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PERTE DE LA MARCHE CHEZ L'ENFANT ATTEINT DE ...

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1<br />

<strong>PERTE</strong> <strong>DE</strong> <strong>LA</strong> <strong>MARCHE</strong><br />

<strong>CHEZ</strong> L’ENFANT <strong>ATTEINT</strong> <strong>DE</strong> MYOPATHIE <strong>DE</strong> DUCHENNE<br />

Approche relationnelle et aspect technique de<br />

l’accompagnement par le Technicien d’Insertion<br />

Paru dans Expériences en Ergothérapie, Montpellier, Sauramps (Octobre,<br />

1999), Pages 20-27.<br />

Jean Vergnettes 1 , Michelle Buzzi 2 , Renaud Dubourg 2 , Sylvie Jauson 2 , Danielle Legru 3, Myriam<br />

Vachetta 2 , , Christian Réveillère 4<br />

1 Directeur, Association Française contre les Myopathies (AFM), Service Régional d’Aide et<br />

d’Information (SRAI)-Provence, La Ferrière, C.D. 7, 13080 Luynes<br />

2 Techniciens d’insertion, AFM - SRAI-Provence<br />

3 Directeur, AFM - SRAI Côte d’Azur Corse, Lou Farou, 194 avenue Ste Marguerite, 06200 Nice<br />

4 Maître de conférences de psychologie pathologique et clinique, Université Charles-de-Gaulle,<br />

Lille3, BP 149, 59653 Villeneuve d’Ascq


1<br />

INTRODUCTION<br />

La myopathie de Duchenne est la plus répandue des myopathies de l'enfant. C'est une maladie<br />

génétique, d'hérédité liée au sexe, touchant principalement le muscle squelettique (f = 1/3500<br />

naissances de garçons). Elle est caractérisée cliniquement par la survenue, dans la petite enfance,<br />

d'un déficit moteur, débutant par les membres inférieurs, qui va s'aggraver et se généraliser<br />

progressivement. La perte de la marche survient en général avant 12 ans et une scoliose s'en suit<br />

nécessitant, lorsque l'état cardiaque le permet, une intervention chirurgicale.<br />

Bien qu'aucun traitement curatif n'existe actuellement, des progrès médicaux (ventilation<br />

respiratoire, chirurgie, etc …) ainsi que des aides techniques innovantes (fauteuils électriques,<br />

verticalisateurs, ordinateurs adaptés, etc.) ont prolongé l'espérance et le confort de vie des malades,<br />

leur permettant ainsi une plus grande autonomie (Emery,1995) 1 .<br />

Depuis les années 1980, ces progrès et l'évolution des mentalités ont été dans le sens du<br />

maintien de l'enfant malade dans sa famille plutôt que d'avoir recours à diverses formes de<br />

placements précoces de long séjour. Même si ceux-ci pouvaient dans certains cas se justifier pour les<br />

soins physiques, nous savons qu'ils constituent un facteur de risque de perturbation de la relation<br />

parents/enfant, et de troubles psychopathologiques. (Mises R., 1990 2 ; Réveillère et al, 1996 3 ; Valla<br />

et al., 1996 4 .)<br />

Dans les années 1980, se sont développés les services de soins à domicile. Ils assurent une<br />

prise en charge pluridisciplinaire médico-psycho-éducative dans les différents lieux d'activités de<br />

l'enfant. Ils ne couvrent toutefois pas l'ensemble du territoire. De plus, même si ce type de soin est<br />

possible, certaines familles choisissent de ne pas y recourir.<br />

Pour faire face au maintien à domicile et pour assumer pleinement leur responsabilité, les<br />

parents ont alors demandé à être de plus en plus informés sur la maladie de leur enfant, organisant<br />

ou prenant directement une part active aux soins quotidiens de type nursing. Les soins spécialisés<br />

étaient confiés au secteur privé. Le maintien de l'enfant dans son milieu familial suppose donc tout<br />

naturellement la poursuite de sa scolarité dans le secteur scolaire ordinaire dont il dépend.<br />

Pour accompagner les familles dans le choix du mode de vie concernant leur enfant,<br />

l'Association Française contre les Myopathies (AFM) a mis en place dans chaque région un Service<br />

Régional d'Aide et d'Information (SRAI).


