Cas d'étude du plateau de Millevaches en Limousin - Agence de l ...

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AGENCE DE L’EAU ADOUR-GARONNE – ÉVALUATION ÉCONOMIQUE DES ZONES HUMIDES
VOLUME 2 ÉTUDES DE CAS
Chapitre II-2
Cas d’étude du plateau de Millevaches
en Limousin 1
Quels impacts des zones humides
sur l’économie agricole du plateau de Millevaches
1 Etude et rapport réalisés par ACTéon : Brice Amand, Verena Mattheiβ
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Introduction
Le plateau de Millevaches avec ses nombreuses
zones humides et son activité
presque exclusive dans l’élevage - en particulier
l’élevage extensif - constitue un cadre
idéal pour analyser les relations entre agriculture
et zones humides.
L’objectif de ce cas est de comprendre les
coûts et bénéfices des zones humides pour
l’agriculteur, garant du maintien de ces milieux,
au travers d’une analyse économique.
Pour répondre à cela, une série de questions
sera soulevée après une rapide présentation
du secteur d’étude. Après avoir exposé les
bénéfices apportés par les zones humides,
l’intérêt de l’agriculteur à intégrer des zones
humides sera analysé à partir de son bilan
comptable.
Présentation du secteur d’étude :
le plateau de Millevaches en Limousin
Caractéristiques générales du territoire
Le plateau de Millevaches couvre une surface
de 89 300 hectares découpée par trois
départements que sont la Corrèze, la Creuse
et la Haute-Vienne, sur la Région du Limousin.
Il fait partie du Parc Naturel Régional de
Millevaches en Limousin, qui s’étend sur
330 000 hectares, regroupant 113 communes
et 41 000 habitants (www.pnrmillevaches.fr).
Il s’agit d’un massif granitique qui occupe
les plus hautes terres de la montagne limousine,
épousant ainsi les contreforts du Massif
Central. Le territoire, aux altitudes peu
élevées, offre des dénivellations douces,
formant des vallées accessibles au sein desquelles
les dépressions favorisent le stoc-
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kage de l’eau. Territoire à l’identité montagnarde
affirmée, le plateau de Millevaches
est marqué par un climat soumis à de
brusques variations et à une pluviométrie
élevée. Il jouit de la présence d’une quantité
de sources qui alimentent les bassins de la
Loire et de la Dordogne. L’alvéole, aux contours
lobés et au fond généralement tourbeux,
est l’unité qui structure le paysage.
Millevaches est un espace unique et préservé
dont la richesse écologique s’exprime
tout autant par le monde animal que végétal.
Les paysages sont, tantôt ouverts (tourbières,
bruyères), tantôt fermés par des
ensembles plus forestiers (www.pnrmillevaches.fr).
Les caractéristiques de ce territoire en font
sa richesse mais aussi sa limite dans les activités
économiques. Aujourd’hui en dehors
du tourisme, seuls l’exploitation forestière
et l’élevage bovin ou/et ovin sont capables
de tirer profit des milieux existants.
Les zones humides du plateau
De par les caractéristiques géologiques et
climatiques du territoire, les zones humides
ont une place prépondérante. Selon Rolland
L. (2006), ancienne stagiaire du PNR Millevaches
en Limousin, elles peuvent être regroupées
en huit grands types d’après leur
physionomie: les prairies à joncs, les prairies
hygrophiles, les prairies humides oligotrophes
à Molinie, les bas-marais acides, les
tourbières, les landes humides, les mégaphorbiaies
et les saulaies-aulnaies.
Sur le territoire, les tourbières sont acides et
à sphaignes. Elles présentent un caractère
topogène, leur formation à lieu dans les dépressions
topographiques à fond plat des
alvéoles géomorphologiques granitiques, où
la faiblesse des pentes et le caractère imperméable
de la roche permettent une accumulation
et une stagnation d’eau.
Sur les 15 900 hectares de zones humides
inventoriés par la DIREN Limousin sur le
territoire du PNR, 6 100 hectares sont compris
sur le plateau.
Ce sont des milieux qui apparaissent aujourd’hui
comme fournissant de nombreux
services. Outre l’incontestable intérêt patrimonial,
les zones humides permettent
entre autre un soutien d’étiage, l’atténuation
des crues par stockage de l’eau, l’épuration
des eaux, le ralentissement des écoulements
de surface, de nombreuses activités touristiques
ou de loisirs. Autant de services rendus
sur le territoire et que nous
développerons par la suite.
Ces milieux sont par ailleurs menacés d’une
fermeture. En effet, la dynamique naturelle
des milieux ouverts tend irrémédiablement
à moyen ou à long terme à une occupation
grandissante de la strate arbustive ou arborescente.
Hormis des actions menées par le PNR ou
des organismes tels que le CREN Limousin
(Conservatoire Régional de
l’Environnement), le seul outil permettant
de maintenir ces milieux et l’ensemble de
leurs services est l’élevage extensif.
L’agriculture du plateau
L’agriculture est l’activité économique prédominante
du plateau, elle met en valeur, au
regard des surfaces cadastrées, 33 % du
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territoire du PNR. Ce dernier compte 1850
exploitations (www.pnr-millevaches.fr) sur
environ 187 000 hectares dont 500 exploitations
sur environ 50 700 hectares sur le
plateau de Millevaches.
L’élevage est l’activité agricole largement
dominante sur le secteur. Les caractéristiques
géologiques, hydrologiques et climatiques
sont encore une fois limitantes et
expliquent cette spécialisation de
l’agriculture.
Trois types d’élevages sont présents sur le
plateau et dans le PNR (sans compter les
élevages mixtes) : l’élevage caprin (très
faible), l’élevage ovin et enfin, le plus dominant,
l’élevage bovin.
