Vinification - Union des oenologues de France
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<strong>Vinification</strong><br />
Les apports d’oxygène en vinification<br />
et leurs impacts sur les vins<br />
Le cas particulier du champagne (2 ème partie)<br />
Michel VALADE - Isabelle TRIBAUT-SOHIER - Denis BUNNER - Monique LAURENT - Dominique<br />
MONCOMBLE - Dominique TUSSEAU et le Laboratoire d’analyses<br />
Services Techniques du Comité Interprofessionnel du Vin <strong>de</strong> Champagne (C.I.V.C.)<br />
5, rue Henri-Martin – 51200 Épernay<br />
INTRODUCTION<br />
Dans la première partie <strong>de</strong> cet article (1) ont été évoqués les apports d’oxygène qui se produisent lors <strong>de</strong> la vinification, avant la mise en bouteilles<br />
d’un vin.<br />
Ces apports sont très variables d’un établissement à l’autre car ils dépen<strong>de</strong>nt d’un grand nombre <strong>de</strong> facteurs dont :<br />
- les techniques utilisées pour le travail <strong><strong>de</strong>s</strong> vins (soutirage, filtration, centrifugation, passage au froid, etc.),<br />
- la taille et la nature <strong><strong>de</strong>s</strong> contenants utilisés, <strong><strong>de</strong>s</strong> volumes mis en œuvre lors <strong>de</strong> chaque opération <strong>de</strong> traitement ou <strong>de</strong> transfert <strong><strong>de</strong>s</strong> vins,<br />
- les pratiques <strong>de</strong> cuverie : soutirage avec remplissage par le haut ou par le bas <strong>de</strong> la cuve, voire via un bac tampon, type <strong>de</strong> pompe employé,<br />
etc.,<br />
- mais aussi <strong>de</strong> certaines opérations non ou mal maîtrisées (2, 3) comme une trop gran<strong>de</strong> longueur <strong>de</strong> tuyaux, une prise d’air, <strong><strong>de</strong>s</strong> raccords trop<br />
nombreux, une pompe qui cavite, <strong><strong>de</strong>s</strong> transports en citerne avec <strong><strong>de</strong>s</strong> compartiments en vidange, etc.<br />
Dans les grosses unités champenoises, les apports moyens d’oxygène du sta<strong>de</strong> fin <strong>de</strong> fermentation jusqu’au tirage peuvent être estimés entre 3 et<br />
5 mg/L. Ils sont susceptibles d’être multipliés par <strong>de</strong>ux ou par trois du fait <strong>de</strong> certaines pratiques évoquées précé<strong>de</strong>mment. Les opérations préventives,<br />
essentiellement par inertage, ou correctives, par injection d’un gaz neutre (azote essentiellement), peuvent toutefois permettre <strong>de</strong> diminuer<br />
sensiblement les quantités d’oxygène résiduelles dans les vins en cuves. Elles sont à ce jour très peu pratiquées.<br />
Cependant les apports d’oxygène dans un vin ne se limitent pas à ceux qui se produisent en cuverie. Ceux qui interviennent ultérieurement à<br />
l’embouteillage, puis lors <strong>de</strong> la conservation en bouteilles et lors du dégorgement pour le champagne, sont même prépondérants dans la vie <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
vins. Depuis une quinzaine d’années ces sujets sont travaillés par notre équipe dans le cadre particulier <strong><strong>de</strong>s</strong> champagnes, dont les résultats sont<br />
extrapolables à tous les vins effervescents élaborés en bouteilles. L’élaboration du champagne se prête bien à l’étu<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> apports d’oxygène et à<br />
leur impact sur l’évolution <strong><strong>de</strong>s</strong> vins au cours <strong>de</strong> leur vieillissement en bouteilles. Elle permet aussi <strong>de</strong> mettre l’accent sur une problématique bien<br />
connue <strong><strong>de</strong>s</strong> professionnels mais souvent inexpliquée, à savoir l’hétérogénéité entre bouteilles pour un même lot d’embouteillage.<br />
Photo 1 : Un tas <strong>de</strong> bouteilles mises sur lattes<br />
1. TECHNIQUES EXPÉRIMENTALES ET MATÉRIEL UTILISÉ<br />
1.1 MESURE DES GAZ DISSOUS DANS LE VIN<br />
Les références bibliographiques concernant la mesure <strong>de</strong> la teneur en<br />
oxygène <strong><strong>de</strong>s</strong> vins en bouteilles sont peu nombreuses et très récentes<br />
en vin tranquille (4, 5).<br />
Dans cette étu<strong>de</strong>, les mesures d’oxygène dissous ont été effectuées<br />
avec <strong>de</strong>ux appareils :<br />
- dans la cuve <strong>de</strong> mixtion <strong>de</strong> tirage, à l’ai<strong>de</strong> d’un analyseur Moca<br />
Orbisphère avec membrane en téflon PFA <strong>de</strong> référence 2956A,<br />
- dans les bouteilles bouchées, à partir d’un échantillonneur 29973 <strong>de</strong><br />
la société Orbisphère, relié à un Moca 3660 muni <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux son<strong><strong>de</strong>s</strong> à<br />
membrane, l’une <strong>de</strong> type polarographique pour le dosage <strong>de</strong> l’oxygène<br />
(O 2 ), l’autre à conductimétrie thermique pour le dosage du<br />
dioxy<strong>de</strong> <strong>de</strong> carbone (CO 2 ).<br />
Article technique RFOE n°222<br />
LES APPORTS D’OXYGÈNE EN VINIFICATION ET LEURS IMPACTS SUR<br />
LES VINS - LE CAS PARTICULIER DU CHAMPAGNE (2 ÈME PARTIE)<br />
Michel VALADE<br />
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<strong>Vinification</strong><br />
Cet appareil est utilisé très couramment dans les brasseries en<br />
contrôle <strong>de</strong> production sur les chaînes d’embouteillage, mais pas<br />
encore en œnologie. À la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> du C.I.V.C., le constructeur a<br />
modifié l’appareil en 1998 pour pouvoir réaliser <strong><strong>de</strong>s</strong> mesures sur<br />
champagne. Il fallait que le montage puisse résister à une contrepression<br />
d’azote supérieure à 8 bars à 20° C pour s’opposer à la<br />
pression interne <strong>de</strong> la bouteille. Avant la mesure, les bouteilles sont<br />
conditionnées à 18° C puis mises sur une table agitante pendant 15<br />
à 20 mn afin d’équilibrer les concentrations <strong>de</strong> gaz entre le liqui<strong>de</strong> et<br />
l’espace <strong>de</strong> tête <strong>de</strong> la bouteille. La mesure peut être réalisée sur <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
bouteilles bouchées avec une capsule couronne ou un bouchon liège.<br />
Dans ce <strong>de</strong>rnier cas, un pré-trou est réalisé dans le bouchon à l’ai<strong>de</strong><br />
d’une perceuse munie d’un forêt <strong>de</strong> 3 mm. La limite <strong>de</strong> détection <strong>de</strong><br />
l’O 2 dissous est <strong>de</strong> l’ordre du µg/L.<br />
Photo 2 : Mesure <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
gaz dissous dans un<br />
vin effervescent<br />
1.2 MESURE DES ÉCHANGES GAZEUX PAR LE BOUCHAGE<br />
Cette analyse est sous-traitée au Laboratoire National d’Essais (LNE) à<br />
Paris. Elle permet <strong>de</strong> mesurer en dynamique la quantité d’oxygène<br />
entrant ou <strong>de</strong> dioxy<strong>de</strong> <strong>de</strong> carbone sortant <strong>de</strong> la bouteille au travers du<br />
bouchage en place sur la bouteille (obturateur et capsule, bouchon<br />
liège et muselet).<br />
Conditions chromatographiques :<br />
• four : isotherme à 50° C,<br />
• colonnes : Porapak Q,<br />
• détection : par ionisation <strong>de</strong> flamme après méthanisation.<br />
La fidélité <strong>de</strong> la métho<strong>de</strong> est <strong>de</strong> 0,05 cm 3 /24h00.<br />
Etalonnage du chromatographe avec <strong><strong>de</strong>s</strong> gaz étalons à concentration<br />
connue en dioxy<strong>de</strong> <strong>de</strong> carbone.<br />
1.2.2 MESURE DE LA PERMÉABILITÉ À L’OXYGÈNE<br />
Conditions <strong>de</strong> mesure :<br />
• découpe du goulot fermé par le bouchage à étudier,<br />
• collage du goulot sur une embase métallique connectée à l’appareil<br />
par <strong>de</strong>ux tubulures permettant d’assurer le balayage intérieur par<br />
un gaz vecteur (azote),<br />
• mesure <strong>de</strong> la quantité d’oxygène migrant à travers le bouchage et<br />
entraînée par le gaz vecteur (azote). La détection est <strong>de</strong> type coulométrique,<br />
• température : 23°C,<br />
• humidité intérieure : environ 85 % HR,<br />
• humidité extérieure : 50 % HR,<br />
• appareil <strong>de</strong> mesure : Oxtran 2/20 ou Oxtran 100.<br />
La fidélité <strong>de</strong> la métho<strong>de</strong> est <strong>de</strong> 0,001 cm 3 /24h00.<br />
1.2.1 MESURE DES PERTES DE DIOXYDE DE CARBONE<br />
La mesure <strong>de</strong> la perméabilité globale au dioxy<strong>de</strong> <strong>de</strong> carbone du bouchage<br />
