L'aide aux personnes pourchassées et persécutées - Maison d'Izieu
L'aide aux personnes pourchassées et persécutées - Maison d'Izieu
L'aide aux personnes pourchassées et persécutées - Maison d'Izieu
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
IZ-L<strong>et</strong>tre 2008ter 25/01/08 16:48 Page 10<br />
S’ENGAGER POUR LA COLONIE D’IZIEU : DES SOLIDARITÉS INSTITUTIONNELLES ET LOCALES<br />
Les documents réunis par<br />
la <strong>Maison</strong> d’Izieu m<strong>et</strong>tent en<br />
évidence la diversité de l’aide<br />
que la « colonie des enfants<br />
réfugiés de l’Hérault » a reçue<br />
de la part à la fois d’individus<br />
isolés, ou d’organisations<br />
structurées.<br />
L’engagement de Sabine Zlatin<br />
Sabine Zlatin nait à Varsovie<br />
le 13 janvier 1907. Elle fuit<br />
la Pologne <strong>et</strong> arrive en France vers<br />
1925. Elle étudie l’histoire de l’art à<br />
l’Université de Nancy où elle<br />
rencontre son époux, Miron Zlatin,<br />
juif d’origine russe, ingénieur<br />
agronome. Tous deux s’installent à<br />
Landas dans le Nord <strong>et</strong> exploitent<br />
un élevage avicole. Ils sont naturalisés<br />
français en juill<strong>et</strong> 1939.<br />
A la déclaration de guerre, Sabine<br />
Zlatin décide de se rendre à Lille<br />
suivre des cours de la Croix-Rouge<br />
pour devenir infirmière militaire. A<br />
cause de l’avancée allemande, après<br />
un bref passage à Paris <strong>et</strong> à Argentan<br />
Sabine Zlatin<br />
© <strong>Maison</strong> d’Izieu, coll. Succession Sabine Zlatin<br />
où Sabine avait été affectée à l’hôpital,<br />
Miron <strong>et</strong> Sabine se replient à<br />
Montpellier. Ils s’installent dans une<br />
p<strong>et</strong>ite ferme dans la banlieue. Sabine<br />
Zlatin est engagée à l’hôpital militaire<br />
de Lauwe. En 1941, elle est congédiée<br />
parce qu’elle est juive.<br />
Elle contacte alors la Préfecture de<br />
l’Hérault* car elle veut « faire<br />
quelque chose » pour les étrangers<br />
juifs internés dans les camps.<br />
L’assistante sociale lui confirme « qu’il<br />
y avait, à Agde, un camp de réfugiés<br />
étrangers, juifs pour la plupart, <strong>et</strong> où<br />
se trouvaient des femmes <strong>et</strong> des<br />
enfants. » C’est l’OSE, Œuvre de<br />
Secours <strong>aux</strong> Enfants,* qui est chargée<br />
du service social. Engagée comme<br />
assistante sociale pour le camp<br />
d’Agde, Sabine est autorisée par la<br />
Préfecture à faire sortir quatre ou<br />
cinq enfants de moins de dix ans à<br />
chaque visite.<br />
« Je n’avais pas à choisir les cas<br />
soci<strong>aux</strong>, je ne pouvais que prendre<br />
les enfants dont les mères se bousculaient<br />
autour de moi. » En uniforme<br />
d’infirmière <strong>et</strong> munie d’autorisations<br />
administratives, elle agit parfois<br />
clandestinement, cachant des enfants<br />
sous sa cape d’infirmière comme<br />
la p<strong>et</strong>ite Diane Popowski, ou ach<strong>et</strong>ant<br />
les gardiens pour qu’ils ferment<br />
les yeux.<br />
L’OSE accueille de nombreux enfants<br />
sortis des camps d’internement au<br />
solarium marin de Palavas-les-Flots<br />
mis à disposition par l’abbé Prévost*.<br />
Au printemps 1942, Sabine Zlatin en<br />
prend la direction.<br />
A partir d’août 1942, les enfants juifs<br />
sont envoyés dans des convois vers<br />
les camps de la mort. L’ OSE m<strong>et</strong><br />
tous ses moyens pour sauver le<br />
maximum d’enfants en les dispersant<br />
dans différents hébergements de<br />
la zone non occupée. Fin 1942, après<br />
l’occupation de la zone sud par<br />
l’armée allemande, l’OSE ferme<br />
toutes les maisons <strong>et</strong> « quitte<br />
les lieux ». Parmi ces maisons, celle<br />
de Campestre abrite quatorze<br />
enfants. La Préfecture de l’Hérault<br />
persuade les époux Zlatin de les<br />
prendre en charge pour les conduire<br />
Colonie d’Izieu, été 1943.<br />
Au fond, debout sur la fontaine, Théo Reis,<br />
devant lui, Aimé Perticoz, voisin de la colonie.<br />
© coll. Philippe Dehan<br />
dans la zone d’occupation italienne ;<br />
en avril 1943, ils se réfugient à Chambéry<br />
en Savoie. Sur les recommandations<br />
de M. Fridrici, chef de division à la<br />
préfecture de l’Hérault, Sabine Zlatin<br />
rencontre à Belley Pierre-Marcel<br />
Wiltzer, Sous-préf<strong>et</strong> de l’Ain. Ce<br />
dernier propose alors son aide pour<br />
installer une maison d’enfants réfugiés<br />
au village d’Izieu.<br />
Sources :<br />
Sabine Zlatin,<br />
Mémoires de la « Dame d’Izieu »<br />
collection Témoins/Gallimard, <strong>et</strong><br />
Pierre-Jérôme Biscarat,<br />
Les enfants d’Izieu 6 avril 1944.<br />
Un crime contre l’humanité,<br />
le Dauphiné Libéré, collection<br />
Les Patrimoines<br />
* Cf glossaire page 13<br />
10