Comment garder le cap en période de crise ? - CCI Côte-d'Or

Vu ailleurs/ Les PME allemandes et la crise
Remèdes « made in Germany »
La crise est m o n d i a l e, m a i s n e va pas forcément frapper p a r t o u t avec le m ê m e i m p a c t.
L’Allemagne, avec ses records à l’e x p o r t, fait figure de meilleure élève de l’Eu r o p e. Co n f r o n t é e
à la crise, elle fait preuve d’originalité d a n s le paysage é c o n o m i q u e m o n d i a l. Un e p h i l o s o p h i e
de l’entreprise et des remèdes, à importer, si b e s o i n.
Le « miracle » économique allemand tient en
grande partie à ses PME, « colonne vertébrale de
l’économie », selon le président de la Bundesbank.
On compte près de 11600 entreprises de 250
à 1000 salariés (contre 4000 en France), dont 18 %
exportent, contre seulement 4 % en France. Mais les
différences ne s’arrêtent pas là. La PME française est le
plus souvent de petite taille, appartenant à un groupe et
travaillant essentiellement sur le marché de la consommation
nationale ou régionale. Les PME allemandes,
qui constituent le « Mittelstand », sont en général des
entreprises de dimensions plus importantes, indépendantes
car à capitaux familiaux. Spécialisées dans
les biens d’équipement, elles travaillent en « B to B ».
Tournées vers les marchés extérieurs, elles ont fait de
l’Allemagne la première puissance exportatrice mondiale.
Le Mittelstand outre-Rhin : un modèle entrepreunarial
par excellence qui a fait ses preuves. Sortie vainqueur
du challenge économique de la réunification dans les
années 1990, l’Allemagne se sortira-t-elle aussi bien de
la crise actuelle
« La situation des PME allemandes est paradoxale »,
analyse Jean-Guillaume Ditter, professeur de management
et entrepreunariat, spécialisé dans les questions
européennes à l’ESC Dijon : « Fortement exportatrices,
il est inévitable que pèse sur elles le ralentissement du
marché mondial. À pondérer toutefois par le fait que
beaucoup d’entre elles occupant des « niches » voire des
« micro-niches », ne sont pas soumises à concurrence
ou dominent à ce point le marché qu’elles se trouvent
parfois en situation de quasi-monopole. » De plus, le
resserrement du crédit bancaire, très prégnant en
Allemagne, affecte particulièrement les PME qui, en
raison de leur indépendance, ont des capacités de
financement limitées. Tout, apparemment, pour subir
la crise de plein fouet.
Entreprises, chercheurs, pouvoirs publics :
le trio gagnant
Mais c’est sans compter les ressources propres. Ces
atouts majeurs, susceptibles d’atténuer l’impact de la
crise et de permettre aux entreprises de profiter de la
reprise dès qu’elle s’amorcera. Le remède outre-Rhin
contre la crise, c’est bien, à la base,
une vraie philosophie d’entreprise :
une mentalité de gestion globale, axée
sur le long terme, héritée d’un management
familial et de la formation
d’ingénieur ou scientifique de nombreux
patrons. Et cela change tout !
Quand la conjoncture à court terme
est difficile, les PME allemandes voient
plus loin. Selon une enquête réalisée
sur 2008-2009 par la fédération des
Chambres de commerce et d’industrie
allemandes, la moitié des PME interrogées
prévoient d’accroître leur effort
d’innovation en 2009. De mettre à profit
la crise plutôt que la subir. « Les entreprises allemandes
ne saisissent pas les opportunités, elles les créent », dixit
un représentant du Club économique franco-allemand.
Aller de l’avant passe par l’innovation et la vision à long
terme. La recherche est directement appliquée et nourrit
la performance et le dynamisme des entreprises. Elles
bénéficient également, depuis les années 1970, d’une
politique diversifiée mais constante de soutien public de
la part des gouvernements du Bund comme des Länder.
Les PME allemandes trouvent ainsi au cœur de leur
environnement, à travers leurs banques « de famille »,
leurs chercheurs et leurs responsables politiques « un
maillage de proximité, bien ancré, extrêmement efficace
qui les protège d’un système mondial fragilisé sur le court
terme », ajoute Sophie Reboud, professeur de management
et entrepreunariat à l’ESC Dijon.
Restent des inconnues : la répercussion en chaîne de la
crise sur l’économie chinoise puis de là, sur l’Allemagne
très présente sur les marchés des pays émergents ;
l’impact de la contraction du crédit sur la recherche et
le développement ; sans oublier l’incertitude de la reprise
économique tant attendue, en terme de délai… Mais
cette question-là se pose pour tout le monde.
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N° 18 Mai Juin 2009