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l'evolution des modeles et roles feminins dans la societe congolaise ...

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UNIVERSITE DE<br />

PARIS X<br />

U.E.R DE PSYCHOLOGIE<br />

L'EVOLUTION DES MODELES ET ROLES FEMININS<br />

DANS LA SOCIETE CONGOLAISE ACTUELLE<br />

THESE<br />

PRESENTEE EN VUE DE L'OBTENTION<br />

DU DOCTORAT DE 3e CYCLE<br />

PAR<br />

Jeanne ~ANITELAMIO<br />

SOUS LA DIRECTION DE<br />

MONSIEUR LE<br />

PROFESSEUR JEAN MAISONNEUVE<br />

1982


A La mémoire de mon père, MALONGA<br />

Romain<br />

A ma mère, MALANDA Françoise<br />

A mes soeurs, <strong>et</strong> à mon frère<br />

A tous ceux que<br />

j'aime.


Je tiens à<br />

remercier monsieur Maisonneuve d'avoir accepté<br />

de diriger c<strong>et</strong>te thèse, <strong>et</strong> de m'avoir apporté tout au long de ce<br />

travail, ces "impulsions pos i t ives" qu i m'ont aidées à mener<br />

celui-ci jusqu'au bout.


SOM MAI R E<br />

INTRODUCTION<br />

a)- Position du problème............................... 1<br />

b)- Données géographiques <strong>et</strong> démographiques............ 7<br />

c)- Dimension historique<br />

1)- Quelques données historiques générales 12<br />

2)- "La femme <strong>dans</strong> l'histoire" 29<br />

CHAPITRE l - CADRE SOCIOLOGIQUE DU STATUT FEMININ<br />

A- Aspect sociologique<br />

1)- Données sociologiques générales 35<br />

2)- Le c<strong>la</strong>n <strong>et</strong> le lignage 36<br />

3)- Le système de parenté 40<br />

4)- Les statuts féminins 43<br />

5)- La famille c<strong>la</strong>nique 45<br />

6)- Le mariage 54<br />

B- Aspect économique<br />

1)- Rôle économique de <strong>la</strong> femme <strong>dans</strong> <strong>la</strong> société<br />

traditionnelle .. : 64<br />

2)- Rôle économique <strong>dans</strong> <strong>la</strong> société coloniale..... 65<br />

3)- Situation actuelle 66


CHAPITRE II - L'EVOLUTION DES ROLES FEMININS DANS SON CONTEXTE<br />

A- Les modèles·<br />

1)- L'éducation traditionnelle 70<br />

2)- Modèle féminin traditionnel 76<br />

3)- Rôles traditionnels 79<br />

B- Spécificité du contexte<br />

1)- Essai de <strong>des</strong>cription du contexte actuel 81<br />

2)- Le phénomène urbain - La ville <strong>dans</strong> ce<br />

q li ' eIle est ruraIe . , , , , , , , , , " , , , , , , , "" , , , , " , "" 8 4<br />

- La ville <strong>dans</strong> ce<br />

qu'elle est ville" , , , , ", , , , , , l," , , , , , " , , , , , , , "" 88<br />

3)- Environnement culturel <strong>et</strong> politique 89<br />

4)- Esquisse <strong>des</strong> rôles actuels 92<br />

5)- Vers de nouveaux modèles 94<br />

CHAPITRE III -<br />

METHODOLOGIE<br />

A- Hypothèses. , , , , " , " " " , , " , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , "" 9'7<br />

B- Cadre conceptuel. , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , ,,101<br />

c- Recueil <strong>des</strong> données<br />

1)- Méthode d'approche 108<br />

2)- Les cadres thématiques 109<br />

D- Procédures d'analyse <strong>des</strong> données <strong>et</strong> mise en oeuvre<br />

a)- Organisation de ,l'analyse 114<br />

b)- Les catégories - grilles d'analyse - les<br />

indicateurs" , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , .116<br />

c)- Les grilles 117<br />

cl)- La popu<strong>la</strong>tion. , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , .130


CHAPITRE IV - TRAITEMENT DES DONNEES ET RESULTATS<br />

A- Résultats groupe par groupe.............•...•....... 133<br />

Synthèse 154<br />

B- Analyse hors grilles 199<br />

C- Une image <strong>des</strong> réunions discussions 206<br />

CHAPITRE V - ANALYSE DES RESULTATS<br />

1)- Analyse en fonction <strong>des</strong> hypothèses 210<br />

2)- Interprétation 224<br />

CX>NCLUSION 257<br />

BIBLIOGR.APHIE 259<br />

ANNEXE - 1) Grilles d'analyse de l'individualisation <strong>des</strong><br />

conduites 265<br />

2) Un protocole d'entr<strong>et</strong>ien 283


-1-<br />

INTBODOCTION<br />

A)-POSITION DU<br />

PROBLEME<br />

C<strong>et</strong>te recherche est l'approche psychosociologique d'un<br />

problème qui n'est pas spécifique au contexte considéré; mais qui<br />

recouvre ici <strong>des</strong> réalités différentes: celui de l'évolution <strong>des</strong><br />

modèles <strong>et</strong> rôles féminins. On assiste en eff<strong>et</strong> depuis un certain<br />

nombre d'années à une remise en cause <strong>des</strong> modèles traditionnels<br />

féminins un peu partout <strong>dans</strong> le monde.<br />

Nous savons que les bouleversements technologiques, socioéconomiques<br />

, ainsi que <strong>la</strong> participation de plus en plus grande<br />

<strong>des</strong> femmes à <strong>la</strong> vie active ont amené à <strong>des</strong> remises en cause de<br />

plusieurs modèles traditionnels, <strong>et</strong> parmi ceux-ci, les modèles<br />

traditionnels féminins. Ces remises en cause ont eues en Europe<br />

<strong>et</strong> en Amérique <strong>des</strong> aspects spectacu<strong>la</strong>ires avec les activités <strong>et</strong><br />

revendications <strong>des</strong> mouvements féministes.<br />

Si à l' heure actuelle, <strong>la</strong> "fièvre" revendicatrice s'est<br />

quelque peu calmée; il reste néanmoins que <strong>dans</strong> <strong>la</strong> vie courante,<br />

les modèles <strong>et</strong> rôles féminins se sont de plus en plus<br />

diversifiés, <strong>et</strong> qu'on assiste ici <strong>et</strong> là, à une modification plus<br />

ou moins lente, plus ou moins profonde selon les cas de <strong>la</strong><br />

condition de <strong>la</strong> femme <strong>dans</strong> <strong>la</strong> société, <strong>et</strong> partant, à <strong>la</strong> tentative<br />

d'une redéfinition du rôle de <strong>la</strong> femme <strong>dans</strong> <strong>la</strong> société <strong>et</strong> <strong>dans</strong><br />

<strong>la</strong> famille.<br />

Dans l'étude qui suit, nous avons essayé de voir en quelque<br />

sorte pour le cas considéré autour de quels éléments particuliers<br />

s'organisent les modifications en cours <strong>des</strong> modèles <strong>et</strong> rôles<br />

féminins traditionnels.<br />

Il s'agissait ici en fait, pour le contexte considéré: <strong>la</strong><br />

société Congo<strong>la</strong>ise actuelle, par une enquête pSyc~osociologique<br />

menée à Brazzaville <strong>et</strong> <strong>dans</strong> une zone rurale proche ,d'avoir un<br />

aperçu de l'évolution <strong>des</strong> rôles féminins.<br />

Pourquoi les modèles <strong>et</strong> rôles féminins Parceque c'était<br />

d'une part le suj<strong>et</strong> qui nous était le plus proche, <strong>et</strong> d'autre<br />

part parcequ'il nous perm<strong>et</strong>tait de r<strong>et</strong>rouver d'autres problèmes;<br />

les modèles sociaux renvoyant inévitablement à l'organisation<br />

sociale de base, au système de parenté , <strong>et</strong> aux autres<br />

partenaires engagés <strong>dans</strong> les actions en rôles.<br />

I-Vil<strong>la</strong>ge de NGUELA situé à 70 km environ de BRAZZAVILLE.


l'objecti f principal était toutefois de répondre à deux<br />

questions<br />

-2-<br />

Quelle était <strong>la</strong> distance <strong>des</strong> jeunes femmes<br />

sco<strong>la</strong>risées <strong>et</strong> urbanisées par rapport aux modèles traditionnels<br />

de base <br />

En quoi, <strong>et</strong> comment celles-ci étaient-elles<br />

différentes <strong>des</strong> femmes proches du modèle traditionnel<br />

D'où l'intitulé de ce travail qui se propose d'étudier:<br />

"l'évolution <strong>des</strong> modèles <strong>et</strong> rôles féminins <strong>dans</strong> <strong>la</strong> Société<br />

Congo<strong>la</strong>ise actuelle". Nous allons nous arrêter un instant sur ce<br />

titre avant de présenter l'articu<strong>la</strong>tion <strong>des</strong> différents chapitres.<br />

Nous avons préféré parler d'une évolution plutôt que d'une<br />

transformation, ou d'un changement, car nous pensons que les<br />

transformations en cours n'ont pas encore donné lieu à quelque<br />

chose de structuré, de "fini", nous avons en fai t tenté de saisir<br />

une transformation en train de se faire.<br />

N'ayant pas effectué une étude diachronique, nous nous<br />

sommes donné un point de repère à partir duquel on pouvait saisir<br />

les évolutions en cours, <strong>et</strong> <strong>la</strong> recherche n'aura été qu'un moment<br />

de celles-ci.<br />

Pourquoi le recours au modèle Parceque nous avions besoin<br />

de r<strong>et</strong>rouver les valeurs dominantes autour <strong>des</strong>quelles<br />

s'organisaient les rôles féminins traditionnels, l'idée sousjacente<br />

étant qu'il y avait auparavant un système traditionnel<br />

re<strong>la</strong>tivement stable, le modèle traditionnel en étant un <strong>des</strong><br />

éléments qui pouvait se r<strong>et</strong>rouver <strong>dans</strong> les survivances actuelles<br />

<strong>et</strong> servir de point de référence. Les rôles quant à eux étant<br />

l' actualisation au niveau <strong>des</strong> conduites concrètes du modèle, nous<br />

perm<strong>et</strong>taient de saisir d'une manière concrète les modifications<br />

intervenues.<br />

Nous avons donc posé au départ l'existence d'un modèle<br />

traditionnel, <strong>et</strong> partant <strong>des</strong> rôles traditionnels; il nous fal<strong>la</strong>it<br />

toutefois chercher, comment saisir l'évolution du modèle. En<br />

partant de l'hypothèse que les zones rurales <strong>dans</strong> le contexte<br />

considéré sont les "lieux" traditionnels, <strong>et</strong> en faisant une<br />

comparaison entre femmes évoluant <strong>dans</strong> deux milieux différents,<br />

respectivement <strong>la</strong> zone rurale <strong>et</strong> urbaine, nous pensions être en<br />

mesure de pouvoir dégager une évolution , ou du moins une<br />

distance de certaines femmes par rapport au modèle traditionnel.


-3-<br />

Le travail s'inscrit ainsi <strong>dans</strong> deux axes qui se rejoignent<br />

<strong>et</strong> s'entremêlent: le passé <strong>et</strong> le présent. Le présent <strong>dans</strong> ce<br />

qu'il est nouveau. Nous nous sommes tourné vers le passé <strong>dans</strong> un<br />

premier temps pour r<strong>et</strong>rouver le modèle traditionnel, car rien ne<br />

nous indiquait à priori que les éléments observés n'étaient pas<br />

récents, <strong>et</strong> d'autre part pour mieux comprendre le présent qui est<br />

<strong>la</strong> société Congo<strong>la</strong>ise actuelle, que nous allons situer comme<br />

étant: une ancienne colonie <strong>et</strong> un pays en voie de développement,<br />

<strong>et</strong> ceci constitue principalement ce que nous appelons <strong>la</strong><br />

"spécificité" du contexte.<br />

Nous nous intéresserons donc particulièrelfent à <strong>la</strong> situation<br />

coloniale <strong>dans</strong> <strong>la</strong> mesure où nous pensons que :<br />

"Les structures, les contextes culturels, les genres<br />

de vie <strong>et</strong> les mo<strong>des</strong> de pensée résultant de l'action<br />

coloniale restent fortement enracinés <strong>dans</strong> <strong>la</strong> chair <strong>et</strong><br />

l'esprit <strong>des</strong> pays Africains, même après l'indépendance".<br />

Ausfi nous nous interesserons à<br />

tant que :<br />

<strong>la</strong> situation coloniale en<br />

"Conjoncture particulière imposant une certaine<br />

orientation aux agents <strong>et</strong> processus de changement."<br />

Et ensuite aux conséquences de celle-ci, ce qui nous amènera<br />

à <strong>la</strong> situation actuelle, qui est une étape que l'on pourra<br />

appeler transitoire, où l'on assiste à <strong>des</strong> mutations, à <strong>des</strong><br />

changements, à <strong>des</strong> modifications <strong>dans</strong> plusieurs domaines. Car<br />

pour qu'éc<strong>la</strong>irante qu'elle soit <strong>la</strong> situation coloniale renvoie<br />

plutôt à un passé proche, <strong>la</strong> situation actuelle se rattachant<br />

plus, à celle d'un pays en voie de développement que GUY ROCHER<br />

présente en ces termes 4 :<br />

"Il s'agirait de société dont on peut dire qu'elles<br />

sont <strong>dans</strong> une période de transition rapide <strong>et</strong> parfois<br />

brutale, <strong>dans</strong> <strong>la</strong>quelle le type de société que l'on a<br />

appelé traditionnelle se désorganise, se transforme ou<br />

s'adapte, sous l'impact de l'industrialisation <strong>et</strong> <strong>des</strong><br />

implications socio-culturelles qui en découlent".<br />

P .1<br />

2_G. BALANDIER "Sociologie actuelle de l'Afrique NOire"<br />

3_ G. BALANDIER j op déjà cité P.13 .<br />

4_ G. ROCHER : "Introduction à <strong>la</strong> sociologie générale le<br />

changement social" P. 193 .


-4-<br />

Ainsi on assiste <strong>dans</strong> ce contexte à <strong>des</strong> transformations<br />

économiques, sociales , culturelles. L'auteur dresse un modèle<br />

général de c<strong>et</strong>te transition, modèle va<strong>la</strong>ble <strong>dans</strong> ses gran<strong>des</strong><br />

lignes ici, nous citerons parmi les transformations sociales qui<br />

nous interessent : le phénomène urbain j <strong>la</strong> mobil i té géographique,<br />

<strong>des</strong> modifications au niveau du système de parenté, de <strong>la</strong> famille,<br />

transformation du statut de <strong>la</strong> femme, <strong>des</strong> jeunes, pour ne citer<br />

que les aspects qui touchent de près notre recherche.<br />

c'est <strong>dans</strong> c<strong>et</strong>te perspective que nous essaierons de<br />

comprendre le problème du changement <strong>et</strong> de ces conséquences, car<br />

il nous semble en eff<strong>et</strong> que <strong>la</strong> spécificité du contexte donne un<br />

tour particulier aux changement en cours.<br />

Nous allons présenter brièvement quelques notions <strong>et</strong><br />

concepts qui constitueront l'arrière p<strong>la</strong>n théorique de notre<br />

travail. Le propos de départ est de comprendre les<br />

transformations en cours au niveau du modèle traditionnel <strong>et</strong> <strong>des</strong><br />

rôles qui en découlent, nous savons par ailleurs que l'éyolution<br />

<strong>des</strong> rôles est étroitement liée aux changements sociaux :<br />

" L'évolution <strong>des</strong> rôles se rattache étroitement aux<br />

changements sociaux, ceux-ci créent <strong>des</strong> situations<br />

nouvelles <strong>et</strong> déterminent le surgissement de certains<br />

besoins, qui ne peuvent être satisfaits que par<br />

l'intermédiaire de rôles nouveaux."<br />

L'auteur précise en outre que:<br />

"Parmi les facteurs modé<strong>la</strong>nt le rôle, nous trouvons au<br />

premier p<strong>la</strong>n <strong>des</strong> conditions économiques, qui modifient<br />

le genre de vie <strong>des</strong> individus <strong>et</strong> par là, l'équilibre<br />

du système de rôles".<br />

L'une <strong>des</strong> particu<strong>la</strong>rités du<br />

coexistence de deux systèmes ,<br />

moderne, d'où l'intérêt de comparer<br />

mo<strong>des</strong> de production différents.<br />

contexte c'est qu'il y a<br />

l'un traditionnel, l'autre<br />

<strong>des</strong> femmes évoluant <strong>dans</strong> <strong>des</strong><br />

- Le cadre coneptuel sera présenté de façon plus détaillé<br />

<strong>dans</strong> le troisième chapitre.<br />

6_ A.M. ROCHEBLAVE-5PENLE: "<strong>la</strong> notion de rôle en psychologie<br />

sociale P. 197 .


-5-<br />

Nous faisons remarquer par ailleurs, qu'il nous est<br />

difficile de dégager <strong>des</strong> variables prépondérantes, car il s'agit<br />

d'une étude exploratoire <strong>et</strong> tâtonnante, d'autre part nous avons<br />

une multiplicité 7de variables, car comme le souligne A. M.<br />

ROCHEBLAVE-SPENLE :<br />

"De toute façon, il n'existe pas au niveau <strong>des</strong> rôles,<br />

de causalité linéaire, mais tout un enchevêtrement<br />

d'indéterminations, une causalité pendu<strong>la</strong>ire, faisant<br />

r<strong>et</strong>entir l'un sur l'autre les facteurs situés à<br />

différents niveaux de profondeur".<br />

Sur le p<strong>la</strong>n général <strong>la</strong> recherche se situe <strong>dans</strong> <strong>la</strong><br />

problématique du changement, avec comme concept clé, celui de<br />

régu<strong>la</strong>tion, le cadre conceptuel inclura <strong>des</strong> notions empruntés<br />

autant à <strong>la</strong> psychologie sociale, qu'à <strong>la</strong> sociologie ou à<br />

l'anthropologie. Le concept de rôle sera utilisé ici comme un<br />

concept opératoire, l'accent étant mis sur l'aspect <strong>des</strong>criptif<br />

du concept.<br />

Nous ne pensons pas que notre travail puisse avoir une<br />

portée théorique quelconque. En fait de préoccupations<br />

théoriques, il s'agissait de construire un cadre cohérent, nous<br />

perm<strong>et</strong>tant une lecture <strong>et</strong> une interprétation fructueuse <strong>des</strong><br />

résultats de <strong>la</strong> recherhe.<br />

Les préoccupations auront été plutôt pratiques: essayer de<br />

comprendre <strong>et</strong> de pointer ça <strong>et</strong> là les urgences <strong>dans</strong> <strong>la</strong> mesure où<br />

celles-ci sont déce<strong>la</strong>bles.<br />

Nous allons conclure ce passage par <strong>la</strong> présentation de <strong>la</strong><br />

manière dont s'articulent les différentes parties de ce travail.<br />

Nous avons pensé utile de prolonger <strong>la</strong> partie qui précède par<br />

quelques données introductives; ce seront les données<br />

géographiques <strong>et</strong> démographiques. Viendront ensuite quelques<br />

données historiques perm<strong>et</strong>tant de donner un certain contenu, au<br />

"passé" auquel il est fait fréquemment recours tout au long <strong>des</strong><br />

lignes qui suivent.<br />

Le chapitre l a pour but de poser les fondements<br />

sociologiques <strong>et</strong> économiques du modèle <strong>et</strong> <strong>des</strong> rôles étudiés. Le<br />

chapitre II s'attachera à décrire le contexte actuel en tant<br />

qu'il est un contexte en mutation. C'est <strong>dans</strong> le chapitre III que<br />

seront présentés , le cadre. conceptuel, les hypothèses, les<br />

procédures d'analyse, ainsi que <strong>la</strong> présentation de <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion.<br />

Le chapitre IV quant à lui, concernera le traitement <strong>des</strong> données<br />

<strong>et</strong> <strong>la</strong> présentation <strong>des</strong> résultats. Quant au chapitre V, qui est<br />

aussi le dernier chapitre, il comprendra l'analyse <strong>et</strong><br />

l'interprétation <strong>des</strong> résultats. Ainsi que <strong>la</strong> conclusion <strong>dans</strong><br />

<strong>la</strong>quelle nous verrons entre autre si nous avons atteint quelques<br />

uns de nos objectifs de départ.<br />

7-A. M. ROCHEBLAVE-SPENLE, op déjà cité P.197 .


)- DONNEES GEOGRAPHIQUES ET DEMOGRAPHIQUES


1<br />

ttf<br />

!<br />

it<br />

1<br />

t<br />

t<br />

t<br />

1<br />

1 !<br />

IJ 1<br />

/1<br />


-7-<br />

bl- DONNEES GEOGRAPHIQUES ET DEMOGRAPHIQUES<br />

En fai t de données géographiques, il s'agira de situer<br />

brièvement le CONGO, nous nous arrêterons plus sur les données<br />

démographiques, car nous pourrons y souligner certains aspects<br />

qui nous interesse particulièrement.<br />

La républ ique popu<strong>la</strong>ire du CONGO est un état d'Afrique<br />

Equatoriale de 342.000 KM2, au sud <strong>et</strong> à l'est le pays a <strong>des</strong><br />

frontières communes avec le ZAIRE, au sud-ouest avec le CABINDA,<br />

au nord avec <strong>la</strong> républ ique CENTRAFRICAINE <strong>et</strong> le CAMEROUN, à<br />

l'ouest avec le GABON. Dans sa partie Sud-Ouest, elle possède 170<br />

km de côtes sur l'océan At<strong>la</strong>ntique.<br />

DONNEES<br />

DEMOGRAPHIQUES<br />

, en<br />

La popu<strong>la</strong>tion actuelle est estimée à 1.500.00p habitants<br />

1974 <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion se répartissait comme suit<br />

Popu<strong>la</strong>tion<br />

Totale<br />

Dont<br />

% de <strong>la</strong><br />

popu<strong>la</strong>tion<br />

Totale<br />

Urbaine<br />

Rurale<br />

Urbaine<br />

Rurale<br />

1.300.000<br />

491.600<br />

805.500<br />

37,8<br />

62,2<br />

La popu<strong>la</strong>tion de <strong>la</strong> capitale BRAZZAVILLE est estimée<br />

actuellement à 300.000 habitants environ, <strong>la</strong> deuxième ville<br />

POINTE-NOIRE compte environ 150.000 habitants. En 1974 selon les<br />

estimations du service national de statistiques, il y a 37,8% de<br />

<strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion en zone urbaine, <strong>et</strong> 62,2% à <strong>la</strong> campagne, ces<br />

pourcentages ont évolué, en fait <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion <strong>des</strong> villes s'est<br />

accrue depuis un certain nombre d'années.<br />

8-Annuaire statistique p.14 <strong>et</strong> 18 (si l'on tient compte de<br />

l'augmentation de 2,4% par an environ, les données les plus<br />

récentes que nous avons pu recueillir sur p<strong>la</strong>ce datent de 1974).<br />

9-Annuaire statistique, déjà cité.


-8-<br />

Hugues BERTRAND 10 illustre par un tableau l'évolution de<br />

<strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion Congo<strong>la</strong>ise de 1920 à 1972, si ces chiffres<br />

diffèrent quelque peu de ceux cités plus haut, ils n'en donnent<br />

pas moins une idée de l'accroissement rapide de <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion<br />

urbaine.<br />

EVOLUTION DE LA POPULATION CONGOLAISE DEPUIS 1920<br />

Popu~a- 1920 1930 1940 1950 1956 1960 1972<br />

tion<br />

1<br />

Rurale 1440 480 1 550 600 615 580 610<br />

1 97,8% 96% 1 91,7% 85,7% 82% 74,4% 57,4%<br />

,<br />

Urbaine 110 20 50 100 135 200 455<br />

1 1 2,2% 4% 8,3% 14,3% 18% 25,6% 42,6% 1<br />

1<br />

1<br />

1<br />

TOTAL : 450 500 600 i 700 750 780 1065 1<br />

!<br />

L'auteur souligne que 12:<br />

"Alors que <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion rurale restait stable en<br />

valeur absolue, <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion urbaine était multipliée<br />

par cinq pendant c<strong>et</strong>te période, passant de 10% à plus<br />

de 40X de <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion totale. En d'autres termes,<br />

les villes ont absorbé systématiquement le surcroît<br />

démographique, <strong>la</strong>issant en quelque sorte les campagnes<br />

inchangées en apparence".<br />

Et ceci est intéressant à<br />

noter:<br />

"Ainsi peut-on opposer l'étonnante stabilité apparente<br />

globale, <strong>des</strong> campagnes, au développement<br />

champignonesque <strong>des</strong> villes, <strong>la</strong> permanence apparente<br />

<strong>des</strong> formes d'habitat <strong>et</strong> d'organisation de <strong>la</strong> société<br />

rurale au mouvement BROWNIEN, à l'extension anarchique<br />

<strong>et</strong> démesurée, à l'explosion sociale, économique <strong>et</strong><br />

démographique <strong>des</strong> centres urbains."<br />

Ainsi, <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion d'essentiellement rurale il y a une<br />

cinquantaine d'années est devenu à près de 40% urbaine <strong>et</strong> 60%<br />

rurale, ceci étant important à souligner car ce<strong>la</strong> m<strong>et</strong> en<br />

évidence, l'importance du phénomène urbain.<br />

IO_H. BERTRAND "Le Congo, formation sociale <strong>et</strong> mode de<br />

développement économique" p. 146<br />

11_ en milliers.<br />

12_H. BERTRAND "Le CONGO formation sociale <strong>et</strong> mode de<br />

développement économique" p. 146.


-9-<br />

Si nous nous interessons maintenant à une donnée qui aura<br />

son importance par <strong>la</strong> suite, <strong>la</strong> sex-ratio nous constatons qu'en<br />

1974, pour l'ensemble de <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion, on compte 632.000<br />

personnes de sexe masculin pour 667.800 personnes de sexe<br />

féminin.<br />

Par contre si l'on considère les deux villes les plus<br />

importantes. En ce qui concerne <strong>la</strong> deuxième ville (POINTE NOIRE)<br />

nous avons pour 141.700 habitants à <strong>la</strong> même époque 72.900 hommes<br />

contre 68.800 femmes, quant à BRAZZAVILLE, nous avons pour 1974,<br />

289.700 habitants dont 146.300 hommes contre 143.000 femmes.<br />

Une ét~~e de <strong>la</strong> structure démographique de BRAZZAVILLE<br />

indique que :<br />

"Pour une popu<strong>la</strong>tion de 298.967, on trouve 50,3% de<br />

personnes de sexe masculin <strong>et</strong> 49,7% de sexe féminin le<br />

rapport de masculinité est donc de 101,3 hommes pour<br />

100 femmes- pour l'ensemble de <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion, mais il<br />

vaire de 97,1 pour les moins de 15 ans, à 105,7 pour<br />

<strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse d'âge 15-55,8 pour les plus de 60 ans. A <strong>la</strong><br />

naissance il est de 101,3".<br />

Nous pouvons souligner qu'on a assisté depuis une<br />

cinquantaine d'années à un fort accroissement de <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion<br />

urbaine. On peut noter aussi que par rapport à <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion<br />

globale le taux de masculinité est plus faible, il est plus élevé<br />

<strong>dans</strong> les deux principales villes du pays. Il est à noter enfin<br />

qu'en moyenne <strong>la</strong> densité de popu<strong>la</strong>tion est faible, <strong>et</strong> que c'est<br />

<strong>la</strong> partie Sud, Sud-Ouest du pays qui regroupe 70% de <strong>la</strong><br />

popu<strong>la</strong>tion totale.<br />

13-Annuaire statistique<br />

op. déjà cité.


C-DIMENSION HISTORIQUE


ANZIKA<br />

/t-fPU<br />

(~k4 • (&lPk~)<br />

OKAHtiO<br />

-Hb.K""di<br />


-12-<br />

C-DIHENSION HISTORIQUE<br />

Les données historiques de ce passage sont pour nous plus<br />

que <strong>des</strong> données introductives, car elles ont en plus entre autres<br />

objectif, de poser les fondements historiques de notre travail,<br />

<strong>et</strong> de nous perm<strong>et</strong>tre ainsi d'avoir une vision d'ensemble de <strong>la</strong><br />

société traditionnelle pré-coloniale. C'est aussi à partir <strong>des</strong><br />

données historiques qu nous avons construit le cadre sociologique<br />

<strong>et</strong> économique du statut féminin traditionnel.<br />

Les données historiques <strong>et</strong> les pério<strong>des</strong> qu'elles recouvrent<br />

constitueront ce que nous appelerons à plusieurs reprises le<br />

passé. Nous avons subdivisé ce passage en deux parties, l'une<br />

concernant <strong>des</strong> données générales, essayant de faire une synthèse<br />

(pour ce qui nous intéresse) <strong>des</strong> données que nous possedons sur<br />

<strong>la</strong> période pré-coloniale <strong>et</strong> coloniale. Dans <strong>la</strong> deuxième partie<br />

nous avons essayé de r<strong>et</strong>rouver <strong>la</strong> femme telle qu'elle a été<br />

décrite, <strong>et</strong> de dégager une "figure historique".<br />

1- DONNEES HISTORIQUES GENERALES<br />

Ce passage parlera principalement de l'histoire <strong>des</strong><br />

BAKONGOS, <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion sur <strong>la</strong>quelle porte l'étude faisant partie<br />

de ce groupe. Pour présenter brièvement ce groupe, disons que lfs<br />

BAKONGOS du CONGO BRAZZAVILLE, sont comme l'écrit BALANDIER .<br />

" Les groupes <strong>et</strong>hniques qui au CONGO-BRAZZAVILLE, se<br />

considèrent comme ayant leur origine à KONGO-DIA­<br />

NTOTILA, c'est à dire SAN SALVADOR, représentent les<br />

éléments les plus avancés <strong>des</strong> popu<strong>la</strong>tions ayant<br />

constitué à partir du XVIe siècle, les provinces de<br />

l'ancien royaume chrétien... ".<br />

C'est de l'histoire de l'ancien royaume de KONGO que nous<br />

partirons, avant d'arriver à <strong>la</strong> période coloniale, <strong>et</strong> au CONGO<br />

comtemporain avec ses frontières actuelles, issues de <strong>la</strong><br />

colonisation, <strong>et</strong> le regroupement <strong>des</strong> différents groupes <strong>et</strong>hniques<br />

qui s'y trouvent aujourd'hui.<br />

14_ G. BALANDIER<br />

P.287.<br />

"Sociologie actuelle de l'Afrique Noire"


-13-<br />

a)- La période pré-coloniale<br />

Le navigateur portugais DIEGO CAO découvre l'embouchure du<br />

fleuve CONGO en 1482, s'ouvre à partir de là entre les Portugais<br />

<strong>et</strong> par <strong>la</strong> suite les Hol<strong>la</strong>ndais, <strong>et</strong> les Italiens <strong>des</strong> contacts <strong>et</strong><br />

<strong>des</strong> re<strong>la</strong>tions entre le royaume de KONGO <strong>et</strong> les Européens.<br />

Quel type de société les Européens rencontrent-ils C'est<br />

ce que nous verrons d'abord au travers <strong>des</strong> re<strong>la</strong>tions, récits de<br />

voyages <strong>et</strong> ~escriptions, nous pensons ici notamment<br />

respectivement : à <strong>la</strong> "D~~CRIPTION DU ROYAUME DE CONCfO ET DES<br />

CONTREES ENVIRONNANTES" ,au DIAIRE CONGOLAIS 1, <strong>et</strong> à<br />

d'autres plus contemporaines synthétisant en que 1<br />

l q ue sorte toutes<br />

les informations connues sur l'ancien royaume .<br />

En ce qui concerne les deux premières re<strong>la</strong>tions; nous savons<br />

que celles-ci sont une vision faite à travers un faisceau de<br />

préjugés, d'à priori, <strong>et</strong> de certitu<strong>des</strong> de <strong>la</strong> part <strong>des</strong><br />

observateurs, mais une fois écarté ou nuancé les commentaires <strong>et</strong><br />

jugements péremptoires de telle ou telle coutume "barbare" f a<br />

pu dégager <strong>des</strong> constantes. Comme le souligne W.G.L. RANDLES :<br />

"En vertu de quels critères déceler <strong>la</strong> réalité<br />

dérrière <strong>la</strong> dénonciation de non conformité Pourquoi<br />

pas par l'étonnement <strong>et</strong> le scandale que suscite en ces<br />

esprits chrétiens le spectacle de moeurs inouïes Car<br />

le constat de scandale n'est-il pas le plus sûr indice<br />

que de vieilles manières perdurent malgré les<br />

mutations opérées par les protagonistes de <strong>la</strong> voie<br />

Européenne"<br />

15_POur différencier l'ancien<br />

république actuelle nous l'écrirons<br />

l'on renvoie à l'ancien royaume.<br />

royaume de KONGO de <strong>la</strong><br />

soit avec K ou C selon que<br />

16_FILIPPO PIGAFETTA & DUARTE LOPES (1591)<br />

l'italien <strong>et</strong> annotée par WILLY BAL.<br />

traduite de<br />

17_ F . BONTINCK: "Diaire C~ngo<strong>la</strong>is (1690-1701) de FRA LUCA DA<br />

CALTANISETTAj traduit du manuscrit Italien inédit <strong>et</strong> annoté.<br />

à<br />

18_W. G. L . RANDLES: "L'ancien royaume du KONGO <strong>des</strong> origines<br />

<strong>la</strong> fin du XIXe siècle.<br />

-G.<br />

KONGO" .<br />

BALANDIER<br />

"La vie quotidienne au royaume du<br />

19_op déjà cité P.9.


-14-<br />

Nous nou~ interesserons à c<strong>et</strong>te période d'une part<br />

parceque :<br />

"Le vocabu<strong>la</strong>ire de <strong>la</strong> parenté <strong>et</strong> <strong>la</strong> mécanique<br />

c<strong>la</strong>nique, les préeminences liées à <strong>la</strong> séniorité,<br />

l'organisation de <strong>la</strong> vie matérielle <strong>et</strong> <strong>la</strong> répartition<br />

du travail obéissent à <strong>des</strong> règles qui restent<br />

efficaces malgré le cours <strong>des</strong> siècles".<br />

Et aussi parceque:<br />

"pour tout MUKONGO même celui <strong>des</strong> provinces<br />

périphériques, KONGO DIA NTOTILA (l'ancienne capitale)<br />

subsiste sous l'aspect d'une ville somptueuse où<br />

chacun peut trouver <strong>la</strong> parenté qui l'accueillera <strong>et</strong> le<br />

chargera de cadeaux. Le royaume aboli devient ainsi<br />

celui que tout homme bâtit avec ses rêves".<br />

Précisons en outre que l'ancien royaume de KONGO 21:<br />

"Déjà disloqué au XVIIIe siècle s'est trouvé<br />

définitivement brisé <strong>et</strong> dominé au moment <strong>des</strong> partages<br />

coloniaux à <strong>la</strong> fin du XIXe siècle. Les provinces<br />

principales restent à l'ANGOLA, l'une d'elles -MPEMBAportant<br />

les ruines de MBANZA KONGO, le centre de<br />

fondation de l'état célèbre durant un temps sous le<br />

nom de SAN SALVADOR. Les deux CONGOS modernes,<br />

constitués de part <strong>et</strong> d'autre du fleuve, incorporent<br />

les provinces périphériques <strong>et</strong> <strong>des</strong> royaumes maintenant<br />

détruits qui avaient connus <strong>la</strong> domination KONGO."<br />

Nous passerons rapidement sur les dates pour arriver à ce<br />

qui nous intéresse principalement ici, le type d'organisation<br />

sociale, le type de contacts ayant eu lieu entre les Européens<br />

de l'époque <strong>et</strong> les KONGOLAIS ainsi que les conséquences en ayant<br />

découlées.<br />

LES GRANDES<br />

DATES<br />

Nous ne nous étendrons pas outre mesure sur <strong>la</strong> querelle <strong>des</strong><br />

dates qui situe selon certains <strong>la</strong> fondation du royaume de KONGO<br />

pour certains vers 1275, pour d'autres entre 1430 <strong>et</strong> 1465,<br />

toutefois tous les historiens concernés ici s'accordent sur le<br />

fai t qu'en 1543 environ, le royaume comprenait déjà tout l'ANGOLA<br />

actuel, une bonne partie du ZAIRE <strong>et</strong> une p<strong>et</strong>ite partie, <strong>des</strong><br />

confins sud du CONGO actuel. '<br />

20_G. BALANDIER: op déjà citéP. 10, Il.<br />

21_G• BALANDIER op. déjà cité, p.181.


-15-<br />

c'est à partir de 1568 que commence le déclin du royaume:<br />

guerres intestines, révoltes <strong>des</strong> provinces vassales, <strong>et</strong> invasions<br />

extérieures. Au XVIIIe siècle celui-ci est complètement émi<strong>et</strong>té,<br />

resteront les mythes, <strong>et</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong> tradition orale <strong>des</strong> BAKONGOS<br />

dispersés le souvenir <strong>des</strong> "splendeurs" de l'ancien royaume, <strong>et</strong><br />

de sa capitale MBANZA KONGO ou SAN SALVADOR.<br />

LA SOCIETE KONGOLAISE<br />

L'organisation sociale de base est le c<strong>la</strong>n, on compte douze<br />

c<strong>la</strong>ns initiaux <strong>dans</strong> l'ancien royaume, ces c<strong>la</strong>ns se r<strong>et</strong>rouvent<br />

encore à l'heure actuelle. Celui-ci est constitué par tous les<br />

<strong>des</strong>cendants par filiation utérine d'une aïeule commune, il<br />

comprend tous les individus <strong>des</strong> deux sexes, qu'ils vivent en<br />

<strong>des</strong>sus ou au <strong>des</strong>sous. C'est l'appartenance au c<strong>la</strong>n qui garantit<br />

<strong>la</strong> qualité d'homme libre, autrement on est esc<strong>la</strong>ve. Le c<strong>la</strong>n a un<br />

nom honorifique, <strong>et</strong> un nom ésotérique, ainsi qu'une devise connue<br />

par les membres du c<strong>la</strong>n.<br />

Il semble même qu'à l' origine , les cl~ys aient eu <strong>des</strong><br />

spécialisations <strong>dans</strong> <strong>des</strong> métiers particuliers . En outre , le<br />

c<strong>la</strong>n<br />

" •• représenté <strong>et</strong> géré par un chef choisi de préférence<br />

<strong>dans</strong> <strong>la</strong> lignée <strong>la</strong> plus proche du fondateur, régit <strong>la</strong><br />

plupart <strong>des</strong> rapports sociaux. Il trace <strong>la</strong> frontière<br />

<strong>des</strong> rapports sexuels <strong>et</strong> incestueux, car <strong>la</strong> communauté<br />

de sang interdit les re<strong>la</strong>tions entre un homme <strong>et</strong> une<br />

femme qui portent le même nom c<strong>la</strong>nique. Il confère le<br />

statut d'homme libre, car l'esc<strong>la</strong>ve est toujours situé<br />

hors <strong>des</strong> c<strong>la</strong>ns.. ".<br />

Ainsi quand un c<strong>la</strong>n se dép<strong>la</strong>ce vers d'autres terres, vers<br />

une autre région <strong>dans</strong> les poussées d'expansion, il ne se dép<strong>la</strong>ce<br />

pas seul, se dép<strong>la</strong>cent toujours den"couples" de c<strong>la</strong>ns en vue <strong>des</strong><br />

mariages éventuels. D'autre part :<br />

" l'appartenance à un c<strong>la</strong>n garantissait l'accès à <strong>la</strong><br />

terre c<strong>la</strong>nique -dant les ancêtres restent les<br />

"propriétaires"- elle crée les conditions d'une<br />

sécurité <strong>et</strong> solidarité, <strong>et</strong> implique de tout membre, le<br />

respect <strong>des</strong> règles <strong>et</strong> tabous spécifiques <strong>des</strong> c<strong>la</strong>ns,<br />

l'assistance militaire, <strong>la</strong> participation aux<br />

funérailles".<br />

22_ G. BALANDIER citant J. V. WING<br />

chaque c<strong>la</strong>n avait son métier"- La vie<br />

KONGO P. 181 .<br />

23_ G. BALANDIERj op. déjà cité P.181.<br />

"A KONGO dès l'origine,<br />

qutoidienne au royaume de


-16-<br />

Il Y a donc les hommes libres, <strong>et</strong> les esc<strong>la</strong>ves, (pour ceux<br />

qui sont assez puissants pour en posseder), ceux-ci sont employés<br />

aux travaux agricoles, aux tâches de construction, aux corvées.<br />

l'esc<strong>la</strong>vage a ses raisons économiques là comme ailleurs.<br />

" Le portage <strong>et</strong> <strong>la</strong> caravane h'Waine humaine sont le seul moyen<br />

de transport utilisé à KONGO".<br />

D'autre part ce qui compte c'est <strong>la</strong> richesse en hommes, d'où<br />

l'intérêt <strong>des</strong> femmes esc<strong>la</strong>ves, qui donnent à l'homme une<br />

<strong>des</strong>cendance qui demeure <strong>dans</strong> son c<strong>la</strong>n. En outre<br />

"Le chef ne doit pas manquer d'hommes, il en est de<br />

même pour les femmes de condition, membres de <strong>la</strong><br />

famille royale, <strong>et</strong> dotée de fiefs, ou épouses<br />

principales de hauts notables, <strong>des</strong> esc<strong>la</strong>ves sont à<br />

leur service <strong>et</strong> au service du cérémonial qui<br />

entr<strong>et</strong>ient leur autorité en exaltant leur "gran<strong>des</strong>se",<br />

en certaines circonstances, l'esc<strong>la</strong>ve perm<strong>et</strong> au maître<br />

d'échapper à <strong>la</strong> rigueur <strong>des</strong> lois, <strong>et</strong> de ne pas perdre<br />

<strong>la</strong> face ou <strong>la</strong> vie, il est donné en compensation<br />

lorsqu'un homme est demandé en dédommagement d'un<br />

"crime" engageant <strong>la</strong> responsabilité de son maître , il<br />

sert de substitut pour l'épreuve du poison, il sert de<br />

bouc émissaire <strong>dans</strong> les circonstances graves menaçant<br />

<strong>la</strong> cohésion de <strong>la</strong> communauté c<strong>la</strong>nique".<br />

Au sein <strong>des</strong> c<strong>la</strong>ns il est <strong>des</strong> re<strong>la</strong>tions privilégiées du<br />

membre du c<strong>la</strong>n avec certains parents. Les re<strong>la</strong>tions sociales de<br />

tous les jours, <strong>et</strong> en toutes circonstances sont codifiées,<br />

respect <strong>et</strong> déférence envers les anciens, les notables, les aînés.<br />

N'importe qui n'a pas le droi t de dire n'importe 25quoi <strong>et</strong> à<br />

n'importe quel moment; aussi BALANDIER remarque que<br />

"La civilisation KONGO peut être vu comme un système<br />

de convention <strong>et</strong> de convenances"<br />

24_G.<br />

, P. 191.<br />

BALANDIER<br />

"La vie quotidienne au royaume de KONGO"<br />

25_ G. BALANDIER<br />

op cité P. 191.


-17-<br />

Les re<strong>la</strong>tions sociales sont très hierarchisées <strong>et</strong> nuancées<br />

en fonction <strong>des</strong> statuts <strong>des</strong> individus les uns par ailleurs aux<br />

autres. Un <strong>des</strong> aspects de l'organisation familiale sur lequel les<br />

premier~ 2fbservateurs se sont abondamment étendus est <strong>la</strong><br />

polygaml.e :<br />

" Un autre mal est <strong>la</strong> coutume d'avoir plusieurs<br />

femmes, elle est universelle <strong>dans</strong> tout le Congo, on<br />

n'en ressent pas <strong>la</strong> moindre honte, <strong>et</strong> elle est suivie<br />

même par les hommes mariés religieusement, celui qui<br />

possède le plus grand nombre de femmes est tenu pour<br />

le plus grand <strong>et</strong> le plus puissant seigneur."<br />

Quant à <strong>la</strong> société, elle est basée sur <strong>la</strong> complémentarité<br />

<strong>des</strong> pôles, il y a un monde féminin <strong>et</strong> un monde masculin, il y a<br />

différenciation <strong>des</strong> tâches <strong>et</strong> métiers selon le sexe, l'un <strong>des</strong><br />

seul domaine où il y ait eu semble-t-il indifféremment <strong>des</strong> hommes<br />

<strong>et</strong> <strong>des</strong> femmes, est celuh de <strong>la</strong> médecine traditionnelle; <strong>et</strong> le<br />

domaine magico-religieux .<br />

Pour nous résumer nous dirons donc que <strong>dans</strong> <strong>la</strong> société<br />

traditionnelle pré-coloniale l'organisation sociale de base c'est<br />

le c<strong>la</strong>n, que <strong>la</strong> famille est souvent polygamique, que <strong>la</strong> parenté<br />

tient une p<strong>la</strong>ce essentielle <strong>dans</strong> <strong>la</strong> vie de l'individu, <strong>et</strong> que<br />

<strong>dans</strong> ce système de parenté, <strong>la</strong> femme a un rôle important car<br />

l'appartenance à un c<strong>la</strong>n se fait par elle.<br />

Les rapports entre générations sont <strong>des</strong> rapports de<br />

préeminence de <strong>la</strong> génération plus âgée. Dans c<strong>et</strong>te société<br />

l'unité résidentielle est le vil<strong>la</strong>ge, ou le regroupement de<br />

plusieurs vil<strong>la</strong>ges.<br />

26_ FRA LUCA DA CALTANISETTA : "Diaire Congo<strong>la</strong>is", P. 75 •<br />

27 -Nous n'ignorons pas qu'il y a <strong>des</strong> rites typiquement<br />

masculins ou féminins, notre propos ici était tout juste de<br />

pointer en passant que le sexe ne semb<strong>la</strong>it pas constituer une<br />

entrave pour être guérisseuse, prêtesse d'un culte <strong>et</strong>c••.


-18-<br />

Certes MBANZA KONGO est un grand centre bien avant l'arrivée<br />

<strong>des</strong> Européens, mais on ne peut pas dire qu'il Y ait eu à<br />

proprement parlé (du moins en ce qui concerne le royaume de<br />

KONGO) de civilisation urbaine comme <strong>dans</strong> certaines contrées<br />

d'Afrique. Les regroupements se faisant en fonction <strong>des</strong> affinités<br />

c<strong>la</strong>niques, <strong>et</strong> ayant un caractère PfSécaire, c'est ainsi que<br />

BALANDIER parle de "villes fragiles" :<br />

"Les cités <strong>et</strong> plus encore les vil<strong>la</strong>ges, du pays KONGO<br />

sont vulnérables. Moins édifiés pour faire corps avec<br />

le sol, que pour <strong>la</strong>isser aux hommes une certaine<br />

mobilité. Les chefs lieux <strong>des</strong> provinces changent<br />

d'emp<strong>la</strong>cement ( ... ), à <strong>la</strong> suite <strong>des</strong> guerres entre<br />

prétendants au trône, <strong>la</strong> capitale elle-même est<br />

abandonnée vers <strong>la</strong> fin du XVIIe siècle, elle r<strong>et</strong>rouve<br />

une existence sans grandeur parmi ses ruines, au début<br />

<strong>des</strong> années 1700, avec <strong>la</strong> restauration de PEDRO IV.<br />

Quant aux vil<strong>la</strong>ges, désignés par le terme général de<br />

"divata" leur instabilité parait extrème. Tout y<br />

concourt: les métho<strong>des</strong> agricoles, les luttes de<br />

factions, les croyances qui imposent de ne plus<br />

résider là où le chef vient de mourir. La précarité<br />

<strong>des</strong> habitations provoque <strong>et</strong> perm<strong>et</strong> ce mouvement<br />

incessant <strong>des</strong> groupements humains ce qui incite<br />

PIGAFETTA à affirmer que "ces gens construisent à <strong>la</strong><br />

façon <strong>des</strong> bergers"".<br />

L' habitation est précaire, <strong>et</strong> est conçue de telle sorte<br />

qu'elle puisse s'édifier le plus rapidement possible. Elle dénote<br />

d'autre part d'une conception particulière de l'habitation, on<br />

ne vit pas souvent "<strong>dans</strong> <strong>la</strong> maison". Celles-ci s~rt entourées<br />

d'enceintes ou de haies vives; quant à leur forme :<br />

"Les maisons sont généralement de p<strong>la</strong>n rectangu<strong>la</strong>ire,<br />

p<strong>et</strong>ites basses, à une seule ouverture étroite assurant<br />

l'accès <strong>et</strong> l'entrée de <strong>la</strong> lumière lorsqu'elles<br />

appartiennent à <strong>des</strong> gens du commun."<br />

Toutes les techniques <strong>et</strong> les formes décrites depuis c<strong>et</strong>te<br />

époque ont subsisté <strong>et</strong> subsistent encore, notamment le système<br />

de torchis sur c<strong>la</strong>yonnage, utilisé encore actuellement, <strong>et</strong> les<br />

toits en chaume.<br />

2S_G. BALANDIER, op cité p. 134.<br />

ag-Go BALANDIER op cité. p.134 .


-19-<br />

LES PREMIERS CONTACTS<br />

Le royaume de KONGO s'est ouvert facilement aux contacts<br />

avec les Européens. L'un <strong>des</strong> premiers soucis <strong>des</strong> rois <strong>et</strong><br />

notables, semble avoir été de s'instruire auprès d'eux.<br />

D'où selon les re<strong>la</strong>tions historiques, échange d'ambassadeurs,<br />

christiannisation superficielle peut être mais rapide du roi <strong>et</strong><br />

<strong>des</strong> notables, avec adoption de noms chrétiens, création de<br />

quelques écoles. Quelques Kongo<strong>la</strong>is de <strong>la</strong> noblesse parlent <strong>et</strong><br />

écrivent le portugais, <strong>et</strong> s'instruisent <strong>des</strong> usages <strong>des</strong> étrangers.<br />

Mais il faut toutefois noter que les premiers contacts ont<br />

lieu surtout avec une minorité de <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse dirigeante, aussi les<br />

influences possible de <strong>la</strong> civilisation étrangère ne se feront<br />

sentir que <strong>dans</strong> ces cercles. D'autre part l'adoption du<br />

christiannisme, ne détruira en rien les anciennes croyances, on<br />

peut même parler à ce propos de l'assimi<strong>la</strong>tion par les croyances<br />

locales d'une partie de <strong>la</strong> symbolique religieuse chrétienne,<br />

"fétichisation" de <strong>la</strong> croix par exemple, syncrétisme <strong>et</strong>c...<br />

L'un <strong>des</strong> apports Européens de c<strong>et</strong>te époque qui jusqu'à<br />

présent a une p<strong>la</strong>ce primordiale <strong>dans</strong> <strong>la</strong> vie de tous les jours<br />

c'est un apport qui a modifié le régime alimentaire; il s'agit<br />

ici de l'introduction du manioc, celui-ci apporté par les<br />

Européens d'Amérique ainsi que le maïs a en eff<strong>et</strong> remp<strong>la</strong>cé le<br />

graminée utilisé jusque là pour devenir ensuite <strong>et</strong> rester <strong>la</strong> base<br />

de l'alimentation.<br />

Pour le reste on peut conclure que l'influence Européenne<br />

du début a été pour ainsi dire superficielle <strong>et</strong> limitée à une<br />

p<strong>et</strong>ite élite aux convictions plus ou moins circonstancielles.<br />

L'essentiel <strong>des</strong> croyances <strong>et</strong> <strong>des</strong> mo<strong>des</strong> de vie de <strong>la</strong> majeure<br />

partie de <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion ne s'est pas profondément modifié.<br />

Il n'est pour s'en convaincre que de se reporter aux propos<br />

désabusés du frère LUCA DA CALTANISETTA, devant ce qu'il qualifie<br />

"d'indignités" <strong>et</strong> de "pratiques du démon"; <strong>la</strong> polygamie, <strong>et</strong> les<br />

rite!b traditionnels, même chez les gens baptisés. Ainsi, il<br />

note ;<br />

" •..J'arrivai <strong>dans</strong> <strong>la</strong> Libata 31 du marquis de WEMBO<br />

<strong>dans</strong> le territoire de bu<strong>la</strong>, je l'obligeai à se marier,<br />

<strong>et</strong> à prom<strong>et</strong>tre de se séparer de ses concubines qu'il<br />

entr<strong>et</strong>enait, mais il ne tint pas sa promesse; c'est de<br />

c<strong>et</strong>te manière qu'ordinairement se conduisent ces<br />

misérables créatures."<br />

3°-FRA LUCA DA CALTANISETTA : "Diaire Congo<strong>la</strong>is" P.45 <strong>et</strong> 51.<br />

31_LIBATA ou DIVATA : vil<strong>la</strong>ge.


-20-<br />

Plus loin nous relevons:<br />

"J'assistai à quatre mariages; ces mariages furent par<br />

<strong>des</strong> gens du CONGO ceux de KIOVA ne vou<strong>la</strong>ient pas se<br />

marier, ils déc<strong>la</strong>raient que le mariage était une<br />

nouvelle loi que je vou<strong>la</strong>is introduire, c'était une<br />

coutume <strong>des</strong> MESSIKONGOS dont eux ne vou<strong>la</strong>ient pas,<br />

pour eux , le baptême suffisait, ils vou<strong>la</strong>ient mourir<br />

comme l'avaient fait leurs ancêtres <strong>et</strong> ne pas être les<br />

premiers à introduire c<strong>et</strong>te coutume du mariage."<br />

Les pratiques religieuses chrétiennes sont mises sur le même<br />

p<strong>la</strong>n que les pratiques traditionnelles; LUCA DA CALTANISSETA<br />

rapporte les propos indignés de femmes lorsqu'il détruisait un<br />

a~tel32 où <strong>des</strong> idoles de ceux qu'il appe<strong>la</strong>it les prêtres du<br />

demon .<br />

"Quelques femmes se <strong>la</strong>mentaient de ce que je<br />

détruisais ces obj<strong>et</strong>s, elles me dirent: " le père n'at-il<br />

pas aussi ses pratiques quand il dit <strong>la</strong> messe<br />

Alors de notre côté nous avons les nôtres".<br />

Enfin pour finir voici<br />

notre propos; le religieux<br />

"idoles";<br />

deux passages qui illustrent<br />

ayant brûlé encore une fois<br />

bien<br />

<strong>des</strong><br />

"Quelques hommes <strong>et</strong> femmes dirent à l'interprète que<br />

j'agissais mal en me montrant ennemi <strong>des</strong> féticheurs <strong>et</strong><br />

en brû<strong>la</strong>nt leurs idoles, ils ajoutèrent qu'ils ne<br />

pouvaient abandonner les coutumes de leur pays, étant<br />

chrétiens, ils avaient d'abord eu recours à Dieu pour<br />

<strong>la</strong> guérison de ce ma<strong>la</strong>de, ne l'ayant pas obtenue, ils<br />

s'étaient adréssés aux féticheurs afin que ceux-ci<br />

l'obtiennent du démon, honoré <strong>dans</strong> ces idoles. C<strong>et</strong>te<br />

réponse, montre les dispositions profon<strong>des</strong> de tous les<br />

habitants de ce malheureux royaume de KONGO."<br />

79.<br />

32_<strong>et</strong> suite FRA LUCA DA CALTANISETA, op cité, Pages; 56, 69,


-21-<br />

Quant à<br />

<strong>la</strong> conception du baptême, elle amène c<strong>et</strong>te remarque:<br />

"On peut se faire une idée du peu de cas qu'ils font<br />

<strong>des</strong> choses de l'âme, aussi bien du baptême, que de <strong>la</strong><br />

sainte confession -je dis du baptême, car s'il est<br />

vrai que les habitants de ce royaume se font<br />

volontiers baptiser, ils le font uniquement pour<br />

pouvoir s'appeler DON <strong>et</strong> pour ne pas être tenus pour<br />

<strong>des</strong> païens, pourtant ils désirent recevoir le baptême<br />

sans se donner trop de peine <strong>et</strong> que le prêtre vienne<br />

le leur administrer <strong>dans</strong> leur libata".<br />

Tout ceci illustre bien nous semble-t-il concernant <strong>la</strong><br />

christianisation surtout à quel niveau celle-ci s'est faite,<br />

l'adhésion était plus symbol ique que réelle, <strong>et</strong> les nouveaux<br />

baptisés ou chrétiens ne se croyaient pas tenus par les<br />

obligations qu'impliquaient l'adhésion à <strong>la</strong> foi chrétienne.<br />

IAussi pour l'essentiel, malgré le passage <strong>des</strong> missionnaires, les<br />

Igens continuent de se marier, de vivre, de mourir selon les<br />

~outumes du pays. Ceci nous fait entrevoir le type de<br />

bouleversements apportés pendant <strong>la</strong> période coloniale proprement<br />

Idite .


-22-<br />

-LA PERIODE COLONIALE<br />

Celle-ci va environ de 1880 à 1960, rappelons que lorsque<br />

les premières missions exploratrices arrivent <strong>dans</strong> <strong>la</strong> région, les<br />

anciens royaumes sont pratiquement inexistants restent les<br />

chefferies, les popu<strong>la</strong>tions dispersées. La progression <strong>des</strong><br />

habitants de l'ancien royaume s'est stabilisée autour de son<br />

imp<strong>la</strong>ntation actuelle, en ce qui concerne le CONGO BRAZZAVILLE.<br />

LES DATES<br />

- Septembre 1880 convention entre BRAZZA <strong>et</strong> HAKOKO 33<br />

- Mars 18~r' le lieutenant de vaisseau CORDIER signe avec le<br />

HALOANGO un traité par lequel celui-ci reconnait <strong>la</strong><br />

suzerain<strong>et</strong>é de <strong>la</strong> FRANCE.<br />

Ainsi 35;<br />

" Un monde vient de prendre fin, le congo <strong>des</strong> <strong>et</strong>hnies<br />

va en 80 ans devenir <strong>la</strong> République du CONGO qui se<br />

fera p<strong>et</strong>it à p<strong>et</strong>it sa p<strong>la</strong>ce <strong>dans</strong> le monde dit<br />

moderne... ".<br />

Et <strong>dans</strong> ce CONGO moderne l'ensemble <strong>des</strong> popu<strong>la</strong>tions issues<br />

du royaume de KONGO <strong>et</strong> de LOANGO est de près de <strong>la</strong> moitié de <strong>la</strong><br />

popu<strong>la</strong>tion. Nous précisons que nous ne considérons pas c<strong>et</strong>te<br />

société traditionnelle comme étant statique, tout au plus dironsnous<br />

qu'elle avait sa propre évolution liée à son histoire, <strong>et</strong><br />

aux divers contacts <strong>et</strong> évènements historiques.<br />

nous avons voulu seulement souligner avant de poursuivre,<br />

que les premiers types de contact n'avaient pas fait perdre au<br />

système sa cohérence. D'autre part que les rapports avaient été<br />

assez circoncris pour être assimilés. Il n'en sera plus de même<br />

pendant <strong>la</strong> période coloniale <strong>et</strong> <strong>la</strong> période actuelle, <strong>la</strong> période<br />

coloniale va accélérer une évolution autrefois plus lente, plus<br />

"confortable" , plus contrô<strong>la</strong>ble en quelque sorte.<br />

33 Le HAKOKO est le <strong>des</strong>cendant <strong>des</strong> rois TEKE du royaume<br />

BATEKE, connu aussi sous le nom de royaume TIO, voisin du royaume<br />

de KONGO.<br />

34 -HALOANGO <strong>des</strong>cendant <strong>des</strong> rois de LOANGO, royaume autrefois<br />

vassal du royaume du KONGO, puis souverain, ayant de nombreux<br />

points communs avec ce dernier.<br />

35 -H. SORET: "Histoire du CONGO" p. 168.


-23-<br />

En eff<strong>et</strong>, <strong>la</strong> période coloniale sera une prise de possession<br />

directe réelle, d'un pays aux frontières définies, non comme<br />

auparavant sur <strong>des</strong> critères <strong>et</strong>hniques, mais sur d'autres<br />

critères. Ainsi se trouvent rassemblés <strong>dans</strong> ces frontières,<br />

certes <strong>des</strong> <strong>et</strong>hnies qui se connaissent, <strong>et</strong> qui ont eues <strong>des</strong><br />

re<strong>la</strong>tions commerciales <strong>dans</strong> le passé <strong>et</strong> <strong>des</strong> échanges plus ou<br />

moins pacifiques, mais qui ne se sont jamais considéré jusque là<br />

comme faisant partie d'un seul pays.<br />

Il Y a donc mise en p<strong>la</strong>ce de nouvelles frontières, <strong>et</strong> de<br />

nouvelles structures administratives; non contrôlées par les<br />

popu<strong>la</strong>tions concernées; changement <strong>des</strong> pôles d' autorité, les<br />

autorités coloniales ne se sont appuyés sur certaines autorités<br />

locales que pour mieux les contrôler, <strong>et</strong> aussi par souci de<br />

commodité.<br />

Il Y a aussi <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce de circuits économiques<br />

différents, ce qui opère un changement <strong>dans</strong> <strong>la</strong> répartition<br />

traditionnelle <strong>des</strong> activités. Mise en p<strong>la</strong>ce d'un système<br />

d'éducation, d'enseignement religieux <strong>et</strong> <strong>la</strong>ïc, qui se superpose<br />

à l'éducation traditionnelle, ce qui amène un changement du<br />

contenu du savoir. Il y a création <strong>des</strong> villes, <strong>et</strong> accroissement<br />

de celles-ci.<br />

Ainsi on peut dire que <strong>la</strong> colonisation fait éc<strong>la</strong>ter les<br />

structures traditionnelles, <strong>et</strong> l'organisation sociale de base.<br />

Elle introdui t aussi entre autres <strong>la</strong> monnaie <strong>et</strong> change <strong>la</strong><br />

répartition traditionnelle <strong>des</strong> activités économiques. Elle m<strong>et</strong><br />

d'autre part en p<strong>la</strong>ce un mode de production, <strong>des</strong> mo<strong>des</strong> de pensée,<br />

<strong>et</strong> de vivre différents de <strong>la</strong> vie traditionnelle.<br />

" L'évolution fût surtout sensible à partir de <strong>la</strong><br />

première guerre mondiale <strong>et</strong> accélérée par <strong>la</strong> deuxième.<br />

Une <strong>des</strong> causes premières fut l'obligation de payer<br />

l'impôt en espèces ce qui contribue à <strong>la</strong> diffusion de<br />

<strong>la</strong> monnaie <strong>et</strong> par là, à saper <strong>la</strong> cohésion<br />

traditionnelle. Les sociétés concessionnaires en<br />

imposant <strong>la</strong> récolte de caoutchouc, <strong>des</strong> noix de palme,<br />

bouleversent <strong>la</strong> répartition traditionnelle <strong>des</strong><br />

activités, ce qui e~rraîne une augmentation de <strong>la</strong><br />

mortalité masculine."<br />

36_M. SORET; op cité, P. 131 <strong>et</strong> 132.


-24-<br />

L'auteur poursuit <strong>et</strong> résume ainsi <strong>la</strong> transformation <strong>des</strong><br />

sociétes traditionnelles:<br />

.. Il est à peu près certain que <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion du CONGO<br />

n'a guère variée au cours <strong>des</strong> siècles qui ont précédé<br />

<strong>la</strong> pénétration par suite <strong>des</strong> famines, <strong>des</strong> guerres, <strong>des</strong><br />

endemies <strong>et</strong> surtout, de <strong>la</strong> mortalité infantile•.• La<br />

paix <strong>et</strong> l'action sociale du service de santé modifient<br />

c<strong>et</strong> équilibre comme <strong>la</strong> paix encore <strong>et</strong> le développement<br />

économique vont favoriser les migrations, les<br />

regroupements de popu<strong>la</strong>tion <strong>dans</strong> les régions "les plus<br />

favorisées <strong>et</strong> les centres urbains. Les sociétés ainsi<br />

transformées, l'économie perm<strong>et</strong>tra aux jeunes de se<br />

libérer <strong>des</strong> autorités coutumières, notamment en<br />

rejoignant les villes où se multiplient les<br />

détribalisés( .. ).<br />

Ces masses dé<strong>la</strong>issent aussi de plus en plus <strong>la</strong><br />

tradition <strong>et</strong> notamment les religions traditionnelles ­<br />

l'is<strong>la</strong>m ne franchissant pas <strong>la</strong> forêt, ce sera le<br />

christiannisme qui apportera les structures de<br />

remp<strong>la</strong>cement, mais l'assimi<strong>la</strong>tion incomplète de ces<br />

doctrines aboutit souvent à <strong>des</strong> syncrétismes entre les<br />

nouvelles <strong>et</strong> anciennes religions( .. ) Enfin en dépit<br />

d'une résistance passive très n<strong>et</strong>te de <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion<br />

l'enseignement de type occidental progresse assez<br />

rapidement. Entièrement religieux à son origine, il se<br />

<strong>la</strong>ïcisera peu à peu. A <strong>la</strong> veille de l'indépendance,<br />

80~ de <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion sco<strong>la</strong>risable seront touchés <strong>et</strong> le<br />

français deviendra <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue de communication entre<br />

les <strong>et</strong>hnies ne possédant pas de <strong>la</strong>ngue véhicu<strong>la</strong>ire en<br />

commun."<br />

Nous pensons avoir posé grâce à <strong>la</strong> longue citation qui<br />

précède, d'une manière générale les éléments mis en p<strong>la</strong>ce au<br />

cours de <strong>la</strong> situation coloniale. Essayons d'examiner de plus près<br />

ce que celle-ci impliquait, c'est le propos du passage qui suit.