sous pression est réalisée selon le principe <strong>de</strong> détection<br />
conforme à la norme ISO 15105-2 Annexe B (métho<strong>de</strong> par balayage<br />
avec une détection chromatographique et détection par ionisation <strong>de</strong><br />
flamme).<br />
Conditions <strong>de</strong> mesure :<br />
• mesure sur la bouteille bouchée et contenant le liqui<strong>de</strong> carbonaté<br />
sous pression ;<br />
• introduction du haut <strong>de</strong> la bouteille dans une coiffe métallique<br />
étanche balayée par un gaz vecteur (hélium) ;<br />
• mesure <strong>de</strong> la quantité <strong>de</strong> dioxy<strong>de</strong> <strong>de</strong> carbone sortant du bouchage<br />
et entraînée par le gaz vecteur :<br />
. le gaz traverse une boucle d’échantillonnage <strong>de</strong> volume constant,<br />
. une vanne automatisée permet l’injection <strong>de</strong> volume dans le<br />
circuit d’un chromatographe en phase gazeuse,<br />
. l’opération d’injection est répétée jusqu’à stabilisation <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
valeurs mesurées ;<br />
• température : 23° C ;<br />
• humidité du gaz vecteur : 0 % HR.<br />
Remarques :<br />
• à noter que ces mesures sont réalisées à pression atmosphérique<br />
(le système <strong>de</strong> bouchage n’est pas mis sous pression),<br />
• ces mesures, généralement réalisées dans l’air (21 % d’oxygène),<br />
peuvent l’être également après saturation <strong>de</strong> l’atmosphère à l’oxygène,<br />
par adaptation sur le goulot collé d’une coiffe dans laquelle<br />
circule un flux d’oxygène pur.<br />
1.2.3 ANALYSE DES COMPOSÉS SOUFRÉS<br />
Les analyses ont été réalisées à l’Université <strong>de</strong> Bor<strong>de</strong>aux II (V.<br />
Lavigne, D. Dubourdieu) selon la métho<strong>de</strong> décrite par ces auteurs (6).<br />
Séparation et détection :<br />
Les composés soufrés légers sont séparés par chromatograhie en<br />
phase gazeuse sur un chromatographe HP 5890-I, équipé d’une colonne<br />
(4 m, 1/8 inch) remplie d’un support Chromosorb WHP 80-100<br />
mesch imprégné à 12 % <strong>de</strong> la phase stationnaire DC 200. Le gaz vecteur<br />
utilisé est l’azote (250 KPa, 15,5 mL/mn). La température est<br />
programmée <strong>de</strong> 65° C (isotherme initiale 5 mn) à 110°C à raison <strong>de</strong><br />
6° C/mn. L’injection est pratiquée à 115° C.<br />
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LES VINS - LE CAS PARTICULIER DU CHAMPAGNE (2 ÈME PARTIE)<br />
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Le détecteur utilisé est un détecteur à photométrie <strong>de</strong> flamme (FPD),<br />
<strong>de</strong> type simple flamme, HP-19256-A, calé à la longueur d’on<strong>de</strong> d’émission<br />
du soufre (I = 393 nm) grâce à un filtre interférentiel. Ce détecteur<br />
est maintenu à 200° C et alimenté par H 2 = 93 mL/mn,<br />
O 2 + H 2 = 100 mL/mn, N 2 55 mL/mn.<br />
Préparation <strong><strong>de</strong>s</strong> échantillons pour le dosage :<br />
Les échantillons sont analysés selon la technique dite <strong>de</strong> « l’espace <strong>de</strong><br />
tête » dans les conditions suivantes :<br />
Le vin à doser est placé dans une <strong>de</strong>mi-bouteille (375 mL) à laquelle<br />
on soustrait 75 mL <strong>de</strong> l’échantillon. L’échantillon à analyser est fermé<br />
hermétiquement à l’ai<strong>de</strong> d’un bouchon à jupe rabattable. Après<br />
24 heures à température ambiante et à l’obscurité afin d’éviter l’apparition<br />
d’éventuels « goûts <strong>de</strong> lumière », prélèvement d’un volume connu<br />
<strong>de</strong> gaz à l’ai<strong>de</strong> d’une seringue à insuline. Injection <strong>de</strong> 1 ml.<br />
1.2.4 ANALYSE SENSORIELLE<br />
Les dégustations ont été réalisées à l’aveugle par un jury expérimenté<br />
d’œnologues et <strong>de</strong> chefs <strong>de</strong> cave. Le jury (10 à 15 personnes) s’accor<strong>de</strong><br />
sur un vocabulaire visant à caractériser les niveaux d’oxydation<br />
ou <strong>de</strong> réduction du champagne sur une échelle <strong>de</strong> 0 à 5 (0 = nul,<br />
5 = fort).<br />
Les vins présentant <strong><strong>de</strong>s</strong> notes plutôt soufrées, animales, fermentaires,<br />
sont notés à « tendance réduite ». Les arômes qualifiés <strong>de</strong> fruits cuits,<br />
fruits mûrs, compotés, sont associés à <strong><strong>de</strong>s</strong> caractères « d’oxydation ».<br />
Les dégustateurs doivent apprécier rapi<strong>de</strong>ment le type d’évolution du<br />
vin et ce sur 10 bouteilles par lot, codées, réparties au hasard sur les<br />
postes parmi l’ensemble <strong><strong>de</strong>s</strong> bouteilles à déguster (maximum<br />
30 bouteilles, soit 3 lots <strong>de</strong> 10 bouteilles).<br />
Les résultats sont représentés sous forme <strong>de</strong> diagramme en bâtons ou<br />
<strong>de</strong> camemberts colorés. Les notations sont regroupées <strong>de</strong> la manière<br />
suivante :<br />
• jaune = 0, 1 réduction ou 1 oxydation,<br />
• orange = 2 et 3 oxydation<br />
• rouge = 4 et 5 oxydation<br />
• vert clair = 2 et 3 réduction<br />
• vert foncé = 4 et 5 réduction<br />
Les notes moyennes du jury permettent d’avoir ainsi une idée du profil<br />
sensoriel <strong>de</strong> chaque vin noté par ce panel.<br />
Photo 3 : Salle <strong>de</strong> dégustation<br />
2. LES APPORTS D’OXYGÈNE DURANT LA VIE DU CHAMPAGNE,<br />
DE LA MISE EN BOUTEILLES À LA CONSOMMATION<br />
Les sources d’enrichissement d’un vin en oxygène lors <strong><strong>de</strong>s</strong> étapes en<br />
cuverie ont été abordées dans la première partie <strong>de</strong> cet article. Dans<br />
cette <strong>de</strong>uxième partie seront traitées les étapes <strong>de</strong> la mise en bouteilles<br />
à la consommation du vin.<br />
Dans la métho<strong>de</strong> d’élaboration d’un champagne, le vin <strong>de</strong> base est tout<br />
d’abord stabilisé par le froid et filtré. Il sert à préparer la mixtion <strong>de</strong><br />
tirage.<br />
La mixtion <strong>de</strong> tirage est un mélange <strong>de</strong> ce vin, avec du sucre (24 g/L)<br />
apporté sous forme d’une liqueur concentrée (500 g <strong>de</strong> saccharose par<br />
litre <strong>de</strong> vin), avec <strong><strong>de</strong>s</strong> levures préalablement cultivées sous forme d’un<br />
levain et pour finir <strong><strong>de</strong>s</strong> adjuvants. Ces adjuvants sont généralement<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> bentonites ou un mélange bentonite-alginate, dont le rôle est <strong>de</strong><br />
faciliter le remuage ultérieur du vin.<br />
Lors du tirage, la mixtion est mise en bouteilles. Suite à ces opérations,<br />
le vin contient quelques milligrammes d’oxygène par litre, auxquels<br />
s’ajoute l’oxygène contenu dans l’espace <strong>de</strong> tête <strong>de</strong> la bouteille entre le<br />
liqui<strong>de</strong> et la capsule.<br />
Dans le cas du champagne, cet oxygène est rapi<strong>de</strong>ment consommé par<br />
les levures lors <strong>de</strong> la prise <strong>de</strong> mousse (7). Elles produisent au cours <strong>de</strong><br />
cette fermentation environ 12 grammes <strong>de</strong> gaz carbonique (CO 2 ) par<br />
litre <strong>de</strong> vin, soit 8 bars <strong>de</strong> pression à 20° C et amènent la concentration<br />
en oxygène à une valeur proche <strong>de</strong> zéro après seulement quelques<br />
jours.<br />
Puis intervient le stockage <strong><strong>de</strong>s</strong> vins dit sur lattes pendant <strong>de</strong> nombreux<br />
mois, voire plusieurs années. Au cours <strong>de</strong> cette pério<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> microéchanges<br />
gazeux se produisent entre l’intérieur et l’extérieur <strong>de</strong> la<br />
bouteille.<br />
En effet, les pressions partielles d’oxygène et <strong>de</strong> gaz carbonique<br />
ten<strong>de</strong>nt en permanence à s’équilibrer avec celles <strong>de</strong> l’atmosphère du<br />
local <strong>de</strong> stockage. De ce fait, <strong>de</strong> petites quantités d’oxygène entrent<br />
dans la bouteille pendant que <strong>de</strong> faibles quantités du gaz carbonique<br />
s’en échappent.<br />
La vitesse <strong>de</strong> ces échanges, donc les volumes <strong>de</strong> gaz induits,<br />
dépen<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la nature du joint <strong>de</strong> la capsule, <strong>de</strong> la régularité <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
fournitures (épaisseur du joint, géométrie du col <strong>de</strong> la bouteille) et <strong>de</strong><br />