2<br />

Ce service innovant n'assure pas de prise en charge, mais sert d'interface entre la famille et le<br />

milieu médico-social (Roy J., 1996) 5 . L'AFM a aussi poursuivi une réflexion sur les conséquences<br />

d'une intégration scolaire en milieu ordinaire, pour ces élèves atteints d’une maladie neuromusculaire<br />

présentant des incapacités physiques importantes qui n'ont pas recours à un service de soins à<br />

domicile. C'est une situation dont le développement est encore récent, et qui se caractérise par le fait<br />

que les enseignants non spécialisés et les familles sont les principaux protagonistes de l’intégration.<br />

Après un abord global de cette situation (Réveillère C., 1998) 6 , la réflexion s'est ensuite<br />

poursuivie sur un moment particulier à savoir, la perte de la marche.<br />

La perte de la marche est une période singulière dans le sens où il s'agit d'une phase aiguë<br />

ponctuant l'évolution chronique de la maladie. C'est évidemment une phase complexe, difficile, de la<br />

maladie. Elle cristallise diverses difficultés du côté de l'enfant, de la famille, de son environnement<br />

social, mais aussi des professionnels. Ce moment délicat génère des changements relationnels,<br />

source de prises de consciences de l'évolution de la maladie. Des décisions doivent être prises<br />

également en ce qui concerne l'adaptation à la vie quotidienne de l'enfant dans son environnement.<br />

1) Objectifs<br />

Ce travail a pour objectif d'analyser et de mieux comprendre cette phase de perte de la marche<br />

dans ses dimensions émotionnelles, socio-familiales et décisionnelles.<br />

Cette analyse a également pour but de mettre en évidence la spécificité d'une fonction<br />

nouvelle dans le champ médico-social : le métier de Technicien d’Insertion, développé par l’AFM.<br />

Le Technicien d’Insertion vise le maintien de la famille dans son milieu de vie, au travers<br />

d'interventions diverses auprès de la famille : aide relationnelle, informations techniques,<br />

administratives. Ce positionnement d'interface entre la famille et les professionnels suppose<br />

également des actions d’information, et de coordination en direction du réseau.<br />

2) Méthode<br />

L'analyse des situations s'est déroulée en groupe, à partir de la description clinique par les<br />

intervenants du SRAI, de situations de perte de la marche dans leurs composantes physique,<br />

psychologique et sociale. Dans l’année 1997, le SRAI suivait sept familles concernées par ce<br />

problème. Ces jeunes garçons, âgés de 7 à 11 ans, présentaient des signes cliniques de perte de la<br />

marche. Le témoignage de parents, qui ont déjà été confrontés à cette période d'évolution pour leur


3<br />

fils et de jeunes adultes a été également recueilli, lors d'une réunion rassemblant une dizaine de<br />

personnes.<br />

Nous avons découpé ce moment d'évolution de la myopathie de Duchenne en deux étapes :<br />

- la première correspond à la perte progressive de la marche, c'est la phase qui précède<br />

l'arrivée d'une aide technique ;<br />

- la seconde est la phase de la compensation de l'incapacité à la marche, avec l'arrivée d'une<br />

aide technique.<br />

3) Phase de perte progressive de la marche<br />

Signe tangible de l'évolution de la maladie, la période de la perte de la marche est activatrice<br />

de mouvements psychiques. Ainsi, certaines adaptations psychologiques adoptées pour faire face à<br />

la maladie, risquent de montrer leurs limites. Devant l'évidence du réel, les adaptations à base de<br />

déni, de minimisation, d'excès d'optimisme seront particulièrement concernées, et la confrontation à<br />

des émotions douloureuses plus difficilement évitée.<br />

3-1) Pour l'enfant<br />

Dans les situations les plus éprouvantes, une sémiologie non spécifique peut apparaître.<br />