-25-<br />

LA<br />

SITUATION COLONIALE<br />

Nous avons parlé dès le début de <strong>la</strong> situation coloniale,<br />

comme d'une période particulière ayant donné un tour particulier<br />

aux changements en cours, il s'agit <strong>dans</strong> ce passage de <strong>la</strong> définir<br />

<strong>et</strong> d'en dégager les caractéristiques principales en utilisant<br />

d'abord <strong>la</strong> définition qu'en donne G. BALANDIER <strong>et</strong> en dégageant<br />

ensuite quelques traits du modèle général de <strong>la</strong> société colonisée<br />

de G. ROCHER.<br />

G. BALANDIER 37 caractérise <strong>la</strong> situation coloniale comme:<br />

"La domination imposée par une minorité étrangère,<br />

racialement <strong>et</strong> culturellement différente, au nom d'une<br />

supériorité sociale affirmée, à<br />

autochtone matériellement différente,<br />

une<br />

au<br />

majorité<br />

nom d'une<br />

supériorité sociale (ou <strong>et</strong>hnique) <strong>et</strong> culturelle<br />

dogmatiquement affirmée, à une majorité autochtone<br />

matériellement inférieure, <strong>la</strong> mise en rapport de<br />

civilisations hétérogènes: une civilisation à<br />

machinisme, à économie à rythme rapide <strong>et</strong> d'origine<br />

chrétienne s'imposant à <strong>des</strong> civilisations sans<br />

techniques complexes, à économie r<strong>et</strong>ardée, à rythme<br />

lent <strong>et</strong> radicalement non chrétienne; le caractère<br />

antagoniste <strong>des</strong> re<strong>la</strong>tions intervenant entre les deux<br />

sociétés qui s'explique par le rôle d'instrument<br />

auquel est condamnée ensuite <strong>la</strong> société dominée; <strong>la</strong><br />

nécessité pour maintenir <strong>la</strong> domination, de recourir<br />

non seulement à <strong>la</strong> force, mais encore à un ensemble de<br />

pseudo-justi fications <strong>et</strong> de comportements<br />

stéréotypés... "<br />

Entre autres caractéristiques de <strong>la</strong> soc~été<br />

avons, l'exploitation économique étrangère :<br />

colonisée, nous<br />

"Par les techniques nouvelles qu'il importe, par<br />

l'usage de <strong>la</strong> monnaie <strong>et</strong> du crédit qu'il introduit ou<br />

qu'il étend, par les valeurs <strong>et</strong> modèles qu'il apporte<br />

avec lui, le colonisateur est nécessairement un<br />

novateur, un agent du changement social. Il vient<br />

perturber une évolution en cours •••Bref <strong>la</strong><br />

colonisation a provoqué <strong>dans</strong> bien <strong>des</strong> sociétés<br />

traditionnelles les premiers remous du développement<br />

économique."<br />

37_Sociologie actuelle de l'Afrique Noire, p. 34 <strong>et</strong> 35.<br />

38_ G. ROCHER: "Le changement social" p.225 .


-26-<br />

Nous relevons aussi que <strong>la</strong> situation coloniale comprend <strong>la</strong><br />

dépendance politique, les barrières sociales <strong>et</strong> raciales,<br />

illustrées notamment par le cl i vage existant <strong>dans</strong> les villes<br />

coloniales, nous reviendrons sur ce point par <strong>la</strong> suite. Nous<br />

passons sur l'atomisation sociale, le système de juntifications,<br />

pour nous intéresser plus particulièrement aux "Points de<br />

contacts entre colonisateurs <strong>et</strong> colonisés", surtout pour pointer<br />

les transformations introduites pendant <strong>la</strong> période coloniale,<br />

<strong>dans</strong> le système traditionnel.<br />

" Le pouvoir politique de <strong>la</strong> société traditionnelle<br />

persiste <strong>dans</strong> <strong>la</strong> situation coloniale, on r<strong>et</strong>rouve<br />

généralement en p<strong>la</strong>ce les mêmes chefs, <strong>et</strong> les mêmes<br />

organismes d'autorité. Hais le pouvoir politique est<br />

redéfini <strong>et</strong> réorienté ce n'est plus une autorité<br />

autonome, mais une autorité déléguée, servant<br />

d'intermédiaire entre <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion <strong>et</strong> l'autorité<br />

coloniale."<br />

Le système d'enseignement mis en p<strong>la</strong>ce aura pour mission<br />

première de créer une él i té évoluée qui composera les cadres<br />

administratifs <strong>et</strong> techniques requis par le gouvernement, les<br />

entreprises, les services publics. Les nouveaux milieux de<br />

travai 1 imposent également d'autres attitu<strong>des</strong>, motivations <strong>et</strong> <strong>des</strong><br />

conduites différentes <strong>des</strong> conduites ancestrales. Quant aux<br />

églises:<br />

"Que ce soit par les conversions religieuses qu'elles<br />

opèrent ou les services qu'elles assurent, les églises<br />

jouent elles aussi le rôle d'agents socialisateurs.<br />

Elles contribuent à l'intériorisation de nouvelles<br />

conduites, non seulement morales mais aussi<br />

sanitaires, économiques, <strong>et</strong>c...<br />

Elles transm<strong>et</strong>tent <strong>des</strong> connaissances, <strong>des</strong> valeurs,<br />

elles perm<strong>et</strong>tent un certain mode d'identification au<br />

régime colonial, mais d'une manière en quelque sorte<br />

tangentielle: par les fonctions auxquelles elles<br />

perm<strong>et</strong>tent d'accéder <strong>dans</strong> l'église <strong>et</strong> par les rapports<br />

qu'elles établissent entre les personnes appartenant<br />

aux deux sous-systèmes."<br />

39_G. ROCHER op. cité, p.231, 234, 235.


-27-<br />

L'auteur souligne en outre, en par<strong>la</strong>nt <strong>des</strong> associations<br />

volontaires que celles-ci:<br />

"Form~es sur le modêle d'associations volontaires<br />

semb<strong>la</strong>bles <strong>dans</strong> <strong>la</strong> soci~t~ colonisatrice, elles<br />

prennent <strong>dans</strong> <strong>la</strong> sociét~ colonis~e une fonction de<br />

socialisation plus accentuée. Il se dégage finalement<br />

de ce tableau que partout où les sous-systêmes se<br />

touchent, le sous-systême colonisateur cherche à faire<br />

l'éducation du sous-systême colonis~. mais ce qui<br />

singu<strong>la</strong>rise c<strong>et</strong>te forme de socialisation c'est qu'elle<br />

fait pén~trer les socialis~s <strong>dans</strong> une culture <strong>et</strong> une<br />

société qui leur restent toujours ~trangêres. Aussi n­<br />

at-elle pas finalement pour eff<strong>et</strong> de socialiser à<br />

égalité mais plutôt à <strong>la</strong> dépendance. C'est une<br />

socialisation qui contribue à faire reconnaître <strong>et</strong><br />

accepter l'autre sous-systême, celui du colonisateur,<br />

non seulement comme diff~rent du sien mais aussi comme<br />

supérieur. Il en résulte une importance cons~quence.<br />

Les points de contacts finissent par devenir <strong>des</strong><br />

points de soudure entre les deux sous-systêmes. Par<br />

les rapports socialisants que le colonisateur<br />

entr<strong>et</strong>ient avec les colonisés <strong>dans</strong> le gouvernement,<br />

l'école, le travail les ~glises, le sous-systême<br />

colonisateur s'attache le sous-systême colonisé, le<br />

transforme partiellement, sans l'int~grer totalement<br />

( ••. ) ce qui amène à <strong>la</strong> dépersonnalisation de <strong>la</strong><br />

collectivit~. Celle-ci se vide de son identité<br />

propre."<br />

Nous pensons <strong>dans</strong> ce passage, grâce aux nombreux recours<br />

faits au modèle de <strong>la</strong> société colonisée avoir pu caractériser <strong>la</strong><br />

période coloniale, ceci perm<strong>et</strong>tant de mieux appr~hender <strong>la</strong><br />

situation actuelle qui est celle de <strong>la</strong> période post-coloniale.


-28-<br />

cl-LA PERIODE POST-COLONIALE<br />

Dans le deuxième chapitre, nous présenterons de façon plus<br />

détaillée c<strong>et</strong>te période qui est <strong>la</strong> période actuelle. En eff<strong>et</strong> le<br />

CONGO comme nombre d'anciennes colonies Françaises est devenu<br />

indépendant en 1960.<br />

Qu'est ce qui caractérise ces 22 ans d'indépendance Les<br />

frontières héritées de <strong>la</strong> période coloniale demeurent, les<br />

structures aussi. Nous pouvons dire que nous sommes <strong>dans</strong> un pays<br />

jeune, sous-développé, <strong>dans</strong> lequel se pose <strong>des</strong> problèmes de<br />

réorganisation, de structuration à tous les niveaux, <strong>dans</strong> un pays<br />

à <strong>la</strong> recherche d'une cohérence.<br />

Aussi ce qui caractérise <strong>la</strong> période actuelle c'est qu'elle<br />

est une période transitoire, où l'on assiste à <strong>la</strong> coexistence de<br />

deux systèmes, le système traditionnel, ou du moins ce qu'il en<br />

reste, <strong>et</strong> le sous-système mis en p<strong>la</strong>ce pendant <strong>la</strong> période<br />

coloniale, aussi assiste-t-on au développment <strong>des</strong> transformations<br />

ayant débutées pendant <strong>la</strong> période coloniale.


-29-<br />

2-LA FEMME DANS L'HISTOIRE<br />

Ce passage a pour obj<strong>et</strong>, d'essayer de nous éc<strong>la</strong>irer sur <strong>la</strong><br />

p<strong>la</strong>ce réelle que <strong>la</strong> femme KONGO, a pu avoir à certaines époques.<br />

En eff<strong>et</strong> le système de parenté KONGO, est un système matriarcal,<br />

en ce qui concerne surtout <strong>la</strong> dévolution <strong>des</strong> biens, <strong>et</strong> <strong>des</strong><br />

pouvoirs, ce<strong>la</strong> signifie-t-il que ce<strong>la</strong> découle d'une époque où <strong>la</strong><br />

femme aurait-eue une influence plus prépondérante <strong>dans</strong> <strong>la</strong><br />

société<br />

Les éléments dont nous disposons ne nous ont pas permis de<br />

répondre à c<strong>et</strong>te question, nous avons tout au plus essayé de<br />

r<strong>et</strong>rouver une certaine image de <strong>la</strong> femme à travers les<br />

<strong>des</strong>criptions anciennes, nous nous sommes ensuite arrêtée au<br />

passage sur une personnalité féminine ayant marquée son époque,<br />

pour clore le chapitre par ce qu'avait pu être <strong>la</strong> situation de<br />

<strong>la</strong> femme en général.<br />

Nous commencerons par quelques observations éparses relevées<br />

à propos <strong>des</strong> femmes <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>des</strong>cription de PIGAFETTA <strong>et</strong> DU1~TE<br />

LaPES, présentant celles-ci <strong>dans</strong> une activité particulière :<br />

"C<strong>et</strong>te ile est <strong>la</strong> mine de <strong>la</strong> monnaie qu'utilisent le<br />

roi de CONGO <strong>et</strong> les peuples <strong>des</strong> régions environnantes.<br />

C'est pourquoi, sur ces p<strong>la</strong>ges, <strong>des</strong> femmes plongeant<br />

par <strong>des</strong> fonds de deux brasses <strong>et</strong> plus, remplissent <strong>des</strong><br />

paniers de sable puis en r<strong>et</strong>irent de p<strong>et</strong>its<br />

coquil<strong>la</strong>ges, elles prennent soin de distinguer les<br />

mâles <strong>des</strong> femelles, qui sont plus fines <strong>et</strong> appréciées<br />

pour leur couleur c<strong>la</strong>ire, bril<strong>la</strong>nte <strong>et</strong> agréable à<br />

voir."<br />

Un autre passage nous décrit le costume féminin de l'époque<br />

(nous avons pensé interessant de le noter, car il se rapporche<br />

du costume traditionnel actuel; mis à part le fait que les tissus<br />

ne sont plus les mêmes):<br />

"Les femmes se couvrent le bas du corps de trois<br />

ban<strong>des</strong> d'étoffe, l'une d'elle longue, <strong>des</strong>cendant<br />

jusqu'aux talons, <strong>la</strong> seconde plus courte encore( ••• )<br />

chacune d'elle étant drapée en <strong>la</strong>rgeur <strong>et</strong> s'ouvrant à<br />

l'avant elles se couvrent <strong>la</strong> poitrine d'un corsage qui<br />

<strong>des</strong>cend jusqu'à <strong>la</strong> ceinture, ces vêtements sont fait<br />

en tissu de palmes."<br />

40_ p . PIGAFETTA <strong>et</strong> DUARTE LaPES: "Description du royaume du<br />

CONGO <strong>et</strong> <strong>des</strong> contrées environnantes" P. 25 .


-30-<br />

Nous relevons aussi au passage c<strong>et</strong>te réaction <strong>des</strong> femmes à<br />

propos de <strong>la</strong> volonté de suppression de <strong>la</strong> polygamie par les<br />

prêtres:<br />

"Les femmes qui se voyaient séparées de leurs<br />

seigneurs en vertu de <strong>la</strong> loi chrétienne prennaient<br />

ce<strong>la</strong> pour une injur <strong>et</strong> un affront <strong>et</strong> maudissaient <strong>la</strong><br />

nouvelle religion." n<br />

Un autre passage m<strong>et</strong> en évidence l'un <strong>des</strong> aspects de <strong>la</strong><br />

société KONGO, basée sur <strong>la</strong> complémentarité de deux pôles<br />

considérés comme distincts, mais qui lors <strong>des</strong> cérémonies<br />

rituelles sont toujours associés: le pôle féminin <strong>et</strong> mascu1tn,<br />

l'auteur rapporte à propos de <strong>la</strong> construction d'une église :<br />

" Le royaume étant pacifié <strong>et</strong> toutes affaires réglées,<br />

le roi AFONSO donna l'ordre de bâtir l'église<br />

principale, appelée Sainte Croix à cause de <strong>la</strong> croix<br />

érigée en c<strong>et</strong> endroit, comme on l'a dit plus haut <strong>et</strong><br />

parcequ'on en posa <strong>la</strong> première pierre à <strong>la</strong> fête de <strong>la</strong><br />

sainte croix. Il commanda, en outre, aux hommes<br />

d'apporter les pierres, aux femmes d'apporter le<br />

sable, qu'on al<strong>la</strong> tirer à <strong>la</strong> rivière. Le roi voulu<br />

être le premier porteur, il chargea sur ces épaules<br />

une corbeille de pierres qu'il j<strong>et</strong>a <strong>dans</strong> les<br />

fondations, <strong>la</strong> reine en fit autant avec une corbeille<br />

de sable. Les souverains vou<strong>la</strong>ient ainsi donner<br />

l'exemple aux seigneurs <strong>et</strong> aux dames de <strong>la</strong> cour pour<br />

qu'ils agissent de <strong>la</strong> même façon, <strong>et</strong> encourager le<br />

peuple <strong>dans</strong> c<strong>et</strong>te oeuvre sainte."<br />

Plus fructueuse a été pour nous ce qu'on pourrait appeler<br />

un compte rendu de mission du capucin FRA LUCA DA CALTANISATTA,<br />

il s'agit du Diaire Congo<strong>la</strong>is. Au cours de ses missions, ce<br />

religieux s'est trouvé confronté quotidiennement avec <strong>des</strong><br />

personnages différents, <strong>et</strong> tout au long de ces <strong>des</strong>criptions on<br />

trouve <strong>des</strong> informations intéressantes sur les coutumes de<br />

l'époque, dont certaines d'ailleurs perdurent. Il re<strong>la</strong>te aussi<br />

ses démêlés avec ceux qu'il nomme les "prêtres <strong>et</strong> prêtesses du<br />

démon" .<br />

41_ p . PIGAFETTA <strong>et</strong> DUARTE LOPES; op. déjà cité P. 119.<br />

42_ p • PIGAFETTA <strong>et</strong> DUARTE LOPES op cité p. 96.


-31-<br />

Selon ces <strong>des</strong>criptions en eff<strong>et</strong>, l'un <strong>des</strong> domaines où <strong>la</strong><br />

mixité <strong>des</strong> fonctions semble avoir été totale c'est le domaine<br />

magico-religieux; aUffi c'est le plus naturellement du monde que<br />

<strong>la</strong> reine Donna ANNA , <strong>et</strong> <strong>la</strong> duchesse de MBATA, demandent au<br />

frère de baiser <strong>la</strong> patène:<br />

" Au cours de ce voyage, je passai à BONGA ou<br />

demeurait Donna ANNA, <strong>la</strong> vielle reine de CONGO, elle<br />

prétendait baiser <strong>la</strong> patène, recevoir <strong>la</strong> paix, avec ou<br />

sans l a patène, prendre l a purif icat i on au calice ,<br />

baiser le livre à l'évangile. La duchesse de MBATA<br />

avait revendiquée les mêmes faveurs <strong>dans</strong> son duché.<br />

Mais comme c<strong>et</strong>te démarche venait de femmes , je<br />

m'excusais en disant que l'église ne perm<strong>et</strong> pas aux<br />

femmes, d'intervenir <strong>dans</strong> ces cérémonies, je concédais<br />

seulement qu'on lise l'évangile au <strong>des</strong>sus de leur tête<br />

à <strong>la</strong> fin de <strong>la</strong> messe."<br />

Notons que parmi l'une <strong>des</strong> coutumes ayant le plus choqué le<br />

missionnaire se trouve <strong>la</strong> polygamie, <strong>et</strong> ausfli ce que celui-ci<br />

appelle les "cultes du démon", On note ainsi :<br />

" Je pris une féticheuse par hasard celle-ci passa à<br />

grand bruit, avec ses instruments devant <strong>la</strong> case qu'on<br />

m' avait assigné comme logement. Je <strong>la</strong> fis prendre,<br />

mais il s'avéra qu'elle était une Manceba (concubine)<br />

du Mani <strong>et</strong> qu'elle était païenne, le Mani me pria de<br />

<strong>la</strong> lui restituer, j'acquiescai à condition qu'il <strong>la</strong><br />

fit baptiser, <strong>et</strong> c'est ce qu'il fit."<br />

Et à<br />

autorité:<br />

propos de l'autorité que pouvait avoir <strong>la</strong> femme d'une<br />

" Le Mani étant absent, il était allé à MBANZA ZOMBO,<br />

<strong>la</strong> nuit sa concubine principale, que ces misérables<br />

gens appe<strong>la</strong>ient Mani BANDA, fit proc<strong>la</strong>mer que personne<br />

ne pouvait se faire baptiser par moi, en outre elle<br />

permit aux féticheurs de faire beaucoup de bruit <strong>et</strong><br />

ceux-ci se mirent à chanter. Je n'y restai donc qu'un<br />

seul jour."<br />

43_ 11 est fait mention de c<strong>et</strong>te reine à plusieurs reprises<br />

tout au long <strong>des</strong> <strong>des</strong>criptions, on dit d'elle P. 18 du Diaire<br />

Congo<strong>la</strong>is: "Donna ANNA fut l'épouse du roi AFONSO (1667-1669),<br />

le père LUCA <strong>la</strong> visite à MUKONDO en 1707, c<strong>et</strong>te reine est pleine<br />

de dévouement pour les missionnaires, par un privilège<br />

particulier, elle porte l'habit <strong>des</strong> capucins .• ,".<br />

H-FRA LUCA DA CALTANISETTA ; op cité .


-32-<br />

c'est un an après <strong>la</strong> mort de FRA LUCA (celui-ci meurt en<br />

1702), que naît le mouvement de KIMPA VITA, en 1703, celle qui<br />

sera appelée <strong>la</strong> "Jeanne D'ARC" Congo<strong>la</strong>ise par <strong>la</strong> suite, sera<br />

brûlée vive à 24 ans, condamnée comme hérétique <strong>et</strong> intrigante par<br />

<strong>des</strong> missionnaires. Ancienne prêtresse du culte de MARIMBA, elle<br />

était d'origine noble.<br />

Le contexte:- La capitale de l'ancien royaume KONGO, MBANZA<br />

KONGO est en ruine depuis 1678, vers 1703 en différents endroits<br />

les précurseurs du mouvement <strong>des</strong> Antoniens, se disent inspirés<br />

par <strong>la</strong> mère de Dieu ou par Saint Antoine , <strong>et</strong> prophétisent le<br />

châtiment divin si le roi ne fait pas bientôt son entrée à SAO<br />

SALVADOR.<br />

Une prêtresse nommée MAFUTA, organisa une campagne de<br />

prières pour détourner le châtiment <strong>et</strong> intervint auprès du roi<br />

pour qu'il obéisse à l'ordre de dieu. En 1704 âgée de 22 ans,<br />

KIMPA VITA, baptisée DONA BEATRICE, rep~!nd les prédictions de<br />

MAFUTA. Dans le livre qui re<strong>la</strong>te sa vie, l'auteur résume son<br />

action comme suit:<br />

"- Elle entreprit une intense propagande en faisant<br />

détruire les fétiches, <strong>et</strong> abattre les croix; elle<br />

vou<strong>la</strong>it lutter contre le désordre moral, les vulgaires<br />

persécutions, les "féticheries". Elle mit en cause les<br />

prêtres étrangers, elle les accusa d'avoir monopolisé<br />

<strong>la</strong> révé<strong>la</strong>tion <strong>et</strong> le secr<strong>et</strong> <strong>des</strong> richesses qui lui est<br />

associé. L'austérité morale qu'elle exigeait <strong>des</strong><br />

KONGOS, se justifie par sa volonté de restaurer le<br />

royaume <strong>dans</strong> sa grandeur, puis d'édifier une société<br />

sans mal <strong>et</strong> sans misère, semb<strong>la</strong>ble à celle que les<br />

ancêtres ont construite en <strong>des</strong>sous.En moins de deux<br />

ans, elle parvient à é<strong>la</strong>borer un dogme <strong>et</strong> un<br />

enseignement, à m<strong>et</strong>tre en p<strong>la</strong>ce une église à<br />

promouvoir un renouveau politique. L'action de <strong>la</strong><br />

prophétesse noire ne pouvait <strong>la</strong>isser indifférents les<br />

missionnaires Européens de plus en plus nombreux au<br />

KONGO, aussi formèrent-ils une cabale à <strong>la</strong>quelle ils<br />

associent PEDRO IV, le faible roi du KONGO fit arrêter<br />

DONA BEATRICE, elle est jugée par un tribunal<br />

écclésiastique, reconnue hérétique <strong>et</strong> condamnée au<br />

bûcher ( •. ) Les héritiers mystiques de l'ancienne<br />

prêtresse de HARIMBA, reprirent le chemin devant<br />

conduire au royaume idéal de <strong>la</strong> liberté <strong>et</strong> de <strong>la</strong><br />

plénitude de vivre. A c<strong>et</strong> égard on peut ~j,re que DONA<br />

BEATRICE annonçait déjà SIMON KIMBANGOU ".<br />

45_IBRAHIMA BABA KAKE:<br />

CONGOLAISE" , p.8 <strong>et</strong> 10 .<br />

"nONA BEATRICE <strong>la</strong> Jeanne D'ARC<br />

46-Initiateur d'un mouvement méssianique pendant <strong>la</strong> période<br />

coloniale.


-33-<br />

Pour conclure, on peut dire que <strong>la</strong> situation de <strong>la</strong> femme<br />

était sensiblement différente, selon qu'elle était d'origine<br />

noble, épouse principale d'un chef, prince, <strong>et</strong> ayant à sa<br />

disposition <strong>des</strong> esc<strong>la</strong>ves. A ce niveau elle pouvait avoir une<br />

influence indirecte ou directe en fonction de son habil<strong>et</strong>é <strong>et</strong> de<br />

sa personnalité propre, sur les autorités existantes, comme étant<br />

le pôle féminin du pouvoir.<br />

Dans toutes les cérémonies rituelles, officielles, magicoreligieuses,<br />

l' homme <strong>et</strong> <strong>la</strong> femme sont associés. Par<strong>la</strong>nt <strong>des</strong><br />

cérémonies précédant les travaux agricoles, G. BALANDIER se<br />

referrant au père Laurent de LUCQUES remarque que l'une <strong>des</strong><br />

ceremonies : " Associe le chef <strong>et</strong> son homologue féminin, les<br />

aînées représentant les femmes <strong>et</strong> les souches <strong>des</strong> lign~fs, les<br />

notables, symbolisant les c<strong>la</strong>ns <strong>et</strong> lignages concernés."<br />

A propos <strong>des</strong> femmes de noble condition, on peut noter 48 :<br />

" Dans le royaume de LOANGO, les princesses<br />

choisissent elles-mêmes leur époux <strong>et</strong> le répudie à<br />

leur gré, elles peuvent lui imposer <strong>la</strong> monogamie, <strong>et</strong><br />

ont le pouvoir de le faire punir demort lorsqu'il leur<br />

cause quelque suj<strong>et</strong> de jalousie -Le missionnaire J.J.<br />

DESCOUVRIERES qui rapporte le fait, ajoute: -les<br />

hommes ne peuvent refuser ces alliances qui leur sont<br />

honorables, mais incommo<strong>des</strong>. Ce r<strong>et</strong>ournement de<br />

situation qui donne à <strong>la</strong> femme de parenté royale une<br />

autorité <strong>et</strong> une liberté que l'homme commun ne possède<br />

à l'égard de ses épouses, avait déjà été remarqué par<br />

O. DAPPER il l'interprète en affirmant que <strong>la</strong> mère <strong>et</strong><br />

les soeurs du souverain peuvent coucher avec autant<br />

d'hommes qu'elles veulent; c'est <strong>la</strong> solution<br />

perm<strong>et</strong>tant d' éviter le risque de l'inceste au sein<br />

d'une aristocratie supérieure, réduite, tout en<br />

affectant pas le statut <strong>des</strong> "princesses", qu'un<br />

mariage banal soum<strong>et</strong>trait à <strong>la</strong> loi d'un époux de<br />

condition inférieure."<br />

Si nous quittons les femmes de "noble condition", qui ont<br />

un statut particulier, nous voyons que pour le commun <strong>des</strong> femmes,<br />

il y a <strong>des</strong> activités féminines bien spécifiques: agriculture,<br />

ménage, puériculture, poterie, <strong>et</strong>c... La femme fait montre<br />

d'autre part <strong>dans</strong> <strong>la</strong> vie quotidienne d'une activité intense.<br />

47 -G. BALANDIER "L avie quotidienne au royaume de KONGO"<br />

p. 172 .<br />

48 -G. BALANDIER "La vie quotidienne au royaume de KONGO"<br />

p. 172.


-34-<br />

Nous avons déjà souligné que <strong>dans</strong> le domaine de <strong>la</strong> médecine<br />

traditionnelle, ou <strong>dans</strong> le domaine <strong>des</strong> cultes traditionnels, il<br />

y a mixité, nous entendons par là que le sexe ne constitue pas<br />

un barrage pour être guerisseuse, prêtresse d'un culte,<br />

initiatrice à certains rites <strong>et</strong>c...<br />

Autrement il y a un monde féminin <strong>et</strong> un monde masculin. La<br />

femme a un rôle important <strong>dans</strong> le système de parenté. Elle est<br />

aussi pourvoyeuse d' hommes, <strong>et</strong> à ce titre par <strong>la</strong> polygamie<br />

devient symbole de prospérité, l'accumu<strong>la</strong>tion de femmes étant<br />

signe de richesse <strong>et</strong> de puissance. Aussi nous conclurons ce<br />

passage en disant qu'en fait: "La femme objectivement brimée <strong>dans</strong><br />

les rapports de produ~~ion est amplement valorisée sur le p<strong>la</strong>n<br />

<strong>des</strong> représentations."<br />

Ayant précisé <strong>dans</strong> ce qui précède quelques contours<br />

historiques de <strong>la</strong> situation de <strong>la</strong> femme <strong>dans</strong> <strong>la</strong> société précoloniale,<br />

nous pouvons maintenant nous intéresser à sa situation<br />

objective <strong>et</strong> réelle, <strong>dans</strong> l'organisation sociale, <strong>et</strong> <strong>dans</strong> les<br />

rapports de production, c'est ce qui va être l'obj<strong>et</strong> du chapitre<br />

suivant.<br />

49_H. NSlKA NKAYA: "Etude exploratoire de l' identité <strong>dans</strong><br />

une popu<strong>la</strong>tion de jeunes lycéens Congo<strong>la</strong>is". P. 69 .


CHAPITRE<br />

l<br />

CADRE SOCIOLOGIQUE ET ECONOMIQUE DU<br />

STATUT FEMININ


-35-<br />

CHAPITRE<br />

l<br />

CADRE SOCIOLOGIQUE ET ECONOMIQUE DU STATUT FEMININ<br />

Ce chapitre a pour objectif, <strong>la</strong> présentation du cadre<br />

sociologique <strong>des</strong> rôles étudiés. C<strong>et</strong>te présentation nous a semblé<br />

indispensable car elle nous perm<strong>et</strong>tra de situer le système social<br />

<strong>dans</strong> lequel s'inscrit <strong>et</strong> s'inscrivait les rôles <strong>dans</strong> <strong>la</strong> société<br />

traditionnelle.<br />

La notion de système est employée à <strong>des</strong>sein ici, car nous<br />

pensons que <strong>la</strong> société traditionnelle avait une cohérence qui<br />

perm<strong>et</strong> de l'envisager comme un tout. Aussi pour essayer de<br />

comprendre les évolutions en cours actuellement, nous verrons<br />

<strong>dans</strong> un premier temps comment celui-ci s'articu<strong>la</strong>it, <strong>et</strong> quelles<br />

étaien~ ses fonctions au p<strong>la</strong>n individuel <strong>et</strong> au p<strong>la</strong>n social.<br />

Nous parlerons ainsi: de l'organisation sociale de base<br />

qu'était le c<strong>la</strong>n, du système de parenté, du statut de <strong>la</strong> femme<br />

<strong>dans</strong> ce système de parenté, de ce que nous appelerons <strong>la</strong> famille<br />

c<strong>la</strong>nique. Nous concluerons enfin le chapitre en par<strong>la</strong>nt du<br />

mariage <strong>et</strong> de sa signification <strong>dans</strong> le cadre précis de <strong>la</strong> société<br />

traditionnelle, avant de voir les tendances qui se <strong>des</strong>sine<br />

actuellement.<br />

A -ASPECT SOCIOLOGIQUE<br />

1- Données sociologiques générales<br />

Il est courant s'agissant de l'organisation sociale de<br />

certains groupes <strong>et</strong>hniques Africains, de les voir c<strong>la</strong>ssés comme<br />

<strong>des</strong> sociétés patriarcales, ou matriarcales, ceux-ci peuvent<br />

d'ailleurs coexister <strong>dans</strong> un même pays. Ainsi au CONGO <strong>des</strong><br />

groupes <strong>et</strong>hniques à tendances patriarcales voisinent avec <strong>des</strong><br />

groupes à tendances matriarcales.<br />

Précisons toutefois que ces "<strong>la</strong>bels" recouvrent selon chaque<br />

cas <strong>des</strong> réalités différentes. Pour situer le problème <strong>dans</strong> un<br />

cadre plus général, nous dirons que le groupe étudié fait partie<br />

<strong>des</strong> groupes <strong>et</strong>hniques ayant un système de <strong>des</strong>cendance<br />

matrilinéaire, l ' individu s' inscrivant <strong>dans</strong> le système de parenté<br />

par <strong>la</strong> mère <strong>et</strong> non par le père. La dévolution <strong>des</strong> biens <strong>et</strong> <strong>des</strong><br />

fonctions s'effectuent par <strong>la</strong> même voie. Nous pensons toutefois<br />

que le terme de système semi-matriarcal qui leur est souvent<br />

appliqué est plus adapté au système, car il ne s'agit pas de<br />

matriarcat au sens plein du terme comme nous allons le voir.


-36-<br />

Nous dirons en guise de préambule, que ce système donne à<br />

<strong>la</strong> femme un statut particulier <strong>dans</strong> le système de parenté. Nous<br />

ajouterons à ce<strong>la</strong> que ce système défini un réseau de re<strong>la</strong>tions<br />

parentales spécifiques <strong>et</strong> ces re<strong>la</strong>tions s'inscrivent <strong>dans</strong> le c<strong>la</strong>n<br />

qui constitue <strong>dans</strong> <strong>la</strong> société traditionnelle le cadre principal<br />

de <strong>la</strong> vie <strong>et</strong> de <strong>la</strong> mort de l'individu.<br />

En eff<strong>et</strong> si l'individu a conscience de faire partie d'un<br />

groupe de c<strong>la</strong>ns affiliés qui constituent <strong>la</strong> tribu, <strong>la</strong> structure<br />

de base qu'il apprendra à connaître <strong>et</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong>quelle va<br />

s'inscrire toute sa vie, c'est le c<strong>la</strong>n, c'est le c<strong>la</strong>n qui le<br />

définit <strong>et</strong> le situe socialement <strong>dans</strong> <strong>et</strong> en dehors du groupe.<br />

C'est pour ce<strong>la</strong> que nous pensons utile de nous attarder <strong>dans</strong> ce<br />

chapitre sur <strong>des</strong> notions telles que c<strong>la</strong>n, lignage, famille<br />

c<strong>la</strong>nique, sur ce qu'elles recouvrent, <strong>et</strong> sur leur fonctions.<br />

Il s'agira en fait d'examiner l'organisation sociale<br />

traditionnelle, telle qu'elle a pu être reconstituer grâce à <strong>des</strong><br />

données historiques, orales <strong>et</strong> telle qu'elle subsiste encore.<br />

C'est en fonction de toutes ces données que nous choisirons les<br />

rôles autour <strong>des</strong>quels se centrera notre étude, ces données nous<br />

perm<strong>et</strong>tant de Justifier <strong>la</strong> pertinence du choix de tel rôle plutôt<br />

que tel autre. Nous partons du passé, car nous pensons qu'ici<br />

plus qu'ailleurs le présent, l'actuel serait inintelligible <strong>et</strong><br />

incompréhensible sans l'éc<strong>la</strong>irage du passé.<br />

2- LE CLAN<br />

Selon les documents historiques <strong>et</strong> les traditions orales,<br />

les groupements BACONGOS établ is au CONGO-BRAZZAVI LLE se divisent<br />

en douze c<strong>la</strong>ns principaux. L'origine de ces c<strong>la</strong>ns comme tout ce<br />

qui concerne les BACONGOS renvoie à l'ancien royaume du CONGO <strong>et</strong><br />

à sa capitale historique SAN-SALVADOR.<br />

Qu'est ce que le c<strong>la</strong>n c'est<br />

" .• La collectivité de tous les <strong>des</strong>cendants par<br />

filiation utérine, d'une aïeule commune, <strong>et</strong> qui<br />

portent le nom de c<strong>et</strong>te collectivité. Il comprend tous<br />

les individus <strong>des</strong> deux sexes, qu'ils vivent en <strong>des</strong>sous<br />

ou au d~sus de <strong>la</strong> terre. Les défunts <strong>et</strong> les<br />

vivants."<br />

50_G. BALANDIER ;" Sociologie actuelle de l'Afrique Noire",<br />

P.20, <strong>la</strong> définition cité est de VAN WING.


-37-<br />

Dans <strong>la</strong> société KONGO, le c<strong>la</strong>n est l'unité sociale de base<br />

<strong>et</strong> le mieux différencié. Il porte trois noms: l'un ésotérique,<br />

l'autre honorifique, le dernier évoquant le fondateur <strong>et</strong><br />

formu<strong>la</strong>nt une devise spécifique. Tout ceci n'est pas théorique<br />

<strong>et</strong> formel mais s'actualise <strong>dans</strong> <strong>la</strong> vie courante. Aussi l'une <strong>des</strong><br />

premières choses qu'une mère avisée devait apprendre à ses<br />

enfants était <strong>la</strong> devise du c<strong>la</strong>n, celle perm<strong>et</strong>tant notamment à<br />

deux membres du même c<strong>la</strong>n ne se connaissant pas, de se<br />

reconnaître.<br />

Car La devise se dit, se rappelle <strong>dans</strong> les moments<br />

importants, comme <strong>dans</strong> <strong>la</strong> vie de tous les jours à l'occasion<br />

d'une chute, ou d'une glissade <strong>et</strong>c... Mais l'exemple le plus<br />

patent qui étai t donné pour illustrer l'utilité de <strong>la</strong> devise<br />

c<strong>la</strong>nique. C'est le cas ou celle-ci empêche le mariage ou <strong>la</strong><br />

liaison incestueuse, entre deux jeunes qui grâce à <strong>la</strong> devise<br />

c<strong>la</strong>nique, s'aperçoivent avant que "l'irréparable" ne soit commis<br />

qu'ils sont du même c<strong>la</strong>n, c'est à dire <strong>dans</strong> <strong>la</strong> conception<br />

traditionnelle frère <strong>et</strong> soeur.<br />

Car l'appartenance au même c<strong>la</strong>n impose entre autre<br />

l'exogamie, rég i t <strong>la</strong> constitution <strong>des</strong> groupes résidentiels.<br />

L'appartenance à un c<strong>la</strong>n implique <strong>des</strong> devoirs; <strong>et</strong> aussi <strong>des</strong><br />

avantages. Commençons par les devoirs <strong>et</strong> les obligations:<br />

Devoirs <strong>et</strong> obligations envers le c<strong>la</strong>n<br />

- Respect <strong>des</strong> règles <strong>et</strong> de tabous spécifiques du c<strong>la</strong>n<br />

- Assistance militaire (autrefois), actuellement<br />

assistance <strong>et</strong> entraide.<br />

- La participation aux rites <strong>des</strong> funérailles d'un<br />

membre du c<strong>la</strong>n <strong>et</strong> <strong>la</strong> participation au r<strong>et</strong>rait de<br />

deuil.<br />

- En fait en général une solidarité affective <strong>et</strong><br />

effective.<br />

Les avantages<br />

Le c<strong>la</strong>n constitue un cadre où l'individu est assuré<br />

de trouver une assistance, non seulement matérielle<br />

mais aussi spirituelle <strong>et</strong> morale.<br />

- L'appartenance au c<strong>la</strong>n crée les conditions d'une<br />

solidarité <strong>et</strong> d'une sécurité effective.<br />

- Le c<strong>la</strong>n crée un champ de "forces" où l'individu<br />

trouve les ressources morales, spirituelles, <strong>et</strong><br />

psychologiques qu'il lui faut pour vivre.<br />

- Le c<strong>la</strong>n garantit aussi l'accès à <strong>la</strong> terre c<strong>la</strong>nique.


-38-<br />

Toute <strong>la</strong> vie sociale du MU-KONGO s'inscrit <strong>dans</strong> le c<strong>la</strong>n,<br />

l'une <strong>des</strong> croyances traditionnelles est que hors du c<strong>la</strong>n<br />

l'individu ne peut trouver ni équilibre ni santé. Au p<strong>la</strong>n social,<br />

le c<strong>la</strong>n <strong>dans</strong> sa composition <strong>la</strong> plus <strong>la</strong>rge constitue le cadre<br />

social de base. Au p<strong>la</strong>n du groupe, toute vie groupale s'y inscrit<br />

<strong>et</strong> y commence, même si elle ne s'y limite pas. Aussi, le groupe<br />

c'est le c<strong>la</strong>n, <strong>et</strong> le c<strong>la</strong>n le groupe.<br />

Au p<strong>la</strong>n individuel, l'individu s'exprime <strong>dans</strong> le c<strong>la</strong>n, un<br />

comportement individuel en dehors du c<strong>la</strong>n ne se conçoit pas. Dès<br />

l'enfance, l' individual isme est assimilé à l'égoïsme <strong>et</strong><br />

sévèrement réprimé. Toute réussite, toute réalisation même si<br />

elle est au départ individuelle intéresse le c<strong>la</strong>n, <strong>et</strong> est assumé<br />

par le groupe.<br />

Tout problème, <strong>et</strong> tout echec aussi. Aucun acte n'est en fait<br />

individuel, car tout ce que l'individu peut faire implique le<br />

groupe. Ceci est d'autant plus empreint de signification <strong>et</strong> de<br />

gravité que le groupe inclut les vivants <strong>et</strong> les morts.<br />

Le c<strong>la</strong>n au sens <strong>la</strong>rge a une perénnité <strong>dans</strong> le temps s'il est<br />

fort, <strong>et</strong> s'il a <strong>la</strong> vigueur nécessaire. Ceci étant fonction du<br />

nombre <strong>des</strong> membres du c<strong>la</strong>n, d'où <strong>dans</strong> ce système l'intérêt d'une<br />

<strong>des</strong>cendance nombreuse pour agrandir le c<strong>la</strong>n, le renforcer, lui<br />

donner une vigueur plus grande <strong>et</strong> partant <strong>la</strong> puissance.<br />

Ce qui est le plus prisé <strong>dans</strong> le système, ce n'est pas <strong>la</strong><br />

richesse matérielle, mais <strong>la</strong> richesse en hommes. L'homme est en<br />

quelque sorte, le bien le plus précieux. Partant, l'une <strong>des</strong><br />

sanctions lesçè plus dissuasives était <strong>dans</strong> le temps, l'exclusion<br />

du groupe, du c<strong>la</strong>n. D'être vendu comme esc<strong>la</strong>ve, <strong>et</strong> de perdre sa<br />

plénitude d'homme; d'être éloigné du c<strong>la</strong>n pour se r<strong>et</strong>rouver en<br />

situation d'infériorité <strong>dans</strong> un autre c<strong>la</strong>n.<br />

Le c<strong>la</strong>n selon sa taille, son histoire, peut se disperser,<br />

se subdiviser en lignages reconnaissant leurs liens. Précisons<br />

toutefois que si le c<strong>la</strong>n peut avoir une dimension très étendue<br />

<strong>dans</strong> <strong>la</strong>quelle les liens reliant les différents membres peuvent<br />

être plus ou moins distendus, au sein du lignage les re<strong>la</strong>tions<br />

sont plus étroites.


-39-<br />

Pour f5fire une distinction entre c<strong>la</strong>n <strong>et</strong> 1 ignage, nous<br />

dirons que :<br />

"La distinction entre c<strong>la</strong>n <strong>et</strong> lignage est que <strong>dans</strong> un<br />

lignage chaque membre peut réellement, ou du moins<br />

théoriquement, tracer sa re<strong>la</strong>tion généalogique avec<br />

n'importe quel autre membre <strong>des</strong>cendant d'un ancêtre<br />

commun, tandis que <strong>dans</strong> un c<strong>la</strong>n qui est généralement<br />

un groupe plus <strong>la</strong>rge, ce<strong>la</strong> n'est pas possible•• ".<br />

Ce qui a été dit plus haut à propos du c<strong>la</strong>n s'applique<br />

encore mieux au lignage. Les re<strong>la</strong>tions au sein du lignage sont<br />

plus étroites, en eff<strong>et</strong> si le c<strong>la</strong>n concerne une communauté plus<br />

<strong>la</strong>rge que les membres définissent comme une parenté générale; au<br />

sein du lignage les re<strong>la</strong>tions parentales y sont autrement plus<br />

précises avec un contenu bien défini, <strong>et</strong> impliquant pour les<br />

individus concernés <strong>des</strong> comportements déterminés.<br />

Pour récapituler ce qui précède, nous utiliserons le tableau<br />

suivant que nous empruntons à G. BALANRIER <strong>et</strong> qui nous perm<strong>et</strong> de<br />

situer le c<strong>la</strong>n par rapport au lignage<br />

1<br />

GROUPES LOCALISATION NOMS en KIKONGO<br />

TRIBU<br />

PROVINCE<br />

LUVILA<br />

groupes de c<strong>la</strong>ns 1<br />

affiliés<br />

1<br />

CLAN TERRITOIRE CLANIQUE KANDA<br />

LIGNAGE VILLAGE OU SECTEUR 1 NGUDI (ou) MOYO<br />

1 DE VILLAGE 1<br />

50_RADCLIFFE<br />

marriage" , P. 39.<br />

BROWN:<br />

"African<br />

systems<br />

of kinship and<br />

51_G. BALANDIER: "La vie quotidienne au royaume du KONGO, du<br />

IGe au 18e siècle. P. 181 .<br />

Le c<strong>la</strong>n renvoit en fait à un niveau plus abstrait, tandis<br />

que le lignage renvoit à un niveau concr<strong>et</strong>.


-40-<br />

3 - SYSTEME DE PARENTE<br />

Nous allons au cours de ce passage décrire les re<strong>la</strong>tions<br />

parentales au sein du système de parenté. c'est <strong>la</strong> manière dont<br />

l'individu s'inscrit <strong>dans</strong> le c<strong>la</strong>n, <strong>dans</strong> le système de parenté qui<br />

défini son statut social. Par le c<strong>la</strong>n <strong>et</strong> le lignage, l'individu<br />

s'inscrit <strong>dans</strong> un réseau de re<strong>la</strong>tions qui vont être capitales<br />

pour lui de sa naissance à sa mort "physique". Il est donc<br />

important <strong>dans</strong> le passage qui suit d'examiner attentivement ce<br />

que recouvre les re<strong>la</strong>tions parentales principales; nous verrons<br />

ainsi:<br />

L'enfant <strong>et</strong> sa mère (il est plus approprié de dire,<br />

l'enfant <strong>et</strong> le c<strong>la</strong>n de sa mère).<br />

L'enfant <strong>et</strong> son père<br />

- L'oncle <strong>et</strong> le neveu<br />

- Le frère <strong>et</strong> <strong>la</strong> soeur<br />

- La fraternité <strong>et</strong> les re<strong>la</strong>tions de séniorité qu'elle<br />

implique.<br />

L'enfant <strong>et</strong> sa mère<br />

Nous sommes <strong>dans</strong> un système, où <strong>la</strong> croyance est que le sang<br />

passe par <strong>la</strong> mère, <strong>et</strong> le sang représente <strong>la</strong> vie. C'est <strong>la</strong> mère<br />

qui donne <strong>la</strong> vie à l'enfant, l'expression est on ne peut plus<br />

appropriée ici. C'est donc par <strong>la</strong> mère que l'enfant s'inscrit<br />

<strong>dans</strong> un réseau de re<strong>la</strong>tions complexes qui associent <strong>dans</strong> un flux<br />

ininterrompu, les vivants <strong>et</strong> les morts, c'est <strong>dans</strong> le c<strong>la</strong>n que<br />

se situeront les re<strong>la</strong>tions parentales les plus étroites. Toutes<br />

les soeurs <strong>et</strong> cousines maternelles seront <strong>des</strong> "mères", <strong>et</strong><br />

formeront <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse <strong>des</strong> mères. Dans leur appel<strong>la</strong>tion courante il<br />

les appellera de <strong>la</strong> même manière que sa vraie mère.<br />

La conception <strong>des</strong> cousins à l'occidentale du moins pour ce<br />

qui concerne le matri-c<strong>la</strong>n est nouvelle, tous les enfants de<br />

toutes les mères sont frères <strong>et</strong> soeurs <strong>dans</strong> <strong>la</strong> vie, <strong>et</strong> se<br />

comportent comme tels. La re<strong>la</strong>tion <strong>la</strong> plus étroite après celle<br />

de mère-enfant est celle qui lie l'oncle <strong>et</strong> le neveu. Sans<br />

vouloir établir de comparaison, ici, l'oncle est en quelque sorte<br />

l'équivalent du père <strong>dans</strong> <strong>la</strong> société patriarcale.<br />

La femme est d'abord mère <strong>dans</strong> <strong>la</strong> société, <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion<br />

mere/enfant est très étroite <strong>et</strong> très chaleureuse. La mère en<br />

général jouit d'un profond respect, a une influence morale,<br />

spirituelle très forte sur ses enfants, car c'est d'elle que<br />

vient une partie de <strong>la</strong> force de vie de l'individu.


-41-<br />

L'enfant <strong>et</strong> son père<br />

G. BALANDIER <strong>dans</strong> sa remarquable t:tude <strong>des</strong> changements<br />

sociaux <strong>des</strong> BAKONGOS du CONGO BRAZZAVILLE 2, souligne justement:<br />

"Qu'alors que par le truchement de sa parenté<br />

maternf.llle, le jeune enfant acquiert <strong>la</strong> qualité de<br />

"musi" , qui l'inscrit <strong>dans</strong> un ensemble de lignages<br />

<strong>et</strong> <strong>dans</strong> le c<strong>la</strong>n, il ne se trouve par <strong>la</strong> parenté<br />

paternelle "lié" qu'à un groul>..ement restreint où il<br />

s'insère en qualité de "mwana"'4".<br />

Ce passage illustre tout à fait notre propos. par le c<strong>la</strong>n<br />

de <strong>la</strong> mère l'enfant est "musi" membre, partie d'un seul corps<br />

homogène le c<strong>la</strong>n de <strong>la</strong> mère. Par le père il n'est que lié au c<strong>la</strong>n<br />

paternel, mais n'en fait pas partie.<br />

Du côté de <strong>la</strong> parenté paternelle, <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion principale est<br />

<strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion avec le père, dont l'enfant est censé recevoir une<br />

partie du sang donc de <strong>la</strong> vie. Il est "mwana" par rapport à <strong>la</strong><br />

c<strong>la</strong>sse <strong>des</strong> pères: le père géniteur, les frères <strong>et</strong> les soeurs de<br />

celui-ci, qui sont appelés pères par l'enfant en ce qui concerne<br />

les hommes; <strong>et</strong> "père féminin" en qui concerne les femmes.<br />

si l'enfant entr<strong>et</strong>ient <strong>des</strong> re<strong>la</strong>tions affectives très<br />

chaleureuses avec le père, il n'en reste pas moins que <strong>dans</strong> ce<br />

système le père ne peut pas avoir un contrôle <strong>et</strong> une autorité<br />

absolue sur sa femme <strong>et</strong> sur ses enfants. L'enfant en dernier<br />

ressort dépend du c<strong>la</strong>n maternel.<br />

Un enfant récalcitrant peut être renvoyé à son oncle<br />

maternel par son père, d'autre part l'enfant à sa majorité (pour<br />

les garçons) devait aller auprès de son oncle. Toutefois Le père<br />

avait l'obligation d'élever <strong>et</strong> d'établir l'enfant avant qu'il ne<br />

rejoigne son c<strong>la</strong>n maternel. Pour les filles, l'établissement<br />

consistait à être mariées.<br />

52_G. BALANDIER<br />

P. 308.<br />

"Sociologie actuelle de l'Afrique Noire";<br />

53-Membre de.<br />

S. -Enfant.


-42-<br />

L'oncle <strong>et</strong> le neveu<br />

Pour l'enfant en dehors de <strong>la</strong> mère, l'un <strong>des</strong> parents le plus<br />

proche par le sang n'est pas le père mais l'oncle maternel.<br />

traditionnellement c'est le neveu qui est l'héritier légal de son<br />

oncle, il n'hérite pas de son père qui a lui même pour héritier<br />

le fils de sa soeur, car le neveu hérite non seulement <strong>des</strong> biens<br />

mais aussi <strong>des</strong> fonctions de son oncle <strong>et</strong> <strong>des</strong> pouvoirs de celuici.<br />

De plus l'oncle est le principal répondant du neveu.<br />

Les frères <strong>et</strong> les soeurs<br />

La fraternité s'établit non seulement entre frères <strong>et</strong> soeurs<br />

utérins comme nous l'avons déjà dit plus haut, mais aussi entre<br />

cousins maternels, qui se comportent entre eux comme frères <strong>et</strong><br />

soeurs. La fraternité instaure <strong>des</strong> liens très chaleureux, <strong>et</strong> une<br />

soilidarité effective, matérielle <strong>et</strong> morale. La fraternité<br />

instaure aussi <strong>des</strong> re<strong>la</strong>tions de séniorité. Les rapports entre les<br />

aînés <strong>et</strong> les plus p<strong>et</strong>its sont empreints d'affection mais aussi<br />

d'un grand respect, <strong>et</strong> sont très hierarchisés.<br />

Un grand respect est exigé du plus p<strong>et</strong>it envers le grand,<br />

d'autre part le plus p<strong>et</strong>it doit céder en tout le pas au plus<br />

grand à qui il doit obéissance. Les re<strong>la</strong>tions de séniorité ne se<br />

r<strong>et</strong>rouvent pas seulement au niveau de <strong>la</strong> fraternité, mais se<br />

r<strong>et</strong>rouvent aussi à un niveau plus général, <strong>dans</strong> les re<strong>la</strong>tions que<br />

l'individu doit avoir avec les autres.<br />

A ce niveau se prépare déjà l'obéissance aux autorités<br />

constitués <strong>dans</strong> <strong>la</strong> société traditionnelle par les anciens, <strong>et</strong> les<br />

alnes. Aussi entre les frères <strong>et</strong> les soeurs s'instaure dès<br />

l'enfance <strong>des</strong> re<strong>la</strong>tions qui préparent déjà le rôle que le frère<br />

aura a tenir auprès de sa soeur, ce qui préfigure déjà le rôle<br />

qu'il aura plus tard.


-43-<br />

4 - LES STATUTS FEMININS<br />

Partant du statut de <strong>la</strong> femme <strong>dans</strong> le système de parenté.<br />

nous essaierons <strong>dans</strong> ce passage de voir quelques uns <strong>des</strong> statuts<br />

féminins <strong>dans</strong> <strong>la</strong> société traditionnelle. Nous employons ici le<br />

terme de statut <strong>dans</strong> sa tonalité <strong>des</strong>criptive, les définitions <strong>et</strong><br />

les acceptions du concept variant selon l'auteur <strong>et</strong> l'utilisation<br />

qu'on en fait. Nous avons choisi de l'utiliser <strong>dans</strong> un sens<br />

<strong>des</strong>criptif, aussi entendonsSpous par statut l'une <strong>des</strong> acceptions<br />

proposés par J. MAISONNEUVE<br />

"Dans un système culturel ou <strong>dans</strong> un groupe donné, le<br />

statut désigne l'ensemble <strong>des</strong> attributs liés, à <strong>la</strong><br />

position d'un individu <strong>dans</strong> ce système <strong>et</strong> certains<br />

comportements auxquels son détenteur peut légitimement<br />

s'attendre de <strong>la</strong> part <strong>des</strong> autres.•. ".<br />

Le concept de statut est re<strong>la</strong>tionnel, <strong>et</strong> implique un<br />

ensemble de droits <strong>et</strong> d'obI i gations, ce sont ces droits <strong>et</strong><br />

obligations que nous allons essayer de passer en revue, par<strong>la</strong>nt<br />

<strong>des</strong> différents statuts féminins que nous allons présenter.<br />

Dans le système de parenté <strong>la</strong> femme est principalement<br />

~énitrice; <strong>et</strong> membre d'un c<strong>la</strong>n, <strong>et</strong> au niveau du système<br />

traditionnel elle est épouse pour être mère. Nous verrons donc<br />

successivement l'ensemble <strong>des</strong> droits <strong>et</strong> ob'aligations liés aux<br />

différents statuts de <strong>la</strong> femme <strong>dans</strong> le système de parenté d'une<br />

part. <strong>et</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion conjugale d'autre part. Ceci nous<br />

perm<strong>et</strong>tant d'avoir une vue générale <strong>des</strong> statuts fémnins <strong>dans</strong> le<br />

système traditionnel.<br />

Statuts de <strong>la</strong> femme<br />

<strong>dans</strong> le système de parenté<br />

Dans le système de parenté, <strong>la</strong> femme est:<br />

- Membre d'un c<strong>la</strong>n<br />

- Génitrice<br />

Et <strong>dans</strong> <strong>la</strong> société à un niveau plus général. deux statuts<br />

émergent ceux de:<br />

- Mère <strong>et</strong> d'épouse.<br />

55_ J • MAISONNEUVE: "Introduction à <strong>la</strong> psychosociologie",<br />

P.89.


-44-<br />

La femme<br />

est membre d'un c<strong>la</strong>n<br />

Obligations respect <strong>et</strong> obéissance aux parents<br />

autorités c<strong>la</strong>niques. Respect <strong>des</strong> interdits du<br />

accomplissement <strong>des</strong> devoirs de membre du c<strong>la</strong>n.<br />

<strong>et</strong> aux<br />

c<strong>la</strong>n,<br />

Droits<br />

circonstances.<br />

protection, assistance du c<strong>la</strong>n en toutes<br />

La femme<br />

est génitrice<br />

Obligations: Elle est source de vie, <strong>et</strong> elle a l'obligation<br />

de "produire" le plus d'individus possible pour renforcer le<br />

c<strong>la</strong>n.<br />

Droits<br />

respect <strong>et</strong> considération <strong>et</strong> protection.<br />

La femme est mère<br />

Obligations : une partie de l'obligation alimentaire lui<br />

incombe en tant que mère, responsable en partie de l'éducation<br />

de ses enfants, de leur santé morale <strong>et</strong> physique.<br />

Droits: Obéissance <strong>et</strong> respect <strong>des</strong> enfants, soutien <strong>et</strong> aide<br />

en r<strong>et</strong>our.<br />

La femme est épouse<br />

Obligations: obéissance au mari, <strong>dans</strong> les limites définies<br />

par <strong>la</strong> coutume: soumission <strong>et</strong> déférence à l'homme. Obligation<br />

alimentaire <strong>et</strong> ménagère vis à vis du mari <strong>et</strong> <strong>des</strong> enfants.<br />

Dro i ts respect <strong>et</strong> coopération juste du mari, logement,<br />

mise à sa disposition par le mari de champs cultivables.<br />

Rappelons que <strong>la</strong> p<strong>et</strong>ite liste <strong>des</strong> statuts énumérés n'est pas<br />

exhaustive, <strong>et</strong> n'épuise pas tous les statuts existant. Disons<br />

qu'à côté de ces statuts que nous pourrons appeler <strong>des</strong> statuts<br />

assignés, il y a les statuts acquis. Aussi trouvait-on <strong>des</strong> femmes<br />

<strong>dans</strong> le domaine religieux (prêtresse d'un culte), <strong>dans</strong> les<br />

domaines concernant <strong>la</strong> santé: 'guérisseuse; ou <strong>dans</strong> l'artisanat.


-45-<br />

Mais il faut tout de même remarquer que si <strong>dans</strong> le système<br />

de parenté le statut de <strong>la</strong> femme est très élevé, l'appartenance<br />

à un c<strong>la</strong>n relevant d'elle, au niveau de <strong>la</strong> société globale, c<strong>et</strong>te<br />

position privilégiée au sein du système de parenté n'entraîne pas<br />

l'exercice d'un pouvoir réel, qui reste entre les mains <strong>des</strong><br />

hommes.<br />

De plus le contrôle de <strong>la</strong> circ~ation <strong>des</strong> femmes dépend <strong>des</strong><br />

hommes. Comme le remarque BALANDIER :<br />

"Le statut re<strong>la</strong>tivement élevé de <strong>la</strong> femme BAKONGO est<br />

cependant limité par son rôle producteur <strong>des</strong> hommes <strong>et</strong><br />

<strong>des</strong> biens de consommation. La circu<strong>la</strong>tion <strong>des</strong> femmes<br />

est précisément contrôlé parcequ'elle fonde les<br />

groupements <strong>et</strong> conditionne les rapports mutuels qu'ils<br />

entr<strong>et</strong>iennent: <strong>la</strong> femme est acquise en tant que source<br />

de vie (trop âgée elle peut être renvoyée à sa famille<br />

<strong>et</strong> échangée) instrument d'alliance <strong>et</strong> éventuellement<br />

gage de paix entre groupes affrontés... ".<br />

D'autre part, l'auteur souligne que:<br />

"L'accumu<strong>la</strong>tion <strong>des</strong> femmes demeure jusqu'à une époque<br />

récente, une <strong>des</strong> rares formes d'accumu<strong>la</strong>tion <strong>des</strong><br />

richesses, le nombre de femmes est le critérium de<br />

richesse... ".<br />

Ceci est à<br />

situer <strong>dans</strong> <strong>la</strong> société traditionnelle rappelons le.<br />

5 - LA FAMILLE CLANIQUE<br />

Ce passage a pour objectif d'illustrer à l'aide de deux<br />

évènements précis: le mariage <strong>et</strong> <strong>la</strong> mort, <strong>la</strong> manière dont<br />

s'actualisent les re<strong>la</strong>tions parentales à l'occasion de ces deux<br />

évènements importants. Il s'agit de voir comment "fonctionne" <strong>la</strong><br />

famille c<strong>la</strong>nique, <strong>et</strong> d'illustrer l'importance de c<strong>et</strong>te dernière<br />

pour l'individu.<br />

56_ op cité p. 339, 340 .


-46-<br />

1 - La famille c<strong>la</strong>nique <strong>et</strong> le mariage<br />

Dans sa conception traditionnelle, le mariage est plus une<br />

alliance de deux c<strong>la</strong>ns, de deux familles c<strong>la</strong>niques, plutôt qu'une<br />

alliance de deux individus. A tel point que <strong>dans</strong> sa conception<br />

traditionnelle, le mariage, pouvait va<strong>la</strong>blement être conclu par<br />

deux c<strong>la</strong>ns sans que les futurs époux n'y soient associés.<br />

Comme le souligne A. GABOU 57<br />

" ..c'était bien une alliance entre familles-c<strong>la</strong>ns, les<br />

époux n'en étant que les agents d'exécution".<br />

Ceci pour introduire l'idée que rien même ce qui<br />

vue est censé concerner l'individu au premier chef ne<br />

dehors du c<strong>la</strong>n. Pour citer l'auteur que nous<br />

mentionner:<br />

à prem~ere<br />

se fait en<br />

venons de<br />

"La situation de <strong>la</strong> femme suceptible d'être mariée<br />

découle de l'obligation qui incombe à son père, de<br />

l'établir en <strong>la</strong> mariant puisqu'il s'agit d'une fille,<br />

de son appartenance à une famille- c<strong>la</strong>n, dont son<br />

oncle maternel est en principe le chef immédiat pour<br />

elle <strong>et</strong> de <strong>la</strong> règle selon <strong>la</strong>quelle <strong>la</strong> femme quel que<br />

soit son âge <strong>et</strong> même si elle a déJà été mariée, ne<br />

peut par l'eff<strong>et</strong> de son seul consentement s'engager<br />

va<strong>la</strong>blement <strong>dans</strong> les liens du mariage, mais doit être<br />

mariée par <strong>la</strong> famille c<strong>la</strong>n de son père••• <strong>et</strong> surtout<br />

par sa propre famille-c<strong>la</strong>n".<br />

Dans <strong>la</strong> même perspective, <strong>la</strong> vie commune d'un homme <strong>et</strong> d'une<br />

femme ne constitue qu'un concubinage, si l'homme ne s'est jamais<br />

présenté aux parents <strong>et</strong> devant témoins pour demander sa main.<br />

D'autre part, à c<strong>et</strong>te demande doit nécessairement correspondre<br />

le consentement <strong>des</strong> parents.<br />

57 -GABOU ALEXIS: " Le mariage CONGOLAIS LADI <strong>et</strong> KOUKOUYA"<br />

P.8, l'auteur sera abondamment cité, car son ouvrage a été l'une<br />

<strong>des</strong> base de reférence concernant le mariage, le divorce, <strong>la</strong> mort<br />

<strong>et</strong>c...


-47-<br />

Le cérémonial du mariage proprement dit se déroule en trois<br />

phases ,qui mènent <strong>la</strong> famille-c<strong>la</strong>n du futur mari successivement,<br />

auprès de <strong>la</strong> famille-c<strong>la</strong>n du père de <strong>la</strong> future épouse <strong>et</strong> auprès<br />

de <strong>la</strong> famille de c<strong>et</strong>te dernière (sa famille c<strong>la</strong>n-maternelle). Les<br />

trois phases du cérémonial sont:<br />

1- La cérémonie du premier vin 58<br />

2- La cérémonie du deuxième vin<br />

3- La cérémonie du troisième vin<br />

La phase <strong>la</strong> plus importante du cérémonial est <strong>la</strong> cérémonie<br />

du troisième vin qui établit véritablement le mariage, qui ne<br />

peut être régulier sans son accomplissement.<br />

On se marie ainsi en deux phases distinctes, auprès du c<strong>la</strong>n<br />

du père de <strong>la</strong> future épouse, <strong>et</strong> auprès de son propre c<strong>la</strong>n, toutes<br />

les phases sont nécéssaires <strong>et</strong> complémentaires. En voici le<br />

déroulement sommaire:<br />

-Le prétendant présente <strong>la</strong> demande de <strong>la</strong> main de <strong>la</strong> future<br />

épouse au père, soit par un envoyé, soit par une l<strong>et</strong>tre (procédé<br />

moderne) .<br />

-c'est une demande officieuse dont<br />

d'informer immédiatement l'oncle maternel<br />

l'intermédiaire de sa femme.<br />

le<br />

de<br />

père est<br />

sa fille,<br />

tenu<br />

par<br />

Viennent ensuite après tous ces préa<strong>la</strong>bles, les autres<br />

phases du cérémonial. Pour résumer, disons que:<br />

- La cérémonie du premier vin est celle de l'échange <strong>des</strong><br />

consentements presque définitifs au mariage.<br />

- Que <strong>la</strong> cérémonie du troisième vin consacre le mariage.<br />

C'est au cours de c<strong>et</strong>te phase que sont consacrés les liens<br />

d'alliance entre les différents c<strong>la</strong>ns concernés.<br />

Rappelons aussi que toutes les cérémonies précités se font<br />

successivement auprès <strong>des</strong> deux c<strong>la</strong>ns. La femme ne rejoint le<br />

domicile conjugal selon <strong>la</strong> coutume qu'après <strong>la</strong> célébration au<br />

sens strict du mariage, au cours de <strong>la</strong> cérémonie du troisième vin<br />

qui se déroule devant son oncle maternel.<br />

58-Cérémonie du premier vin: c<strong>et</strong>te appe<strong>la</strong>tion est rattachée<br />

au vin de palme qui a une valeur rituelle, <strong>et</strong> que le prétendant<br />

est tenu d'offrir à ses futurs beaux-parents.