la qualité du sertissage. Ce constat a conduit à remplacer les anciennes<br />
capsules à joint liège par une gamme <strong>de</strong> capsules à joint synthétique<br />
(8, 9, 10, 11) permettant <strong>de</strong> contrôler le niveau <strong><strong>de</strong>s</strong> échanges gazeux<br />
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<strong>Vinification</strong><br />
et d’assurer la régularité entre bouteilles d’un même lot, quand les<br />
conditions <strong>de</strong> sertissage sont rigoureusement contrôlées.<br />
Photo 4 : bouteilles sur chaîne<br />
L’oxygène qui rentre est sans doute consommé majoritairement par le<br />
vin car les levures déposées au fond <strong>de</strong> la bouteille ont vraisemblablement<br />
peu accès à cet oxygène. Une étu<strong>de</strong> est en cours pour préciser la<br />
part <strong>de</strong> consommation due au vin <strong>de</strong> celle due aux levures.<br />
En tout état <strong>de</strong> cause, la consommation d’oxygène dans le vin est<br />
toujours plus rapi<strong>de</strong> que son entrée par le bouchage puisque la<br />
concentration instantanée en oxygène d’un vin sur lattes est toujours<br />
voisine <strong>de</strong> zéro et cela quel que soit l’âge du vin.<br />
La quantité d’oxygène ainsi apportée, selon la capsule utilisée, influe<br />
directement sur l’évolution <strong><strong>de</strong>s</strong> caractéristiques sensorielles du vin au<br />
cours <strong>de</strong> son séjour sur lattes.<br />
À l’issue du vieillissement sur lattes et après remuage, les champagnes<br />
sont dégorgés et dosés.<br />
Au sta<strong>de</strong> du dégorgement, l’opération est brutale puisque le vin est<br />
remis à pression atmosphérique après éjection du dépôt à l’ouverture<br />
<strong>de</strong> la bouteille. Le vin perd environ 0,5 bar <strong>de</strong> pression soit environ<br />
1 g/L <strong>de</strong> gaz carbonique. Au cours <strong>de</strong> cette opération, malgré l’échappement<br />
<strong>de</strong> gaz carbonique, une quantité non négligeable d’oxygène<br />
entre dans le ciel gazeux <strong>de</strong> la bouteille ouverte et se retrouve enfermé<br />
par le biais du bouchage d’expédition.<br />
L’oxygène se dissout alors progressivement dans le vin.<br />
Vidal et al (12) donne <strong><strong>de</strong>s</strong> apports moyens <strong>de</strong> 1,6 mg/L pour <strong><strong>de</strong>s</strong> lignes<br />
d’embouteillage fixes et 1,43 mg/L pour <strong><strong>de</strong>s</strong> lignes mobiles. Ferrarini<br />
(13) indique pour sa part 1,2 mg/L. Ces valeurs paraissent faibles, soit<br />
elles n’intègrent pas l’oxygène apporté par l’espace <strong>de</strong> tête, soit celui-ci<br />
a été parfaitement inerté. Les informations fournies dans les articles ne<br />
sont pas explicites à ce sujet.<br />
Par le calcul, on peut se rendre compte qu’un centilitre d’espace <strong>de</strong><br />
tête, s’il est constitué uniquement d’air, apporte 2,85 mg d’oxygène au<br />
vin. Cet oxygène va diffuser progressivement <strong>de</strong> la phase gazeuse vers<br />
le liqui<strong>de</strong>, puis sera consommé par le vin. Dans une bouteille <strong>de</strong> champagne<br />
<strong>de</strong> 75 cl, capsulée après tirage, l’espace <strong>de</strong> tête représente<br />
2,5 cl d’air soit un apport théorique maximal <strong>de</strong> 7,12 mg d’O 2 par bouteille,<br />
soit au maximum 9,79 mg par litre <strong>de</strong> vin tiré.<br />
Des mesures ont été réalisées en Champagne dans différentes maisons<br />
lors <strong>de</strong> la répartition en bouteilles <strong>de</strong> la mixtion <strong>de</strong> tirage. Pour les<br />
bouteilles qui se succè<strong>de</strong>nt immédiatement sur la chaîne, les teneurs<br />
en oxygène <strong><strong>de</strong>s</strong> vins sont sensiblement équivalentes (voir tableau 1).<br />
Tableau 1 : Teneurs en oxygène dissous (mg/L) <strong><strong>de</strong>s</strong> vins lors <strong>de</strong> la<br />
mise en bouteilles <strong>de</strong> mixtion <strong>de</strong> tirage<br />
Avec le bouchage d’expédition, on retrouve les mêmes phénomènes<br />
que ceux décrits pour le bouchage couronne, à savoir <strong><strong>de</strong>s</strong> microéchanges<br />
par ce bouchage liés à l’équilibrage <strong><strong>de</strong>s</strong> pressions partielles<br />
en gaz carbonique et oxygène du vin avec celles <strong>de</strong> l’atmosphère.<br />
L’oxygène apporté par le dégorgement et celui qui passe par le bouchage<br />
d’expédition sont consommés lentement par le vin.<br />
La vitesse <strong>de</strong> cette consommation est fonction <strong>de</strong> la composition du vin<br />
et <strong>de</strong> sa température lors du stockage. Cette <strong>de</strong>rnière phase <strong>de</strong><br />
consommation d’oxygène contribuera à la poursuite <strong>de</strong> l’évolution du<br />
vin dans la cave <strong>de</strong> l’élaborateur, puis chez le distributeur et, enfin,<br />
chez le consommateur.<br />
2.1 LES APPORTS D’OXYGÈNE LORS DES OPÉRATIONS<br />
DE MISE EN BOUTEILLES ET CONSERVATION<br />
En revanche, ces apports diffèrent au cours <strong>de</strong> l’opération <strong>de</strong> tirage<br />
elle-même. Dans l’exemple rapporté dans le tableau 2, figurent les<br />
valeurs obtenues dans les bouteilles (moyenne <strong>de</strong> 3 bouteilles) en<br />
fonction du niveau <strong>de</strong> la mixtion restant dans la cuve.<br />
Tableau 2 : Teneurs en oxygène dissous (mg/L) dans la cuve <strong>de</strong><br />
mixtion.<br />
2.1.1 TIRAGE ET PRISE DE MOUSSE<br />
L’oxygène présent dans un vin à l’issue d’une opération d’embouteillage<br />
peut avoir trois origines :<br />
• la teneur en oxygène du vin lui-même, suite aux traitements et<br />
transfert qui précè<strong>de</strong>nt son arrivée dans la cuve qui alimente la<br />
tireuse ;<br />
• l’oxygène apporté par l’opération <strong>de</strong> mise en bouteilles elle-même :<br />
circuit, tireuse, « pousse » à l’air, etc. ;<br />
• l’oxygène présent dans l’espace <strong>de</strong> tête compris entre le vin et le<br />
bouchage emprisonné lors du bouchage et qui se dissout progressivement<br />
dans le vin.<br />
Article technique RFOE n°222<br />
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LES VINS - LE CAS PARTICULIER DU CHAMPAGNE (2 ÈME PARTIE)<br />
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<strong>Vinification</strong><br />
On observe visuellement, mais aussi au travers <strong><strong>de</strong>s</strong> analyses, l’effet<br />
fond <strong>de</strong> cuve où la mixtion arrivant au niveau <strong><strong>de</strong>s</strong> palles <strong>de</strong> l’agitateur.<br />
Cet effet est moindre dans les cuves disposant d’un agitateur avec<br />
plusieurs palles réparties sur l’axe. La teneur en oxygène dans le vin<br />
embouteillé est donc fonction <strong>de</strong> celle <strong>de</strong> la mixtion, <strong>de</strong> l’apport par la<br />
tireuse et <strong>de</strong> celle <strong>de</strong> l’espace <strong>de</strong> tête <strong>de</strong> chaque bouteille.<br />
L’oxygène enfermé dans la bouteille au tirage est consommé intégralement<br />
et en quelques jours par les levures (7). On peut donc considérer<br />
que cet apport important, et qui peut être hétérogène d’une bouteille à<br />
l’autre lors <strong>de</strong> la mise en bouteilles, a vraisemblablement un effet limité<br />
sur l’évolution future d’un champagne. On ne peut en dire autant dans<br />
le cas d’un vin tranquille.<br />
Les mesures <strong>de</strong> pertes en gaz carbonique et d’entrées d’oxygène sont<br />
donc bien en corrélation et les échanges gazeux au travers du bouchage<br />
correspon<strong>de</strong>nt bien à un phénomène <strong>de</strong> diffusion.<br />
Les pertes en CO 2 mesurées sont <strong>de</strong> 0,12 à 0,56 mL par an selon la<br />
capsule utilisée. En pratique, l’on constate effectivement <strong><strong>de</strong>s</strong> pertes <strong>de</strong><br />
pression <strong>de</strong> près <strong>de</strong> 2 bars en 10 ans pour les capsules les plus<br />
« ouvertes ». Les volumes d’entrée d’oxygène sont environ 200 fois<br />
plus faibles (6 à 19.10 -4 mL/24 h), soit <strong><strong>de</strong>s</strong> apports dans le vin <strong>de</strong> respectivement<br />
0,42 mg/L à 1,32 mg/L par an pour les capsules testées<br />
ici, 0,4 à 1,7 mg/L pour les capsules présentes sur le marché.<br />
Schéma 2 : Bouchage couronne<br />
Schéma 1 : Tirage et prise <strong>de</strong> mousse<br />
2.1.2 LE SÉJOUR DES VINS SUR LATTES<br />
Pendant très longtemps, une bouteille en prise <strong>de</strong> mousse a été considérée<br />