C’est ce dernier que nous allons étudier,
dans la mesure où il est le plus représentatif
du secteur et des territoires à zones humides,
car mieux adapté. En effet cette production
dominante, qui compte une
importante spécialisation dans le broutard 2
Limousin, comporte près de 1440 exploitations
sur le PNR, soit environ 390 exploitations
sur le plateau.
2 Broutard : veau qui se nourrit de lait maternel
et d’herbe en pâturage jusqu’à son sevrage entre
7 et 9 mois.
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Quels bénéfices apportent les zones humides
sur le plateau de Millevaches
Les zones humides sont estimées par différents
groupes de la société pour différentes
raisons. Elles incluent sa valeur patrimoniale,
différentes valeurs d’usage (par
exemple la chasse, l’éducation, le tourisme),
son intérêt fonctionnel (comme la protection
contre les inondations ou le stockage de
CO 2), sa valeur scientifique et finalement
écologique.
La valeur patrimoniale se montre entre
autres dans la reconnaissance du milieu au
niveau national. Le Plateau de Millevaches
fut désigné en 1994 comme « Zone Humide
d’Importance Nationale » et le Parc naturel
régional fut créé 10 ans plus tard. En outre,
il se trouve plusieurs sites d’intérêt écologique
majeur (28) et d’intérêt paysager (19)
dans le PNR. Le plateau se distingue des
autres régions riches en milieux tourbeux
surtout dans la combinaison 400 000 €
des espèces présentes. Il est 350 000 €
influencé par sa situation géographique
particulière : il s’agit
300 000 €
250 000 €
d’un carrefour soumis aux influences
atlantiques et montagnardes
(Aydabirian 2004). 150 000
200 000 €
€
Une manière de quantifier la
valeur patrimoniale du plateau
est de regarder toutes les dépenses
faites pour maintenir
son patrimoine naturel. Cela
100 000 €
50 000 €
- €
39 144 €
inclut par exemple des parties désignées du
budget du PNR ou des mesures particulières
pour maintenir les zones humides. La figure
suivante montre le montant qui fut dépensé
pour les contrats Natura 2000 sur le Plateau
de Millevaches pour la restauration et
l’entretien de tourbières. Elle propose une
tendance croissante, jusqu’à plus de
360 000 € dépensé en 2008 (Diren Limousin).
Une autre partie de la valeur est représentée
par les études réalisées sur les zones humides.
Selon leur objectif, elles ont été menées
pour mieux pouvoir les préserver ou
pour étudier certains de leurs aspects. Le
dernier point fait référence à la valeur scientifique
de la zone et concerne par exemple
l’inventaire végétal du territoire. Le CREN
Limousin – à titre d’exemple – a dépensé
83 721 €
57 066 €
113 543 €
270 923 €
364 688 €
2003 2004 2005 2006 2007 2008
Figure 1 : Montant des contrats Natura 2000 concernant des zones humides
sur le Plateau de Millevaches
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280 000 € pour des études, plans de gestion
ou assistance technique sur les zones humides
du plateau entre 2001 et 2007 (Hennequin,
CREN Limousin).
En ce qui concerne la valeur touristique du
plateau, il existe au total (Bernard C., après
1995) à peu près 8 760 lits dans des hébergements
sur le plateau de Millevaches. En
utilisant le taux d’occupation moyen en Limousin
d’environ 50% 3 , le nombre de touristes
visitant le Plateau de Millevaches pour
une nuit peut être estimé à 1,6 millions.
Même si tous les touristes ne viennent pas à
cause des zones humides, nous pouvons
supposer que l’aspect naturel de la région –
y compris la diversité des écosystèmes avec
les zones humides – est parmi les facteurs
valorisés par les touristes. Différentes
études ont été menées dans d’autres régions
pour déterminer cette valeur (Hampicke
2003, dans Beil et al. 2008). Les résultats
trouvés varient entre 1,53 et 0,21
€/touriste*nuit. En tentant une estimation
prudente de la valeur, le montant inférieur
peut être appliqué. Cela donne une valeur de
336 000 €/an pour les aspects naturels du
plateau.
D’autres usages – hors l’agriculture et tourisme
– peuvent être identifiés sur le plateau,
par exemple la chasse. Il n’y a pas de
registre qui montre l’activité de la chasse
sur le plateau, mais environ 580 chasseurs y
sont domiciliés (Fédération de chasse de la
Creuse). D’après la Fédération des Chas-
3
http://www.insee.fr/fr/regions/limousin/defau
lt.asppage=conjoncture/tou002.htm
seurs de la Creuse, les chasseurs donnent
une valeur particulière aux zones humides
sur le plateau en raison des espèces qui y
sont liées. Cela inclut la bécasse (qui
n’utilise pas seulement les zones humides
mais qui profite de ses nombreuses
sources), les bécassines (des marais et
sourdes), le canard colvert, la sarcelle
d’hiver ainsi que le vanneau huppé, même si
ce dernier est plutôt rare (Hennequin, CREN
Limousin).
Les zones humides apportent également un
bénéfice pour l’éducation. Le PNR et les
autres acteurs de l’éducation à
l’environnement actifs dans la zone (associations,
CPIE, Centre Nature « La Loutre »,
F.A.L.) mettent en place des activités éducatives
sur le plateau. Le PNR accueil 10
classes par an (PNR).
Les zones humides sur le plateau de Millevaches
ont également un intérêt fonctionnel.
Comme les tourbières agissent comme une
éponge, elles assurent par exemple le soutien
d’étiage en période sèche (évalué à 500
litres/m²/an) et le ralentissement des écoulements
de surface par épanchement de la
nappe d’eau (Rolland, 2006). Sur le plateau
même, aucun problème d’inondations n’a
été rapporté. Il n’existe donc pas de valeur
de la zone humide concernant la protection
contre les inondations dans la directe
proximité du plateau. Pourtant le plateau est
identifié dans le Programme d’Actions de
Prévention des Inondations (PAPI) comme
contribuant au stockage des crues sur les
confluents Corrèze - Vézère - Loyre. La population
concernée directement correspond
à 23 000 habitants et celle concernée indi-
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rectement correspond à 120 000 habitants.