-48-<br />

2 - La famille c<strong>la</strong>nique <strong>et</strong> <strong>la</strong> mort<br />

Les cérémonies ayant lieu à l'occasion d'un mariage ou de<br />

<strong>la</strong> mort d'un individu ont été <strong>et</strong> continuent d'être parmi les<br />

évènements sociaux les plus importants. Un décès, selon <strong>la</strong><br />

personne décédée, <strong>et</strong> les liens du défunt <strong>et</strong> <strong>des</strong> survivants<br />

comporte toute une série d'obligations codifiées, auxquelles on<br />

ne dérogent pas sous peine de sanctions morales implicites mais<br />

très dissuasives.<br />

D'autre part c'est à c<strong>et</strong>te occasion que s'éprouvent les<br />

alliances crées à l'occasion <strong>des</strong> mariages, car les obligations<br />

concernant <strong>la</strong> participation aux rites de décès ne concerne pas<br />

l'individu seul mais aussi sa famille-c<strong>la</strong>n. La mort d'un conjoint<br />

par exemple, implique un changement qui comporte <strong>des</strong> obligations<br />

<strong>et</strong> <strong>des</strong> interdits pour certaines lour<strong>des</strong> à assumer.<br />

c'est pour ce<strong>la</strong> que nous avons pensé utile au cours de ce<br />

passage, après un bref aperçu sur les obligations d'un individu<br />

<strong>et</strong> de sa famille-c<strong>la</strong>n lors du décès d'une personne, de nous<br />

attarder beaucoup plus sur le statut du veuvage, <strong>et</strong> enfin de<br />

parler du r<strong>et</strong>rait de deuil qui clos <strong>la</strong> période de deuil qui peut<br />

être longue. C<strong>et</strong>te dernière cérémonie marque <strong>la</strong> reprise normale<br />

<strong>des</strong> activités sociales.<br />

Les cérémonies liées à<br />

parties:<br />

<strong>la</strong> mort peuvent se scinder en trois<br />

1- Les rites concernant <strong>la</strong> mort <strong>et</strong> l'inhumation<br />

proprement dite.<br />

2- Le port du deuil <strong>et</strong> tout ce que ce<strong>la</strong> implique<br />

3- Le r<strong>et</strong>rait de deuil, consacrant <strong>la</strong> reprise <strong>des</strong><br />

activités normales.<br />

Toutes ces cérémonies continuent de régler <strong>la</strong> vie sociale<br />

actuelle. Si quelques aménagements y ont été apportés en ville,<br />

<strong>et</strong> si certains aspects se sont modernisés, elles constituent<br />

encore les évènements les plus importants <strong>dans</strong> <strong>la</strong> vie sociale<br />

actuelle.


-49-<br />

que:<br />

Pour clore c<strong>et</strong>te introduction nous dirons avec A. GABO~9<br />

"Dans les sociétés LADI 6D <strong>et</strong> KOUKOUYA les rites<br />

mortuaires sont parmi les plus gran<strong>des</strong> manifestations<br />

publiques. Ils donnent l'occasion de mesurer <strong>et</strong> de<br />

renforcer le réseau de liens de parenté, d'alliance <strong>et</strong><br />

d'amitié noué au sein de <strong>la</strong> société par ceux qui les<br />

célèbrent. Ils entraînent une forte consommation de<br />

richesses, qui rend nécessaire <strong>la</strong> participation<br />

patrimoniale <strong>des</strong> parents, alliés <strong>et</strong> amis."<br />

Les coutumes règlementent c<strong>et</strong>te solidarité matérielle<br />

notamment pour les époux.<br />

La famille-c<strong>la</strong>n <strong>et</strong> le décès<br />

De même que le c<strong>la</strong>n est étroitement associé au déroulement<br />

du mariage, il l'est de <strong>la</strong> même manière en ce qui concerne les<br />

rites mortuaires. La mort d'un parent (parent du couple par<br />

exemple), implique chez l' homme ou <strong>la</strong> femme, selon l'un ou<br />

l'autre cas non seulement une présence, mais aussi une<br />

participation matérielle <strong>des</strong> conjoints, <strong>et</strong> aussi de leurs<br />

familles-c<strong>la</strong>n respectives.<br />

Généralement, un décès implique une période de quelques<br />

jours durant <strong>la</strong>quelle le corps du défunt est veillé jour <strong>et</strong> nuit<br />

par les parents, amis <strong>et</strong> alliés. En fait avec l'instauration de<br />

<strong>la</strong> morgue, <strong>la</strong> veillée du mort dure une nuit; mais <strong>la</strong> veillée<br />

continue <strong>des</strong> jours durant jusqu'à sa levée, qui commence <strong>la</strong><br />

période du port du deuil.<br />

59_ Le mariage Congo<strong>la</strong>is LADI <strong>et</strong> KOUKOUYA .<br />

SD- LADI ou LARI: sont <strong>des</strong> KONGOS , qui sont surtout<br />

agriculteurs sédentaires ayant une forte imp<strong>la</strong>ntation urbaine à<br />

BRAZZAVILLE notamment.


-50-<br />

La participation ne serait-ce qu'une fois à <strong>la</strong> veillée de<br />

parents, alliés <strong>et</strong> amis a un caractère obligatoire. Si <strong>la</strong><br />

personne est <strong>dans</strong> l'impossibilité de s'y rendre, elle est tenue<br />

de se faire représenter par un <strong>des</strong> membres de sa famille-c<strong>la</strong>n.<br />

Pour les parents <strong>et</strong> alliés il faut être là jusqu'à <strong>la</strong> clôture de<br />

<strong>la</strong> période suivant l'inhumation. Voici le résumé succint du<br />

déroulement <strong>des</strong> rites mortuaires:<br />

I-Veillée du corps par les parents alliés <strong>et</strong> amis<br />

2-Préparation de <strong>la</strong> dépouille mortuaire<br />

3-La conduite de <strong>la</strong> dépouille en procession jusqu'au<br />

lieu d'enterrement <strong>et</strong> son inhumation<br />

4-Le paiement <strong>des</strong> participations qui ne portent pas sur<br />

les obj<strong>et</strong>s entrant <strong>dans</strong> <strong>la</strong> préparation du corps pour<br />

l'enterrement<br />

5-Une période d'inactivité générale d'une semaine à un<br />

mois, au cours de <strong>la</strong>quelle a lieu chaque soir une<br />

veillée avec chants funèbres <strong>et</strong> consommation de<br />

boissons, <strong>et</strong> qui s'achève avec <strong>la</strong> cérémonie qui<br />

marque <strong>la</strong> reprise de leur activités normales par les<br />

parents <strong>et</strong> alliés du défunt.<br />

Il est ainsi exigé comme nous l'avons<br />

participation non seulement morahe mais<br />

Toutefois comme le précise A. GABOU :<br />

vu plus haut, une<br />

aussi matérielle.<br />

"En droit traditionnel LAD!, l'obligation de<br />

participation patrimoniale de chaque époux aux rites<br />

de décès d'un parent quelconque de son conjoint ne<br />

devient, exigible qu'après l'inhumation, jamais avant.<br />

e'est qu'il est interdit aux époux de fournir les<br />

obj<strong>et</strong>s qui entrent <strong>dans</strong> <strong>la</strong> préparation de <strong>la</strong> dépouille<br />

mortelle d'un parent de leur conjoint en vue de son<br />

enterrement: les linceuils <strong>et</strong> le cerceuil. Et si pour<br />

une raison quelconque, le mari, ou <strong>la</strong> femme paie en<br />

totalité ou en partie les dépenses qui se rapportent<br />

à <strong>la</strong> préparation de <strong>la</strong> dépouille mortuaire d'un parent<br />

d'un conjoint en vue de son inhumation, les sommes<br />

payées doivent lui être restituées intégralement par<br />

<strong>la</strong> famille-c<strong>la</strong>n du défunt••• ".<br />

51_ A • GABOU; op cité, p.59.


-51-<br />

En fait <strong>la</strong> participation matérielle qui est exigée est<br />

payable le plus souvent en nature, boissons à consommer lors de<br />

<strong>la</strong> veillée par exemple.<br />

Nous venons de voir ce qui se passe lors du décès d'un<br />

individu, par le biais <strong>des</strong> obligations qui pèsent sur les époux<br />

lors de <strong>la</strong> mort d'un de leur parent. Nous allons maintenant voir<br />

ce qu'il advient lors de <strong>la</strong> mort de l'un ou l'autre conjoint, les<br />

obligations qui en découlent ainsi que le staut qui leur est<br />

attribué.<br />

Les obligations de <strong>la</strong> veuve <strong>et</strong> du veuvage<br />

Au cours de nos entr<strong>et</strong>iens <strong>et</strong> de nos conversations (ceci dit<br />

sans vouloir anticiper sur les chapitres suivants), parmi les<br />

conditions les plus pesantes <strong>et</strong> les plus difficiles à vivre pour<br />

les plus jeunes; ont été citées les conditions que <strong>la</strong> tradition<br />

réserve à <strong>la</strong> veuve <strong>et</strong> à ses enfants.<br />

Ce qui suit<br />

de veuve, m<strong>et</strong><br />

contraintes, qui<br />

C'est pour c<strong>et</strong>te<br />

point.<br />

nous perm<strong>et</strong>tra de saisir à quel point le statut<br />

<strong>la</strong> femme (<strong>et</strong> l'homme) <strong>dans</strong> un réseau de<br />

ne cessent qu'après une période assez longue.<br />

raison que nous attarderons quelque peu sur ce<br />

Dès le décès du conjoint, l'époux survivant est p<strong>la</strong>cé sous<br />

le statut du veuvage. Il est dès c<strong>et</strong> instant frappé de plusieurs<br />

interdits, justifiés par l'idée générale, qu'à <strong>la</strong> suite d'un<br />

décès, <strong>et</strong> notamment celui du conjoint, le survivant ne doit pas<br />

se comporter comme d'habitude.<br />

Aussi, il lui est interdit de :<br />

- D'avoir <strong>des</strong> re<strong>la</strong>tions sexuelles<br />

- De converser avec <strong>des</strong> personnes du sexe opposé<br />

- De fumer<br />

- De boire <strong>des</strong> boissons alcoolisées<br />

- De parler fort ou normalement<br />

- De rire<br />

- De <strong>dans</strong>er


-52-<br />

- D'emprunter les moyens de locomotion modernes (en<br />

ville par exemple marcher à pied au lieu d'emprunter<br />

le bus .. )<br />

- D'être élégant, de se maquiller...<br />

Les veuves ou les veufs doivent se reconnaître, ils ont <strong>des</strong><br />

habits de deuil particuliers. <strong>la</strong> ceremonie de reprise <strong>des</strong><br />

activités économiques <strong>et</strong> sociales est ainsi très importante pour<br />

le conjoint survivant car elle marque le début du port<br />

ostentatoire du deuil. Elle rend obligatoire, <strong>la</strong> levée d'une<br />

partie <strong>des</strong> interdits rendant possible une vie sociale presque<br />

normale.<br />

Les obligations du veuf<br />

Si les obligations cités plus haut sont théoriquement les<br />

mêmes pour l'homme <strong>et</strong> pour <strong>la</strong> femme. Il faut souligner que leur<br />

observation est plus rigoureuse en ce qui concerne <strong>la</strong> femme. En<br />

eff<strong>et</strong>, même <strong>la</strong> cérémonie de reprise <strong>des</strong> activités normales, ne<br />

signifie pas le r<strong>et</strong>our à <strong>la</strong> vie normale. Car, durant toute <strong>la</strong><br />

période du port du deuil qui peut aller à un an <strong>et</strong> plus, une<br />

attitude éffacée est de mise. Il est toujours interdit d'être<br />

élégant,<strong>et</strong>c... Ce n'est qu'après <strong>la</strong> fête de r<strong>et</strong>rait de deuil que<br />

<strong>la</strong> vie sociale normale reprend pour l'homme <strong>et</strong> pour <strong>la</strong> femme.<br />

Le<br />

r<strong>et</strong>rait de deuil<br />

C'est une institution en soi; car elle crée une série<br />

d'obligations qui entrent directement <strong>dans</strong> <strong>la</strong> série d'obI igations<br />

<strong>des</strong> époux entre eux. C'est aussi l'évènement social par<br />

excellence. C'est une fête au cours de <strong>la</strong>quelle on r<strong>et</strong>ire<br />

solennellement le deuil, où l'on prouve à tous que <strong>la</strong> tristesse<br />

causée par <strong>la</strong> perte d'un parent est oublié <strong>et</strong> que l'on revit,<br />

qu'on a r<strong>et</strong>rouvé le sourire, qu'on peut à nouveau <strong>dans</strong>er, être<br />

élégant. C'est vraiment <strong>la</strong> reprise réelle de <strong>la</strong> vie normale.


-53-<br />

Les personnes qui doivent prendre le deuil à <strong>la</strong> mort d'une<br />

personne sont désignées d'avance par <strong>la</strong> tradition. La cérémonie<br />

de r<strong>et</strong>rait de deuil interesse un nombre élevé de personnes, <strong>et</strong><br />

consomme beaucoup de biens; car l'organisation en est coûteuse.<br />

Renter <strong>dans</strong> les détails de l'organisation proprement dite<br />

ici serait non seulement fastidieux mais aussi hors PfioPos. Pour<br />

ce qui nous concerne nous indiquerons seulement que :<br />

"Le rapport d'obIigations patrimoniales est en<br />

principe établi seulement entre les familles-c<strong>la</strong>ns, <strong>la</strong><br />

famille-c<strong>la</strong>n qui a porté le deuil <strong>et</strong> qui organise <strong>la</strong><br />

cérémonie est créancière tandis que les familles c<strong>la</strong>ns<br />

alliées sont débitrices. En principe, les famillesc<strong>la</strong>ns<br />

ne portent que le deuil de leurs membres<br />

prédécédés <strong>et</strong> <strong>des</strong> personnes qui ont <strong>des</strong> liens avec <strong>des</strong><br />

familles-c<strong>la</strong>ns en qualité d'ascendant ou de <strong>des</strong>cendant<br />

de l'un de leur membre. <strong>la</strong> paternité, <strong>et</strong> <strong>la</strong> filiation<br />

paternelle sont typiques de ces derniers liens, <strong>la</strong><br />

parenté par <strong>la</strong> mère faisant entrer <strong>dans</strong> <strong>la</strong> même<br />

famille-c<strong>la</strong>n. On trouve ainsi comme créancière de <strong>la</strong><br />

famille-c<strong>la</strong>n d'origine de l'un <strong>des</strong> époux qui a porté<br />

le deuil de l'un de ses membres décédé comme<br />

débitrices, les deux familles-calns d'origine du<br />

conjoint. Si par exemple <strong>la</strong> famille-c<strong>la</strong>n du mari ou<br />

celle de son père organise le r<strong>et</strong>rait de deuil, elle<br />

est créancière <strong>des</strong> obligations de participation<br />

patrimoniale qui pèsent respectivement sur <strong>la</strong> famillec<strong>la</strong>n<br />

de l'épouse <strong>et</strong> sur <strong>la</strong> famille-c<strong>la</strong>n du père de<br />

celle-ci •. ".<br />

En dépit <strong>des</strong> longueurs ou <strong>des</strong> redondances que peut contenir<br />

ce chapitre, nous espérons avoir réussi à montrer grâce aux<br />

évènements choisis: le mariage <strong>et</strong> le décès; <strong>et</strong> tout ce qu'ils<br />

impliquent, l'imbrication intime de <strong>la</strong> famille-c<strong>la</strong>n à toutes les<br />

étapes de <strong>la</strong> vie de l'individu, <strong>et</strong> à sa mort.<br />

Il n'était pas possible d'évoquer tous les problèmes liés<br />

au décès d'un individu, car par<strong>la</strong>nt du veuvage par exemple, nous<br />

n'avons pas parlé <strong>des</strong> problèmes qui en découlent. Nous faisons<br />

allusion ici aux problèmes matériels; au sort réservé aux enfants<br />

pour ne citer que ces deux exemples. Nous avons préféré lier ces<br />

problèmes plus spécialement au mariage, à sa rupture <strong>et</strong> aux<br />

conséquences de celle-ci. ce qui faire l'obj<strong>et</strong> du passage<br />

suivant.<br />

62_ A. GABOU; op cité.


-54-<br />

6 - LE MARIAGE<br />

Nous rappelons qu'il s'a~it du mariage <strong>dans</strong> sa conception<br />

traditionnelle, car celui-ci. les obligations <strong>et</strong> droits qu'il<br />

comporte sont n<strong>et</strong>tement définis par <strong>la</strong> tradition. C'est en<br />

partant de c<strong>et</strong>te dernière que nous verrons les modifications en<br />

cours. Nous parlerons tour à tour :<br />

- De <strong>la</strong> conception du mariage <strong>dans</strong> <strong>la</strong> société<br />

traditionnelle, du régime qui le régit, de <strong>la</strong> polygamie.<br />

- De ce que représente l'institution famille-c<strong>la</strong>n, par<br />

rapport à <strong>la</strong> famille-foyer.<br />

Des diverses obligations de <strong>la</strong> femme <strong>dans</strong> le mariage,<br />

ainsi que de ses droits. Des droits <strong>et</strong> devoirs de l'homme.<br />

Nous concluerons par l'examen de ce qui arrive quand le<br />

maria~e se dissout, par <strong>la</strong> volonté de l'un ou l'autre <strong>des</strong><br />

conjoints. Nous parlerons ainsi du divorce. de ces causes <strong>et</strong> de<br />

ces conséquences pour <strong>la</strong> femme <strong>et</strong> les enfants. Enfin nous<br />

parlerons aussi <strong>des</strong> conséquences de <strong>la</strong> rupture du lien<br />

matrimonial à <strong>la</strong> suite d'un décès.<br />

Conception du mariage traditionnel<br />

Dans <strong>la</strong> société traditionnelle, le mariage est conçu non pas<br />

comme une union entre deux individus, mais une alliance entre<br />

familles-c<strong>la</strong>ns. Nous avons déjà dit <strong>dans</strong> les passages précédents<br />

qu'un individu seul ne peut pas s'engager va<strong>la</strong>blement <strong>dans</strong> le<br />

mariage. Si actuellement le consentement <strong>des</strong> futurs conjoints est<br />

requis, il n'en reste pas moins que même pour les intéressés, un<br />

maria~e n'est considéré comme étant viable <strong>et</strong> durable que si les<br />

parents s'entendent: ce sont deux familles qui s'épousent.<br />

Dans <strong>la</strong> société considérée ces re<strong>la</strong>tions sont loin d'être<br />

purement formelles. Elles impliquent <strong>des</strong> droits <strong>et</strong> <strong>des</strong> devoirs<br />

réciproques, pour les deux familles engagées <strong>dans</strong> <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion<br />

d'alliance, comme nous l'avons vu <strong>dans</strong> le passage concernant les<br />

rites mortuaires, <strong>et</strong> le r<strong>et</strong>rait de deuil. Nous verrons par <strong>la</strong><br />

suite en par<strong>la</strong>nt du lévirat, que ces re<strong>la</strong>tions d'alliance<br />

pouvaient survivre à <strong>la</strong> mort de l'époux ou de l'épouse. Car le<br />

mariage traditionnel est principalement l'alliance de deux<br />

familles-c<strong>la</strong>ns: <strong>la</strong> famille-c<strong>la</strong>n du mari (celle de sa mère) <strong>et</strong> <strong>la</strong><br />

famille-c<strong>la</strong>n de <strong>la</strong> femme (celle de sa mère également).


-55-<br />

Le mariage traditionnel est <strong>dans</strong> <strong>la</strong> plupart du temps<br />

polygamique, le mariage monogamique existe aussi quoique plus<br />

rare . Toutefois, Il faut souligner que le mariage polygamique<br />

n'est pas une union collective. l'union ~rnjugale de l'époux à<br />

chaque femme est individualisée. A. GABOU remarque que le droit<br />

commun relevant <strong>des</strong> coutumes, ne règlemente que le mariage<br />

polygamique. Et il souligne à ce propos que le mariage<br />

polygamique est le droit commun Congo<strong>la</strong>is, celui-ci ayant le<br />

droit de s'engager avec plusieurs épouses <strong>dans</strong> les liens du<br />

mariage. rien en droit coutumier ne limite le nombre d'épouses<br />

potentielles du mari.<br />

L'auteur souligne également que le mariage monogamique<br />

existe en droit Congo<strong>la</strong>is, mais que celui-ci est une création du<br />

droit colonial, <strong>et</strong> l'auteur d'ajouter que:<br />

"L'administration coloniale croyait qu'il était<br />

souhaitable pour <strong>la</strong> société Congo<strong>la</strong>ise, d'adopter le<br />

mariage monogamique. Au lieu d'imposer d'autorité<br />

c<strong>et</strong>te nouvelle man1ere de vivre, l'administration<br />

préférait que les Congo<strong>la</strong>is adoptassent volontairement<br />

<strong>la</strong> monogamie. le droit colonial a donc créé<br />

l' institution de renonciation solennelle à <strong>la</strong><br />

polygamie devant l'officier de l'état civil. C'est une<br />

institution qui joue lorsque le mariage célébré<br />

normalement selon <strong>la</strong> loi coutumière par les famillesc<strong>la</strong>ns<br />

est déc<strong>la</strong>ré à l'état civil. Elle donne au mari<br />

<strong>la</strong> faculté de renoncer à <strong>la</strong> polygamie par une<br />

déc<strong>la</strong>ration uni<strong>la</strong>térale, publique, reçue par<br />

l'officier d'état civil <strong>et</strong> mentionnée <strong>dans</strong> les<br />

stipu<strong>la</strong>tions particulières de l'acte de déc<strong>la</strong>ration du<br />

mariage. Dès <strong>la</strong> déc<strong>la</strong>ration, l'union conjugale devient<br />

une union monogamique, <strong>et</strong> prive le mari, tant que dure<br />

le mariage, du droit qu'il tient de <strong>la</strong> coutume, de<br />

s'engager <strong>dans</strong> d'autres unions conjugales en même<br />

temps."<br />

L'auteur conclut en soulignant que:<br />

"Le droit CONGOLAIS connaît donc deux sortes de<br />

mariage: le mariage polygamique de droit commun,<br />

institué par les coutumes, <strong>et</strong> le mariage d'exception<br />

établi par l'état."<br />

53_ Le mariage Congo<strong>la</strong>is LAD! <strong>et</strong> KOUKOUYA.


-56-<br />

La famille-foyer <strong>et</strong> <strong>la</strong> famille-c<strong>la</strong>n<br />

Dans le système traditionnel, <strong>la</strong> famille-foyer est une<br />

institution secondaire par rapport à <strong>la</strong> famille-c<strong>la</strong>n, car les<br />

conjoints continuent d'appartenir à leurs c<strong>la</strong>ns respectifs. le<br />

régime en vigueur est le régime de séparation <strong>des</strong> biens qui tend<br />

à sauvegarder les intérêts de chacun <strong>des</strong> groupes liés par le<br />

mariage.<br />

Comme le souligne A. GABOU par<strong>la</strong>nt <strong>des</strong> deux systèmes LADI<br />

<strong>et</strong> KOUKOUYA~:<br />

"Les deux systèmes LADI ET KOUKOUYA instituent chacun<br />

un régime matrimonial, unique <strong>et</strong> légal, le régime de<br />

<strong>la</strong> séparation <strong>des</strong> biens, exclusif de l'idée même de <strong>la</strong><br />

possibilité d'adopter un autre régime matrimonial. Les<br />

deux systèmes juridiques règlementent <strong>la</strong> contribution<br />

de chaque époux aux charges du foyer conjugal <strong>et</strong> les<br />

prestations qu'en dehors de c<strong>et</strong>te contribution chaque<br />

époux peut fournir gratuitement au conjoint <strong>et</strong> dont<br />

celui-ci peut bénéficier à titre définitif, ou dont il<br />

peut détenir les résultats à titre de propriétaire."<br />

L'auteur fait remarquer éga<strong>la</strong>ment que<br />

"<strong>dans</strong> le système traditionnel, le régime matrimonial<br />

légal <strong>et</strong> unique établi par chacune <strong>des</strong> coutumes LADI<br />

<strong>et</strong> KOUKOUYA institue une séparation n<strong>et</strong>te <strong>et</strong> stricte<br />

<strong>des</strong> patrimoines <strong>des</strong> époux. Une situation différente<br />

est considérée comme anormale, <strong>et</strong> ne saurait en tout<br />

cas affecter l'ensemble <strong>des</strong> patrimoines <strong>des</strong> époux.<br />

Cependant c<strong>et</strong>te réglementation a subi <strong>des</strong><br />

modifications, qui font apparaître <strong>des</strong> aspects<br />

communautaires <strong>dans</strong> les deux régimes séparatistes."<br />

64_KOUKOUYA : groupe <strong>et</strong>hnique CONGOLAIS, <strong>dans</strong><br />

déjà cité, l'auteur compare les deux systèmes;<br />

KOUKOUYA étant patrilinéaire.<br />

son ouvrage,<br />

le système


-57-<br />

L'union conjugale en droit commun LADI n'a pas pour eff<strong>et</strong><br />

de créer une famille dont feraient partie les époux. La famille<br />

c'est d'abord <strong>la</strong> famille-c<strong>la</strong>n dont font partie les enfants en ce<br />

qui concerne <strong>la</strong> femme. Dans ce contexte, le foyer conjugal <strong>dans</strong><br />

le système traditionnel; à <strong>la</strong> différence de <strong>la</strong> famille-c<strong>la</strong>n, n'a<br />

pas de personnal i té juridique ni de patrimoine. Chaque époux<br />

étan! ~~ître de ses revenus en nature <strong>et</strong> en argent. Dans ce<br />

systeme :<br />

" Aucun époux ne peut prétendre à un droit de<br />

possession de jouissance; d'administration ou de<br />

disposition sur les biens <strong>et</strong> revenus de son conjoint;<br />

quelle que soit leur source, ni à fortiori sur <strong>la</strong><br />

personne même du conjoint. Aucune incapacité ne pesant<br />

sur <strong>la</strong> femme en droit traditionnel, sauf en ce qui<br />

concerne le consentement au mariage, l'égal i té <strong>et</strong><br />

l'indépendance en droit les plus complètes règnent<br />

entre les époux, <strong>dans</strong> l'ordre économique, l'autorité<br />

du mari, comme chef du foyer conjugal, n'en existe pas<br />

moins."<br />

Ainsi, en principe du moins, <strong>la</strong> séparation <strong>des</strong> biens est<br />

draconnienne. L'épouse par exemple est <strong>la</strong> seule propriétaire <strong>des</strong><br />

produits <strong>des</strong> champs établis sur les terres de son mari. D'autre<br />

part, le mari ne peut utiliser les revenus de sa femme qu'en<br />

vertu d'un contrat de prêt <strong>et</strong> à charge de remboursement <strong>dans</strong> les<br />

dé<strong>la</strong>is convenus.<br />

La famille-c<strong>la</strong>n renforce l'indépendance économique de <strong>la</strong><br />

femme, de plus, l'oncle ou le frère de <strong>la</strong> femme veillent à ce que<br />

<strong>la</strong> femme ne soit pas spoliée par le mari. Ils sont souvent les<br />

dépositaires <strong>des</strong> revenus que <strong>la</strong> femme ne garde pas. Il faut<br />

préciser qu'évidemment chaque époux répond de ses d<strong>et</strong>tes, <strong>et</strong> que<br />

seule <strong>la</strong> famille-c<strong>la</strong>n de l'intéressé peut en répondre en dehors<br />

de lui.<br />

Pour conclure nous dirons que du fait de l'existence de <strong>la</strong><br />

famille-c<strong>la</strong>n comme institution principale avant <strong>la</strong> famille-foyer.<br />

La famille-c<strong>la</strong>n en instituant <strong>la</strong> séparation <strong>des</strong> biens, crée les<br />

conditions d'une indépendance économique potentielle de <strong>la</strong> femme,<br />

que celle-ci peut l'utiliser en fonction de ses possibilités pour<br />

accroître ses biens, ses revenus, <strong>et</strong> ceux de son c<strong>la</strong>n qui<br />

continue d'être <strong>la</strong> cellule sociale de base <strong>et</strong> le recours naturel<br />

en cas de conflit au foyer conjugal.<br />

65_A. Gabou; op cité.


-58-<br />

Dans le système, les obligations étaient précisément définis<br />

<strong>et</strong> envisageaient à peu près tous les problèmes posés par <strong>la</strong> vie<br />

conjugale. L'individu selon l'éducation reçue sachant exactement<br />

ce qu'il avait à faire <strong>dans</strong> telle ou telle circonstance. En quoi<br />

consistait pour l'essentiel ces droits <strong>et</strong> obligations<br />

a - Obligations de <strong>la</strong> femme au foyer conjugal<br />

Dans un premier temps, nous parlerons du type de<br />

contribution de <strong>la</strong> femme <strong>dans</strong> <strong>la</strong> société traditionnelle, <strong>et</strong> du<br />

type de contribution de <strong>la</strong> femme <strong>dans</strong> <strong>la</strong> période actuelle. En<br />

eff<strong>et</strong>, les nouvelles conditions de vie crée par <strong>la</strong> colonisation,<br />

l'urbanisation, <strong>et</strong> au fait que les hommes ont été les premiers<br />

à avoir accès aux emplois sa<strong>la</strong>riés, ont amené un remaniement <strong>des</strong><br />

coutumes anciennes en fonction de ces nouveaux éléments.<br />

Parlons d'abord du type de contribution de <strong>la</strong> femme <strong>dans</strong> sa<br />

conception traditionnelle. <strong>la</strong> femme est l'agent principal de<br />

l'économie vivrière, tous les besoins alimentaires de base<br />

reposent sur elle, l'apport de l'homme à ce niveau n'étant qu'un<br />

apport d'appoint. Dans l'optique traditionnelle, <strong>la</strong> contribution<br />

de <strong>la</strong> femme au foyer conjugal est déterminée en fonction du fait<br />

que <strong>la</strong> femme est principalement:<br />

- Mère ,ménagère, <strong>et</strong> en plus l'agent principal de<br />

l'économie vivrière.<br />

La satisfaction <strong>des</strong> besoins du foyer conjugal suivant repose<br />

sur elle à titre principal; il s'agit notamment:<br />

- Des soins ménagers<br />

- Des aliments (fourniture <strong>et</strong> préparation)<br />

- De <strong>la</strong> puériculture<br />

- De l'éducation <strong>des</strong> filles


-59-<br />

Les soins ménagers<br />

Concernent les soins de propr<strong>et</strong>é <strong>et</strong> d' hygiène de<br />

l'habitation du mari, <strong>la</strong> corvée d'eau, <strong>et</strong> de bois de chauffe.<br />

Les aliments<br />

L'obligation de pourvoir en aliments de base le foyer (Ceci<br />

est une hypothèse toute personnelle). se comprend mieux <strong>dans</strong> une<br />

société où le mariage polygamique est de règle, <strong>et</strong> où <strong>la</strong><br />

<strong>des</strong>cendance attaché à un seul homme est d'un nombre souvent<br />

considérable. l'obligation fai te à <strong>la</strong> femme de pourvoir aux<br />

nécessités al imentaires de base évite <strong>dans</strong> ces conditions à<br />

l'homme de travailler pour nourir une quinzaine ou une trentaine<br />

d'enfants.<br />

Il s'agit d'aliments de ceuill<strong>et</strong>te d'une part, de légumes<br />

provenant du jardin potager de <strong>la</strong> femme , <strong>et</strong> surtout du "pain de<br />

manioc" dont <strong>la</strong> préparation est assez fastidieuse, elle prend à<br />

<strong>la</strong> femme généralement toute une journée de travail sans compter<br />

les travaux préparatoires au conditionnement du produit.<br />

La puériculture<br />

Les enfants étaient attachés à <strong>la</strong> mère autrefois jusqu'à<br />

sept ans environ, ensuite les filles restaient auprès de leur<br />

mère, tandis que les garçons complétaient leur éducation auprès<br />

de leur père.<br />

L'éducation <strong>des</strong> filles<br />

Quant à l'éducation <strong>des</strong> filles celle-ci reposai t entièrement<br />

sur <strong>la</strong> mère, à qui il revenait d'en faire une future mère, <strong>et</strong> une<br />

ménagère accomplie. C'est <strong>la</strong> mère qui en premier répond de<br />

l'éducation <strong>des</strong> filles.


-60-<br />

Obligations de <strong>la</strong> femme<br />

selon <strong>la</strong> coutume moderne<br />

Alexis GABOU note <strong>dans</strong> le "mariage LADI <strong>et</strong> KOUKOUYA" que:<br />

" Avec les coutumes modernes, <strong>la</strong> règle, formulée <strong>dans</strong><br />

toute sa pur<strong>et</strong>é <strong>dans</strong> les villes est que <strong>la</strong> femme est<br />

dispensée de sa contribution aux charges du foyer<br />

conjugal. Excepté pour tout ce qui se rattache à sa<br />

qualité de mère <strong>et</strong> de ménagère, <strong>la</strong> puériculture <strong>et</strong> les<br />

soins ménagers <strong>et</strong> culinaires. Le foyer conjugal qui<br />

est règlementée ainsi est celui où, <strong>la</strong> femme demeurant<br />

au foyer, seul le mari dispose <strong>des</strong> revenus monétaires<br />

susceptibles de perm<strong>et</strong>tre <strong>la</strong> satisfaction <strong>des</strong> autres<br />

besoins du foyer conjugal tels qu'ils sont r<strong>et</strong>enus par<br />

<strong>la</strong> coutume ancienne, le principe de <strong>la</strong> contribution de<br />

<strong>la</strong> femme est payée en nature est maintenu."<br />

Ceci est nouveau <strong>et</strong> il convient de souligner que c<strong>et</strong>te règle<br />

fait de <strong>la</strong> femme <strong>dans</strong> c<strong>et</strong>te perspective, <strong>et</strong> si on se refère à <strong>la</strong><br />

tradition, une femme "entr<strong>et</strong>enue" par le mari. Le concept de <strong>la</strong><br />

femme au foyer; celle "qui ne fai t rien" ceci toujours si on<br />

prend pour point de référence le système traditionnel est récent<br />

<strong>et</strong> lié directement au fait colonial <strong>et</strong> à l'urbanisation, car <strong>dans</strong><br />

le système traditionnel, <strong>la</strong> participation de tous est requise.<br />

Tout individu susceptible de travailler devait le faire; ce<strong>la</strong><br />

était plus vrai pour <strong>la</strong> femme car l'alimentation de base<br />

dépendant d'elle c<strong>et</strong>te nécessité était impérieuse.<br />

La règle citée plus haut instituée au début de <strong>la</strong> période<br />

coloniale, où seuls les hommes avaient accès aux emplois<br />

sa<strong>la</strong>riés 1 s'est maintenue jusqu'à l' heure actuelle. Même si<br />

depuis lors, avec le développement de <strong>la</strong> sco<strong>la</strong>risation <strong>des</strong><br />

filles, elles se sont mises à exercer <strong>des</strong> emplois sa<strong>la</strong>riés, <strong>et</strong><br />

<strong>des</strong> activités commerciales ou artisanales lucratives pour<br />

certaines.<br />

Il peut ainsi paraître à certains égards que c<strong>et</strong>te règle,<br />

si elle s'applique strictement profite à <strong>la</strong> femme <strong>dans</strong> le cas où<br />

celle-ci exerce une activité sa<strong>la</strong>riée ou une activité commerciale<br />

fructueuse. En fait, généralement <strong>dans</strong> les cas où <strong>la</strong> femme<br />

dispose de revenus monétaires, elle participe aux paiement <strong>des</strong><br />

services visés par <strong>la</strong> contribution traditionnelle de <strong>la</strong> femme,<br />

elle paie souvent le personnel chargé <strong>des</strong> travaux domestiques<br />

qu'elle est censé faire, <strong>et</strong> parfois aussi pour le gardiennage<br />

<strong>des</strong> enfants. Mais il faut rappeler que <strong>la</strong> femme n'est pas tenue<br />

de le faire, <strong>et</strong> qu'en cas de refus elle n'encourt aucune<br />

sanction.


-61-<br />

b - Obligations du mari<br />

Selon <strong>la</strong> tradition, sont à <strong>la</strong> charge du mari au sein du<br />

foyer:<br />

Le complément alimentaire nécessaire aux aliments fournis<br />

par <strong>la</strong> femme<br />

- L'éducation <strong>des</strong> garçons, de <strong>la</strong> seconde enfance à <strong>la</strong><br />

majorité. C<strong>et</strong>te obligation pouvait s'interrompre <strong>dans</strong><br />

trois cas: - rupture du lien conjugal<br />

- Enfant caractériel renvoyé à son oncle,<br />

ou<br />

- appelé à rejoindre son c<strong>la</strong>n à <strong>la</strong> demande de<br />

celui-ci.<br />

- L'obligation de fournir le logement ~61a<br />

femme <strong>et</strong> aux enfants pèse sur l'homme .<br />

- Incombe aussi principalement à l'homme;<br />

l'habillement de <strong>la</strong> femme <strong>et</strong> <strong>des</strong> enfants.En ce qui<br />

concerne <strong>la</strong> femme c<strong>et</strong>te dernière obligation selon <strong>la</strong><br />

générosité avec <strong>la</strong>quelle elle est accomplie, est l'une <strong>des</strong><br />

manifestations de <strong>la</strong> sollicitude du mari à son égard<br />

ainsi que l'un <strong>des</strong> signes d'aisance de celui-ci.<br />

- Les besoins de santé normaux 67 de <strong>la</strong> femme<br />

<strong>et</strong> <strong>des</strong> enfants sont en partie à <strong>la</strong> charge<br />

du mari.<br />

Obligations du mari selon <strong>la</strong> coutume moderne<br />

Nous avons déjà parlé de <strong>la</strong> nouvelle règle issue <strong>des</strong><br />

conditions modernes, où <strong>dans</strong> les villes par exemple, il est très<br />

diificile à <strong>la</strong> femme n'exerçant pas de métier de pouvoir disposer<br />

de champs <strong>et</strong> de pourvoir ainsi le foyer en aliments de base. Dans<br />

ce cas à chaque fois que <strong>la</strong> satisfaction d'un besoin au foyer ne<br />

peut être satisfait qu'à prix d'argent, <strong>la</strong> charge de ce besoin<br />

revient à l'homme.<br />

66-Traditionnellemnt l'homme ne cohabite pas avec <strong>la</strong> femme,<br />

le principe <strong>des</strong> habitations séparées est absolu.<br />

61-Ma<strong>la</strong>die attribué à <strong>des</strong> causes naturelles <strong>et</strong> non occultes,<br />

car <strong>dans</strong> ce dernier cas, l'enfant ou <strong>la</strong> femme peuvent être remis<br />

à leur c<strong>la</strong>n.


-62-<br />

On peut dire ainsi qu'une partie de <strong>la</strong> contribution<br />

traditionnelle de <strong>la</strong> femme se dép<strong>la</strong>ce sur l'homme qui en plus<br />

doit continuer d'assumer sa propre participation. Ceci est<br />

surtout va<strong>la</strong>ble pour les foyers urbains où <strong>la</strong> plupart <strong>des</strong> besoins<br />

se satisfont à prix d'argent.<br />

A côté de ceux-ci, il y a ceux qui continuent de vivre selon<br />

les principes traditionnels, mais avec c<strong>et</strong>te fois une tendance<br />

inverse selon nous comme nous le verrons par <strong>la</strong> suite. Dans ces<br />

cas là, <strong>dans</strong> les vil<strong>la</strong>ges une partie de <strong>la</strong> contribution de<br />

l'homme s'est dép<strong>la</strong>cée sur <strong>la</strong> femme. Mais nous reviendrons sur<br />

ce point par <strong>la</strong> suite.<br />

c - Dissolution du mariage<br />

1- Le divorce<br />

L'autorité c<strong>la</strong>nique agit toujours en matière de rupture du<br />

lien conjugal quelqu'en soit <strong>la</strong> cause. Si aucun mariage n'est<br />

va<strong>la</strong>ble en dehors du c<strong>la</strong>n , il en est de même pour le divorce.<br />

Voici quelques causes traditionnelles de divorce; <strong>la</strong> liste n'est<br />

pas exhaustive:<br />

Les décès répétés <strong>des</strong> enfants issus du<br />

attribués à <strong>des</strong> causes occultes<br />

mariage <strong>et</strong><br />

- Le détournement de <strong>la</strong> femme d'un tiers, qui <strong>la</strong> prend<br />

en mariage après avoir réparé le préjudice causé au mari.<br />

- L'inconduite réciproque <strong>des</strong> époux<br />

- L'abandon du foyer conjugal par <strong>la</strong> femme <strong>et</strong> le refus<br />

répété de reintégrer celui-ci<br />

- Les violences exercées par le mari sur <strong>la</strong> femme<br />

- La stérilité de <strong>la</strong> femme ou <strong>la</strong> stérilité du mari,<br />

l'impuissance de ce dernier<br />

Les d<strong>et</strong>tes du mari vis à<br />

vis du c<strong>la</strong>n de sa femme


-63-<br />

En fait les causes du divorce sont diverses <strong>et</strong> dépendent de<br />

leur ~ravité prouvée par le conjoint demandant <strong>la</strong> séparation.<br />

L'adultère ne constitue pas une cause de divorce en soi, qu'il<br />

soit du fait de l'homme ou de <strong>la</strong> femme. Il donne lieu en général<br />

au paiement de dommages par l'amant de <strong>la</strong> femme.<br />

Le sort <strong>des</strong> enfants: En général, quelle que soit <strong>la</strong> faute de <strong>la</strong><br />

mère, <strong>la</strong> garde les enfants en bas âge lui est toujours confié,<br />

en raison de l'intérêt affectif de l'enfant.<br />

2 - Le décès<br />

Dans <strong>la</strong> perspective traditionnelle, le décès, s'il romp le<br />

lien individuel, ne romp pas l'alliance <strong>des</strong> deux familles-c<strong>la</strong>ns.<br />

En eff<strong>et</strong>, l'institution du lévirat qui perm<strong>et</strong> de substituer à<br />

l'époux prédécédé l'un <strong>des</strong> membres de sa famille-c<strong>la</strong>n, perm<strong>et</strong>tait<br />

<strong>la</strong> continuation du lien conjugal préétabli. On peut dire ainsi<br />

que le décès d'un <strong>des</strong> époux n'impliquait pas toujours <strong>la</strong> rupture<br />

du lien conjugal, <strong>et</strong> <strong>la</strong> fift de l'alliance entre les famillesc<strong>la</strong>ns<br />

alliés par le mariage .<br />

Toutefois actuellement surtout <strong>dans</strong> les villes, <strong>et</strong> chez les<br />

jeunes, l'institution du lévirat s'applique de moins en moins.<br />

En fait on assiste de plus en plus au r<strong>et</strong>our de <strong>la</strong> femme <strong>et</strong> <strong>des</strong><br />

enfants <strong>dans</strong> leur famille-c<strong>la</strong>n. Ce qui selon Alexis GABOU est une<br />

transgression de l'obligation traditionnelle qui est fait à <strong>la</strong><br />

famille c<strong>la</strong>n du père lorsque celui-ci est décédé, d'élever <strong>et</strong><br />

d'établir les enfants ,jusqu'à leur majorité, moment de leur<br />

départ auprès du c<strong>la</strong>n de leur mère.<br />

Mais de plus en plus <strong>la</strong> réalité est toute autre, <strong>et</strong> nous<br />

touchons là un point essentiel <strong>des</strong> problèmes posés par le veuvage<br />

à l'heure actuelle chez <strong>la</strong> femme. Car, celle-ci devant quitter<br />

le foyer conjugal, de plus en plus les héritiers traditionnels<br />

du mari, ses neveux ou ses frères, s'accaparent <strong>des</strong> biens <strong>la</strong>issés<br />

par le défunt, <strong>et</strong> se déchargent de l'obligation d'élever les<br />

enfants sur <strong>la</strong> veuve, <strong>et</strong> sur sa famille-c<strong>la</strong>n. D'où le souci pour<br />

<strong>la</strong> femme de se garantir <strong>des</strong> points de replis en cas de décès du<br />

mari, ou de divorce.<br />

68_ IL y a une exception à <strong>la</strong> règle, c'est le cas notamment<br />

de <strong>la</strong> femme qui survivait à trois maris successifs <strong>dans</strong> le même<br />

c<strong>la</strong>n, celle-ci n'était lus épousable.


-64-<br />

B -<br />

ASPECT ECONOMIQUE<br />

1 - Rôle économique <strong>dans</strong> <strong>la</strong> société traditionnelle<br />

C'est <strong>la</strong> femme qui avai t <strong>la</strong> charge de toute l'économie<br />

vivrière. Il lui revenait <strong>la</strong> charge de <strong>la</strong>bourer, de semer, de<br />

récolter <strong>et</strong> de pourvoir en nourriture son mari <strong>et</strong> les enfants.<br />

C'est d'ailleurs ce qui a amené de nombreux observateurs à<br />

souligner <strong>la</strong> discordance existant entre d'une part l'activité<br />

féminine, <strong>et</strong> l'apparente oisiv<strong>et</strong>é <strong>des</strong> hommes. Certains<br />

observateurs al<strong>la</strong>nt jusqu'à dire que:<br />

"Les hommes restaient <strong>des</strong> journées,fntières assis les<br />

jambes allongées à ne rien faire".<br />

Ce point de vue nous semble exagéré toutefois. En eff<strong>et</strong>, si<br />

<strong>la</strong> femme effectue <strong>la</strong> plupart <strong>des</strong> travaux <strong>des</strong> champs; ceux-ci sont<br />

préparés par les hommes, qui effectuent: l'abattage <strong>des</strong> arbres,<br />

le défrichage, l'enlèvement <strong>des</strong> souches. Dans <strong>la</strong> société précoloniale,<br />

<strong>la</strong> division du travail réservait en outre aux hommes,<br />

les tâches mil i taires, <strong>et</strong> artisanales (vannerie, tissage, forge),<br />

les travaux de constructions <strong>des</strong> cases, <strong>la</strong> chasse <strong>et</strong> <strong>la</strong> pêche au<br />

gros. Autre activité masculine: l'entr<strong>et</strong>ien <strong>des</strong> palmeraies <strong>et</strong><br />

l'extraction du vin de palme.<br />

L'agriculture pré-coloniale surtout de subsistance, visant<br />

à <strong>la</strong> consommation courante, repose sur <strong>la</strong> femme. Elle doit non<br />

seulement cultiver le manioc, mais aussi le rendre propre à <strong>la</strong><br />

consommation. Ce<strong>la</strong> implique entre autre: le rouissage <strong>des</strong><br />

tubercules <strong>dans</strong> l'eau pendant quelques jours; le défibrage, <strong>et</strong><br />

pétrissage avant <strong>la</strong> cuisson proprement dite qui est aussi très<br />

longue. C'est aussi à <strong>la</strong> femme de pourvoir le ménage en légumes.<br />

Elle peut selon le cas aussi avoir une p<strong>et</strong>ite basse cour, <strong>des</strong><br />

poul<strong>et</strong>s surtout, <strong>et</strong> parfois quelques cabris.<br />

Nous dirons pour conclure que <strong>dans</strong> <strong>la</strong> société précoloniale,<br />

si les rôles économiques sont distribués en fonction du sexe, les<br />

activités dévolues aux femmes sont celles qui exigent un travatl<br />

continu; suivi tandis que celles revenant aux hommes peuvent être<br />

épisodiques: chasse, pêche <strong>et</strong>c...<br />

La colonisation en ayant modifié en partie les structures<br />

économiques traditionnelles, modifiera également <strong>la</strong> distribution<br />

de <strong>la</strong> répartition <strong>des</strong> tâches. les changements seront plus<br />

importants pour les hommes; mais ils ne seront pas négligeables<br />

pour <strong>la</strong> femme, quoique revêtant d'autres aspects. Voyons donc<br />

quel a pu être le rôle de <strong>la</strong> femme <strong>dans</strong> les structures<br />

économiques imp<strong>la</strong>ntées par le système colonial, avant de faire<br />

le point sur les données actuelles.<br />

69 - PIGAFETTA; op cité.


-65-<br />

2 - Rôle économique <strong>dans</strong> <strong>la</strong> société coloniale<br />

De même que les hommes, les femmes contribueront au temps<br />

du règne <strong>des</strong> sociétés concessionnaires imp<strong>la</strong>ntées à partir de<br />

1899, à <strong>la</strong> collecte de gomme de caoutchouc, <strong>et</strong> de palmiste avec<br />

les hommes. Mais c'est surtout l'activité <strong>des</strong> femmes <strong>dans</strong> le<br />

domaine <strong>des</strong> cultures vivrières qui se développe.<br />

La création <strong>des</strong> grands chantiers, entre autre <strong>la</strong><br />

construction de <strong>la</strong> voie ferrée BRAZZAVILLE-POINTE NOIRE ( dont<br />

les travaux commencent en 1921, pour se terminer en 1934), avec<br />

une main d'oeuvre sa<strong>la</strong>riée éloigné de leur lieu d'origine en est<br />

<strong>la</strong> cause en partie. Car il ne s'agit plus seulement de produire<br />

pour nourir sa famille, mais aussi les travailleurs isolés sur<br />

les chantiers. Dans les chantiers, <strong>dans</strong> les villes <strong>et</strong> ports<br />

naissants; l'essor <strong>des</strong> villes est l'autre cause de <strong>la</strong> forte<br />

demande en produits vivriers.<br />

Les villes sont récentes 70 <strong>et</strong> sont liées directement au<br />

phénomène colonial. H. BERTRAND note que:<br />

"BRAZZAVILLE passe d'environ 17000 âmes en 1930 à<br />

45000 en 1945; puis 100.000 en 1958".<br />

L'auteur note également que pendant <strong>la</strong> période s'étendant<br />

de 1946 à 1959, un certain nombre d'infrastructures ne font pas<br />

appel à <strong>la</strong> main d'oeuvre féminine, mais l'approvisionnement de<br />

BRAZAVILLE en manioc surtout <strong>et</strong> en légumes est principalemnt le<br />

fait de femmes. Il se crée ainsi un circuit commercial entre les<br />

femmes qui fabriquent les pains de manioc <strong>et</strong> celles qui les<br />

commercialisent en ville.<br />

Au début du développement <strong>des</strong> villes, les femmes<br />

nouvellement arrivées du vil<strong>la</strong>ge continuaient quand ce<strong>la</strong> était<br />

possible d'avoir <strong>des</strong> champs à <strong>la</strong> périphérie <strong>des</strong> villes, <strong>et</strong> à<br />

commercialiser elles-mêmes leurs produits vivriers.<br />

L'agrandissement <strong>des</strong> villes rej<strong>et</strong>ant de plus en plus loin les<br />

terres cultivables <strong>et</strong> disponibles; les anciennes productrices de<br />

produits se sont reconverties.<br />

Certaines se sont établies <strong>dans</strong> le p<strong>et</strong>it commerce de détail.<br />

La ville poussant à <strong>des</strong> adaptations successives: ventes de<br />

denrées alimentaires; de produits d'utilisation courante, de<br />

tissus. .. Le type de marchandise se diversifiant selon <strong>la</strong><br />

conjoncture.<br />

70-"Le CONGO formation sociale <strong>et</strong> mode de développement<br />

économique" p. 81.


-66-<br />

On peut dire que c'est à c<strong>et</strong>te époque que l'activité<br />

féminine devient source de revenus. Si <strong>la</strong> colonisation a entraîné<br />

<strong>la</strong> sa<strong>la</strong>risation de <strong>la</strong> main d'oeuvre masculine <strong>dans</strong> les secteurs<br />

industriels naissants; <strong>dans</strong> les emplois du secteur privé, ou <strong>dans</strong><br />

le secteur administratif.<br />

Dans les zO~rs urbaines, <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion féminine devient soit<br />

"femme au foyer" , soit se reconvertie <strong>dans</strong> le p<strong>et</strong>it commerce,<br />

ou continue même d'avoir <strong>des</strong> champs. Dans les zones rurales, le<br />

type d'activité reste le même; celle-ci gagne seulement en<br />

intensité.<br />

Les activités féminines se diversifieront plus tard. Avec<br />

le développement de <strong>la</strong> sco<strong>la</strong>risation, les femmes commenceront à<br />

exercer <strong>des</strong> emplois surtout <strong>dans</strong> l'éducation, <strong>la</strong> santé, <strong>et</strong> <strong>dans</strong><br />

le secteur privé <strong>et</strong> étatique. Ceci nous amène à <strong>la</strong> situation<br />

actuelle.<br />

3 - La situation actuelle<br />

La période actuelle a vu <strong>dans</strong> de biens moindres proportions<br />

que s'agissant <strong>des</strong> hommes, l'accroissement du nombre de femmes<br />

exerçant un emploi sa<strong>la</strong>rié. Toutefois 1fs résultats d'une enquête<br />

sur le taux d'activité à BRAZZAVILLE montrent que:<br />

"La contribution <strong>des</strong> femmes à l'activité économique<br />

est encore très faible: si 25X <strong>des</strong> femmes exercent un<br />

métier, 4X seulement ont pu accéder à un emploi<br />

sa<strong>la</strong>rié, les autres se livrant à <strong>des</strong> occupations de<br />

type traditionnel dont <strong>la</strong> rentabilité est généralement<br />

très faible. L'ouverture <strong>des</strong> emplois sa<strong>la</strong>riées aux<br />

femmes surtout <strong>dans</strong> l'administration <strong>et</strong> les<br />

entreprises nationales, est un phénomène récent mais<br />

<strong>la</strong> demande d'emplois sa<strong>la</strong>riés tend à s'aacroître à un<br />

rythme extrèmement rapide avec le développement de <strong>la</strong><br />

sco<strong>la</strong>rité".<br />

71_Ceci est tout à fait nouveau, car traditionnellement <strong>la</strong><br />

femme a une contribution bien définie au sein du ménage comme<br />

nous l'avons vu <strong>dans</strong> les données sociologiques.<br />

72_ Enquête taux d'activité à BRAZZAVILLE; direction de <strong>la</strong><br />

statistique <strong>et</strong> de <strong>la</strong> comptabilité économiqe, p.27.


-67-<br />

Selon c<strong>et</strong>te enquête, l'acitivité <strong>des</strong> femmes de 15 ans <strong>et</strong> plus<br />

~ans l'agglomération de BRAZZAVILLE se distribuait ainsi en 1972<br />

ACTIVITE effectif %<br />

ACTIVES<br />

Activfis à temps<br />

plein 10.200 16.5%<br />

Actives à temps<br />

partiel 55.000 8,9%<br />

~ 1 1<br />

1<br />

Ensemble <strong>des</strong><br />

actives ! 15.700<br />

1 25,4%<br />

~ NON ACTIVES 1 1<br />

femmes cherchant 1 1<br />

1 du travail 1 1<br />

5.200 8,4%<br />

~ 1 1 1<br />

~ , 1 1<br />

eleves <strong>et</strong><br />

étudiantes<br />

7.000<br />

11,2%<br />

ménagères 34.000 55%<br />

ENSEMBLE DES<br />

INACTIVES 46.200 74,6%<br />

A un niveau plus global on remarque pour BRAZZAVILLE 15:<br />

"L'importance du secteur tertiaire à BRAZZAVILLE <strong>et</strong><br />

plus particulièrement de l'appareil administratif <strong>et</strong><br />

militaire qui regoupe 29% de <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion active."<br />

13_ L'étude <strong>la</strong> plus récente dont nous avons pu disposer sur<br />

p<strong>la</strong>ce date de 1974, les travaux les plus récents étaient en cours<br />

d'édition.<br />

H_ Les actives à temps plein regroupent 4,2% de sa<strong>la</strong>riées,<br />

1,9% d'artisanes <strong>et</strong> d'agricultrices, <strong>et</strong> 10,3% de commerçantes.<br />

15_p . 29, enquête taux d'activité.


-6S-<br />

C<strong>et</strong>te même enquête souligne que:<br />

"Si <strong>la</strong> participation <strong>des</strong> femmes s'accroît rapidement<br />

(2500 sa<strong>la</strong>riées en 1972 contre 400 en 1961) elle tend<br />

à s'accroître <strong>dans</strong> l'administration mais demeure très<br />

faible pour l'ensemble du secteur secondaire."<br />

Nous avons ainsi <strong>la</strong> distribution suivante:<br />

, SECTEUR HOMMES FEMMES ENSEMBLE %<br />

fem<br />

1<br />

~ effectif % 1 effect. % effect. % .<br />

1 primaire 1300 3,5 700 12 2000 4,5 35<br />

Il second. 1 9500 1 25 1 900 1<br />

15 1 10400 1 23,7 9<br />

1 27100 1 71,5 14400 73 1 31500 1 71, S 14<br />

1 tertiai- 1 1<br />

ij re 1 1 1 1<br />

1<br />

ij 1 1 1<br />

1<br />

i 1 1 1<br />

1<br />

dont:<br />

transport<br />

administration<br />

armée<br />

1<br />

3300 9 1 3300 7,5<br />

1<br />

1 1<br />

1<br />

6500 17 1500 25 Isooo 1S,2 19<br />

1 1<br />

4700 12 1 4700 10,7<br />

1<br />

1<br />

1 1<br />

1 1<br />

1<br />

Ces chiffres sont à surévaluer bien entendu à l' heure<br />

actuelle, car déjà en 1974, une enquête fai sant partie du<br />

recencement de 1974, évalue à 33,2%, l'activité féminine <strong>dans</strong> <strong>la</strong><br />

commune de BRAZZAVILLE. Celle-ci s'est accrue, même si faute de<br />

données récentes, nous ne pouvons en donner l'estimation. Il y<br />

a aussi depuis quelques années <strong>des</strong> femmes <strong>dans</strong> l'armée.


-69-<br />

Ainsi l'activité féminine reste prédominante <strong>dans</strong> deux<br />

secteurs dont l'un est traditionnel: l'agriculture, <strong>et</strong> l'autne<br />

l'est devenu par <strong>la</strong> force <strong>des</strong> choses, c'est le p<strong>et</strong>it commerce.<br />

On remarque toutefois une sa<strong>la</strong>risation accrue <strong>des</strong> femmes,<br />

<strong>et</strong> un accroissement de femmes artisans <strong>dans</strong> les zones urbaines;<br />

<strong>des</strong> couturières principalement. On note d'autre part, une<br />

évolution <strong>dans</strong> les attitu<strong>des</strong> masculines quant aux activités<br />

autrefois essentiellement féminines.<br />

Certaines cultures sont ainsi devenues <strong>des</strong> cultures<br />

masculines, comme <strong>la</strong> culture de l'ananas, qui est une culture<br />

d'un bon rapport qui peut procurer <strong>des</strong> revenus réguliers tout en<br />

nécessitant peu d'entr<strong>et</strong>ien.<br />

L'activité féminine reste donc pour <strong>la</strong> plupart <strong>dans</strong> les<br />

sphères traditionnelles d'activité. Le domaine agricole <strong>dans</strong> les<br />

zones rurales, <strong>et</strong> le p<strong>et</strong>it commerce surtout pour les zones<br />

urbaines. Certaines femmes sont <strong>dans</strong> le transport, elles sont<br />

propriétaires de taxis ou d'autocars.<br />

La différence avec <strong>la</strong> situation de <strong>la</strong> femme <strong>dans</strong> <strong>la</strong> société<br />

traditionnelle, c'est que ses activités actuelles lui perm<strong>et</strong>tent<br />

en disposant de ressources monétaires personnelles, de se donner<br />

les moyens d'une indépendance financière. Ce<strong>la</strong> n'est pas sans<br />

influer sur ses re<strong>la</strong>tions avec sa famille, son mari <strong>et</strong> ses autres<br />

partenaires sociaux.<br />

76_ Les marchés notamment ont une popu<strong>la</strong>tion à majorité<br />

féminine: 66,57% de marchands sont <strong>des</strong> femmes. La<br />

commercialisation <strong>des</strong> produits agricoles est essentiellement<br />

assurée par les femmes.


CHAPITRE<br />

II<br />

L'EVOLUTION DES ROLES FEMININS DANS SON CONTEXTE


-70-<br />

CHAPITRE<br />

II<br />

L'EVOLUTION DES ROLES FEMININS DANS SON CONTEXTE<br />

A -<br />

Les modèles<br />

Nous avons voulu <strong>dans</strong> ce passage, poser les éléments<br />

introductifs au modèle traditionnel. En eff<strong>et</strong>, nous savons que<br />

le modèle renvoie à un système éducatif, <strong>et</strong> partant à un système<br />

de valeurs données. Nous avons ainsi voulu inscrire en guise<br />

d'introduction le modèle <strong>dans</strong> le cadre plus <strong>la</strong>rge du système<br />

éducatif traditionnel en examinant <strong>dans</strong> un premier temps sa<br />

conception d'ensemble 1 <strong>et</strong> les valeurs de base que ce système<br />

cherchait à transm<strong>et</strong>tre.<br />

Nous nous intéresserons ensuite à ce qu'était <strong>dans</strong> ce<br />

système, l'éducation de <strong>la</strong> jeune fille <strong>et</strong> celle du garçon. Nous<br />

nous attacherons à r<strong>et</strong>rouver <strong>la</strong> conception de "l'amour" <strong>dans</strong> <strong>la</strong><br />

société traditionnelle, pour finir par l'examen <strong>des</strong> conduites<br />

sexuelles.<br />

1 - L'éducation traditionnelle<br />

L'éducation traditionnelle KONGO était étroitement aSSOC1ee<br />

à <strong>la</strong> vie pratique, <strong>et</strong> à <strong>la</strong> vie du groupe. Elle s'inscrivait <strong>dans</strong><br />

<strong>la</strong> vie quotidienne. Il n'y avait pas d'école à proprement parlé.<br />

L'éducation se faisait progressivement en fonction de c<strong>la</strong>sses<br />

d'âge définies. Celle-ci était conçue comme commençant à <strong>la</strong><br />

naissance <strong>et</strong> ne s'achevant qu'à <strong>la</strong> mort de l' individu. On ne<br />

finit pas d'apprendre tout au long de <strong>la</strong> vie, <strong>et</strong> le stade le plus<br />

achevé était <strong>la</strong> vieillesse, où l'on était détenteur du savoir,<br />

de l'expérience, <strong>et</strong> de <strong>la</strong> sagesse.<br />

D'autre part, l'éducation n'était pas uniquement assumée par<br />

les parents mais par le groupe tout entier. L'un <strong>des</strong> objectifs<br />

de base était d'inculquer à l'enfant un "savoir être" <strong>et</strong> un<br />

"savoir vivre". D'inculquer: l'obéissance, <strong>la</strong> solidarité, le<br />

courage, <strong>la</strong> perspicacité, l'endurance, <strong>et</strong> le sentiment de<br />

l'honneur du groupe, de former un individu utile au groupe.


-71-<br />

l'éducation traditionnelle était conçue comme une formation<br />

globale; formation morale <strong>et</strong> formation physique, développement<br />

du corps, éducation esthétique chez <strong>la</strong> fille. Ceci pour les<br />

valeurs d'ensemble. L'apprentissage spécialisée artisanale ou<br />

autre, se fait auprès de ceux possédant le métier. Une éducation<br />

spécifique était donnée aux filles <strong>et</strong> aux garçons à partir de <strong>la</strong><br />

deuxième c<strong>la</strong>sse d'âge, on peut en distinguer trois:<br />

- La première va de <strong>la</strong> naissance à six ou huit ans<br />

environ. Pendant c<strong>et</strong>te période, c'était <strong>la</strong> mère qui<br />

avait principalement <strong>la</strong> charge <strong>des</strong> enfants aussi bien<br />

garçons que filles. C'est de <strong>la</strong> mère que les enfants<br />

apprendront <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue, les principes moraux de base;<br />

les interdits <strong>et</strong> les croyances fondamentales.<br />

- La deuxième c<strong>la</strong>sse qui va de six à dix ans, voit <strong>la</strong><br />

séparation <strong>des</strong> garçons <strong>et</strong> filles. Les garçons relevant<br />

désormais du père, les filles de <strong>la</strong> mère.<br />

- La troisième c<strong>la</strong>sse d'âge constitue <strong>la</strong> période avant<br />

le mariage. Elle va de dix à quinze ans environ, <strong>et</strong><br />

voit les enfants s'intégrer peu à peu au monde adulte;<br />

monde adulte mascul in pour les garçons, <strong>et</strong> féminin<br />

pour les filles.<br />

L'éducation est conçue comme visant à donner progressivement<br />

à l'enfant une autonomie <strong>et</strong> une responsabilité de plus en plus<br />

grande: responsabilité par rapport aux autres, <strong>et</strong> par rapport à<br />

soi.<br />

1.a- L'éducation du garçon<br />

Nous avons déjà vu que dès <strong>la</strong> deuxième c<strong>la</strong>sse d'âge, les<br />

garçons relèvent <strong>des</strong> pères. C'est à ce moment que commence d'une<br />

manière plus intensive l'apprentissage <strong>des</strong> activités masculines:<br />

chasse, pêche, vannerie, bijouterie, travail du cuir <strong>et</strong>c...


Résu~ant l'éducation<br />

BALANDIER remarque que :<br />

traditionnelle du garçon<br />

-72-<br />

G.<br />

"( .•. )Le garçon découvre três vite <strong>la</strong> supériorité <strong>et</strong><br />

les avantages de <strong>la</strong> condition masculine. Il vit le<br />

plus possible <strong>dans</strong> <strong>la</strong> compagnie de son pêre. Il fait<br />

son apprentissage d'homme, s'exerçant à <strong>la</strong> fabrication<br />

<strong>des</strong> instruments de chasse <strong>et</strong> de pêche, au maniement<br />

<strong>des</strong> outils agricoles, aidant au défrichage <strong>des</strong> champs.<br />

Il organise progressivement ses re<strong>la</strong>tions avec <strong>la</strong><br />

nature; <strong>la</strong> recherche <strong>des</strong> endroits de pêche <strong>et</strong> <strong>la</strong> pose<br />

<strong>des</strong> engins, <strong>la</strong> chasse <strong>et</strong> <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce <strong>des</strong> piêges<br />

sont autant de choses suivis avec passion. Enfin le<br />

père inculque à son fils le code <strong>des</strong> convenances, le<br />

sens <strong>des</strong> interdits <strong>et</strong> <strong>des</strong> symboles qui les concernent<br />

tous les deux. La pédagogie traditionnelle dont un<br />

sociologue HUKONGO rend compte a du se maintenir au<br />

cours <strong>des</strong> siècles: Dans c<strong>et</strong>te éducation,<br />

l'observation de l'enfant est mesuré, contrôlé, puis<br />

développé par questions <strong>et</strong> réponses, <strong>et</strong> même souvent<br />

aussi par <strong>des</strong> attrapes, <strong>des</strong> paradoxes, <strong>des</strong> cas<br />

concr<strong>et</strong>s. Sans avoir l'air de rien, le pêre invitera<br />

l'enfant à répondre à tel problème, bénin d'importance<br />

mais dont <strong>la</strong> solution requerra l'expérience du pêre.<br />

Selon ses réussites, l'enfant recevra un surnom<br />

agréable ou désagréable, il sera préféré à ses pairs<br />

pour exécuter certaines missions ou accompagner les<br />

grands <strong>dans</strong> leurs voyages."<br />

D'autre part le garçon participera progressivement aux<br />

., affaires" publiques. Il prend part aux débats ou du moins y<br />

assiste, avant d'y prendre part activement, quand il sera reconnu<br />

comme un homme à part entière (une fois marié <strong>et</strong> père). Il y a<br />

aussi une certaine exaltation de <strong>la</strong> masculinité, à travers <strong>des</strong><br />

qualités dites masculines: le courage, <strong>la</strong> témérité, <strong>la</strong> vail<strong>la</strong>nce,<br />

<strong>la</strong> force <strong>et</strong>c...<br />

11_La vie quotidienne au Royaume de KONGOj p. 167-168.


