitalisé. www.sante-sports.gouv.fr<br />
[2] Plan de lutte contre la douleur 2002-2006. www.sante-sports.gouv.fr<br />
[3] Loi n° 2002-303 du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du<br />
système de santé. www.droit.org<br />
[4] 1 er lettre douleur et santé mentale – UPSA<br />
78
Utilisation du MEOPA<br />
(Mélange Equimolaire Oxygène Protoxyde d’Azote)<br />
En Santé Mentale<br />
Mme Sophie VALERO, IDE, Référente Douleur<br />
<strong>Dr</strong> D. SARAVANE, Chef de Service – Praticien Hospitalier<br />
E.P.S. de Ville-Evrard – 93330 Neuilly-sur-Marne<br />
1. Définition<br />
Le MEOPA (Mélange équimolaire d’Oxygène et de Protoxyde d’Azote) est un gaz<br />
incolore composé d’un mélange d’O2 pour 50 % et de protoxyde pour 50 % agissant<br />
par inhalation. C’est un mélange anxiolytique qui procure une analgésie de surface.<br />
2. Introduction<br />
Depuis 2002 nous utilisons le protoxyde d’azote pour ses effets sédatifs et<br />
analgésiques pour faciliter la coopération des patients enfants et adultes présentant des<br />
troubles cognitifs ou mentaux initialement opposants aux soins à l’état vigil.<br />
Administré par inhalation le Méopa permet ainsi la prise en charge de la douleur<br />
engendrée par des actes douloureux, suture, pansements soins dentaires, ponctions<br />
veineuses… mais aussi pour les patients en état d’agitation ou très anxieux pour la<br />
réalisation d’ECG, ou lors d’un examen gynécologique.<br />
En l’absence d’une prise en charge adaptée ces patients sont traités sous anesthésie<br />
générale ou subissent les conséquences algiques, infectieuses de l’absence de ce<br />
traitement.<br />
Les patients sont référés dans ce service par les médecins généralistes ou psychiatres<br />
pour échec aux soins à l’état vigil.<br />
Nous prévoyons environ une heure pour la séance de soins, pour la négociation,<br />
l’acceptation et la réalisation du soin.<br />
79
3. Condition de réalisation de l’inhalation<br />
Sa délivrance est soumise au préalable à une prescription médicale nominative.<br />
Chez les patients sous Benzodiazepine ou psychotropes il y a un risque de<br />
potentialisation de la sédation il doit être associé avec bénéfice à un anesthésique de<br />
surface EMLA, Lidocaïne et autres anesthésiques locaux.<br />
DEROULEMENT DU SOIN<br />
Préparation : le jeûne n’est pas nécessaire avec le MEOPA.<br />
Le patient reste toujours conscient.<br />
Avant<br />
I. Expliquer le soin<br />
La réalisation du geste douloureux en décrivant les différentes phases du geste ou de<br />
l’examen<br />
- Prévenir des sensations pouvant être ressenties :<br />
o Distorsion du son c’est pourquoi il est important de parler doucement<br />
o Les fourmillements des membres inférieurs sont les plus fréquents<br />
o Vertiges et sensation de vide<br />
- La mise en condition du patient peut-être faite lors d’une première consultation à<br />
distance de la séance de soins<br />
II.<br />
Mettre en confiance<br />
- Privilégier une approche progressive, mais il est parfois nécessaire chez certains<br />
patients agités de les prémédiquer (sur prescription médicale) avec 1 ampoule<br />
d’hypnovel per-os pour favoriser cette approche<br />
- Toujours se positionner à la hauteur du patient pour présenter le matériel<br />
- Chez l’enfant autiste utiliser une approche ludique : sifflet, manipulation du<br />
masque, ballon puis définir avec l’enfant et l’équipe un thème ludique : chanson,<br />
histoire ; lui tenir la main ou expliquer le déroulement du soin avec des mots adaptés<br />
et en tenant compte du degré de compréhension<br />
- Réunir toutes les conditions avant de commencer l’inhalation : matériel<br />
disponible et vérifié.<br />
- Limiter le nombre de personnes dans la salle.<br />
80
-<br />
Pendant<br />
I. Favoriser, si possible l’auto-administration (au moins au début)<br />
- Réunir des conditions favorables : installation confortable du patient<br />
- La présence des infirmiers référents est souvent une aide précieuse pour la prise en<br />
charge comportementale : elle permet une influence positive vis-à-vis des soins,<br />
aide à surmonter l’appréhension et diminue les états d’angoisse<br />
- Veiller au calme dans lequel se déroule l’inhalation<br />
- Eviter les bruits (distorsion des sons)<br />
- Parler lentement d’une façon monocorde<br />
- Faire participer : sans appliquer le masque de force, il faut négocier et rester<br />
patient. Toutefois, pour les plus petits il arrive parfois que l’on insiste un peu.<br />
II. Réaliser l’acte<br />
- Faire respirer le MEOPA au patient : masque parfaitement étanche, pendant 3 mn,<br />
le temps est souvent augmenté voire doublé (surtout avec les neuroleptiques)<br />
- Le choix du débit ne dépend pas du poids du patient mais il est déterminé par la<br />
ventilation spontanée (les enfants respirent souvent par la bouche) le ballon ne doit<br />
jamais être ni collabé, ni trop gonflé.<br />
Dans tous les cas c’est la personne qui administre le gaz qui donne le feu vert pour<br />
débuter le soin.<br />
- Poursuivre l’inhalation pendant toute la durée du geste ou de l’examen (sauf en<br />
dentaire ou la méthode est un peu différente ; administration réitérée, car le travail<br />
avec un masque bucco-nasal permet de travailler sans … pendant 40 secondes,<br />
c’est suffisant pour réaliser le soin qui sera suivi d’une nouvelle administration de<br />
MEOPA pendant une minute).<br />
- Vérification de façon permanente : absence de fuite entre le visage et le masque<br />
- Surveiller la pression de la bouteille et moduler l’apport du gaz si besoin car le<br />
débit doit être adapté à la respiration du patient au cours du soin<br />
- Communiquer avec le patient, lui parler, le rassurer, le toucher, l’encourager,<br />
l’informer.<br />
- Induire, une suggestion agréable au patient, le détendre<br />
- Ne pas dépasser 60 mn d’inhalation en continu.<br />
81
La surveillance<br />
Pendant l’administration, la surveillance est essentiellement clinique. Garder un<br />
contact verbal avec le patient permet de repérer la survenue d’une sédation excessive<br />
qui si elle apparaît se dissipe au retrait du masque, et permet de maintenir le niveau de<br />
conscience et une bonne coopération du patient.<br />
Après<br />
Dès le retrait du masque, l’effet se dissipe, le patient récupère son état initial en<br />