La zone comprend 721 ha de zones bâties.
Le plateau de Millevaches est une des trois
parties qui stockent les crues dans la zone
concernée. Il n’y a pas de données concrètes
pour le stockage de l’eau dans le cas du plateau
de Millevaches (PNR), mais le volume
"stockable" sur l'ensemble des zones inondables
dans l'enveloppe des inondations
exceptionnelles représentent environ 1,3
milliard de m 3 (cf. PAPI).
La recharge de l’eau potable sur le secteur
ne représente pas un enjeu clef parce qu’il
n’y a pas de grandes agglomérations autour
ni d’agricultures avec irrigation. En ce qui
concerne la fonction de purification, elle
n’existe que s’il y a des pollutions correspondantes
dans la zone. Bien qu’il n’y ait pas
d’agriculture dans la zone qui utilise des
pesticides, un certain apport en azote peut
être considéré par l’élevage. Dans ces conditions,
une valeur forfaitaire et illustrative
peut être attribuée à cette fonction, à partir
de la littérature (cf. graphique page suivante).
Comme les tourbières actives conservent les
« pluies polliniques » qui se déposent à leur
surface, il est possible d’analyser les pollens
et spores qui se trouvent dans les différentes
strates de la tourbière. Cela permet
de reconstruire les types de végétations qui
se sont succédé dans le temps autour de la
tourbière, conférant une valeur scientifique
aux zones humides.
Ces derniers temps, les zones humides apparurent
également dans les discussions sur
leur possibilité de stocker du CO 2 (Cf. chapitre
II-1.) Mais il n’existe pas de données
sur le volume de CO 2 stocké dans le Plateau
de Millevaches. Dans le cas particulier du
plateau, il faut également contrebalancer
cette valeur par l’effet du méthane libéré
par les vaches qui maintiennent les zones
humides.
Enfin, les zones humides disposent d’une
valeur écologique, en termes d’habitat pour
une diversité des espèces. Le PNR est composé
de différents paysages : tourbières,
landes sèches à bruyères, forêts de feuillus,
forêts de pente, prairies, gentiane, etc. Il
constitue une étape des oiseaux migrateurs
et il offre un habitat pour différentes espèces
animales sensibles: loutre, moule perlière,
papillons rares, linottes, circaète,
truite Fario etc. (PNR 2008). Pour déterminer
cette valeur, des études comme
l’évaluation contingente seraient nécessaires.
Ce type d’étude, coûteux et long, ne
peut être réalisé dans le cadre de cas
d’études. Cependant, des informations peuvent
être obtenues à partir de la littérature
existante sur l’évaluation économique des
zones humides et de leurs fonctionnalités.
C’est le montant que l’on retrouve, dans le
graphique ci-dessous, au titre « estime des
zones humides ». Le calcul est réalisé par
une multiplication de valeurs unitaires calculées
pour la biodiversité des berges de la
Garonne par Amiques et Desaigues (op. cit.)
A titre d’exemple et pour exposer les valeurs
recueillies pour caractériser les bénéfices
rendus par les zones humides sur le plateau
de Millevaches, nous proposons le graphique
ci-dessous.
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Figure 2 : Valeurs attribuables aux bénéfices rendus par les zones humides du plateau de Millevaches.
L’ensemble des valeurs, hormis celles des contrats Natura 2000, qui peuvent être exposées
sur ce graphique sont issues de la littérature et n’appartiennent pas à des études propres au
secteur d’étude. Elles permettent uniquement d’avoir un ordre de grandeur. Les données de
base viennent de : Beil et al. (2008) ; DIREN Limousin ; Laurans, Dubien & Cattan (2000) ;
Meyerhoff & Dehnhardt (2004) ; Amigues &Desaigues (1998)
Quels bénéfices pour l’agriculteur
garant du maintien des zones humides
Il est désormais clair que les zones humides
offrent des bénéfices à la communauté, ils
ont en partie pu être quantifiés sur le secteur
d’étude. Malheureusement ce sont des
milieux très sensibles qui tendent naturellement
à se fermer par l’invasion progressive
d’une végétation de friche ou arbustive.
Le maintien des services rendus, précédemment
identifiés, passe alors inévitablement
par la préservation des zones humides.
Comme explicité plus haut, la seule activité
capable d’utiliser ses milieux en les maintenant
ouverts tout en conservant leurs propriétés
est l’élevage extensif, et plus
particulièrement l’élevage extensif bovin.
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Certes, cette agriculture semble indispensable
sur un secteur tel que celui du plateau
de Millevaches, mais les éleveurs ont-ils un
intérêt économique à conserver les zones
humides
Nous souhaitons, dans ce chapitre, identifier
les bénéfices et les coûts économiques de
l’agriculteur au travers de son bilan comptable
sur une année moyenne. Nous analyserons
dans un premier temps une
exploitation type du plateau de Millevaches,
puis dans un deuxième temps nous comparerons
deux exploitations, l’une intégrant
des zones humides et l’autre qui en est dépourvue.
Analyse d’une exploitation type en élevage extensif bovin du plateau de Millevaches
intégrant des zones humides
Description de l’exploitation type
Selon l’étude réalisée par Lise ROLLAND (2006) et l’enquête qu’elle a menée auprès des exploitations
du plateau (Rolland 2006), nous pouvons caractériser l’exploitation type en élevage extensif
bovin sur le plateau de Millevaches intégrant des zones humides de la façon suivante :
Identité de
l’exploitation
Système production de
broutard(e)s
SAU (surface agricole
utile) de 130 ha dont
35 ha de parcours
1,5 unité de travailleur
humain (UTH)
Troupeau race
pure Limousine
70 vaches
16 génisses 5 de 1
an
16 génisses de 2
ans
3 à 4 taureaux
90 unités gros bétails
(UGB) 4
Tableau 1 : Présentation de l’exploitation type
La production fixée est en moyenne de 60 broutards maigres mâles et femelles (environ 300 kg
chacun) pour engraissement.