-73-<br />

l.b -<br />

L'éducation de <strong>la</strong> fille<br />

Nous ne attarderons pas sur l'éducation de <strong>la</strong> jeune fille,<br />

car nous l'évoquons plus loin <strong>dans</strong> le passage concernant le<br />

modèle traditionnel. Nous dirons tout au plus que celle-ci dépend<br />

entièrement de <strong>la</strong> mère qui est chargée d'en faire une bonne mère,<br />

une bonne ménagère <strong>et</strong> une bonne épouse.<br />

2.a- L'amour <strong>dans</strong> <strong>la</strong> société traditionnelle<br />

Le concept existe, le terme désigne autant à un niveau<br />

général: l'amour maternel, fil ial <strong>et</strong> aussi l'amour entre un<br />

garçon <strong>et</strong> une fille. Mais il n'est pas <strong>la</strong> condition nécessaire<br />

pour un mariage. Il faut remarquer que souvent le garçon comme<br />

<strong>la</strong> fille n'ont pas toujours le pouvoir de choisir leur conjoint.<br />

S'ils se p<strong>la</strong>isent tant mieux, sinon tant pis. Le mariage est<br />

conçu comme quelque chose qui se construit, en ce qui concerne<br />

l'amour conjugal tout au moins.<br />

Les contes <strong>et</strong> légen<strong>des</strong>, de<br />

moins romancées d'autre part<br />

emballements qui poussent à <strong>des</strong><br />

ces contes est le suivant:<br />

même que les histoires plus ou<br />

m<strong>et</strong>tent en garde contre les<br />

imprudences. l'exemple type de<br />

- Une fille rencontre un beau jeune homme au marché<br />

(lieu de rencontre traditionnel). Ils se p<strong>la</strong>isent, <strong>et</strong><br />

<strong>la</strong> jeune fille contre l'avis de ses parents part avec<br />

lui, pour se rendre compte peu de temps après que<br />

celui-ci n'est qu'un monstre ou un "diable". <strong>la</strong> jeune<br />

fille comprend alors sa bêtise <strong>et</strong> invoque sa grandmère<br />

(défunte dont l'esprit sera assez puissant pour<br />

<strong>la</strong> tirer du mauvais pas <strong>dans</strong> lequel elle se trouve).<br />

Celle-ci après l'avoir <strong>la</strong>issée souffir pour l'exemple,<br />

vient enfin <strong>la</strong> sauver <strong>et</strong> <strong>la</strong> ramène chez elle où c<strong>et</strong>te<br />

dernière jure de ne plus désobéir à ses parents, <strong>et</strong> de<br />

ne pas contester le choix du conjoint qui lui sera<br />

proposé.


-74-<br />

L'amour entre<br />

positifi mais on ne<br />

BALANDIER souligne<br />

précoloniale que :<br />

les époux est souhaité comme un élément<br />

l'estime pas indispensable. c'est ainsi que<br />

à propos de l'amour <strong>dans</strong> <strong>la</strong> période<br />

" Les rapports acheminant vers le mariage font une<br />

<strong>la</strong>rge part à l'amour, bien que les raisons de<br />

stratégie familiale <strong>et</strong> les interdits prohibant<br />

l'inceste (qui exclut l'union entre personnes du même<br />

sang) limitent le choix. Le marché est généralement<br />

l'occasion de <strong>la</strong> première rencontre, les jeunes gens<br />

s'y observent, y commencent leur cour, y échangent de<br />

menus cadeaux après avoir acquis <strong>la</strong> certitude que<br />

leurs parents sont consentants. L'affection subsiste<br />

après le mariage, mais elle demeure contenue: si <strong>la</strong><br />

jalousie est estimée nécessaire, elle provoque<br />

rarement <strong>des</strong> emportements. les drames viennent moins<br />

de l'amour déçu que d'un manquement aux obligations<br />

réciproques liant les époux ( ••• ) Les re<strong>la</strong>tions du<br />

couple reposent autant sur le respect d'une sorte de<br />

contrat tacite que sur l'inclination mutuelle. Dès<br />

l'instant où <strong>la</strong> méfiance s'établit, le divorce<br />

menace."<br />

Rappelons aussi que l'amour n'est pas envisagé en dehors du<br />

mariage. Si l' homme a <strong>la</strong> possibil i té grâce à <strong>la</strong> polygamie<br />

d'épouser une femme qu'il aime comme deuxième ou troisième<br />

épouse, il n'en est pas de même pour <strong>la</strong> femme. L'adultère est<br />

sévèrement sanctionné, surtout quand il relève de <strong>la</strong> femme. Que<br />

pouvaient <strong>dans</strong> ces conditions les conduites sexuelles <strong>dans</strong> <strong>la</strong><br />

société traditionnelle<br />

2b- Les conduites sexuelles <strong>dans</strong> <strong>la</strong> société traditionnelle<br />

La société KONGO est une société aux moeurs sexuelles<br />

rigoureuses. Il n'y a pas de liberté sexuelle avant le mariage.<br />

On se marie d'ailleurs très tôt, à partir de douze ans pour les<br />

filles, ou dès qu'elles ont leur menstruation, on les estime<br />

prêtes au mariage. Pour les garçons. l'âge du mariage se situe<br />

autour de quatorze, quinze ans <strong>et</strong> plus.<br />

78_op , cité, p. 169.


-75-<br />

Les re<strong>la</strong>tions entre garçons <strong>et</strong> filles sont régis par une<br />

grande pudeur. L' activité sexuelle a pour fonction <strong>la</strong><br />

procréation, ce<strong>la</strong> n'implique pas que <strong>la</strong> notion de p<strong>la</strong>isir n'y est<br />

pas associé. Mais l'objectif prEffier est de "faire <strong>des</strong> enfants".<br />

Le viol est sévèrement réprimé :<br />

" Les enfants connaissent très tSt, selon <strong>la</strong> formule<br />

de J. VAN WING, les mystères de <strong>la</strong> génération; mais<br />

leur adolescence n'en est pas pour autant abandonnée<br />

à <strong>la</strong> liberté du désir. Les rencontres entre jeunes<br />

gens de sexe différent subissent un contrôle qui<br />

n'exclut pas toujours l'expérience, mais qui<br />

sanctionne le dévergondage par <strong>des</strong> châtiments<br />

physiques, puis <strong>la</strong> mise en esc<strong>la</strong>vage. Les bonnes<br />

fortunes recherchées auprès <strong>des</strong> femmes rentrant du<br />

travail, ou se trouvant au bain, comportant les mêmes<br />

risques; parfois un risque plus grand si <strong>la</strong> tentative<br />

est considérée comme équivalent à un viol C••• ) Pour<br />

les gens de KONGO, le vice solitaire n'est pas un<br />

vice, mais l'homosexual i té doit être réprouvé avec<br />

vigueur."<br />

Quant aux hommes célibataires, ils ont <strong>des</strong> ressources très<br />

limitées en ce domaine:<br />

" Les ,jeux amoureux <strong>des</strong> hommes célibataires se situent<br />

à distance de ces frontières redoutables, ils peuvent<br />

tenter leur chance auprès <strong>des</strong> filles, anticiper le<br />

mariage durant <strong>la</strong> longue période de fiançailles,<br />

profiter de <strong>la</strong> comp<strong>la</strong>isance de certains notables<br />

possesseurs de nonbreuses femmes esc<strong>la</strong>ves. Ils n'ont<br />

guère <strong>la</strong> commodité de s'adresser aux femmes de moeurs<br />

libres, sauf <strong>dans</strong> les quelques cités où<br />

l'établissement <strong>des</strong> étrangers a fait apparître, selon<br />

<strong>la</strong> formule de l'HISTORIA - une vie licencieuse."<br />

Nous concluerons ce passage en soulignant que <strong>la</strong> société<br />

traditionnelle se caractérise par un rigorisme <strong>des</strong> moeurs, <strong>et</strong> une<br />

grande réserve <strong>dans</strong> les re<strong>la</strong>tions entre les deux sexes.<br />

19_G. BALANDIER, op cité P. 167-168.


-76<br />

2- MODELE FEMININ TRADITIONNEL<br />

Ce passage a pour obj<strong>et</strong> de dégager un modèle féminin<br />

traditionnel, <strong>et</strong> partant de décrire quelques rôles traditonnels<br />

fondamentaux. Tout au long de notre travail, nous avons utilisé<br />

à plusieurs reprises les notions de société traditionnelle, de<br />

modèle traditionnel. Sans revenir sur les données sociologiques<br />

dont nous avons déjà parlé, il est important de souligner que<br />

nous situons d'abord tout ce qui est traditionnel <strong>dans</strong> <strong>la</strong> s~fiété<br />

pré-coloniale; car comme le fait remarquer W.G.L. RANDLES :<br />

" L'Histoire du CONGO a le privilège rare en AFRIQUE<br />

NOIRE de bénéficier d'une documentation écrite<br />

remontant à plus de quatre siècles, encore que, comme<br />

nous l'avons remarqué. elle n'éc<strong>la</strong>ire que du<br />

dehors ••. "<br />

En eff<strong>et</strong>, si nous supposons que les premiers contacts ont<br />

été <strong>dans</strong> leur ensemble superficiels, <strong>et</strong> que l'influence<br />

Européenne n'a pas modifié les conduites comme ce<strong>la</strong> va l'être<br />

durant <strong>la</strong> période coloniale. Nous pouvions donc, partant <strong>des</strong><br />

données de <strong>la</strong> période pré-coloniale essayer de dégager un modèle<br />

féminin traditionnel, qu'on ne puisse suspecter d'avoir subi t <strong>des</strong><br />

modifications profon<strong>des</strong> pouvant être imputables à une influence<br />

étrangère.<br />

IL est un autre fait intéressant à souligner, c'est que ce<br />

modèle est encore très actuel. Si le contexte a changé, nous<br />

r<strong>et</strong>rouvons le modèle <strong>dans</strong> ces gran<strong>des</strong> lignes. Celui-ci subsiste<br />

tant bien que mal, <strong>et</strong> continue d'être transmis avec plus ou moins<br />

de réussite. C'est ce qui nous a poussé à subdiviser ce passage<br />

de sorte qu'il ait deux parties; une présentant le modèle féminin<br />

<strong>dans</strong> <strong>la</strong> société pré-coloniale, une deuxième partie présentant le<br />

modèle tel qu'il subsiste.<br />

80_W. G• RANDLES " L'ancien royaume de CONGO, <strong>des</strong> origines à<br />

<strong>la</strong> fin du 1ge siècle".<br />

Nous nous reférons en outre aux <strong>des</strong>criptions déjà citées<br />

<strong>dans</strong> <strong>la</strong> partie historique, <strong>et</strong> bien entendu aussi à: " <strong>la</strong> vie<br />

quotidienne au royaume de KONGO du 16e au 18e siècle de G.<br />

BALANDIER, déjà cité par ailleurs, <strong>et</strong> dont <strong>la</strong> <strong>des</strong>cription <strong>des</strong><br />

cadres sociaux de l'époque, étonne encore par leur actualité."


le<br />

No~s<br />

sens :<br />

-77-<br />

rappelons que nous emploierons <strong>la</strong> notion de modèle <strong>dans</strong><br />

" D'un type de conduite, de pensée ou de sentiment<br />

commun <strong>dans</strong> un groupe donné, transmis par l'éducation,<br />

ou acquis par une appartenance prolongée à ce groupe<br />

<strong>et</strong> reconnu généralement comme va<strong>la</strong>ble."<br />

Nous parlerons <strong>dans</strong> un premier temps, du modèle tel qu'il<br />

a subsisté, <strong>et</strong> continue d'être transmis.<br />

MODELE<br />

FEMININ TRADITIONNEL<br />

Rien ne saurait mieux illustrer notre propos que ce passage<br />

de BALANDIER, p~f<strong>la</strong>nt de l'éducation <strong>des</strong> filles <strong>dans</strong> l'ancien<br />

royaume du KONGO :<br />

"( ... ) La fille poursuit son éducation auprès de sa<br />

mère, elle doit se préparer à devenir habile aux<br />

travaux domestiques, <strong>et</strong> aux travaux <strong>des</strong> champs; elle<br />

doit apprendre progressivement le rôle de l'épouse,<br />

elle doit faire très tôt <strong>la</strong> preuve <strong>des</strong> talents qui<br />

attireront <strong>des</strong> jeunes hommes. Le mariage <strong>et</strong> <strong>la</strong><br />

maternité exaltés par certaines oeuvres <strong>des</strong> sculpteurs<br />

KONGOS, sont les conditions de son insertion <strong>dans</strong> <strong>la</strong><br />

société, de son accession à <strong>la</strong> plénitude sociale.<br />

Garçons <strong>et</strong> filles reçoivent par ailleurs, l'éducation<br />

diffuse que le c<strong>la</strong>n tout entier s'éfforce de leur<br />

donner: celle <strong>des</strong> anciens, les BA-MBUTA celle <strong>des</strong><br />

oncles maternels <strong>et</strong> <strong>des</strong> frères aînés qui imposent<br />

efficacement leur autorité... "<br />

Le modèle préva<strong>la</strong>nt <strong>dans</strong> le système traditionnel est celui<br />

de <strong>la</strong> mère <strong>et</strong> de l'épouse, La femme se doit d'être mère, <strong>la</strong><br />

maternité est <strong>la</strong> condition de sa reconnaissance sociale <strong>dans</strong> une<br />

société où<br />

<strong>la</strong> richesse est représentée par l'accumu<strong>la</strong>tion en<br />

"hommes", Elle est mère, <strong>et</strong> partant épouse. Le modèle s'inscrit<br />

<strong>dans</strong> trois axes principaux:<br />

* Le c<strong>la</strong>n<br />

* La maternité<br />

* Le mariage<br />

57.<br />

81_ J • MAISONNEUVE: "Introduction à <strong>la</strong> psychosciologie" j P.<br />

82_op . cité P, 57.


-78<br />

- La femme est mère: une mère sur qui repose entièrement les<br />

besoins alimentaires <strong>des</strong> enfants <strong>et</strong> du mari, <strong>et</strong> sur qui repose<br />

entièrement l'éducation <strong>des</strong> filles.<br />

- La femme est épouse: une épouse soumise, prévenante,<br />

consciente de ses devoirs <strong>et</strong> de ses droits.<br />

- Elle est surtout avant tout membre d'un c<strong>la</strong>n;<br />

titre obéissante aux autorités c<strong>la</strong>niques, <strong>et</strong> aux<br />

c<strong>la</strong>niques.<br />

<strong>et</strong> à ce<br />

devoirs<br />

Ajoutons à ce<strong>la</strong> qu'une grande réserve régit les rapports<br />

entre les deux sexes. La mixité <strong>dans</strong> les activités sociales est<br />

rare, on peut parler d'un monde féminin <strong>et</strong> d'un monde masculin.<br />

Il n'y avait pas de liberté sexuelle avant le mariage.<br />

Le modèle s'inscrivait en outre <strong>dans</strong> un contexte où<br />

l'influence étrangère était peu marquée, où l'unité résidentielle<br />

principale est le vil<strong>la</strong>ge. Nous rappelons aussi que selon tous<br />

les documents auxquels nous avons eu recours, <strong>la</strong> "femme libre"<br />

n'existait pas <strong>dans</strong> <strong>la</strong> société traditionnelle. l'expression est<br />

peut être impropre, mais nous entendons ici par "femme libre" une<br />

personne vivant de ses charmes, l' apparition de celle-ci est<br />

directement liée à <strong>la</strong> présence Européenne, <strong>et</strong> à l'urbanisation.<br />

LE MODELE<br />

TEL QU'IL SUBSISTE<br />

Les cadres de vie ont changés depuis c<strong>et</strong>te période, il y a<br />

eu depuis: <strong>la</strong> christiannisation <strong>des</strong> popu<strong>la</strong>tions, <strong>la</strong><br />

sco<strong>la</strong>risation, l'urbanisation <strong>et</strong> l'éc<strong>la</strong>tement <strong>des</strong> structures<br />

traditionnelles du pouvoir. L'on peut dire sans exagération que<br />

même les vil<strong>la</strong>ges les plus reculés n'ont pas été à l'écart de<br />

l'influence étrangère. Mais le modèle a subsisté <strong>dans</strong> ses gran<strong>des</strong><br />

lignes. Dans les vil<strong>la</strong>ges, <strong>et</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong> société en général, le<br />

modèle le plus gratifiant continue d'être celui de <strong>la</strong> mère, de<br />

l'épouse soumise, sinon discrète <strong>et</strong> réservée devant les hommes.<br />

Dans les villes bien que le milieu soit différent <strong>et</strong> les<br />

sollicitations diverses, celui~ci voisine tant bien que mal avec<br />

d'autres modèles. Le modèle transmis par les mères à leurs filles<br />

est demeuré: celui de <strong>la</strong> mère dévouée, de l'épouse exemp<strong>la</strong>ire,<br />

discrète, <strong>et</strong> de <strong>la</strong> femme obéissante. En eff<strong>et</strong>, une femme quelque<br />

soit sa réussite au p<strong>la</strong>n matériel ou d'une carrière<br />

professionnelle n'est reconnue comme ayant "réussie" que si elle<br />

a été mariée à défaut de l'être restée, <strong>et</strong> si elle a <strong>des</strong> enfants.<br />

Des pressions sociales très fortes poussant <strong>dans</strong> ce se


-79-<br />

3 - ROLES FEMININS TRADITIONNEL~<br />

Partant du modèle traditionnel nous avons ainsi relevé les<br />

rôles que nous pensons fondamentaux, l'objectif de notre travail<br />

étant d'essayer de comprendre en quoi ces rôles ont évolués. Dans<br />

<strong>la</strong> société traditionnelle <strong>la</strong> femme est pour résumer <strong>et</strong> ceci par<br />

ordre de préeminence:<br />

1 - Menbre d'un c<strong>la</strong>n<br />

2 - Mère<br />

3 <strong>et</strong> enfin épouse<br />

1- Elle est membre d'un c<strong>la</strong>n<br />

La cellule sociale de base n'est pas le couple mais le c<strong>la</strong>n.<br />

La famille foyer n'est comme nous l'avons vu qu'une institution<br />

sécondaire, <strong>et</strong> le mariage, <strong>la</strong> création du couple n'atténue, ni<br />

même ne romp l'appartenance du mari d'une part, de l'épouse <strong>et</strong><br />

<strong>des</strong> enfants d'autre part à leur familles-c<strong>la</strong>ns respectives.<br />

Ainsi l'individu vit par <strong>et</strong> pour le c<strong>la</strong>n, il a entre autres<br />

devoirs d'obéir au c<strong>la</strong>n; de ne rien faire qui puisse aller à<br />

l'encontre <strong>des</strong> intérêts du c<strong>la</strong>n. En r<strong>et</strong>our, il peut tout en<br />

attendre, La femme en tant que membre de c<strong>la</strong>n a deux re<strong>la</strong>tions<br />

privilégiées: celle de l'oncle maternel, <strong>et</strong> du frère. le futur<br />

mari ne viendra qu'après eux.<br />

En tant que membre d'un c<strong>la</strong>n elle se doit aussi de<br />

connaître: toutes les lignées, les traditions, les interdits, <strong>et</strong><br />

les consignes fondamentales; ainsi que les croyances essentielles<br />

afin de pouvoir les transm<strong>et</strong>tre aux enfants.<br />

2 - Elle est mère<br />

Ses enfants relèvent d' e.lle <strong>et</strong> de son c<strong>la</strong>n, ceux-c i lui<br />

doivent l'apprentissage de <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue, <strong>des</strong> interdits fondamentaux.<br />

elle se doit d'être une mère avisée, dévouée sachant élever ses<br />

enfants, <strong>et</strong> les protéger au besoin.


-80-<br />

3 - Elle est épouse<br />

A ce titre elle sera prévenante. soumise, bonne ménagère,<br />

travailleuse infatigable.<br />

Les rôles traditionnels ainsi posés, avant de faire<br />

l'esquisse <strong>des</strong> rôles actuels, nous pensons qu'il est éc<strong>la</strong>irant<br />

de décrire au préa<strong>la</strong>ble; le contexte <strong>dans</strong> lequel ceux-ci<br />

s'inscrivent.


-81-<br />

B - SPECIFICITE DU CONTEXTE<br />

1- Essai de <strong>des</strong>cription du contexte actuel<br />

Ce chapitre a pour souci d'une part de c<strong>la</strong>rifier<br />

l'expression "contexte actuel", <strong>et</strong> le sens <strong>dans</strong> lequel nous<br />

l'employons, <strong>et</strong> d'autre part de montrer sa spécificité. Ces<br />

précisons nous ont parus nécessaires, car pour qui ne connaît pas<br />

le contexte <strong>dans</strong> lequel se situe le problème étudié, <strong>la</strong><br />

complexité <strong>des</strong> problèmes qui s'y posent ne peut qu'être toute<br />

théorique, ou se limiter à <strong>des</strong> généralités.<br />

Nous nous efforcerons donc en prenant <strong>la</strong> ville comme "lieu<br />

moderne" par excellence, de présenter plus concrètement ce<br />

contexte. Nous dirons aussi en quoi le contexte nous paraît<br />

spécifique, <strong>et</strong> comment c<strong>et</strong>te spécificité donne aux problèmes liés<br />

au changement, à ces dérégu<strong>la</strong>tions <strong>et</strong> aux structurations qui y<br />

sont liés un tour particulier.<br />

Le contexte actuel est celui d'un pays dit sous-développé,<br />

une ancienne colonie Française pour le cas qui nous interesse.<br />

Dans ce contexte coexistent <strong>des</strong> modèles qui sont <strong>la</strong> survivance<br />

de modèles, que ce soit <strong>des</strong> modèles économiques , culturels,<br />

sociaux, <strong>et</strong> <strong>des</strong> modèles différents, issus <strong>des</strong> contacts avec<br />

d'autres cultures, de <strong>la</strong> situation coloniale <strong>et</strong> de tout ce<br />

qu'elle a pu impliquer comme rapports nouveaux <strong>et</strong> comme facteurs<br />

de dérégu<strong>la</strong>tions. Ce sont ces éléments qui vont constituer <strong>la</strong><br />

trame de ce passage, <strong>et</strong> qui seront pour nous les clés perm<strong>et</strong>tant<br />

de décortiquer quelques uns <strong>des</strong> problèmes rencontrés.<br />

Nous pensons <strong>dans</strong> les passages précédents, avoir <strong>des</strong>siné les<br />

contours de <strong>la</strong> société traditionnelle. Au passage selon le<br />

problème envisagé, nous avons parlé de ce que sont devenus en<br />

partie quelques unes <strong>des</strong> structures considérées. Il s'agit ici<br />

de nous appesantir sur le contexte actuel en tant qu'il est<br />

moderne <strong>et</strong> différent. Toutefois, si <strong>la</strong> société traditionnelle<br />

nous a paru cohérente, structurée, <strong>et</strong> finie. Il n'en est pas de<br />

même du contexte actuel où rien ne semble encore stabilisé,<br />

"fini".


-82-<br />

Il nous a semblé aussi que rien n'était plus moderne <strong>dans</strong><br />

<strong>la</strong> société considérée que <strong>la</strong> ville. En eff<strong>et</strong>, l'un <strong>des</strong> phénomènes<br />

les plus radicalement nouveaux par rapport à <strong>la</strong> société<br />

traditionnelle, est le phénomène urbain. Les villes, en ce qui<br />

concerne le CONGO sont <strong>des</strong> créations coloniales. Certes, d'autres<br />

contrées Africaines ont vues fleurir bien avant l'arrivée <strong>des</strong><br />

Européens, <strong>des</strong> villes importantes, nous pensons entre autre à<br />

TOMBOUCTOU, <strong>et</strong> DJENNE, pour ne citer que les plus célèbres.<br />

Toutefois, pour ce qui concerne<br />

<strong>la</strong> "splendeur" du royaume du KONGO,<br />

comme étant plus <strong>des</strong> regroupements de<br />

gran<strong>des</strong> cités. Nous dirons donc avec<br />

le CONGO même au temps de<br />

les villes sont décrites<br />

plusieurs vi~<strong>la</strong>ges que <strong>des</strong><br />

G. BALANDIER :<br />

" ..Ici, <strong>la</strong> civilisation urbaine reste plus potentielle<br />

que réalisée".<br />

En eff<strong>et</strong>, les cités de l'é~oque malgré le nombre élevé de<br />

personnes qu'elles regroupaient 4, demeuraient <strong>des</strong> vil<strong>la</strong>ges en<br />

raison <strong>des</strong> structures matérielles qui s'y maintenaient.<br />

Nous pouvons dire à propos <strong>des</strong> villes qu'elles naissent <strong>et</strong><br />

croissent avec <strong>la</strong> colonisation. La ville va constituer un lieu<br />

d'innovat ion, de rencontre <strong>et</strong> d'échange. Dans les villes non<br />

seulement <strong>la</strong> culture traditionnelle rencontre <strong>la</strong> civilisation<br />

occidentale, mais a lieu également <strong>la</strong> rencontre <strong>des</strong> autres<br />

cultures traditionnelles entre elles. Rencontre d'<strong>et</strong>hnies<br />

différentes aux traditions parfois opposées ou du moins<br />

différentes: voisinage du système patriarcal, <strong>et</strong> du système<br />

matriacal en ce qui concerne les systèmes de parenté par exemple,<br />

ou encore une <strong>et</strong>hnie aux moeurs plutôt libérales cotoyant une<br />

autre aux moeurs plus sévères.<br />

La ville est le lieu du changement par excellence, c'est <strong>la</strong><br />

vitrine d'un autre monde, avec <strong>des</strong> mo<strong>des</strong> de vie différents. les<br />

dépaysements causés par l'urbanisme sont variables, selon <strong>la</strong><br />

taille de <strong>la</strong> ville. La ville ici étant moyenne, les conflits, <strong>et</strong><br />

les problèmes seront à son échelle. Il faut noter cependant, <strong>et</strong><br />

ce<strong>la</strong> sera l'obj<strong>et</strong> de ce qui va suivre, que <strong>la</strong> coupure entre <strong>la</strong><br />

ville <strong>et</strong> le monde rural n'est pas à première vue aussi grande<br />

pour toute <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion.<br />

83_op .<br />

cité.<br />

84 -La popu<strong>la</strong>tion de l'ancienne capitale a été estimée à<br />

30.000 habitants environ.


-83-<br />

En ce qui concerne les popu<strong>la</strong>tions BAKONGOS; dont <strong>la</strong> région<br />

constitue l'arrière pays de BRAZZAVILLE, il se fait une espèce<br />

d'adaptation à <strong>la</strong> ville. On peut dire qu'à certains égards,<br />

l'organisation de <strong>la</strong> ville fait que <strong>dans</strong> une certaine mesure <strong>la</strong><br />

vie rurale se maintient en ville. Il Y a un courant continu<br />

d'échanges perm<strong>et</strong>tant de recvoir <strong>la</strong> ville d'une manière moins<br />

brutale, <strong>et</strong> <strong>dans</strong> ce cas nous ne dirons pas comme KI-ZERBO 85<br />

que:<br />

" Un vieil<strong>la</strong>rd qui fait parfois cinquante kilomètres<br />

de piste en brousse pour arriver <strong>dans</strong> une ville<br />

Africaine, parcourt non seulement un espace<br />

géographique, mais auss i un espace historique. Il<br />

parcourt ains i parfois plusieurs s iècles d' évolution. "<br />

C<strong>et</strong>te distance est moins grande pour le cas considéré.<br />

85 -KI -ZERBO in<br />

Afrique" p. 12.<br />

" Sciences humaines <strong>et</strong> philosophie en


-84-<br />

2 - Le phénomène urbain<br />

a) - La ville <strong>dans</strong> ce qu'elle a de rural<br />

La plupart <strong>des</strong> villes Africaines avant les indépendances,<br />

étaient subdivisées en deux cités, Il y avait d'une part ce qui<br />

était communément appelé <strong>la</strong> cité Africaine, divisée en plusieurs<br />

quartiers, <strong>et</strong> <strong>la</strong> cité Européenne proprement dite. Dans <strong>la</strong> cité<br />

Africaine, les gens se regroupaient en fonction du critère<br />

<strong>et</strong>hnique <strong>et</strong> régional. D'autres quartiers regroupaient <strong>des</strong> gens<br />

d'origine diverse.<br />

L'on peut dire pour résumer qu'il y avait le quartier<br />

Européen; micro-reproduction d'une ville Européenne, <strong>et</strong> les<br />

quartiers noirs. Après les indépendances, <strong>la</strong> cité Européenne aura<br />

une popu<strong>la</strong>tion plus diversifiée. Mais quand bien même <strong>la</strong> "ville"<br />

était en partie investie par une minorité de CONGOLAIS, c'était<br />

déjà ceux vivant plus ou moins à "l'européenne". La distance<br />

sociale s'est maintenue, c<strong>et</strong> aspect <strong>des</strong> choses est illustré par<br />

l'expréssion locale consistant à dire, pour les habitants <strong>des</strong><br />

autres quartiers: "Je vais en ville", en par<strong>la</strong>nt de l'ancienne<br />

cité Européenne, <strong>et</strong> marquant ainsi <strong>la</strong> différence entre les deux<br />

cités.<br />

La cité Africaine n'a pas <strong>la</strong> même fonction que l'autre, l'on<br />

y vit différemment. Essayons de saisir c<strong>et</strong> aspect rural de <strong>la</strong> vie<br />

en zone urbaine, en voyant <strong>dans</strong> quelle mesure le mode de vie<br />

traditionnel arrive à s'y maintenir. En eff<strong>et</strong>, <strong>la</strong> société<br />

traditionnelle étant principalement agraire, ayant un mode<br />

d'habitation <strong>et</strong> de loisirs définis. Nous pensons à l'examen de<br />

ces différents points, <strong>et</strong> à <strong>la</strong> manière dont nous les r<strong>et</strong>rouvons<br />

<strong>dans</strong> <strong>la</strong> cité Africaine, pouvoir souligner c<strong>et</strong> aspect rural de <strong>la</strong><br />

ville.<br />

Nous avons choisi pour l'exemple un quartier homogène. Il<br />

s'agit du quartier de MAKELEKELE de BRAZZAVILLE. Nous nous basons<br />

ici pour présenter ce quartier sur l'étude de Maurice JEANNIN.<br />

Dans ce quartier, le groupe <strong>et</strong>hnique BACONGO comptait en 1970<br />

88,2% de <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion. Actuellement encore le groupe y est<br />

<strong>la</strong>rgement majoritaire.<br />

86_M. JEANNIN "Un quartier récent de BRAZZAVILLE;<br />

MAKELEKELE ses activités économiques traditionnelles. Travail<br />

d'étu<strong>des</strong> <strong>et</strong> de recherche, 1969/1970; Université de BORDEAUX.


-85-<br />

Dans ce quartier comme <strong>dans</strong> les autres d'ailleurs, chaque<br />

groupe famil ial posssède une parcelle plus ou moins grande.<br />

Plusieurs parcelles constituant <strong>des</strong> blocs séparés entre eux par<br />

<strong>des</strong> rues non bitumées. Le type d' habitation varie selon les<br />

revenus de chaque groupe familial, mais elle va de <strong>la</strong> case<br />

traditionnelle en pisé ou en brique de terre, jusqu'à <strong>la</strong> vil<strong>la</strong><br />

moderne.<br />

Il Y a une dizaine d'années chaque bloc de quartier était<br />

pourvu d'une fontaine publ ique. L'eau courante n'étant distribuée<br />

que <strong>dans</strong> de rares parcelles, à ceux ayant les moyens de payer les<br />

frais d'instal<strong>la</strong>tion. Les bornes fontaines ont été supprimées<br />

depuis <strong>et</strong> l'eau est distribuée à peu près <strong>dans</strong> toutes les<br />

parcelles.<br />

La vie du quartier s' or~anise actuellement autour du marché,<br />

<strong>et</strong> de <strong>la</strong> paroisse pour les chrétiens. Chaque parcelle (dimension<br />

moyenne 20m/20m ) contient en plus de <strong>la</strong> famille nucléaire, <strong>des</strong><br />

parents. Le nombre d'habitants varie au gré <strong>des</strong> allées <strong>et</strong> venues<br />

<strong>des</strong> parents du vil<strong>la</strong>ge, car il y a un courant continu d'échanges<br />

entre <strong>la</strong> ville <strong>et</strong> <strong>la</strong> campagne.<br />

Quels types d'activités peuvent avoir les habitants de ces<br />

quartiers L'étude de<br />

Sf<br />

M. JEANNIN souligne que <strong>dans</strong> ce quartier<br />

(en 1970)<br />

" Les femmes sont principalement ménagères, 62%<br />

activités couvrant aussi <strong>des</strong> activités agricoles, ou<br />

commerçantes 22%, quelquefois jardinières ou<br />

cultivatrices 7%. Plus rares sont les fonctionnaires<br />

<strong>et</strong> les artisanes 3 <strong>et</strong> 4% seulement".<br />

Nous avons déjà dit que l'éconmie vivrière reposait sur <strong>la</strong><br />

femme. Aussi avant l'accroissement quelque peu anarchique de <strong>la</strong><br />

ville, il y avai t encore beaucoup de champs <strong>et</strong> de jardins<br />

potagers, non seulement à <strong>la</strong> périphérie de <strong>la</strong> ville, mais aussi<br />

en pleine ville <strong>dans</strong> <strong>des</strong> sortes de zones tampons entre <strong>la</strong> cité<br />

Européenne <strong>et</strong> <strong>la</strong> cité Africaine.<br />

S7_ M. JEANNIN; op cité P. 49.


-86-<br />

Il Y avait aussi <strong>dans</strong> les concessions un endroit où <strong>la</strong> femme<br />

p<strong>la</strong>ntait <strong>et</strong> p<strong>la</strong>nte encore8fur quelques mètres, quelques p<strong>la</strong>ntes<br />

<strong>et</strong> <strong>des</strong> condiments de base .<br />

" Les femmes cherchent <strong>dans</strong> les quartiers voisins <strong>des</strong><br />

terres propices à <strong>la</strong> culture sur le domaine municipal,<br />

avec tous les aléas que ce<strong>la</strong> comporte. c'est ainsi que<br />

les sites les plus divers offrent aux femmes<br />

entreprenantes <strong>des</strong> possibilités de culture. D'une<br />

décharge publique de BACONGO au polygone de<br />

sustentation de l'antenne de l'ém<strong>et</strong>teur de télévision<br />

de <strong>la</strong> R.T.C, de <strong>la</strong> bande non revêtue parallèle à <strong>la</strong><br />

route du DJOUE <strong>et</strong> à <strong>la</strong> route du stade... ".<br />

Ainsi, une femme peut résidder à <strong>la</strong> cité <strong>et</strong> avoir à peu près<br />

le même type d'activités que <strong>dans</strong> les vil<strong>la</strong>ges.<br />

AGE <strong>des</strong> femmes participant aux travaux agricoles 89<br />

1<br />

Femmes ayant Tranches d'âge<br />

une activité<br />

agricole - de 20 à 30 à 40 à 50 à + de<br />

20 30 40 50 60 60<br />

seulement au 10,7 1 1<br />

32, 1 34 1 1<br />

vil<strong>la</strong>ge 1 1<br />

1<br />

16,1<br />

1<br />

1 en ville <strong>et</strong> 14,8 140,4 1 22,8 12 1 ,8<br />

~ au vil<strong>la</strong>ge 1<br />

i<br />

7,1 1 0<br />

1 100 il<br />

1 1<br />

1 1<br />

6,4 2,8 100<br />

Actuellement, les champs ou les zones cultivables sont<br />

repoussés de plus en plus loin de <strong>la</strong> ville. Toutefois <strong>la</strong><br />

difficulté est tourné par <strong>la</strong> femme, soit en s'absentant quelques<br />

mois <strong>dans</strong> l'année pour aller cultiver les champs <strong>dans</strong> son<br />

vil<strong>la</strong>ge; soit en commercial isant les produits que lui font<br />

parvenir <strong>des</strong> parents restés au vil<strong>la</strong>ge.<br />

Un aménagement à ce propos est intéressant à souligner.<br />

c'est celui concernant <strong>la</strong> fabrication du pain de manioc. La<br />

préparation <strong>des</strong> tubercules étant pratiquement irréalisable en<br />

ville; les femmes qui font le manioc soit, achètent , soit font<br />

venir du vil<strong>la</strong>ge les tubercules déjà rouis <strong>et</strong> préparés<br />

grossièrement. Pour terminer le conditionnement sur p<strong>la</strong>ce <strong>et</strong><br />

commercialiser le produit.<br />

88 - M. JEANNIN, op cité, p.84.<br />

89_Tiré de M. JEANNIN. op. cité, p. 84.


-87-<br />

On peut dire ainsi que 90 :<br />

" Ce n'est donc pas parceque HAKELEKELE 1 comme BACONGO<br />

cité solidement organisée a su conserver quelques<br />

paysans pour <strong>la</strong> nourir, que <strong>la</strong> culture y garde une<br />

grande importance. Mais c'est bien parcequ'avec les<br />

ruraux; <strong>la</strong> vie rurale s'insinue en ville <strong>et</strong> que là ,<br />

<strong>la</strong> femme assume toujours les fonctions qui lui sont<br />

dévolues <strong>dans</strong> les vil<strong>la</strong>ges de brousse; c'est à dire<br />

essentiellement <strong>la</strong> production <strong>et</strong> <strong>la</strong> préparation <strong>des</strong><br />

vivres. Ainsi donc HAKELEKELE est comme son aînée une<br />

cité rurale <strong>dans</strong> une proportion non négligeable."<br />

Voyons <strong>dans</strong> quelle mesure les activités traditionnelles se<br />

maintiennent en ce qui concerne <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion mascul ine. On<br />

relève comme activité masculine traditionnelle ou s'en<br />

rapprochant <strong>dans</strong> le quartier:<br />

- L'artisanat traditionnel: sculpture sur corne, poterie<br />

d'art, vannerie, pressage de canne en sucre <strong>et</strong> d'ananas.<br />

- La récolte du vin de palme<br />

- La pêche (le fleuve CONGO est tout proche)<br />

- La chasse (<strong>dans</strong> les environs proches)<br />

- La médecine traditionnelle.<br />

On peut ainsi habiter <strong>la</strong> ville <strong>et</strong> avoir <strong>des</strong> activités<br />

proches <strong>des</strong> activités traditionnelles. Tout comme on peut habiter<br />

<strong>la</strong> ville <strong>et</strong> n'avoir jamais été au cinéma, avoir mis les pieds<br />

<strong>dans</strong> un bar, <strong>et</strong> ne faire que <strong>des</strong> incursions brèves en "ville"<br />

accompagné de qulqu'un qui parle français pour arriver à se faire<br />

comprendre <strong>dans</strong> ce qui est un monde différent, celui considéré<br />

comme étant celui <strong>des</strong> Européens.<br />

Car pour les personnes non alphabétisées, non sco<strong>la</strong>risées<br />

<strong>et</strong> d'un certain âge, il manque les "clés" pour vivre <strong>la</strong> ville,<br />

<strong>et</strong> les activités qu'elle propose. Les activités sociales vers<br />

lesquelles se tournent les intérêts principaux continuent d'être<br />

Is veillées concernant les rites de décès, les r<strong>et</strong>raits de deuil,<br />

les activités religieuses.<br />

90_ p . VENNETIER "Banlieue Noire de BRAZZAVILLE" P. 154.


-88-<br />

Nous pouvons dire ainsi que pour les personnes considérées,<br />

<strong>la</strong> cité constitue en quelque sorte "l'antichambre" de <strong>la</strong> ville.<br />

Elle constitue aussi, une zone où les innovations les plus<br />

brutales peuvent être tempérées, réinterprêter <strong>et</strong> les chocs<br />

amortis. Si ceci est va<strong>la</strong>ble pour une partie de <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion,<br />

il n'en est pas de même pour tout le monde. Même à <strong>la</strong> cité<br />

coexistent ceux qui mènent un mode de vie plus traditionnel, <strong>et</strong><br />

ceux qui mènent un mode de vie diamétralement opposé; qui vivent<br />

<strong>et</strong> utilisent <strong>la</strong> ville différemment.<br />

b- La ville <strong>dans</strong> ce qu'elle est ville<br />

L'intitulé de ce passage n'est pas très habile certes, mais<br />

en fait nous voulons souli~ner ici, en quoi le type d'activité,<br />

le mode de vie, les mo<strong>des</strong>, peuvent différer du mode de vie<br />

traditonnel <strong>et</strong> être quelque chose de tout à fait nouveau. La cité<br />

est ville <strong>dans</strong> ce sens qu'elle est lieu de rencontres. Rencontres<br />

d'<strong>et</strong>hnies diverses, avec <strong>des</strong> modèles différents qui circulent,<br />

<strong>et</strong> qui sont proposés par les médias: radio, télévisi ,on,<br />

journaux.<br />

La ville est le lieu d'un mode d' activité différent, de<br />

métiers divers. La ville perm<strong>et</strong> aussi <strong>la</strong> coupure avec le vil<strong>la</strong>ge,<br />

<strong>et</strong> d'échapper ainsi à son contrôle. La ville perm<strong>et</strong> <strong>la</strong> naissance<br />

de l'individualisme. La ville a aussi sa vie propre, car elle a<br />

sa propre histoire, <strong>et</strong> a secrété une ou deux générations de<br />

citadins n'ayant <strong>des</strong> rapports que très épisodiques avec le<br />

vil<strong>la</strong>ge ou n'ayant jamais vécu de vie rurale à proprement parlé.<br />

La ville est enfin lieu d'innovations <strong>et</strong> d'audace; avec ses<br />

mo<strong>des</strong>, c'est le lieu où l'on ose être différent, <strong>et</strong> où l'on ose<br />

braver les tabous <strong>et</strong> les interdits traditionnels. <strong>la</strong> ville est<br />

aussi une porte ouverte sur le monde (voie de communication,<br />

aéroport <strong>et</strong>c... ), elle est lieu d'exposition <strong>et</strong> d'échanges avec<br />

d'autres pays, elle est d'autre part un lieu culturel <strong>et</strong><br />

politique.


-89-<br />

3- ENVIRONNEMENT CULTUREL ET POLITIQUE<br />

Que propose <strong>la</strong> ville comme activités culturelles <strong>et</strong><br />

politiques L'éventail est <strong>la</strong>rge; il va <strong>des</strong> activités<br />

artistiques variées aux activités sportives, cinéma (surtout <strong>des</strong><br />

films de troisième catégorie). C<strong>et</strong>te activité culmine en période<br />

de fête. La pratique religieuse est intense surtout pour les<br />

générations plus âgées.<br />

<strong>la</strong> ville voit fleurir aussi actuellement à côté <strong>des</strong><br />

organisations officielles où l'adhésion est fortement conseillé<br />

sinon obligatoire,(ces organisations modernes sont surtout le<br />

fait de femmes ayant <strong>des</strong> activités modernes), <strong>des</strong> organisations<br />

féminines où l'adhésion est volontaire. ce sont <strong>des</strong> organisations<br />

d'entraide prénommés "MOSIKIS". Certaines de ces associations<br />

sont de type religieux, d'autres profanes où l'adhésion se fait<br />

en fonction du métier, ou de l'appartenance à un quartier <strong>et</strong> ceci<br />

toutes <strong>et</strong>hnies confondues. Ceci est assez important pour être<br />

souligné.<br />

Ces organisations n'ont pas de mot d'ordre, ni de<br />

revendications politiques. Selon les femmes en faisant partie,<br />

elles ont pour but uniquement l'aide <strong>et</strong> l'assistance à leurs<br />

adhérants. ces associations aux buts pourtant louables sont à<br />

peine tolérés par les hommes, certains y sont franchement<br />

hostiles. <strong>la</strong> raison invoquée étant qu'elles entêtent les femmes.<br />

Autre lieu de distraction, les "bars-dancing", qui sont <strong>des</strong><br />

lieux de distractions modernes. Une <strong>des</strong> femmes que nous avons<br />

interviewée contatait toutefois que les: " bars se sont vidés au<br />

profi t <strong>des</strong> églises". Messes diverses, réunions de prières surtout<br />

pour les anciennes élèves <strong>des</strong> écoles religieuses.<br />

Il circule d'autre part <strong>des</strong> chansons en <strong>la</strong>ngue vernacu<strong>la</strong>ire,<br />

où le discours est sentimental, <strong>et</strong> ressemble à sy méprendre au<br />

contenu <strong>des</strong> chansonn<strong>et</strong>tes que serinnent à longueur de journées<br />

certaines stations de radio d'Europe; avec une profusion de "je<br />

t'aime" <strong>et</strong> <strong>des</strong> "je ne t'oublierai jamais". Ces discours sont en<br />

opposition parfois f<strong>la</strong>grante avec le réalisme <strong>dans</strong> les re<strong>la</strong>tions<br />

sentimentales courantes.<br />

Nous ferons une parenthèse sur les romans-photos, qui est<br />

le genre de lecture le plus répandu chez les femmes. leur lecture<br />

avaitété interdite à une époque (vers les années 60) à <strong>la</strong><br />

demande <strong>des</strong> parents, car on leur attribuait <strong>la</strong> croissance <strong>des</strong><br />

suici<strong>des</strong> chez les jeunes filles pour <strong>des</strong> déceptions amoureuses.<br />

Chose aberrante pour les générations plus âgées. L'engouement<br />

pour les romans-photos s'est tassé mais ceux-ci restent très<br />

prisés par les femmes. En général, les gens lisent peu. Par<br />

contre, on écoute beaucoup <strong>la</strong> radio <strong>et</strong> on regarde <strong>la</strong> télévision,<br />

pour ceux qui disposent d'un poste. les émissions les plus<br />

suivies sont les variétés locales.


-90-<br />

Nous avons parlé d'environnement culturel <strong>et</strong> politique, car<br />

<strong>dans</strong> le contexte étudié, le discours politique, pour n'être que<br />

théorique est présent <strong>et</strong> crée l'illusion d'un environnement<br />

politique pafjticulier. En eff<strong>et</strong>, le CONGO est comme le souligne<br />

H. BERTRAND :<br />

" La républ ique popu<strong>la</strong>ire du CONGO est le seul pays<br />

d'AFRIQUE <strong>dans</strong> lequel le parti unique au pouvoir se<br />

réc<strong>la</strong>me du marxisme léninisme, <strong>et</strong> du socialisme<br />

scientifique."<br />

Un soulèvement popu<strong>la</strong>ire a renversé le pouvoir en 1963, le<br />

soulèvement est devenu <strong>la</strong> révolution Congo<strong>la</strong>ise, le discours<br />

politique de dirigeants marxistes a fait le reste. Les femmes par<br />

exemple ont une organisation officielle qui est " l'Union<br />

Révolutionnaire <strong>des</strong> femmes Congo<strong>la</strong>ises" ou U.R.F.C.<br />

Il faut toutefois noter que c<strong>et</strong>te époque est un tournant en<br />

ce qui concerne <strong>la</strong> femme, car à partir de c<strong>et</strong>te période, on note<br />

une introduction massive de femmes principalement <strong>des</strong> jeunes<br />

femmes <strong>dans</strong> le monde politique. Les femmes participent aux divers<br />

me<strong>et</strong>ings, <strong>et</strong> organisations de masse. Les femmes font leur entrée<br />

<strong>dans</strong> l'armée, <strong>et</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong> défense civile.<br />

Le président de l'époque soul igne 92 :<br />

"Le mythe de l'infériorité de <strong>la</strong> femme a été détruit,<br />

<strong>la</strong> militante Congo<strong>la</strong>ise porte le fusil <strong>et</strong> sait s'en<br />

servir avec <strong>la</strong> même assurance révolutionnaire que son<br />

compagnon."<br />

A partir de 1965, toutes les écoles, collèges <strong>et</strong> lycées sont<br />

nationalisés. L' enseignement à majorité rel igieuse jusque là<br />

devient <strong>la</strong>ïque. Plus tard, suivra <strong>la</strong> mixité absolue <strong>dans</strong> toutes<br />

les écoles. La mixité est à partir de c<strong>et</strong>te période de plus en<br />

plus grande <strong>dans</strong> les activités courantes <strong>et</strong> celle-ci est<br />

<strong>la</strong>rgement encouragée par les dirigeants surtout au niveau <strong>des</strong><br />

jeunes. On assiste à une remise en cause de l'autorité parentale<br />

sur leurs enfants, notamment celle <strong>des</strong> mères sur les filles, le<br />

contrôle ne pouvant plus s'effectuer aussi efficacement.<br />

91_ op . cité.<br />

92_MASSAMBA DEBAT: "Femme Congo<strong>la</strong>ise interesse toi à ta<br />

production" P. 17.


-91-<br />

Par ailleurs, après l'indépendance, <strong>la</strong> sco<strong>la</strong>risation <strong>des</strong><br />

filles fait <strong>des</strong> progès très importants ce qui repousse l'âge du<br />

mariage. les femmes ont dès c<strong>et</strong>te époque une or~anisation<br />

officielle, mais sans vouloir être trop sévère, on peut dire que<br />

celle-ci n'a pas de pouvoir réel. Elle compte à son actif<br />

quelques réalisations artisanales, <strong>et</strong> quelques réalisations<br />

sociales. En dehors de ce<strong>la</strong>, son rôle est plutôt "décoratif", <strong>et</strong><br />

représentatif lors <strong>des</strong> défilés <strong>et</strong> <strong>des</strong> para<strong>des</strong>.<br />

La plupart <strong>des</strong> proj<strong>et</strong>s proposés par c<strong>et</strong>te organisation n'ont<br />

vu aucun aboutissement i notamment le proj<strong>et</strong> sur une réforme<br />

complète du code de <strong>la</strong> famille. Proj<strong>et</strong> "saboté" par les hommes<br />

selon les femmes auteurs du proj<strong>et</strong>. Il y a donc en principe un<br />

encadrement politique, avec une volonté d'éducation marxiste, une<br />

organisation d'opérations sporadiques de travaux collectifs<br />

<strong>et</strong>c ...<br />

On peut dire toutefois que les aléas de <strong>la</strong> vie politique<br />

font que les gens participent d'une manlere formelle aux<br />

activités proposées. Hormis une minorité d'enthousiastes, plus<br />

ou moins sincères; on peut dire sans exagérer que <strong>la</strong> vie sociale<br />

se passe ailleurs. On se prête à <strong>la</strong> vie politique; on vit on<br />

s'implique ailleurs.<br />

Le contexte ainsi posé, que deviennent <strong>dans</strong> c<strong>et</strong><br />

environnement le modèle <strong>et</strong> les rôles traditionnels C'est à c<strong>et</strong>te<br />

question que nous allons tenter de répondre en faisant l'esquisse<br />

<strong>des</strong> rôles actuels.


-92-<br />

4- ESQUISSE DES ROLES ACTUELS<br />

Il n'est pas question <strong>dans</strong> ce passage d'anticiper ici sur<br />

les conclusions de notre travail; mais d'essayer de brosser en<br />

quelque sorte l'arrière p<strong>la</strong>n sur lequel s'appuiera nos<br />

hypothèses. C'est ce qui nous a amené à reprendre les rôles déjà<br />

décrits pour voir ce qu'ils deviennent <strong>dans</strong> le contexte actuel.<br />

a) - La femme est membre d'un c<strong>la</strong>n<br />

Elle le reste, l'unité sociale de base reste le c<strong>la</strong>n, mais<br />

l'obéissance à celui-ci n'est plus aussi aveugle. Concernant le<br />

mariage notamment, <strong>la</strong> femme choisit, ou revendique le choix du<br />

conjoint. Toutefois un mariage non approuvé par les familles est<br />

toujours considéré comme non viable, y compris par les intéressés<br />

eux-mêmes.<br />

L' évolution socio-économique fai t également que si<br />

théoriquement <strong>la</strong> femme peut tout attendre de son c<strong>la</strong>n; <strong>la</strong> réalité<br />

est plus nuancée à l'heure actuelle. En eff<strong>et</strong>, s'il est toujours<br />

courant de voir <strong>la</strong> femme repartir chez ses parents en cas de<br />

veuvage, de divorce, ou de conflit conjugal; il y a une tendance<br />

chez <strong>la</strong> femme à se substituer au c<strong>la</strong>n en se garantissant<br />

matériellement contre les aléas de <strong>la</strong> vie actuelle, en<br />

construisant une maison personnelle par exemple.<br />

b)- Elle est mère<br />

La maternité continue par être perçue comme étant <strong>la</strong><br />

vocation premlere de <strong>la</strong> femme; autrement elle n'est pas<br />

véritablement "femme". Les enfants relèvent toujours de <strong>la</strong> femme<br />

<strong>dans</strong> <strong>la</strong> plupart <strong>des</strong> cas, mais le mari s'associe plus à leur<br />

éducation. Elle n' y subvient plus seule , car à côté de son<br />

éducation à elle, il y a d'autres instances éducatives autrement<br />

plus importantes , notamment l'école <strong>et</strong> les mouvements de<br />

jeunesse. Il y a d'autre part <strong>la</strong> montée du droit paternel qui<br />

tend de plus en plus à diminuer l'emprise de <strong>la</strong> mère <strong>et</strong> de son<br />

c<strong>la</strong>n sur les enfants, au profit du père.


-93-<br />

c)- Elle est épouse<br />

Nous avons vu précedemment comment <strong>la</strong> contribution de <strong>la</strong><br />

femme au foyer conjugal comment celle-ci a évolué <strong>dans</strong> le<br />

contexte actuel. Disons seulement que selon les doléances<br />

masculines, <strong>la</strong> femme est une épouse moins soumise qu'autrefois.<br />

D'autre part, <strong>la</strong> tentative d'établissement du couple monogamique<br />

ne se fait pas sans mal.<br />

Le modèle traditionnel <strong>et</strong> les rôles qui en découlent se<br />

r<strong>et</strong>rouvent <strong>dans</strong> leurs gran<strong>des</strong> lignes <strong>dans</strong> les zones rurales. Il<br />

est encore très vivace <strong>dans</strong> les zones urbaines <strong>et</strong> l'éducation <strong>des</strong><br />

fami Iles est encore en grande partie basée sur ce modèle.<br />

Toutefois <strong>la</strong> transmission du modèle ne se fai t plus <strong>dans</strong> une<br />

so~iété stable, mais en ce qui concerne les zones urbaines <strong>et</strong> les<br />

zones proches <strong>des</strong> villes <strong>dans</strong> un environnement mouvant 1 où<br />

émergent <strong>des</strong> modèles féminins différents, certains tout à fait<br />

nOljVeaux.<br />

Le modèle traditionnel apparaft aux jeunes comme étant hors<br />

contexte, contraignant, l'obligation de soumission <strong>et</strong><br />

d'obéissance étant vécue de manière très négative. <strong>dans</strong> les zones<br />

urbaines, on peut dire qu'il y a éc<strong>la</strong>tement du modèle<br />

traditionnel On assiste à l'apparition de types féminins<br />

nouveaux que nous allons passer en revue.


-94-<br />

VERS DE NOUVEAUX MODELES <br />

Avant d' arriver aux types féminins, il convient de faire<br />

quelques remarques préliminaires. nous avons déjà <strong>dans</strong> <strong>la</strong><br />

présentation du contexte actuel, parlé de quelques faits<br />

importants introduits à partir de 1963: mixité <strong>dans</strong><br />

l'enseignement, introduction de <strong>la</strong> femme <strong>dans</strong> plusieurs domaines<br />

d'activité où traditionnellement elle n'était pas.<br />

Il y une volonté manifeste de <strong>la</strong> part <strong>des</strong> dirigeants de<br />

l'époque, d'essayer de susciter un modèle plus ou moins défini<br />

de <strong>la</strong> femme Congo<strong>la</strong>ise "moderne". Nous lisons <strong>dans</strong> le fascicule<br />

déjà cité"J ces propos nouveaux:<br />

" L'infériorité de <strong>la</strong> femme n'est que fictive, c'est<br />

plus une pénalisation sociale vieille comme le monde,<br />

qu'une réalité irréversible. L'infériorité n'est à<br />

tous points de vue qu'apparente. C'est un mythe à<br />

détruire. En eff<strong>et</strong>, sur le p<strong>la</strong>n intellectuel rien ne<br />

limite les possibilités spirituelles de <strong>la</strong> femme, elle<br />

peut faire <strong>des</strong> étu<strong>des</strong> <strong>et</strong> les réussir, autant que<br />

l'homme. L'obtention <strong>des</strong> diplômes les plus difficiles<br />

par <strong>la</strong> femme le prouve à suffisance... Aucun mythe ne<br />

doit être entr<strong>et</strong>enu sur l'infériorité <strong>et</strong> <strong>la</strong> faiblesse<br />

de <strong>la</strong> faiblesse de <strong>la</strong> femme. <strong>la</strong> révolution a pour but<br />

de briser tous les carcans qui maintiennent <strong>des</strong> êtres<br />

<strong>dans</strong> <strong>des</strong> interdits inexplicables. <strong>la</strong> femme peut <strong>et</strong> a<br />

le droit de se servir de tous les outils qu'utilisent<br />

l'homme, elle peut conduire tous les véhicules<br />

accessibles à ses talents <strong>et</strong> à sa force, elle peut<br />

occuper tous les emplois de son choix si elle en a les<br />

compétences. Il y a aussi le mythe de <strong>la</strong> crédulité de<br />

<strong>la</strong> femme, on dit qu'elle croit à tout. Mais pourtant,<br />

s'il y a une créature qui ne se <strong>la</strong>isse pas séduire par<br />

le premier venu c'est bien elle. En tout cas ce n'est<br />

pas elle, par exemple au CONGO, qui a permis à <strong>la</strong><br />

civilisation Européenne de pénétrer plus rapidement<br />

<strong>dans</strong> notre pays. Au contraire c'est l'homme qui a cru<br />

à tout <strong>et</strong> qui s'est montré plus perméable à c<strong>et</strong>te<br />

civilisation au point de singer l'Européen en tout <strong>et</strong><br />

pour tout. <strong>la</strong> femme Congo<strong>la</strong>ise est moins colonisée<br />

mentalement que l' homme. \,<br />

93_MASSAMBAT DEBAT: "Femme Congoliase interesse toi à ta<br />

production"; P.20-21.


-95-<br />

Il faut souligner que ces propos ne sont pas restés au<br />

niveau <strong>des</strong> intentions <strong>et</strong> <strong>des</strong> discours. On assiste effectivement<br />

à l'époque comme nous l'avons déjà dit à l'introduction de <strong>la</strong><br />

femme <strong>dans</strong> <strong>des</strong> domaines nouveaux. Comme rôles essentiels de <strong>la</strong><br />

femme l'auteur que nous venons de citer en dégage trois<br />

fondamentaux:<br />

- La femme est épouse<br />

" Le rôle premier que <strong>la</strong> société reconnaît à <strong>la</strong> femme<br />

est celui d'épouse, <strong>la</strong> femme ne saurait jouir<br />

pleinement de son existence en dehors de ces liens<br />

sentimentaux <strong>et</strong> affectifs qui l'attachent à l'homme.<br />

De son côté, celui-ci n'a <strong>la</strong> vie pleinement remplie <strong>et</strong><br />

équilibré qu'en s'appuyant sur une compagne dévouée <strong>et</strong><br />

affectueuse •. "<br />

-La femme<br />

est mère<br />

" Dans <strong>la</strong> situation actuelle de notre société <strong>la</strong><br />

procréation n'est pas seulement un besoin, ni une<br />

conséquence inévitable <strong>des</strong> rapports entre époux mais<br />

un devoir national. nous ne sommes pas <strong>dans</strong> un pays<br />

peuplé où le contrôle <strong>des</strong> naissances doi t être de<br />

rigueur, nous sommes au contraire <strong>dans</strong> un pays sous<br />

peuplé <strong>et</strong> sous développé qui a besoin de bras pour se<br />

construire <strong>et</strong> se développer. La femme mariée ne doit<br />

donc pas éviter de concevoir, surtout elle ne doit pas<br />

utiliser de pratiques anticonceptionnelles ou<br />

abortives qui d'ailleurs peuvent avoir <strong>des</strong><br />

conséquences extrêmement fâcheuses <strong>et</strong> même fatales<br />

pour sa santé."<br />

que:<br />

-La femme<br />

est enfin citoyenne, l'auteur conclut en disant<br />

" <strong>la</strong> révolution doit donc faire de <strong>la</strong> femme Congo<strong>la</strong>ise<br />

une ménagère nouvelle, complètement transformée <strong>dans</strong><br />

sa mentalité, <strong>dans</strong> son comportement <strong>et</strong> <strong>dans</strong> <strong>la</strong><br />

conduite du ménage, elle doit en faire aussi une<br />

artiste de <strong>la</strong> nouvelle vague, une épouse d'une<br />

nouvelle essence, une mère d'un esprit nouveau, une<br />

militante éc<strong>la</strong>irée <strong>et</strong> un~ citoyenne accomplie."<br />

(La hierarchie <strong>des</strong> rôles féminins proposée est inverse par<br />

rapport aux priorités traditionnelles)


-96-<br />

Ces citations appellent plusieurs remarques, nous n'en<br />

ferons que trois: <strong>la</strong> première est que tous les types féminins<br />

actuels s'y r<strong>et</strong>rouvent à l'exception <strong>des</strong> types "marginaux". La<br />

seconde remarque est que depuis un certain nombre d'années, on<br />

remarque un accroissement de <strong>la</strong> prostitution <strong>dans</strong> les zones<br />

urbaines, de <strong>la</strong> délinquance, il ya aussi l'apparition de<br />

quelques drogués. le phénomène n'est pas très important, mais<br />

il n'en existe pas moins.<br />

On assiste également à quelques abandons d'enfants <strong>et</strong> à <strong>des</strong><br />

infantici<strong>des</strong>, de <strong>la</strong> part de jeunes filles. Il y a également un<br />

accroissement de filles mères. les métho<strong>des</strong> contraceptives<br />

n'étant pas répandues, en raison de l'idée qu'il faut "peupler<br />

le CONGO", l'avortement est pratiqué très souvent avec <strong>des</strong> moyens<br />

de fortune, <strong>et</strong> est cause de mortalité parmi les jeunes filles.<br />

La troisième remarque concernera ce que nous pouvons appeler<br />

un changement d' attitu<strong>des</strong> concerant les conduites sexuelles<br />

devenus monnayables. Pour <strong>la</strong> plupart <strong>des</strong> femmes, y compris celles<br />

qui sont mariées, <strong>et</strong> à l'utilisation de l'homme comme d'un moyen.<br />

Il s'établit ainsi une re<strong>la</strong>tion "instrumentale" <strong>et</strong> une<br />

mercantil isation <strong>des</strong> conduites sexuelles <strong>et</strong> <strong>des</strong> rapports courants<br />

entre les deux sexes, que nous essaierons de comprendre plus<br />

loin.<br />

Disons qu'en fait, <strong>la</strong> femme de par l'utilisation différente<br />

qu'elle peut faire de son corps, s'estime avantagée par rapport<br />

à l'homme, car elle estime avoir <strong>des</strong> atouts en plus. c'est ainsi<br />

que <strong>dans</strong> sa thèse sur l'identité <strong>dans</strong> une popu<strong>la</strong>tion de jeunes<br />

lycéens, H. NSIKA NKAYA, parle à propos <strong>des</strong> jeunes filles d'un<br />

véritable "pouvoir féminin". Celles-ci d'autre part, n'ont pas<br />

de problèmes d'identité aigu.<br />

Nous reviendrons sur tous ces aspects, pour l'instant, nous<br />

allons nous intéresser aux moyens utilisés pour étudier le<br />

probème. Aussi allons nous passer au chapitre suivant ,consacré<br />

aux hypothèses <strong>et</strong> procédures d'analyse, avant de voir si nous<br />

r<strong>et</strong>rouvons les aspects esquissés <strong>et</strong> de les expliquer.


-97-<br />

METHODOLOGIE<br />

A -<br />

HYPOTHESES<br />

Nous savions que nous faisions une recherche plutôt<br />

tàtonnante, il nous était difficile <strong>dans</strong> c<strong>et</strong>te persepective<br />

d'avoir une ou <strong>des</strong> hypothèses précises, organisées autour de<br />

variables définies. Nous avons tout au plus tenté de formaliser<br />

nos intérrogations autour de quatre hypothèses.<br />

La première renvoit à un niveau général, les autres<br />

s' attachant à explorer <strong>des</strong> aspects particuliers du problème. Nous<br />

avons voulu <strong>dans</strong> une certaine mesure m<strong>et</strong>tre en parallèle deux<br />

milieux: le milieu rural <strong>et</strong> le milieu urbain; <strong>des</strong> âges <strong>et</strong> <strong>des</strong><br />

niveaux sco<strong>la</strong>ires différents, aussi avons nous émis comme<br />

première hypothèse que :<br />

1. La proximité au modèle traditionnel variera selon le milieu.<br />

l'âge. <strong>et</strong> le niveau sco<strong>la</strong>ire.<br />

C<strong>et</strong>te première hypothèse a pour nous l'avantage de regrouper<br />

en quelque sorte toutes les variables étudiées d'une part <strong>et</strong><br />

d'autre part de nous perm<strong>et</strong>tre de voir les nuances pouvant<br />

exister <strong>dans</strong> c<strong>et</strong>te proximité au modèle, <strong>dans</strong> le mil ieu rural<br />

notamment. Nous justifions <strong>la</strong> pertinence du choix <strong>des</strong> trois<br />

variables ainsi :<br />

- Le milie~ car nous posons au départ le milieu rural<br />

comme "lieu traditionnel", le milieu urbain comme "lieu moderne",<br />

- L'âge car nous présupposons que les générations plus<br />

jeunes quel que soit le milieu, seront plus sensibles à certaines<br />

contraintes du modèle traditionnel,<br />

- Le niveau sco<strong>la</strong>ire: car celui-ci, selon qu'il est faible,<br />

moyen, ou élevé, détermine le type d'activité de <strong>la</strong> femme, <strong>et</strong><br />

l'introduit <strong>dans</strong> un mode de p~nsée, <strong>et</strong> de production différent.