comme un récipient clos, sans échange avec l’extérieur, limitant<br />
la maturation d’un champagne aux seuls effets <strong>de</strong> l’autolyse <strong><strong>de</strong>s</strong> levures<br />
(14). En fait, il n’en est rien, aucun bouchage œnologique n’est<br />
parfaitement étanche aux gaz. Dans le cas <strong><strong>de</strong>s</strong> vins effervescents élaborés<br />
en bouteilles, <strong>de</strong> faibles quantités <strong>de</strong> gaz carbonique s’échappent<br />
et <strong>de</strong> l’oxygène entre malgré la pression interne <strong>de</strong> CO 2 . Les pressions<br />
partielles <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux gaz ten<strong>de</strong>nt à s’équilibrer entre l’intérieur et<br />
l’extérieur <strong>de</strong> la bouteille. Ces échanges sont faibles mais mesurables.<br />
Depuis <strong>de</strong> nombreuses années, les capsules à joint synthétique du<br />
marché champenois sont caractérisées par les valeurs <strong><strong>de</strong>s</strong> pertes en<br />
CO 2 qu’elles confèrent au bouchage après tirage (10, 11).<br />
Récemment, une étu<strong>de</strong> complémentaire a été <strong>de</strong>mandée au Laboratoire<br />
National d’Essais (LNE) sur <strong><strong>de</strong>s</strong> bouchages couronne réalisés dans<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> conditions <strong>de</strong> sertissage standardisées en laboratoire (force <strong>de</strong><br />
compression et diamètre <strong>de</strong> sertissage maîtrisés). Les mesures sont<br />
réalisées dans l’air et dans l’oxygène pur (15) selon la métho<strong>de</strong> décrite<br />
dans « matériels et métho<strong><strong>de</strong>s</strong> ».<br />
Aux erreurs expérimentales près, les valeurs sont concordantes entre<br />
l’air et l’oxygène pur (tableau 3). Ramené à 1 bar <strong>de</strong> pression, le rapport<br />
« perte en CO 2 » sur « entrée d’O 2 » varie <strong>de</strong> 5 à 8 selon les capsules.<br />
Ce coefficient est proche <strong>de</strong> celui obtenu habituellement dans les<br />
phénomènes <strong>de</strong> diffusion <strong><strong>de</strong>s</strong> matières plastiques.<br />
Il faut tout <strong>de</strong> même prendre ces valeurs avec pru<strong>de</strong>nce compte tenu<br />
<strong>de</strong> la méthodologie <strong>de</strong> mesure et <strong>de</strong> l’incertitu<strong>de</strong> attachée à la mesure<br />
<strong>de</strong> très faibles échanges gazeux. De surcroît, l’erreur éventuelle <strong>de</strong><br />
cette mesure, réalisée sur 24 heures, est multipliée par le facteur<br />
temps. Les valeurs relatives entre capsules sont cependant correctes et<br />
confirmées par les résultats <strong>de</strong> dégustation qui seront exposés plus loin.<br />
Pour <strong><strong>de</strong>s</strong> vins séjournant 5 à 10 ans en cave, les apports en oxygène<br />
peuvent ainsi atteindre plusieurs mg/L, ce qui est considérable par<br />
rapport aux valeurs évoquées jusqu’à présent. Pour mémoire, les capsules<br />
à joint liège utilisées autrefois se situaient à <strong><strong>de</strong>s</strong> valeurs moyennes<br />
dans le haut <strong>de</strong> la fourchette (1,5 mg/L/an calculé), avec une très<br />
forte hétérogénéité au sein d’un même lot <strong>de</strong> fabrication.<br />
Malgré ces entrées d’oxygène, on ne trouve jamais d’oxygène ou que<br />
<strong>de</strong> faibles traces dans les champagnes sur lattes, lors <strong>de</strong> leur séjour en<br />
cave. Il est consommé au fur et à mesure qu’il entre dans la bouteille.<br />
Influence <strong>de</strong> la capsule sur l’évolution sensorielle <strong><strong>de</strong>s</strong> vins<br />
De nombreuses expérimentations ont été réalisées <strong>de</strong>puis 1989 pour<br />
montrer l’influence <strong><strong>de</strong>s</strong> échanges gazeux au travers du bouchage couronne<br />
sur l’évolution <strong><strong>de</strong>s</strong> champagnes au cours <strong>de</strong> leur séjour sur<br />
lattes, en cave.<br />
Schéma 3 : Capsule et évolution sensorielle<br />
Tableau 3 : Pertes en CO 2 et entrées d’O 2 en cm 3 /24 h pour trois<br />
capsules utilisées en Champagne<br />
L’exemple rapporté ci-après (Figure 1) est celui d’un même vin <strong>de</strong><br />
base tiré avec trois capsules différentes, notées A, B et C. Grâce aux<br />
données connues sur ces capsules (10), on peut estimer les apports<br />
d’oxygène induits par le bouchage respectivement <strong>de</strong> 0,35 - 1 et<br />
2,5 mg/L par an.<br />
Article technique RFOE n°222<br />
LES APPORTS D’OXYGÈNE EN VINIFICATION ET LEURS IMPACTS SUR<br />
LES VINS - LE CAS PARTICULIER DU CHAMPAGNE (2 ÈME PARTIE)<br />
Michel VALADE<br />
Page 21
<strong>Vinification</strong><br />
Les résultats sont très cohérents, même si les différences <strong>de</strong>viennent<br />
nettement plus perceptibles après <strong>de</strong>ux ans <strong>de</strong> vieillissement sur lattes<br />
et s’accentuent au fil <strong><strong>de</strong>s</strong> années.<br />
En toute rigueur, il est toutefois inexact <strong>de</strong> comparer les sta<strong><strong>de</strong>s</strong> entre<br />
eux dans la mesure où les juges ne sont pas forcément les mêmes à<br />
chaque séance et que les jugements sensoriels <strong><strong>de</strong>s</strong> dégustateurs sont<br />
relatifs à la série <strong>de</strong> vins dégustés, pour un sta<strong>de</strong> donné. Ainsi <strong><strong>de</strong>s</strong> vins<br />
jugés à caractère « réduit » à six ans sont perçus <strong>de</strong> cette manière<br />
parce qu’ils sont comparés, dans la même dégustation, avec <strong><strong>de</strong>s</strong> bouteilles<br />
du même vin avec un profil très oxydé.<br />
Avec la capsule B, les vins qui ont un profil plus centré évoluent légèrement<br />
vers <strong><strong>de</strong>s</strong> arômes <strong>de</strong> fruits cuits, mais conservent un beau potentiel<br />
<strong>de</strong> gar<strong>de</strong>. Les vins élaborés avec la capsule C sont marqués par <strong>de</strong><br />
forts caractères d’oxydation. Après dix ans, ces <strong>de</strong>rniers vins ont été<br />
jugés comme passés, usés. La capsule C a d’ailleurs été rapi<strong>de</strong>ment<br />
retirée du commerce et il a été <strong>de</strong>mandé aux fabricants <strong>de</strong> proposer au<br />
marché <strong><strong>de</strong>s</strong> capsules dont les échanges gazeux conférés au bouchage<br />
n’excè<strong>de</strong>nt pas 0,8 cm 3 <strong>de</strong> CO 2 par 24 heures.<br />
Ces données <strong>de</strong> dégustation sont d’ailleurs parfaitement corrélées aux<br />
caractéristiques chromatiques mesurées sur ces mêmes vins (9, 10).<br />
Ces expérimentations ont été effectuées plusieurs dizaines <strong>de</strong> fois au<br />
cours <strong>de</strong> ces 15 <strong>de</strong>rnières années. Les résultats sont systématiquement<br />
dans le même sens même s’ils s’expriment <strong>de</strong> façon plus ou moins<br />
prononcée selon le vin <strong>de</strong> base (10). D’où la difficulté du choix <strong>de</strong> la<br />
capsule dans la mesure où l’on ne sait pas, pour l’heure, prédire l’évolution<br />
d’un vin dont on ne connaît ni le potentiel <strong>de</strong> vieillissement ni la<br />
date <strong>de</strong> sa commercialisation puis <strong>de</strong> sa consommation.<br />
L’utilisation <strong>de</strong> joints synthétiques aux caractéristiques reproductibles<br />
permet tout au moins <strong>de</strong> garantir une gran<strong>de</strong> homogénéité sensorielle<br />
sur les vins d’un même lot <strong>de</strong> tirage. À condition cependant <strong>de</strong> parfaitement<br />
définir les conditions <strong>de</strong> sertissage et <strong>de</strong> s’assurer <strong>de</strong> la régularité<br />
<strong>de</strong> ce sertissage tout au long <strong>de</strong> la campagne <strong>de</strong> tirage. Des travaux<br />
sont en cours sur ce sujet.<br />
2.1.3 LE DÉGORGEMENT<br />
Lors du dégorgement les bouteilles sont décapsulées pour évacuer le<br />
dépôt <strong>de</strong> levures et d’adjuvant rassemblés dans le col <strong>de</strong> la bouteille<br />
par le remuage. Au cours <strong>de</strong> cette opération, la bouteille reste ouverte<br />
<strong>de</strong> quelques secon<strong><strong>de</strong>s</strong> à une minute et <strong>de</strong>mie pour les chaînes avec un<br />
long convoyeur entre la remise à niveau et le bouchage. Contrairement<br />
à une idée reçue, les champagnes à ce sta<strong>de</strong> ne sont que partiellement<br />
