L'aide aux personnes pourchassées et persécutées - Maison d'Izieu
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IZ-L<strong>et</strong>tre 2008ter 25/01/08 16:49 Page 12<br />
S’ENGAGER POUR LA COLONIE D’IZIEU : DES SOLIDARITÉS INSTITUTIONNELLES ET LOCALES<br />
Gaston Lavoille, directeur du collège moderne de Belley. Année scolaire 1945-1946 © Coll. Roger Perticoz<br />
la <strong>Maison</strong> d’enfants d’Izieu ».<br />
Le 18 octobre, une jeune institutrice<br />
de 21 ans, Gabrielle Perrier, recrutée<br />
par M. Gonn<strong>et</strong> lui-même, fait sa<br />
rentrée devant les élèves de la colonie<br />
d’Izieu.<br />
Le rôle bienveillant<br />
de la gendarmerie<br />
Une brigade de la gendarmerie<br />
nationale se trouvait en poste à<br />
Brégnier-Cordon à 2 km au sud<br />
d’Izieu. En l’état actuel des<br />
recherches, les témoignages <strong>et</strong> les<br />
documents d’archives sembleraient<br />
nous indiquer que c<strong>et</strong>te brigade était<br />
intervenue au moins à quatre<br />
reprises en faveur du personnel de la<br />
colonie d’Izieu.<br />
Le 21 août 1943, Le Préf<strong>et</strong><br />
régional de Lyon transm<strong>et</strong> par télégramme<br />
au Préf<strong>et</strong> de l’Ain des instructions<br />
selon lesquelles il convient<br />
d’arrêter des juifs « aptes au travail »<br />
pour les diriger sur l’organisation<br />
TODT (Service du Travail Obligatoire<br />
pour les juifs de France). Le même<br />
jour, à Brégnier-Cordon, les gendarmes<br />
délivrent un sauf-conduit à<br />
un éducateur de la colonie d’Izieu,<br />
Léon Reifman, juif roumain agé de 29<br />
ans, étudiant en médecine. Ce document<br />
lui donne le droit de se rendre<br />
librement à Chambéry du 22 au 30<br />
août. Le 23 août, Léon Reifman quitte<br />
Izieu en possession de son saufconduit.<br />
Le 24 août, le Maréchal des<br />
Logis-chef de Gendarmerie de<br />
Brégnier-Cordon, Marcel Fontaine, se<br />
rend à Izieu en fin de soirée, à 22<br />
heures, avec pour ordre de l’arrêter.<br />
Sans succès puisqu’il est parti la veille.<br />
Dans un courrier au Préf<strong>et</strong> de l’Ain,<br />
le 30 août, Sabine Zlatin indique que<br />
Léon Reifman n’est pas rentré à la<br />
colonie <strong>et</strong> qu’il l’a avertie par téléphone<br />
qu’il ne reviendrait pas à Izieu.<br />
Le 4 septembre 1943, le Préf<strong>et</strong> de la<br />
Savoie écrit au Préf<strong>et</strong> de l’Ain pour<br />
l’informer que les recherches effectuées<br />
dans son « département en vue<br />
de r<strong>et</strong>rouver la trace de c<strong>et</strong> étranger<br />
sont demeurées infructueuses à ce jour ».<br />
Nous formulons l’hypothèse que le<br />
sauf-conduit a été délivré délibérément<br />
par la gendarmerie de Brégnier-Cordon<br />
afin que Léon Reifman échappe à<br />
son arrestation. Si c<strong>et</strong>te thèse se<br />
confirmait, les gendarmes auraient<br />
sauvé la vie de Léon Reifman car<br />
après avoir travaillé au sein de la<br />
TODT, les juifs étaient déportés.<br />
D’autres faits plaident en faveur de<br />
la bienveillance de la gendarmerie.<br />
En septembre ou en octobre 1943,<br />
Paul Niedermann, 15 ans, a dû<br />
précipitamment quitter Izieu :<br />