4 Unité Gros Bétail : unité employée pour pouvoir comparer ou agréger des effectifs d’animaux d’espèces
ou de catégories différentes.
5 Génisse : jeune vache qui n’a pas encore mis bas.
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L’assolement de l’exploitation est composé d’une SAU de 95 ha (prairies temporaires de 45 ha,
prairies permanentes de 50 ha) et de parcours sur 35 ha (zones humides sur 25 ha, landes
sèches sur 5 ha) :
Figure 3 : Assolement d'une exploitation type (ROLLAND 2006, adapté)
Nous constatons qu’en moyenne les zones humides couvrent 26 % de la surface des exploitations.
Deux types de modes de reproduction sont utilisés sur le plateau, ils intègrent tous les deux les
zones humides et n’en sont pas pénalisés, les avantages se valent. Il s’agit :
• Soit d’un vêlage du 15 janvier au 15 avril. Les mères suitées (avec leurs petits) peuvent
pacagés sur les zones humides dès le 15 mai.
• Soit d’un vêlage du 15 octobre au 15 janvier. Les mères taries (qui n’allaitent plus) peuvent
pacager les zones humides à partir du 15 juillet et les génisses dès le 15 mai.
En ce qui concerne le bilan économique, comme nous le verrons par la suite, le système broutard
intégrant les zones humides (et les landes sèches) est viable et rentable.
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Analyse du bilan économique. Quels coûts, quels bénéfices
Nous proposons une représentation simple du bilan comptable de l’exploitation type en élevage
extensif bovin du plateau de Millevaches intégrant les zones humides au travers d’un graphique.
Part attribuable
aux
zones humides
Figure 4 : Représentation du bilan comptable de l'exploitation type (données ROLLAND 2006, adaptées)
Nous comparons ci-dessus les bénéfices avec les coûts moyens de l’exploitation type.
Il apparaît au premier regard que les bénéfices sont supérieurs aux coûts. L’exploitation est bien
rentable puisque plus de 22 500 € sont dégagés.
Si nous analysons plus en détail ce bilan, les bénéfices se composent d’éléments classiques, imputables
à toutes exploitations du même type ne possédant pas de zones humides, à savoir le
produit des animaux 6 , les primes DPU 7 et les subventions ICHN 8 et PHAE 9 . En revanche un béné-
6 Produit des animaux : ou produit brut, il correspond au kilogramme de viande produit multiplié par le
prix d’achat.
7 Le DPU : Droit à Paiement Unique. Mis en place lors de la réforme de la PAC (Politique Agricole Commune)
de 2006, il vise à découpler certaines aides de la production en versant une aide unique basée sur
la moyenne des aides perçues sur 2000, 2001 et 2002. Cette méthode vise à diminuer l’intensification des
productions.
8 ICHN : Indemnité Compensatoire d’Handicaps Naturels. Elles sont accordées aux zones défavorisées et
aux zones soumises à des contraintes environnementales.
9 PHAE : Prime Herbagère Agro-Environnementale. Ce contrat de cinq ans concerne les systèmes herbagers
spécialisés. Le producteur bénéficie d'une aide annuelle par hectare contractualisé en contrepartie
d'une conduite extensive des prairies et du système fourrager.
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fice particulier est identifié, celui des subventions MAE (Mesures agro-environnementales) pour
les zones humides.
Cette subvention spécifiquement allouée aux surfaces humides de type tourbières permet à
l’exploitation d’obtenir 214 €/ha/an, soit 5 350 €.
De même pour les coûts, les charges affichées peuvent se retrouver au sein de n’importe quelle
exploitation du même type n’intégrant pas les zones humides, hormis un surcoût pour
l’installation et l’entretien des clôtures. Une charge supplémentaire évaluée en moyenne à 4000
€ pour l’exploitation.
Notons par ailleurs que l’ensemble des MAE
1806 C dédiées aux tourbières et prairies
tourbeuses sur la partie Creuse du PNR Millevaches
en Limousin (seules données que nous
avons pu récolter auprès de la DDAF Creuse)
couvrent près de 490,5 hectares, ce qui représente
environ 104 967 Euros.
Cette somme, issue des finances publiques,
peut être considérée comme la part que la
société accepte de payer pour que
l’agriculture participe à la conservation des
bénéfices des zones humides de ce territoire.
Il ressort de cette analyse deux valeurs attribuables aux
zones humides :
La MAE qui est une mesure de gestion spécifique fixée
par l’Union Européenne dans le cadre de la PAC (Politique
Agricole Commune). Les MAE visent à protéger
l’environnement (faune, flore, milieux sensibles et caractéristiques)
et les paysages. Elles ne peuvent être
attribuées que sur certains milieux et par certains porteurs
de projets. Aujourd’hui, sur le plateau de Millevaches,
seules les zones Natura 2000 sont éligibles
pour les MAE. Le PNR constitue actuellement un dossier
pour devenir un territoire éligible.
La MAE rencontrée sur le site et liée aux zones humides
est la MAE 1806 pour « la gestion contraignante d’un
milieu remarquable » et plus particulièrement la MAE
1806 C pour les tourbières et prairies tourbeuses.
L’agriculteur volontaire pour la MAE 1806 C est tenu de
respecter un cahier des charges sur le milieu humide,
en contre partie il touchera une compensation financière
de 214 €/ha/an.