protégés vis-à-vis <strong><strong>de</strong>s</strong> entrées d’oxygène par le dégazage <strong>de</strong> la bouteille.<br />
Photo 5 : Dégorgement<br />
Des mesures ont été réalisées dans une dizaine d’établissements <strong>de</strong><br />
taille importante, sur <strong><strong>de</strong>s</strong> bouteilles récupérées en bout <strong>de</strong> chaîne<br />
après pose du bouchon d’expédition.<br />
Figure 2 : Concentration en oxygène dissous (mg/L) <strong><strong>de</strong>s</strong> champagnes<br />
après bouchage liège dans différents établissements champenois<br />
(moyenne et écart type)<br />
Figure 1 : Profils sensoriels d’un même champagne à différents sta<strong><strong>de</strong>s</strong><br />
<strong>de</strong> vieillissement sur lattes, en fonction <strong>de</strong> la capsule utilisée<br />
Les commentaires <strong><strong>de</strong>s</strong> dégustateurs sont néanmoins très tranchés,<br />
notamment ceux exprimés après six ans <strong>de</strong> séjour sur lattes. À ce<br />
sta<strong>de</strong>, la capsule A qui induit <strong>de</strong> faibles entrées d’oxygène donne <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
vins très peu évolués avec même <strong><strong>de</strong>s</strong> arômes <strong>de</strong> réduction.<br />
(02) en mg/L<br />
Article technique RFOE n°222<br />
LES APPORTS D’OXYGÈNE EN VINIFICATION ET LEURS IMPACTS SUR<br />
LES VINS - LE CAS PARTICULIER DU CHAMPAGNE (2 ÈME PARTIE)<br />
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<strong>Vinification</strong><br />
Les résultats (Figure 2) montrent que la teneur moyenne en oxygène<br />
dans le vin après équilibrage <strong><strong>de</strong>s</strong> phases liqui<strong>de</strong> et gazeuse est en<br />
moyenne <strong>de</strong> 1 mg/L. Mais cette valeur peut atteindre jusqu’à 5 mg/L<br />
sur certaines machines, en fonction du procédé <strong>de</strong> remise à niveau du<br />
vin après dosage. L’oxygène disponible pour le vin est celui mesuré<br />
dans le vin plus celui contenu dans l’espace <strong>de</strong> tête qui se dissoudra<br />
progressivement, au fur et à mesure <strong>de</strong> la consommation par le vin.<br />
Dans le cas d’un champagne bouché liège, le calcul montre que la<br />
teneur en oxygène qui sera apportée au vin par l’espace <strong>de</strong> tête est<br />
équivalente à celle dissoute dans le vin, mesuré après bouchage et<br />
équilibrage <strong><strong>de</strong>s</strong> phases. Les valeurs mini et maxi mesurées sont <strong>de</strong> 0,7<br />
à 5 mg/L selon les chantiers donc potentiellement 1,4 à 10 mg/L avec<br />
l’apport <strong>de</strong> l’espace <strong>de</strong> tête. Par ailleurs, ces valeurs peuvent être très<br />
fluctuantes d’une bouteille à l’autre en fonction <strong><strong>de</strong>s</strong> arrêts machine, <strong>de</strong><br />
la mousse (16) présente dans le col <strong>de</strong> la bouteille, du type <strong>de</strong> bouchon<br />
et <strong><strong>de</strong>s</strong> conditions <strong>de</strong> bouchage. En fait les phénomènes gazeux<br />
qui se produisent lors du bouchage sont assez complexes. En premier<br />
lieu on n’obtient pas les mêmes valeurs avec un bouchage rase-bague<br />
et avec un bouchage rentrant. Ainsi <strong><strong>de</strong>s</strong> champagnes bouchés après<br />
dégorgement-dosage avec une capsule couronne se retrouvent avec<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> teneurs en oxygène supérieures à celles obtenues avec un bouchage<br />
liège qui rentre dans le col. Dans le cas du « rebouchage couronne<br />
» les valeurs sont proches <strong>de</strong> 3 mg/L au lieu <strong>de</strong> 1 mg/l évoqué<br />
précé<strong>de</strong>mment avec le bouchon liège. L’enfoncement du bouchon<br />
provoque un phénomène <strong>de</strong> surpression qui chasse le contenu gazeux<br />
au-<strong><strong>de</strong>s</strong>sus du liqui<strong>de</strong> (17). Ce phénomène <strong>de</strong> chasse est aussi dépendant<br />
<strong>de</strong> l’élasticité du bouchon et <strong>de</strong> sa vitesse d’enfoncement.<br />
En définitive, dans le cas <strong><strong>de</strong>s</strong> vins effervescents, la teneur en oxygène<br />
d’un vin bouché liège après dégorgement va dépendre d’un grand<br />
nombre <strong>de</strong> facteurs parfois difficilement contrôlables qui vont influencer<br />
le volume et la composition du ciel gazeux (% CO 2 , N 2 , O 2 ) <strong>de</strong> la<br />
bouteille (voir Figure 3) :<br />
Figure 3 : Sources d’hétérogénéité sur les teneurs en oxygène au dégorgement<br />
Influence du dégorgement sur l’évolution sensorielle du champagne<br />
Le dégorgement constitue un apport brutal d’oxygène par opposition à<br />
la micro-oxygénation via les capsules. Pour protéger le vin, les élaborateurs<br />
ajoutent traditionnellement du SO 2 , en moyenne 15 à 20 mg/L,<br />
qui est incorporé avec la liqueur d’expédition. Une série d’expérimentations<br />
a été réalisée pour juger <strong>de</strong> l’impact croisé <strong>de</strong> cet apport d’oxygène<br />
et <strong>de</strong> SO 2 sur l’évolution <strong><strong>de</strong>s</strong> caractéristiques sensorielles du<br />
champagne (18).<br />
Pour éviter les apports aromatiques éventuels apportés par le bouchon<br />
liège, les vins après dégorgement ont été recapsulés, même si l’apport<br />
d’oxygène est dans ce cas un peu plus important. Quatre modalités ont<br />
été testées :<br />
• avec oxygène, environ 1,8 mg/L et <strong>de</strong>ux variantes : sans apport <strong>de</strong><br />
SO 2 et avec un ajout <strong>de</strong> SO 2 <strong>de</strong> 15 mg/L,<br />
• sans oxygène par inertage du ciel gazeux à l’azote et les <strong>de</strong>ux<br />
mêmes variantes sans et avec SO 2 à 15 mg/L.<br />
Des suivis <strong>de</strong> la teneur en oxygène dans les vins montrent que l’oxygène<br />
entré au dégorgement est consommé à la même vitesse avec ou<br />
sans apport <strong>de</strong> SO 2 par la liqueur d’expédition (voir Figure 4).<br />
Figure 4 : Consommation <strong>de</strong> l’oxygène après dégorgement<br />
2.0<br />
1.5<br />
1.0<br />
(02) en mg/L<br />
0.5<br />
Avec<br />
SO2<br />
Sans SO2<br />
0.0<br />
D 0<br />
1 3 6 8 12 14 24 mois<br />
En revanche, à la dégustation, réalisée dans les mêmes conditions que<br />
celles décrites précé<strong>de</strong>mment pour les capsules (15 mois après dégorgement),<br />
les vins présentent <strong><strong>de</strong>s</strong> profils radicalement différents. Dans<br />
le premier cas, sans SO 2 , les vins sont caractérisés par <strong><strong>de</strong>s</strong> notes oxydatives,<br />
en orangé sur la Figure 5.<br />
Figure 5 : Influence <strong>de</strong> l’oxygène et du SO 2 , présents dans la bouteille<br />
après bouchage, sur l’évolution sensorielle <strong><strong>de</strong>s</strong> champagnes<br />
• le principe <strong>de</strong> remise à niveau <strong>de</strong> la doseuse ;<br />
• le temps d’ouverture entre remise à niveau et bouchage ;<br />
• le bouchon (élasticité, traitement <strong>de</strong> surface) qui influe sur le phénomène<br />
<strong>de</strong> chasse, mais aussi <strong>de</strong> l’oxygène relargué par le bouchon<br />
lui-même ;<br />
• le process <strong>de</strong> bouchage (ca<strong>de</strong>nce, vitesse d’enfoncement, diamètre<br />
<strong>de</strong> serrage, profon<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> bouchage) ;<br />
• la « nervosité » <strong>de</strong> la cuvée ou les événements <strong>de</strong> process qui<br />
peuvent provoquer un dégazage et la formation <strong>de</strong> mousse<br />
(particules dans le vin, chocs entre bouteilles).<br />
Remarque : Par extrapolation dans les vins tranquilles, le bouchage à<br />
vis entraîne une augmentation <strong>de</strong> la teneur en oxygène dissous du vin<br />
si l’espace <strong>de</strong> tête n’est pas inerté, du fait d’un espace <strong>de</strong> tête plus<br />
grand et <strong>de</strong> l’absence du phénomène <strong>de</strong> chasse.<br />
8 mois après le dégorgement<br />
Sans<br />
SO 2<br />
Avec entrée d’O 2<br />
Protection par<br />
SO 2 utile<br />
Avec<br />
SO 2<br />
Sans<br />
SO 2<br />
Sans entrée d’O 2<br />
« forte réduction »<br />
Trop <strong>de</strong> SO 2<br />
Avec<br />
SO 2<br />
Article technique RFOE n°222<br />
LES APPORTS D’OXYGÈNE EN VINIFICATION ET LEURS IMPACTS SUR<br />
LES VINS - LE CAS PARTICULIER DU CHAMPAGNE (2 ÈME PARTIE)<br />
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<strong>Vinification</strong><br />
En présence <strong>de</strong> SO 2 , le vin est protégé vis-à-vis <strong>de</strong> l’oxydation mais<br />