quelques minutes.<br />
Il peut prendre son repas normalement, il n’y a pas de temps de jeûne à respecter.<br />
Evaluer si possible la satisfaction du patient, l’inciter à exprimer ce qu’il a ressenti.<br />
Critères de jugement :<br />
‣ Effet antalgique observé<br />
… anxiolyse…<br />
‣ Maniabilité du produit<br />
‣ Acceptation par le patient<br />
‣ Acceptation par l’équipe<br />
Conclusion<br />
Le mélange équimolaire oxygène, protoxyde d’azote représente une alternative à<br />
l’anesthésie générale (essentiellement pour les soins dentaires) pour les patients qui ne<br />
coopèrent pas suffisamment<br />
- Les séances de soins sans sédation par inhalation peuvent être répétées, car on<br />
remarque une amélioration considérable sur le niveau de coopération et sur l’état<br />
d’anxiété de nos patients.<br />
La qualité du résultat final nécessite l’adhésion du personnel soignant et du soutien<br />
médical.<br />
82
Bibliographie<br />
1. ANNEQUIN D., CARBAJAL R., CHAUVIN P., GALL O., TOURNIAIRE B.,<br />
MURAT I. Fixed 50 % nitrous oxide oxygen mixture for painful procedures : a French<br />
survey. Pediatrics 2000 ; 105 (4). URL :<br />
http//www.pediatrics.org/cgi/content/full/105/4/e47.<br />
2. HENNEQUIN M., MANIERE M-C., BERTHET A., TARDIEU C., LEMAIRE M.,<br />
ONODY P. Cadre médico-légal des indications de sédation par inhalation de<br />
protoxyde d’azote en Odontologie. L’Information dentaire 2002, 25 : 1727-1735.<br />
3. MANFORD ML., ROBERTS GJ. Dental treatment in young handicapped patients. An<br />
assessment of relative analgesia as an alternative to general anaesthesia. Anaesthesia<br />
1980, 35 : 1157-1168.<br />
4. GARRISON RS., HOLLIDAY SR., KRETZSCHMAR DP. (2002) Nitrous oxide<br />
sedation. In : Management of pain and anxiety in the dental office. Dionne RA, Phero<br />
JC, Becker DE editors. Philadelphia : Saunders, pp. 209-223.<br />
5. NATHAN JE., VENHAM LL., GAULIN KREMER E. Reduction of childhood dental<br />
anxiety with nitrous oxide : a literature review. J Am Analg Soc, 1987, 21 : 9.<br />
83
Intérêt de la sophrologie dans la prévention et l’amélioration de la prise en charge<br />
pluridisciplinaire de la douleur aiguë péri-opératoire de l'enfant<br />
Anne Rouet Pellerin, Directrice des soins<br />
Jésabelle Detcheverry, Infirmière, Sophrologue<br />
L’ensemble des équipes de l’établissement<br />
Docteur Xavier Piot, Anesthésiste et Président du CLUD<br />
Docteur Christian Tocqueville, Anesthésiste<br />
Docteur Georges Le Coguic, Chirurgien urologue et directeur<br />
Clinique Urologique Nantes - Atlantis<br />
44 800 SAINT HERBLAIN<br />
Introduction<br />
La Clinique Urologique Nantes-Atlantis est un établissement chirurgical monodisciplinaire,<br />
spécialisé en chirurgie urologique adulte et pédiatrique, de 40 lits<br />
d’hospitalisation conventionnelle et 15 places d’ambulatoire.<br />
Cet établissement assure la prise en charge de toutes les pathologies urologiques, y<br />
compris les plus complexes, avec notamment une activité cancérologique particulièrement<br />
importante et reconnue comme l’une des principales de la discipline au plan national.<br />
Il s’est distingué tant dans sa conception que dans son équipement, par un souci aigu<br />
de modernité et de qualité (par exemple robotique d’assistance opératoire à commande vocale,<br />
lithotripteur extra-corporel, Ablatherm…). Cet objectif imprègne également les<br />
comportements de soins, d’où une prise en charge attentive de la douleur, et une formalisation<br />
par les instances (projet d’établissement, CME, CLUD).<br />
L’établissement accueille près de 5000 patients par an, dont près de 10% d’enfants. Un<br />
grand nombre d’entre eux sont gérés en ambulatoire depuis une quinzaine d’années : les<br />
ectopies testiculaires, les abords inguinaux pour persistance du canal péritonéo vaginal, les<br />
corrections endoscopiques de reflux vésico-urétéraux et, bien sûr, les interventions sur la<br />
verge (plastie de prépuce, circoncision, hypospade). Les autres interventions telles<br />
réimplantation urétéro-vésicale ou plastie de jonction sont gérées en hospitalisation<br />
conventionnelle.<br />
Dans ce cadre, nous avons mené des audits ciblés sur la prise en charge pré et post<br />
opératoire de la douleur de l’enfant. Elles ont abouti notamment à la réalisation maintenant<br />
systématique de blocs anesthésiques, notamment péniens ou inguinaux, pour diminuer toute<br />
douleur post opératoire dans la chirurgie de l’enfant, de pratique quotidienne bien sûr.<br />
84
Lors des interventions chirurgicales des enfants, nous avions observé que dès leur<br />
entrée au bloc opératoire il n’était pas rare qu’ils pleurent, soient agités jusqu’à leur<br />
endormissement, laissant présager un réveil similaire.<br />
Nous avons donc entrepris début 2006 une étude originale ciblée sur les possibilités<br />
d’amélioration de la gestion du stress pré-opératoire et un possible impact sur la douleur postopératoire.<br />
Ce travail a été rendu possible par la double qualification de l’une des infirmières<br />
de la Salle de Surveillance Post - Interventionnelle (SSPI) du bloc opératoire à la fois<br />
infirmière et sophrologue.<br />
Il s’est avéré constructif et riche d’enseignements. Il a donc été collectivement décidé<br />
de le poursuivre et de l’amplifier.<br />
Ce travail, par sa nature et une heureuse coïncidence chronologique a pu s’inscrire dans le<br />
cadre défini par l’appel à projets 2006 du <strong>CNRD</strong>.<br />
L’accord du <strong>CNRD</strong> a été formalisé en janvier 2007. Plusieurs réunions ont alors été<br />
organisées avec les représentants du <strong>CNRD</strong> , qui ont permis d’élaborer les modalités de<br />
l’étude, de définir le projet de recherche clinique, et d’envisager les modalités pratiques. Cela<br />
nous a conduit à réajuster certains outils déjà en place : grille d’évaluation de la douleur,<br />
grille de suivi du parcours de l’enfant, fiche de satisfaction des parents, protocole de séance de<br />
sophrologie.<br />
Nous avons eu la volonté d’inscrire ce projet dans la transversalité et la pluridisciplinarité.<br />
Tous les acteurs de la prise en charge de l’enfant au sein de la clinique sont concernés :<br />
chirurgiens, secrétaires de consultations, anesthésistes, secrétaires des admissions, cadre du<br />