-98-<br />

Nous avons pensé par ailleurs nécessaire, pour mieux cerner<br />

les modifications en cours d'étudier ceux-ci autour de points<br />

précis. L'étude du cadre sociologique nous a permis de comprendre<br />

que le modèle traditionnel féminin s'organisait principalement<br />

autour de trois rôles "clés", qui sont respectivement: les rôles<br />

de membre d'un lignage, de mère <strong>et</strong> d'épouse.<br />

Nous rappeleons en eff<strong>et</strong>, que <strong>dans</strong> le contexte traditionnel,<br />

<strong>la</strong> femme est avant tout membre d'un lignage, qu'elle était mère<br />

pour agrandir celui-ci <strong>et</strong> le renforcer, <strong>et</strong> qu'elle était épouse<br />

pour être mère. Aussi, nous pensons que l'étude de <strong>la</strong><br />

modification de ces rôles peut nous perm<strong>et</strong>tre de saisir<br />

l'évolution du modèle lui-même, d'où <strong>la</strong> deuxième hypothèse selon<br />

<strong>la</strong>quelle :<br />

2. Les modifications seront plus sensibles autour de trois rôles<br />

clés: ceux de membre de lignage. de mère. d'épouse.<br />

Ceci parceque c' était principalement par ces trois rôles que<br />

<strong>la</strong> femme s'inscrivait <strong>dans</strong> <strong>la</strong> société traditionnelle, avec <strong>des</strong><br />

prescriptions préa<strong>la</strong>blement établies, <strong>et</strong> liées les unes aux<br />

autres, <strong>et</strong> aussi parceque nous pensons que le milieu actuel de<br />

par les nouvelles structures économiques, sociales, politiques<br />

<strong>et</strong> culturelles, entraîne une modification très sensible de ces<br />

rôles.<br />

Nous allons nous intéresser particulièrement à <strong>la</strong> manlere<br />

dont <strong>la</strong> coneption <strong>et</strong> l'actualisation <strong>des</strong> rôles de membre de<br />

lignage, de mère <strong>et</strong> d'épouse, s'écartent, ou se rapprochent de<br />

<strong>la</strong> coneption traditionnelle.<br />

Nous avons d'autre part pensé utile, de voir comment sont<br />

vécues certaines de ces modifications, en cherchant notamment à<br />

relever pour chaque groupe considéré les types de conflits<br />

suscités par l'éc<strong>la</strong>tement <strong>des</strong> rôles. Ils' ag i t ic i du rôle<br />

d'épouse (épouse, ou compagne, toutes les re<strong>la</strong>tions de "couple"<br />

sont prises en compte).<br />

Les conflits étudiés seront ceux existant actuellement <strong>dans</strong>,<br />

<strong>et</strong> autour de <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion de couple, nous nous interesserons aux<br />

types de conflits, à leur intensité, <strong>et</strong> à leurs conséquences.<br />

Ceci nous perm<strong>et</strong>tant de m<strong>et</strong>tre en évidence le coût psychologique<br />

<strong>des</strong> modifications en cours.


-99-<br />

Nous pensons en eff<strong>et</strong>, que <strong>la</strong> femme en milieu urbain, mais<br />

proche <strong>des</strong> modèles traditionnels s'adapte au contexte moderne à<br />

un coût affectif moindre, l'utilisation du contexte traditionnel<br />

comme cadre de référence lui perm<strong>et</strong> une interprétation plus<br />

économique <strong>des</strong> modifications survenues.<br />

Aussi, c<strong>et</strong>te troisième hypothèse se propose de vérifier si<br />

certains groupes de <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion étudiée (nous pensons ici aux<br />

femmes sco<strong>la</strong>risées <strong>et</strong> ayant une activité moderne), ont <strong>des</strong><br />

tensions plus nombreuses <strong>dans</strong> leur re<strong>la</strong>tion de couple que les<br />

autres, d'où <strong>la</strong> troisième hypothèse qui stipule que:<br />

3. La femme en milieu urbain mais dont l'activité est proche <strong>des</strong><br />

activités traditionnelles. utilise à un coût affectif moindre,<br />

le contexte moderne, que <strong>la</strong> femme dont l'activité est proche <strong>des</strong><br />

activités modernes.<br />

Ceci pésuppose que c'est <strong>dans</strong> \t re<strong>la</strong>tion "couple" que<br />

s'expriment le plus de conflits • Nous essaierons de<br />

comprendre ces tensions <strong>et</strong> conflits comme consécutifs à une<br />

incohérence de rôles, <strong>et</strong> comme dûs à un ébranlement <strong>des</strong> pôles<br />

traditionnels d'autorité, <strong>dans</strong> c<strong>et</strong>te re<strong>la</strong>tion notamment.<br />

Enfin, il nous fal<strong>la</strong>it trouver un moyen nous perm<strong>et</strong>tant de<br />

saisir autour de quels éléments principaux s'organisent<br />

actuellement, les restructurations en cours. Nous nous sommes en<br />

eff<strong>et</strong>, demandé ce que <strong>la</strong> société actuelle avait de réellement<br />

nouveau par rapport au système traditionnel, nous avons pensé<br />

pouvoir r<strong>et</strong>enir deux éléments l'individualisation <strong>des</strong><br />

conduites, <strong>et</strong> l'é<strong>la</strong>rgissement du cadre de <strong>la</strong> vie sociale. D'où<br />

c<strong>et</strong>te dernière hypothèse qui stipule que :<br />

4. Les restructurations en cours voient l'émergence de<br />

l'individu. <strong>et</strong> l'é<strong>la</strong>rgissement du cadre de sa vie sociale.<br />

Par c<strong>et</strong>te dernière hypothèse, nous nous proposons de voir<br />

comment s'individualisent les rôles, <strong>et</strong> comment l'émergence de<br />

l'individu <strong>dans</strong> <strong>la</strong> conception <strong>et</strong> l'actualisation <strong>des</strong> rôles clés,<br />

modifient ceux-ci.<br />

94_ Ceci ne signifie nullment qu'il n'y ait pas de conflits<br />

autour <strong>des</strong> autres re<strong>la</strong>tions, mais nous verrons plus tard qu'il<br />

est ici plus "périlleux" de s'opposer à son propre lignage, qu'à<br />

une personne qui traditionnellement reste un étranger: le mari<br />

ou le concubin.


-100-<br />

Nous pensons pouvoir confirmer ou infirmer nos hypothèses<br />

grâce à l'analyse <strong>des</strong> données recueillies, aussi nous allons<br />

présenter <strong>dans</strong> les passages qui viennent, les moyens que nous<br />

nous sommes donnés pour tenter de répondre à nos objectifs de<br />

départ. Il s'agira respectivement, de <strong>la</strong> présentation du cadre<br />

conceptuel, du recueil <strong>des</strong> données, <strong>et</strong> de <strong>la</strong> présentation <strong>des</strong><br />

procédures d'analyse.


-101-<br />

B -<br />

CADRE CONCEPTUEL<br />

La constitution du cadre conceptuel a tenté de répondre à<br />

deux soucis d'abord celui de nous donner <strong>des</strong> concepts <strong>et</strong><br />

notions nous perm<strong>et</strong>tant par l'usage <strong>des</strong>criptif de ceux-ci, de<br />

mieux cerner les contours du problème; <strong>et</strong> d'autre part de nous<br />

munir d'une grille conceptuelle perm<strong>et</strong>tant une lecture fructueuse<br />

<strong>des</strong> données recueillies, <strong>et</strong> un cadre explicatif cohérent pour<br />

l'analyse <strong>et</strong> l'interprétation <strong>des</strong> résultats obtenus.<br />

Précisons d'emblée que nous situons notre travail sur le<br />

p<strong>la</strong>n général <strong>dans</strong> <strong>la</strong> problématique du changement. Celle-ci<br />

constituera le fil conducteur de ce cadre conceptuel. En eff<strong>et</strong>,<br />

le contexte qui nous interesse est celui d'une société en<br />

transition, en rupture d'équilibre.<br />

Nous pensons pouvoir dire qu'ici plus qu'ailleurs, il y a<br />

eu rupture entre <strong>la</strong> société traditionnelle <strong>et</strong> <strong>la</strong> société<br />

actuelle, <strong>et</strong> que nous sommes en présence d'un système en train<br />

de changer. Nous essaierons <strong>dans</strong> un premier temps de comprendre<br />

les ruptures d'équilibre au niveau du système, <strong>et</strong> <strong>dans</strong> un<br />

deuxième temps de saisir les ruptures au niveau <strong>des</strong> éléments du<br />

système.<br />

Nous entendons ici le changement comme 95:<br />

" ••. La transformation plus ou moins brusque <strong>et</strong><br />

profonde, d'un certain système d'équilibre, donc une<br />

phase de rupture jusqu'à l'instauration d'un nouvel<br />

équilibre. Ce processus s'accompagne d'un état de<br />

tension psychologique, de sentiments vécus souvent<br />

confus où se mêlent une anxiété <strong>et</strong> une certaine<br />

nostalgie vis à vis de l'ordre passé, <strong>la</strong> pression<br />

d'une urgence ou même d'une contrainte, mais souvent<br />

aussi le sel de l'aventure. Tous nos changements de<br />

conduite, depuis <strong>la</strong> rupture d'une habitude domestique<br />

jusqu'aux gran<strong>des</strong> crises politiques enveloppent<br />

l'ensemble de ces aspects fonctionnels <strong>et</strong><br />

émotionnels."<br />

Est associé étroitement au problème du changement <strong>la</strong> notion<br />

95_ Jean MAISONNEUVE<br />

P. 228<br />

"Introduction à <strong>la</strong> psychosociologie",


-102-<br />

de régu<strong>la</strong>tion qui nous interesse ici parcequ'elle 96:<br />

" Implique les idées de systême <strong>et</strong> d'équilibre lorsque<br />

l'état initial est perturbé. Ainsi s'agit-il d'un<br />

concept corré<strong>la</strong>tif à celui de changement, puisqu'il<br />

concerne <strong>des</strong> sytêmes possédant <strong>la</strong> propriété de<br />

rétablir ou de transformer leur équilibre."<br />

Il n'y a de changement qu'à partir d'une modification <strong>et</strong><br />

même rupture d'un processus systémique auparavant répétitif. Ceci<br />

implique que le systême est composé de structures <strong>et</strong> d'éléments,<br />

<strong>et</strong> qui dit changement, dit éléments qui changent à l'intérieur<br />

du système. Nous posons ici le systême comme renvoyant à un<br />

ensemble plus vaste, <strong>et</strong> les structures comme <strong>des</strong> éléments du<br />

système.<br />

La notion de structure est entendue ici comme 91:<br />

" Un ensemble d'éléments entre lesquels existent <strong>des</strong><br />

re<strong>la</strong>tions <strong>et</strong> telle que toute modification <strong>des</strong> autres<br />

éléments en re<strong>la</strong>tion."<br />

Nous poserons donc <strong>la</strong> société traditionnelle comme une<br />

structure constituée d'éléments liés entre eux.<br />

Pour nous donner <strong>dans</strong> le temps, un point de repère quant à<br />

ce qu'on pourra appeler une phase de rupture, nous nous proposons<br />

de situer celle-ci au moment du choc entre <strong>la</strong> société coloniale<br />

<strong>et</strong> <strong>la</strong> société traditionnelle, avec comme notion <strong>des</strong>criptive celle<br />

de "situation coloniale", qui a impliqué <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce de<br />

nouvelles structures.<br />

Ceci nous perm<strong>et</strong>tra de comprendre ce qui <strong>dans</strong> <strong>la</strong> situation<br />

coloniale a impliqué <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce de nouvelles structures<br />

économiques, administratives, <strong>et</strong> culturelles. C<strong>et</strong>te mise en p<strong>la</strong>ce<br />

a rencontré <strong>des</strong> structures déjà existantes. Nous nous attacherons<br />

à comprendre les problèmes de contacts entre les nouvelles<br />

structures <strong>et</strong> les anciennes, comme <strong>des</strong> problèmes liés aux<br />

dérégu<strong>la</strong>tions d'un système auparavant cohérent.<br />

Nous essaierons de comprendre <strong>la</strong> période actuelle comme une<br />

96_ Jean MAISONNEUVE, op déjà cité, P. 236.<br />

91 J. VIET : "M<strong>et</strong>ho<strong>des</strong> structuralistes <strong>dans</strong> les sciences<br />

sociales".


-103-<br />

Nous essaierons de comprendre <strong>la</strong> période actuelle comme une<br />

période transitoire visant à l'instauration d'un nouvel<br />

équilibre, comme le passage d'états de dérégu<strong>la</strong>tions à un état<br />

d'équilibre. Il s'agira en fait plutôt de l'analyse <strong>des</strong><br />

dérégu<strong>la</strong>tions existantes, car nous ne pensons pas qu'à l'heure<br />

actuelle on puisse parler d'un état 98d' équilibre, mais plutôt<br />

d'une période transitoire, comme une :<br />

" Une période cruciale qui révèle une phase négative<br />

<strong>et</strong> une phase positive, un mouvement de structuration,<br />

de désorganisation <strong>et</strong> de réorganisation".<br />

Ceci nous renverra à<br />

<strong>la</strong> notion de mutation sociale.<br />

Nous tenterons d'autre part de comprendre <strong>la</strong> période<br />

actuelle comme une période de transculturation, perm<strong>et</strong>tant peut<br />

être l'apparition d'une culture moderne, intégrant <strong>des</strong> valeurs<br />

de cultures anciennes ou d'apports étrangers.<br />

Nous pensons en eff<strong>et</strong>, que le concept d'acculturation ne<br />

correspond plus exactement au contexte actuel <strong>et</strong> qu'il renvoie<br />

plutôt 19 <strong>la</strong> notion d'assimi<strong>la</strong>tion ainsi que le souligne G.<br />

DORMEAU<br />

" Le terme d'acculturation pour désigner le processus<br />

par lequel <strong>des</strong> individus ou <strong>des</strong> groupes d'individus<br />

recevaient <strong>et</strong> assimi<strong>la</strong>ient <strong>des</strong> apports culturels<br />

provenant <strong>dans</strong> les pays en voie de développement <strong>des</strong><br />

cultures étrangères. A son stade le plus concr<strong>et</strong>,<br />

c<strong>et</strong>te acculturation aurait eu son aboutissement <strong>dans</strong><br />

une "assimi<strong>la</strong>tion totale", <strong>la</strong> notion de<br />

transculturation paraît plus adéquat pour désigner les<br />

acquits provenant d'une autre culture."<br />

Nous pensons avec elle que :<br />

" C<strong>et</strong>te notion rend mieux compte de l'aspect dynamique<br />

du changement culturel, <strong>et</strong> ne suggère aucune hypothèse<br />

implicite d'un achèvement conçu comme l'assimi<strong>la</strong>tion<br />

totale (processus normal <strong>dans</strong> l'acculturation de<br />

l'individu à son propre univers culturel). Au<br />

contraire, il <strong>la</strong>isse, p<strong>la</strong>ce à l'hypothèse de<br />

l'apparition d'une culture moderne originale, <strong>dans</strong> les<br />

sociétés en transition intégrant <strong>des</strong> valeurs provenant<br />

de cultures anciennes ou d'apports étrangers."<br />

98_ G. BALANDIER "Sociologie actuelle de l'Afrique Noire",<br />

P. 52.<br />

99_ " Traité de psychologie appliqué T. X.


-104-<br />

Il est toutefois évident qu'il n'était pas possible<br />

d'analyser <strong>des</strong> transformations survenues à un niveau aussi vaste,<br />

car nous aurions du mal à spécifier l'obj<strong>et</strong> précis de <strong>la</strong><br />

recherche. Si nous revenons à notre système traditionnel, il nous<br />

fal<strong>la</strong>it trouver un axe ou <strong>des</strong> éléments du système autour duquel<br />

il fal<strong>la</strong>it centrer l'étude <strong>des</strong> modifications <strong>et</strong> <strong>des</strong> évolutions<br />

en cours.<br />

c'est ainsi que nous avons choisi d'étudier les "ruptures<br />

d'équilibre" au niveau du système de rôles, plus précisément <strong>des</strong><br />

rôles féminins. C'est ici que nous r<strong>et</strong>rouvons les notions de<br />

modèles de statut, que nous associerons au conept de rôle.<br />

Nous entendons le modèle comme étant un 100:<br />

" ... type de conduite, de pensée ou de sentiment commun<br />

<strong>dans</strong> un groupe donné, transmis par une appartenance<br />

prolongée à ce groupe <strong>et</strong> reconnu généralement comme<br />

va<strong>la</strong>ble."<br />

La notion de modèle nous intéressait <strong>dans</strong> <strong>la</strong> mesure où elle<br />

nous perm<strong>et</strong>tait en ce qui concerne le modèle traditionnel<br />

féminin, de poser les valeurs prépondérantes du modèle; lequel<br />

modèle s'actualisait <strong>dans</strong> <strong>des</strong> rôles précis. Elle nous intéressait<br />

également comme nous perm<strong>et</strong>tant de poser le modèle comme une<br />

structure auparavant stable, qu'on pouvait r<strong>et</strong>rouve ro1<br />

<strong>dans</strong> ses<br />

survivances actuelles <strong>dans</strong> <strong>la</strong> mesure où les modèles :<br />

" Restent davantage collés au passé <strong>et</strong> <strong>dans</strong> une<br />

société mobile, ils représentent une étape d'évolution<br />

déjà dépassée par les conduites réelles."<br />

C<strong>et</strong>te notion nous perm<strong>et</strong>tait d'autre part de fair ro2<br />

un va <strong>et</strong><br />

vient entre le modèle traditionnel <strong>et</strong> les rôles. Car :<br />

" IL se produit donc un mouvement rec1proque entre les<br />

modèles <strong>et</strong> les rôles. les modèles incarnent les<br />

valeurs sociales, <strong>et</strong> se manifestent <strong>dans</strong> les rôles<br />

théoriquement prescrits, mais subissent le contrecoup<br />

<strong>des</strong> rôles réellement joués , ils se modifient lorsque<br />

ceux-ci ont réussi à s'imposer sur une <strong>la</strong>rge échelle<br />

( ..• ) Le modèle ne constitue donc pas en lui même un<br />

concept dynamique <strong>et</strong> re<strong>la</strong>tionnel, mais par son<br />

intermédiaire, les valeurs <strong>et</strong> les normes de <strong>la</strong> société<br />

s'incarnent <strong>dans</strong> <strong>des</strong> valeurs vivantes <strong>et</strong> les conduites<br />

en rôles réciproques de ses membres."<br />

100_ J. MAISONNEUVE; op déjà cité P. 57.<br />

101<br />

A.M. ROCHEBLAVE-SPENLE " La notion de rôle en<br />

psychologie sociale" P. 117.<br />

102_ A.M. ROCHEBLAVE-SPENLE; op. déjà cité.


Nous avons d'autre part recours à <strong>la</strong> notion de statut<br />

" Dans un système culturel ou <strong>dans</strong> un groupe donné, le<br />

statut désigne l'ensemble <strong>des</strong> attributs liés à <strong>la</strong><br />

position d'un individu <strong>dans</strong> ce système <strong>et</strong> certains<br />

comportements auxquels son détenteur peut légitimement<br />

s'attendre de <strong>la</strong> part <strong>des</strong> autres."<br />

Nous arrivons ainsi au rôle qui est entendu ici comme<br />

" L'ensemble <strong>des</strong> conduites requises pour un individu<br />

possédant tel statut". (J. MAISONNEUVE 1973)<br />

-105­<br />

Si nous posons l'une <strong>des</strong> fonctions du rôle celle d' être 104 :<br />

" ( ••• ) à <strong>la</strong> fois une fonction de régu<strong>la</strong>tion <strong>des</strong><br />

rapports sociaux, <strong>et</strong> une fonction d'intégeration de <strong>la</strong><br />

personnal i té" .<br />

Nous pensons que l'étude du rôle peut être révé<strong>la</strong>teur du<br />

type de dérégu<strong>la</strong>tions <strong>des</strong> rapports sociaux actuels, du moins de<br />

certains d'entre eux. L'étude du rôle renverra ici respectivement<br />

au niveau social <strong>et</strong> familial.<br />

Nous tenterons de comprendre certains rôles leur usure, <strong>et</strong><br />

<strong>la</strong> modification du système <strong>des</strong> urgences, étant entendu que<br />

l'évolution <strong>des</strong> rôles est liée aux changements techniques,<br />

économiques, <strong>et</strong> culturels. <strong>et</strong> que:<br />

" Toute évolution , en modifiant le système <strong>des</strong><br />

urgences <strong>et</strong> <strong>des</strong> attentes suscite l'usure de certains<br />

rôles, <strong>et</strong> l'apparition <strong>des</strong> rôles nouveaux, <strong>et</strong> par <strong>la</strong><br />

suite à un ébranlement plus ou moins grave de<br />

l'équilbre <strong>des</strong> positions sociales".(J. MAISONNEUVE)<br />

Nous essaierons enfin de lire les conflits actuels au sein<br />

<strong>des</strong> re<strong>la</strong>tions de "couple", comme une conséquence de <strong>la</strong><br />

désorganistion sociale, <strong>et</strong> une incohérence <strong>des</strong> rôles. <strong>dans</strong> un<br />

premier temps, nous nous attacherons à souligner les conditions<br />

qui ne sont plus remplies <strong>dans</strong> le contexte actuel pour qu'il y<br />

ait équilibre <strong>des</strong> rôles.<br />

103.<br />

103_ J. MAISONNEUVE; op déjà cité.<br />

104- J. MAI SONNEUVE; op. dé,j à cité P. 73, 81, 89.


en eff<strong>et</strong>, nous relevons sept conditions auxquelles les 105<br />

" •• RaIes sociaux doivent ob'ir à plusieurs conditions<br />

que nous trouvons effectivement <strong>dans</strong> les soci't's<br />

stables <strong>et</strong> 'quilibr'es."<br />

-106-<br />

Nous chercherons <strong>dans</strong> le contexte consid'ré les conditions<br />

qui ne sont plus remplies pour qu'il y ait cohérence entre les<br />

rôles féminins <strong>et</strong> masculins. Nous analyserons enfin l'ébranlement<br />

<strong>des</strong> re<strong>la</strong>tions traditionnelles d' autorité <strong>dans</strong> les re<strong>la</strong>tions<br />

conjugales, comme <strong>la</strong> tentative d'une redistribution de pouvoir,<br />

<strong>et</strong> comme le refus chez certaines femmes " d'une re<strong>la</strong>tion de<br />

stricte dépendance, le d'sir de modifier un 'tat v'cu comme une<br />

certaine aliénation." (J. MAISONNEUVE 1973)<br />

105_ A.M. ROCHEBLAVE-SPENLE, op. déjà cité, P. 343 à 345.<br />

"1. A chaque statut doit ~tre attaché un rôle, <strong>et</strong> un seul, de<br />

sorte que chaque individu occupant ce statut sache<br />

automatiquement quel rôle il doit jouer. Ainsi si nous<br />

considérons le statut de <strong>la</strong> femme (KOMAROVSKY 1946), <strong>la</strong><br />

coexistence de deux rôles, un rôle traditionnel <strong>et</strong> un rôle<br />

moderne, constitue une source d'incertitude, <strong>et</strong> de conflits,<br />

aussi bien intersubjectifs qu'intrasubjecti fs. Ce double rôle est<br />

d'ailleurs lié à l'évolution rapide de <strong>la</strong> société qui multiplie<br />

les rôles <strong>et</strong> par conséquent également les conf1i ts survenant<br />

entre eux ( ... ) les anciens rôles s'effondrent <strong>et</strong> les nouveaux<br />

ne sont pas encore pleinement établis...<br />

2. La défini tion du rôle doi t ~·tre c<strong>la</strong>ire, fixée par le consensus<br />

<strong>et</strong> ne perm<strong>et</strong>tre aucune équivoque.<br />

3. Les différents rôles apparaissant <strong>dans</strong> une société déterminée<br />

doivent se limiter chacun à un domaine circonscrit <strong>et</strong> ne pas se<br />

regrouper.<br />

4. Un même rôle ne doi t pas contenir <strong>des</strong> exigences incompatibles,<br />

<strong>et</strong> toutes les actions prescrites par lui doivent tendre à une<br />

m~me fin, l'accomplissement d'une fonction sociale.<br />

5. La société doit limiter à <strong>des</strong> statuts compatibles ceux<br />

auxquels peut accéder simultanément un individu.<br />

6. La proportion entre les rôles choisis <strong>et</strong> les rôles prescrits<br />

doit favoriser ces derniers, <strong>la</strong> société comportera alors plus de<br />

stabilité <strong>et</strong> l'individu sera soumis à moins de conflits.<br />

7. Les rôles doivent être constants <strong>dans</strong> le temps, autrement dit,<br />

une "séquence de rôles" ne doi t comporter que <strong>des</strong> rôles<br />

compatibles entre eux."


-107-<br />

Ceci nous amènera à poser les conflits <strong>et</strong> tensions en termes<br />

de re<strong>la</strong>tion de pouvoir, à lire les réactions de certaines femmes<br />

comme dûes à <strong>la</strong> réduction de leur zone d'incerr~tude par rapport<br />

aux hommes. Le pouvoir est entendu ici comme :<br />

" .•• La capacité qu'à une personne A d'obtenir d'une<br />

personne B de faire ce qu'elle lui demande, c'est une<br />

re<strong>la</strong>tion d'échange, <strong>dans</strong> <strong>la</strong>quelle deux personnes sont<br />

engagées. C'est une re<strong>la</strong>tion déséquilibrée : si A <strong>et</strong><br />

B disposent <strong>des</strong> mêmes atouts, il n' y a plus de<br />

re<strong>la</strong>tion de pouvoir entre eux, car aucun ne peut<br />

obliger l'autre à faire quelque chose. Mais ceci est<br />

une re<strong>la</strong>tion réciproque; pour accepter de faire ce qui<br />

lui est demandé, B doit y trouver son intérêt, il faut<br />

donc que A fasse quelque chose en échange. Ainsi le<br />

pouvoir est un rapport de force dont l'un peut r<strong>et</strong>irer<br />

davantage que l'autre, mais où, également, l'un est<br />

totalement démuni face à l'autre."<br />

Nous complétons c<strong>et</strong>te définition du pouvoir en y<br />

<strong>la</strong> notion de zone d'incertitude du même auteur:<br />

associant<br />

"Le pouvoir d'un individu est aussi fonction de<br />

l'importance de <strong>la</strong> zone d'incertitude qu'il sera<br />

capable de contrôler face à ses partenaires. Mais le<br />

contrôle d'une zone d'incertitude ne suffit pas,<br />

encore faut-il que celle-ci soit pertinente par<br />

rapport aux partenaires engagés <strong>dans</strong> une re<strong>la</strong>tion de<br />

pouvoir c'est à dire qu'elle les affecte <strong>dans</strong> leur<br />

capacité de poursuivre leurs objectifs propres".<br />

Nous expliquerons d'autre part les différences <strong>des</strong> tensions,<br />

<strong>et</strong> <strong>des</strong> conséquences de celles-ci selon les groupes considérés<br />

comme correspondant à <strong>des</strong> stratégies différentes. Nous concluons<br />

ce cadre coneptuel, en espérant qu'il nous perm<strong>et</strong>tra de répondre<br />

en partie du moins aux objectifs que nous nous sommes fixés.<br />

106<br />

ERHARD FRIEDBERG "L'analyse<br />

organisations"; in <strong>la</strong> revue POUR P. 39, 40.<br />

sociologique<br />

<strong>des</strong>


-108-<br />

C - RECUEIL DES DONNEES<br />

1. Méthode d'approche<br />

Le caractère exploratoire de notre recherche rendait très<br />

difficile l'utilisation d'une méthode de type expérimentale. Nous<br />

avons choisi comme méthode d'investigation, l'en~ête<br />

psychosociologique, celle-ci étant entendue ici comme une :<br />

"( ... )Recherche d'informations ou de quête<br />

d'informations. Mais à ce<strong>la</strong> s'ajoute deux idées: d'une<br />

part, l'idée que c<strong>et</strong>te recherche est méthodique, donc<br />

doit satisfaire à certaines exigences de rigueur,<br />

perm<strong>et</strong>tant d'aboutir à <strong>des</strong> résultats "quantifiables"<br />

c'est à dire traduisibles en chiffres ( ... ) <strong>et</strong> d'autre<br />

part l'idée que c<strong>et</strong>te recherche s'applique à une<br />

réalité tout à fait particulière; <strong>la</strong> vie psychologique<br />

d'un groupe social, ses comportements, ses goûts, ses<br />

opinions, ses besoins, ses attentes, ses raisons<br />

d'agir <strong>et</strong> de réagir, ses manières de vivre, de<br />

travailler, de se distraire ( ••. ) ses changements <strong>et</strong><br />

les influences auxquelles il est sensible."<br />

L'enquête psychosociologique menée ici, aura principalement<br />

consistée au recueil d'informations perm<strong>et</strong>tant de situer le<br />

problème étudié <strong>dans</strong> son contexte, <strong>et</strong> à une quête d'informations<br />

concernant plus précisément l'obj<strong>et</strong> de <strong>la</strong> recherche.<br />

Comme techniques de recueil de données, nous avons choisi<br />

de faire <strong>des</strong> entr<strong>et</strong>iens de type conversationnel, <strong>et</strong> <strong>des</strong><br />

discussions de groupe centrées autour de quelques thèmes. Nous<br />

aurions pu utiliser un questionnaire comme nous l'avions pensé<br />

au début, mais nous nous sommes rendus compte lors de <strong>la</strong> préenquête,<br />

que si l'emploi du questionnaire pouvait à certains<br />

égards être familière à une popu<strong>la</strong>tion jeune, sco<strong>la</strong>risée, <strong>et</strong><br />

urbanisée; pour les générations plus âgées, le mode de passation<br />

du questionnaire, nous a paru trop rigide pour le type d'approche<br />

que nous avons voulu avoir.<br />

L'entr<strong>et</strong>ien de type conversationnel orientée autour de<br />

thèmes, ainsi que <strong>des</strong> discussions de groupe semi-orientés nous<br />

ont paru plus souples, quoique plus difficiles à manier. Nous<br />

pensons ainsi avoir gagné en signification ce que nous avons<br />

perdu en systématisation.<br />

ID<br />

R. MUCCHIELLI:<br />

psychosociale"; P. 5 .<br />

" Le questionnaire <strong>dans</strong> l'enquête


-109-<br />

2. Les cadres thématiques<br />

Notre propos de départ était de comparer deux milieux, <strong>des</strong><br />

tranches d'âge <strong>et</strong> <strong>des</strong> niveaux sco<strong>la</strong>ires différents. Mais en fait<br />

pratiquement, nous comparons <strong>des</strong> discours différents <strong>et</strong> c'est à<br />

travers l'analyse de ceux-ci que nous essaierons de m<strong>et</strong>tre en<br />

évidence, les différences constatées ou non. Il fal<strong>la</strong>it également<br />

que les discours recueillis cernent autant que possible les<br />

aspects étudiés, d'où le choix <strong>des</strong> thèmes suivants comme thèmes<br />

inducteurs:<br />

1. La famille (le lignage)<br />

2. Le travail<br />

3. Les enfants<br />

4. Le veuvage<br />

5 . Le mariage<br />

6 . La polygamie<br />

7 " L'amour<br />

8 . Les conduites sexuelles<br />

9. La délinquance<br />

10. Les activités sociales<br />

La pré-enquête nous avai t déjà permis de délimiter un<br />

certain nombre de thèmes. Au cours de l'enquête sur le terrain,<br />

nous avons ajouté trois thèmes qui lors de <strong>la</strong> pré-enquête ne nous<br />

avait pas parus significatifs. Ceci a porté le nombre de thèmes<br />

de sept à dix. En eff<strong>et</strong> pour <strong>des</strong> raisons d'ordre matériel, <strong>la</strong><br />

pré-enquête s'est déroulé surtout auprès d'une popu<strong>la</strong>tion de<br />

Congo<strong>la</strong>is en séjour en France depuis quelques années pour<br />

certains. Ce qui explique que tous les thèmes n'aient pas eu <strong>la</strong><br />

même actual i té pour les uns' <strong>et</strong> pour les autres. Les thèmes<br />

ajoutés sont rerspectivementi les conduites sexuelles, <strong>la</strong><br />

délinquance, <strong>et</strong> les activités sociales.


-110-<br />

Justification du choix <strong>des</strong> thèmes<br />

Nous allons nous arrêter au passage sur chaque thème choisi,<br />

d'une part pour justifier <strong>la</strong> pertinence du choix effectué, <strong>et</strong><br />

surtout pour pointer au passage ce que nous avons en fait voulu<br />

cerner autour de ces thèmes.<br />

1. La famille-c<strong>la</strong>n (ou le lignage)<br />

Nous savons déjà que <strong>dans</strong> <strong>la</strong> société traditionnelle, <strong>la</strong> vie<br />

de l'individu s'inscrivait <strong>dans</strong> le lignage de sa naissance à sa<br />

mort. Le sentiment de ne faire qu'un avec le lignage est donc<br />

préeminent <strong>dans</strong> le système traditionnel. A travers le thème du<br />

lignage, il était intéressant de voir, si le sentiment<br />

d'appartenir à un lignage se modifie, si les contours de celui-ci<br />

sont toujours aussi précis. <strong>et</strong> si <strong>dans</strong> le contexte actuel <strong>la</strong><br />

famille reste toujours le lignage, si avec <strong>la</strong> montée du droit<br />

paternel, le mari est-il toujours considéré comme faisant partie<br />

de son lignage Trois autres aspects nous intéressaient ici les<br />

aspects :<br />

- L'attachement au lignage<br />

- L'obéissance à celui-ci<br />

- L'aide <strong>et</strong> <strong>la</strong> solidarité<br />

2. Le travail<br />

Dans <strong>la</strong> société traditionnelle, tout individu valide sauf<br />

s'il avaitune position d' autorité devait apporter sa<br />

contribution. Nous savons aussi qu'il y avait une répartition <strong>des</strong><br />

activités. Mais c<strong>et</strong>te répartition exigeait de <strong>la</strong> femme, une<br />

ardeur au travail qui étai t très valorisée. Certaines femmes<br />

étaient épousées surtout <strong>et</strong> appréciées sur ce critère. C<strong>et</strong> aspect<br />

va nous intéresser avec ces déterminants.<br />

La femme <strong>dans</strong> <strong>la</strong> société traditionnelle travail<strong>la</strong>it d'abord<br />

pour ses enfants qui appartiennent à son lignage, <strong>et</strong> pour nourrir<br />

le mari, mais principalement pour les enfants. Il était<br />

intéressant de voir si les r,aisons qui poussent les femmes à<br />

travailler sont toujours les mêmes, ou si elles sont différentes<br />

à l'heure actuelle, selon le milieu considéré.


-111-<br />

3. Les enfants<br />

Dans une société où il est important que <strong>la</strong> femme soit mère,<br />

autant pour le l igange que pour <strong>la</strong> femme elle-même, n'étant<br />

reconnue socialement que par <strong>la</strong> maternité. Le thème sur les<br />

enfants, <strong>la</strong> maternité, le rôle de mère de ses re<strong>la</strong>tions<br />

actuelles avec ses enfants, s'imposait, <strong>et</strong> nous perm<strong>et</strong>tait de<br />

voir en quoi être mère <strong>dans</strong> le système traditionnel, pouvait<br />

différer, du fait d'être mère actuellement.<br />

4. Le veuvage<br />

Ce thème est celui qui illustre le mieux à l' heure actuelle,<br />

le côté précaire <strong>des</strong> mariages actuels, <strong>et</strong> <strong>des</strong> couples<br />

modernes. Car les inst i tutions du veuval;e tradi t ionnel ayant<br />

disparus en partie, ceci <strong>la</strong>isse <strong>la</strong> femme surtout mal protégée <strong>et</strong><br />

démunie en cas de décès du mari; si elle même ou ses parents<br />

surtout en milieu urbain n'ont pas les moyens de l'assister ou<br />

de l'accueillir.<br />

Car selon <strong>la</strong> séparation <strong>des</strong> biens en vigueur <strong>dans</strong> <strong>la</strong> société<br />

traditionnelle <strong>et</strong> qui continue à l'être actuellement, <strong>la</strong> femme<br />

<strong>et</strong> les enfants sont souvent dépossédés en cas de décès du mari.<br />

Et à ce<strong>la</strong> aucune loi cohérente n'apporte une solution qui<br />

perm<strong>et</strong>trait une protection de <strong>la</strong> veuve <strong>et</strong> <strong>des</strong> enfants. Ceci pose<br />

le problème de <strong>la</strong> communauté ou non <strong>des</strong> biens <strong>dans</strong> <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion<br />

conjugale; <strong>dans</strong> <strong>la</strong> zone urbaine notamment, c'est l'un <strong>des</strong> thèmes<br />

forts, c'est également un <strong>des</strong> thèmes autour duquel il y a un<br />

consensus sur le caractère pénible du veuvage.<br />

5. Le mariage<br />

Par ce thème nous avons cherché à savoir ce que devenait le<br />

mariage, notamment à travers le problème du choix <strong>des</strong> conjoints,<br />

<strong>et</strong> de <strong>la</strong> manière dont les époux doivent vivre, ou vivent.<br />

6. La polygamie<br />

Comment était accepté <strong>la</strong> polygamie, étaient-elles pour ou<br />

contre, <strong>et</strong> pour quelles raisons Nous sommes <strong>dans</strong> un pays où<br />

l'homme officiellement a le droit d'épouser quatre femmes, le<br />

régime polygamique comme régime matrimonial suscite toujours <strong>des</strong><br />

débats passionnés. Il y a eu (émanant de l'organisation <strong>des</strong><br />

IfemmeS) <strong>des</strong> proj<strong>et</strong>s de demande de suppression de <strong>la</strong> polygamie,<br />

Ion est pour ou contre. Les hommes <strong>et</strong> les femmes pour <strong>des</strong> raisons<br />

différentes.


-112-<br />

Il était intéressant de voir réellement ce qu'en pensaient<br />

les femmes. Autant celles qui vivaient <strong>dans</strong> un ménage polygame<br />

que les autres. c<strong>et</strong>te opposition <strong>et</strong> les raisons de celles-ci, ou<br />

l'acceptation de ce régime, étant révé<strong>la</strong>teur, d'une tentative à<br />

vouloir construire les re<strong>la</strong>tions de couple autour d'éléments<br />

nouveaux.<br />

7. L'amour<br />

Quelle conception de l'amour les personnes intérrogées<br />

avaient-elles Etait-ce par exemple un élément déterminant pour<br />

fonder un foyer Qu'est ce que "l'amour" <strong>dans</strong> le contexte, oà<br />

les re<strong>la</strong>tions hommes femmes ont pris une tournure particulière<br />

En fait nous avons voulu savoir <strong>dans</strong> quel sens les générations<br />

sco<strong>la</strong>risées <strong>et</strong> influencées par l'éducation <strong>et</strong> les modèles<br />

étrangers, concevait celui-ci.<br />

8. Les conduites sexuelles<br />

Celles-ci étaient étroitement liées à <strong>la</strong> maternité <strong>dans</strong> le<br />

système traditionnel. Avaient-elles changées Si oui, qu'étaient<br />

elles en train de devenir De quelle manière ce<strong>la</strong> modifiait-il<br />

<strong>la</strong> conception <strong>et</strong> l'utilisation que les femmes avaient de leur<br />

corps, <strong>et</strong> de quelle manière ce<strong>la</strong> modifiait-il leurs re<strong>la</strong>tions<br />

avec leurs partenaires masculins <br />

9. La délinquance<br />

L'un <strong>des</strong> mo<strong>des</strong> de dérégu<strong>la</strong>tions les plus visibles, <strong>la</strong><br />

prostitution, <strong>la</strong> drogue, nous intéressait ici, <strong>la</strong> manière dont<br />

celle-ci était perçue.<br />

10. Les activités sociales<br />

Il nous a paru important de savoir si le cadre <strong>des</strong> activités<br />

sociales s'était é<strong>la</strong>rgi; <strong>et</strong> si .ceci amenait à une reconsidération<br />

du rôle de <strong>la</strong> femme à un niveau global, si ceci amenait notamment<br />

par exemple l'émergence d'un rôle social débordant le cadre<br />

c<strong>la</strong>nique.


-113-<br />

Les réunions discussions n'ont pas été centrés suu tous les<br />

thèmes, mais quelques thèmes "forts": le travail, le mariage, les<br />

conduites sexuelles, <strong>la</strong> délinquance, les re<strong>la</strong>tions hommes/femmes.<br />

Pour le recueil <strong>des</strong> données, nous avons lors du premier<br />

séjour pris <strong>des</strong> notes <strong>et</strong> effectué quelques enregistrements quand<br />

les personnes étaient disposées à le faire. Nous en avions en<br />

fait réalisé très peu. L'essentiel du recueil <strong>des</strong> données a<br />

consisté à prendre <strong>des</strong> notes mais ce procédé ne nous a paru<br />

satisfaisant.<br />

Au cours du deuxième séjour, nous avons pu bénéficier de<br />

l'aide d'un personne qui notait en sténo les entr<strong>et</strong>iens; ce qui<br />

nous <strong>la</strong>issait une liberté de manoeuvre plus grande, tout en<br />

prenant <strong>dans</strong> <strong>la</strong> mesure où le déroulement de l'entr<strong>et</strong>ien n'en<br />

souffrait pas, <strong>des</strong> notes. Le procédé s'est révelé intéressant.<br />

Les entr<strong>et</strong>iens <strong>et</strong> réunions discussions sont d'une durée<br />

inégale, celle-ci a variée de quarante minutes à une heure <strong>et</strong><br />

demie. certaines personnes ont été revues, pour compléter<br />

certains aspects qui n'avaient pas été abordés au cours <strong>des</strong><br />

premiers entr<strong>et</strong>iens Ceci dépendant bien entendu, de leur<br />

disponibilité <strong>et</strong> de <strong>la</strong> nôtre.


-114-<br />

D- PROCEDURES D'ANALYSE DES DONNEES ET MISE EN OEUVRE<br />

a)- ORGANISATION DE L'ANALYSE<br />

La constitution du cadre d'analyse a tenté de répondre à<br />

deux soucis. le premier est celui de nous donner les éléments de<br />

réponse à nos intérrogations de départ, à nos hypothèses, le<br />

deuxième celui d'utiliser, <strong>et</strong> d'exploiter au mieux les discours<br />

recueillis. L'analyse donnera l'impression de partir <strong>dans</strong> tous<br />

les sens. Elle sera <strong>dans</strong> une certaine mesure quantitative, nous<br />

avons quelques résultats quantitatifs, <strong>et</strong> aussi qualitative.<br />

Pour l'analyse proprement dite seront considérés <strong>la</strong><br />

dimension longitudinale <strong>et</strong> horizontale, nous pouvons dire que<br />

c<strong>et</strong>te analyse est un croisement de plusieurs types d'approches;<br />

croisement dù à <strong>la</strong> nécessité de ne pas évacuer un aspect du<br />

contenu pouvant être significatif. Voyons donc un peu plus en<br />

détail, comment nous avons tenté d'organiser l'analyse, <strong>et</strong> lui<br />

donner une certaine cohérence.<br />

Notre objecti f principal était pour nous de comprendre<br />

autour de quels éléments se modifie actuellement le modèle<br />

traditionnel féminin, en étudiant notamment l'évolution de <strong>la</strong><br />

conception de trois rôles clés <strong>et</strong> ceci en comparant <strong>des</strong> discours<br />

de suj<strong>et</strong>s étant d'un milieu, d'âge <strong>et</strong> de milieu sco<strong>la</strong>ire<br />

différent.<br />

Nous avons choisi de faire une analyse de contenu thématique<br />

<strong>des</strong> données recueillies. Nous rappelons que les entr<strong>et</strong>iens étant<br />

semi-orientés, nous avons au départ <strong>des</strong> thèmes inducteurs. Nous<br />

nous intéresserons donc aux assertions suscités par ces thè'fis.<br />

Le thème est entendu ici comme "une assertion sur un suj<strong>et</strong>" .<br />

Nous nous sommes intéressés aux assertions <strong>et</strong> aux<br />

orientations concernant le modèle <strong>et</strong> les rôles traditionnels.<br />

L'unité d'enregistrement sera le thème, ou plutôt ce qui est dit<br />

autour <strong>des</strong> thèmes évoqués. Nous avons d'autre part tenté de<br />

dénombrer le type d'orientation de chaque unité d'enregistrement.<br />

Pour ce qui concerne le modèle traditionnel, ont été relevé le<br />

nombre d'approbations, de critiques ou de rej<strong>et</strong> <strong>des</strong> conduites<br />

-valorisées <strong>dans</strong> le modèle; ce qui perm<strong>et</strong>tait de dégager quelques<br />

chiffres utilisées ici à titr~ indicatif.<br />

108_ "In other words, a theme is an assertion about a subject<br />

matter". BERELSON : "content analysis in communication research"<br />

P.138.


-115-<br />

Le choix de <strong>la</strong> fréquence comme règle d'énumération repose:<br />

"Sur le présupposé implicite suivant: l'apparition<br />

d'un item de sens ou d'expression est d'autant plus<br />

significative par rapport à ce que l'on cherche à<br />

atteindre <strong>dans</strong> <strong>la</strong> <strong>des</strong>cription ou l'interprétation de<br />

<strong>la</strong> réalité visée que c<strong>et</strong>te f~parition est répété avec<br />

une plus grande fréquence".<br />

En ce qui concerne l'analyse du modèle traditionnel <strong>et</strong> <strong>des</strong><br />

rôles, nos grilles ont été construites en tenant compte de tous<br />

les éléments évoqués plus haut. Restait à trouver <strong>des</strong> grilles<br />

d'analyse pour les deux dernières hypothèses. Il fal<strong>la</strong>it<br />

construire une grille perm<strong>et</strong>tant de m<strong>et</strong>tre en évidence le coût<br />

psychologique d'une part <strong>et</strong> une autre perm<strong>et</strong>tant de m<strong>et</strong>tre en<br />

évidence l'émergence de l'individualisation.<br />

En ce qui concerne le coût psychologique, <strong>la</strong> fréquence <strong>des</strong><br />

conflits exprimés pouvait être intéressante, mais l'acuité <strong>des</strong><br />

problèmes, <strong>la</strong> saisie du vécu exprimé ne nous suffisait pas car<br />

nou intéressait à ce niveau, "l'acuité" <strong>des</strong> problèmes, <strong>la</strong> saisie<br />

du vécu exprimé, nous avons donc pensé pour c<strong>et</strong>te hypothèse,<br />

faire une analyse qualitative <strong>des</strong> conflits exprimés.<br />

Nous nous sommes intéréssé à l'obj<strong>et</strong> de ces conflits, à<br />

leurs causes, à <strong>la</strong> manière dont ceux ci étaient vécus, à leurs<br />

issues, en essayant arbitrairement <strong>et</strong> d'une manière empirique de<br />

caractériser les situations les plus coûteuses.<br />

Quand à <strong>la</strong> mise en évidence de l'émergence de<br />

l'individualisation <strong>des</strong> conduites, elle sera faite grâce à une<br />

autre grille. Celle-ci essaiera de dégager les re<strong>la</strong>tions entre<br />

certains thèmes définis au préa<strong>la</strong>ble, <strong>et</strong> dont nous justifierons<br />

le choix. Nous reviendrons sur tous ces points lors de <strong>la</strong><br />

présentation <strong>des</strong> grilles d'analyse.<br />

Nous nous résumons en précisant donc que <strong>dans</strong> un premier<br />

temps nous avons <strong>des</strong> grilles d'analyse correspondant aux quatre<br />

présupposés. pour "remplir" ces grilles, nous avons considéré <strong>la</strong><br />

dimension longitudinale de chaque entr<strong>et</strong>ien, en essayant d' y<br />

r<strong>et</strong>rouver tout au long, les assertions qui nous interessait. Mais<br />

nous_ne pouvons pas dire <strong>dans</strong> ce cas que nous utilisons tout le<br />

contenu. Le deuxième temps va tenter de tenir compte de tout le<br />

contenu de chaque entr<strong>et</strong>ien.<br />

109_ L BARDIN: l'analyse de contenu; P. 111.


-116-<br />

Aussi, nous nous proposons de faire une analyse thème par<br />

thème avec pour objectif final de tenter de donner un profil <strong>des</strong><br />

discours de chaque groupe considéré. Nous aurons ainsi par<br />

exemple, le discours <strong>des</strong> femmes de 20/25 ans urbaines <strong>et</strong>c...Ceci<br />

perm<strong>et</strong>tant ensuite de comparer les entr<strong>et</strong>iens, les différents<br />

discours ceci nou perm<strong>et</strong>tant d'autre part de tenir compte de tous<br />

les discours recueillis quelle que soit leur étendue.<br />

b) - Les catégories- Les grilles d'analyse- Les indicateurs<br />

Les catégories sont re<strong>la</strong>tives à ce qui est dit. Elles<br />

concernent l'approbation, <strong>la</strong> critique ou le rej<strong>et</strong> <strong>des</strong> conduites<br />

valorisées <strong>dans</strong> le modèle. Il nous interessait ici, par ce biais<br />

de voir, l'approbation, <strong>la</strong> critique, ou le rej<strong>et</strong> <strong>des</strong> valeurs<br />

prépondérantes du modèle traditionnel.<br />

les catégories de <strong>la</strong> grille d'analyse <strong>des</strong> rôles ont été<br />

é<strong>la</strong>borées avec pour objectif de faire référence aux rôles<br />

proprement dit. Celle du modèle renvoyant à <strong>des</strong> valeurs, celle<br />

de rôle aux valeurs actualisées <strong>dans</strong> <strong>des</strong> conduites concrètes.<br />

c'est ce qui nous a amené à introduire une rubrique<br />

intermédiaire, qui sera conçu comme étant médiane.<br />

En eff<strong>et</strong>, les conduites considérées, sont celles qui sont<br />

valorisées <strong>dans</strong> le modèle traditionnel, celui-ci étant un système<br />

adm<strong>et</strong>tant peu d'écarts par rapport à <strong>la</strong> norme. Les deux rubriques<br />

principales ne perm<strong>et</strong>taient pas de tenir compte <strong>des</strong> conduites qui<br />

tout en étant valorisées, pouvaient être tolérées, en fonction<br />

du contexte actuel.<br />

Les deux premières grilles sont construites de <strong>la</strong> même<br />

manière, elles renvoient soit à <strong>des</strong> approbations, critiques, ou<br />

rej<strong>et</strong>s <strong>des</strong> valeurs, soit à <strong>des</strong> approbations, tolérance,<br />

désaprobations <strong>des</strong> conduites réelles. l'avantage de c<strong>et</strong>te<br />

deuxième grille pour nous c'est d'arriver à étudier les trois<br />

rôles parallèlement .


-117-<br />

La constitution <strong>des</strong> catégories <strong>des</strong> deux dernières grilles<br />

a été ardue. Nous avons tenté de contourner <strong>la</strong> difficulté en nlVs<br />

referrant à un autre système qui nous a paru plus adapté ici :<br />

"Un autre système peut être utilisé: l'emploi<br />

systématique <strong>des</strong> conjonctions: où, quand,<br />

comment,qui, combien, avec qui , pourquoi Ce schéma<br />

utilisable <strong>dans</strong> l'analyse de contenu l'est aussi pour<br />

l'enquête sur les comportements."<br />

Nous nous intéresserons ici aux conjonctions car, nous<br />

cherchons à voir avec qui il y a conflit, <strong>et</strong> pourquoi Ceci nous<br />

perm<strong>et</strong>tant de déterminer le type de conflit. Nous nous<br />

intéresserons aussi aux mo<strong>des</strong> de résolution de ces conflits.<br />

Quant à <strong>la</strong> mise en évidence de l'individualisation <strong>des</strong><br />

conduites, nous proposons une grille qui a pour but de rechercher<br />

le type de liens, les déterminants de quatre conduites; le<br />

travail, le mariage, <strong>et</strong> le divorce, ou <strong>la</strong> résignation (<strong>dans</strong> <strong>la</strong><br />

re<strong>la</strong>tion conjugale), ceci en répondant à <strong>la</strong> question, pourquoi<br />

travai11er, dicorcer <strong>et</strong>c... La grille d'analyse <strong>des</strong> act i vités<br />

sociales <strong>et</strong> <strong>des</strong> loisirs est indicative <strong>et</strong> complète <strong>la</strong> quatrième<br />

grille.<br />

Ce qui nous donne repectivement cinq grilles d'analyse.<br />

c- Les grilles<br />

1- GRILLE D'ANALYSE DU MODELE TRADITIONNEL<br />

Pour c<strong>et</strong>te grille, nous avons six rubriques: chaque rubrique<br />

renvoyant à une valeur donnée, <strong>dans</strong> chaque rubrique les conduites<br />

valorisées <strong>dans</strong> le modèle. Aussi avons nous comme valeurs<br />

prépondérantes:<br />

llOJ. HAISONNENUVE <strong>et</strong> J. MARGOT DUCLOT: Les techniques de <strong>la</strong><br />

psychosociologie sociale, l'analyse de contenu, in bull. de<br />

psychologie n· 231, P. 1053.


-118-<br />

1- L'attachement au lignage<br />

L'organisation sociale de base <strong>dans</strong> <strong>la</strong> société<br />

traditionnelle c'est le lignage. <strong>la</strong> vie de l'individu y est<br />

inscrit, <strong>et</strong> en dépend, au sens propre comme au sens figuré. Il<br />

est presque superflu d'ins~rter sur l'importance de c<strong>et</strong><br />

attachement. Auusi P. ERNY souligne à propos du lignage<br />

qu'au:<br />

"sein d'une structure construite <strong>et</strong> cimentée de c<strong>et</strong>te<br />

manière, soumission <strong>et</strong> obéissance <strong>des</strong> <strong>des</strong>cendants aux<br />

ascendants sont les seules attitu<strong>des</strong> pensables <strong>et</strong><br />

socialement possibles".<br />

Aussi ici l'attachement implique:<br />

- La soumission au lignage<br />

- L'effacement de l'individu au profit du lignage<br />

- Participation active à tout évènement important du<br />

lignage.<br />

2- L'obéissance<br />

Dans <strong>la</strong> société traditionnelle, obéir au c<strong>la</strong>n, n'équivaut<br />

pas à obéir au mari, c<strong>et</strong>te obéissance ci est prônée mais ne<br />

recouvre pas les mêmes réalités. d'où <strong>la</strong> nécessité de dissocier<br />

l'aspect soumission au lignage, de l'obéissance au mari. <strong>la</strong><br />

soumission <strong>et</strong> l'obéissance au lignage ne souffre en fait d'aucune<br />

dérogation.<br />

Tandis que l'obéissance au mari est conditionnelle <strong>et</strong> liée<br />

à un ensemble d'obligations réciproques. On obéit au mari <strong>dans</strong><br />

<strong>la</strong> mesure où ses prétentions sont légitimes, ce point était assez<br />

important à souligner, pour que c<strong>et</strong> aspect fasse l'obj<strong>et</strong> d'une<br />

catégorie précise.<br />

lll_p . ERNY: L'enfant <strong>et</strong> son milieu en Afrique Noire, essai<br />

sur l'éducation traditionnelle. P. 56.


-119-<br />

3- L'ardeur au travail<br />

Dans le système traditionnel, n'est pas obIigation seulement<br />

le fait de travailler, mais aussi l'ardeur au travail. les femmes<br />

travailleuses étaient très appréciées. Plusieurs de nos<br />

interlocutrices parmi les "50 ans <strong>et</strong> plus", nous ont dit que<br />

c'était souvent l'une <strong>des</strong> raisons prépondérantes <strong>dans</strong> le choix<br />

ou l'appréciation d'une épouse; d'où c<strong>et</strong>te rubrique qui renvoit<br />

respectivement à:<br />

- L'assiduité<br />

- Courage au travail<br />

- Entrain<br />

4- La fécondité<br />

La femme était <strong>et</strong> est <strong>dans</strong> le système productrice de vivres,<br />

mais surtout génitrice. Elle se devait d'être mère, <strong>et</strong> devait<br />

faire autant d'enfants qu'elle pouvait.<br />

5- La réserve<br />

C<strong>et</strong>te valeur correspond à <strong>des</strong> attitu<strong>des</strong> précises: pas<br />

d'exhibitionnisme, se m<strong>et</strong>tre en r<strong>et</strong>rait, surtout en public <strong>et</strong><br />

devant les hommes. Il n'était pas bien vu de regarder un homme<br />

en face, ni même de le regarder. L'attitude requise était d'avoir<br />

les yeux baissés, une réserve de ton, ne pas parler fort, réserve<br />

d'attitude, réserve <strong>et</strong> mo<strong>des</strong>tie, <strong>et</strong> surtout m<strong>et</strong>tre l'homme en<br />

avant en toutes choses. Nous avons r<strong>et</strong>enu pour c<strong>et</strong>te rubrique:<br />

- La réserve <strong>et</strong> r<strong>et</strong>enue en public<br />

- l'éffacement devant les hommes.<br />

6- Le respect <strong>et</strong> <strong>la</strong> déférence<br />

C<strong>et</strong>te catégorie est d'une certaine manière le pendant de <strong>la</strong><br />

précédente. Nous avons associé le respect <strong>et</strong> <strong>la</strong> déférence pour<br />

ce qui concerne les aînés en général, hommes ou femmes. Quoique<br />

pour ce qui concerne les hommes, il ne faut pas seulement être<br />

respectueuse, mais aussi déférente. La déférence en ce qui<br />

concerne les membres d'un même lignage est tempérée par<br />

l'affection, <strong>et</strong> est moins rigide.


-120-<br />

D'autre part en général, <strong>la</strong> déférence est exigée envers les<br />

hommes, le mari <strong>et</strong> les autres. En ce qui concerne le mari, ceci<br />

consiste par exemple à le servir en premier, à ne lui parler que<br />

sur un ton déférent, ne pas le pointer du doigt, ou lui parler<br />

en ayant les mains sur les hanches <strong>et</strong>c..•<br />

Il faut l'appeler lui <strong>et</strong> ceux qui lui sont équivalents en<br />

commençant son nom par le même qualificatif que celui qui précède<br />

celui d'un aîné ou d'une aînée. La femme doit être déférente; par<br />

contre, le respect doit être réciproque. Nous avons donc r<strong>et</strong>enu:<br />

- La déférence <strong>et</strong> le respect vis à vis <strong>des</strong> aînés<br />

- La déférence vis à vis <strong>des</strong> hommes<br />

- Le respect vis à vis <strong>des</strong> hommes<br />

Ce qui pour le modèle traditionnel, les valeurs suivantes:<br />

VALEURS PRIVILEGIEES DANS LE MODELE<br />

1- L'attachement au c<strong>la</strong>n<br />

2- L'obéissance<br />

3- L'ardeur au travail<br />

4- La fécondité<br />

5- La réserve<br />

6- Le respect <strong>et</strong> <strong>la</strong> déférence


-121-<br />

Correspondant respectivement à:<br />

1- L'attachement au c<strong>la</strong>n<br />

* Soumission au c<strong>la</strong>n<br />

* Effacement de l'individu au profit du groupe<br />

* Participation active à tout évènement c<strong>la</strong>nique important<br />

2- L'obéissance<br />

* obéir au mari<br />

3- L'ardeur au travail<br />

* Assiduité au travail<br />

* Courage au travail<br />

* Entrain au travail<br />

4- La fécondité<br />

* "Produire" le plus d'enfants possibles<br />

5- La réserve<br />

* Réserve <strong>et</strong> r<strong>et</strong>enue en public<br />

* Effacement devant les hommes<br />

6- Le respect <strong>et</strong> <strong>la</strong> déférence<br />

*<br />

*<br />

*<br />

Déférence <strong>et</strong> respect vis à vis <strong>des</strong> aînés<br />

Déférence vis à vis <strong>des</strong> hommes<br />

Respect vis à vis <strong>des</strong> hommes<br />

.


-122-<br />

Nous allons présenter successivement les grilles d'analyse <strong>dans</strong><br />

les pages suivantes.<br />

I- GRILLE D'ANALYSE DU MODELE TRADITIONNEL<br />

Conduites valorisées<br />

(<strong>dans</strong> le modèle)<br />

* soumision au lignage<br />

* effacement de<br />

l'individu au profit du<br />

groupe<br />

* participation active à<br />

tout évènement important<br />

du lignage<br />

* obéissance au mari<br />

* entrain )<br />

courage )au travail<br />

assiduité )<br />

* fécondité<br />

* réserve <strong>et</strong> r<strong>et</strong>enue en<br />

public<br />

* effacement devant les<br />

hommes<br />

* déférence <strong>et</strong> respect<br />

vis à<br />

vis <strong>des</strong> aînés<br />

* déférence vis à vis<br />

<strong>des</strong> hommes<br />

* respect vis à vis <strong>des</strong><br />

hommes<br />

Approbat.<br />

nombre<br />

Critiques<br />

nombre<br />

Rej<strong>et</strong>s<br />

nombre<br />

Indicateur de <strong>la</strong> proximité au modèle traditionnel: Approbation,<br />

critique, ou rej<strong>et</strong> <strong>des</strong> conduites valorisées <strong>dans</strong> le modèle.


-123-<br />

11- LA GRILLE D'ANALYSE DES ROLES<br />

Nous avons voulu que c<strong>et</strong>te grille corresponde à <strong>des</strong><br />

conduites concrètes. Nous avons regroupé autour de chaque rôle;<br />

les conduites valorisées <strong>dans</strong> le modèle traditionnel. Ce qui nous<br />

intéressait, c'était l'approbation <strong>des</strong> conduites valorisées <strong>dans</strong><br />

le modèle, l'approbation <strong>des</strong> conduites dévalorisées, ou <strong>des</strong><br />

conduites tolérées. Nous avons comme indicateur de l'évolution<br />

<strong>des</strong> rôles: le nombre d'approbation <strong>des</strong> conduites valorisées <strong>dans</strong><br />

le modèle; le nombre d'approbations <strong>des</strong> conduites tolérées, <strong>et</strong><br />

le nombre d'approbation <strong>des</strong> conduites dévalorisées.<br />

11- GRILLE D'ANALYSE DES ROLES<br />

ROLES<br />

MEMBRE<br />

DE<br />

LIGNAGE<br />

Conduites<br />

valorisées<br />

nombre<br />

être soumise<br />

au lignage<br />

être attachée<br />

au lignage<br />

Conduites<br />

tolérées<br />

nombre<br />

selon les circonstances<br />

prendre ses<br />

distances<br />

Conduites<br />

dévalorisées<br />

nombre<br />

ne pas être<br />

soumise<br />

être<br />

individualiste<br />

aider,assister<br />

être solidaire<br />

aux membres du<br />

lignage<br />

participer<br />

activement aux<br />

évènements<br />

intéressant<br />

le lignage<br />

selon les<br />

circonstances<br />

participation<br />

plus ou moins<br />

régulière selon<br />

les occupations<br />

individuelle<br />

être égoïste<br />

m<strong>et</strong>tre en<br />

avant ses<br />

1 intérêts<br />

non participa<br />

tion aux<br />

évènements<br />

concernant le<br />

lignage


-124-<br />

; ROLES<br />

1<br />

1<br />

1conduites<br />

1 valorisées<br />

nombre<br />

1<br />

conduites<br />

1tolérées<br />

1<br />

i nombre<br />

1<br />

1conduites<br />

1 dévalorisées<br />

i nombre<br />

MERE<br />

dévouée<br />

travailler pour<br />

ses enfants<br />

faire passer<br />

intérêts de<br />

l'enfant avant<br />

les siens <strong>dans</strong><br />

<strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion<br />

conjugale<br />

être une mère<br />

dégourdie<br />

avisée<br />

1 attendre du père<br />

1qu'il s'occupe de<br />

Il' enfant autant<br />

que <strong>la</strong> mère<br />

1 exiger du père<br />

qu'il s'en occupe<br />

1<br />

1<br />

matériellement <strong>la</strong><br />

mère ne faisant<br />

qu'aider<br />

1 rompre si <strong>la</strong><br />

re<strong>la</strong>tion n'est<br />

plus viable pour<br />

<strong>la</strong> mère<br />

attendre du père<br />

l'initiative en<br />

ce qui concerne<br />

les intérêts de<br />

l'enfant<br />

1 négliger ses<br />

1 enfants<br />

1 ne rien faire<br />

1pour s'en occu­<br />

1 per matérielle­<br />

1 ment<br />

les abandonner<br />

au père pour<br />

une caHre<br />

futile ,ne<br />

pas<br />

supporter pour<br />

eux les mésententes<br />

conjuga-<br />

I les<br />

être<br />

insousciante <strong>et</strong><br />

1<br />

négliger les<br />

intérêts de<br />

l'enfant<br />

l12- Dans <strong>la</strong> conception traditionnelle; quitter par exemple<br />

le mari à <strong>la</strong> suite d'une scène de jalousie (de <strong>la</strong> femme envers<br />

le mari), est une raison futile.