peut générer <strong><strong>de</strong>s</strong> composés soufrés, qui confèrent au champagne <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
notes dites <strong>de</strong> réduction. Comme on peut le voir sur les <strong>de</strong>ux camemberts<br />
du bas <strong>de</strong> la Figure 5, quand le vin est privé d’oxygène au dégorgement,<br />
l’oxydation est faible même sans apport <strong>de</strong> SO 2 . Dans ce<br />
vin inerté on a même induit, par l’apport <strong>de</strong> SO 2 , <strong><strong>de</strong>s</strong> caractères <strong>de</strong><br />
réduction très marqués (dominante verte en bas et à droite <strong>de</strong> la figure)<br />
plutôt mal jugés par les dégustateurs. Compte tenu <strong><strong>de</strong>s</strong> écarts<br />
entre bouteilles sur les quantités d’O 2 entrées au dégorgement, <strong>de</strong><br />
telles différences sensorielles peuvent parfaitement être observées<br />
dans la pratique sur les bouteilles d’un même lot.<br />
La solution la plus adaptée pour éviter ces déviations sensorielles et<br />
ces risques d’hétérogénéité entre bouteilles est donc <strong>de</strong> chasser l’O 2<br />
entré dans l’espace <strong>de</strong> tête entre la remise à niveau (post-dosage) et<br />
le bouchage d’expédition, en inertant le col <strong>de</strong> la bouteille juste avant<br />
bouchage.<br />
Photo 6 : Inertage<br />
après dégorgement<br />
La réponse est aussi fonction du type <strong>de</strong> vin considéré et <strong>de</strong> la dose <strong>de</strong><br />
SO 2 ajoutée (Figure 5). Ainsi pour le champagne A, huit mois après<br />
dégorgement, une dose <strong>de</strong> 15 mg <strong>de</strong> SO 2 par litre, apportée par la<br />
liqueur, assure une protection satisfaisante alors qu’il faut recourir à<br />
une dose <strong>de</strong> 30 mg <strong>de</strong> SO 2 par litre pour avoir le même effet avec le<br />
champagne B. A contrario, le vin A présente une réduction trop marquée<br />
pour une dose <strong>de</strong> 30 mg <strong>de</strong> SO 2 par litre.<br />
Figure 6 : Evolution sensorielle après dégorgement et sulfitage selon<br />
le type <strong>de</strong> vin<br />
8 mois après le dégorgement<br />
Champagne<br />
A<br />
S0 2 =0<br />
SO 2 =15mg/l<br />
SO 2 =30mg/I<br />
Champagne<br />
B<br />
Cette solution est en cours d’étu<strong>de</strong> pour pouvoir être mise en œuvre<br />
prochainement sur sites aux ca<strong>de</strong>nces industrielles, à l’instar <strong>de</strong> ce que<br />
font les brasseurs pour répondre au même souci <strong>de</strong> protection vis-à-vis<br />
<strong>de</strong> l’oxygène.<br />
2.1.4 LE BOUCHAGE D’EXPÉDITION<br />
Avec le bouchage d’expédition, nous retrouvons les mêmes phénomènes<br />
qu’avec le bouchage couronne, à savoir <strong><strong>de</strong>s</strong> micro-échanges par le<br />
bouchage liés à l’équilibrage <strong><strong>de</strong>s</strong> pressions partielles en gaz carbonique<br />
et oxygène entre le vin et l’atmosphère.<br />
Le C.I.V.C. a fait réaliser <strong><strong>de</strong>s</strong> mesures par le Laboratoire National<br />
d’Essais sur différents bouchages, avec <strong><strong>de</strong>s</strong> bouchons traditionnels<br />
liège comprenant un manche aggloméré et <strong>de</strong>ux ron<strong>de</strong>lles <strong>de</strong> liège<br />
positionnées du côté du vin.<br />
Les sorties <strong>de</strong> CO 2 ont été mesurées selon le protocole décrit dans<br />
matériels et métho<strong><strong>de</strong>s</strong>. Les résultats (Figure 8) montrent que pour un<br />
même lot <strong>de</strong> bouchons, il y a peu <strong>de</strong> variations entre bouteilles d’un<br />
même lot et au cours du temps. Les écarts types sont faibles, du moins<br />
sur les <strong>de</strong>ux ans <strong>de</strong> bouchage étudiés (19).<br />
Figure 8 : Pertes en CO 2 (ml/24 h) du bouchage liège<br />
Dans ces cas <strong>de</strong> forte réduction, les premières analyses <strong><strong>de</strong>s</strong> composés<br />
soufrés légers (voir Figure 7) réalisées à l’Université <strong>de</strong> Bor<strong>de</strong>aux II<br />
(V. Lavigne, D. Dubourdieu) montrent une augmentation du<br />
méthanethiol et surtout <strong>de</strong> l’hydrogène sulfuré.<br />
Figure 7 : Teneur en composés soufrés en fonction du réajustement<br />
en SO 2 du dosage(Lavigne, Dubourdieu)<br />
Pg/l<br />
8 mois après le dégorgement<br />
20<br />
Méthanethiol<br />
15<br />
Hydrogène sulfuré<br />
10<br />
5<br />
0<br />
0 mg/L 15 mg/L 30 mg/L<br />
Ajout <strong>de</strong> SO2<br />
En revanche, il y a une gran<strong>de</strong> hétérogénéité entre lots <strong>de</strong> bouchons<br />
(voir Figure 9) puisque les échanges gazeux peuvent fluctuer <strong>de</strong> 1 à 4<br />
sur un échantillonnage <strong>de</strong> bouchons d’origines différentes.<br />
Article technique RFOE n°222<br />
LES APPORTS D’OXYGÈNE EN VINIFICATION ET LEURS IMPACTS SUR<br />
LES VINS - LE CAS PARTICULIER DU CHAMPAGNE (2 ÈME PARTIE)<br />
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<strong>Vinification</strong><br />
Figure 9 : Pertes en CO 2 (ml/24 h) <strong>de</strong> 19 bouchages liège différents<br />
(une bouteille par lot)<br />
Cette extrapolation n’est cependant pas rigoureuse dans la mesure où<br />
le comportement d’un bouchon liège vis-à-vis <strong><strong>de</strong>s</strong> échanges gazeux ne<br />
peut être assimilé à celui d’un joint <strong>de</strong> capsule. Des mesures complémentaires<br />
(en cours) <strong>de</strong>vraient permettre <strong>de</strong> fournir <strong><strong>de</strong>s</strong> données précises<br />
sur ce point.<br />
On peut cependant penser que le bouchage d’expédition contribue aux<br />
apports d’oxygène avec autant d’intensité (voire plus) que le bouchage<br />
couronne, mais le plus souvent sur une durée plus courte. La durée <strong>de</strong><br />
conservation <strong><strong>de</strong>s</strong> champagnes avec le bouchon d’expédition est généralement<br />
inférieure à celle du bouchage <strong>de</strong> tirage. L’effet dû à l’oxygène<br />
entré via le bouchage est aussi en gran<strong>de</strong> partie masqué par<br />
celui dû à l’oxygène introduit lors du dégorgement, du moins dans les<br />
premiers mois après bouchage.<br />
Schéma 4 : Bouchage<br />
d’expédition<br />
Les pertes en CO 2 varient en effet <strong>de</strong> 0,5 à plus <strong>de</strong> 2 cm 3 par<br />
24 heures. On peut comparer ces valeurs avec celles obtenues pour les<br />
capsules. Dans ces conditions, la moyenne <strong><strong>de</strong>s</strong> bouchons liège se comporterait<br />
vis-à-vis <strong>de</strong> l’oxygène comme les capsules les moins<br />
« barrière ».<br />
3. DISCUSSION<br />
Le travail réalisé sur plus <strong>de</strong> 10 ans permet <strong>de</strong> faire un bilan, même s’il<br />
n’est pas exhaustif, sur les apports d’oxygène au cours <strong>de</strong> l’élaboration<br />
d’un vin (Tableau 4), d’évaluer le poids respectif <strong>de</strong> chacune <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
étapes <strong>de</strong> la vinification et leur impact probable sur le produit final. La<br />
difficulté est que l’on ne connaît pas à ce jour la quantité d’oxygène<br />
nécessaire à chaque vin pour atteindre son optimum <strong>de</strong> maturité. On<br />
peut néanmoins estimer que les effets sont cumulatifs, c’est-à-dire que<br />
l’oxydation connue par un même vin en cuve va en quelque sorte entamer<br />
son potentiel futur à résister à <strong>de</strong> nouvelles expositions à l’oxygène<br />
ou au contraire lui faire atteindre plus rapi<strong>de</strong>ment cet optimum. Reprenons la<br />
chronologie d’élaboration d’un champagne.<br />
Au sta<strong>de</strong> cuverie, les apports cumulés correspondant aux différents<br />
transferts <strong><strong>de</strong>s</strong> vin, à leur stabilisation et à la clarification, représentent<br />
entre 3 et 5 mg/L, sans protection particulière. Cet apport double facilement,<br />
voire triple, en cas <strong>de</strong> soutirage avec aération ou suite au<br />
transport <strong><strong>de</strong>s</strong> vins clairs dans les citernes en vidange (1).<br />
Schéma 5 : Apports d’oxygène – Bilan cuverie<br />
Schéma 6 : Apports d’oxygène - Bilan bouteilles<br />
L’autre paramètre qui distingue les <strong>de</strong>ux sta<strong><strong>de</strong>s</strong> est l’homogénéité ou,<br />
à l’inverse, l’hétérogénéité <strong><strong>de</strong>s</strong> effets sur les vins terminés prêts à être<br />
commercialisés. En cuverie, quelle que soit la source d’apport, elle se<br />
répercute <strong>de</strong> façon homogène sur le vin et n’induira donc pas <strong>de</strong> différences<br />