Le surcoût lié aux clôtures est une charge importante
pour l’exploitation. Il est en effet préférable d’utiliser
des clôtures mobiles sur les zones humides, ce qui entraîne
plus de main d’œuvre pour l’installation et
l’entretien de celles-ci. Il faudra également utiliser davantage
de clôtures que sur une prairie classique pour
protéger les animaux de certains dangers (trous d’eau,
fossés), ou protéger certains milieux du piétinement
des animaux.
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Quelles différences économiques entre une exploitation intégrant des zones humides
et une exploitation qui en est dépourvue
Cette première analyse de l’exploitation type intégrant les zones humides a permis de mettre en
évidence les valeurs inscrites dans le bilan comptable, attribuables aux zones humides. Cependant,
nous n’avons pas pu identifier les coûts évités ou les pertes de bénéfices toujours attachés
à la présence des zones humides.
Pour ce faire, nous allons comparer deux exploitations caractéristiques du plateau de Millevaches,
l’une intégrant des zones humides et l’autre qui en est dépourvue.
Description des deux exploitations caractéristiques
Lors de son enquête de 2006 sur les exploitations du plateau de Millevaches, Lise Rolland (2006)
avait identifié deux exploitations caractéristiques de ce secteur, l’une avec zones humides l’autre
sans.
Afin de faciliter la comparaison, nous les avons ramené toutes les deux à des exploitations de
100 hectares. Nous avons également mis à jour les subventions, modifiées pour la plupart lors de
la réforme de la PAC de 2006.
Voici les principales particularités de ces deux exploitations :
Exploitation intégrant
des zones
humides
84 hectares de prairies
16 hectares de zones
humides
64 vaches mises à la
reproduction
Exploitation dépourvue
de zones
humides
100 hectares de
prairies
0 hectare de zones
humides
68 vaches mises à la
reproduction
Tableau 2 : Présentation des deux exploitations caractéristiques
Nous pouvons considérer qu’en dehors de la présence de zones humides, les exploitations apparaissent
similaires dans leurs conduites.
A noter que la différence du nombre de vaches mises à la reproduction peut être liée à la présence
des zones humides. En effet, l’exploitant doit diminuer la charge d’animaux pour préserver
ces milieux, c'est-à-dire mettre moins d’UGB à l’hectare (les chiffres varient mais on peut consi-
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dérer un chargement instantané limité à 0.56 UGB/ha/an). Nous allons constater les effets sur
l’économie de l’exploitation.
Analyse comparative des deux exploitations caractéristiques
Avant d’entrer dans l’analyse, effectuons un rapide rappel sur les termes comptables que nous
allons traiter.
Les éléments comptables :
• Le produit brut :
Il constitue la source d'enrichissement de l’exploitation, c'est-à-dire la production vendue.
• Les charges :
Ce sont les coûts, dépenses de l’exploitation nécessaires pour dégager un chiffre d’affaire, nous les déclinons
sous deux types :
Les indicateurs :
- Les charges opérationnelles :
Elles correspondent à des charges directement liées à l’activité et nécessaires pour la production.
Ce sont les biens et services consommés.
- Les charges de structures :
Elles correspondent à des charges fixes, indépendantes du niveau de l’activité.
Nous avons choisi deux indicateurs classiquement utilisés.
• La marge brute (MB) :
Il s’agit de la différence entre les produits et les charges opérationnelles d’une production (ainsi que
des primes qui lui sont allouées).
Elle permet de donner une première idée de la rentabilité d’une production, elle peut être exprimée à
l’hectare.
MB = produit brut - charges opérationnelles + primes couplées
• L’excédent brut d’exploitation (EBE) :
C’est le solde généré par l'activité courante de l'entreprise sans prendre en compte sa politique d'investissement
et sa gestion financière (donc hors amortissements). Il va donc prendre en compte
l’ensemble des produits, l’ensemble des charges opérationnelles et de structures ainsi que l’ensemble
des primes (dont DPU et autres primes découplées).
Cet indicateur permet de donner une idée de la rentabilité d’une exploitation, il détermine ainsi sa capacité
d’autofinancement ou la marge de sécurité.
EBE = MB + DPU + primes découplées - charges de structures
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Pour effectuer cette analyse nous avons choisi d’isoler les éléments du bilan comptable des deux
exploitations affichant des écarts significatifs ou paraissant concernés par la présence ou
l’absence de zones humides.
Eléments comptables
En euro / an
Exploitation
avec ZH
Exploitation
sans ZH
Produit Brut 52 066 62 032
Charges 48 201 67 105
Opérationnelles 24 498 34 911
Dont concentrés 7 445 7 910
Frais vétérinaires 1 752 3 468
Frais d'élevage 4 916 1 813
Dont engrais et amendements 5 435 14 972
Structures 23 703 32 194
Marge Brute
44 602 45 241
Soit à l’hectare
446
Excédent Brut d'Exploitation
49 693 38 417
Soit à l’hectare
497
452
384
Tableau 3 : Comparaison des bilans comptables des exploitations caractéristiques (
données ROLLAND 2006, recalculées)
Comparons ces éléments comptables dans
l’ordre proposé ci-dessus :
Le produit brut :
Près de 10 000 € séparent les deux exploitations,
en faveur de celle dépourvue de zones
humides.
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Les zones humides peuvent être considérées
comme responsables de cet écart
puisque la charge sur ces milieux est limitée,
c'est-à-dire que le nombre d’animaux y est
plus faible. L’exploitation avec zones humides
possèdera donc moins d’animaux et
aura donc une production plus faible..
Une autre variable, bien que discutable, peut
être observée. En effet, les zones humides
peuvent être considérées comme moins
nourrissantes qu’une prairie classique ; au
final le poids des animaux peut être légèrement
inférieur à une exploitation sans zones
humides. La valeur de la production étant
ici aussi diminué.