service ambulatoire, cadre du bloc opératoire, infirmières des services, brancardiers,<br />
infirmières du bloc opératoire et de la Salle de Soins Post Interventionnelle (SSPI), et bien sûr<br />
l’infirmière sophrologue. Afin de favoriser l’implication de chacun, cette démarche a reposé<br />
sur une information personnalisée auprès de chaque catégorie professionnelle (entretiens<br />
individuels, réunions…). Cela a favorisé l’échange et aidé à définir le rôle de chacun dans la<br />
prise en charge des enfants.<br />
L’étude elle même a ainsi pu débuter en Novembre 2007.<br />
Objectif de l'étude :<br />
Le bénéfice majeur attendu est de montrer que la préparation de l'enfant accueilli en<br />
ambulatoire, avec une séance de sophrologie de 30mn avant la prémédication permet de<br />
diminuer, voire supprimer la douleur en post-opératoire et de réduire l'utilisation<br />
85
d'antalgiques, quelque soit le type d'intervention (ectopie testiculaire, plastie reconstructrice<br />
prépuciale, posthectomie…).<br />
Méthodes<br />
Il s’agit d’une étude d'évaluation des pratiques, comparative entre une prise en charge<br />
classique versus une prise en charge avec séance de sophrologie.<br />
Les enfants ont été inclus de façon séquentielle en 2 périodes :<br />
Une 1 ère période pendant laquelle les enfants ont eu une prise en charge habituelle, une 2 ème<br />
période pendant laquelle les enfants ont bénéficié d'une séance de sophrologie 30 minutes<br />
avant la prémédication.<br />
Critères d'inclusion :<br />
Tous les garçons de 3 à 9 ans devant avoir une chirurgie en ambulatoire.<br />
Consentement signé des parents.<br />
Types d’interventions correspondant à l’objectif de l’étude.<br />
Critères de non-inclusion :<br />
Non compréhension ou refus des parents,<br />
Etat général ne permettant pas une séance de sophrologie<br />
Opposition de l’enfant.<br />
Description de la Séance de sophrologie :<br />
L’infirmière sophrologue va chercher les enfants dans leur chambre et les emmène dans la<br />
salle dédiée à la sophrologie dans le service d’ambulatoire.<br />
La séance de sophrologie est une séance type pour chaque groupe de 2 enfants, elle dure 30<br />
minutes.<br />
Nous nous asseyons pour le dialogue pré-sophronique : moment d’accueil propice à<br />
l’expression d’un stress éventuel.<br />
Nous commençons la relaxation dynamique (voir annexe : description de la séance de<br />
sophrologie).<br />
86
Calcul du nombre de patients :<br />
Le critère principal de jugement est le score de douleur avec l’échelle OPS. En l’absence<br />
d’étude d’efficacité de la sophrologie, une différence cliniquement significative d’au moins 2<br />
points sur l ‘échelle OPS entre les moyennes des 2 groupes d’enfants était attendue avec une<br />
déviation standard de 3. Pour une puissance de l’étude de 90% (risque ß = 10%) et un risque<br />
α de 5%, avec un test bilatéral, le nombre de patients nécessaires ainsi calculé était de 49<br />
enfants par groupe. Il a été prévu d’en inclure 60 par groupe, soit 120 au total afin de palier à<br />
d’éventuelles sorties de l’étude.<br />
Analyse statistique<br />
Les variables qualitatives sont présentées en pourcentage avec l’intervalle de confiance à<br />
95%, les variables quantitatives sont présentées sous forme de moyenne avec sa déviation<br />
standard si la distribution est normale et sous forme de médiane (25 ème -75 ème percentile) dans<br />
le cas contraire. Les variables quantitatives sont comparées par le test de student ou le test<br />
non paramétrique de Mann-Whitney et les variables qualitatives par le test de χ 2 ou le test<br />
exact de Fisher.<br />
Le seuil de signification est déterminé pour p ≤ 0,05.<br />
Résultats<br />
Du 20/11/2007 au 16/07/2009, 155 enfants ont été inclus dans l’étude : 90 enfants sans prise<br />
en charge sophrologique (GNS) et 65 avec prise en charge (GS).<br />
Au final, 137 ont été retenus pour l'analyse; 73 enfants pour GNS (17 exclus en raison<br />
d’éléments manquants dans le recueil de données) et 64 pour GS, (1 exclu, l’intervention<br />
finalement réalisée ne rentrant pas dans les critères d’inclusion prédéfinis.)<br />
87
Données démographiques générales<br />
La distribution des caractéristiques démographiques générales des patients et des données<br />
concernant leur prise en charge péri-opératoire est présentée dans le tableau 1 .<br />
Tableau 1 : Distribution des caractéristiques démographiques générales des patients et des<br />
données concernant leur prise en charge périopératoire ; comparaison entre les 2 groupes<br />
(test t pour les variables quantitatives, et χ 2 pour les variables qualitatives ; différence<br />
significative pour p≤ 0,05).<br />
Caractéristiques GNS - N= 73 GS -N= 64 p<br />
Age (années) - Moy (DS) 4,6 (1,7) 5,7 (1,7) 0,02<br />
Poids (kg)- Moy (DS) 20,1 (5,4) 20,4 (4,2) NS<br />
Prémédication (N)<br />
NS<br />
Codenfan<br />
Nifluril<br />
Hypnovel<br />
Autres<br />
73 (100)<br />
71 (97,3)<br />
73 (100)<br />
2 (2,7)<br />
64 (100)<br />
61 (95,3)<br />
62 (96,9)<br />
4 (6,2)<br />
Type d'intervention (N)<br />
NS<br />
PRP* - N = 80<br />
Posthectomie - N = 17<br />
Ectopie testiculaire - N = 24<br />
Ectopie+PRP – N = 7<br />
PCPV ** - N = 5<br />
Ectopie+PCPV – N = 2<br />
Crémaster bilatéral ±PRP (n=2)<br />
42 (57,5)<br />
12 (16,4)<br />
11 (15,1)<br />
4 (5,5)<br />
3 (4,1)<br />
1 (1,4)<br />
0 (0)<br />
38 (59,4)<br />
5 (7,8)<br />
13 (20,3)<br />
3 (4,8)<br />
2 (3,2)<br />
1 (1,6))<br />
2 (3,2)<br />
Type d’anesthésie<br />
NS<br />
AG seule<br />
AG et bloc pénien<br />
AG et bloc funiculaire<br />
4 (5,5)<br />
56 (76,7)<br />
13 (17,8)<br />
0 (0)<br />
51 (79,7)<br />
13 (26,7)<br />
Durée d'intervention (min) – Moy (DS) 26,51 (12,3) 26,44 (10,8) NS<br />
*Plastie reconstructrice du prépuce ** Persistance du canal péritonéo-vaginal ; AG : Anesthésie Générale<br />
Le comportement des enfants lors de leur arrivée au bloc opératoire n’était pas<br />
significativement différent entre les deux groupes.<br />
Evaluation de l’intensité douloureuse<br />
L’intensité de la douleur postopératoire n’était pas significativement différente entre les deux<br />
groupes.<br />
88
Administration d'antalgiques<br />
La consommation d’antalgique était significativement plus importante pour GNS 5 minutes<br />
après l’ablation du masque laryngé (ML) (T1) (p = 0,03) et pour la consommation de<br />