entre bouteilles.<br />
Schéma 7 : Homogénéité en cuverie<br />
Au sta<strong>de</strong> bouteille, même si certaines valeurs sont encore à affiner, on<br />
peut considérer que l’apport moyen en oxygène pour un champagne<br />
<strong>de</strong> 2 à 3 ans est aussi <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 3 à 5 mg/L. L’exposition à l’oxygène<br />
peut être plus importante pour les champagnes <strong>de</strong> moyenne et<br />
longue gar<strong><strong>de</strong>s</strong> dont la durée <strong>de</strong> conservation peut atteindre plusieurs<br />
dizaines d’années.<br />
Article technique RFOE n°222<br />
LES APPORTS D’OXYGÈNE EN VINIFICATION ET LEURS IMPACTS SUR<br />
LES VINS - LE CAS PARTICULIER DU CHAMPAGNE (2 ÈME PARTIE)<br />
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<strong>Vinification</strong><br />
Tableau 4 : Bilan <strong><strong>de</strong>s</strong> apports d’oxygène (mg/L) lors <strong>de</strong> l’élaboration<br />
d’un vin tranquille ou effervescent type champagne<br />
Au sta<strong>de</strong> bouteilles, les apports d’oxygène sont à la fois aussi importants<br />
en volume, mais ils sont surtout la source principale <strong>de</strong> l’hétérogénéité<br />
entre bouteilles d’une même cuvée.<br />
Sur le Schéma 8 ci-<strong><strong>de</strong>s</strong>sous, on peut visualiser où se situent ces sources<br />
d’hétérogénéité et évaluer les progrès, accomplis ou en cours, pour<br />
améliorer encore la régularité entre bouteilles d’un même lot.<br />
Schéma 8 : Hétérogénéité en bouteilles (les points <strong>de</strong> couleurs différentes<br />
représentent schématiquement l’hétérogénéité entre bouteilles,<br />
en fonction <strong>de</strong> l’oxygène reçu)<br />
Au tirage, les vins ont <strong><strong>de</strong>s</strong> teneurs en oxygène assez variables, mais la<br />
prise <strong>de</strong> mousse rétablit l’homogénéité. Pendant le séjour sur lattes, le<br />
changement <strong><strong>de</strong>s</strong> capsules à joint liège par <strong><strong>de</strong>s</strong> capsules à joint synthétique<br />
a constitué un progrès considérable pour la filière, en matière <strong>de</strong><br />
régularité entre bouteilles. Toutefois, le choix <strong>de</strong> la capsule doit être<br />
bien réfléchi et la décision dépend <strong>de</strong> chaque cuvée et <strong>de</strong> sa <strong><strong>de</strong>s</strong>tination<br />
commerciale. L’autre exigence sur ce poste est une parfaite maîtrise<br />
du sertissage, tout au long <strong>de</strong> la campagne. Le dégorgement<br />
représente le poste où la variabilité entre bouteilles est potentiellement<br />
la plus forte, du fait d’apports instantanés importants et avec <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
écarts entre bouteilles qui peuvent être considérables, <strong>de</strong> 0 à 10 mg/L<br />
pour les extrêmes. La para<strong>de</strong> passe nécessairement par l’inertage du<br />
ciel gazeux <strong>de</strong> la bouteille. Ce procédé permet <strong>de</strong> limiter le sulfitage<br />
qui constitue une solution imparfaite et même une source supplémentaire<br />
d’irrégularités entre bouteilles, en générant <strong><strong>de</strong>s</strong> arômes soufrés<br />
peu souhaitables.<br />
Pour l’ultime étape du bouchage d’expédition, on retrouve une problématique<br />
i<strong>de</strong>ntique à celle <strong><strong>de</strong>s</strong> capsules <strong>de</strong> tirage même si le liège est<br />
un matériau plus complexe qu’un joint <strong>de</strong> capsule. Il n’est pas inerte<br />
car susceptible <strong>de</strong> libérer <strong><strong>de</strong>s</strong> composés favorables ou défavorables<br />
dans le vin, il est par nature hétérogène et pour finir son comportement<br />
peut évoluer au cours du temps du fait <strong>de</strong> son contact avec le<br />
vin. Nul doute que les évolutions du bouchage d’expédition<br />
(boucheuses, bouchons, etc.) <strong>de</strong>vront à l’avenir prendre en compte la<br />
maîtrise <strong><strong>de</strong>s</strong> échanges gazeux.<br />
Si l’on fait abstraction <strong>de</strong> certaines pratiques particulières évoquées<br />
précé<strong>de</strong>mment, comme le transport dans <strong><strong>de</strong>s</strong> citernes en vidange ou<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> soutirages avec envoi par le haut <strong>de</strong> la cuve, les données du<br />
tableau 4 montrent que le sta<strong>de</strong> bouteille est en fait primordial en ce<br />
qui concerne les apports d’oxygène que connaît un vin, notamment<br />
dans le cas <strong><strong>de</strong>s</strong> vins effervescents élaborés en bouteilles qui ont <strong>de</strong>ux<br />
bouchages successifs. Le raisonnement peut être élargi à tous les vins<br />
tranquilles <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>, notamment quand les précautions d’inertage ne<br />
sont pas prises à la mise en bouteilles.<br />
Cette prise en compte <strong>de</strong> l’oxygène dans les opérations d’embouteillage<br />
et <strong>de</strong> bouchage a été trop longtemps négligée en œnologie, alors<br />
que dans la vie <strong><strong>de</strong>s</strong> vins <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> ce sta<strong>de</strong> là n’est souvent que celui<br />
<strong>de</strong> l’adolescence.<br />
Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> la maîtrise du vieillissement, ce thème <strong>de</strong> l’oxygène en<br />
vinification est la source <strong>de</strong> réponses, au moins partielles, à <strong><strong>de</strong>s</strong> questions<br />
que se posent les professionnels et les consommateurs. Certaines<br />
d’entre elles sont un peu anecdotiques, d’autres, au contraire, sont<br />
fondamentales pour notre filière comme celles <strong>de</strong> l’hétérogénéité d’évolution<br />
entre les bouteilles d’un même lot ou celles <strong>de</strong> l’aptitu<strong>de</strong> au<br />
vieillissement d’un vin.<br />
3.1 VARIABILITÉ ENTRE BOUTEILLES D’UNE MÊME CUVÉE<br />
Le constat d’hétérogénéité entre bouteilles que nous venons <strong>de</strong> faire<br />
sur les vins effervescents est extrapolable à tous les vins, alors que l’on<br />
évoque souvent <strong><strong>de</strong>s</strong> phases <strong>de</strong> maturation ou <strong><strong>de</strong>s</strong> évolutions cycliques<br />
du vin. Ne sont-elles pas la plupart du temps que les fluctuations sensorielles<br />
liées aux variations <strong><strong>de</strong>s</strong> échanges gazeux bouteille à bouteille<br />
Qu’en serait-il en garantissant une homogénéisation <strong><strong>de</strong>s</strong> échanges<br />
gazeux <strong><strong>de</strong>s</strong> bouchons pour un même lot <strong>de</strong> bouteilles L’exemple<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> capsules couronne du bouchage <strong>de</strong> tirage est révélateur. Les professionnels<br />
du champagne reconnaissent à ce jour que la maîtrise <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
entrées d’oxygène, grâce au remplacement <strong><strong>de</strong>s</strong> joints liège par <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
joints synthétiques, permet une remarquable homogénéité entre bouteilles<br />
et le contrôle <strong>de</strong> l’évolution d’un vin.<br />
Malgré cela, certains vinificateurs préten<strong>de</strong>nt que la différence d’évolution<br />
sensorielle entre bouteilles fait partie <strong>de</strong> la « magie » du vin. En<br />
tant que consommateur, lorsque l’on ouvre <strong><strong>de</strong>s</strong> bouteilles (parfois<br />
cher) « la magie » s’évanouit quand la première bouteille est superbe<br />
et que sa petite sœur issue <strong>de</strong> la même caisse est plus que décevante.<br />
La maîtrise <strong><strong>de</strong>s</strong> échanges gazeux du bouchage est donc une voie <strong>de</strong><br />
progrès et <strong>de</strong> satisfaction indéniables pour la profession vinicole et<br />
pour la clientèle.<br />
3.2 L’EXPÉRIMENTATION ŒNOLOGIQUE<br />
On peut s’interroger sur la qualité <strong><strong>de</strong>s</strong> réponses <strong>de</strong> certaines expérimentations<br />
dans lesquelles les auteurs cherchent à juger <strong>de</strong> l’impact<br />
sur le vieillissement d’un vin, d’une technique <strong>de</strong> vinification, ou d’une<br />
pratique comme le séjour sur lies par exemple, voire d’un phénomène<br />
comme l’autolyse, sans prendre en considération l’oxygène et sans<br />
maîtriser les conditions <strong>de</strong> mise en bouteilles et <strong>de</strong> bouchage.<br />