Les charges sont le cumul des charges opérationnelles
et des charges de structures
détaillées ci-dessous.
Les charges opérationnelles sont plus
élevées d’environ 10 300 € pour
l’exploitation sans zones humides. Il apparait
ici que l’exploitation avec zones humides
est avantagée. Voyons les éléments
déterminants.
Les concentrés :
Nous avons choisi de les indiquer car ils
portent à polémique. En effet, certains agriculteurs
estiment que les zones humides
peuvent entraîner des économies sur les
concentrés en assurant un pacage régulier.
Cependant, au vu de certains entretiens avec
les chambres d’agricultures ou du PNR, les
économies générées dépendent essentiellement
de la conduite de l’exploitation avec
une utilisation optimale de chaque surface,
qu’elle soit humide ou non. Les chiffres peuvent
alors varier de plus ou moins 20 000 €.
Les frais vétérinaires :
Ce sont eux aussi des éléments discutables.
Aux vues des échanges avec les professionnels
du monde agricole, la variation des
dépenses en frais vétérinaires dépend du
type de milieu humide. Un milieu humide
acide stopperait le développement de certaines
maladies ou de certains parasites. En
revanches d’autres milieux, moins acides,
seraient plus favorable au développement
de ceux-ci. Il n’est donc pas facile de déterminer
le coût ou le bénéfice des zones humides
sur cet aspect. Quoi qu’il en soit, dans
notre cas l’exploitation avec zones humides
dépense près de 1 700 € de moins que celle
qui en est dépourvue.
Les frais d’élevage :
Ce sont les frais liés aux clôtures. Comme
expliqué précedemment. les coûts liés aux
clôtures sont plus importants sur les zones
humides. Notamment du fait de leur
nombre plus élevé, l’entretien qui en découle,
et le type de clôture.
Dans notre comparaison, l’exploitation intégrant
des zones humides dépense près de
3 000 € supplémentaires par rapport à
l’exploitation sans zones humides.
Il s’agit d’un réel surcoût directement imputable
aux milieux humides.
Les engrais et amendements :
Nous notons une sensible économie sur cet
élément pour l’exploitation avec zones humides
puisqu’elle s’élève à environ 9 500
euros par rapport à l’exploitation sans zones
humides.
Cet écart significatif est lié à la présence des
zones humides. En effet, en période estivale
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au moment où les prairies non humides
sèchent et offrent moins d’herbe à pâturer,
l’exploitant peut conduire ses animaux sur
les prairies humides. Il soulage ainsi les
autres prairies, il n’est pas obligé d’apporter
des engrais et des amendements supplémentaires
pour augmenter leurs productions.
Une économie sera de plus générée
sur les surfaces humides puisqu’elles ne
seront pas amandées.
Les charges de structure :
Nous ne pouvons pas considérer que les
zones humides jouent un rôle sur cet élément.
L’écart présenté dans cette comparaison
dépend de la conduite de l’exploitation,
des investissements réalisés, etc., il varie
d’une exploitation à l’autre, qu’elle intègre
ou non des zones humides.
La marge brute :
Un faible écart, avantageux d’environ 600
euros pour l’exploitation sans zones humides,
est explicable par la compensation
entre produit brut et charges opérationnelles.
En effet, la plus forte production sur
l’exploitation sans zones humides est atténuée
par le montant des charges opérationnelles
qui sont plus élevées que pour
l’exploitation avec zones humides, en raison
des frais d’engrais et d’amendements.
L’excédent brut d’exploitation (EBE) :
L’EBE intègre les charges de structures. La
comparaison des deux exploitations met en
évidence un écart proche de 11 300 € en
faveur de l’exploitation avec zones humides.
Il faut avant toutes choses atténuer ce
chiffre puisque l’écart constaté précédemment
sur les charges de structures va se
répercuter sur cet indicateur. Hors écart sur
les charges de structures, la différence
d’EBE entre les deux types d’exploitation est
de 2808 euros. Cet écart est essentiellement
lié aux MAE zones humides.
En effet, la MAE 1806 C s’élève à 214 €/ha
de zones humides/an soit 214 x 16 = 3 424
€ à l’échelle de l’exploitation
A ce niveau d’analyse, nous pouvons conclure
que l’exploitation ayant pour activité
l’élevage extensif bovin et intégrant des
zones humides est plus rentable qu’une exploitation
dépourvue de zones humides sur
le plateau de Millevaches.
Cette meilleure rentabilité de l’exploitation
avec zones humides est très dépendante des
financements publics via les MAE.
A l’échelle de la marge brute, nous pouvons
conclure que l’activité d’élevage extensif
bovin sur le plateau de Millevaches est aussi
rentable avec ou sans l’intégration de zones
humides.
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En conclusion :
L’exploitation intégrant des zones humides se trouve pénalisée par une moindre production
et des frais d’élevages plus élevés. En revanche, elle bénéficie d’une économie d’engrais et
d’amendements qui équilibre les coûts ci-dessus.
C’est grâce à la MAE 1806 C que l’exploitation avec zones humides va apparaître plus rentable
qu’une exploitation dépourvue de zones humides et c’est au niveau de l’EBE que nous
pouvons le constater. Cette rentabilité est donc dépendante de la Politique Agricole Commune.
Ces subventions constituent une rémunération pour un service d’entretien bénéficiant
à la collectivité et non pris en compte par le marché (externalité positive).
Il faut cependant insister sur le fait que ces chiffres sont tirés d’exploitations caractéristiques
d’un panel d’une trentaine d’exploitations sur le plateau de Millevaches. Ils
permettent d’afficher des tendances sur ce secteur et d’en tirer des premières conclusions
mais ne peuvent pas être transposés à n’importe quel territoire.