morphinique, 30 minutes après (T2) (p = 0,03).<br />
Au total en postopératoire, 31 patients GNS (42,5%) et 31 patients GS (51,7%) avaient<br />
finalement reçu au moins une fois une analgésie, en la salle de surveillance post<br />
interventionnelle et/ou en chambre d’hospitalisation, sans différence significative entre les<br />
deux groupes( p=0,4).<br />
Parmi les patients GS, des techniques de sophrologie ont été utilisées en postopératoire à 18<br />
reprises sans incidence significative sur la consommation d’antalgique, ni sur l’intensité<br />
douloureuse.<br />
Le niveau de satisfaction de parents n’était pas différent entre les deux groupes avec une<br />
médiane à 10 sur une EN (de 0 à 10).<br />
Discussion<br />
L’objectif de cette étude était d’évaluer l’impact d’une séance de sophrologie effectuée avant<br />
l’intervention chirurgicale sur la douleur postopératoire, chez l‘enfant. Le résultat principal est<br />
une diminution de la consommation d‘antalgique en postopératoire immédiat pour le groupe<br />
ayant eu une séance de sophrologie. Mais il n’y a pas de différence concernant l’intensité<br />
douloureuse, le comportement préopératoire des enfants. De plus l’effet sur la consommation<br />
d’antalgique s’atténue à distance de l’opération.<br />
Il s’agit de la première étude évaluant l’impact d’une séance de sophrologie en préopératoire<br />
sur la douleur postopératoire, chez l’enfant.<br />
La sophrologie convient aux enfants car elle fait intervenir le jeu et l’imaginaire.<br />
L’amusement leur permet de lâcher prise et d’intégrer les principes de la sophrologie[5].<br />
Il y a très peu d’études concernant cette technique. Chez l’adulte, une étude récente a<br />
permis de montrer que la réalisation d’une séance de sophrologie lors d’une ventilation non<br />
invasive en réanimation était associée à une diminution significative des difficultés<br />
respiratoires, de l’inconfort et de la douleur[6].<br />
Des articles études plus anciennes concernant différents domaines comme la prise en charge<br />
des IVG ou des douleurs neuropathiques ont évoqués la sophrologie sans qu’il y ait vraiment<br />
soit de résultat convaincant soit d’évaluation de son efficacité[7, 8, 9].<br />
Limitation:<br />
89
La principale est d’ordre méthodologique puisqu’il s’agit d’une étude « avant – après »<br />
associée à la comparaison de deux périodes différentes, à l’absence de randomisation, au<br />
risque de biais d’observation.<br />
Conclusion<br />
Ce travail semble montrer une réduction de la consommation d’antalgique dans les 30<br />
premières minutes postopératoires, en faveur du groupe sophrologie, différence qui ne persiste<br />
pas par la suite. Il s’agit d’une étude pilote, et un travail randomisé et contrôlé est<br />
indispensable pour confirmer ce résultat.<br />
Références bibliographiques<br />
1. MICHELINE NADEAU 40 jeux de relaxation pour les enfants de 5 à 12 ans, les éditions<br />
Quebecor, 2005<br />
2. YVES DAVROU, Comment relaxer vos enfants 7 à 14 ans, les éditions RETZ, 2004<br />
3. JACQUES CHOQUE, concentration et relaxation pour les enfants, les éditions Albin<br />
Michel, 1994<br />
4. DANIEL ANNEQUIN, la douleur chez l’enfant, l’éditeur Masson, 2002<br />
5. Bonvin E. La sophrologie remplace-t –elle l’hypnose in Gerard Salem, Eric Bonvin.<br />
Soigner par l’hypnose. Ed Masson, PAris, France. Chap 8 p : 177-214 ; Lombart B.<br />
L’utilisation de la sophrologie par une infirmière. in Celestin-Lhopiteau I, Thibault-Wanquet<br />
P. Guide des pratiques psycho-corporelles. Ed Masson, Paris, France. p :231-237.<br />
6. ConstantinJM, Perbet S, Futier E, Cayot-Constantin S, Gignac V, Bannier F, Fabrègue H,<br />
Chartier C, Guerin R, Bazin JE. Impact de la sophrologie sur la ventilation non invasive chez<br />
des patients avec une défaillance respiratoire aiguë. Ann Fr Anesth Réanim 2009 ;28 :215-<br />
21].<br />
7. Ferragut E. Interruption volontaire de grossesse : anesthésie ou sophrologie. Genitif<br />
1979 ;1(5) :20-1].<br />
8. Trégan D, Cailleux-Kreitmann J, Nègre-Garnier C. Admission des patientes et avortement<br />
induit : une modalité différente : homéopathie et sophrologie. Soins Gynecol Obstet Pueric<br />
Pediatr 1994 ;154 :37-9].<br />
9. Guastella V, Mick G, Laurent B. Traitements non médicamenteux de la douleur<br />
neuropathique. Press Med 2008 ;37 :354-7.]<br />
90
Annexe 1<br />
Description de la séance de sophrologie<br />
Les enfants sont par groupe de deux, seuls dans une pièce avec moi.<br />
Le dialogue pré-sophronique et la relaxation dynamique durent 20 minutes.<br />
Dialogue pré-sophronique<br />
Assis, présentation de chacun et ouverture d’un dialogue par rapport à leur présence à<br />
la clinique.<br />
Repérage<br />
Découverte de sa place dans la pièce. Debout, observation de la pièce, de la place<br />
qu’occupe l’enfant dans la pièce, par rapport aux autres à l’aide des sens de l’ouie, l’odorat, la<br />
vue le toucher.<br />
Lecture du corps.<br />
La statue<br />
Marcher vite, à mon signal (je tape dans mes mains), les enfants font la statue en<br />
repérant dans quelle position est la statue qu’il représente, ce qu’il voit, entend, sent d’où il<br />
est.<br />
Lecture du corps.<br />
La même chose en marchand normalement puis en marchand lentement avec à chaque<br />
fois une lecture du corps.<br />
Cou<br />
Tourner la tête d’un coté puis de l’autre, de haut en bas, sur le coté, former des ronds<br />
avec sa tête d’un sens puis d’un autre, contracter le bas du visage, plusieurs fois chaque<br />
stimulation.<br />
Lecture du corps.<br />
La plume et la fleur<br />
Respiration abdominale les mains sur l’abdomen.<br />
Lecture du corps<br />
Je danse<br />
Les mains sur les hanches, bouger les hanches d’un coté puis de l’autre, d’avant en<br />
arrière, puis faire des cercles, plusieurs fois chaque stimulation.<br />
Lecture du corps.<br />
Je touche le ciel et la terre<br />
Etirement de la partie droite du corps le bras en hauteur, puis de la gauche, puis du<br />
corps entier.<br />
Lecture du corps.<br />
La partie relaxation couchée et le dialogue post-sophronique durent 10 minutes.<br />
Repérage<br />
En position couchée, repérer son corps dans la pièce par rapport aux autre avec les<br />
sens du toucher, de l’ouie, de l’odorat, de la vue.<br />
91
Lecture du corps.<br />
La plume et la fleur<br />