Les indices de malaise les plus fréquents sont les suivants :<br />

- une fatigabilité<br />

- une perturbation du sommeil<br />

- la survenue ou l'intensification de difficultés scolaires et/ou comportementales.<br />

Des signes d'anxiété comme :<br />

- diverses craintes par rapport à la maladie<br />

- une tendance de type phobie sociale : par exemple; l'enfant supporte mal le regard<br />

des autres lorsqu'il se met péniblement debout.<br />

Des signes dépressifs tels que :<br />

- retrait<br />

- irritabilité<br />

- ennui<br />

- passivité<br />

- culpabilité quant au fait de se percevoir comme un "poids" pour la famille.


4<br />

L'importance des représentations parentales n'est pas négligeable, pour accentuer ou à<br />

l'inverse alléger cette sémiologie. Ainsi, l’enfant pourra refuser l’aide technique par loyauté envers<br />

ses parents qui eux ne peuvent pas l’accepter pour le moment. Mais l’enfant vit plutôt son existence<br />

dans le présent alors que les parents l’imaginent souvent dans un futur morbide. Il se montre en effet<br />

très pragmatique face à la perte de la marche. Ce qu’il désire avant tout, c'est pouvoir garder une<br />

mobilité pour poursuivre sa vie en étant le moins possible dépendant des autres.<br />

Par exemple, F. n'a pas de souvenirs pénibles de cette perte de la marche. La famille élargie<br />

l’a toujours entouré, il n’y a pas eu rupture avant et après l'arrêt de la marche, ainsi il ne se souvient<br />

pas avoir ressenti trop de pression de la part de l'entourage.<br />

3-2) Pour les parents<br />

3-2-1) La mère<br />

C’est elle qui est en première ligne. La perte de la marche est très souvent insupportable. C’est<br />

le deuil de l'enfant « valide » : la maladie est bien là et elle évolue. Cela invite à des projections :<br />

peurs de la maladie, de son évolution et de la mort. Le fauteuil va se charger de toutes ces<br />

représentations.<br />

3-2-2) Le père<br />

Souvent plus discret dans la prise de parole, et dans la présence effective, la souffrance du<br />

père est moins extériorisée. C’est pour lui aussi une étape très douloureuse. L'incapacité de son fils<br />

s'impose à lui. C’est un nouveau regard qu'il doit porter sur son enfant, avec de nouveaux repères à<br />

trouver. Le père peut être dans le déni du handicap, et si sa parole n’est pas prise en compte,<br />

l’arrivée du fauteuil peut être compromise.<br />

3-3) Pour la fratrie<br />

La fratrie est souvent aidante, elle est partie prenante de l’autonomie. Cela les soulage d’autant<br />

d’attentions, de charges vis-à-vis de leur frère handicapé. L’aide technique le rend plus « valide »,<br />

elle est donc vécue comme libératrice.<br />

3-4) Pour la famille en général<br />

La perte de la marche est une période de réactivation émotionnelle, l'enfant prenant une place<br />

centrale.


5<br />

La fratrie peut en faire les frais en raison d'une demande d'aide matérielle accrue ou/et d'une<br />

moindre attention parentale.<br />

A l'intérieur des familles, des incompréhensions peuvent apparaître, chacun étant dans une<br />

étape de prise de conscience de la perte fonctionnelle qui lui est propre. Certaines adaptations<br />

psychologiques individuelles se révèlent ainsi peu compatibles entre elles : un membre de la famille<br />

peut être dans le déni et le refus, et un autre dans l'acceptation contrainte.<br />

3 - 5 ) Intervention du SRAI<br />

L'accompagnement de la famille (souvent les parents et l'enfant concerné) avant l'acquisition<br />

du fauteuil roulant va se situer sur deux versants : l'aide relationnelle et l'information. La première<br />

conditionnant le passage à la seconde.<br />

3 - 5 -1) L'aide relationnelle<br />

L’aide consistera à faire émerger comment les incapacités et le handicap se manifestent, sur<br />

un plan matériel et sur un plan immatériel (subjectif ou ressenti) dans la vie de la famille. Cela<br />

permet de comprendre comment la famille s’est organisée.<br />

Organisation "matérielle"<br />

A partir des difficultés de déplacement, la famille explique quelles modalités progressives ont<br />