-125-<br />

ROLES<br />

1<br />

1conduites<br />

1 valorisées<br />

nombre<br />

conduites<br />

tolérées<br />

nombre<br />

conduites<br />

dévalorisées<br />

nombre<br />

EPOUSE<br />

être déferente<br />

envers le mari<br />

respecter le<br />

1mari<br />

1<br />

1 être soumise<br />

1<br />

1<br />

1 être fidèle<br />

estimer que <strong>la</strong><br />

déférence est<br />

caduque<br />

le respecter<br />

seulement s'il<br />

Ia respectes<br />

1vouloir l une reltion<br />

d'échange<br />

1<br />

ne se soum<strong>et</strong>tre<br />

que si c'est<br />

,justifié<br />

1<br />

l'être seulement<br />

si l'homme l'est<br />

ne pas être<br />

déférente<br />

être irrespectueuse,<br />

insolent<br />

ne pas être<br />

soumise<br />

1 être infidèle<br />

1 être résignée<br />

1<br />

1<br />

1<br />

être critique<br />

ne pas se résigner<br />

contester,<br />

réagir


-126-<br />

111- GRILLE D'ANALYSE DU COUT PSYCHOLOGIQUE<br />

Nous ne nous attacherons pas à dégager <strong>des</strong> fréquences, d'une<br />

part parceque ce n'est pas l'aspect premier qui nous préoccupe<br />

ici, <strong>et</strong> d'autre part, parceque nous aurons un nombre limité de<br />

personnes ayant exprimés <strong>des</strong> confl i ts notables. Ce<strong>la</strong> n'aurait pas<br />

eu de sens <strong>dans</strong> ces conditions de dégager <strong>des</strong> fréquences qui<br />

n'auraient eues en fait pas de portée pour l'ensemble de <strong>la</strong><br />

popu<strong>la</strong>tion.<br />

C<strong>et</strong>te grille a été construite pour voir qui avait <strong>des</strong><br />

conflits Avec qui Pourquoi Et quels sont les mo<strong>des</strong> de<br />

résolution de ces conflits. c'est grâce aux expressions, aux<br />

termes utilisés pour caractériser ces conflits, <strong>et</strong> à leurs<br />

conséquences, que nous pensons pouvoir m<strong>et</strong>tre en évidence qu'il<br />

en coûte plus à certaines personnes intérrogées d'être résignées,<br />

qu'à d'autres, <strong>et</strong> <strong>dans</strong> c<strong>et</strong> ordre d'idée, nous nous intéresserons<br />

aux ruptures <strong>et</strong> aux conduites compensatoires.<br />

conflits avec qui pourquoi Mo<strong>des</strong> de<br />

âge <strong>et</strong><br />

résolution<br />

activité<br />

Indicateur du coût psychologique, <strong>la</strong> manière dont les<br />

personnes supportent <strong>et</strong> résolvent leurs conflits, ou tensions.


-127-<br />

IV- INDIVIDUALISATION DES<br />

CONDUITES<br />

Nous avons r<strong>et</strong>enu quatre conduites, <strong>et</strong> nous verrons pour<br />

chaque groupe les déterminants de ces conduites, en cherchant à<br />

voir notamment pourquoi les personnes intérrogées travaillentelles<br />

pourquoi se marient-elles (pour celles qui ont <strong>la</strong><br />

possibilité de choisir leur conjoint, il s'agira de voir<br />

l'intérêt du mariage pour elles). Nous avons cherché aussi les<br />

raisons alléguées par celles qui ont divorcées.<br />

Nous avons pensé intéressant d'évoquer les raisons qu'ont<br />

certaines femmes de se résigner, car les raisons avancées par les<br />

unes <strong>et</strong> les autres sont significatives. Nous essaierons de voir<br />

comment toutes ces conduites s'individualisent, en cherchant <strong>la</strong><br />

mise ou non en avant <strong>des</strong> besoins individuels pour chaque conduite<br />

considérée.<br />

1<br />

,<br />

Déterminants pourquoi pour qui<br />

Conduites<br />

Travailler<br />

Se marier 1<br />

Divorcer<br />

1<br />

1 Se résigner 1


V- LA GRILLE D'ANALYSE DE L'ACTIVITE SOCIALE ET DES LOISIRS<br />

-128-<br />

C<strong>et</strong>te grille est plutôt indicative, nous l'avons utilisée<br />

pour voir pour chaque groupe considéré si les activités sociales<br />

principales se décentrent du lignage. C<strong>et</strong>te grille se propose<br />

d'autre part de donner une vision d'ensemble <strong>et</strong> comparative <strong>des</strong><br />

activités sociales <strong>et</strong> <strong>des</strong> loisirs, en partant du fait que <strong>dans</strong><br />

le système traditionnel. c'est un devoir social qui appelle le<br />

loisir. Aussi <strong>la</strong> comparaison <strong>des</strong> différentes activités sociales,<br />

<strong>et</strong> <strong>des</strong> loisirs (<strong>dans</strong> leur conception moderne c<strong>et</strong>te fois),<br />

constituait ici un indicateur de l'é<strong>la</strong>rgissement du cadre de <strong>la</strong><br />

vie sociale.<br />

1- ACTIVITES CENTREES SUR LE CLAN<br />

- Mariages<br />

- Veillées mortuaires<br />

- Enterrements<br />

- R<strong>et</strong>raits de deuil<br />

- Visites <strong>et</strong> réunions familiales (ayant un caractère<br />

obligatoire)<br />

2- ACTIVITES POUVANT ETRE EXTRA CLANIQUES<br />

- Mariage<br />

- Veillées<br />

- Enterrements<br />

- r<strong>et</strong>raits de deuil<br />

- Réunions politiques 113<br />

- Fraternités, mosikis<br />

- Manifestations officielles ayant un caractère<br />

obligatoire (défilés, travaux collectifs)<br />

3- LOISIRS<br />

- Cinéma<br />

- Danse<br />

- Sports<br />

- Excursion<br />

- Promenade<br />

Visite <strong>des</strong> amis<br />

à<br />

113_ Associations d'entraide à forte prédominance féminine,<br />

caractère religieux ou profane.


-129-<br />

4- DETERMINANTS DES ACTIVITES ET DES LOISIRS<br />

- Devoir familial<br />

- Devoir amical<br />

- Choix collectif<br />

- Choix du couple<br />

- Choix individuel<br />

V- GRILLE D'ANALYSE DE L'ACTIVITE SOCIALE ET DES LOISIRS<br />

Activités centrées sur le lignage nbre Déterminants<br />

mariage<br />

Veillées mortuaires<br />

Enterrements<br />

R<strong>et</strong>raits de deuil<br />

Réunions concernant le lignage<br />

ACTIVITES POUVANT ETRE EXTRA 1 nbre 1 Déterminants<br />

LIGNAGERES 1 i<br />

mariage<br />

Veillées mortuaires<br />

! Enterrements<br />

R<strong>et</strong>raits de deuil<br />

Réunions politiques<br />

Fraternités Mosikis<br />

LOISIRS nbre Déterminants i<br />

, 1<br />

C1nema<br />

Danse<br />

Sports (pratiquer,ou assister)<br />

Excursion<br />

Promenade<br />

Visite <strong>des</strong> amis<br />

NBRE: pour chaque groupe considéré, nombre de personnes disant<br />

avoir telle activité ou tel loisir.<br />

1<br />

1<br />

1


-130-<br />

E- LA POPULATION<br />

Ayant comme objecti f de départ, <strong>la</strong> mise en parallèle de deux<br />

milieux, <strong>des</strong> âges, <strong>et</strong> <strong>des</strong> niveaux sco<strong>la</strong>ires différents. L'idéal<br />

auraitété d'avoir sensiblement le même nombre de personnes<br />

intérrogées, vivant en zone urbaine, <strong>et</strong> rurale. mais ce<strong>la</strong> n'a pas<br />

été possible pour deux raisons : La premièr~lrst que nous nous<br />

sommes attardé lors de nos deux séjours , <strong>dans</strong> <strong>la</strong> zone<br />

urbaine. C'est donc en zone urbaine que nous avons réalisé le<br />

plus d'entr<strong>et</strong>iens. le séjour en milieu rural a été plus bref.<br />

Les femmes intérro~ées en milieu rural devait surtout nous<br />

servir à r<strong>et</strong>rouver le modèle traditionnel; tel qu'il s '·est<br />

maintenu. Ce groupe était toutes proportions gardées notre groupe<br />

témoin. Toutefois, l'enquête sur le terrain nous a fait entrevoir<br />

en fonction de l'âge, quelques écarts sur lesquels nous<br />

reviendrons par ailleurs, lors de l'analyse <strong>des</strong> données.<br />

D'autre part quand bien même nous aurions pu séjourner plus<br />

longtemps en milieu rural, il était difficile de pouvoir<br />

articuler les mêmes variables <strong>dans</strong> les deux milieux, <strong>la</strong> variable<br />

sco<strong>la</strong>risation par exemple. Il nous a été difficile de rencontrer<br />

<strong>des</strong> jeunes femmes sco<strong>la</strong>risées en zone rurale. <strong>la</strong> plupart de<br />

celles ayant un niveau minimum (certificat d'étu<strong>des</strong> primaires)<br />

ont plus d' ambitions; <strong>et</strong> vont en ville pour éventuellement<br />

exercer un emploi sa<strong>la</strong>rié.<br />

De même <strong>dans</strong> <strong>la</strong> zone urbaine, nous n'avons pas pu trouver<br />

<strong>des</strong> femmes de cinquante ans <strong>et</strong> plus sco<strong>la</strong>risées, aussi n'avons<br />

nous tenu compte <strong>dans</strong> ce sous groupe, que <strong>des</strong> femmes non<br />

sco<strong>la</strong>risées. Nous n'avons d'autre part qu'un très faible<br />

échantillon masculin urbain dont les discours servent en quelque<br />

sorte de contrepoint aux opinions <strong>des</strong> femmes intérrogées. Nous<br />

n'avons pas pu avoir (faute de temps) <strong>des</strong> entr<strong>et</strong>iens avec <strong>des</strong><br />

hommes en zone rurale.<br />

114 Séjours d'un mois <strong>et</strong> demi chacun. La pré-enquête s'est<br />

déroulée pour <strong>des</strong> raisons de temps <strong>et</strong> d'ordre matériel<br />

( impossibil i té à séjourner plus longtemps sur le terrain), en<br />

FRANCE auprès de ressortissants CONGOLAIS <strong>des</strong> deux sexes.


-131-<br />

Les Niveaux sco<strong>la</strong>ires:<br />

Trois niveaux ont été r<strong>et</strong>enus respectivement :C.E.P, B.E.PC,<br />

<strong>et</strong> le niveau BAC. En précisant que <strong>dans</strong> le groupe A, les 20/25<br />

ont toutes le niveau du BAC, les 30/35 le niveau du B.E.P.C, <strong>et</strong><br />

les 40/45 le niveau de C.E.P • Tous les niveaux nous ont semblé<br />

significatifs, nous nuancerons les résultats en fonction de <strong>la</strong><br />

différence <strong>des</strong> niveaux s'il y a lieu de le faire.<br />

Les activités:<br />

- Activités proches <strong>des</strong> activités traditionnelles: p<strong>et</strong>it<br />

commerce, couture, coiffure.<br />

- Activités proches <strong>des</strong> activités modernes: sécrétariat.<br />

emploi de bureau, santé (aide soignante, infirmière <strong>et</strong>c... ),<br />

enseignement.


-132-<br />

La popu<strong>la</strong>tion se distribue comme<br />

suit:<br />

1- POPULATION FEMININE<br />

ZONE URBAINE<br />

âge 20/25 30/35 40/45 50 <strong>et</strong><br />

Groupe 1<br />

i Niveau Plus<br />

A 1 Sco<strong>la</strong>risées 1 5 1 5 5<br />

B 1NI' ,<br />

1 onsco arlsees 1 5 1 5 5 5<br />

'1<br />

ZONE<br />

RURALE<br />

Groupe 1 âge 1 20/25 1 30/35 50 ans <strong>et</strong><br />

! Niveau 1 1 plus 1<br />

Groupe C 1 non sco<strong>la</strong>risées 5 5 5<br />

Tallie de <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tlon femlnlne: 10<br />

2- LES HOMMES<br />

Groupe<br />

Niveau<br />

âge<br />

20/25<br />

30/35<br />

40/45<br />

D<br />

Sco<strong>la</strong>risé<br />

5<br />

3<br />

2<br />

La popu<strong>la</strong>tion est disparate certes, mais c<strong>et</strong>te disparité<br />

nous a paru intéressante ici, <strong>dans</strong> <strong>la</strong> mesure où elle perm<strong>et</strong>tait<br />

d'avoir un aperçu plus varié <strong>des</strong> opinions recueillies, (plutôt<br />

que d'avoir une popu<strong>la</strong>tion type, les jeunes par exemple, ou les<br />

plus âgées <strong>et</strong>c... ). Nous allons voir <strong>dans</strong> le cahapitre IV<br />

consacré au traitement <strong>des</strong> données recueillies <strong>et</strong> aux résultats<br />

si c<strong>et</strong> objectif est atteint.


CHAPITRE IV<br />

TRAITEMENT DES<br />

DONNEES ET RESULTATS


-133-<br />

TRAITEMENT DES DONNEES<br />

ET RESULTATS<br />

L'organisation <strong>et</strong> le volume de ce chapitre, correspond au<br />

souci de donner une image aussi fine <strong>et</strong> fidèle que possible <strong>des</strong><br />

résultats obtenus. En eff<strong>et</strong>, <strong>la</strong> fai blesse de <strong>la</strong> taille de <strong>la</strong><br />

popu<strong>la</strong>tion <strong>et</strong> le type d'analyse effectué nous a amené à "coller"<br />

davantage aux contenus recueillis, <strong>et</strong> à nous attarder sur les<br />

détails, les nuances, <strong>et</strong> bien entendu sur les différences, car<br />

c'est sur tous ces points que sera basé l'argumentation du<br />

cinquième chapitre. Il était donc important pour nous, pour <strong>la</strong><br />

c<strong>la</strong>rté <strong>des</strong> explications <strong>et</strong> <strong>des</strong> interprétations à venir de<br />

présenter ceux-ci.<br />

Comment suivre les résultats présentés Dans un premier<br />

temps, seront présentés les résultats groupe par groupe du modèle<br />

traditionnel <strong>et</strong> <strong>des</strong> rôles. c<strong>et</strong>te présentation sera suivie d'une<br />

première synthèse. viendrons ensuite les résultats de l'analyse<br />

du coût psychologique, <strong>et</strong> de l'individualisation <strong>des</strong> conduites,<br />

suivront quelques pages perm<strong>et</strong>tant de récapituler les résultats<br />

de l'analyse hors grilles, <strong>et</strong> enfin un aperçu du contenu <strong>des</strong><br />

réunions discussions effectuées.<br />

Comment lire les résultats Pour les grilles analysant le<br />

modèle <strong>et</strong> les rôles: chaque grille récapitule groupe par groupe,<br />

les réponses approuvant, critiquant, ou rej<strong>et</strong>ant les conduites<br />

valorisées <strong>dans</strong> le modèle. Et pour les rôles, pour chaque<br />

conduite considérée, le nombre d'approbations <strong>des</strong> conduites<br />

valorisées, tolérées ou dévalorisées <strong>dans</strong> les rôles<br />

traditionnels. Les autres grilles se lisent différemment, nous<br />

verrons comment lorsque nous y arriverons.


-134-<br />

A- RESULTATS GROUPE PAR GROUPE LE GROUPE A<br />

-Le modèle <strong>et</strong> les rôles chez les 20/25, urbaines <strong>et</strong><br />

sco<strong>la</strong>risées<br />

i ! 1 .,<br />

!<br />

CONDUITES VALORISEES , approb. . crl.tl.que 1 rej<strong>et</strong><br />

(<strong>dans</strong> le modèle><br />

\ nombre i nombre ! nombre<br />

1 1 1<br />

~ soumission au lignage<br />

1 1 1 4 ij<br />

effacement de l'individu au 1 1<br />

~ Prof't l. d U gr0 1<br />

upe<br />

2 i 3<br />

~<br />

participation active à tout<br />

évènement important du ligna 5<br />

ge<br />

obéissance au mari 5<br />

entrain, courage, assiduité 3 2<br />

au travail<br />

fécondité 1 4<br />

réserve <strong>et</strong> r<strong>et</strong>enue en public 5<br />

effacement devant les hommes<br />

déférence <strong>et</strong> respect vis à 5<br />

vis <strong>des</strong> aînés<br />

déférence vis à vis <strong>des</strong><br />

hommes 5<br />

respect vis à vis <strong>des</strong> hommes 5<br />

TOTAL <strong>des</strong> réponses 14 19 17<br />

Nous avons pensé utile de conserver les grilles, pour<br />

présenter les résultats, principalement pour le modèle <strong>et</strong> les<br />

rôles, car celles-ci perm<strong>et</strong>tent notamment d' avo i r une idée<br />

d'ensemble. de voir les nuances selon les conduites, les rej<strong>et</strong>s<br />

ou critiques étant aussi significatifs que les approbations.<br />

Nous avons pour le modèle dix items <strong>et</strong> cinq personnes par<br />

sous-groupe. Nous obtenons respectivement sur l'ensemble <strong>des</strong><br />

réponses:<br />

- 14 approbations <strong>des</strong> conduites valorisées<br />

- 19 critiques <strong>des</strong> conduites valorisées<br />

- 17 rej<strong>et</strong>s <strong>des</strong> conduites valorisées


-135-<br />

LES ROLES POUR LES 20/25 URBAINES SCOLARISEES<br />

- Les rôles pour les 20/25 urbaines sco<strong>la</strong>risées<br />

ROLES<br />

MEMBRE DE LIGNAGE<br />

-être soumise au lignage<br />

-être attachée au lignage<br />

-aider assister les membres<br />

du lignage<br />

-participer activement<br />

aux évènements interessant<br />

le lignage<br />

MERE<br />

une mère dévouée<br />

travailler pour enfants<br />

privilégier intérêts enf.<br />

mère dégourdie avisée<br />

cond. tol 115<br />

EPOUSE<br />

être déférente<br />

être respectueuse<br />

4<br />

être soumise<br />

être fidèle<br />

être résignée<br />

TOTAL DES REPONSES iiO 26<br />

5<br />

cond. toI<br />

2<br />

3 2<br />

4 1<br />

5<br />

5<br />

1<br />

1<br />

1<br />

2<br />

5<br />

15<br />

cond.dév.<br />

2<br />

3<br />

4<br />

4<br />

5<br />

3<br />

5<br />

Pour <strong>des</strong> raisons d'ordre pratique (manque d'espace), nous<br />

présentons les résultats <strong>des</strong> rôles sans toutes les rubriques.<br />

Nous avons ici (voir tableau 2) <strong>dans</strong> l'ensemble 65 réponses en<br />

tout. Sur ces réponses nous avons respectivement:<br />

- 26 approbations <strong>des</strong> conduites valorisées<br />

- 24 approbations <strong>des</strong> conduites dévalorisées<br />

- 15 approbations <strong>des</strong> conduites tolérées<br />

Nous remarquerons au passage, que <strong>dans</strong> ce groupe, ce sont<br />

les conduites valorisées <strong>dans</strong>, le rôle de membre de lignage qui<br />

recueillent le plus d'approbations.<br />

1!5-Conduites valor. = Conduites valorisées<br />

Conduites deval.= Conduites dévalorisées<br />

Conduites toI. = Conduites tolérées


-136-<br />

-Le modèle <strong>et</strong> les rôles chez les 30/35 urbaines <strong>et</strong><br />

sco<strong>la</strong>risées<br />

LE<br />

MODELE<br />

CONDUITES VALORISEES<br />

(<strong>dans</strong> le modèle)<br />

approb.<br />

nombre<br />

critique<br />

nombre<br />

rej<strong>et</strong><br />

nombre<br />

soumission au lignage<br />

effacement de l'individu au<br />

profit du groupe<br />

participation active à tout<br />

évènement important du ligna<br />

ge<br />

5<br />

3<br />

3<br />

2<br />

2<br />

obéissance au mari<br />

5<br />

entrain, courage, assiduité<br />

au travail<br />

5<br />

fécondité<br />

5<br />

effacement devant les hommes<br />

5<br />

déférence <strong>et</strong> respect vis à<br />

vis <strong>des</strong> aînés<br />

déférence vis a vis <strong>des</strong><br />

hommes<br />

respect vis à vis <strong>des</strong> hommes<br />

5<br />

5<br />

5<br />

TOTAL <strong>des</strong> réponses<br />

15<br />

21<br />

14<br />

Toutes les femmes de ce sous-groupe, à <strong>la</strong> di fférence du<br />

premier sont, ou ont été dan une re<strong>la</strong>tion de couple. Les<br />

critiques tant pour le modèle que pour les rôles sont pour<br />

l'ensemble plus élevées. Nous avons pour ce groupe, en ce qui<br />

concerne le modèle traditionnel:<br />

-15 approbations <strong>des</strong> conduites valorisées<br />

-21 critiques <strong>des</strong> conduites valorisées<br />

-14 rej<strong>et</strong>s <strong>des</strong> conduites, valorisées


-137-<br />

- Les rôles pour les 30/35 urbaines sco<strong>la</strong>risées<br />

ROLES cond.tol ll1 cond.tol cond.dév.<br />

MEMBRE DE LIGNAGE<br />

-être soumise au lignage 4 1<br />

-être attachée au lignage 5<br />

-aider assister les membres<br />

du lignage 5<br />

-participer activement<br />

aux évènements interessant<br />

le lignage 5<br />

MERE<br />

une mère dévouée 5<br />

travailler pour enfants 5<br />

privilégier intérêts enf. 1 1 3<br />

mère dégourdie avisée 5<br />

EPOUSE<br />

être déférente 5<br />

être respectueuse 2 3<br />

être soumise 1 4<br />

être fidèle 5<br />

être résignée 5<br />

TOTAL DES REPONSES I18 28 19 18<br />

Nous relevons deux éléments <strong>dans</strong> ce groupe: Le premier est<br />

que comme <strong>dans</strong> le premier sous groupe, c'est le rôle de membre<br />

de lignage qui recueille le plus d'approbations; le second est<br />

que c'est par contre le rôle d'épouse recueille le plus<br />

d'approbations <strong>des</strong> conduites dévalorisées <strong>dans</strong> les rôles<br />

traditionnels.<br />

Nous obtenons pour ce groupe:<br />

- 28 approbations <strong>des</strong> conduites valorisées<br />

- 19 approbations <strong>des</strong> conduites tolérées<br />

- 18 approbations <strong>des</strong> conduites dévalorisées<br />

1I7-Conduites valor. = Conduites valorisées<br />

Conduites deval.= Conduites dévalorisées<br />

Conduites toI. = Conduites tolérées<br />

lIB-Nombre d'approbations.


-138-<br />

-Le modèle <strong>et</strong> les rôles chez les 40/45 urbaines <strong>et</strong><br />

sco<strong>la</strong>risées<br />

LE<br />

MODELE<br />

1<br />

CONDUITES VALORISEES approb. 1 critique rej<strong>et</strong><br />

(<strong>dans</strong> le modèle) nombre 1nombre nombre<br />

!<br />

1<br />

soumission au lignage<br />

3 2<br />

1<br />

effacement de l'individu au 1<br />

profit du groupe 3<br />

2<br />

1<br />

participation active à tout<br />

evènement important du ligna<br />

ge 5<br />

obéissance au mari 1 4<br />

entrain, courage, assiduité 4 1<br />

au travail<br />

fécondité 2 3<br />

effacement devant les hommes 1 1 3<br />

déférence <strong>et</strong> respect vis à<br />

vis <strong>des</strong> aînés 5<br />

déférence vis à vis <strong>des</strong><br />

hommes 3 2<br />

respect vis à vis <strong>des</strong> hommes 5<br />

TOTAL <strong>des</strong> réponses 24 21 5<br />

Dans ce dernier sous-groupe <strong>des</strong> urbaines sco<strong>la</strong>risées. les<br />

approbations sont plus élevées <strong>et</strong> les rej<strong>et</strong>s plus faibles. le<br />

nombre de critiques par contre est notable.<br />

Nous<br />

avons <strong>dans</strong> l'ensemble:<br />

- 24 réponses approuvant les conduites valorisées<br />

- 21 réponses critiquant les conduites valorisées<br />

5 réponses rej<strong>et</strong>ant les conduites valorisées.


-139-<br />

- Les rôles les 40/45 urbaines sco<strong>la</strong>risées<br />

ROLES cond.tol l19 cond.tol cond.dév.<br />

3<br />

MEMBRE DE LIGNAGE<br />

-être soumise au lignage<br />

TOTAL DES REPONSES l20 43<br />

-être attachée au lignage 5<br />

-aider assister les membres<br />

du lignage<br />

5<br />

-participer activement<br />

aux évènements interessant<br />

le lignage<br />

5<br />

MERE<br />

une mère dévouée<br />

5<br />

travailler pour enfants<br />

, privilégier intérêts enf.<br />

mère dégourdie avisée<br />

3<br />

5<br />

EPOUSE<br />

être déférente<br />

être respectueuse<br />

être soumise<br />

être fidèle<br />

être résignée<br />

2<br />

2<br />

3<br />

1<br />

4<br />

.<br />

La tendance relevé pour ce groupe, approbations<br />

conduites valorisées <strong>dans</strong> le modèle, se confirme ici.<br />

élevé <strong>des</strong> approbations, <strong>des</strong> conduites valorisées <strong>dans</strong><br />

traditionnels, <strong>et</strong> le peu d'approbations <strong>des</strong><br />

dévalorisées.<br />

2<br />

5<br />

2<br />

1<br />

1<br />

2<br />

3<br />

16<br />

3<br />

2<br />

2<br />

1<br />

1<br />

6<br />

élevé <strong>des</strong><br />

Le nombre<br />

les raIes<br />

conduites<br />

Nous avons repectivement:<br />

- 43 approbations <strong>des</strong> conduites valorisées<br />

- 16 approbations <strong>des</strong> conduites tolérées<br />

6 approbations <strong>des</strong> conduites dévalorisées.<br />

llQ "-Conduites valor.= Conduites valorisées<br />

Conduites deval.= Conduites dévalorisées<br />

Conduites toI. = Conduites tolérées<br />

pc·)-Nombre d'approbations.


-140-<br />

LE GROUPE B<br />

- Le modèle <strong>et</strong> les rôles chez les 20/25 urbaines <strong>et</strong><br />

non-sco<strong>la</strong>risées<br />

LES 20/25<br />

li<br />

CONDUITES VALORISEES<br />

(<strong>dans</strong> le modèle)<br />

soumission au lignage<br />

effacement de l'individu au<br />

profit du ~roupe<br />

participation active à tout<br />

évènement important du ligna<br />

ge<br />

obéissance au mari<br />

entrain, courage, assiduité<br />

au travail<br />

fécondité<br />

réserve <strong>et</strong> r<strong>et</strong>enue en public<br />

effacement devant les hommes<br />

déférence <strong>et</strong> respect vis à<br />

vis <strong>des</strong> ainés<br />

déférence vis à vis <strong>des</strong><br />

hommes<br />

respect vis à vis <strong>des</strong> hommes<br />

:i TOTAL <strong>des</strong> réponses<br />

approb.<br />

nombre<br />

2<br />

~ 1 l<br />

::><br />

5<br />

2 3<br />

3 2<br />

5<br />

3<br />

i critique<br />

nombre<br />

3<br />

4<br />

3<br />

23 G1<br />

rej<strong>et</strong><br />

nombre<br />

1<br />

2<br />

2<br />

6<br />

Nous relevons ici une forte proportion de critiques par<br />

rapport à l'ensemble <strong>des</strong> réponses. Dans ce premier sous-groupe<br />

du groupe B, par contre les rej<strong>et</strong>s sont faibles.<br />

Ce<br />

qui nous donne:<br />

- 23 approbations <strong>des</strong> conduites valorisées <strong>dans</strong> le modèle<br />

- 21 critiques <strong>des</strong> conduites valorisées <strong>dans</strong> le modèle<br />

- 6 rej<strong>et</strong>s <strong>des</strong> conduites valorisées <strong>dans</strong> le modèle.


-141-<br />

- Les rôles pour les 20/25 urbaines non sco<strong>la</strong>risées<br />

ROLES<br />

cond.tol 121<br />

cond.tol<br />

cond.dév.<br />

MEMBRE DE LIGNAGE<br />

-être soumise au lignage<br />

-être attachée au lignage<br />

-aider assister les membres<br />

du lignage<br />

-participer act~vement<br />

aux évènements interessant<br />

le lignage<br />

MERE<br />

une mère dévouée<br />

travailler pour enfants<br />

privilégier intérêts enÏ.<br />

mère dégourdie avisée<br />

EPOUSE<br />

être déférente<br />

être respectueuse<br />

être soumise<br />

être fidèle<br />

être résignée<br />

")')<br />

TOTAL DES REPONSES l ".<br />

3 1<br />

5<br />

5<br />

5<br />

5<br />

1<br />

:2<br />

;)<br />

3<br />

3<br />

2<br />

1<br />

2<br />

42<br />

4<br />

J<br />

2<br />

2<br />

4<br />

1<br />

1 ï<br />

1<br />

1<br />

2<br />

6<br />

Si le rôle de membre de lignage continue comme <strong>dans</strong> les<br />

autres ~roupes ~ recueillir le plus d'approbations. Il n'est pas<br />

le seul, suivent les autres, d'abord le rôle de mère (si on tient<br />

compte du nombre d'items), <strong>et</strong> le rôle d'épouse. A noter<br />

toutefois, que le rôle le plus nuancé est justement le rôle<br />

d'épouse.<br />

Nous obtenons ainsi:<br />

- 42 approbations <strong>des</strong> conduites valorisées<br />

- lÎ approbations <strong>des</strong> conduites tolérées<br />

- 6 approbations <strong>des</strong> conduites dévalorisées.<br />

121-Conduites valor. = Conduites valorisées<br />

Conduites deval.= Conduites dévalorisées<br />

Conduites toI. = Conduites tolérées


- Le modèle <strong>et</strong> les rôles chez les 30/35 urbaines <strong>et</strong><br />

non-sco<strong>la</strong>risées<br />

LE<br />

MODELE<br />

CONDUITES VALORISEES<br />

(<strong>dans</strong> le modèlel<br />

approb.<br />

nombre<br />

critique<br />

nombre<br />

rej<strong>et</strong><br />

! nombre<br />

soumission au lignage<br />

effacement de l'individu au<br />

profit du 2'roupe<br />

participation actIve à tout<br />

é·.-ènem:='r'i r -]1[ li:r:::-l~'2<br />

5<br />

'i<br />

obeIssance au mari<br />

1<br />

l<br />

Il<br />

entrain. coura~p.<br />

a li t r a Val L<br />

assiduite<br />

fécondité<br />

4:<br />

1<br />

'i<br />

effacement devant les hommes<br />

-J.<br />

l<br />

déférence <strong>et</strong> respect vis à<br />

vis <strong>des</strong> aînés<br />

déférence vis à vis <strong>des</strong><br />

hommes<br />

respect vis à vis <strong>des</strong> hommes<br />

j<br />

2<br />

1<br />

3<br />

1<br />

TOTAL<br />

<strong>des</strong> réponses<br />

36<br />

12<br />

2<br />

l'.ous not.ons un nombre d'approbations plus<br />

c ~ j L ;.. q li e s '~L l e c3 r e ,j ~~ t s. t r e s fa i bles. Le no IDbre<br />

se rjemarque n<strong>et</strong>tement <strong>des</strong> critiques <strong>et</strong> re,i<strong>et</strong>s, ce<br />

- Jô reponses aEPs_ollvant les conduites valorisêes<br />

- 12 r'~ponses critiquant les conduites valorisées<br />

- :2 réponses rej<strong>et</strong>ant les conduites valorisées.<br />

elevé Que les<br />

d'approbations<br />

qUI nous donne:


-143-<br />

- Les rôles POlIr les 30/35 urbaines non sco<strong>la</strong>risées<br />

ROLES cond. tol 123 cond. toI cond.dév.<br />

~EMBRE DE LIGNAGE<br />

-être soumise au li~na~e<br />

-<strong>et</strong>re attachee au<br />

-aider assister les mem-<br />

:J<br />

ll~nage<br />

;)<br />

,<br />

-participer activement<br />

aux évènements interessant<br />

le lignage<br />

'-'<br />

MERE<br />

une mère dévouée<br />

5<br />

.)<br />

travailler pour enfants<br />

.J<br />

privilé~ier intérêts enf.<br />

mère dégourdie avisée<br />

EPOUSE<br />

être déférente<br />

être respectueuse<br />

être soumise<br />

être fidèle<br />

être rési~née<br />

TOTAL DES REPONSES 124<br />

2<br />

4 1<br />

4 1<br />

4 1<br />

4 l<br />

2 3<br />

2 2 1<br />

4 1<br />

52 ~ 4<br />

A noter, <strong>la</strong> confirmation de <strong>la</strong> tendance déjà relevé à propos<br />

du modèle lui-même: qui se traduit par le nombre très élevé <strong>des</strong><br />

approbations par rapport à l'ensemble <strong>des</strong> réponses. C'est<br />

principalement le ràle de membre de lignage qui fait le "plein"<br />

<strong>des</strong> réponses approbatives, suivi du ràle de mère, où l'on note<br />

tout de même quelques nuances, <strong>et</strong> le ràle d'épouse qui recueille<br />

encore une fois mais très faiblement ici quelques nuances. Nous<br />

avons <strong>dans</strong> ce sous-groupe rdspectivement:<br />

52 réponses approuvant les conduites valorisées<br />

9 réponses approuvant les conduites valorisées<br />

4 réponses approuvant les conduites dévalorisées.<br />

123-Conduites valor. = Conduites valorisées<br />

Conduites deval.= Conduites dévalorisées


-144-<br />

-Le modèle <strong>et</strong> les rôles chez les 40/45 urbaines<br />

non-sco<strong>la</strong>risées<br />

LE<br />

MODELE<br />

!<br />

CONDUITES VALORISEES<br />

1 approb. critique rej<strong>et</strong><br />

(<strong>dans</strong> le modèle) nombre nombre nombre<br />

soumission au lignage 3 2 -<br />

effacement de l'individu au<br />

, profit du groupe 4 1 -<br />

participation active à tout<br />

évènement du lignage 5 -<br />

-<br />

1<br />

1<br />

ij ~ 0 b" e1ssance au mari<br />

1 - 5<br />

1 1 -<br />

i<br />

1<br />

i<br />

,<br />

entrain, courage, assiduité 5 - -<br />

1<br />

au travail 1<br />

!<br />

fécondité<br />

1 1<br />

1<br />

5 1 -<br />

1 -<br />

!<br />

1<br />

i<br />

réserve <strong>et</strong> r<strong>et</strong>enue en public 1 i<br />

effacement devant les hommes i 5 1 - -<br />

1<br />

déférence <strong>et</strong> respect vis<br />

!<br />

à<br />

1 i 1<br />

vis <strong>des</strong> aînés 5 1 -<br />

-<br />

déférence vis à vis <strong>des</strong> 1<br />

1<br />

hommes 5<br />

-<br />

-<br />

1<br />

respect vis à vis <strong>des</strong> hommes 5 1 - 1 -<br />

TOTAL <strong>des</strong> réponses 40 10 o<br />

Les tendances sont plus n<strong>et</strong>tes encore <strong>dans</strong> ce sous-groupe<br />

que <strong>dans</strong> le précédent. Un nombre très élevé de réponses<br />

approbatives, quelques critiques, <strong>et</strong> pas de rej<strong>et</strong>s. On note une<br />

progression. nous obtenons ici respectivement:<br />

- 40 réponses approuvant les conduites valorisées <strong>dans</strong> le<br />

modèle<br />

- 10 critiques <strong>des</strong> conduites valorisées <strong>dans</strong> le modèle<br />

1<br />

1


-145-.<br />

- Les rôles pour les 40/45 urbaines non sco<strong>la</strong>risées<br />

1<br />

ROLES<br />

1 cond. tol 125 cond.tol 1 cond. dév.<br />

1 1<br />

MEMBRE DE LIGNAGE 1<br />

-être soumise au lignage 3 1 2 -<br />

1<br />

i -être attachée au lignage 4<br />

1 1 -<br />

1<br />

1<br />

i -aider assister les membres<br />

du lignage 4 1 -<br />

1 -participer activement<br />

1 aux évènements interesi<br />

sant le lignage 4 1<br />

1<br />

-<br />

1<br />

i MERE 1 1<br />

une mère dévouée 1 5 1 -<br />

travailler pour enfants 1<br />

5 -<br />

-<br />

" privilégier intérêts en!. 1<br />

ij i<br />

4 1<br />

-<br />

il mère dégourdie avisée 5 -<br />

1 1 -<br />

i 1<br />

EPOUSE<br />

1.<br />

1 1<br />

1 1<br />

1<br />

1 être déférente 1 5 1 -<br />

-<br />

être respectueuse<br />

1 1 5 - 1 1 -<br />

1<br />

être soumise<br />

-<br />

5 -<br />

i<br />

1<br />

!I être fidèle<br />

1 4 1 -<br />

1<br />

i être résignée ! 3 1 1 1<br />

:<br />

i 1<br />

1 TOTAL DES REPONSES 126 1 51 1<br />

13<br />

1 1<br />

Nous relevons <strong>dans</strong> ce sous-groupe deux points en plus de<br />

ceux que nous avons déjà souligné <strong>dans</strong> les autres groupes. C'est<br />

le rôle de mère qui ici recueille le plus d'approbations. Des<br />

nuances sont à noter respec t i vernent pour deux rôles: le rôle<br />

d'épouse <strong>et</strong> de membre de lignage, moins notable <strong>dans</strong> les autres<br />

sous-goupes du groupe B, <strong>des</strong> nuances au niveau du rôle de membre<br />

de lignage. Nous reviendrons sur ce point au moment de l'analyse<br />

<strong>des</strong> données.<br />

Nous avons <strong>dans</strong> ce sous-groupe:<br />

- 51 réponses approuvant les conduites valorisées<br />

- 13 réponses approuvant les conduites tolérées<br />

1 réponse approuvant les conduites dévalorisées.<br />

125-Conduites valor. = Conduites valorisées<br />

Conduites deval.= Conduites dévalorisées<br />

Conduites toI. = Conduites tolérées<br />

126-NOmbre d'approbations.


-146-<br />

-Le modèle <strong>et</strong> les rôles chez les 50<br />

ans <strong>et</strong> plus urbaines<br />

LE<br />

MODELE<br />

1 l, 1<br />

CONDUITES VALORISEES 1 approb. critique 1 rej<strong>et</strong><br />

(<strong>dans</strong> le modèle) nombre nombre 1 nombre<br />

soumission au lignage 4 1 -<br />

effacement de l'individu au<br />

1<br />

profit du groupe 5 - -<br />

i participation active à<br />

tout<br />

évènement du lignage 5 - -<br />

U<br />

,<br />

1 1<br />

1<br />

~ obéissance mari<br />

1<br />

5<br />

I! .<br />

ij entral.n, courage, assiduité<br />

1 5<br />

1<br />

- -<br />

1<br />

au<br />

1<br />

-<br />

1<br />

-<br />

1<br />

1<br />

i au travail 1 !<br />

1<br />

fécondité 1 5 i - -<br />

i<br />

réserve <strong>et</strong> r<strong>et</strong>enue en public : 1<br />

1<br />

effacement devant les hommes i 5 1 - -<br />

~<br />

déférence <strong>et</strong> respect vis à 1 1<br />

1 vis <strong>des</strong> aînés 5 1 -<br />

1 -<br />

1<br />

déférence vis à vis<br />

1<br />

<strong>des</strong><br />

! hommes 5 - respect vis à vis <strong>des</strong> hommes 1 4 1 1 -<br />

1<br />

TOTAL <strong>des</strong> réponses 1 48 i 2 0<br />

C'est <strong>dans</strong> ce groupe que nous relèvons <strong>dans</strong> l'ensemble, pour<br />

<strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion urbaine ,le plus d'approbations, nous ne relevons<br />

pas de rej<strong>et</strong>. Nous avons respectivement:<br />

- 48 approbations <strong>des</strong> conduites valorisées<br />

2 critiques.


-147-<br />

- Les rôles chez les 50 ans <strong>et</strong> plus urbaines<br />

1<br />

,<br />

ROLES 1 cond. tol 121 cond.tol cond.dév.<br />

:<br />

1<br />

MEMBRE DE LIGNAGE<br />

1<br />

-être soumise au lignage 4 1 -<br />

-être attachée au lignage 5 - -<br />

-aider assister les membres<br />

du lignage<br />

5 - -<br />

-participer activement<br />

1<br />

1<br />

aux évènements interes- 1<br />

1 sant le lignage ! 5 - -<br />

l<br />

MERE<br />

1<br />

1<br />

une mère dévouée 5 1 -<br />

-<br />

travailler pour enfants 5<br />

- -<br />

1<br />

privilégier intérêts enf. 5<br />

-<br />

1<br />

-<br />

1<br />

1 mère dégourdie avisée 5 -<br />

1<br />

-<br />

EPOUSE<br />

1 i<br />

1 être déférente<br />

5 - -<br />

être respectueuse 1 5 1 - 1 -<br />

d être soumise<br />

1<br />

3<br />

2<br />

-<br />

1<br />

1<br />

~<br />

1<br />

être fidèle 5<br />

- -<br />

être résignée 3 1 2 -<br />

:<br />

TOTAL DES REPONSES 128 60 5 -<br />

1<br />

1<br />

Nous relevons ici un point déjà souligné <strong>dans</strong> le groupe<br />

précédent; le fait que c'est le rôle de mère qui recueille le<br />

plus d'approbations. Dans l'ensemble nous avons:<br />

- 60 approbations <strong>des</strong> conduites valorisées <strong>dans</strong> le modèle<br />

traditionnel<br />

- 5 approbations <strong>des</strong> conduites tolérées.<br />

Nous ne relevons <strong>dans</strong> ce sous-groupe aucune approbation <strong>des</strong><br />

conduites dévalorisées <strong>dans</strong> les rôles traditionnels.<br />

121-Conduites valor. = Conduites valorisées<br />

Conduites deval.= Conduites dévalorisées<br />

Conduites toI. = Conduites tolérées<br />

US-NOmbre d'approbations.


1 CONDUITES<br />

-148-<br />

-LE MODELE ET LES ROLES CHEZ LES RURALES<br />

LE GROUPE C<br />

1<br />

LE MODELE POUR LES 20/25<br />

VALORISEES approb. critique rej<strong>et</strong><br />

(<strong>dans</strong> le modèle) nombre nombre nombre<br />

soumission au lignage 1 5 - -<br />

effacement de l'individu au<br />

profit du groupe 5 1 - -<br />

participation active à<br />

tout<br />

évènement du lignage<br />

1<br />

5<br />

1<br />

- -<br />

! ,<br />

1<br />

1<br />

1 obéissance<br />

!<br />

1<br />

au mari<br />

1<br />

3<br />

1 2 -<br />

ij<br />

1<br />

1<br />

1 1<br />

entrain, courage, assiduité<br />

1 5 i -<br />

1<br />

-<br />

au travail i i 1<br />

fécondité<br />

réserve <strong>et</strong> r<strong>et</strong>enue en public 1<br />

j<br />

,<br />

1<br />

1 5 1 - 1 -<br />

effacement devant les hommes 1 1 i 4 -<br />

:<br />

déférence <strong>et</strong> respect vis à 1<br />

1<br />

vis <strong>des</strong> aînés<br />

,<br />

;<br />

5 -<br />

1<br />

déférence vis à vis <strong>des</strong><br />

1<br />

i hommes<br />

4 1<br />

1<br />

:<br />

1<br />

i<br />

-<br />

respect vis à vis <strong>des</strong> hommes - 5 -<br />

1<br />

1<br />

TOTAL <strong>des</strong> réponses 1 38<br />

1<br />

12 1 0<br />

1<br />

-<br />

Nous ne ferons pas de remarques particulières ici, hormis<br />

le fait que l'on relève tout de même une proportion notable de<br />

réponses critiquant les conduites valorisées <strong>dans</strong> le modèle. Il<br />

n'est pas relevé de rej<strong>et</strong>. Nous avons respectivement:<br />

- 38 réponses approuvant les conduites valoriées<br />

12 réponses critiquant les conduites valorisées.


-149-<br />

- Les rôles chez les 20/25<br />

1<br />

1 cond. tol 129<br />

1 ROLES cond.tol cond.dév.<br />

1<br />

MEMBRE DE LIGNAGE<br />

-être soumise au lignage 5 - -<br />

-être attachée au lignage 5 - -<br />

-aider assister les membres<br />

du lignage 5 - -<br />

i -participer activement<br />

i aux évènements interes-<br />

1<br />

~<br />

sant le lignage 5 - -<br />

MERE<br />

une mère dévouée 5 - -<br />

travailler pour enfants 5 - -<br />

privilégier intérêts enf. 5 - -<br />

mère dégourdie avisée 5 - -<br />

EPOUSE<br />

être déférente 4 1 -<br />

~<br />

<strong>et</strong>r e r e s pectueuse<br />

1 4<br />

1 1<br />

1 -<br />

e"tre soum1se<br />

1<br />

4<br />

1 1<br />

être fidèle 3<br />

2 être résignée 2 1 3 -<br />

TOTAL DES REPONSES 13O 54 1 11 -<br />

,<br />

Ce<br />

qui nous donne respectivement:<br />

- 54 réponses approbatives<br />

- 11 réponses approuvant les conduites tolérées<br />

Il n'y a pas d'approbations <strong>des</strong> conduites dévalorisées <strong>dans</strong><br />

les rôles traditionnels.<br />

129-Conduites valor. = Conduites valorisées<br />

Conduites deval.= Conduites dévalorisées<br />

Conduites toI. = Conduites tolérées<br />

13°-NOmbre d'approbations.


-150-<br />

- LE MODELE TRADITIONNEL CHEZ LES 30/35 RURALES<br />

1<br />

,<br />

i<br />

i<br />

CONDUITES VALORISEES approb. critique rej<strong>et</strong><br />

(<strong>dans</strong> le modèle) nombre nombre nombre<br />

soumission au lignage 5 - -<br />

effacement de l'individu au<br />

profit du groupe 5 - -<br />

participation active à<br />

tout<br />

évènement du lignage , 5 , - -<br />

obéissance au mari 1 1<br />

1<br />

4 1 -<br />

entrain, courage, assiduité<br />

au travail 1<br />

1<br />

1<br />

5 i -<br />

fécondité 1 5 - -<br />

réserve <strong>et</strong> r<strong>et</strong>enue en public<br />

effacement devant les hommes 1 2 3 -<br />

déférence <strong>et</strong> respect vis à<br />

vis <strong>des</strong> aînés 5 - -<br />

déférence vis à vis <strong>des</strong><br />

hommes 4 1 respect vis à vis <strong>des</strong> hommes 4 1 -<br />

TOTAL <strong>des</strong> réponses , 41 1<br />

1<br />

1<br />

-<br />

9 0<br />

Nous obtenons ainsi respectivement<br />

- 41 réponses approbatives<br />

9 critiques<br />

Nous ne relevons<br />

pas de rej<strong>et</strong>s.


-151-<br />

- Les rôles pour les 30/35 rurales<br />

ROLES cond. tol 131 cond.tol cond.dév.<br />

MEMBRE DE LIGNAGE<br />

-être soumise au lignage 5 - -<br />

-être attachée au lignage 5 - -<br />

-aider assister les mem-<br />

bres du lignage<br />

-participer activement<br />

5 - -<br />

aux évènements interessant<br />

le lignage 5 - -<br />

MERE<br />

une mère dévouée 5 1 travailler pour enfants j 5 -<br />

privilégier intérêts enf. 5 - -<br />

1<br />

mère dégourdie avisée 5 - -<br />

1<br />

EPOUSE<br />

être déférente 1 4 1 -<br />

être respectueuse 4 1 1 1 -<br />

être soumise - 5 -<br />

être fidèle 2 3 -<br />

être résignée - 5 -<br />

TOTAL DES REPONSES 132 50 15 -<br />

1<br />

Nous avons respectivement:<br />

- 50 réponses approbatives<br />

15 réponses approuvant les conduites tolérées.<br />

131-Conduites valor. = Conduites valorisées<br />

Conduites deval.= Conduites dévalorisées<br />

Conduites toI. = Conduites tolérées<br />

132-NOmbre d'approbations.


-152-<br />

-LE MODELE TRADITIONNEL CHEZ<br />

LES 50 ANS ET PLUS RURALES<br />

1<br />

CONDUITES VALORISEES approb. critique rej<strong>et</strong><br />

(<strong>dans</strong> le modèle) nombre nombre nombre<br />

soumission au lignage 4 - -<br />

effacement de l'individu au<br />

profit du groupe 4 - -<br />

participation active à tout<br />

évènement du lignage 5 - -<br />

1<br />

i<br />

obéissance au mari 3<br />

1<br />

2 -<br />

1<br />

entrain, courage, assiduité 5 -<br />

1 1<br />

au travail 1 1<br />

1<br />

-<br />

fécondité 5 - -<br />

1 i<br />

1<br />

réserve <strong>et</strong> r<strong>et</strong>enue en public<br />

effacement devant les hommes 5 -<br />

1<br />

-<br />

1<br />

déférence <strong>et</strong> respect vis à<br />

vis <strong>des</strong> aînés<br />

déférence vis à vis <strong>des</strong><br />

hommes<br />

1<br />

1<br />

5 - -<br />

5 -<br />

1<br />

respect vis à vis <strong>des</strong> hommes 5 - -<br />

TOTAL <strong>des</strong> réponses<br />

1<br />

46 4 0<br />

1<br />

-<br />

soit: - 46 réponses approbatives<br />

- On note 8 réponses critiques.<br />

Nous ne relevons pas non plus de rej<strong>et</strong>s.


-153-<br />

- Les rôles chez les 50 ANS <strong>et</strong> plus rurales<br />

ROLES cond. tol 133 cond.tol cond.dév.<br />

MEMBRE DE LIGNAGE<br />

-être soumise au lignage 5 - -<br />

-être attachée au lignage 5 - -<br />

-aider assister les membres<br />

du lignage<br />

1 1<br />

5 - -<br />

,<br />

-participer activement<br />

aux évènements interesi<br />

1<br />

i<br />

1<br />

sant le lignage<br />

1<br />

5 - -<br />

MERE<br />

une mère dévouée 1 5 1 - -<br />

travailler pour enfants<br />

1<br />

5<br />

1 privilégier intérêts enf. 5<br />

-<br />

1<br />

1<br />

mère dégourdie avisée<br />

1<br />

5<br />

1<br />

- -<br />

EPOUSE<br />

1<br />

1<br />

être déférente 1 5 1 1<br />

être respectueuse<br />

5 - être soumise 2 - 1<br />

être fidèle 5 3 être résignée 2 3 -<br />

TOTAL DES REPONSES l34 59 6<br />

1<br />

-<br />

Soit - 59 réponses approuvant les conduites valorisées<br />

<strong>dans</strong> les rôles traditionnels.<br />

- 6 réponses approuvant les conduites tolérées<br />

1<br />

!<br />

133-Conduites valor. = Conduites valorisées<br />

Conduites deval.= Conduites dévalorisées<br />

Conduites toI. = Conduites tolérées


-154-<br />

PREMIERE SYNTHESE<br />

1- Le modèle traditionnel pour les urbaines sco<strong>la</strong>risées<br />

Pour avoir une image d'ensemble selon les groupes, nous<br />

avons pour le groupe <strong>des</strong> femmes urbaines <strong>et</strong> sco<strong>la</strong>risées, beaucoup<br />

plus de critiques du modèle traditionnel; 61 réponses approuvant<br />

les conduites valorisées <strong>dans</strong> le modèle. Nous avons 36 réponses<br />

rej<strong>et</strong>ant les conduites valorisées. Parmi les conduites<br />

recueil<strong>la</strong>nt le plus d'approbations nous avons respectivement:<br />

1)- Participation active à tout évènement c<strong>la</strong>nique<br />

important - 15 réponses<br />

2)- Déférence <strong>et</strong> respect envers les aînés<br />

- 15 réponses<br />

3)- L'ardeur au travail<br />

- 12 réponses<br />

Parmi les conduites les plus critiquées:<br />

1)- Respect envers les hommes (en général)<br />

15 réponses<br />

2)- L'obéissance au mari<br />

- 14 réponses<br />

3) - La fécondité 135<br />

- 12 réponses<br />

Parmi celles qui sont rej<strong>et</strong>és:<br />

1)- La réserve <strong>et</strong> <strong>la</strong> r<strong>et</strong>enue en public devant les<br />

hommes - 15 réponses<br />

2)- La déférence envers les hommes<br />

- 12'réponses<br />

A propos de <strong>la</strong> soumission au lignage, <strong>et</strong> de l'éffacement de<br />

l'individu au profit du lignage, nous avons pour <strong>la</strong> soumission<br />

<strong>dans</strong> l'ensemble: 5 réponses critiques <strong>et</strong> 6 rej<strong>et</strong>s. Et pour<br />

l'effacement au profit du lignage 7 réponses critiques <strong>et</strong> cinq<br />

rej<strong>et</strong>s.<br />

135_ Nous preC1sons bien qu'est nuance 1ci, non pas le fait<br />

d'être mère mais le fait de faire le plus d'enfants possibles.


-155-<br />

- LE MODELE TRADITIONNEL POUR LES URBAINES SCOLARISEES<br />

CONDUITES VALORISEES approb. critique rej<strong>et</strong><br />

(<strong>dans</strong> le modèle) nombre nombre nombre<br />

soumission au lignage 3 6 6<br />

effacement de l'individu au<br />

profit du groupe 3 7 5<br />

participation active à tout<br />

évènement du lignage 1 15 - -<br />

1<br />

1 1<br />

obéissance au mari 1 1 i 14 1 -<br />

1 1<br />

entrain, courage, assiduité 12<br />

1<br />

i au travail !<br />

1<br />

i<br />

3 -<br />

fécondité 1 3 1 12 -<br />

1 réserve <strong>et</strong> r<strong>et</strong>enue en public<br />

1 :<br />

effacement devant les hommes 1 1 1 1 13<br />

1<br />

déférence<br />

<strong>et</strong> respect vis<br />

à<br />

vis <strong>des</strong> aînés 15 - -<br />

1 déférence vis à vis <strong>des</strong><br />

hommes - 3 12<br />

respect vis à vis <strong>des</strong> hommes - 15 -<br />

TOTAL <strong>des</strong> réponses 1<br />

53<br />

1<br />

61 36<br />

1<br />

1<br />

i<br />

1<br />

Nous avons pour l'ensemble <strong>des</strong> urbaines sco<strong>la</strong>risées:<br />

53 réponses approbatives<br />

- 61 réponses critiques<br />

- 36 réponses de rej<strong>et</strong>s


-156-<br />

LES ROLES CHEZ LES URBAINES SCOLARISEES<br />

Les conduites valorisées <strong>dans</strong> le modèle traditionnel<br />

recueillent <strong>dans</strong> l'ensemble plus d'approbations. Dans le tableau<br />

suivant , 97 réponses approuvant les conduites valorisées, 50<br />

réponses approuvent les conduites tolérées, <strong>et</strong> 48 réponses<br />

approuvent les conduites désaprouvées <strong>dans</strong> le modèle<br />

traditionnel. Nous avons si nous récapitulons les approbations<br />

rôle par rôle:<br />

Membre de lignage<br />

1)- être attachée au lignage - 15 réponses<br />

2)- Participer à tout évènement important du<br />

lignage - 14 réponses<br />

3)- Aider, assister, <strong>et</strong> être solidaire <strong>des</strong> membres<br />

du lignage - 13 réponses<br />

1)- Une mère dévouée pour ses enfants<br />

- 15 réponses<br />

2)- être une mère dégourdie <strong>et</strong> avisée<br />

- 15 réponses<br />

Epouse<br />

1)- être respectueuse<br />

2)- être résignée<br />

8 réponses<br />

4 réponses<br />

Les conduites les plus critiquées sont:<br />

- En ce qui concerne le rôle de membre de lignage<br />

* La soumission au lignage - 8 réponses approuvant<br />

<strong>des</strong> écarts de conduites par rapport aux conduites<br />

valorisées <strong>dans</strong> le modèle.<br />

- Pour le rôle de mère<br />

* Le fait de travailler pour ses enfants - 11 réponses<br />

- Pour le rôle d'épouse<br />

* Etre fidèle - 13 réponses


-157-<br />

Les approbations <strong>des</strong> conduites rej<strong>et</strong>ées <strong>dans</strong> les rôles<br />

traditionnels concernent:<br />

* La soumission au lignage - 4 réponses<br />

* Faire passer les intérêts de l'enfant avant les siens<br />

<strong>dans</strong> <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion conjugale - 7 réponses<br />

c'est le rôle d'épouse qui recueille le plus de rej<strong>et</strong>s:<br />

* être déférente<br />

* être résignée<br />

* être soumise<br />

- 12 réponses<br />

- 11 réponses<br />

7 réponses


-158-<br />

- LES ROLES CHEZ LES URBAINES SCOLARISEES<br />

ROLES cond. tol 136 cond.tol cond.dév.<br />

MEMBRE DE LIGNAGE<br />

1<br />

-être soumise au lignage 3 8 4<br />

! -être attachée au lignage 15 - -<br />

i<br />

-aider assister les membres<br />

du lignage 13 2 -<br />

1 -participer activement 1<br />

aux évènements interes-<br />

1<br />

sant le lignage 14 1 -<br />

1<br />

MERE<br />

1<br />

1 une mère dévouée 1 15 - -<br />

Il travailler pour enfants<br />

1<br />

- 11<br />

4<br />

H<br />

1<br />

privilégier intérêts enf. 4 4 7<br />

1<br />

1 mère dégourdie avisée 1 15 - -<br />

~<br />

EPOUSE 1 1<br />

déférente 1 2 1 1 12<br />

<strong>et</strong>re respectueuse 1 8<br />

1<br />

5 2<br />

être soumise 3<br />

1<br />

5 7<br />

être fidèle 1 13 1<br />

être résignée 4 1 - 11<br />

!~tre<br />

TOTAL DES REPONSES 137 97 50 48<br />

Nous avons pour l'ensemble <strong>des</strong> urbaines sco<strong>la</strong>risées:<br />

- 97 approbations <strong>des</strong> conduites valorisées<br />

- 50 approbations <strong>des</strong> conduites tolérées<br />

- 48 approbations <strong>des</strong> conduites dévalorisées<br />

Puis pour le rôle d'épouse qui recueille le plus de rej<strong>et</strong>s<br />

respectivement:<br />

- être déférente<br />

- être résignée<br />

être soumise<br />

12 réponses<br />

11 réponses<br />

7 réponses<br />

136-Conduites valor. = Conduites valorisées<br />

Conduites deval.= Conduites dévalorisées<br />

Conduites toI. = Conduites tolérées<br />

137-NOmbre d'approbations.


1<br />

courage,<br />

- LE MODELE TRADITIONNEL POUR LES NON SCOLARISEES URBAINES<br />

-159-<br />

CONDUITES VALORISEES approb. critique rej<strong>et</strong><br />

(<strong>dans</strong> le modèle) nombre nombre nombre<br />

soumission au lignage 10 5 -<br />

effacement de l'individu au<br />

profit du groupe 11 3 1<br />

participation active à tout 1<br />

évènement du lignage 15 - -<br />

, 1<br />

i<br />

!<br />

obéissance au mari 1 1 13<br />

1<br />

1<br />

entrain, assiduité : 10<br />

5 , -<br />

au travail 1<br />

1<br />

fécondité 1 12<br />

1<br />

3 1<br />

1<br />

1<br />

- i<br />

Il réserve <strong>et</strong> r<strong>et</strong>enue en public<br />

1 1 1<br />

1 1 1<br />

déférence <strong>et</strong> respect vis à 1 1<br />

vis <strong>des</strong> aînés<br />

15 1 - -<br />

déférence vis à vis <strong>des</strong><br />

1<br />

1<br />

i hommes<br />

10 2 3<br />

1<br />

respect vis à vis <strong>des</strong> hommes 1 6 7 2<br />

TOTAL <strong>des</strong> réponses 1 99 1 43 8<br />

1<br />

,<br />

Pour l'ensemble <strong>des</strong> urbaines non sco<strong>la</strong>risées:<br />

- 99 réponses approuvant les conduites valorisées<br />

- 43 réponses critiques<br />

8 réponses de rej<strong>et</strong>s


-160-<br />

LE MODELE CHEZ LES NON SCOLARISEES URBAINES<br />

Dans ce groupe, les réponses approuvant les conduites<br />

valorisées <strong>dans</strong> le modèle sont les plus fortes 99 contre, 43<br />

critiques <strong>et</strong> 8 rej<strong>et</strong>s. Parmi les conduites les plus approuvées<br />

nous avons :<br />

1)- Participation active à tout évènement c<strong>la</strong>nique important<br />

- 15 réponses<br />

2)- La déférence <strong>et</strong> le respect envers les aînés<br />

15 réponses<br />

3)- La fécondité - 12 réponses<br />

4)- L'éffacement de l'individu au profit du lignage<br />

- 11 réponses<br />

5)- La soumission au lignage, l'ardeur au travail, <strong>la</strong><br />

déférence envers les hommes.<br />

- 10 réponses<br />

Parmi les conduites les plus critiquées nous avons:<br />

1)- L'obéissance au mari - 13 réponses<br />

2)- Le respect envers les hommes - 7 réponses<br />

Puis viennent: respectivement :<br />

3)- La soumission au lignage, l'ardeur au travail, réserve<br />

<strong>et</strong> r<strong>et</strong>enue en public devant les hommes.<br />

- 5 réponses<br />

Les rej<strong>et</strong>s sont faibles:<br />

1)- Déférence envers les hommes - 3 réponses<br />

2)- Respect envers les hommes<br />

3)- Obéissance au mari<br />

4)- Effacement de l'individu<br />

- 2 réponses<br />

1 réponse<br />

- 1 réponse


-161-<br />

- LES ROLES CHEZ LES NON SCOLARISEES URBAINES<br />

ROLES cond. tol 138 cond.tol cond.dév.<br />

MEMBRE DE LIGNAGE<br />

-être soumise au lignage 11 3 1<br />

! -être attachée au lignage 14 1 -<br />

-aider assister les membres<br />

du lignage 14 1 -<br />

-participer activement<br />

aux évènements interesk<br />

sant le lignage 14 1 -<br />

1<br />

MERE<br />

1 1 1<br />

une mère dévouée 1 15<br />

j<br />

- 1 -<br />

ij travailler pour enfants i 9 i 6 -<br />

1<br />

privilégier intérêts enf. 10 4 1<br />

1<br />

mère dégourdie avisée 14 1 -<br />

1<br />

~<br />

1<br />

EPOUSE<br />

1 1<br />

1<br />

être déférente 12 1 - 3<br />

1 être respectueuse 12 3 -<br />

être soumise 4 10 1<br />

être fidèle 7 7 1<br />

1 être résignée 9 2 4<br />

1<br />

1<br />

TOTAL DES REPONSES 139 145 39 11<br />

1<br />

1<br />

Pour l'ensemble <strong>des</strong> non sco<strong>la</strong>risées urbaines nous avons en<br />

ce qui concerne les rôles:<br />

- 145 approbations <strong>des</strong> conduites valorisées<br />

39 approbations <strong>des</strong> conduites tolérées<br />

11 approbations <strong>des</strong> conduites dévalorisées<br />

138-Conduites valor. = Conduites valorisées<br />

Conduites deval.= Conduites dévalorisées<br />

Conduites toI. = Conduites tolérées<br />

I39-NOmbre<br />

d'approbations.