Respiration abdominale le mains sur l’abdomen en position couchée.<br />
Lecture du corps.<br />
L’objet<br />
Imaginer un objet très grand puis avec le souffle vous l’éloignez de vous, il devient de<br />
plus en plus petit pour disparaître ensuite.<br />
Lecture du corps.<br />
Désophronisation.<br />
Dialogue post-sophronique<br />
Les enfants, si ils le veulent, expriment leur ressenti pendant la séance.<br />
Les lectures du corps se font par le toucher.<br />
Lorsque j’énonce une partie du corps, nous touchons cette partie du corps.<br />
Une lecture du corps peut être faite en touchant le corps, une autre peut être réalisée en<br />
tapotant son corps ou nous pouvons masser chaque partie du corps pendant une phase<br />
d’intégration.<br />
A la fin de la séance je raccompagne les enfants dans leur chambre et montre aux<br />
parents avec l’enfant « l’objet », « la plume et la fleur » et une ou plusieurs autres stimulations<br />
que l’enfant choisit.<br />
L’intégration complète de la séance se fait ensuite par un dessin que les enfants<br />
réalisent dans leur chambre (ils doivent se dessiner).<br />
Je note, sur le dossier infirmier, le nom des techniques et la description de celles-ci<br />
pour que le personnel infirmier puisse ensuite rappeler à l’enfant, si besoin, leur nom afin de<br />
l’accompagner avec la sophrologie.<br />
JUSTIFICATION<br />
Je réalise la séance de sophrologie en 30 minutes pour que l’organisation des séances<br />
ne perturbe pas l’organisation du planning opératoire.<br />
Le groupe de deux enfants est aussi un choix du à l’organisation, il permet aux enfants<br />
de passer au bloc opératoire sans trop attendre et le choix du groupe permet à l’enfant d’être<br />
moins intimidé pendant la séance, chacun entraîne l’autre et rentre ainsi plus facilement dans<br />
le jeu.<br />
Les « dialogues pré et post sophroniques » permettent aux enfants de poser des choses<br />
avant ou après la séance s’ils le désirent.<br />
La première partie est de la relaxation dynamique, elle permet à l’enfant d’intégrer son<br />
corps dans l’espace à travers le jeu.<br />
La partie couchée permet à l’enfant de pratiquer des exercices de relaxation dans la<br />
position qu’il prendra tout au long de son passage au bloc opératoire (sur le brancard, sur la<br />
table d’opération, dans son lit).<br />
92
« Le repérage » dans l’espace est un moyen pour l’enfant de se situer dans un lieu<br />
inconnu avec des inconnus, d’exister dans l’instant présent.<br />
Le jeu de « la statue » permet aux enfant de se poser après s’être dépensés : marcher<br />
vite, marcher puis marcher lentement.<br />
Les différentes stimulations font intégrer des parties du corps qui vont être sollicitées<br />
pendant l’intervention.<br />
« Le cou » est une manière d’intégrer la tête et le cou car il sera amené à porter une<br />
charlotte pour son passage au bloc et à avaler des médicaments.<br />
« La plume et la fleur » permet d’intégrer la respiration abdominale, souvent le siège<br />
des émotions, et de se centrer plus facilement et d’induire la relaxation lors de stress ou de<br />
douleur.<br />
C’est une stimulation qui est parfois difficile à intégrer pour les enfants car elle les fait<br />
respirer « à l’envers » de leur habitude, c’est la raison pour laquelle je pratique 2 fois cette<br />
stimulation (debout et couché).<br />
« Je danse » est une référence aux organes sexuels qui vont être opérés et sollicité<br />
durant la prémédication (le suppositoire et l’hypnovel intra-rectal). En mobilisant les hanches,<br />
les enfants mobilisent toute cette partie et leur permet de l’intégrer sans être gênés.<br />
« Je touche le ciel et la terre » est une totalisation du corps, c’est une stimulation qui<br />
prend en compte la totalité du corps avec le levé des bras qui eux aussi seront modifiés pour<br />
l’opération. L’emla sur les bras (plis des coudes ou mains), brassard à tension et la perfusion.<br />
Cette stimulation permet de prendre conscience du corps en entier et ainsi intégrer le port de<br />
la blouse d’opére et les chaussons.<br />
Le déroulement de cette première partie permet à l’enfant d’intégrer son corps de haut<br />
en bas : cou, tête, abdomen, hanche (parties sexuelles, fesse), et la totalité du corps de la tête<br />
aux pieds.<br />
Les lectures du corps permettent à l’enfant d’intégrer les différentes stimulations et de<br />
s’ancrer, le toucher facilite cette intégration. Au moment de la relaxation couchée, je propose<br />
de toucher ou non leur corps au moment de la lecture du corps.<br />
« L’objet » est une sophronisation que l’enfant peut utiliser au cours de son parcours<br />
opératoire. L’objet peut être assimilé à la douleur d’abord importante et très présente pour<br />
ensuite disparaître par le souffle, la relaxation.<br />
93
LES VARIANTES<br />
Les enfants : chaque enfant est différent et perçoit les techniques avec sa propre<br />
histoire et personnalité.<br />
Le dialogue pré-sophronique : il peut être plus long et ne permet pas de faire toute les<br />
stimulations de la séance.<br />
Certains enfants peuvent avoir plus de mal à se poser et le jeu de la statue sera plus<br />
long.<br />
Un retard au bloc opératoire : l’enfant attendra alors plus longtemps entre le moment<br />
de la fin de la séance et son passage au bloc, ce qui peut générer du stress et jouer sur le<br />
déroulement du reste de l’hospitalisation.<br />
Les âges des enfants, plus l’enfant est petit plus la séance est axé sur le jeu. Le terpnos<br />
logos est différent.<br />
Aptitude de l’enfant à enregistrer les techniques pour ensuite les utiliser.<br />
Si un enfant est malade ou si il ne veut pas faire la séance, l’autre enfant aura une<br />
séance individuelle.<br />
Si un enfant quitte la séance avant la fin, la dynamique du reste de la séance ne sera<br />
pas la même pour l’enfant qui reste.<br />
Certains enfants expriment facilement leurs peurs en début ou en fin de séance, d’autre<br />
pas.<br />
Selon les indications, le temps opératoire varie.<br />
Le moment entre la sortie de la salle d’opération et le réveil varie entre un enfant et un<br />
autre.<br />
94
Effet analgésique de l’association de la crème Emla® et du saccharose<br />
chez les nouveau-nés prématurés lors des ponctions veineuses<br />
Valérie Biran, MD, PhD a,b , Elisabeth Gourrier, MD c , Patricia Cimerman, RN d , Delphine<br />
