DE LA GRANDE DEESSE A LA VIERGE EN MAJESTE - U3A
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CONFER<strong>EN</strong>CE PAR ANNE GERST<strong>EN</strong><br />
Historienne de l’art<br />
<strong>DE</strong> <strong>LA</strong> GRAN<strong>DE</strong> <strong>DE</strong>ESSE<br />
A <strong>LA</strong> <strong>VIERGE</strong> <strong>EN</strong> <strong>MAJESTE</strong><br />
HISTOIRE D’UN MYTHE PAR L’IMAGE<br />
Jeudi 23 février à 10h.<br />
La conférence sera le résumé de l’ouvrage écrit par Anne Gersten et publié par<br />
l’Académie royale de Belgique (décembre 2011).<br />
Cet ouvrage propose une tentative de synthèse de la longue histoire des métamorphoses<br />
de la Grande Déesse des origines qui, en passant par les polythéismes<br />
des religions antiques et le monothéisme judaïque, jusqu’à l’avènement du<br />
christianisme, aboutit à l’énigmatique figure de la Vierge Marie. Si l’idée d’une filiation<br />
entre la Grande Déesse et la Vierge Marie n’est pas partagée par tous les<br />
spécialistes de l’histoire des religions, la vénération d’une figure féminine, virginale<br />
et maternelle, déesse, déifiée ou sanctifiée, traverse néanmoins toute l’histoire<br />
de l’humanité. A travers l’indispensable étude des contenus idéologiques et<br />
religieux, c’est une approche de cette histoire, à la lumière des œuvres d’art et<br />
des solutions esthétiques apportées à l’illustration du thème de la Mère divinisée<br />
jusqu’à son apothéose dans le type de la Vierge en Majesté, ou Sedes Sapientiae,<br />
à laquelle le lecteur est convié.<br />
La conférence sera illustrée par des diapositives.<br />
En guise d’entrée en matière, nous reproduisons ici la préface de l’ouvrage :<br />
En 1951 s'est tenue à Liège une exposition sur « Art mosan et Arts anciens<br />
du Pays de Liège » qui a reçu une audience internationale, puisqu'elle a essaimé<br />
à Rotterdam et à Paris. Dans le Musée des Beaux-Arts, aujourd'hui<br />
disparu, les organisateurs avaient eu l'idée originale d'accueillir les visiteurs<br />
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par la série, à vrai dire impressionnante, des Sedes Sapientiae sculptées en<br />
pays mosan, du XI e au XIV e siècle. De fait, c'était la première fois qu'elles<br />
étaient alignées côte à côte, de la Vierge d’Evegnée à celle de Saint-Jean<br />
l'Evangéliste de Liège. Certes, dans la littérature scientifique, Joseph de<br />
Borchgrave d’Altena les avait déjà étudiées. D'autre part, ce type iconographique<br />
n'était pas limité au Pays mosan. La France, l'Empire germanique, la<br />
Catalogne avaient connu ce modèle de la Vierge en majesté, dûment analysé<br />
par Louis Bréhier, Marcel Aubert, Erwin Panofsky, Mathias Delcor. Mais le<br />
thème méritait, pour nos régions, à la fois un inventaire, une analyse et une<br />
synthèse. C'est la raison pour laquelle j'ai proposé ce sujet à l'une de mes<br />
étudiantes comme mémoire de licence en histoire de l’art. Anne Gersten a<br />
donc élaboré, pendant l'année académique de 1971-1972 l’Essai d’un corpus<br />
des Sedes Sapientiae mosanes, du XI e au XIV e siècle.<br />
Quand on consulte ce copieux travail de quelque trois cents pages resté inédit,<br />
on ne peut qu’être impressionné par l'ampleur de l'effort, accompli avec<br />
succès par cette jeune érudite. Elle en a d’ailleurs recueilli les fruits en accédant<br />
à un enseignement d’histoire de l'art dans l'une des Hautes Ecoles de<br />
Liège. Mais, tout en s'acquittant de ses tâches pédagogiques avec un talent<br />
que reconnaissent ses étudiants, Anne Gersten n'a pas abandonné la recherche.<br />
Elle a continué à creuser le sillon qu'elle avait ouvert et, approfondissant<br />
ses investigations, elle s'est proposé de découvrir les origines lointaines<br />
du thème médiéval de la Vierge en majesté. Il en est résulté le présent<br />
ouvrage, dans lequel elle a condensé de longues années de méditation active.<br />
Malgré ma relative incompétence à l'égard de certains aspects du domaine<br />
qu'elle a prospecté, je n'ai pas manqué d'être séduit par le résultat de son<br />
enquête, où l'on croise les archétypes de Carl-Gustav Jung, la migration des<br />
symboles chère à Mircéa Eliade et l’iconologie d’Erwin Panofsky. Plus encore<br />
qu'un exposé très cursif, le travail d'Anne Gersten, moulé dans un style<br />
clair et précis, se veut surtout un instrument de réflexion. Il dépasse les limites<br />
de l'histoire de l’art pour aboutir à une interrogation sur les éléments multiformes<br />
et permanents du sentiment religieux à travers les siècles. C'est<br />
pourquoi je souhaite à ce bel ouvrage le succès qu'il me paraît devoir mériter.<br />
Jacques Stiennon<br />
Professeur émérite de l’Université de Liège<br />
Membre de l’Académie royale de Belgique<br />
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Référence des illustrations :<br />
Déméter d’Ariccia, Italie, IIe-Ier s. av.J.-C.<br />
Maternité de Drenovac, Serbie, 5 e millénaire av.J.-C.<br />
Sedes Sapientiae, dite Vierge d’Evegnée, Liège, Belgique, vers 1060.<br />
Sedes Sapientiae de Saint-Jean-l’Evangéliste, Liège, Belgique, vers 1230.<br />
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