-162-<br />

Ici comme pour le modèle, les approbations <strong>des</strong> conduites<br />

valorisées <strong>dans</strong> le modèle sont plus nombreuses. parmi les<br />

conduites les plus approuvées :<br />

Membre de lignage<br />

1)- être attaché au lignage<br />

2)- aider, assister<br />

3)- Participer activement<br />

4)- être soumise au lignage<br />

- 14 réponses<br />

- 14 réponses<br />

- 14 réponses<br />

- 11 réponses<br />

1)- être une mère dévouée<br />

2)- être une mère dégourdie<br />

3)- faire passer les intérêts<br />

de l'enfant avant les siens<br />

4)- Travailler pour ses enfants<br />

15 réponses<br />

14 réponses<br />

- 10 réponses<br />

9 réponses<br />

Epouse<br />

1)- être déférente<br />

2)- être respectueuse<br />

3)- être résignée<br />

- 12 réponses<br />

- 12 réponses<br />

9 réponses<br />

Quant aux conduites tolérées, le nombre de réponses le plus<br />

élevé concerne les conduites renvoyant au rôle d'épouse:<br />

1)- être soumise<br />

2)- être fidèle<br />

10 réponses<br />

7 réponses<br />

Dans le rôle de mère on relève:<br />

1)- Travailler pour ses enfants<br />

- 6 réponses<br />

Parmi les conduites dévalorisées approuvées,<br />

<strong>dans</strong> le rôle d'épouse:<br />

nous trouvons<br />

1)- être résignée<br />

2)- être déférente<br />

- 4 réponses<br />

- 3 réponses


-163-<br />

- LE MODELE TRADITIONNEL CHEZ LES RURALES<br />

(LES 20/25 ET 30/35)<br />

i CONDUITES VALORISEES approb. critique rej<strong>et</strong><br />

1 (<strong>dans</strong> le modèle) nombre nombre nombre<br />

1<br />

!<br />

soumission au lignage 10 - -<br />

effacement de l'individu au<br />

profit du groupe 10 - -<br />

participation active à<br />

tout<br />

II évènement du lignage 10 - -<br />

!<br />

1<br />

au mari<br />

1<br />

4 1 6 -<br />

obéissance<br />

i<br />

entrain, assiduité 1 10<br />

1 au travail i<br />

1<br />

courage, - -<br />

fécondité 10 - -<br />

réserve <strong>et</strong> r<strong>et</strong>enue en public<br />

effacement devant les hommes 3 7 -<br />

déférence <strong>et</strong> respect vis à<br />

vis <strong>des</strong> aînés 10 - -<br />

déférence vis à vis <strong>des</strong><br />

hommes 8 2 -<br />

1<br />

respect vis a vis <strong>des</strong> hommes 4 6 -<br />

1<br />

TOTAL <strong>des</strong> réponses 1 79<br />

1<br />

21 1 0<br />

Approbations :79 réponses sur l'ensemble<br />

critiques<br />

:21 réponses sur l'ensemble<br />

LE MODELE TRADITIONNEL CHEZ LES RURALES<br />

Nous avons ici 79 approbations, 21 critiques, <strong>et</strong> pas de<br />

rej<strong>et</strong>s <strong>des</strong> conduites valorisées <strong>dans</strong> le modèle. les conduites Les<br />

plus approuvées, ce sont pratiquement 6 sur les 10 conduites de<br />

l'ensemble. Sont nuancées ou critiquées:<br />

l'obéïssance au mari<br />

- La réserve<br />

- Le respect envers les hommes<br />

- La déférence<br />

- 6 réponses critiques<br />

7 réponses critiques<br />

- 6 réponses critiques<br />

- 2 réponses critiques


-164-<br />

- LES ROLES POUR LES RURALES<br />

RûLES 1 cond. tol 140 1 cond. tol cond.dév.<br />

l ,<br />

MEMBRE DE LIGNAGE<br />

1 1<br />

-être soumise au lignage 1 10 i - -<br />

-être attachée au lignage 10 -<br />

i<br />

-<br />

i -aider assister les membres<br />

du lignage<br />

1<br />

1<br />

1<br />

10 -<br />

-<br />

1 -participer activement<br />

i<br />

1<br />

aux évènements interessant<br />

le lignage<br />

1 1<br />

10 - -<br />

1<br />

i MERE<br />

1<br />

1<br />

i une mère dévouée<br />

10 - -<br />

travailler pour enfants<br />

1<br />

10 - -<br />

1<br />

il privilégier intérêts enf. 10 - -<br />

1<br />

~I mère dégourdie avisée i 10 - -<br />

1<br />

~<br />

EPOUSE i 1<br />

être déférente 1 8 1 2 1 -<br />

~ 1<br />

être respectueuse<br />

1<br />

8 2 1 -<br />

~ - 1 1 1<br />

<strong>et</strong>re soumlse<br />

1<br />

9<br />

-<br />

être fidèle<br />

~ être reslgnée<br />

5<br />

2<br />

5<br />

8<br />

1<br />

104<br />

26<br />

1<br />

Nous avons respectivement: - 104 approbations <strong>des</strong> conduites<br />

valorisées<br />

- 26 approbations <strong>des</strong> conduites<br />

tolérées<br />

LES RûLES CHEZ LES RURALES<br />

Les réponses concernant les rôles de membre de lignage <strong>et</strong><br />

de mère, approuvent toutes les conduites valorisées <strong>dans</strong> les<br />

rôles traditionnels. Sont nuancées, les conduites concernant le<br />

rôle d'épouse:<br />

1<br />

- être déférente<br />

- être resepctueuse<br />

être soumise<br />

- être fidèle<br />

- être résignée<br />

- 8 approbations <strong>et</strong> 2 critiques<br />

- 8 approbations <strong>et</strong> 2 critiques<br />

~ 1 approbation <strong>et</strong> 9 critiques<br />

- 5 approbations <strong>et</strong> 5 critiques<br />

- 2 approbations <strong>et</strong> 8 critiques<br />

HO-Conduites valor.= Conduites valorisées<br />

Conduites deval.= Conduites dévalorisées<br />

Conduites toI. = Conduites tolérées<br />

Hl-NOmbre d'approbations.


-165-<br />

- LES HOMMES ET LE MODELE TRADITIONNEL FEMININ<br />

( LES 20/25 URBAINS)<br />

CONDUITES VALORISEES approb. critique rej<strong>et</strong><br />

(<strong>dans</strong> le modèle) nombre nombre nombre<br />

soumission au lignage - 2 3<br />

effacement de l'individu au<br />

1<br />

profit du groupe - 5 -<br />

1<br />

participation active à tout<br />

i évènement du lignage 4 1 -<br />

1 1<br />

1<br />

1 obéissance au mari 5<br />

1<br />

-<br />

1<br />

~<br />

1<br />

1<br />

1<br />

-<br />

courage,<br />

1<br />

- -<br />

entrain, assiduité 5<br />

1<br />

au travail<br />

fécondité - 5 -<br />

réserve <strong>et</strong> r<strong>et</strong>enue en public<br />

effacement devant les hommes 1 -<br />

1<br />

, - 5<br />

déférence <strong>et</strong> respect vis à<br />

vis <strong>des</strong> aînés 4 1 -<br />

déférence vis à vis <strong>des</strong><br />

hommes 2 1 2<br />

respect vis à vis <strong>des</strong> hommes 2 2 1 i<br />

TOTAL <strong>des</strong> réponses ! 22 ! 16<br />

Nous avons<br />

-22 approbations <strong>des</strong> conduites valorisées <strong>dans</strong><br />

le modèle<br />

- 16 critiques <strong>des</strong> ocnduites valorisées <strong>dans</strong><br />

le modèle<br />

- 12 rej<strong>et</strong>s<br />

1<br />

1<br />

12<br />

1


-166-<br />

LES HOMMES ET LE MODELE TRADITIONNEL FEMININ<br />

Il était intéressant de voir ce que pensait les jeunes<br />

hommes de 20/25 ans urbanisés <strong>et</strong> sco<strong>la</strong>risés du· modèle féminin<br />

traditionnel. 22 réponses approuvent les conduites valorisées<br />

<strong>dans</strong> le modèle, 16 réponses critiques <strong>et</strong> 12 rej<strong>et</strong>s. Les conduites<br />

les plus approuvées <strong>dans</strong> le modèle sont respectivement:<br />

L'obéïssance au mari<br />

L'ardeur au travail<br />

- Participation active ..<br />

Déférence envers les aînés<br />

5 réponses<br />

- 5 réponses<br />

- 4 réponses<br />

- 4 réponses<br />

Parmi les conduites les plus critiqués nous avons:<br />

L'éffacement de l'individu<br />

- La fécondité<br />

5 réponses<br />

- 5 réponses<br />

Sont rej<strong>et</strong>és:<br />

- La réserve 5 réponses<br />

- La soumission au lignage 3 réponses<br />

- La déférence envers les hommes - 2 réponses


-167-<br />

- LES HOMMES ET LES ROLES FEMININS<br />

ROLES cond.tol 142 cond.tol cond.dév.<br />

MEMBRE DE LIGNAGE<br />

-être soumise au lignage - 4 1<br />

-être attachée au lignage 5 - -<br />

-aider assister les membres<br />

du lignage 4 1 -<br />

-participer activement<br />

1<br />

aux évènements interessant<br />

le lignage 5 - -<br />

MERE<br />

une mère dévouée 5 - -<br />

travailler pour enfants<br />

1<br />

2 3 privilégier intérêts enf. 5 - -<br />

mère dégourdie avisée 5 - -<br />

EPOUSE<br />

être déférente 1 1 2 2<br />

être respectueuse 1 1 4 être soumise<br />

5 -<br />

1<br />

être fidèle 5 - être résignée 1 4 -<br />

1 TOTAL DES REPONSES 143 1 44 18 3<br />

Soit<br />

- 44 approbations <strong>des</strong> conduites valorisées <strong>dans</strong> les<br />

rôles.<br />

- 18 approbations <strong>des</strong> conduites valorisées <strong>dans</strong> les<br />

rôles.<br />

3 approbations <strong>des</strong> conduites valorisées <strong>dans</strong> les<br />

rôles.<br />

142-Conduites valor.= Conduites valorisées<br />

Conduites deval.= Conduites dévalorisées<br />

Conduites toI. = Conduites tolérées<br />

143-NOmbre d'approbations.


-168-<br />

LES ROLES FEMININS CHEZ LES HOMMES<br />

sont approuvés pour le rôle de:<br />

Membre de lignage<br />

Membre de lignage<br />

La participation<br />

L'assistance <strong>et</strong> l'aide aux membres<br />

5 réponses<br />

5 réponses<br />

4 réponses<br />

Mère dévouée<br />

- Faire passer les intérêts de l'enfant..<br />

- être une mère dégourdie<br />

5 réponses<br />

5 réponses<br />

- 5 réponses<br />

Epouse<br />

- La soumission<br />

- La fidélité<br />

5 réponses<br />

- 5 réponses<br />

Sont nuancés:<br />

- La soumission au lignage<br />

Travailler pour ses enfants ( les jeunes<br />

hommes estime que ce rôle revient au père<br />

<strong>la</strong> mère ne faisant qu'aider)<br />

- Le respect (il doit être réciproque)<br />

- La résignation<br />

Sont rej<strong>et</strong>és:<br />

- La soumission au lignage<br />

- La déférence<br />

1 rej<strong>et</strong><br />

- 2 rej<strong>et</strong>s


-169-<br />

LES CONFLITS OU TENSIONS GROUPE PAR GROUPE<br />

Nous avons déjà soul igné <strong>dans</strong> le passage précédant <strong>la</strong><br />

présentation <strong>des</strong> résultats au modèle <strong>et</strong> rôles traditionnels, <strong>la</strong><br />

nécessité que nous avions eu à »coller» au contenu, <strong>et</strong> ceci va<br />

être illustré ici par <strong>la</strong> présentation <strong>des</strong> conflits ou tensions<br />

évoqués, présentation à partir de <strong>la</strong>quelle sera dégagé ce que<br />

nous appelons le coût psychologique.<br />

Nous interessait, non seulement le type de conflits, mais<br />

également, <strong>la</strong> manière, le ton, l'intensité <strong>des</strong> propos receuillis.<br />

Aussi avons-nous pensé plus significatif de présenter <strong>des</strong><br />

fragments de discours caractérisant les tensions ou conflits <strong>dans</strong><br />

chaque groupe, car c'est précisément sur ceux-ci que nous nous<br />

baserons pour étayer nos explications.<br />

Nous nous proposons <strong>dans</strong> c<strong>et</strong>te grille de voir <strong>dans</strong> quelle<br />

re<strong>la</strong>tion se situent les confl i ts ou tensions, avec qui les<br />

raisons de ceux-ci, <strong>et</strong> enfin les issues de ces tensions, <strong>et</strong> leur<br />

mode de résolution.<br />

Comment lire c<strong>et</strong>te grille Les chiffres qui sont à gauche<br />

( 1, 2... ) correspondent respect i vement aux personnes intérrogées.<br />

Dans chaque groupe, l'étendue <strong>des</strong> grilles dépendra d'autre part<br />

du volume <strong>des</strong> contenus de chaque fragment considéré. Les<br />

activités seront précisées <strong>dans</strong> les sous-groupes où les femmes<br />

exercent une activité; qu'elles soient modernes ou<br />

traditionnelles. Quand bien même peu de conflits étaient évoqués,<br />

nous avons jugé utile de les relever.<br />

Seront présenté successivement:<br />

- Les 20/25 attribuent les conflits à, <strong>et</strong> les situent au<br />

niveau du.. ( Ce premier intitulé s'explique par le fait que <strong>la</strong><br />

plupart <strong>des</strong> membres de ce sous-groupe ne vivent pas encore<br />

réellement les conflits évoqués).<br />

- Puis viendra les 30/35 <strong>et</strong> les conflits, les 40/45 <strong>et</strong>c...<br />

- Nous intéresserons ensuite aux conflits <strong>des</strong> non<br />

sco<strong>la</strong>risées urbaines, pour finir par les rurales.


LES URBAINES ET LES CONFLITS OU TENSIONS<br />

LES 20/25 attribuent leurs conflits à ...<br />

<strong>et</strong> les situent au niveau de...<br />

-170-<br />

1<br />

1 tensions avec qui 1 pourquoi mode de résolution<br />

âge<br />

i<br />

activité<br />

1<br />

i<br />

i<br />

i<br />

! ~<br />

1 1 epoux -pas de respect mutuel. -Infidélité de part<br />

!<br />

1 -La femme manifeste le <strong>et</strong> d'autre dû à l'indésir<br />

d'être au même satisfaction ou à <strong>la</strong><br />

1<br />

1 pied d'égalité que son curiosité.<br />

1<br />

1 1<br />

époux, surtout si elle -Instabilité, divorce<br />

1 1 travaille.<br />

1<br />

2 conjoint l ~h· -Instabilité<br />

1<br />

1 - ncompre enS10n <strong>des</strong> 1 divorce<br />

Il 1 i deux conjoints. 1<br />

1<br />

1 -Manq<br />

ue de considéra- i<br />

1 t·<br />

~ i<br />

10n e t d e respect<br />

1 1<br />

~<br />

3<br />

1<br />

couples (-Dégradation de <strong>la</strong> si- l<br />

~ 1 actuels 1 tuation économique qui<br />

ij 1 pousse les hommes à se 1<br />

~ 1<br />

1<br />

marier avec <strong>des</strong>l.femmes<br />

1 1<br />

1<br />

qui travaillent<br />

1<br />

~<br />

1 1<br />

1<br />

4 1 -Avec <strong>la</strong> -Désir de contrôler I-Réaction de <strong>la</strong> femme<br />

1 famille du leur membre, de con- 1 en accord avec le<br />

1<br />

i mari trôler surtout ses 1 conjoint vis à vis de<br />

1 biens, ce qui va à <strong>la</strong> famille. Affirma-<br />

1 l'encontre <strong>des</strong> intérêts tion du couple comme<br />

1<br />

! ! <strong>des</strong> conjoints. 1 unité<br />

I 1<br />

1<br />

~<br />

i<br />

1<br />

i! i 1<br />

5 1 les cou-<br />

~<br />

1 -Les uns se marient par<br />

1 pIes ! intérêt, les autres par<br />

1 actuels ne lIa coni1rainte <strong>des</strong> pasont<br />

pas rents.<br />

1 bien 1<br />

i<br />

1<br />

1<br />

143_ Certains hommes divorcent pour épouser <strong>des</strong> femmes qui<br />

travaillent.<br />

144_ Le mariage par intérêt est entendu ici comme un mariage<br />

qui ne repose pas sur l'amour, mais sur l'intérêt soit de <strong>la</strong><br />

femme qui veut épouser un homme ayant une bonne situation, ou<br />

l'homme vou<strong>la</strong>nt épouser une femme ayant de bons revenus.


-171-<br />

Pour ce premier groupe, les 20/25. il s'agissait plutôt de savoir à<br />

quoi les personnes intérrogées attribuaient les tensions <strong>dans</strong> les couples<br />

actuellement. Quatre <strong>des</strong> personnes de ce sous-groupe sont célibataires,<br />

elles sont cependant toutes fiancées.<br />

<strong>la</strong> seule personne mariée l'est depui s peu, <strong>et</strong> n'a pas évoquée de<br />

conflits notables avec le conjoint, mais plutôt avec <strong>la</strong> belle famille.<br />

Aussi pouvons nous dire qu'ici, les confl i ts ont lieu surtout avec le<br />

conjoint, (compagnon, fiancé) ou ont lieu <strong>dans</strong> les couples, que les raisons<br />

de ces conflits ou tensions sont respectivement:<br />

- Le manque de respect mutuel<br />

- Le désir d'indépendance de <strong>la</strong> femme qui travaille<br />

- Le mariage par intérêt ou par contrainte<br />

- L'incompréhension <strong>des</strong> deux conjoints<br />

Le désir de <strong>la</strong> belle famille de contrôler les biens du mari


LES 30/35 SCOLARISEES SALARIEES URBAINES ET LEURS CONFLITS<br />

-172-<br />

tensions<br />

âge<br />

1 activité<br />

1)31 ans<br />

sécrétaire<br />

divorcée<br />

!<br />

1 avec qui<br />

1) 31 ans (suite)<br />

1<br />

Iles<br />

' hom~es<br />

( marlOU<br />

1 TOKOBE<br />

!<br />

1<br />

1<br />

pourquoi<br />

<strong>la</strong> femme est en<br />

ce moment l'obj<strong>et</strong><br />

de l'homme qui en<br />

fait ce qu'il<br />

veut.<br />

Il yale désir<br />

de l'homme de con<br />

trôler les biens<br />

l'argent de sa<br />

femme.<br />

il ne veut rendre<br />

aucun compte de<br />

ses sorties à sa<br />

femme c'est injus<br />

te!<br />

il est infidèle<br />

peu compréhensif.<br />

il ne s'occupe<br />

pas <strong>des</strong> enfants.<br />

les hommes n'ont<br />

1 aucun tact.<br />

'1 ls pre~ f' erent<br />

Ientr<strong>et</strong>enir <strong>des</strong><br />

femmes en dehors<br />

du foyer plutôt<br />

que de s'ocuuper<br />

de sa femme.<br />

L'homme n'a pas<br />

changé sinon en<br />

1 pire, <strong>et</strong> de plus<br />

1 il ne fait aucun<br />

effort pour<br />

changer.<br />

mode de<br />

résolution<br />

"J'ai été mariée<br />

une 1ere fois,<br />

j'en avais tellement<br />

assez que<br />

je suis partie,<br />

1 il ne vou<strong>la</strong>i t<br />

,pas dépenser,<br />

plus le reste!<br />

l Après, j'ai<br />

vécue avec un<br />

1 autre TOKOBE 5<br />

1<br />

1<br />

1<br />

1<br />

qui vient chez<br />

moi de temps en<br />

temps. Je ne<br />

pense pas encore<br />

aller m'embêter<br />

chez un homme.<br />

s'il veut, il<br />

vient chez moi<br />

de temps en<br />

temps à partir<br />

du moment où il<br />

ne me contrôle<br />

pas, ça va.<br />

145_ TOKOBE: traduit du LARI, signifie "restons ensemble"<br />

mais avec une idée renvoyant à une re<strong>la</strong>tion temporaire, c'est en<br />

quelque sorte l'équivalent du concubin. Le terme est nouveau, ou<br />

du moins le type de re<strong>la</strong>tion qu'il sous entend, "restons<br />

ensemble, le temps que ce<strong>la</strong> dure", étant entendu qu'il n'y a pas<br />

d'engagement de part <strong>et</strong> d'autre, <strong>et</strong> que les deux partenaires<br />

peuvent cesser <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion quand ils le souhaitent.


p<strong>la</strong>ns<br />

-173-<br />

LES 30/35 SCOLARISEES SALARIEES URBAINES<br />

(suite)<br />

tensions avec qui pourquoi mode de<br />

âge<br />

résolution<br />

activité<br />

2)30 ans 1 les cou- il y a infidélité Je suis partie<br />

sécrétaire pIes sont <strong>des</strong> deux côtés après avoir su<br />

mariée en crise surtout <strong>des</strong> hom que mon mari entrès<br />

peu mes qui ont peu 1 tr<strong>et</strong>enait <strong>la</strong>rgesont<br />

équi de respect pour ment sa maîtreslibrés<br />

le leurs femmes <strong>et</strong> se <strong>et</strong> après <strong>des</strong><br />

reste en n'ont plus aucun scènes publiques<br />

crise! sens moral. avec celle-ci.<br />

1<br />

Les hommes n'ont Il est venu par<br />

plus qu'un seul <strong>la</strong> suite me de-<br />

I<br />

souci dominer é- mander de reven-<br />

1 1<br />

1craser leurs fem- nir. Je suis rel<br />

mes faire voir venue mais bien<br />

qu'ils sont les décidée à ne pas<br />

maîtres sur tous me <strong>la</strong>isser fai-<br />

1<br />

1 les p<strong>la</strong>ns ! re.<br />

i 1<br />

De plus ils pro- Quand je peux<br />

1<br />

fitent de l'ar- j'ai aussi <strong>des</strong><br />

gent de <strong>la</strong> femme aventures en ce<br />

1<br />

pour le di<strong>la</strong>pider moment je consavec<br />

d'autres. truis ma maison<br />

1<br />

1<br />

Ils n'ont plus <strong>et</strong> je prépare<br />

1<br />

aucun sens <strong>des</strong> ma r<strong>et</strong>raite<br />

1<br />

responsabilités. au cas où<br />

1 1 ,j'aurais envie<br />

i<br />

1<br />

1 Ils sont égoïstes de repartir ce<br />

1 sur tous les<br />

1 1 sera pour de bon<br />

1 y compris c<strong>et</strong>te fois!<br />

1<br />

1 sur le p<strong>la</strong>n se-<br />

1<br />

1<br />

1<br />

I xuel Je suis revenue<br />

1<br />

1<br />

i<br />

1surtout à cause<br />

i<br />

1<br />

de <strong>la</strong> pression<br />

<strong>des</strong> parents <strong>et</strong><br />

aussi parceque<br />

mon mari a changé<br />

d'attitude.<br />

Autrement dit<br />

il ne faut pas<br />

se <strong>la</strong>isser faire


il· M<br />

-174-<br />

LES 30/35 SCOLARISEES SALARIEES URBAINES (suite)<br />

tensions<br />

âge<br />

activité<br />

avec qui<br />

pourquoi<br />

mode de<br />

résolution<br />

1 1) 33 ans<br />

sécrétaire<br />

célibatai-<br />

1<br />

~ re<br />

~<br />

4)34 ans<br />

institui<br />

trice<br />

~ mariée<br />

il<br />

Il<br />

~<br />

1<br />

1<br />

1<br />

1 les cou-<br />

1 pIes<br />

1<br />

1<br />

1<br />

\<br />

1 les cou-<br />

1 pIes sont<br />

1 en crise<br />

1<br />

1<br />

1<br />

1<br />

1<br />

1<br />

1<br />

1<br />

1<br />

1<br />

i<br />

parcequ'il y a<br />

le problème de <strong>la</strong><br />

transition entre<br />

<strong>la</strong> tradition <strong>et</strong><br />

<strong>la</strong> modernité.<br />

1<br />

i<br />

1<br />

1 Il n' y a pas de<br />

cohésion chacun<br />

pour soi ou pour<br />

sa famille.<br />

Je n'ai pas<br />

encore de<br />

problèmes particuliers<br />

n'étant<br />

pas encore<br />

1<br />

1 mariée.<br />

i<br />

., ,.<br />

01 Je n al pas<br />

1 de problèmes<br />

1 vraiment graves<br />

mais je fais<br />

1 tout pour avoir<br />

1 ma maison ma<br />

: voiture après<br />

tout l'important<br />

maintenant c'est<br />

1 d'avoir été ma<br />

1 riée <strong>et</strong> d'avoir<br />

,<strong>des</strong> enfants<br />

1 après <strong>la</strong> femme<br />

1 se repose <strong>et</strong> mè­<br />

1 ne <strong>la</strong> Vle qu'el<br />

le veut.


-175-<br />

Il 5) 35 ans Surtout<br />

il jardinière les<br />

Il (garderie couples<br />

~I. d'enfant)<br />

~ TOKOBE<br />

il<br />

il<br />

Il<br />

il<br />

Il<br />

:1<br />

Il<br />

Il<br />

li<br />

Il<br />

Il<br />

li<br />

~<br />

il<br />

'1<br />

li<br />

Il<br />

,1<br />

ii<br />

'1<br />

il<br />

'i<br />

II<br />

Il<br />

Il<br />

,1<br />

l'homme a <strong>des</strong><br />

maîtresses <strong>et</strong> les<br />

femmes suivent ce<br />

qui est récent du<br />

fait de <strong>la</strong> femme.<br />

La femme est de<br />

moins en moins<br />

femme au foyer.<br />

Les femmes bougent<br />

elles recherchent<br />

l'autonomie<br />

elles sont<br />

actives elles<br />

réagissent.<br />

Il y en a qui<br />

exagèrent qui<br />

pensent trop à<br />

1 elles. elles dei<br />

vraient tenir<br />

compte <strong>des</strong> enfants<br />

<strong>et</strong> s'occuper<br />

de leur ménage<br />

!<br />

j'estime avoir<br />

de <strong>la</strong> chance car<br />

j'ai une re<strong>la</strong>tion<br />

qui me<br />

<strong>la</strong>isse beaucoup<br />

de liberté je<br />

m'estime avantagée<br />

par rapport<br />

à certaines femmes.<br />

~<br />

~<br />

~<br />

ij<br />

Il<br />

ii<br />

'1<br />

li<br />

Il<br />

Il<br />

:1<br />

il<br />

il<br />

Il<br />

il<br />

Il<br />

II<br />

;1<br />

II<br />

Il<br />

Il<br />

1<br />

REMARQUES:<br />

Dans ce groupe, une personne est célibataire. Il faut<br />

souligner en passant que si on se refère à <strong>la</strong> tradition, ou même<br />

au contexte actuel c<strong>et</strong>te personne n'est pas célibataire, mais<br />

seulement une personne qui n'a pas encore eu <strong>la</strong> chance de se<br />

marier. Une autre <strong>des</strong> personnes de ce sous-groupe vitune<br />

re<strong>la</strong>tion de type "TOKOBE" (voir note). Deux sont mariées <strong>et</strong> une<br />

divorcée. Elles ont toutes sauf <strong>la</strong> célibataire, vécues les<br />

problèmes exprimés.


-176-<br />

Il a semblé intéressant de regrouper les réponses<br />

simi<strong>la</strong>ires sous une sorte de rubrique perm<strong>et</strong>tant de récapituler<br />

toutes les réponses. Les réponses brutes nous semb<strong>la</strong>nt plus<br />

s igni f icat ives. Les termes caractérisant les conflits ne sont pas<br />

de nous mais <strong>des</strong> personnes intérrogées.<br />

1) Conflits avec qui<br />

- Avec les hommes que ce soit le mari, ou le concubin.<br />

- Dans les couples - entre conjoints.<br />

2) Conflits pourquoi<br />

- Désir de l'homme de vouloir "contrôler" sa femme de<br />

régner en maître.<br />

- Désir de l'homme de vouloir contrôler les biens de sa<br />

femme.<br />

- Infidélité <strong>et</strong> inconduite <strong>des</strong> hommes<br />

- Incompréhension <strong>des</strong> hommes<br />

- Désintérêt <strong>des</strong> hommes pour leurs enfants<br />

- Recherche d'autonomie de <strong>la</strong> femme<br />

- Excès chez certaines femmes <strong>et</strong> négligence de leurs<br />

devoirs.<br />

3) Mo<strong>des</strong> de résolution<br />

- Divorce<br />

- Rupture ou séparation momentanée<br />

- Re<strong>la</strong>tion de couple vécue sur le mode intérimaire.<br />

Nous relevons si nous interessons au pourquoi <strong>des</strong> conflits<br />

ou tensions, le désir de l'homme de vouloir contrôler <strong>la</strong> femme,<br />

ou les gains de celle-ci. Vient ensuite l'infidélité <strong>et</strong><br />

l' inconduite <strong>des</strong> hommes, l'incompréhension. Il n' y a qu'une seule<br />

personne qui estime que les hommes ne s'occupent pas assez de<br />

leurs enfants.<br />

Nous pouvons donc dire ici que les causes de conflits<br />

renvoient respectivement au désir d'indépendance de <strong>la</strong> femme, à<br />

une revendication au niveau d'un vécu de couple différent, une<br />

revendication au niveau <strong>des</strong> loisirs, <strong>et</strong> à une conception<br />

différente de <strong>la</strong> sexualité conçue non seulement comme un devoir<br />

mais comme un p<strong>la</strong>isir.


-17ï-<br />

Les conflits, les tensions sont plus centrés <strong>dans</strong> ce groupe<br />

sur les besoins, <strong>et</strong> désirs de <strong>la</strong> femme en tant qu'individu. Les<br />

doléances concernant les hommes sont longues. Une seule personne<br />

parmi les personnes intérrogées estime que certaines femmes<br />

exagèrent, <strong>et</strong> c'est celle qui est engagée elle-même <strong>dans</strong> une<br />

re<strong>la</strong>tion qu'elle estime satisfaisante.<br />

D'autre part, pour ce sous-groupe l'inconduite masculine<br />

est presque lIn fait exprès: "Les hommes n'ont pas changés sinon<br />

en pire! <strong>et</strong> de plus, il ne font pas d'efforts pour changer !".<br />

l~' est auss i <strong>dans</strong> ce sous-groupe qu' apparaî t l'opinion selon<br />

<strong>la</strong>quelle. de toute les facons: "L'essentiel est d'avoir été<br />

mariée <strong>et</strong> d'avoir eu <strong>des</strong> enfants ".<br />

Est souligné aussi le désir <strong>et</strong> <strong>la</strong> volonté chez <strong>la</strong> femme<br />

sa<strong>la</strong>riée de ~érer ses gains, notamment pour construire une<br />

maison. ach<strong>et</strong>er une voiture ou avoir d'autres biens. Celle qui<br />

estime pouvoir subvenir à ses besoins n'hésite pas à divorcer.<br />

Quant aux issues <strong>des</strong> tensions, on ne se "résigne pas", ou<br />

si on le fait, on "s'arrange pour se rattraper", soit en étant<br />

aussi infidèle, soit en se garantissant les moyens de pouvoir<br />

réag i r. Souli!Snons auss i que les femmes prennent ic i plus<br />

l'initiative. là où <strong>la</strong> femme proche <strong>des</strong> modèles traditionnels<br />

di rai t : "Je donne l'argent à mon frère pour qu'il construise une<br />

maison pour <strong>la</strong> famille" celles-ci disent "Je construis ma<br />

maison <strong>et</strong>c .•. ".<br />

Soul is!"nons auss i que beaucoup <strong>des</strong> raisons évoquées comme<br />

(,:-luse de conflit S s' é loig"ne nt ou s'opposent à <strong>la</strong> conception<br />

tradItionnelle <strong>des</strong> rôles concernes. Désir d'indépendance<br />

notamment. infidélité de 13. femme désir d'un vécu de "couple"<br />

différent.


-lï8-<br />

LES CONFLITS CHEZ LES 40/45 URBAINES SCOLARISEES<br />

tensions<br />

âge<br />

activité<br />

Avec<br />

qui '<br />

Pourquoi<br />

résolution<br />

i<br />

1) 45 ans<br />

employee de<br />

bureau<br />

<strong>dans</strong><br />

le<br />

couple<br />

Manque de participation.<br />

Les hommes ne <strong>la</strong>issent pas<br />

les femmes prendre l'initiative.<br />

Le désir pour <strong>la</strong> femme<br />

1 mariée qui travaille d'être<br />

! indépendante d'une façon qui<br />

n'est pas avantageuse pour<br />

l'homme.<br />

D'autres femmes ne reconnais<br />

1 sent plus que l'homme est le<br />

1 chef de famille.<br />

; Il Y a <strong>des</strong> femmes qui ne peu<br />

vent pas tolérer que leur<br />

mari rentre à cinq heures du<br />

matin.Il y a aussi <strong>des</strong> fem<br />

1 mes qui négligent leur ména<br />

ge elles sont souvent en<br />

train de faire n'importe<br />

1 quoi <strong>et</strong> quand le mari rentre<br />

rien n'est fait il y a fau-<br />

1 te de part <strong>et</strong> d'autre.<br />

divorce<br />

1) 45 ans ! couple<br />

\ suite)<br />

Il :v a <strong>des</strong> hommes qui ne<br />

voient pas dormir leurs<br />

enfants il y en a me me<br />

qui ne savent pas comment<br />

s'appellent certains ils<br />

ne les voient jamais


-179-<br />

LES CONFLITS CHEZ LES 40/45 (suite)<br />

tensions<br />

age<br />

activité<br />

avec<br />

qui<br />

Pourquoi<br />

de résolu­<br />

mode<br />

tion<br />

2) 43 ans<br />

femme au<br />

foyer<br />

les<br />

maris<br />

les hommes se conduisent<br />

mal leur compor<br />

tement n'est pas correct<br />

si l'homme sort<br />

<strong>la</strong> femme sort aussi<br />

pour se venger.<br />

Certains hommes ne<br />

veulent pas que leurs<br />

femmes travaillent de<br />

peur qu'elles ne partent<br />

du foyer ou bien<br />

qu'elle ne s'entête<br />

ou ne se vante.<br />

D'autres entr<strong>et</strong>iennent<br />

<strong>des</strong> maîtresses<br />

i il y en a meme qui se<br />

croient obligés d'en<br />

avoir pour faire corn<br />

me les copains !<br />

On s'efforce de<br />

supporter <strong>des</strong><br />

fois il ne faut<br />

pas contrôler<br />

l'homme donne lui<br />

seulement à manger<br />

au lieu de<br />

s'occuper de sa<br />

vie privée.<br />

Les femmes les né<br />

gligées préfèrent<br />

aussi avoir un<br />

copain à coté<br />

1 pour se rattraper<br />

: il y a beaucoup<br />

i de divorces chez<br />

i les jeunes.<br />

i<br />

1<br />

3) 41 ans<br />

veuve<br />

empl. de<br />

bureau<br />

les<br />

1 couples<br />

! les hommes préfèrent<br />

vivre avec leurs maîtresses<br />

qu'avec leurs<br />

femmes lé~itimes qui<br />

sont négligées. de<br />

! plus celles-ci ne<br />

sont pas libres les<br />

hommes les piétinent!<br />

j'ai un TOKOBE<br />

comme .ie suis<br />

chez moi <strong>et</strong> que<br />

~e travaille j'ai<br />

1 moins de problème<br />

que celles qui<br />

1 sont au f o'~re r.


1<br />

sont<br />

-180-<br />

LES CONFLITS CHEZ LES 40/45 (suite)<br />

Il 1 1 Il tensions i avec qui 1 pourquoi 1 résolution 1<br />

!. àge i 1 1<br />

i<br />

~ activité<br />

i 4) 42 ans mari il n'y a plus de i J'ai été obligée<br />

1<br />

1 femme au sérieux! Les hom- de supporter mêi<br />

foyer<br />

1<br />

mes cherchent à me une rivale a- i<br />

1 i<br />

il<br />

étouffer leur fem près avoir réa- 1 il<br />

il me quand elle es-<br />

1<br />

gie .je suis obli<br />

,1 1 saie de faire ~<br />

1<br />

gée de supporter<br />

1<br />

Il 1 quelque chose.Il pour les enfants<br />

!i 1<br />

1\<br />

<strong>la</strong> persuade qu'el <strong>et</strong> surtout parce !<br />

:1<br />

le est bête. Ils que je ne<br />

infidèles in travaille pas.<br />

:1 constants peu res<br />

! pectueux.<br />

:1<br />

1<br />

- ,<br />

bl 41 ans<br />

sa<strong>la</strong>riée<br />

aide<br />

soignante<br />

1 1 , 1<br />

les hommes<br />

~ls veulent <strong>et</strong>ouf<br />

fer leurs femmes<br />

ils sont fumistes<br />

1 quand elles tra­<br />

1vaillent ils veu­<br />

1lent contrôler<br />

t leurs gains. Ils<br />

i sont jaloux de<br />

i leur réussite ils<br />

i font <strong>des</strong> comple­<br />

: xes. Ils ne res<br />

i pectent pas leur<br />

femme, ne sont<br />

pas discr<strong>et</strong>s <strong>et</strong><br />

sont bêtement<br />

.ialoux.<br />

1<br />

1<br />

Je me su~s<br />

résignée pour<br />

les enfants<br />

après être partie<br />

plusieurs<br />

fois. Depuis .je<br />

m'efforce de<br />

maintenir une<br />

atmosphère<br />

agréable mais<br />

c'est dur; il<br />

i faut pouvoir<br />

supporter' Il le<br />

faut surtout<br />

i pour les<br />

1 enfants.


-181-<br />

Dans ce groupe, toutes les femmes sont marlees ou l'ont été<br />

à un moment ou à un autre. Si nous reprenons nos rubriques nous<br />

trouvons:<br />

1) Conflits avec qui<br />

- Dans le couple (ou) - Surtout avec les hommes<br />

2) Pourquoi<br />

- Désir <strong>des</strong> hommes "d'étouffer" leurs femmes<br />

- Désir de l'homme de contrôler sa femme<br />

Volonté de l'homme de ne rendre aucun compte à<br />

sa femme<br />

- Inconduite, <strong>et</strong> infidélité masculine<br />

- Manque de respect<br />

- Négligence par <strong>la</strong> femme de ses devoirs<br />

- Contestation par <strong>la</strong> femme de l'autorité du chef de famille<br />

3) Hode de résolution<br />

- Divorce - Séparations temporaires<br />

- Résignations<br />

Nous relevons ici comme causes de frictions: le désir <strong>des</strong><br />

hommes "d'étouffer" leurs femmes, une cause renvoyant à un désir<br />

d'autonomie, les griefs à l'encontre <strong>des</strong> hommes sont à quelque<br />

chose près identiques à ceux du sous-groupe précédent; seules<br />

diffèrent les issues.<br />

Il y a un peu plus de "résignées" <strong>dans</strong> ce groupe, elles<br />

soulignent aussi en général que <strong>la</strong> résignation leur est pénible<br />

<strong>et</strong> que les plus jeunes supportent moins. Les raisons données à<br />

l'acceptation de <strong>la</strong> situation 'sont principalement: les enfants,<br />

<strong>et</strong> aussi les moyens matériels insuffisants.<br />

Il y a aussi le désir d'une participation plus grande de<br />

l'homme au niveau de l'éducation <strong>des</strong> enfants, <strong>et</strong> une<br />

revendication par rapport aux loisirs. A noter aussi, le fait que<br />

deux personnes intérrogées <strong>et</strong> qui font partie <strong>des</strong> "résignées"<br />

soulignent que les fraternités (regroupements à caractère<br />

religieux) ont exercées une action apaisante sur elles.


-182-<br />

Depuis qu'elles prient ont-elles affirmé, elles se disent<br />

plus calmes, supportent mieux les comportements de leurs maris:<br />

"Il Y a beaucoup de changement, beaucoup de foyers ont<br />

<strong>la</strong> paix actuellement à cause <strong>des</strong> conseils qu'on nous<br />

donne. D'autres femmes étaient têtues, n'arrivaient<br />

pas à supporter le comportement <strong>des</strong> hommes, si l'homme<br />

sort, <strong>la</strong> femme sort aussi pour se venger. Or si elle<br />

prie, elle peut s'en passer."


-183-<br />

LES 20/25 NON SCOLARISEES URBAINES ET LEURS CONFLITS<br />

tensions<br />

âge<br />

activité<br />

avec qui<br />

pourquoi<br />

résolution<br />

li 24 ans<br />

p<strong>et</strong>it com­<br />

1 merce<br />

TÛKûBE<br />

surtout<br />

pour les<br />

femmes<br />

1 mariées<br />

i<br />

1<br />

1<br />

!<br />

Ce sont les<br />

femmes qui sont<br />

à l'extérieur<br />

qui profitent<br />

du mari au fond<br />

mais pas <strong>la</strong><br />

femme de <strong>la</strong><br />

maison.<br />

Il vaut mhfux être<br />

le bureau de<br />

quelqu'un vous e­<br />

tes reconnue quand<br />

même mais vous ê­<br />

tes libre de vos<br />

mouvements.<br />

Le TÛKûBE ne peut<br />

pas vous embêter<br />

<strong>et</strong> comme vous n'êtes<br />

pas chez lui<br />

il n'est pas sûr<br />

de lui. Il fai t<br />

donc <strong>des</strong> efforts<br />

pour vous garder<br />

sinon on souffre<br />

surtout maintenant<br />

21 23 ans<br />

1 femme<br />

foyer<br />

au<br />

1 mariée<br />

Ü 3) 25 ans<br />

ij coiffeuse<br />

~ TOKOBE<br />

1<br />

41 25 ans<br />

femme au<br />

foyer<br />

mariée<br />

1<br />

i couples<br />

1<br />

1<br />

1<br />

1<br />

1 •<br />

1 marIS ou<br />

1TOKûBE<br />

1<br />

1<br />

1<br />

5) 21 ans 1<br />

sans activité<br />

couples<br />

actuels<br />

surtout<br />

<strong>dans</strong> les<br />

couples<br />

~ d<br />

1 a cause u manque<br />

de sérieux<br />

<strong>des</strong> hommes <strong>et</strong><br />

1<br />

1 de leur manque<br />

1 de compréhen-<br />

1 sion.<br />

1<br />

, Les hommes ne<br />

1 sont plus<br />

1 sérIeux on ne<br />

1 sait vraiment<br />

plus ce qu'ils<br />

1 veulent eux mêmes<br />

ne le savent<br />

pas.<br />

Ils ne veulent<br />

plus dépenser.<br />

instabilité infidélité<br />

problèmes<br />

multiples.<br />

mauvaise<br />

conduite <strong>des</strong><br />

hommes <strong>et</strong> de<br />

réaction <strong>des</strong><br />

femmes.<br />

<strong>la</strong><br />

Séparations<br />

répétées avec le<br />

mari.<br />

1, . ,<br />

1 SeparatIon recente<br />

avec le TOKOBE<br />

seule pour le<br />

1<br />

. moment.<br />

Résignation<br />

Pour le moment pas<br />

de conflits<br />

notables.<br />

146_ Equivalent de maîtresse établie.


-184-<br />

REMARQUES:<br />

A noter <strong>dans</strong> ce groupe, le nombre élevé de personnes vivant<br />

en concubinage par rapport aux autres groupes. Les conflits sont<br />

surtout situés <strong>dans</strong> les couples, <strong>et</strong> les causes à ces conflits ou<br />

tensions sont l'inconduite masculine <strong>et</strong> leur manque de<br />

compréhension.<br />

Quant aux issues, il y en a deux principalement: <strong>la</strong><br />

séparation ou <strong>la</strong> résignation, surtout pour celles qui n'ont pas<br />

d'activité. Celles qui peuvent subvenir à leurs besoins ont <strong>des</strong><br />

re<strong>la</strong>tions qui leur perm<strong>et</strong> d'avoir une liberté de mouvement. On<br />

r<strong>et</strong>rouve <strong>dans</strong> ce groupe le désir d'autonomie mais celui-ci n'est<br />

pas exprimé explicitement comme <strong>dans</strong> les autres groupes. On ne<br />

r<strong>et</strong>rouve plus ici <strong>la</strong> revendication par rapport aux loisirs ou au<br />

désir de vivre différemment <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion homme/femme.


-185-<br />

LES 30/35 URBAINES NON<br />

SCOLARISEES ET LEURS CONFLITS<br />

Tensions<br />

, âge<br />

activité<br />

1134 ans<br />

commerce<br />

mariée<br />

1 avec<br />

1<br />

1<br />

1<br />

1 jeunes<br />

! couples<br />

1<br />

1<br />

1<br />

1<br />

1<br />

1<br />

1<br />

qui<br />

elle même<br />

avec mari<br />

1 tension<br />

plutôt<br />

pourquoi<br />

Ils ne sont pas<br />

équilibrés ils<br />

font n'importe<br />

quoi l'homme ne<br />

respecte pas <strong>la</strong><br />

femme, <strong>la</strong> femme<br />

non plus, il n'y a<br />

plus de respect de<br />

discr<strong>et</strong>ion.<br />

1 La femme est obli­<br />

1 gée d'être le père<br />

<strong>et</strong> <strong>la</strong> mère l'homme<br />

ne veut pas se<br />

préoccuper de<br />

l'enfant.<br />

reso utlon .<br />

'1 ' l<br />

1<br />

Travailler dur <strong>et</strong><br />

assumer ce que le<br />

père devrait assumer,<br />

supporter<br />

pour les enfants<br />

pour leur bien<br />

2)35 ans<br />

l, commerce<br />

mariée<br />

1<br />

1<br />

1<br />

mari<br />

désintérêt pour sa<br />

1 famille pour ses<br />

: enfants. Incons-<br />

1tance, mais sur-<br />

I tout le fait qu'il<br />

1 <strong>la</strong>isse <strong>la</strong> char~e<br />

1 matérielle <strong>des</strong>-en­<br />

1 fants à <strong>la</strong> femme.<br />

1 Résignation pour<br />

les enfants, pour<br />

I, eux surtout il<br />

1 faut tout faire<br />

1 pour qu'ils<br />

1soient bien, <strong>et</strong><br />

1 ne pas s'occuper<br />

1de ce que fait<br />

1 le mari.<br />

1<br />

1<br />

3)33 ans<br />

couturière<br />

mariée<br />

1 •<br />

1 marl <strong>et</strong><br />

1co-épouse<br />

1<br />

Supporte mal <strong>la</strong><br />

polygamie <strong>et</strong> sa<br />

co-épouse, <strong>et</strong><br />

s'estime lésée au<br />

profit de c<strong>et</strong>te<br />

dernière.<br />

Adultères "sanc­<br />

"tions" envers<br />

1le mari, séparations<br />

fréquentes<br />

suivies de réconciliations.<br />

4)34 ans<br />

commerce<br />

il faut<br />

éviter<br />

les conflits,<br />

il<br />

y a <strong>des</strong><br />

problèmes<br />

plutôt.<br />

désintérêt de<br />

l'homme pour ses<br />

enfants, c'est <strong>la</strong><br />

femme qui est<br />

obligée de<br />

"trimer", de souffrir<br />

pour les enfants.<br />

Se résigner supporter,<br />

tout faire<br />

pour maintenir<br />

une bonne ambiance<br />

familiale,<br />

être diplomate,<br />

supporter pour<br />

les enfants.


-186-<br />

5)32 ans<br />

mariée<br />

au foyer<br />

!<br />

1 peu de<br />

1conflits<br />

1 est" lme e-tre b" len<br />

tombée. Mari sérieux<br />

<strong>et</strong> responsa­<br />

1<br />

ble.<br />

attitude correcte<br />

déférente, soumise.(<br />

un regr<strong>et</strong><br />

ne pas avoir été<br />

1 à l'école <strong>et</strong> ne<br />

1 pas travailler).<br />

REMARQUES:<br />

Toutes les personnes de ce sous groupe sont mariées, une est<br />

<strong>dans</strong> un ménage polygame, les quatre autres <strong>dans</strong> <strong>des</strong> ménages (plus<br />

ou moins) monogames.<br />

1)- Avec qui y a t-il conflit <strong>et</strong> pourquoi<br />

-Ceux-ci sont situés <strong>dans</strong> les couples plus jeunes. Elles<br />

mèmes préfèrent parler de problèmes, plutôt que de conflits.<br />

- Ici <strong>la</strong> raison principale <strong>des</strong> problèmes évoqués est le<br />

désintérêt de l'homme pour ses enfants.<br />

2)- Issues<br />

- Supporter, se résigner à assumer ce que le père ne veut<br />

pas faire. Il y a <strong>dans</strong> ce groupe, un souci d' éviter les<br />

confrontations <strong>et</strong> les conflits avec le mari. le souci premier est<br />

de tout faire pour que malgré tout il y ait une bonne entente en<br />

général. A relever ici comme autre point important le fait que<br />

<strong>la</strong> doléance principale concerne les enfants. Une seule s'estime<br />

lésée par rapport à sa co-épouse.


LES 40/45 NON SCOLARISEES URBAINES ET LES CONFLITS<br />

!<br />

1<br />

Tensions 1 avec qui 1 pourquoi<br />

1 résolution<br />

âge i<br />

activité<br />

1) 41 ans<br />

commerce<br />

divorcée<br />

1<br />

1 ce sont<br />

, surtout<br />

les jeunes<br />

qui<br />

ont<br />

beaucoup<br />

de problèmes.<br />

mari<br />

1<br />

1<br />

1<br />

Ils n'ont plus<br />

de respect entre<br />

eux, plus de discrétion.<br />

1 parceque le mari<br />

était "responsable"<br />

de <strong>la</strong> mort<br />

<strong>des</strong> deux enfants<br />

du couple.<br />

1<br />

-187-<br />

1 divorce pour<br />

préserver<br />

<strong>la</strong> santé<br />

<strong>des</strong> enfants qui<br />

restaient <strong>et</strong> sa<br />

propre santé.<br />

Actuellement<br />

elle<br />

est <strong>dans</strong> une<br />

1 re<strong>la</strong>tion de type<br />

TOKOBE <strong>et</strong> estime<br />

c<strong>et</strong>te situation<br />

satisfaisante.<br />

2)44 ans<br />

couturière<br />

divorcée<br />

1<br />

Les jeunes<br />

ont<br />

beaucoup<br />

de<br />

problèmes<br />

Elle même<br />

cause di-<br />

1<br />

1<br />

1<br />

Il A préféré partir<br />

1<br />

du foyer malgré<br />

1<br />

1 A été prise en le pardon du<br />

f<strong>la</strong>grant délit mari n'a jamais<br />

I~<br />

1<br />

1<br />

1<br />

les raisons de<br />

i<br />

vorce. d'adultère. voulue expliquer il<br />

1 son départ.<br />

3)42 ans Mari Problèmes Travailler, elle<br />

commerce matériels, désin- a trouvée une<br />

térêt pour les occupation qui<br />

enfants <strong>et</strong> pour lui perm<strong>et</strong> en<br />

elle. Polygamie partei de<br />

"fumi,sterie" du résoudre les<br />

mari.<br />

problèmes matériels.<br />

pour le reste on<br />

se résigne <strong>et</strong> on<br />

1<br />

1<br />

1<br />

supporte en<br />

s'efforçant autant<br />

que possible<br />

d'éviter les<br />

problèmes.


~ 4 )44ans<br />

i commerce<br />

mariée<br />

1<br />

:<br />

5)43 ans<br />

1 commerce<br />

mariée<br />

i<br />

1<br />

1<br />

1<br />

1<br />

1<br />

i<br />

1<br />

Iles<br />

jeunes<br />

1surtout<br />

1<br />

1<br />

1<br />

,<br />

elle même<br />

avec mari<br />

1<br />

1<br />

1 1<br />

avec mari<br />

Pas de respect<br />

ils se trompent<br />

mutuellement ce<br />

qui entraîne <strong>des</strong><br />

divorces.<br />

ne s'occupe pas<br />

matériellement<br />

<strong>des</strong> enfants<br />

Ne s'interesse<br />

pas au devenir<br />

<strong>des</strong> enfants, à<br />

leur sco<strong>la</strong>rité se<br />

décharge de toutes<br />

les dépenses<br />

sur <strong>la</strong> mère, ce<br />

qui n'est pas<br />

juste.Ils préfèrent<br />

s'occuper de<br />

leurs neveux plutôt<br />

que leurs enfants.<br />

-188-<br />

Supporter pour<br />

les enfants travailler<br />

dur <strong>et</strong><br />

maintenir de<br />

1 bonnes re<strong>la</strong>tions<br />

avec tous autant<br />

que possible.<br />

1<br />

!<br />

1 On supporte pour<br />

les enfants on<br />

est obligée de<br />

supporter car<br />

les enfants sans<br />

I <strong>la</strong> mère ne sont<br />

pas bien. Il<br />

faut s'occuper<br />

<strong>des</strong> enfants.<br />

LES 40/45 NON SCOLARISEES ET LES CONFLITS<br />

1<br />

1<br />

1 tensions<br />

1 avec<br />

1 pourquoi<br />

âge<br />

: qui<br />

activité i !<br />

5 ) ( suite )<br />

1<br />

! parfois même à<br />

cause de <strong>la</strong> grossesse<br />

de <strong>la</strong> fille<br />

1<br />

1<br />

dont le père rend<br />

<strong>la</strong> mère responsa-<br />

1<br />

ble, <strong>la</strong> mère est<br />

mise à <strong>la</strong> porte.<br />

1<br />

(suite)<br />

1<br />

1 résolution<br />

1<br />

i


-189-<br />

LES 40/45 NON SCOLARISEES URBAINES ET LES CONFLITS<br />

Deux personnes de ce groupe sont divorcées<br />

concubins, trois sont mariées, elles ont toutes <strong>des</strong><br />

rapprochant <strong>des</strong> activités traditionnelles: p<strong>et</strong>i t<br />

détail; une est couturière.<br />

<strong>et</strong> ont <strong>des</strong><br />

activités se<br />

commerce de<br />

1) Conflits avec qui (on peut dire aussi ici, qui a <strong>des</strong><br />

conflits)<br />

Ce sont les jeunes qui ont <strong>des</strong> conflits, elles ont <strong>des</strong><br />

problèmes.<br />

Leurs problèmes, elles les ont surtout avec le mari.<br />

2) Pourquoi<br />

- Les jeunes : Manque de respect entre eux, de discrétion,<br />

<strong>et</strong> infidélité.<br />

- Elles <br />

"- Cause "occulte"<br />

- Problèmes matériels surtout, <strong>et</strong> désintérêt<br />

matériel de l'homme vis à vis <strong>des</strong> enfants.<br />

3) Résolution<br />

Divorce pour raisons "graves"<br />

- Ou résignation, acceptation de <strong>la</strong> situation, en assumant<br />

les obligations devant revenir au père.


LES 50 ANS ET PLUS ET LES TENSIONS OU CONFLITS<br />

1 tensions<br />

âge<br />

1 avec<br />

1 qui<br />

pourquoi<br />

-190-<br />

résolution<br />

111a soixantaine<br />

igIe, avoir un bon compor-<br />

, non il fal<strong>la</strong>i t suivre <strong>la</strong> rèl·<br />

tement, être obéissante,<br />

1 veuve<br />

respectueuse <strong>des</strong> normes<br />

1<br />

1 1 <strong>et</strong> <strong>des</strong> lois. Toutes ces<br />

~ 1 Il conditions remplies, on<br />

1 ! avait pas de conflits.<br />

:f---------'i----------=---------------t-------..,/<br />

il 21 La cin- 1 peu de 1se conduit comme il se<br />

~ quantaine 1 conflits 1doit, divorcée parceque<br />

il divorcée 1 1 stérile. A tout fait pour<br />

I~I lise soigner, s'est remai<br />

riée <strong>et</strong> à divorcé de nou-<br />

1 i veau pour les mêmes rail<br />

lisons. Vit une re<strong>la</strong>tion de<br />

i<br />

i type TOKOBE.<br />

1<br />

i<br />

3lLa soili<br />

xantaine<br />

mariée<br />

4lSoixantaine<br />

mariée<br />

5lSoixantaine.<br />

1 non 1 a tout fait pour éviter<br />

1 1les problèmes.<br />

! i<br />

Ilignage 1 tensions problèmes de<br />

1 1 santé, de sorcellerie.<br />

: mari <strong>et</strong> : problèmes de sorcellerie<br />

1 belle<br />

: famille<br />

1<br />

Id· 1 1 vorce<br />

LES 50 ANS ET PLUS<br />

Même si <strong>dans</strong> ce groupe, il ne fal<strong>la</strong>it pas s'attendre à<br />

trouver <strong>des</strong> conflits identiques à ceux exprimés <strong>dans</strong> les autres<br />

groupes, nous avons tout de même tenté de voir si elles avaient<br />

eues elles aussi <strong>des</strong> tensions <strong>et</strong> quel type de tension ou<br />

problème <br />

Nous relevons peu de conflits, ou alors ce sont <strong>des</strong> conflits<br />

de type "c<strong>la</strong>ssique"; si on se refère à <strong>la</strong> société traditonnelle.<br />

Sinon <strong>dans</strong> l'ensemble, il n'y a pas de conflits notables, car il<br />

fal<strong>la</strong>it suivre <strong>la</strong> règle. Tous les évoqués avaient <strong>et</strong> ont leurs<br />

solutions <strong>dans</strong> le système traditionnel: problèmes de sorcellerie,<br />

ou stérilité. Ces causes sont si l'on se p<strong>la</strong>ce <strong>dans</strong> l'optique<br />

traditionnelle <strong>des</strong> raisons de force majeure.


-191-<br />

LES<br />

20/25 RURALES ET LES CONFLITS<br />

tensions<br />

âge<br />

1) 22ans<br />

mariée<br />

1 2) 25 ans<br />

mariée<br />

!<br />

1 avec<br />

! qui<br />

1 peu de<br />

1 tensions<br />

1 ~<br />

1 tres<br />

1<br />

1<br />

1<br />

1<br />

1<br />

peu<br />

1<br />

1 pourquoi<br />

1<br />

Se préoccupe surtout du<br />

devenir <strong>des</strong> enfants, de<br />

son travail, <strong>des</strong> revenus<br />

qu'elle peut r<strong>et</strong>irer <strong>des</strong><br />

ventes du manioc. S'il y<br />

a un problème, <strong>et</strong> si elle<br />

estime avoir raison elle<br />

réplique sinon elle se<br />

tait.<br />

l<br />

1<br />

1 Elle suite <strong>la</strong> règle <strong>et</strong><br />

s'arrange pour ne pas ê­<br />

tre <strong>dans</strong> son tort de ma-<br />

1<br />

nière à être soutenue<br />

s'il y a un problème effi<br />

cacement par sa famille.<br />

I<br />

résolution<br />

3) 22 l,. d' l<br />

i ans peu 1 SOUC1S prlmor <strong>la</strong>ux: es 1<br />

Il mariée enfants, le travail, ne 1<br />

1 1 pas avoir d'histoires un<br />

1 1 seul regr<strong>et</strong>, ne pas avoir 1 i<br />

i été à l'école pour avoir 1 1<br />

1 une activité différenté. !<br />

1r-------+------+--------------+-------tI<br />

4) 24 ans 1 peu Elle se rend en charge 1<br />

1 1 ainsi que ses enfants<br />

d puisqu'elle a conscience<br />

~ de travailler pour elle,<br />

i<br />

l'avenir <strong>des</strong> enfants<br />

étant le sien. Avec le<br />

mari on fait tout pour<br />

s'entendre à condition<br />

que celui-ci n'outrepasse<br />

pas ses droits.<br />

5)23 ans<br />

mariée<br />

très peu<br />

préoccupations principales:<br />

les enfants, le travail,<br />

l'avenir, <strong>et</strong> <strong>la</strong><br />

santé.


-192-<br />

LES 30/35 RURALES ET LES CONFLITS<br />

tensions avec qui pourquoi résolution<br />

âge<br />

1<br />

1)33ans mari problèmes occultes, le divorce<br />

divorcée<br />

mari lui avrit proposé<br />

de "manger" un <strong>des</strong> enfants.<br />

Elle même n'était<br />

pas non plus en<br />

1<br />

bonne santé.<br />

1<br />

i<br />

i<br />

1<br />

i 1 1<br />

,<br />

2 ) 31 ans<br />

1<br />

mari vou<strong>la</strong>it prendre une 1 refus catémariée<br />

1 troisième épouse parce- 1 gorique le<br />

1<br />

que <strong>la</strong> deuxième était mari s'est<br />

1<br />

ma<strong>la</strong>de.<br />

1<br />

Il<br />

1<br />

1 plié à sa<br />

décision.<br />

1<br />

,'!<br />

3 ) 33 ans peu<br />

1<br />

1 Se préoccupe surtout de<br />

1 1 1 l'avenir <strong>des</strong> enfants, i<br />

i<br />

1<br />

1 avec le mari s'efforce 1<br />

à maintenir l'entente.<br />

1<br />

1<br />

1<br />

35 t -<br />

1<br />

4) ans 1 res peu i il faut éviter les problèmes,<br />

<strong>et</strong> même s'il y<br />

1<br />

1 en a il faut s'arranger<br />

1<br />

pour être <strong>dans</strong> ses<br />

1<br />

1 droits.<br />

1 1<br />

5 ) 30 ans 1 se préoccupe de<br />

1 1 très peu surtout<br />

il mariée 1 1 l'avenir <strong>des</strong> enfants. 1<br />

1<br />

LES 50 ANS ET PLUS RURALES ET LES CONFLITS<br />

tensions<br />

âge<br />

avec<br />

qui<br />

Pourquoi<br />

résolution<br />

65 ans<br />

divorcée<br />

mari<br />

Ne vou<strong>la</strong>it plus vivre<br />

avec son mari (n'a pas<br />

expliquée pourquoi),<br />

mais elle n'est pas<br />

revenue sur sa décision<br />

malgré, les interventions<br />

<strong>des</strong> frères <strong>et</strong> les tentatives<br />

d'intimidation du<br />

mari. (menace du mari de<br />

lui faire supprimer <strong>la</strong><br />

communion par le prêtre<br />

<strong>et</strong>c... )<br />

divorce<br />

Dans ce sous-groupe, nous n'avons relevé qu'un confl i t<br />

notable.


-193-<br />

LES HOMMES ATTRIBUENT LES CONFLITS A, <strong>et</strong> LES SITUENT AU NIVEAU<br />

DE •••<br />

Il était intéressant de voir du côté masculin, les causes<br />

<strong>des</strong> tensions actuelles. Non seulement parcequ'ils sont concernés<br />

en tant que partenaires, que <strong>la</strong> plupart <strong>des</strong> raisons évoquées par<br />

les femmes ayant <strong>des</strong> tensions notables les m<strong>et</strong>tent en cause, mais<br />

aussi, parceque <strong>la</strong> mise en parallèle <strong>des</strong> raisons évoquées par les<br />

unes <strong>et</strong> les uns pouvait être révé<strong>la</strong>teur de points de discordance<br />

<strong>et</strong> de friction. D'où les pages qui suivent présentant pour tous<br />

les hommes intérrogés ici, les causes de tensions, ou conflits,<br />

les points de vue sur <strong>la</strong> conduite ou "l'inconduite féminine"<br />

actuellement.<br />

il Tensions 1 avec qui pourquoi resol.<br />

1 âge 1<br />

1<br />

1) 23 anrb couples Instabilité, ils ne sont<br />

célibat. pas formés par amour, mais<br />

par intérêt.<br />

2 ) 22 ans couples instabilité, infidélité<br />

celibat. surtout légèr<strong>et</strong>é. Il n'y a pas d'a<br />

mour, les épouses sont o-<br />

bligées de se soum<strong>et</strong>tre à<br />

leur mari parceque n'ayant<br />

1<br />

pas de revenus. Dans les<br />

1<br />

1 foyers, chacun vole en essayant<br />

de faire semb<strong>la</strong>nt<br />

1<br />

1 Id'être.<br />

1<br />

3 ) 21 ans jeunes 1 pas de stabilité généra-<br />

1<br />

I<br />

celibat. 1 couples Ilement, les mariages se 1<br />

1 1 1 font tambour battant mais !<br />

1<br />

1 après, c'est <strong>la</strong> monotonie<br />

<strong>la</strong> désillusion, car les<br />

1<br />

1 jeunes ne sont pas préparés<br />

au mariage.<br />

4 ) 24 ans jeunes surtout pour <strong>des</strong> problèmes<br />

celibat couples matériels.<br />

5 ) 23 ans<br />

célibat.<br />

les jeunes les couples ne sont pas<br />

formés par amour mais par<br />

intérêt.<br />

147_ célibataire.


-194-<br />

LES HOMMES ATTRIBUENT LES CONFLITS A (suite) LES 30/35<br />

Tensions<br />

âge<br />

1) 30 ans<br />

celibat.<br />

1 avec qui<br />

,<br />

!<br />

1 Les<br />

1 filles<br />

!<br />

1 Pourquoi<br />

resol<br />

1<br />

2) 35 ans<br />

i celibat.<br />

i<br />

II<br />

3) 33 ans<br />

1 couples<br />

!<br />

1<br />

1<br />

1<br />

1<br />

1<br />

1<br />

i<br />

éc<strong>la</strong>tement de plusieurs<br />

valeurs, il y a un déséquilibre,<br />

infidélité de<br />

l'homme <strong>et</strong> de <strong>la</strong> femme.<br />

désinvolture vis à vis <strong>des</strong><br />

valeurs essentielles. Problèmes<br />

matériels <strong>et</strong><br />

1 psychologiques, infidélité 1<br />

<strong>et</strong> revendication de <strong>la</strong><br />

l femme par rapport au p<strong>la</strong>i- 1<br />

sir <strong>et</strong> au loisir.<br />

i<br />

1<br />

divorce<br />

unions<br />

libres<br />

LES 40/45<br />

Tensions avec qui Pourquoi resol.<br />

âge<br />

1) 43 ans <strong>dans</strong> le le couple est vécu d'une<br />

marié couple façon très temporaire, <strong>la</strong><br />

femme est plus attachée à<br />

sa famille qu'à son mari.<br />

Il y a aussi le problème<br />

<strong>des</strong> biens communs. <strong>la</strong><br />

femme Congo<strong>la</strong>ise a mal<br />

compris ce qu'est l'égalité<br />

entre l'homme <strong>et</strong> <strong>la</strong><br />

femme.


1.<br />

1conscience<br />

LES 40/45 ans (suite)<br />

Tensions avec qui 1 Pourquoi<br />

1 resol.<br />

âge 1<br />

1 ) 44 ans les La femme Congo<strong>la</strong>ise n'est<br />

marié femmes plus mère, ni épouse elle<br />

, vit <strong>et</strong> cherche à vivre<br />

pour elle même, elle ne<br />

supporte plus ce que les<br />

i 1 1 autres supportaient pour<br />

1<br />

les enfants, elle n'a<br />

1<br />

,<br />

1<br />

plus le sens de ses<br />

1<br />

i<br />

responsabilités <strong>et</strong> elle<br />

1<br />

1 abandonne même ses enfants<br />

en bas âge au père.<br />

A partir du moment où <strong>la</strong><br />

1<br />

i 1 femme a une activité <strong>et</strong><br />

1<br />

,<br />

-195-<br />

1 une indépendance 1 1<br />

1 financière, elle est<br />

1 moins soumise. <strong>la</strong> femme<br />

1<br />

1<br />

i qui a de l'argent a<br />

qu'elle peut 1<br />

1<br />

faire tout ce que peut<br />

faire le mari, <strong>et</strong> les<br />

hommes en général.


-196-<br />

LES HOMMES ET LES CONFLITS. QUELQUES REMARQUES:<br />

Ceux-ci sont toujours situés surtout <strong>dans</strong> <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion<br />

conjugale, ou <strong>dans</strong> les re<strong>la</strong>tions entre hommes <strong>et</strong> femmes en<br />

général. A noter aussi que les propos du premier groupe peuvent<br />

être mis en parallèle avec ceux <strong>des</strong> jeunes filles du premier<br />

groupe urbain; les 20/25. Les jeunes hommes du premier groupe<br />

sont tous célibataires, ils ne vivent pas les tensions évoqués,<br />

les causes attribués sont plus générales:<br />

- Manque d'amour<br />

- Problèmes matériels<br />

Par contre, les "partenaires" éventuels <strong>des</strong> 30/35 urbaines<br />

du groupe équivalent, ou les 40/45 sont plus précis sur les<br />

causes <strong>des</strong> tensions. Les propos <strong>et</strong> jugements sur le comportement<br />

féminins sont aussi plus "durs".<br />

Les causes de conflits <strong>dans</strong> ces deux groupes<br />

- Le manque de sérieux en général de <strong>la</strong> femme<br />

- L'intérêt exégéré qu'elles ont pour l'argent<br />

- L'utilisation instrumentale qu'elles veulent faire<br />

de l'homme<br />

- L'infidélité <strong>des</strong> femmes<br />

- La désinvolture vis à vis <strong>des</strong> valeurs essentielles<br />

- Le fait qu'elles sont moins résignées; moins soumises,<br />

surtout quand elles ont l'indépendance financière<br />

- Leur volonté de vouloir récupérer le rôle joué par l'homme<br />

- Et enfin, le fait qu'elles sont plus attachées à leur<br />

lignage qu'à leur foyer.<br />

Nous reviendrons sur tou~ ces points plus loin, en montrant<br />

en quoi ils sont causes de conflits ou tensions entre certains<br />

hommes <strong>et</strong> femmes.