été mises en place pour y pallier. Cela peut aller de la chaise de bureau à roulettes, aux jouets<br />

« porteurs » ( motos électriques). Souvent une diminution progressive des activités s’est banalisée et<br />

personne ne l'a remise en question.<br />

Organisation "immatérielle"<br />

Il s'agit aussi de reconnaître les conséquences de la dépendance. Cette contrainte peut être<br />

prétexte à retrouver une relation de grande proximité entre parents et enfant (le plus souvent chez la<br />

mère).<br />

L’autonomie, rendue possible grâce à l'aide technique, jouera à son tour sur cette relation. Elle<br />

donnera les moyens de construire de nouveaux types de liens par une possibilité de distanciation.<br />

C’est cette prise en compte, et l’accompagnement de chaque membre de la famille dans ce<br />

qu’il vit lors de ce moment de crise, qui permet de bâtir une relation constructive. Nous pouvons alors<br />

reprendre tout ce qu’évoque le fauteuil. Nous essayons d'amener à faire la part des choses entre ce<br />

qui est imaginé et ce que sera la réalité probable de l’arrivée du fauteuil dans la famille.


6<br />

C'est à partir du partage de ce qui se vit dans cette situation que la famille pourra accepter et<br />

utiliser efficacement la phase suivante qui est celle de l'information.<br />

3 - 5 -2) L’information<br />

Nous essayons de développer avec la famille quel est le meilleur moyen pour diminuer le<br />

handicap. Souvent, l'aide technique n'est pas la solution spontanément retenue. Il nous semble qu'il<br />

faut respecter un temps de maturation pour que se mette en place la possibilité d'acquérir une aide<br />

technique. Cela va demander que la famille envisage des changements.<br />

Nous évaluons ensemble quelles vont être les contraintes liées à cette aide technique et quels<br />

avantages vont se dégager. Cette élaboration va permettre de la positionner comme une solution<br />

acceptable pour tous.<br />

Viendra ensuite un travail plus technique d'information, pour préciser quelle aide technique,<br />

quel fauteuil roulant semblent plus adaptés aux désirs et aux besoins de l’enfant et de sa famille.<br />

3-6) Pour conclure sur cette phase de perte progressive de la marche dans la<br />

myopathie de Duchenne<br />

Cette période est complexe sur un plan relationnel, émotionnel et décisionnel. L'aide est<br />

relationnelle dans un premier temps. Elle aborde les aspects matériels et "immatériels" pour devenir<br />

plus informative dans un second temps. Cela permet l'expression des émotions douloureuses, une<br />

évolution dans les représentations et les attitudes et au total une meilleure adaptation à cette<br />

situation nouvelle.<br />

4) Phase d'état de perte de la marche : la compensation par une aide technique<br />

La perspective d'une arrivée de l'aide technique regroupe le plus souvent deux catégories de<br />

représentations selon qu'il s'agit de l'enfant ou des parents.<br />

4-1) Chez l'enfant<br />

Pour l'enfant, dans un mouvement d'imitation de ses propres pairs (il veut un fauteuil roulant<br />

électrique car au Téléthon ou en consultation il a vu des enfants qui en avaient...), l'aide technique<br />

est principalement un instrument de mobilité, d'autonomie physique, relationnelle et d'ouverture<br />

sociale. Si l'enfant est attiré par les meilleures performances d'une aide technique, c'est en raison des


7<br />

bénéfices qu'il en attend. L'arrivée rapide du fauteuil réduit la confrontation à la perte fonctionnelle et<br />

à ses conséquences douloureuses.<br />

4-2) Chez les parents<br />

Pour les parents, l'arrivée de l'aide technique correspond à la signature du constat de l'arrêt de<br />

la marche. Cela renvoie donc à la maladie et à une étape majeure de son évolution.<br />