Quel est le rôle des zones humides pour
l’agriculteur en période de sécheresse
Nous avons démontré précédemment que
les zones humides peuvent être avantageuses
au cours d’une année moyenne pour
les exploitations les intégrant. Mais qu’en
est-il lors d’une année exceptionnelle et tant
redoutée par les éleveurs extensifs : celle de
la sécheresse 10
Pour répondre à cette question, nous analyserons
la variation des deux indicateurs
utilisés précédemment, à savoir la marge
brute et l’EBE, sur les deux exploitations
caractéristiques décrites dans la partie 3.
10 Nous avons choisi de ne pas traiter à l’inverse
une année exceptionnellement humide. En effet,
il a été constaté que les agriculteurs creusaient
des petites rigoles pour évacuer le surplus d’eau
lors de ces périodes. Il en revenait donc à étudier
une année moyenne.
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Nous nous baserons sur les bilans constatés
suite à la sécheresse de 2003. Nous prendrons
en compte la perte moyenne en matières
sèches de 2 tonnes par hectare de
prairies non humides au cours de cette année
(institut de l’élevage, 2003), ainsi que le
coût moyen d’achat de fourrage de 60
€/tonnes.
Ces variables seront intégrées dans le bilan
comptable des exploitations au niveau des
charges opérationnelles avec l’apparition
d’un achat supplémentaire de fourrage de
120 €/ha de prairie non humide.
Soit 10 080 € en plus pour l’exploitation
avec zones humides et 12 000 € pour
l’exploitation sans zones humides.
Variation de la marge brute
En plus de comparer les deux exploitations
caractéristiques, nous confronterons les
valeurs de la marge brute entre une année
moyenne et une année de sécheresse.
Figure 5 : Comparaison de la marge brute en périodes de sécheresse
Comme constaté dans la partie précédente,
dans une année moyenne, l’exploitation
sans zones humides dégage une marge
brute légèrement plus élevée de 6 euros par
hectare.
En revanche sur une année de sècheresse,
nous remarquons que se résultat s’inverse,
l’exploitation intégrant des zones humides
obtient une marge brute supérieure de 13
euros par hectare.
Bien que les deux exploitations soient pénalisées
par la sècheresse, l’exploitation avec
zones humides affiche une moindre perte.
Grâce à la présence des zones humides,
l’exploitant a moins de pertes en matières
sèches et donc moins de fourrage à acheter.
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Variation de l’excédent brut
d’exploitation
en les confrontant aux valeurs de l’EBE
entre une année moyenne et une année de
sécheresse.
Nous allons ici aussi comparer les deux exploitations
caractéristiques mais cette fois
Figure 6 : Comparaison de l'EBE en période de sécheresse
Nous constatons une nouvelle fois l’écart en
faveur de l’exploitation intégrant des zones
humides sur une année moyenne, avec les
raisons évoquées précédemment.
Cependant, sur une année de sécheresse
l’écart entre les deux exploitations
s’accentue de 19 euros par hectare soit 1
920 euros à l’échelle de l’exploitation.
De même que pour la marge brute, c’est la
présence des zones humides qui va entrainer
une économie sur l’achat de fourrages.
En conclusion :
L’exploitation intégrant les zones humides
est largement avantagée sur une période de
sécheresse, à surfaces égales, comparée à
une exploitation qui en est dépourvue.
En effet, sur notre cas du plateau de Millevaches,
avec près de 15 % de zones humides
l’exploitant économise près de 2 000
€ d’achat de fourrages.
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Existe-t-il un intérêt à drainer les zones humides
Après avoir identifié le rôle des zones humides dans l’économie d’une exploitation sur une année
moyenne et sur une année de sécheresse, nous allons tenter de comprendre s’il existe un réel
intérêt à les conserver.
Bien que les zones humides soient intéressantes, à surface raisonnable, sur une exploitation les
intégrants, ne serait-il pas encore plus intéressant de les drainer pour augmenter les rendements
sur la production
Nous nous sommes une nouvelle fois fondés sur les valeurs des deux exploitations caractéristiques
en partant du principe que
l’exploitation intégrant des zones humides
souhaite drainer celles-ci pour obtenir la
production de l’exploitation sans zones humides.
En pratique, l’exploitation drainée se voit
attribuer les valeurs liées à l’activité de
l’exploitation sans zone humide (le produit
brut et les charges opérationnelles) mais
conserve les valeurs non imputables à la
production (les charges de structures) adaptées
au nombre d’animaux que peut accueillir
l’exploitation sans zones humides.
Figure 7 : Comparaison de la marge brute suite à un drainage
Elle se voit retirer le montant de la MAE, puisqu’elle
n’aura plus de zones humides, mais on lui ajoutera les coûts liés au drainage dans les
charges de structures.
Les frais de drainages sont basés sur l’investissement minimum d’un tel ouvrage (D. TEYSSIER,
2007) à savoir 65,63 euros par hectare et par an (y compris l’entretien) où sont incluses
l’actualisation 11 et l’annualisation 12 de l’investissement.
11 Actualisation : méthode comptable permettant d’intégrer les conséquences de l’inflation.
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Soit sur l’exploitation possédant 16 hectares de zones humides un total de 1 050 €.
Variation de la marge brute
L’analyse de cette marge brute sera effectuée entre l’exploitation intégrant les zones humides et
la même exploitation une fois le drainage réalisé.
La valeur de la marge brute a augmenté suite au drainage des zones humides de l’exploitation.
En effet, l’exploitation peut désormais augmenter sa production, donc dégager un produit brut
plus élevé. Bien qu’elle perde les économies en engrais et amendements générées par les zones
humides, le drainage reste bénéfique à la production au niveau de la marge brute.
Variation de l’excédent brut d’exploitation
L’excédent brut d’exploitation sera lui aussi analysé entre l’exploitation intégrant les zones humides
et la même exploitation une fois le drainage réalisé.