Mitanchez, MD, PhD a , Francis Gold, MD, PhD a ,Ricardo Carbajal, MD, PhD e,f<br />
a Service de Néonatologie, Hôpital Armand Trousseau, Assistance Publique-Hôpitaux de<br />
Paris<br />
b Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale, U676, AVENIR RO5230HS,<br />
Hôpital Robert Debré<br />
c Service de Néonatologie, Centre Hospitalier de Meaux<br />
d Centre National de Ressources de Lutte Contre la Douleur, Hôpital Armand Trousseau,<br />
Assistance Publique-Hôpitaux de Paris<br />
e<br />
Service des Urgences pédiatriques, Hôpital Armand Trousseau, Assistance Publique-<br />
Hôpitaux de Paris<br />
f Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale, US149, UPMC Paris 06<br />
Introduction<br />
La prise en charge des nouveau-nés prématurés comporte des prélèvements sanguins<br />
réguliers, sources de douleur.<br />
La capacité du nouveau-né à ressentir la douleur a été largement démontrée. Les structures<br />
nécessaires à cette perception sont présentes dès le troisième trimestre de vie fœtale [1, 2]. Le<br />
traitement de la douleur chez le nouveau-né s’impose ; premièrement, pour des raisons<br />
humaines, et, deuxièmement, parce que la douleur chez le nouveau-né peut conduire à une<br />
diminution de l’oxygénation, à une instabilité hémodynamique ou à une augmentation de la<br />
pression intracrânienne [2]. Des études récentes ont montré que même une douleur brève peut<br />
avoir des effets négatifs durables [3]. Ces connaissances ont conduit plusieurs équipes de<br />
néonatologie à développer des stratégies pour soulager la douleur des gestes thérapeutiques et<br />
diagnostiques réalisés chez le nouveau-né. Pour les nouveau-nés qui reçoivent des soins de<br />
réanimation, des analgésiques centraux sont fréquemment prescrits. Cependant, pour les<br />
enfants qui subissent des gestes douloureux mineurs, mais souvent répétitifs, ou pour ceux qui<br />
ne sont pas en réanimation, peu de moyens analgésiques sont disponibles. Le prélèvement<br />
veineux est la méthode recommandée pour les prélèvements sanguins chez le nouveau-né [4].<br />
Ses avantages comportent la possibilité d’obtenir un volume de sang plus important et une<br />
moindre douleur, comparée aux prélèvements capillaires.<br />
Quelques études ont montré que des interventions simples et bénignes telles que<br />
l’administration orale de solutions sucrées [5-13] ont un effet antalgique chez le nouveau-né<br />
prématuré lors des actes douloureux. Peu d’études sur l’efficacité de la crème Emla® existent,<br />
leurs résultats sont peu concluants [14, 15].<br />
95
Objectif<br />
L’objectif de la présente étude est de comparer l'effet analgésique du saccharose (S) à celui de<br />
l'association du saccharose et de la crème EMLA® (S+E) pendant les ponctions veineuses<br />
chez les nouveau-nés prématurés.<br />
Le critère principal de jugement est l’évaluation avec l'échelle DAN (Douleur Aiguë du<br />
Nouveau-né) de la douleur subie par l'enfant lors du prélèvement. Cette échelle utilise des<br />
critères comportementaux [16]. Une évaluation parallèle de la douleur est faite avec l'échelle<br />
PIPP (Premature Infant Pain Profile) [17] ; cette dernière échelle inclut des modifications<br />
comportementales ainsi que des modifications de la fréquence cardiaque et de la saturation<br />
d'oxygène. Pour cette raison, tous les enfants auront une mesure en continu de la fréquence<br />
cardiaque et de la saturation d'oxygène. Ces deux échelles ont déjà été utilisées lors des études<br />
sur la douleur aiguë du nouveau-né.<br />
Patients et Méthodes<br />
Nous avons réalisé une étude prospective randomisée, en double aveugle incluant des<br />
nouveau-nés d’âge gestationnel
Les scores moyens (écart type) de douleur avec l’échelle DAN ont été pour le groupe S et le<br />
groupe S+E respectivement : 7,65 (2,05) et 6,44 (2,47) pendant la ponction veineuse et 7,14<br />
(2,75) et 5,74 (3,26) après le prélèvement.<br />
L'analyse de ces mesures a montré de façon significative un effet temps (p=0,047) et un effet<br />
traitement (p=0,018) pendant la ponction veineuse et après le prélèvement.<br />
Cinquante deux enfants ont pleuré durant le prélèvement (29 dans le groupe S; 23 dans le<br />
groupe S+E), p=0,20. La durée moyenne des pleurs (de l’introduction de l’aiguille jusqu’à 30<br />
secondes après son retrait) était plus courte dans le groupe S+E que dans le groupe S,<br />
respectivement, 14,11s versus 18,64s, sans différence significative.<br />
La fréquence des prélèvements sanguins réussis a été de 30 (81.08%) dans le groupe S et 34<br />
(87.18%) dans le groupe S+E. La durée moyenne du prélèvement a été de 3.0 (1.4) minutes<br />
dans le groupe S, 3.1 (1.7) dans le groupe S+E.<br />
Les effets secondaires observés ont été mineurs avec une pâleur transitoire de la peau chez 2<br />
enfants dans le groupe S et 28 dans le groupe S+E. Aucun incident n’a été observé après<br />
l’administration du saccharose.<br />
Conclusion<br />
Cette étude, à notre connaissance, est la première à montrer une efficacité analgésique de<br />
l’association du saccharose à la crème EMLA® lors des ponctions veineuses chez le nouveauné<br />
prématuré. Cette efficacité est supérieure à celle du saccharose seul avec des scores<br />
moyens de douleur diminués avec l’échelle DAN de façon significative pendant et après le<br />
prélèvement. Le score de douleur PIPP et la durée moyenne des pleurs sont également<br />
diminués dans le groupe S+E, de façon non significative.<br />
Néanmoins, la ponction veineuse chez le nouveau-né prématuré reste un geste douloureux<br />
malgré l'association de ces 2 techniques (solution sucrée, crème Emla®), ce qui nous incite à<br />
poursuivre notre démarche d'amélioration des pratiques de soins dans les services de<br />
néonatologie. L'association à d’autres moyens analgésiques non médicamenteux (tétine,<br />
allaitement maternel, peau à peau, présence des parents, musicothérapie…) est fortement<br />
préconisée.<br />
97
Références Bibliographiques<br />
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stress, and analgesia in newborns and children. Ped Clin N Am 1989 ; 36:795-822.<br />
2. Anand KJS, Hickey PR. Pain and its effects in the human neonate and fetus. N Engl J Med<br />
1987 ; 317:1321-9.<br />
3. Taddio A, Goldbach M, Ipp M, Stevens B, Koren G. Effect of neonatal circumcision on<br />