De la même façon, à l’heure actuelle, beaucoup d’étu<strong><strong>de</strong>s</strong> sont mises en<br />
place pour étudier l’effet <strong><strong>de</strong>s</strong> échanges gazeux <strong>de</strong> différents types <strong>de</strong><br />
bouchons. Quand les teneurs en oxygène du vin et <strong>de</strong> l’espace <strong>de</strong> tête<br />
ne sont pas contrôlées, il est illusoire <strong>de</strong> vouloir évaluer le rôle du bouchon<br />
sur l’évolution oxydative <strong><strong>de</strong>s</strong> vins.<br />
En effet, dans ce cas, l’entrée d’oxygène via le bouchon est négligeable,<br />
du moins dans les premiers mois, par rapport à l’oxygène contenu<br />
dans le vin lui-même et l’espace <strong>de</strong> tête <strong>de</strong> la bouteille. De surcroît la<br />
teneur en oxygène d’un vin après embouteillage est souvent très variable<br />
d’une bouteille à l’autre.<br />
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LES APPORTS D’OXYGÈNE EN VINIFICATION ET LEURS IMPACTS SUR<br />
LES VINS - LE CAS PARTICULIER DU CHAMPAGNE (2 ÈME PARTIE)<br />
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<strong>Vinification</strong><br />
L’oxygène et la variation <strong>de</strong> sa teneur peuvent ainsi conduire à <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
conclusions erronées, notamment sur les vins les plus sensibles à l’oxydation<br />
que sont les vins blancs et rosés. Beaucoup <strong>de</strong> réponses significatives<br />
à <strong><strong>de</strong>s</strong> tests triangulaires <strong>de</strong> dégustation ne sont-elles pas d’ailleurs<br />
que <strong><strong>de</strong>s</strong> variations bouteille à bouteille dues à l’oxygène <br />
3.3 LA DURÉE DE VIE DES VINS<br />
Lorsque l’on évoque les potentialités <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> d’un vin ou <strong><strong>de</strong>s</strong> phénomènes<br />
d’oxydation prématurée, il est très rare que l’on se pose la<br />
question <strong>de</strong> ses conditions <strong>de</strong> protection vis-à-vis <strong>de</strong> l’oxygène, lors du<br />
conditionnement et du bouchage. C’est particulièrement le cas pour les<br />
vins blancs fruités et les rosés. La longévité et la préservation <strong>de</strong> leurs<br />
caractéristiques originelles seraient mieux assurées en améliorant leurs<br />
conditions <strong>de</strong> mise en bouteilles et en choisissant un bouchage qui<br />
limite les échanges gazeux plutôt que <strong>de</strong> confier leur <strong><strong>de</strong>s</strong>tinée au seul<br />
SO 2 . D’autant que le dioxy<strong>de</strong> <strong>de</strong> soufre est dans le collimateur <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
hygiénistes et que la diminution <strong>de</strong> sa teneur dans les vins est une<br />
volonté constante <strong><strong>de</strong>s</strong> producteurs. Les vignobles du nouveau mon<strong>de</strong><br />
l’ont beaucoup mieux compris (20) et déjà mis en application.<br />
Les vins blancs suisses issus <strong>de</strong> chasselas, très sensibles à l’oxydation,<br />
ont adopté le bouchage à vis <strong>de</strong>puis <strong>de</strong> nombreuses années.<br />
Le terroir et le climat font le potentiel d’un raisin, le vinificateur exprime<br />
ce potentiel, l’oxygène permet <strong>de</strong> moduler l’expression <strong>de</strong> ce<br />
potentiel au cours du temps.<br />
Plus anecdotique, l’observation selon laquelle les vins <strong>de</strong> bouteilles<br />
placées au fond <strong>de</strong> la mer se conservent plus longtemps que les mêmes<br />
sur terre.<br />
Rien d’étonnant. Si le bouchon reste parfaitement étanche malgré les<br />
attaques <strong>de</strong> l’eau salée, le vin au fond <strong>de</strong> l’eau est protégé <strong>de</strong> l’oxygène<br />
et à basse température les réactions d’oxydation sont freinées.<br />
On peut obtenir le même résultat dans une cave fraîche, avec un bouchage<br />
moins perméable à l’oxygène … mais, l’histoire est moins jolie !<br />
3.5 INFLUENCE DE LA TAILLE DU CONTENANT (DEMIE,<br />
BOUTEILLE, MAGNUM)<br />
Autre fatalité souvent constatée, celle selon laquelle le vin <strong><strong>de</strong>s</strong> flacons<br />
<strong>de</strong> petite contenance (les <strong>de</strong>mies) se conserve moins bien qu’en bouteille,<br />
et qu’à l’inverse le magnum est considéré comme la taille idéale<br />
pour la conservation d’un vin.<br />
Comme nous l’avons montré pour le champagne dans un article paru<br />
en 1995 (21), la quantité d’oxygène qui entre par la capsule couronne<br />
est la même pour une <strong>de</strong>mie, une bouteille et un magnum. En effet, le<br />
goulot (bague 29) et la surface d’échange avec l’air extérieur sont les<br />
mêmes pour les trois contenants.<br />
Pour une même durée <strong>de</strong> conservation et une même température,<br />
l’oxydation du vin va donc être plus rapi<strong>de</strong> dans la <strong>de</strong>mie que dans la<br />
bouteille et a fortiori que dans le magnum, puisque le volume <strong>de</strong> vin<br />
réagissant avec une même entrée d’oxygène varie du simple au double<br />
ou quadruple.<br />
Photo 7 : Œnothèque<br />
3.4 LES BOUTEILLES AU FOND DE LA MER<br />
CONCLUSION<br />
Cette préoccupation vis-à-vis <strong>de</strong> l’oxygène permet <strong>de</strong> revisiter sous un éclairage nouveau beaucoup <strong>de</strong> pratiques œnologiques <strong>de</strong>puis les premières<br />
étapes en cuverie, en passant par la mise en bouteilles, le dégorgement et le bouchage. Une difficulté <strong>de</strong> taille <strong>de</strong>meure cependant, celle <strong>de</strong><br />
la connaissance du besoin d’un vin en oxygène. L’estimation du potentiel <strong>de</strong> vieillissement <strong>de</strong> chaque vin est nécessaire pour pouvoir lui fournir la<br />
quantité nécessaire d’oxygène en fonction <strong>de</strong> sa sensibilité et du niveau d’évolution souhaité. Même si les avis restent partagés sur ce point, la<br />
majorité <strong><strong>de</strong>s</strong> professionnels préfère quelques notes <strong>de</strong> réduction souvent passagères ou correctibles à une oxydation excessive qui constitue un<br />
état irréversible pour le vin, souvent sanctionnée par les consommateurs.<br />
Déterminer le besoin d’un vin en oxygène passe nécessairement par <strong><strong>de</strong>s</strong> mesures plus précises <strong><strong>de</strong>s</strong> quantités d’oxygène consommées par le vin<br />
tout au long <strong>de</strong> son élaboration et par la compréhension <strong><strong>de</strong>s</strong> réactions chimiques que provoquent ces apports. L’étape ultime sera <strong>de</strong> pouvoir<br />
prédire les effets <strong>de</strong> l’oxygène, c’est-à-dire disposer d’un test ou d’un marqueur qui permette d’apprécier la capacité d’un vin, d’un moût éventuellement,<br />
à résister à l’oxydation. Une recherche qui nécessitera certainement encore <strong>de</strong> nombreuses années <strong>de</strong> travail.<br />
Dans l’immédiat et sur le plan pratique, une amélioration simple consiste à obtenir une plus gran<strong>de</strong> régularité entre bouteilles d’un même lot.<br />
Elle passe nécessairement par un meilleur contrôle <strong>de</strong> l’oxygène, en particulier lors <strong>de</strong> la mise en bouteilles et via le bouchon. Les échanges gazeux<br />
conférés par le bouchage <strong>de</strong>vraient à l’avenir <strong>de</strong>venir un critère primordial dans le choix <strong>de</strong> tout système <strong>de</strong> bouchage. Plus largement l’oxygène<br />
doit <strong>de</strong>venir impérativement un paramètre œnologique à mesurer et maîtriser tout au long <strong>de</strong> la vinification.<br />
REMERCIEMENTS<br />
Nous tenons à remercier chaleureusement tous les établissements champenois qui nous ont accueillis sur leurs sites et mis à notre disposition les<br />
vins nécessaires aux nombreuses analyses et dégustations réalisées dans le cadre <strong>de</strong> cette étu<strong>de</strong>, notamment les membres du groupe <strong>de</strong> travail<br />
bouchage du C.I.V.C.<br />
Nos remerciements vont également à M. Bertrand Robillard (Rore-Technologie), M. Michel Moutounet (INRA Montpellier) et Mme Valérie Lavigne<br />
(Université <strong>de</strong> Bor<strong>de</strong>aux II) pour leur lecture et leurs commentaires pertinents sur le contenu <strong>de</strong> ces articles.<br />
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LES APPORTS D’OXYGÈNE EN VINIFICATION ET LEURS IMPACTS SUR<br />
LES VINS - LE CAS PARTICULIER DU CHAMPAGNE (2 ÈME PARTIE)<br />
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