En conclusion :
Le drainage a dans un premier temps
des effets bénéfiques pour
l’exploitation puisqu’il va lui permettre
de dégager un profit plus
élevé sur son activité de production
animale. Mais dans un second temps,
lorsque les coûts du drainage sont
intégrés et que la perte de la MAE est
déduite, l’exploitation est perdante,
comme le démontre le calcul de
l’EBE.
Figure 8 : Comparaison de l'EBE suite à un drainage
Contrairement à la marge brute, nous constatons ici une
perte au niveau de l’EBE suite au drainage d’environ 53
euros par hectare soit au niveau de l’exploitation 5 316
euros.
Les coûts du drainage ne sont donc
pas compensés par ses propres bénéfices.
L’intégration des zones humides
Cette perte pour l’exploitant résulte non seulement des frais de drainages mais également de la
perte de la MAE zones humides.
12 Annualisation : il s’agit du fait de répartir l’investissement total sur la durée de l’amortissement.
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Conclusion
Au cours de ce cas d’étude sur l’impact des
zones humides sur l’économie agricole du
plateau de Millevaches, nous avons pu cerner
les différents intérêts pour l’agriculteur
éleveur extensif bovin de ce territoire à intégrer
les zones humides.
Les zones humides du plateau de Millevaches
apportent de nombreux bénéfices
pour la société ; la seule activité économique
capable de les préserver tout en dégageant
une valeur ajoutée, certes dépendante de la
politique Européenne, est bien l’agriculture
et plus particulièrement l’élevage.
Nous constatons dans cette étude que
l’agriculteur est pénalisé par l’intégration
des zones humides avec une diminution du
produit brut ou des frais d’élevage plus importants.
Mais au final, les bénéfices que lui
apportent les zones humides l’emportent
avec des économies élevées d’engrais et
d’intrants, ou encore la possibilité de toucher
les aides d’une Mesure Agroenvironnementale.
Elles constitueront également une sécurité
en période de sécheresse et nous avons démontré
qu’il n’y avait aucun intérêt à les
drainer.
Il est véritablement intéressant pour
l’éleveur extensif bovin du plateau de Millevaches
d’intégrer les zones humides, mais
les avantages seront réels si l’exploitant
utilise de façon optimale ses milieux, aux
périodes les plus propices. Il ne faudra pas
non plus que la surface de zones humides
soit excessive au risque de voir une chute
trop importante du produit brut. Enfin, à ce
jour, seul l’exploitant sur une zone Natura
2000 pourra prétendre à une MAE.
Les résultats développés ici étant spécifiques
au plateau de Millevaches, l’étape
suivante à cette étude pourrait être
d’appliquer le même raisonnement à un
échantillon d’exploitations beaucoup plus
important sur un territoire beaucoup vaste
(celui d’un département ou d’une région) et
avec une diversité de situations plus
grande,. Les résultats obtenus permettraient
de tirer des conclusions à une échelle bien
plus large.
Un autre complément pourrait être apporté
à cette étude avec la comparaison de
l’élevage face à d’autres instruments portés
par des organismes, tels que le PNR ou le
CREN, capables de maintenir les zones humides.
Quels en seraient les coûts et bénéfices
de chacun
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Bibliographie
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Aydabirian, Vanig (2004) « La gestion
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par les exploitants agricoles »,
Mémoire de fin d’études, ENSAT, Toulouse
Beil, Thomas, Hampicke, Ulrich & Kowatsch,
Astrid (2008) « Ökonomische
Bewertung der Biodiversität von
Salzgrünland“ »(en voie de publication)
Bernard, Christophe (après 1995) « Organisation
collective d'operateurs touristiques
», Action Leader, Gentioux
Pigerolles
Laurans, Dubien & Cattan (2000) « Evaluation
économique des services rendus
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Meyerhoff, Jürgen & Dehnhardt, Alexandra
(2004) « The European Water
Framework Directive and Economic
Valuation of Wetlands. The Restoration
of Floodplains along the River Elbe”,
Berlin, Allemagne
Rolland, Lise (2006) « Intégration par
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Millevaches en Limousin », Mémoire de
fin d’études, Gentioux
Teyssier, Daniel (2007), « INDEX des
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2007 », 22 ème édition, Lavoisier
Agreste Limousin (2008), «Le droit à
paiement unique en 2007 », Décembre
2008, n°50
EPIDOR (2006), « Programme d'Actions
de Prévention des Inondations du bassin
de la Dordogne »
Institut de l’Elevage (2003), « Etat des
lieux de la sécheresse 2003 : un déficit
fourrager important dans la plupart des
régions d'élevage »
Plan de développement rural national,
Annexe B, Révision 2002
www.pnr-millevaches.fr
www.limousin.ecologie.gouv.fr
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Personnes contactées
Nous remercions l’ensemble de ces personnes contactées entre Novembre 2008 et Mars 2009
pour leur aimable collaboration :
Catherine JULLIOT - DIREN Limousin
Patrice DELBANCUT - DIREN Limousin
Erwan HENNEQUIN – CREN Limousin
Cathy MIGNON-LINET - PNR Millevaches en Limousin
Lise ROLLAND - PNR Millevaches en Limousin
Laure CHAZELAS - Groupe Herbe ADAPA
Olivier GUERRI - EPTB Dordogne
Elise Weber - EPTB Dordogne
Marie Noël BRUERE - Chambre régionale de l’agriculture de Limousin
Christian DELMAS - Chambre d’agriculture de la Corrèze
Karine SAUVIAT - Chambre d’agriculture de la Corrèze
Céline BOYARD - Chambre d’agriculture de la Haute Vienne
Roger LEYRAT - Fédération départementale des chasseurs de Corrèze
Pascal MESTAT - Fédération départementale des chasseurs de la Creuse
Olivier SENECHAL - DDAF Creuse
Jouany CHATOUX - Exploitant agricole
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