« Un jour est arrivé un gendarme. Il a<br />
dit que j’étais trop grand, que j’attirerai<br />
un jour ou l’autre l’attention. Je suis<br />
parti immédiatement à Grenoble. J’ai<br />
fini par aboutir dans un presbytère à<br />
Douvaine ; le curé, un saint-homme<br />
décédé à Buchenwald, avait des passeurs.<br />
J’ai été dans un groupe qui a<br />
réussi à franchir la frontière suisse.<br />
J’ai su que la traque était finie. »<br />
Paul Niedermann vit aujourd’hui en<br />
région parisienne. Il témoigne régulièrement<br />
pour des élèves ou des étudiants,<br />
aussi bien en France qu’en<br />
Allemagne.<br />
Autre cas, celui de Rachel <strong>et</strong><br />
Serge Pludermarcher, éducateurs à la<br />
maison d’Izieu. Rachel est enceinte.<br />
Dans un témoignage livré à l’historienne<br />
Katy Hazan, elle raconte que<br />
lors d’une visite médicale, elle<br />
apprend par un gendarme qu’une<br />
rafle se prépare. Ce n’est pas la première<br />
fois qu’une telle rumeur se<br />
répand, mais Serge <strong>et</strong> Rachel décident<br />
de ne pas r<strong>et</strong>ourner à Izieu<br />
avant la naissance de leur fils<br />
Georges. Leur départ est confirmé<br />
par les archives dans un courrier de<br />
Sabine Zlatin, daté du 9 mars 1944,<br />
adressé au Préf<strong>et</strong> de l’Ain dans lequel<br />
elle précise que Rachel « a quitté notre<br />
maison ces jours-ci, munie d’un saufconduit,<br />
<strong>et</strong> m’avertit par la suite qu’elle ne<br />
reviendra plus travailler ». Sauf-conduit<br />
délivré par la gendarmerie.<br />
Enfin, Léa Feldblum, jeune éducatrice<br />
juive polonaise de 24 ans, se<br />
voit rem<strong>et</strong>tre un sauf-conduit par la<br />
gendarmerie de Brégnier-Cordon afin<br />
de se rendre dans l’Hérault entre le<br />
9 <strong>et</strong> le 25 mars 1944. Elle avait pour<br />
mission de trouver un lieu pour les<br />
enfants dans un département moins<br />
exposé. Fin mars, elle est de r<strong>et</strong>our à<br />
la colonie. Elle est arrêtée le jour de<br />
la rafle puis déportée à Auschwitz.<br />
Elle sera la seule du groupe d’Izieu à<br />
revenir des camps.<br />
L’aide du voisinage<br />
Les relations avec le voisinage<br />
sont bonnes, notamment avec la<br />
famille Perticoz dont la ferme se<br />
trouve à proximité de la maison. Les<br />
anim<strong>aux</strong> de la ferme font partie des<br />
distractions des plus jeunes. Julien<br />
Fav<strong>et</strong>, employé des Perticoz, a les<br />
faveurs de certains enfants qui lui<br />
apportent son casse-croûte quand il<br />
travaille <strong>aux</strong> champs.<br />
Des <strong>personnes</strong> du village aident<br />
la colonie. Ainsi la famille Héritier qui<br />
habite le village d’Izieu accueille<br />
Yv<strong>et</strong>te Benguigui 2 ans, la p<strong>et</strong>ite<br />
sœur des trois frères Benguigui. Elle<br />
est hébergée plusieurs mois. Quant à<br />
la famille Borgey, elle recueille deux<br />
enfants juifs qui ne proviennent pas<br />
de la colonie mais de la famille<br />
d’un médecin lyonnais. Le 6 avril<br />
1944, Mme Borgey ira cacher<br />
ces deux enfants dans la montagne.<br />
Ils ne seront pas inquiétés.<br />
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