C'est le bénéfice que l'enfant va montrer dans l'utilisation de l'aide technique qui va permettre<br />

aux parents de modifier leurs représentations. Le fait de le voir accepter et utiliser facilement le<br />

fauteuil leur permet de passer de leurs représentations en lien avec la morbidité vers d'autres<br />

représentations porteuses de vitalité.<br />

L'enfant joue là un rôle d'étayage vis-à-vis de l'entourage.<br />

4-3) Intervention du SRAI dans la phase des essais et d'acquisition d'aides<br />

techniques<br />

4-3-1) Importance de la phase des essais d’aides techniques<br />

4-3-1-1) Principes de base<br />

Le moment où nous intervenons pour proposer à l’enfant une aide technique nous parait revêtir<br />

une importance particulière. Nous appliquons certains principes pour une meilleure acceptation de<br />

l’aide technique.<br />

- Tout d’abord le choix de la famille reste primordial. En effet, c'est elle qui décidera du<br />

meilleur moment de cette mise en place.<br />

- Les aides techniques que nous proposons pourront varier en fonction du réseau de<br />

distribution : géographique, compétence, disponibilité du matériel, service après-vente.<br />

- Nous essaierons enfin, au maximum, de proposer des essais de plusieurs matériels, en<br />

fonction du type d’aide technique choisie, du modèle, du coût. Pour le Technicien d'Insertion, il y aura<br />

une augmentation de ses interventions à cette période.<br />

- Nous effectuerons ensuite des essais sur le lieu de vie de la famille, l’aide technique devant<br />

être adaptée à l’environnement familial (habitation, déplacements, véhicule, école, etc...).


8<br />

- Le choix définitif de l’aide technique est fait par la famille en concertation avec le<br />

Technicien d’Insertion.<br />

4-3-1-2) Déroulement de la phase des essais<br />

Nous pouvons ainsi déterminer trois phases dans cette mise en place :<br />

Anticipation :<br />

C’est à partir de l’analyse des besoins dans le contexte familial que nous pourrons choisir une<br />

gamme de réponses possibles. Cette phase se déroule avec la famille. La particularité des<br />

interventions du Technicien d’Insertion se situe dans un accompagnement de la famille pour un<br />

cheminement vers l’aide technique et non une intervention sur prescription. C’est là que se situe<br />

toute l’importance de l’anticipation.<br />

L’anticipation permet à la famille de se confronter à cette perte à venir.<br />

Le fait de parler de fauteuil roulant, d’accessibilité ou d’intégration scolaire nous amène à<br />

repérer comment la famille appréhende cette perte de la marche. La prise en compte de la dimension<br />

culturelle de la famille permet aussi d’ajuster nos interventions : en effet, les familles n’adhèrent pas<br />

toujours à la « culture AFM » qui vise à une autonomie maximum de l’enfant, tant sur le plan du<br />

déplacement, de la verticalisation, que de la vie sociale (scolarité en milieu ordinaire).<br />

Cela semble plus facile lorsque l’enfant a déjà perdu la marche, la reconnaissance de l'utilité<br />

de l'aide technique étant devenue incontournable.<br />

Étude de la réponse possible :<br />

Le contact avec le service médical qui s’occupe de l’enfant nous permet d’étudier, en fonction<br />

de l’évolution de la maladie, le type de matériel le plus adapté. Lorsque l’enfant est suivi par une<br />

consultation pluridisciplinaire, nous pouvons accompagner la famille à cette consultation. Ce moment<br />

est souvent difficile. En effet les différents bilans effectués montrent l’évolution de l’état de l’enfant,<br />

l’augmentation de ses difficultés motrices. C’est avec le médecin rééducateur que sera souvent<br />

évoquée la possibilité de recourir à une aide technique. Nous pouvons ensuite montrer à la famille,<br />

sur documentation, les matériels adaptés à la situation. Lors de la phase de perte de la marche, il<br />

s’agit principalement de fauteuils roulants électriques (verticalisateurs ou non) ou de triscooters. Cette<br />

documentation est fonction du réseau de revendeurs. Nous leur demandons de mettre à disposition<br />

des familles le matériel choisi afin qu’un essai puisse se faire.