pain responses during vaccination in boys. Lancet 1995 ; 345:291-2.<br />
4. Shah V, Ohlsson A Venepuncture versus heel lance for blood sampling in term neonates.<br />
Cochrane Database Syst Rev. 2004 Oct 18;(4):CD001452. Review.<br />
5. Gibbins S, Stevens B, Hodnett E, Pinelli J, Ohlsson A, Darlington G. Efficacy and safety<br />
of sucrose for procedural pain relief in preterm and term neonates. Nurs Res. 2002 Nov-<br />
Dec;51(6):375-82<br />
6. Skogsdal Y, Eriksson M, Schollin J. Analgesia in newborns given oral glucose.<br />
Acta Paediatr. 1997 Feb;86(2):217-20<br />
7. Stevens B, Yamada J, Ohlsson A. Sucrose for analgesia in newborn infants undergoing<br />
painful procedures. Cochrane Database Syst Rev. 2004;(3):CD001069. Review<br />
8. Acharya AB, Annamali S, Taub NA, Field D. Oral sucrose analgesia for preterm infant<br />
venepuncture. Arch Dis Child Fetal Neonatal Ed. 2004 Jan;89(1):F17-8<br />
9. Carbajal R, Lenclen R, Gajdos V, Jugie M, Paupe A. Crossover trial of analgesic efficacy<br />
of glucose and pacifier in very preterm neonates during subcutaneous injections.<br />
Pediatrics. 2002 Aug;110(2 Pt 1):389-93<br />
10.Stevens B, Ohlsson A. Sucrose for analgesia in newborn infants undergoing painful<br />
procedures. Cochrane Database Syst Rev. 2000;(2):CD001069. Review<br />
11.Ramenghi LA, Wood CM, Griffith GC, Levene MI. Reduction of pain response in<br />
premature infants using intraoral sucrose. Arch Dis Child 1996;74:F126-8.<br />
12.Abad F, Diaz NM, Domenech E, Robayna M, Rico J. Oral sweet solution reduces painrelated<br />
behaviour in preterm infants. Acta Paediatr. 1996 Jul; 85(7):854-8.<br />
13.Eriksson M, Gradin M, Schollin J. Oral glucose and venepuncture reduce blood sampling<br />
pain in newborns. Early Human Dev 1999 ; 55:211-8.<br />
14.Lindh V, Wiklund U, Hakansson S. Assessment of the effect of EMLA during<br />
venipuncture in the newborn by analysis of heart rate variability.<br />
Pain. 2000 Jun; 86(3):247-54.<br />
15.Taddio A, Ohlsson A, Einarson TR, Stevens B, Koren G. A systematic review of<br />
98
lidocaine-prilocaine cream (EMLA) in the treatment of acute pain in neonates.<br />
Pediatrics. 1998 Feb;101(2):E1<br />
16.Carbajal R, Paupe A, Hoenn E, Lenclen R, Olivier-Martin M. DAN : une échelle<br />
comportementale d’évaluation de la douleur aiguë du nouveau-né. Arch Pédiatr 1997; 4:<br />
623-8.<br />
17.Stevens B, Johnston C, Petryshen P, Taddio A. Premature Infant Pain Profile :<br />
development and initial validation. Clin J Pain 1996, 12 : 13-22<br />
99
Recueil Epidémiologique en Gériatrie des Actes Ressentis comme Douloureux et Stressants<br />
(REGARDS)<br />
Etude pilote dans un EHPAD<br />
Synthèse du rapport préliminaire<br />
R. Carbajal, P.Thibault, P.Cimerman (<strong>CNRD</strong>),<br />
V.Vergès-Cousin, V.Renaudin (Résidence Brune, Paris)<br />
Introduction<br />
Les douleurs provoquées par les soins sont largement présentes en gériatrie, y compris pour<br />
des patients âgés qui bénéficient uniquement de soins quotidiens de confort et de bien être.<br />
Ces douleurs sont délétères, ont un retentissement sur la qualité de vie et peuvent être<br />
responsables d’anxiété, de fatigue, d’agressivité voire d’une dépression intense avec refus des<br />
soins et être à l’origine d’un Syndrome de glissement 2 .<br />
Toutefois, la plupart de ces douleurs peuvent être évitées et prévenues. Pour cela, il est<br />
nécessaire d’identifier et d’évaluer auparavant toutes les sources de douleur lors des soins<br />
quotidiens, pour pouvoir améliorer la prise en charge. Or, les données épidémiologiques<br />
concernant l’ensemble des gestes douloureux ou potentiellement douloureux n’existent pas<br />
actuellement en France. Seules des études locales réalisées un jour donné fournissent quelques<br />
données préliminaires.<br />
L’objectifs de l'étude était de réaliser un état des lieux, un recensement qualitatif et quantitatif<br />
de tous les soins et gestes douloureux et potentiellement douloureux réalisés chez la personne<br />
âgée admise dans un EHPAD.<br />
Méthodes<br />
L'étude a été réalisée du 31 mars 2008 au 4 avril 2008 dans un EHPAD. Des données ont été<br />
collectées en temps réel, chez tous les résidents présents dans l'établissement pendant 5 jours,<br />
24h sur 24. Tous les gestes réalisés et leurs durées ainsi que les résultats de l'évaluation de la<br />
douleur et les moyens antalgiques administrés spécifiquement avant le geste, ont été<br />
enregistrés.<br />
100
Résultats<br />
88 résidents ont été inclus dont 73 femmes (83%), l'âge moyen (± DS) était de 88,7 (8,1) ans<br />
et 63 d’entre eux. 3363 gestes ont été réalisés chez les 88 résidents, incluant 29 gestes<br />
différents. Le nombre moyen (± DS) de gestes effectués par résident a été de 38,6 (21,3)<br />
gestes.<br />
Tableau 1 : Nature des 10 gestes les plus fréquents<br />
Nombre<br />
Nature/type de geste<br />
(%)<br />
Change* 760 (22,60)<br />
Lever ou coucher 701 (20,84)<br />
Habillage ou déshabillage 572 (17,01)<br />
Toilette 360 (10,70)<br />
Prévention escarres 327 (9,72)<br />
Aide à la marche 118 (3,51)<br />
Kiné mobilisations 109 (3,24)<br />
Changement de positions 88 (2,62)<br />
Toilette intime/Petite toilette** 85 (2,53)<br />
Soins de bouche 53 (1,58)<br />
Autres gestes 190 (5,65)<br />
Total 3363<br />
* Change : changement de protection pour les patients incontinents<br />
** Toilette intime/petite toilette : toilette de la zone uro-génitale<br />
Evaluation de la douleur :<br />
Quarante sept résidents (53,4%) n'étaient pas capables de réaliser une auto-évaluation de la<br />
douleur à l'aide de l'échelle numérique. Les soignants ont effectué une hétéroévaluation avec<br />
l'échelle numérique (de 0 à 10) lors de 2806 gestes (83%) et avec l'échelle ALGOPLUS (de 0<br />
à 5) lors de 3262 gestes (97%) (figures 1 et 2).<br />
Les 41 résidents capables de s'auto-évaluer ont subi 1047 gestes. Parmi ceux-ci, 635 (61%)<br />
gestes ont été auto-évalués avec l'échelle numérique.<br />
Traitement : aucun geste n’a été réalisé avec une analgésie spécifique.<br />
101
Figure 1 : Hétéro-évaluation de la douleur avec échelle numérique lors de 2806 gestes répartis en 6 classes.<br />
Les boîtes indiquent les intervalles interquartiles, les barres horizontales indiquent la médiane<br />
10<br />
Echelle numérique soignant<br />
9<br />
8<br />
7<br />
6<br />
5<br />
4<br />
3<br />
2<br />
1<br />
0<br />
Soins<br />
d'hygiène à<br />
la personne<br />
Piqûre avec<br />
accès<br />
vasculaire<br />
Piqûre sans<br />
accès<br />
vasculaire<br />
Soins de<br />
plaies,<br />
chirurgie<br />
mineur,<br />
pansements<br />
Sondes,<br />
aspirations<br />
kinésithérapie<br />
et<br />
mobilisations<br />
Nombre n=1929 n=11 n=51 n=32 n=20 n=763<br />
de gestes<br />
Figure 2 : Hétéro-évaluation de la douleur avec ALGOPLUS lors de 3262 gestes répartis en 6 classes.<br />
Les boîtes indiquent les intervalles interquartiles, les barres horizontales indiquent la médiane<br />
5<br />
4<br />
ALGOPLUS<br />
3<br />
2<br />
1<br />
0<br />
Soins<br />
d'hygiène à<br />
la personne<br />
Piqûre avec<br />
accès<br />
vasculaire<br />
Piqûre sans<br />
accès<br />
vasculaire<br />
Soins de<br />
plaies,<br />
chirurgie<br />
mineur,<br />
pansements<br />
Sondes,<br />
aspirations<br />
kinésithérapie<br />
et<br />
mobilisations<br />
Nombre n=2242 n=11 n=53 n=34 n=23 n=899<br />
de gestes<br />
Conclusion :<br />
Cette étude pilote a montré tout d'abord que les gestes et les soins potentiellement douloureux<br />
ou stressants sont très fréquents chez des personnes âgées résidant dans un EHPAD. L'analyse<br />
par classe de gestes a montré que cette fréquence élevée est due en très grande partie au fait<br />
que les soins d'hygiène à la personne sont très nombreux, ils représentent 68% de tous les<br />
gestes.<br />
102
L'étude a montré qu'aucun geste ou soin n'a été réalisé avec une analgésie spécifique<br />
préalable.<br />
Une étude définitive est absolument réalisable car dans cette phase pilote, la participation de<br />
l'ensemble du personnel a été totale. La méthodologie utilisée a été comprise par le personnel<br />
et nous a permis d'obtenir tous les renseignements recherchés.<br />
Perspectives :<br />
A la lumière de ces résultats, 2 éléments essentiels peuvent être retenus. Premièrement, les<br />
gestes potentiellement douloureux chez la personne âgée sont fréquents et ils ne sont<br />
globalement pas pris en compte en terme d’analgésie. Deuxièmement, une étude<br />
épidémiologique concernant ce sujet est tout à fait réalisable et notamment dans des structures<br />
peu ou pas médicalisées. A la suite de cette étude pilote et après avoir reçu le soutien financier<br />
de la Fondation de France et de la Fondation CNP Assurances, le <strong>CNRD</strong> a débuté l’étude<br />
REGARDS. Selon des modalités identiques, après cependant quelques adaptations suite à<br />
cette expérience, REGARDS est une étude concernant 32 centres, répartis en 8<br />
Etablissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD), 8 services de<br />
Soins de Suite et de Réadaptation (SSR), 8 Unités de Soins de Longue Durée (USLD) et 8<br />
unités de Court Séjour en Île de France..<br />
Ces centres ont été choisis au hasard parmi toutes les structures d’Île de France recevant des<br />
personnes âgées.<br />
Cette étude observationnelle a plusieurs objectifs :<br />
- réaliser un état des lieux, un recensement qualitatif et quantitatif de tous les actes et<br />
gestes douloureux ou potentiellement douloureux, inconfortables ou stressants -<br />
connaître l’intensité douloureuse des soins et actes couramment pratiqués de<br />
chacune de ces structures.<br />
- connaître la prise en charge de la douleur provoquée par ces soins et actes à l’heure<br />
actuelle.<br />
- identifier la perception des soignants (médicaux, paramédicaux, auxiliaires de soins)<br />
par une enquête concernant la prise en charge de la douleur de la personne âgée.<br />
Le recueil de données se fera de Janvier à Février 2010 selon les mêmes modalités que l’étude<br />
pilote, une information et une formation préalable sur les modalités de recueil ayant été<br />
réalisés auprès du personnel soignant.<br />
Le traitement des données se fera de Mars à Août 2010. Des résultats préliminaires pourront<br />
être présentés lors de la 5 ème journée du <strong>CNRD</strong> en Octobre 2010 . Les résultats de cette étude<br />
103
permettront d’élaborer des propositions de prises en charge de ces douleurs provoquées<br />
adaptées à chaque type de patient et de structure.<br />
Références bibliographiques<br />
1 - Douleur et gestes invasifs répétitifs : la solitude des malades - L’infirmière en gériatrie<br />
n°11<br />
2 - Prendre en compte les douleurs des personnes âgées - dossier Douleurs du sujet âgé -<br />
Gérontologie - La presse Médicale 10 juillet 2004 tome 33 n°12 cahier 1 -<br />
H.P. Cornu<br />
1- Les douleurs des pansements ou des soins d'escarres i :<br />
SEBAG-LANOE, R. (2002). Traitement de la douleur chez les personnes âgées. La douleur<br />
en pratique quotidienne. Diagnostic et traitements. RUEIL-MALMAISON, ARNETTE: 571-<br />
586.<br />
2- Douleur provoquée par les soins, 1re journée du <strong>CNRD</strong> 17/10/2006 : Douleur provoquée<br />
chez la personne âgée : données épidémiologiques <strong>Dr</strong> Henri-Pierre Cornu - Sevran (93)<br />
3- La souffrance dans le grand âge. SEBAG-LANOE R. Objectif Soins 2006 ; 142 : 26-30.<br />
4 - Elaboration de protocoles antalgiques pour le sujet âgé : l’expérience d’un groupe<br />
pluridisciplinaire - dossier douleurs du sujet âgé - Gérontologie - La presse Médicale 10 juillet<br />
2004 tome 33 n°12 cahier 1 - E. Dos Santos, I. Peron et le groupe « douleurs aiguës de la<br />
personne âgée ».<br />
5 - Pain management in elderly ]KIFFEL, C., A. DAUCHOT, et al. (2004). "Prise en charge<br />
de la douleur chez la personne âgée[." La revue de gériatrie 29(7): 515-525.<br />
6 - Etude rétrospective comparative à 10 ans d'intervalle des thérapeutiques antalgiques des<br />
patients de 75 ans et plus, communiquant verbalement, en soins palliatifs. Marie-Laure<br />
Villard, Guillemette Laval, Lucina Rys - La revue de Gériatrie tome 30, n° 6 juin 2005<br />
7 - Spécificités des traitements de la douleur chez le sujet âgé Jean-Marie Gomas & coll.<br />
www.cnrd.fr<br />
8- Prévention de la douleur provoquée par les soins chez la personne adulte et âgée :<br />
organisation des soins<br />
Evelyne Malaquin-Pavan, <strong>Dr</strong> Véronique Morize. www.cnrd.fr<br />
9- Epidemiology of pain in older persons JONES, G. T. and G. J. MACFARLANE (2005).<br />
Pain in older persons SEATTLE, IASP Press: 3-22.<br />
104