9<br />

Réalisation des essais :<br />

Cette phase se déroule au domicile familial le plus souvent possible.<br />

Pour les parents, lors du premier essai d’un fauteuil roulant ou d’un triscooter, la vision de leur<br />

enfant dans un fauteuil est toujours un choc. Le cadre familier leur permet plus facilement<br />

l’expression de cette grande émotion qui se manifeste quelquefois sous forme de pleurs.<br />

Le fait d’effectuer les essais dans le cadre de vie permet aussi d’appréhender les contraintes<br />

entraînées par l’aide technique (logement, voiture, école, etc...). La famille va alors prendre<br />

conscience que c’est tout son environnement habituel qui va être modifié.<br />

Le travail du Technicien d'Insertion pendant cette période nécessite une bonne connaissance<br />

technique pour bien évaluer le matériel. Il doit quelquefois faire le lien entre le médecin et la famille.<br />

Enfin, c'est la capacité d'accompagner la famille dans cette période douloureuse qui va<br />

permettre à celle ci de mieux vivre ce choix.<br />

CONCLUSION<br />

Ce travail nous a permis de repérer la différence de perception de cette phase de perte de la<br />

marche pour l’enfant et pour les parents.<br />

L’enfant repère rapidement que l’aide technique va l’aider dans son désir d’autonomie.<br />

Pour les parents, il faudra dépasser les représentations liées au fauteuil roulant pour pouvoir<br />

répondre au désir de l’enfant. Pour l’enfant et les parents, il peut y avoir un passage par des épisodes<br />

douloureux qu’il convient de savoir reconnaître.<br />

Le Technicien d’Insertion va aider la famille à faire le lien entre le passé (l’enfant valide), le<br />

présent (la perte de la marche) et le futur (l’enfant en fauteuil roulant électrique). C’est lorsque le<br />

projet d'acquisition des aides techniques aura réuni tous les membres de la famille que sa réalisation<br />

sera possible. Le travail du Technicien d’Insertion sera de favoriser les liens entre la famille, les<br />

médecins et le réseau social, pour faire aboutir ce projet.<br />

1<br />

2<br />

EMERY A.E.H., Diagnostic Criteria for Neuromuscular Disorders, The Royal Society of Medecine Press<br />

Limited, 1995, traduction française URTIZBÉRÉA, J.A., BOUCHAREF W., Critères diagnostiques<br />

des maladies neuromusculaires, Association Française contre les Myopathies , 2ème édition, 1997,<br />

160 p.<br />

MISES R., Classification Française des Troubles Mentaux de l’Enfant et de l’Adolescent,<br />

Neuropsychiatr. Enfance Adolesc., 38, 10-11,1990, 523-539.


10<br />

3 REVEILLERE, C. . Analyse psychologique du fonctionnement cognitif dans la myopathie de<br />

Duchenne : revue de travaux, perspectives de recherche et d'intervention, Perspectives Psy, 1996, V.<br />

35, Supplément au N° 4, 13-20.<br />

4<br />

5<br />

6<br />

VAL<strong>LA</strong>, JP., BERGERON, L., <strong>LA</strong>GEIX, P., BRETON, JJ., L'étude épidémiologique des variables<br />

associées aux troubles mentaux des enfants et des adolescents, Masson, Paris, 1996, 155p.<br />

ROY J., Aide et accompagnement des personnes atteintes de maladie neuromusculaire et de leurs<br />

familles : l'expérience des SRAI, Perspectives Psy, V. 35, Suppl. au N°4, 1996, 58-62.<br />

RÉVEILLÈRE C., BOUCHAREF W., CUNIN J.C., FRISCHMANN M., URTIZBEREA J.A.,<br />

l’intégration scolaire en milieu ordinaire d’élèves atteints d’une maladie neuromusculaire,<br />

Psychologie et Education, N° 32, 1998, p. 11-28

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