-197-<br />

ANALYSE DE L'INDIVIDUALISATION DES CONDUITES<br />

Notre propos était de cerner pour les conduites r<strong>et</strong>enues<br />

ici, respectivement: le travail, le mariage, le divorce, <strong>et</strong> <strong>la</strong><br />

résignation (<strong>dans</strong> <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion conjugale) autour de quels éléments<br />

celles-ci s'organisaient. Nous intéressait ici précisément <strong>la</strong><br />

mise ou non en avant de raisons concernant l'individu ou autrui.<br />

Pour le détail, <strong>des</strong> grilles de grilles on se reportera à <strong>la</strong><br />

partie annexe de ce travail. Sont présentés ici, <strong>des</strong> résumés<br />

succints.<br />

LE GROUPE A: Les urbaines sco<strong>la</strong>risées <strong>et</strong> le travail,<br />

le divorce, <strong>et</strong> <strong>la</strong> résignation<br />

Les 20/25 - Travailleront d'abord pour elles mêmes, pour le<br />

futur couple, ou <strong>la</strong> famille-foyer, pour aider<br />

les parents, <strong>et</strong> pour <strong>la</strong> société.<br />

- Elles se marieront pour vivre avec quelqu'un<br />

qu'elles aiment, pour fonder un foyer, <strong>et</strong> avoir<br />

<strong>des</strong> enfants.<br />

- Quant au divorce, les raisons déterminantes<br />

pour celui-ci seront: l'infidélité, l'adultère,<br />

l'incompréhension, <strong>et</strong> le manque<br />

d'amour.<br />

LE GROUPE A: Les urbaines sco<strong>la</strong>risées <strong>et</strong> le travail,<br />

le divorce, <strong>et</strong> <strong>la</strong> résignation<br />

I!<br />

i Les 30/35 - Travaillent pour elles, pour leur indépendance<br />

par rapport au mari, <strong>et</strong> pour régler leurs<br />

problèmes, <strong>et</strong> ceux de leur famille, <strong>et</strong> aussi<br />

pour <strong>la</strong> société.<br />

- Les raisons ayant déterminées le mariage, sont<br />

"flottantes" en raison <strong>des</strong> tensions actuelles.<br />

Elles s'étaient mariées "en principe pour vivre<br />

avec quelqu'un avec qui on s'entend". Une autre<br />

raison avancée est le désir d'avoir un statut<br />

<strong>des</strong> enfants <strong>et</strong> de fonder un foyer.<br />

- Les raisons avancées pour le divorce relèvent<br />

principalement <strong>des</strong> deux conjoints: infidélité<br />

désir d'indépendance de <strong>la</strong> femme, incompréhension.<br />

- On se résigne moins <strong>dans</strong> ce groupe.<br />

LES 40/45 - Travaillent aussi pour elles, pour être indépendantes,<br />

elles associent étroitement les enfants<br />

<strong>et</strong> le lignage <strong>dans</strong> les raisons qu'elles ont de<br />

travailler (pour les aider).<br />

- Elles se sont mariées pour fonder un foyer,<br />

avoir <strong>des</strong> enfants. Elles soulignent aussi pour<br />

<strong>la</strong> plupart avoir été mariées.


-198-<br />

LES<br />

40/45 (suite)- Si les raisons du divorce m<strong>et</strong>tent toujours<br />

en avant <strong>des</strong> raisons relevant <strong>des</strong> deux<br />

conjoints, pointent aussi déjà, <strong>des</strong> raisons se<br />

rapportant aux intérêts <strong>des</strong> enfants, les raisons<br />

de se résigner aussi.<br />

LE GROUPE B: Les urbaines non-sco<strong>la</strong>risées, <strong>et</strong> le travail,<br />

le mariage, le divorce, <strong>et</strong> <strong>la</strong> résignation<br />

LES 20/25 - Travaillent pour elle même, pour aider les<br />

parents, <strong>et</strong> les enfants.<br />

- Le mariage est déterminé par le désir de fonder<br />

famille, d'avoir <strong>des</strong> enfants, un statut.<br />

- Les raisons du divorce relèvent aussi principalement<br />

<strong>des</strong> deux conjoints, incompréhension,<br />

mésentente profonde.<br />

LES 30/35 ET LES 40/45: sont regroupés car les raisons<br />

évoquées sont sensiblement les mêmes <strong>dans</strong> les<br />

deux sous-groupes.<br />

- Ici c'est <strong>la</strong> mère qui travaille pour sa<br />

subsistance, celle <strong>des</strong> enfants, de leur bien<br />

être, <strong>et</strong> pour aider les parents.<br />

- Le mariage a pour raison principale <strong>la</strong> procréation,<br />

le désir de fonder une famille vient en<br />

second.<br />

- Les raisons déterminant le divorce concernent<br />

les enfants ou leur santé, les raisons de se<br />

résigner aussi.<br />

Les raisons évoqués <strong>dans</strong> l'ensemble pour les autres sousgroupes,<br />

les 50 ans <strong>et</strong> plus urbaines, <strong>et</strong> les rurales sont<br />

semb<strong>la</strong>bles à celles de ce groupe; ce serait nous répéter que de<br />

les relever.<br />

POUR LES HOMMES (LES 20/25):<br />

- La femme doit travailler pour aider le mari, pour<br />

contribuer aux charges du ménage.<br />

Ils se marieront pour fonder un fonder, pour vivre<br />

avec une personne qu'ils aiment.<br />

- Les raisons du divorce seront re<strong>la</strong>tives aux deux<br />

conjoints.


ANALYSE HORS GRILLES<br />

1)- Le discours <strong>des</strong> 20/25<br />

'7 La famille <br />

- La femme <strong>dans</strong><br />

<strong>la</strong> société <br />

- l'amour<br />

- La polygamie <br />

- Contribution de<br />

<strong>la</strong> femme <strong>dans</strong> le<br />

ménage <br />

- Contribution<br />

de l'homme<br />

C'est <strong>la</strong> famille au sens <strong>la</strong>rge, parents<br />

enfants toute <strong>la</strong> famille paternelle <strong>et</strong><br />

<strong>la</strong> famille maternelle, au sens Congo<strong>la</strong>is<br />

pas le mari.<br />

elle devrait occuper une p<strong>la</strong>ce plus satis<br />

faisante que celle qu'elle a actuellement.<br />

C'est un attachement qu'on porte à une personne,<br />

c'est le désir de vivre ensemble.<br />

C'est un phénomène néfaste, elle pousse à<br />

"partager" son compagnon.<br />

Une partie de son sa<strong>la</strong>ire, participation au<br />

budg<strong>et</strong>, mais pas de communauté de biens.<br />

C'est à l' homme d'assurer <strong>la</strong> charge principale<br />

du foyer. De <strong>la</strong> femme <strong>et</strong> <strong>des</strong> enfants.<br />

- Loisirs communs<br />

pour l'homme <strong>et</strong><br />

<strong>la</strong> femme <br />

-199-<br />

- La femme avant/<br />

<strong>la</strong> femme maintenant<br />

<br />

Oui le plus souvent possible.<br />

Avant <strong>la</strong> femme travail<strong>la</strong>it pour l'homme, les<br />

hommes utilisaient les femmes, maintenant ça<br />

a changé, surtout pour celles qui ont un bon<br />

niveau intellectuel <strong>et</strong> qui travaillent en<br />

ville.<br />

- Les femmes âgées<br />

<strong>et</strong> les plus jeunes Les mamans plus soumises, plus résignées, les<br />

jeunes plus revendicatrices, moins soumises<br />

<strong>et</strong> moins résignées.<br />

C'est à <strong>des</strong>sein que nous avons choisi le style télégraphique<br />

pour résumer les propos de chaque groupe autour <strong>des</strong> thèmes que<br />

nous ne pensons pas avoir abordés d'une manière directe <strong>dans</strong> ce<br />

qui vient de précèder, ceci est comme un complément de l'analyse<br />

précédente.


-200-<br />

2)- Le discours <strong>des</strong> 30/35 sco<strong>la</strong>risées<br />

- La famille <br />

- La femme <strong>dans</strong><br />

<strong>la</strong> société <br />

- L'amour<br />

- La polygamie <br />

- Contibution de<br />

<strong>la</strong> femme <br />

- Contribution de<br />

l'homme<br />

Ce sont d'abord les parents maternels, les<br />

enfants, <strong>et</strong> <strong>la</strong> famille paternelle ensuite.<br />

Le côté maternel est plus fort <strong>dans</strong> les représentations,<br />

le côté paternel plus faible.<br />

Elle devrait avoir une p<strong>la</strong>ce plus importante<br />

que celle qu'elle a actuellement.<br />

C'est l'entente, <strong>la</strong> compréhension.<br />

Contre <strong>la</strong> polygamie, on ne peut aimer deux<br />

êtres à <strong>la</strong> fois. C'est l'un <strong>des</strong> exemples de<br />

soumission <strong>et</strong> de servitude de <strong>la</strong> femme à l'égard<br />

de l'homme.<br />

Une partie de son sa<strong>la</strong>ire, mais pas de<br />

communauté de biens.<br />

Il devrait subvenir principalement aux<br />

besoins du foyer, <strong>et</strong> participer plus à<br />

<strong>la</strong> vie du foyer.<br />

- Loisirs communs<br />

- La femme avant/<br />

maintenant <br />

- Femmes âgées/<br />

femmes jeunes <br />

Pour le couple, de temps en temps seulement<br />

pas tout le temps, l'homme doit <strong>la</strong>isser <strong>la</strong><br />

femme avoir les siens.<br />

La femme a changé mais pas l'homme.<br />

Les ,jeunes moins soumises, plus revendicatrices<br />

que les plus âgées. Elles se <strong>la</strong>issent<br />

moins faire.<br />

3)- Les 40/45 sco<strong>la</strong>risées<br />

- La famille <br />

- La femme <strong>dans</strong><br />

<strong>la</strong> société <br />

C'est d'abord <strong>la</strong> famille maternelle, les enfants,<br />

<strong>et</strong> <strong>la</strong> famille paternelle. Le mari fait<br />

partie de sa famille.<br />

Certaines sont bien par rapport à d'autres<br />

<strong>et</strong> par rapport à <strong>la</strong> situation de <strong>la</strong> femme<br />

avant.


-201-<br />

- L'amour<br />

- La polygamie <br />

C'est d'abord l'entente, <strong>la</strong> compréhension.<br />

Contre car elle crée trop de problèmes.<br />

- Contribution de<br />

<strong>la</strong> femme <br />

- Contribution de<br />

l'homme<br />

- Des loisirs<br />

communs <br />

- Femmes âgées/<br />

femmes jeunes <br />

Une partie de son sa<strong>la</strong>ire, pas de communauté<br />

de biens.<br />

Contribution principale. s'occuper aussi en<br />

principe moralment <strong>et</strong> matériellement de son<br />

foyer.<br />

De temps en temps oui. mais pas tout le temps<br />

L' homme doit <strong>la</strong>isser <strong>la</strong> femme avoir les<br />

siens.<br />

Les mamans plus sereines, plus réservées plus<br />

respectueuses de l'homme, les plus jeunes<br />

sont moins soumises. mais aussi moins respectueuses<br />

<strong>des</strong> valeurs fondamentales. D'où <strong>la</strong><br />

délinquance, <strong>la</strong> prostitution.<br />

4) Le discours <strong>des</strong> 20/25 non sco<strong>la</strong>risées urbaines<br />

- La famille <br />

- La femme <strong>dans</strong><br />

<strong>la</strong> société <br />

- L'amour<br />

La polygamie <br />

- Contribution<br />

de <strong>la</strong> femme <br />

- Contribution<br />

de l'homme<br />

La famille maternelle, les enfants <strong>et</strong> <strong>la</strong><br />

famille paternelle.<br />

Il Y en a qui sont bien, celles qui ont une<br />

bonne situation, ou <strong>des</strong> affaires qui marchent.<br />

L'entente, <strong>la</strong> compréhension.<br />

Oui si on ne vit pas sous le même toît, <strong>et</strong><br />

si le mar~ s'occupe équitablement <strong>des</strong> deux<br />

femmes.<br />

Si elle travaille, participer au budg<strong>et</strong>, mais<br />

pas de communauté de biens.<br />

subvenir principalement aux besoins de <strong>la</strong><br />

femme <strong>et</strong> <strong>des</strong> enfants.


Loisirs communs Pas toujours, de temps en temps oui.<br />

- Femmes âgées/<br />

femmes jeunes Les mères plus soumises, les jeunes se<br />

<strong>la</strong>issent moins faire.<br />

5) Le discours <strong>des</strong> 30/35 non sco<strong>la</strong>risées urbaines<br />

- La famille <br />

- La femme <strong>dans</strong><br />

<strong>la</strong> société <br />

La famille maternelle, les enfants,<br />

famille paternelle.<br />

Certaines ont <strong>des</strong> p<strong>la</strong>ces enviables<br />

celles qui ont de l'argent.<br />

<strong>la</strong><br />

- L'amour L'entente,<br />

l'entente.<br />

<strong>la</strong> compréhension, surtout<br />

- La polygamie <br />

- Contribution<br />

de <strong>la</strong> femme <br />

- Contribution<br />

de l'homme<br />

-202-<br />

Contre car il y a beaucoup de problèmes<br />

de jalousie, mais ce n'est pas <strong>la</strong> femme<br />

qui décide de l'être mais l'homme. Devant<br />

le fait accompli on accepte souvent<br />

pour les enfants.<br />

Nous sommes obligés de tout faire car nous<br />

sommes obligés d'être à <strong>la</strong> fois le père <strong>et</strong><br />

<strong>la</strong> mère puisque <strong>la</strong> part de l'homme est très<br />

faible sinon inexistante.<br />

En principe, particper <strong>et</strong> s'occuper<br />

de ses enfants <strong>et</strong> de sa femme.<br />

- Loisirs communs Pas forcément .<br />

- Femmes avant/<br />

maintenant <br />

Certaines sont plus libres, ont de l'argent<br />

partant une position différenté <strong>dans</strong> <strong>la</strong><br />

société.<br />

- Femmes âgées/<br />

plus jeunes <br />

Il y a surtout une différence entre celles<br />

qui vivent à "l'Européenne" <strong>et</strong> les autres<br />

celles qui ne sont pas instruites, en général,<br />

nous les femmes plus âgées avons plus<br />

de respect, <strong>et</strong> nous supportons plus de choses<br />

que les jeunes.


-203-<br />

6)- Le discours <strong>des</strong> 40/45 non-sco<strong>la</strong>risées urbaines<br />

- La famille 1<br />

- La p<strong>la</strong>ce de <strong>la</strong><br />

femme <strong>dans</strong> <strong>la</strong><br />

société<br />

- L'amour 1<br />

- La polygamie 1<br />

- Contribution de<br />

<strong>la</strong> femme <br />

La famille maternelle, les enfants qui font<br />

partie du c<strong>la</strong>n de <strong>la</strong> mère, <strong>et</strong> <strong>la</strong> famille<br />

paternelle.<br />

Actuellement <strong>dans</strong> <strong>la</strong> société, si <strong>la</strong> femme a<br />

de l'argent, il n'y a pas de problèmes; elle<br />

a plus d'assurance au niveau social, <strong>et</strong> elle<br />

fait peur aux hommes.<br />

c'est d'abord l'entente.<br />

Contre car elle amène trop de problèmes.<br />

Participer en partie pour les enfants pour<br />

<strong>la</strong> nourriture, mais le mari doit aussi donner<br />

quelque chose.<br />

- Contribution de<br />

l'homme<br />

En principe s'occuper <strong>des</strong> enfants, <strong>et</strong> de sa<br />

femme.<br />

- Loisirs communs "Pourquoi faire 1" non, c'est bon pour les<br />

jeunes !<br />

- Femmes âgées/<br />

femmes jeunes Les jeunes manquent de respect, de<br />

discrétion. Elles ne supportent plus ce<br />

que nous on supportait pour les enfants.<br />

Elles n'ont plus de moralité, plus de<br />

conscience. Nous sommes plus calmes, plus<br />

responsables.<br />

7- Le discours <strong>des</strong> 50 ans <strong>et</strong> plus zone urbaine (quelques thèmes)<br />

- La polygamie 1<br />

- Contribution<br />

de <strong>la</strong> femme <br />

Les hommes épousaient plusieurs femmes pour<br />

<strong>des</strong> raisons économiques, il n'y avait pas à<br />

être jalouse, les femmes jalouses n'étaient<br />

pas appréciées.<br />

Les femmes travail<strong>la</strong>ient plus que les hommes<br />

elles travail<strong>la</strong>ient aux champs, p<strong>la</strong>ntaient<br />

<strong>et</strong> fabriquaient le manioc. Les activités<br />

étaient séparés, il y avait le travail <strong>des</strong><br />

femmes <strong>et</strong> celui <strong>des</strong> hommes.


-204-<br />

- Contribution<br />

de l'homme<br />

C'était l' homme qui habil<strong>la</strong>it <strong>la</strong> femme <strong>et</strong> les<br />

enfants. l' homme chassait, <strong>et</strong> pêchait, <strong>et</strong><br />

après avoir chassé ou ach<strong>et</strong>é de <strong>la</strong> viande,<br />

il distribuait à chaque femme.<br />

- Les générations<br />

plus igées/jeunes Avant, les "bandits" étaient vendus au<br />

marché. or actuellement, une femme ou un<br />

homme, abandonne son mari pour aller chercher<br />

un autre. Les femmes lorsque le mari leur<br />

donne de l'argent, elles cherchent à avoir<br />

plus. Ceci les poussent à se prostituer. ~<br />

toutes les façons, les hommes <strong>et</strong> les femmes<br />

sont pareils ! Le "banditisme" provient <strong>des</strong><br />

jeunes eux mêmes, <strong>et</strong> ce<strong>la</strong> provient aussi de<br />

l'école, de l'argent, car tout le monde veut<br />

faire n'importe quoi pour être bien. L'école<br />

est bien, mais ce sont les jeunes qui n' arrivent<br />

pas à bien suivre, car après les cours<br />

les jeunes filles vont avec les hommes, <strong>et</strong><br />

elles ont <strong>des</strong> grossesses. Si elles suivaient<br />

normalement ce serait bien car ce<strong>la</strong> perm<strong>et</strong>trait<br />

à l'heure actuelle de bien vivre.<br />

- Contribution de<br />

l'homme<br />

c'est le chef de famille, c'est à lui que<br />

revient <strong>la</strong> charge principale du foyer.<br />

- Loisirs communs <br />

Oui mais pas toujours.<br />

- La femme avant/<br />

maintenant <br />

La situation de <strong>la</strong> femme a évolué, elle<br />

accède maintenant à <strong>des</strong> postes de responsabilités,<br />

son rôle ne se limite plus au ménage<br />

comme avant. Il y a aussi <strong>la</strong> prostitution,<br />

<strong>et</strong> le désintérêt <strong>des</strong> jeunes femmes<br />

pour les travaux <strong>des</strong> champs.


-205-<br />

8)- Le discours <strong>des</strong> 20/25 <strong>et</strong> 30/35 rurales<br />

- La famille <br />

L'amour<br />

- La polygamie<br />

- Les femmes avant/<br />

maintenant <br />

c'est d'abord <strong>la</strong> famille de <strong>la</strong> mère, les<br />

enfants qui appartiennent au c<strong>la</strong>n de <strong>la</strong> mère,<br />

<strong>et</strong> <strong>la</strong> famille paternelle, le mari ne fait pas<br />

partie de <strong>la</strong> famille de <strong>la</strong> femme, mais de sa<br />

famille à lui.<br />

L'entente, bien vivre ensemble.<br />

Au vil<strong>la</strong>ge les femmes sont obligées de<br />

s'entendre, car elles n'ont pas d'intérêt<br />

particuliers à sauvegarder comme en ville<br />

elles acceptent de souffrir ensemble. D'autre<br />

part ce n'est pas bien vu de vouloir<br />

s'approprier du mari surtout <strong>la</strong> famille de<br />

ce dernier.<br />

Du temps <strong>des</strong> mamans, on ne pouvait même pas<br />

regarder les hommes, ni leur parler, pour<br />

éviter le concubinage. tandis que maintenant,<br />

on peut avoir <strong>des</strong> aventures, prendre de <strong>la</strong><br />

bière <strong>dans</strong> un bar avec <strong>des</strong> hommes, c'est<br />

mieux. On peut vivre avec quelqu'un sans ê­<br />

tre dotée du temps <strong>des</strong> mamans c'était trop<br />

strict, il fal<strong>la</strong>i t être dotée pour vivre avec<br />

quelqu'un.<br />

9- Le discours <strong>des</strong> 20/25 sco<strong>la</strong>risés urbains (hommes)<br />

- La famille <br />

- La femme <strong>dans</strong> <strong>la</strong><br />

société <br />

c'est <strong>la</strong> famille au sens <strong>la</strong>rge, les cousins,<br />

les oncles, les tantes...<br />

La femme se doit d'être mère, épouse, éducatrice,<br />

<strong>et</strong> enfin un "travailleur" pour<br />

seconder l'homme, <strong>et</strong> participer à l'édification<br />

de <strong>la</strong> nouvelle société, aux côtés de<br />

l'homme.<br />

- L'amour Attachement que l'on ressent,<br />

d'amitié <strong>et</strong> de tendresse.<br />

sentiment<br />

- La polygamie <br />

- Contribution de<br />

<strong>la</strong> femme <br />

Contre, c6mment aimer deux femmes en même<br />

temps <br />

Une part de son sa<strong>la</strong>ire, <strong>la</strong> communauté est<br />

à souhaiter mais elle est difficle à<br />

réaliser, étant donné les "réalités Congo<strong>la</strong>ises".


-206-<br />

C- UNE IMAGE DES REUNIONS -DISCUSSIONS<br />

Cinq réunions discussions ont été effectuées en tout: avec<br />

<strong>des</strong> hommes uniquement, une avec <strong>des</strong> femmes, les trois autres<br />

regroupant <strong>des</strong> hommes <strong>et</strong> <strong>des</strong> femmes. Le nombre de participants<br />

a varié de quatre à six personnes. Les deux premières ont eues<br />

lieu avec <strong>des</strong> hommes <strong>et</strong> <strong>des</strong> femmes de 30/35 ans, les autres avec<br />

les 20/25, <strong>et</strong> les 40/45.<br />

Les thèmes abordés ont été successivement:<br />

- L'évolution <strong>des</strong> rapports <strong>dans</strong> les couples, <strong>et</strong> entre les<br />

hommes <strong>et</strong> les femmes en général<br />

Les problèmes posée par "l'émancipation féminine"<br />

- Le problème <strong>des</strong> biens au sein du ménage, communauté ou non<br />

<strong>des</strong> biens<br />

- Les problèmes posés par le veuvage<br />

- La délinquance<br />

- La prostitution<br />

Les conclusions <strong>et</strong> remarques tirées de celles-ci ont été<br />

prises en compte <strong>dans</strong> l'analyse <strong>des</strong> données. Mais nous avons<br />

choisi de présenter un résumé d'une réunion discussion; celle<br />

réalisée avec <strong>des</strong> jeunes de 20/25 ans; quatre jeunes gens, <strong>et</strong><br />

deux jeunes filles; réunion discussion qui illustre le type de<br />

"dialogue" actuel entre hommes <strong>et</strong> femmes.<br />

La consigne "Dans le cadre d'une recherche que j'effectue<br />

actuellement, je m'intéresse à l'évolution <strong>des</strong> rôles <strong>dans</strong> <strong>la</strong><br />

société Congo<strong>la</strong>ise. Vous mêmes avez dû remarquer en regardant<br />

autour de vous <strong>des</strong> différences de comportements; par exemple<br />

entre les femmes d'un certain âge <strong>et</strong> les plus jeunes; entre<br />

personnes (hommes ou femmes) vivant au vil<strong>la</strong>ge <strong>et</strong> ceux vivant en<br />

ville. Aussi je vous propose que l'on parle de l'évolution <strong>des</strong><br />

rôles féminins <strong>et</strong> masculins, en partant d'abord de <strong>la</strong> période<br />

coloniale (de ce que vous en savez), pour arriver à <strong>la</strong> période<br />

actuelle."


-207-<br />

RESUME DE LA REUNION DISCUSSION<br />

Le thème :<br />

Situation de <strong>la</strong> femme<br />

J.G. 148<br />

avant <strong>la</strong> période coloniale<br />

- Avant <strong>la</strong> femme était considérée comme une esc<strong>la</strong>ve,<br />

mais avec le contact de l'européen, sa situation a<br />

changée, surtout en ville. Au vil<strong>la</strong>ge, <strong>la</strong> femme le<br />

reste même actuellement.<br />

J.G.<br />

J.F.<br />

J.G.<br />

J.F.<br />

J.G.<br />

J.F.<br />

- Avant <strong>la</strong> femme était soumise, mais actuellement selon<br />

son niveau sco<strong>la</strong>ire <strong>et</strong> ses activités, elle l'est moins.<br />

- Avant <strong>la</strong> femme était esc<strong>la</strong>ve, <strong>et</strong> soumise, elle<br />

travail<strong>la</strong>it pour l' homme, <strong>la</strong> femme <strong>et</strong> les enfants constituaient<br />

une main d'oeuvre gratuite. Ils avaient le<br />

même statut, ils étaient faibles par rapport à l' homme,<br />

l'homme donnait une impression d'inactivité.<br />

- Il Y avai t une distribution <strong>des</strong> tâches, l' homme étant<br />

guerrier, <strong>et</strong> <strong>la</strong> femme ayant <strong>des</strong> activités vivrières.<br />

De plus il était difficile d'évaluer le travail que<br />

faisait le mari, car l'homme incarnait <strong>la</strong> puissance <strong>et</strong><br />

<strong>la</strong> sécurité.<br />

- Est ce que le problème de sécurité ne se pose plus<br />

maintenant C'est un faux problème!<br />

- Je ne suis pas d'accord avec le terme esc<strong>la</strong>ve, il est<br />

à m<strong>et</strong>tre entre guillements, par rapport à notre train<br />

de vie. Les conduites à l'époque étaient conditionnées<br />

par une certaine culture qui définissait <strong>des</strong> règles<br />

sociales.<br />

- Oui mais c'était l'homme qui avait fixé les règles,<br />

<strong>et</strong> il avait fait celles-ci à son avantage!<br />

La situation actuelle<br />

J.F. - Avant <strong>la</strong> femme travail<strong>la</strong>it pour l'homme, il y avait<br />

une exploitation de <strong>la</strong> femme par l'homme. maintenant<br />

ce<strong>la</strong> a changé, surtout pour les femmes gui travaillent.<br />

Mais l'homme freine l'évolution de <strong>la</strong> femme parcequ'il<br />

a peur de perdre ses prérogatives.<br />

J.G. mis pour jeunes gens; <strong>et</strong> J.F. pour jeunes fills.


-208-<br />

J.G.<br />

J.G.<br />

J.G.<br />

J.G.<br />

.]. G.<br />

J.G.<br />

- C'est <strong>la</strong> femme qui se freine elle-même, <strong>et</strong> l'homme<br />

maintient c<strong>et</strong> état de choses, il donne seulement le<br />

coup de grâce.<br />

- L'homme a perdu certains droits qu'il avait <strong>dans</strong> le<br />

temps.<br />

- La femme est encore soumise inconsciemment <strong>et</strong> son<br />

évolution est freinée par les hommes qui ne peuvent pas<br />

tolérer que <strong>la</strong> femme évolue. Car pour les hommes,<br />

l'évolution de <strong>la</strong> femme entraîne son entêtement. L' homme<br />

a peur de l'esprit de vengeance qu'elle peut avoir.<br />

Il a peur que ce<strong>la</strong> ne devienne comme le problème de<br />

NOIR par rapport au BLANC.<br />

- Nous voulons bien de l'évolution de <strong>la</strong> femme, mais<br />

elle doit savoir gérer <strong>la</strong> liberté qu'on lui donne.<br />

- Nous voulons bien que <strong>la</strong> femme progresse mais nous<br />

avons peur qu'elle ne puisse se révolter!<br />

- La femme peut évoluer, mais c<strong>et</strong>te évolution doit ê­<br />

tre freinée c'est à dire être modérée car les hommes<br />

sentent un danger de vengeance.<br />

Les rapports hommes/femmes<br />

J.G. - Les hommes <strong>et</strong> les femmes n'ont pas l'habitude de<br />

discuter à cause du déca<strong>la</strong>ge culturel, <strong>et</strong> les gens ne<br />

peuvent pas comprendre qu'il peut y avoir <strong>des</strong> re<strong>la</strong>tions<br />

amicales entre hommes <strong>et</strong> femmes sans re<strong>la</strong>tion sexuelle.


-209-<br />

La prostitution<br />

J.G.<br />

J.F.<br />

J.G.<br />

-Chez nous, <strong>la</strong> prostitution est une conséquence de<br />

l'évolution, on ne peut pas tellement <strong>la</strong> condamner, car<br />

elle a un caractère économique. Il y a plus de femmes<br />

que d' hommes .de Rf fait elles sont obI igées de se<br />

vendre pour V1vre .<br />

- La femme n' évite pas <strong>la</strong> dépendance vis à vis de<br />

l'homme, il y a chez certaines femmes un problème de<br />

mentalité matérialiste.<br />

- L' homme travaille maintenant pour <strong>la</strong> femme, certaines<br />

femmes pensent qu'en ruinant les hommes, elles<br />

rattrapent le r<strong>et</strong>ard.<br />

C'est par c<strong>et</strong> aperçu sur les réunions-discussions que nous<br />

allons clore ce chapitre, pour passer au prochain <strong>et</strong> dernier<br />

chapitre qui s'attachera à analyser, expliquer, <strong>et</strong> interprêter<br />

les données présentées.<br />

149 C<strong>et</strong>te idée qu'il y a plus de femmes que d'hommes, qui<br />

ne recouvre pas une réalité si on se reporte aux données<br />

démographiques, est fortement ancrée chez les hommes <strong>et</strong> les<br />

femmes. Elle sert pêle mêle à justifier <strong>la</strong> polygamie ("il faut<br />

bien que toutes les femmes se marient! l'homme effectue un devoir<br />

social, <strong>et</strong> démographique, en le faisant" point de vue masculin).<br />

Elle justifie aussi <strong>la</strong> prostitution <strong>et</strong>c...


CHAPITRE V<br />

ANALYSE DES DONNES ET INTERPRETATION EN<br />

FONCTION DES HYPOTHESES


-210-<br />

ANALYSE DES DONNEES ET INTERPRETATION EN FONCTION DES HYPOTHESES<br />

1- ANALYSE EN FONCTION DES HYPOTHESES<br />

Ce passage se propose, de lire d'une manlere significative<br />

les résultats obtenus. L'analyse, comme l'ensemble du travail<br />

avait <strong>des</strong> objectifs précis. Nous avions organisé ces objectifs<br />

autour d'hypothèses, ce sont ces dernières qui vont nous aider<br />

à comprendre les résultats obtenus <strong>dans</strong> un premier temps. ceci<br />

nous amènera à nous demander si nous pensons pouvoir dire que nos<br />

hypothèses sont confirmés ou infirmés par les résultats obtenus.<br />

1)- LA PROXIMITE AU MODELE VARIERA SELON LE MILIEU, L'AGE. LE<br />

NIVEAU SCOLAIRE<br />

- La proximité variera selon le milieu<br />

Dans l'ensemble, les personnes vivant en zone rurale sont<br />

plus proches du modèle traditionnel que les personnes vivant en<br />

zone urbaine. <strong>la</strong> proximité au modèle, varie donc selon le milieu.<br />

- La proximité au modèle traditionnel variera selon l'âge<br />

La proximité au modèle varie selon l'âge, les personnes plus<br />

jeunes sont moins proches du modèle traditionnel que les<br />

personnes plus âgées, <strong>et</strong> ceci quel que soit le milieu.<br />

- La proximité au modèle variera selon le niveau sco<strong>la</strong>ire<br />

Nous constatons en eff<strong>et</strong> <strong>dans</strong> l'ensemble, que les femmes<br />

sco<strong>la</strong>risées sont moins proches du modèle que les personnes non<br />

sco<strong>la</strong>risées. Nous sommes <strong>dans</strong> un premier temps au niveau du<br />

constat, nous nous réservons <strong>dans</strong> le passage concernant<br />

l'interprétation <strong>des</strong> résultats, de tenter d' expliquer c<strong>et</strong>te<br />

proximité ou non au modèle traditionnel.


-211-<br />

1)- LA PROXIMITE AU MODELE VARIERA SELON LE MILIEU. L'AGE. LE<br />

NIVEAU SCOLAIRE<br />

Nous disons au préa<strong>la</strong>ble, que les résultats sont à nuancer<br />

fortement. Il s'agit ici plus de données indicatives,<br />

d'approximations, que de chiffres rigoureux. Rappelons aussi que<br />

<strong>la</strong> taille <strong>des</strong> échantillons comparés n'est pas <strong>la</strong> même: 30<br />

personnes pour <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion urbaine; les 20/25, les 30/35, <strong>et</strong><br />

les 40/45 (Les 50 ans <strong>et</strong> plus, urbaines <strong>et</strong> rurales, étant plutôt<br />

un groupe de référence); <strong>et</strong> 10 personnes dqns <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion<br />

rurale, les 20/25 <strong>et</strong> les 30/35.<br />

Nous avons pour <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion urbaine 50,6% d'approbations<br />

<strong>des</strong> conduites valorisées <strong>dans</strong> le modèle traditionnel, 34,6% de<br />

critiques <strong>et</strong> 14,6% de rej<strong>et</strong>s, contre 79% d'approbations <strong>dans</strong> le<br />

second groupe <strong>et</strong> 21% de critiques. Aucun rej<strong>et</strong> n'étant relevé<br />

<strong>dans</strong> ce groupe. Pour schématiser ceci nous allons le représenter<br />

comme suit:<br />

Eloignement<br />

Proximité au modèle<br />

10 20 30 40 50<br />

50 ,6% Z. U.150<br />

60<br />

79% Z.R.<br />

70 80 90<br />

Modèle<br />

Traditionnel<br />

(Approbations)<br />

Nous tiendrons compte <strong>dans</strong> un premier temps du taux<br />

d'aprobations <strong>des</strong> conduites valorisées <strong>dans</strong> le modèle<br />

traditionnel. disons donc toutes proportions gardées qu'il y a<br />

une variation, <strong>et</strong> <strong>dans</strong> l'ensemble, les personnes vivant en milieu<br />

rural sont plus proches, plus favorables aux conduites valorisées<br />

<strong>dans</strong> le modèle traditionnel, que les personnes vivant en milieu<br />

urbain. La proximité au modèle variera donc selon le milieu.<br />

150<br />

Z.U. mis pour zone urbaine. Z.R. zone rurale.


B- LA PROXIMITE AU MODELE TRADITIONNEL VARIERA SELON L'AGE<br />

-212-<br />

Dans le milieu urbain que constatons nous Y at-il<br />

notamment <strong>des</strong> différences notables de <strong>la</strong> proximité ou non au<br />

modèle selon les différentes tranches d'âge<br />

GROUPE A- Les sco<strong>la</strong>risées urbaines<br />

LES 20/25 28,6% Modèle<br />

-------'L..--------------------->Tradit ionnel<br />

10 20 30 40 50 60 70 80 90<br />

28,6% d'approbations <strong>des</strong> conduites valorisées <strong>dans</strong> le modèle.<br />

LES 30/35 30%<br />

Modèle<br />

---~-----l.-----~--------------->Tradi tionnel<br />

10 20 30 40 50 60 70 80 90<br />

30% d'approbations <strong>des</strong> conduites valorisées <strong>dans</strong> le modèle.<br />

LES 40/45<br />

48%<br />

Modèle<br />

-------------..L--------------->Tradit ionnel<br />

10 20 30 40 50 60 70 80 90<br />

48% d'approbations <strong>des</strong> conduites valorisées <strong>dans</strong> le modèle.


-213-<br />

Que constatons-nous pour les non sco<strong>la</strong>risées urbaines<br />

GROUPE B- Les non-sco<strong>la</strong>risées urbaines<br />

LES 20/25 46%<br />

Modèle<br />

---------------l.--------------->Traditionnel<br />

10 20 30 40 50 60 70 80 90<br />

LES 30/35 72%<br />

Modèle<br />

-----------------------JL------->Traditionnel<br />

10 20 30 40 50 60 70 80 90<br />

LES 40/45 80% Modèle<br />

------------------------""----->Traditionnel<br />

10 20 30 40 50 60 70 80 90<br />

Nous constatons une variation <strong>dans</strong> le groupe B; Les non<br />

sco<strong>la</strong>risées urbaines. L'écart est plus accentué entre les 20/25<br />

<strong>et</strong> les 30/35 <strong>et</strong> 40/45 d'une part, que <strong>dans</strong> le groupe A.<br />

Quant aux 50<br />

ans <strong>et</strong> plus nous avons:<br />

LES 50 ans <strong>et</strong> plus urbaines<br />

96% Modèle<br />

-------------------------....I--->Tradit ionnel<br />

10 20 30 40 50 60 70 80 90<br />

LES 50 <strong>et</strong> plus rurales<br />

92% Modèle<br />

------------------------..........--->Tradit ionnel<br />

10 20 30 40 50 60 70 80 90<br />

La proximité au modèle variera selon l'âge. Les personnes<br />

plus jeunes sont moins proches du modèle traditionnel que les<br />

personnes plus âgées, <strong>et</strong> cec i quel que soit le milieu. Nous<br />

pensons donc pouvoir dire que le premier présupposé se confirme.<br />

Nous passons pour l'instant à <strong>la</strong> lecture du deuxième présupposé:


-214-<br />

B- LES MODIFICATIONS SERONT PLUS SENSIBLES AUTOUR DES TROIS ROLES<br />

CLES : CEUX DE MEMBRE DE LIGNAGE, MERE ET EPOUSE<br />

LES ROLES CHEZ LES URBAINES SCOLARISEES<br />

GROUPE A<br />

Conduites val. l5! 1 Conduites tolérées conduites<br />

, 1 deval.<br />

!<br />

Membre soumise 3 selon les circons- insoumise 4<br />

de tances 8<br />

lignage attachée prendre dis- individua-<br />

au ... 15 tances - liste -<br />

aider, as- selon circonssistée<br />

13 1 tances 2 1 égoïste -<br />

Participer 14 plus ou moins 1 non participation<br />

-<br />

i Nombre 45<br />

1<br />

nombre Il<br />

1<br />

nombre 4<br />

% 23,07 1 % 5,64 % 2,05<br />

\<br />

Mère 1<br />

~ dévouée 15 1 attendre du père - négliger en-<br />

1 travailler attendre <strong>et</strong> exiger 1 fants<br />

1 pour enfants - 1 du père qu'il s'en ne rien<br />

privilégier occupe 11 faire .. 4<br />

intérêts enf.4 rompre ... 4 les aban-<br />

1 dégourdie 15 attendre que le donner 7<br />

1 1 père... - être in-<br />

1<br />

sousciante -<br />

i<br />

nombre 34 nombre 15 nombre Il<br />

% 1<br />

1<br />

17,43 % 7,69 % 5,64<br />

!<br />

Epouse déférente 2 déférence caduque 1 non déféren-<br />

~<br />

1 respecter 1 respect condition- te 12<br />

Il i mari 8<br />

1<br />

nel 5 irrspectue-<br />

Il<br />

~ 1 soumise 3 1 re<strong>la</strong>tion d'échan- se<br />

2<br />

fidèle 1<br />

1<br />

ge 5 insoumise 7<br />

résignée 4 1 fidélité condi- infidèle 1<br />

1<br />

tionnelle 13 non rési-<br />

1<br />

être critique - gnée Il<br />

Nombre 18 Nombre 24 Nombre 48<br />

% 9,23 % 12,30 % 16,92<br />

0<br />

TOTAL 97<br />

TOTAL 50 TOTAL 48<br />

% 49,74 % 25,64 % 24,61<br />

1<br />

15l_Pour le détail <strong>des</strong> rubriques, voir les grilles complètes.<br />

Les pourcentages sont calculés sur le total de l'ensemble<br />

<strong>des</strong> réponses de <strong>la</strong> grille.


-215-<br />

Plutôt qu'un schéma, nous<br />

perm<strong>et</strong>tant de récapituler les<br />

considérés; le groupe A, B <strong>et</strong><br />

d'ensemble groupe par groupe.<br />

reproduisons ici, <strong>la</strong><br />

résultats <strong>des</strong> trois<br />

C,. Afin d'avoir une<br />

grille<br />

groupes<br />

vision<br />

LES ROLES CHEZ LES URBAINES NON-SCOLARISEES GROUPE B<br />

Conduites val. 152 ! •<br />

! .<br />

1 Condu1tes tolérées 1 condu1tes<br />

deval.<br />

~<br />

i<br />

Nombre 53 nombre 6 nombre 1<br />

% 27,17 % 3,07 % 0,5<br />

1<br />

Membre soumise 11 selon les circons- insoumise 1<br />

, de tances 3<br />

lignage attachée prendre dis- individuaau<br />

... 14 tances 1 liste -<br />

aider, as- selon circonssistée<br />

14 tances 1 égoïste -<br />

Participer 14 plus ou moins 1 non particiii<br />

pation -<br />

i<br />

1<br />

1<br />

1<br />

'i - dévouée 15 1 ~ Mere 1 attendre du père - négliger entravailler<br />

1 attendre <strong>et</strong> exiger 1 fants -<br />

pour enfants 9<br />

i<br />

1 du père qu'il s'en 1 ne rien<br />

privilégier 1 occupe 6 fai re .. -<br />

intérêts E. 10 rompre ... 4 les abanil<br />

dégourdie 14 1 attendre que le donner 1<br />

il 1<br />

1 père... 1 être in-<br />

Il<br />

1<br />

i<br />

sousciante -<br />

1<br />

1<br />

nombre 48 1 nombre 11 nombre 1<br />

% 24,61 i % 5,64 % 0,5<br />

i<br />

1<br />

~ Epouse déférente 12 1 déférence caduque non déféreni<br />

respecter respect condition--1 te 3<br />

~ mari 12 . nel 3 irrspectuesoumise<br />

4 1 re<strong>la</strong>tion d' échan- se -<br />

fidèle 7 ge 10 insoumise 1<br />

résignée 9 1 fidélité condi- infidèle 1<br />

1 tionnelle 7 non rési-<br />

1<br />

1<br />

être critique 2 gnée 4<br />

1<br />

Nombre 44 Nombre 22 Nombre 9<br />

% 22,56 % 11,28 % 4,6<br />

TOTAL 145 TOTAL 39 TOTAL 11<br />

% 74,35 % 20 % 5,64<br />

152_Pour le détail <strong>des</strong> rubriques, voir les grilles complètes.


1<br />

-216-<br />

LES ROLES CHEZ LES RURALES GROUPE C<br />

1<br />

Conduites val. 153 Conduites tolérées conduites<br />

deval.<br />

Membre soumise 10 selon les circonsde<br />

tances -<br />

lignage attachée prendre disau<br />

... Il tances -<br />

aider, as- selon circonssistée<br />

10 tances -<br />

Participer 10 plus ou moins -<br />

insoumise<br />

individualiste<br />

­<br />

égoïste ­<br />

non participation<br />

-<br />

1 Mère<br />

Nombre<br />

%<br />

! d ~ ~<br />

1 evouee<br />

1 travailler<br />

. pour enf.<br />

40<br />

30,76<br />

I l privilégier<br />

int.enf. 10<br />

1 dégourdie 10<br />

1<br />

1<br />

1<br />

nombre<br />

%<br />

1<br />

Epouse 1 déférente<br />

1 1 respecter<br />

1 i mari<br />

1 1 soumise<br />

1 !<br />

i 1 fidèle<br />

1 1 résignée<br />

i<br />

Nombre<br />

%<br />

TOTAL<br />

%<br />

40<br />

30.76<br />

10 1 attendre du père -<br />

1 attendre <strong>et</strong> exiger<br />

10 1 du père qu'il s'en<br />

8<br />

8<br />

1<br />

5<br />

2<br />

24<br />

18,46<br />

104<br />

80<br />

1<br />

1<br />

1<br />

1<br />

occupe -<br />

rompre... -<br />

attendre que le<br />

père. . . -<br />

1 déférence caduque 2<br />

1 respect conditionnel<br />

2<br />

re<strong>la</strong>tion d'échani<br />

ge 9<br />

1<br />

fidélité conditionnelle<br />

5<br />

être critique 8<br />

Nombre<br />

%<br />

TOTAL<br />

%<br />

26<br />

20<br />

1<br />

i<br />

26<br />

20<br />

1<br />

! neg ~ l' 1ger enfants<br />

1 ne rien<br />

1 faire ..<br />

1 les aban­<br />

1 donner<br />

être insousciante<br />

-<br />

non déférente<br />

irrspectuese<br />

insoumise<br />

infidèle<br />

non résignée<br />

153_Pour le détail <strong>des</strong> rubriques, voir les grilles complètes.


-217-<br />

B- LES MODIFICATIONS SERONT PLUS SENSIBLES AUTOUR DES TROIS ROLES<br />

CLES : CEUX DE MEMBRE DE LIGNAGE, MERE ET EPOUSE<br />

Si nous examinons les résultats d'ensemble pour chaque<br />

groupe considéré. Nous constatons que pour tous les groupes le<br />

rôle qui recueille le plus d'approbations <strong>dans</strong> l'ensemble est le<br />

rôle de membre de lignage, c'est également celui qui recueille<br />

le moins d'approbations <strong>des</strong> conduites dévalorisées <strong>dans</strong> le<br />

modèle.<br />

Nous ne pouvons pas dire au vu de ces résultats que les<br />

modifications au niveau du rôle de membre de lignage soit par<br />

exemple plus sensible qu'au niveau <strong>des</strong> autres rôles. Il est même<br />

à souligner que pour tous les groupes, ce sont les conduites<br />

valorisées <strong>dans</strong> le rôle de membre de lignage qui recueille le<br />

plus d'approbations.<br />

La modification est plus sensible au niveau de <strong>la</strong> soumission<br />

au lignage, qui est nuancée, critiquée ou rej<strong>et</strong>ée chez les<br />

urbaines. Tandis que celle-ci semble ne pas "bouger", chez les<br />

femmes du groupe C. Les modifications sont par contre plus<br />

sensibles au niveau <strong>des</strong> autres rôles.<br />

Les modifications seront plus sensibles autour du rôle de mère<br />

- Pour le groupe A, si le fait d'être une mère dévouée <strong>et</strong><br />

dégourdie reste très valorisé. Il y a par contre une modification<br />

notable en ce qui concerne le fait de travailler pour ses<br />

enfants, pour assurer leur subsistance, rôle qui, <strong>dans</strong> <strong>la</strong> société<br />

traditionnelle reste dévolue à <strong>la</strong> femme à <strong>la</strong> mère, le père<br />

apportant une contribution complémentaire.<br />

Ici, c'est plutôt un renversement de rôle, ou plutôt<br />

d'obligations car <strong>la</strong> plupart <strong>des</strong> femmes urbaines estiment que<br />

c'est le père qui doit principalement travailler pour les<br />

enfnatsj <strong>la</strong> mère ne faisant qu'aider. C<strong>et</strong>te aide pouvant être<br />

facultative. c'est un point sur lequel nous allons revenir<br />

Un autre point à relever <strong>dans</strong> le groupe A, c'est le nombre<br />

de personnes qui estiment que les intérêts de l'enfant ne passe<br />

plus avant tout. Ces deux points seront développés par <strong>la</strong> suite.<br />

Ils constituent en eff<strong>et</strong> quelques uns <strong>des</strong> points de frictions<br />

avec les autres partenaires, notamment avec les hommes.<br />

A noter également, le fait que pour le groupe B, les<br />

modifications sont notables mais plus faibles que pour le premier<br />

groupej tandis que pour le groupe C, il n'y a pas de<br />

modifications notables pour le rôle de mère. Nous pensons donc<br />

pouvoir dire que les modifications sont plus sensibles au niveau<br />

du rôle de mère, mais surtout pour le groupe A, un peu moins pour<br />

le groupe B, <strong>et</strong> n<strong>et</strong>tement moins sensibles pour le groupe C.


-218-<br />

Les modifications seront plus sensibles autour du rôle d'épouse<br />

Pour le groupe A, il y a <strong>des</strong> modifications notables, au<br />

niveau du rôle d'épouse, <strong>la</strong> fidélité est en perte de vitesse,<br />

vient ensuite <strong>la</strong> déférence envers le mari, <strong>la</strong> soumission <strong>et</strong> <strong>la</strong><br />

résignation. Pour le groupe B, les approbations <strong>des</strong> conduites<br />

valorisées sont plus fortes que celles du groupe A. Elles sont<br />

même plus fortes que celles du groupe C, toutes proportions<br />

gardées.<br />

Il semblerait ainsi que les non sco<strong>la</strong>risées urbaines<br />

feraient <strong>des</strong> épouses plus soumises que les rurales, nous<br />

reviendrons sur c<strong>et</strong> aspect pour tenter d'y trouver une<br />

explication cohérente.<br />

Dans le groupe B, <strong>la</strong> déférence <strong>et</strong> le respect du mari restent<br />

de mise, ainsi que <strong>la</strong> résignation. Le sont moins <strong>la</strong> soumission<br />

inconditionnelle, ainsi que <strong>la</strong> fidélité. Dans le groupe C <strong>la</strong><br />

déférence <strong>et</strong> le respect le sont aussi, <strong>la</strong> soumission <strong>et</strong> <strong>la</strong><br />

résignation n<strong>et</strong>tement moins. A noter aussi le nombre notable de<br />

réponses concernant <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion d'échange, <strong>la</strong> critique, <strong>et</strong> aussi<br />

<strong>la</strong> fidélité.<br />

Les modifications seront-elles plus sensibles autour du rôle<br />

d'épouse Nous pouvons répondre par l'affirmative pour<br />

l'ensemble <strong>des</strong> trois groupes, mais avec une tendance très<br />

accentuée en ce qui concerne le groupe A, <strong>et</strong> <strong>des</strong> tendances plus<br />

faibles concerant les groupes B <strong>et</strong> C. Aussi dirons nous qu'en<br />

fai t les modifications sont surtout sensibles autour de deux<br />

rôles: ceux de mère <strong>et</strong> d'épouse, <strong>et</strong> ceci beaucoup plus pour l'un<br />

<strong>des</strong> groupes; le groupe A.


-219-<br />

La femme en milieu urbain mais dont l'activité est proche <strong>des</strong><br />

activités traditionnelles. utilise (notamment <strong>dans</strong> <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion<br />

de couple) à un coût affectif moindre. le contexte moderne gue<br />

<strong>la</strong> femme dont l'activité est proche <strong>des</strong> activités modernes.<br />

Ceci présupposait que c'est <strong>dans</strong> le groupe A que nous<br />

devions rencontrer le plus de confl i ts. Hormis le groupe <strong>des</strong><br />

20/25 sco<strong>la</strong>risées, non engagé pour <strong>la</strong> plupart <strong>dans</strong> une re<strong>la</strong>tion<br />

de couple. les 30/35 <strong>et</strong> les 40/45 avaient ou étaient encore<br />

engagées <strong>dans</strong> une re<strong>la</strong>tion de couple quelle qu'elle soit. La<br />

plupart <strong>des</strong> conflits sont situés <strong>dans</strong> les couples, ou <strong>dans</strong> les<br />

re<strong>la</strong>tions hommes/femmes en général. Le groupe A a-t-il plus de<br />

conflits, plus de tensions <strong>dans</strong> <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion conjugale que les<br />

autres groupes Que constatons nous en fait<br />

Nous relevons que <strong>la</strong> liste <strong>des</strong> causes de tensions ou de<br />

conflits est plus longue <strong>dans</strong> le groupe A que <strong>dans</strong> les autres<br />

groupes; notamment les 30/35 <strong>et</strong> les 40/45. C'est à dire pour<br />

celles qui ont un travail sa<strong>la</strong>rié qui sont , ou ont été engagées<br />

<strong>dans</strong> une re<strong>la</strong>tion conjugale, <strong>et</strong> que <strong>dans</strong> les causes de conflits,<br />

<strong>la</strong> volonté ou le désir de l' homme de vouloir "contrôler" ou<br />

dominer <strong>la</strong> femme est mis en avant, comme l'une <strong>des</strong> premières<br />

causes de tension. Tandis que <strong>dans</strong> les autres groupes, sont mis<br />

en avant le désintérêt <strong>des</strong> hommes pour leurs enfants.<br />

Quant aux issues de ces conflits, l'instabilité, les<br />

ruptures ou divorces sont plus fréquents <strong>dans</strong> le groupe A,<br />

notamment pour les 30/35. Pour les 40/45 nous relevons un peu<br />

plus de résignées. les conflits ou tensions sont un peu plus<br />

atténués. C'est <strong>dans</strong> ce groupe qu'il y a aussi évoqué comme cause<br />

de conflit, non seulement <strong>des</strong> causes relevant <strong>des</strong> hommes, mais<br />

aussi <strong>des</strong> femmes.<br />

Les causes de séparations sont révé<strong>la</strong>trices. Dans le groupe<br />

A, on se sépare pour être libre, parcequ'on ne supporte plus pour<br />

soi (les 30/35), un peu moins pour les 40/45. Tandis que <strong>dans</strong> le<br />

groupe B, on se sépare lorsque l'intérêt <strong>des</strong> enfants est en jeu.<br />

Nous relevons d'autre part comme autre cause de conflits<br />

immédiatement après, le désir de contrôler les gains de <strong>la</strong> femme<br />

par l'homme.<br />

Rappelons que <strong>dans</strong> <strong>la</strong> plupart <strong>des</strong> cas, les non-sco<strong>la</strong>risées<br />

urbaines du moins celles dont faisaient partie le groupe <strong>des</strong><br />

personnes intérrogées ici, sont mar1ees à <strong>des</strong> hommes peu<br />

sco<strong>la</strong>risés, ou bien qui ne le sont pas, <strong>et</strong> qui pour <strong>la</strong> plupart,<br />

continuent de se conduire à "l'ancienne", vis à vis de leurs<br />

enfants, à l'égard <strong>des</strong>quels ils font montre d'un "manque<br />

d'intérêt" , qui n'est pas surprenant <strong>dans</strong> le système<br />

traditionnel, <strong>et</strong> aussi <strong>dans</strong> leur couple où <strong>la</strong> séparation <strong>des</strong><br />

biens reste de rigueur.


-220-<br />

La femme qui exerce une activité lucrative, en prenant comme<br />

référence <strong>la</strong> tradition, arrive à disposer de ses biens sans trop<br />

de conflits avec le conjoint. Ce<strong>la</strong> d'autant plus que <strong>dans</strong> <strong>la</strong><br />

plupart <strong>des</strong> cas, c'est elle qui a <strong>la</strong> charge presqu'exclusive <strong>des</strong><br />

enfants. Ceci amène <strong>la</strong> femme <strong>dans</strong> ces groupes à disposer de<br />

revenus monétaires qui s'ils sont"confortables", leur perm<strong>et</strong>tent<br />

de réaliser sans fracas certaines choses qu'elles n'auraient pas<br />

pu faire autrement: construction de maison, p<strong>et</strong>ites affaires<br />

procurant <strong>des</strong> revenus, trasport, taxis <strong>et</strong>c...<br />

Dans une certaine mesure, nous pouvons donc dire que le<br />

contexte urbain est utilisé à un coût affectif moindre, au niveau<br />

de <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion conjugale, car <strong>la</strong> transposition du obligations du<br />

"couple" traditionnel <strong>dans</strong> le contexte urbain, a poussé les<br />

femmes à avoir une activité proche <strong>des</strong> activités traditionnelles,<br />

mais différente car procurant <strong>des</strong> revenus.<br />

l'obligation alimentaire traditionnelle transposée en milieu<br />

urbain, a poussée <strong>et</strong> motivée les femmes du groupe B vers les<br />

activités qui perm<strong>et</strong>tent de remplir leurs obligations de base,<br />

leur perm<strong>et</strong>tent de disposer parfois de plus de revenus que leurs<br />

conjoints.<br />

D'autre part, le type de conflits ou de causes de tensions<br />

évoqués <strong>dans</strong> ce sous-groupe ne pose pas de problèmes<br />

insurmontables, <strong>dans</strong> <strong>la</strong> mesure où <strong>la</strong> femme <strong>dans</strong> ce sous-groupe<br />

continue de penser que les enfants appartiennent à son lignage<br />

<strong>et</strong> qu'en travail<strong>la</strong>nt pour eux, elle travaille pour elle, tout au<br />

plus on reproche au père, de ne pas tenir compte du coût de <strong>la</strong><br />

vie actuelle, <strong>et</strong> de ne pas tenir compte du fait que <strong>la</strong> "mère ne<br />

peut pas tout faire". On peut souligner en passant que <strong>dans</strong> ce<br />

groupe, les enfants "suffisent" à <strong>la</strong> mère <strong>dans</strong> <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion<br />

conjugale, nous reviendrons sur ces points par ailleurs.<br />

Mais nous pensons pouvoir dire ici que <strong>dans</strong> le groupe B,<br />

surtout pour les 30/35 <strong>et</strong> les 40/45, le contexte moderne est<br />

utilisé à un coût affectif moindre que les 30/35 du groupe A. En<br />

eff<strong>et</strong>, <strong>dans</strong> ce dernier groupe, <strong>la</strong> plupart <strong>des</strong> personnes<br />

auxquelles nous nous référons sont ou ont été mariées à <strong>des</strong><br />

hommes sco<strong>la</strong>risés. Les problèmes se posent différemment. Nous<br />

chercherons à expliquer pourquoi plus loin.<br />

_Nous pointons tout simplement au passage, qu'on note ici<br />

<strong>des</strong> tentatives de semi-communauté de biens plus ou moins réussie.<br />

<strong>et</strong> surtout un désir apparent de l'homme de chercher non seulement<br />

à contrôler les gains de <strong>la</strong> femme, mais aussi leur utilisation,<br />

<strong>et</strong> leur <strong>des</strong>tination.


-221-<br />

Dans ce groupe également, les hommes s'occupent en principe<br />

matériellement plus de leurs enfants. Les problèmes n'ont plus<br />

pour cadre de référence <strong>la</strong> société traditionnelle; mais <strong>des</strong><br />

règles moins précises, <strong>et</strong> plus ou moins reconnues. <strong>la</strong> plupart <strong>des</strong><br />

femmes de ce groupe estiment qu'elle peuvent seulement "si elles<br />

veulent", aider le mari, ce dernier étant le principal<br />

responsable au point de vue matériel, de <strong>la</strong> femme <strong>et</strong> <strong>des</strong> enfants.<br />

La femme de ce groupe estime d'autre part qu'elle a <strong>des</strong><br />

intérêts qui ne sont pas les mêmes que ceux du mari. Celui-ci<br />

partant ne doit pas avoir un droit de regard sur ce que <strong>la</strong> femme<br />

doit faire, ou ne pas faire avec son argent. Le point de vue<br />

masculin étant le contraire .11 y a semble t-il selon les femmes<br />

une contradiction chez les hommes, entre leur désir de contrôler<br />

leurs femmes, <strong>et</strong> leur volonté de ne pas se faire contrôler.<br />

le fai t que <strong>dans</strong> <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion conjugale les femmes ne se<br />

posent plus comme mères, mais comme partenaires, amène à <strong>des</strong><br />

exigences au niveau de <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion de couple, qui semblent<br />

inconciliables, avec les exigences masculines. Nous relevons au<br />

passage quelques unes <strong>des</strong> causes auxquels les hommes en milieu<br />

urbain, attribuent les conflits actuels <strong>dans</strong> les couples,<br />

examinons les donc, pour éc<strong>la</strong>irer nos propos:<br />

Les 20/25<br />

1- Manque d'amour<br />

<strong>dans</strong> les couples<br />

2- Problèmes matériels,<br />

mauvais comportement<br />

de <strong>la</strong><br />

femme qui travaille.<br />

Les 30/35<br />

1- Crise morale<br />

2- Utilisation insmentale<br />

de l'homme<br />

qui est devenu un<br />

moyen d'avoir de<br />

l'argent.<br />

3- Volonté de <strong>la</strong><br />

femme à vouloir<br />

récupérer le rôle<br />

précedemment joué<br />

par l'homme, <strong>et</strong><br />

l'homme n'accepte<br />

pas ce<strong>la</strong>. Il y a<br />

ambivalence <strong>des</strong><br />

rôles.<br />

4- Les femmes ne<br />

sont plu~ sérieuses,<br />

elles veulent<br />

bêtement imiter les<br />

b<strong>la</strong>nches, elles<br />

veulent l'égalité<br />

mai ne savent pas<br />

ce c'est.<br />

Les 40/45<br />

1- Infidélité réciproque<br />

2- Revendication de<br />

<strong>la</strong> femme par rapport<br />

au p<strong>la</strong>isir <strong>et</strong> au loisir.<br />

3- La femme est plus<br />

attachée à sa famille<br />

qu'à son mari. Elle<br />

vit le couple d'une<br />

façon temporaire.<br />

4- Il yale problème<br />

de <strong>la</strong> communauté<br />

ou non <strong>des</strong> biens.<br />

5- Elle a mal compris<br />

ce que c'est<br />

que l'égalité entre<br />

l'homme <strong>et</strong> <strong>la</strong> femme.<br />

6- Elle n'est plus<br />

mère, elle n'est<br />

plus épouse, elle<br />

vit <strong>et</strong> cherche à<br />

à vivre pour elle<br />

même, <strong>et</strong> ne supporte<br />

plus ce que<br />

les autres supportaient<br />

pour les enfants.


-222-<br />

7- La femme qui a de<br />

l'argent est moins<br />

soumise.<br />

Ainsi nous notons pour les 30/35 <strong>et</strong> les 40/45 qui sont les<br />

principaux partenaires du groupe A, nous notons comme causes de<br />

tensions: l'utilisation instrumentale de l'homme, le manque de<br />

"sérieux", mais surtout l'opinion selon <strong>la</strong>quelle les hommes ici<br />

estiment qu'il y a une volonté chez <strong>la</strong> femme à vouloir récupérer<br />

le rôle joué par l'homme d'une part. Il y a aussi à souligner <strong>la</strong><br />

revendication de <strong>la</strong> femme par rapport au p<strong>la</strong>isir, <strong>et</strong> au loisir.<br />

les hommes reprochent aussi aux femmes de ne plus être mère <strong>et</strong><br />

épouse, mais de chercher à être "elles-mêmes".<br />

Plus que toute autre cause, c'est le désir d'indépendance<br />

<strong>et</strong> d'autonomie de <strong>la</strong> femme qui fait problème. Ce désir est plus<br />

n<strong>et</strong> <strong>dans</strong> le groupe A, celui <strong>des</strong> femmes sco<strong>la</strong>risées, urbanisées<br />

<strong>et</strong> sa<strong>la</strong>riées, qui conçoivent leurs rôles différemment, notamment<br />

<strong>dans</strong> <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion conjugale. les partenaires concernés estiment<br />

que <strong>la</strong> femme veut empiéter sur les "prérogatives" masculines, on<br />

en arrive à <strong>des</strong> tensions plus nombreuses <strong>dans</strong> ces re<strong>la</strong>tions que<br />

<strong>dans</strong> d'autres.<br />

Nous pensons pouvoir dire par conséquent, que <strong>la</strong> femme dont<br />

l'activité est proche <strong>des</strong> activtés modernes, utilise le contexte<br />

moderne à un coût affectif plus élevé. Nous concluons en disant<br />

que nous pensons pouvoir dire que notre troisième présupposé se<br />

confirme d'une certaine manière.<br />

Les restructurations en cours voient l'émergence de<br />

<strong>et</strong> l'é<strong>la</strong>rgissement du cadre de sa vie sociale<br />

l'individu<br />

Nous partirons du groupe le plus proche du modèle<br />

traditionnel, pour voir autour de quels éléments s'organisent<br />

leur travail, leur mariage, <strong>et</strong> leur divorce. Pour cerner ensuite<br />

autour de quoi s'organisent ces mêmes conduites actuellement <strong>dans</strong><br />

les autres groupes. ceci nous amène notamment à voir si<br />

effectivement les restructurations actuelles s'organisent bien<br />

autour <strong>des</strong> deux éléments r<strong>et</strong>enus: l'individualisation, <strong>et</strong><br />

l'é<strong>la</strong>rgissement du cadre de <strong>la</strong> vie sociale.


-223-<br />

Nous savons que <strong>dans</strong> <strong>la</strong> société traditionnelle, le travail<br />

est lié à <strong>la</strong> subsistance quotidienne. La femme travail<strong>la</strong>it <strong>et</strong><br />

devait travailler afin de nourir ses enfants, son mari, <strong>et</strong> se<br />

nourrir elle-même. les déterminants du travail chez les proches<br />

du modèle traditionnel restent les mêmes. Pour les 50 ans <strong>et</strong><br />

plus, <strong>et</strong> pour les femmes en milieu rural, le travail continue de<br />

s'inscrire <strong>dans</strong> <strong>la</strong> conception traditionnelle. Quant au mariage,<br />

son objecti f premier est le fait de faire <strong>des</strong> enfants. C<strong>et</strong>te<br />

conception se r<strong>et</strong>rouve chez les proches du modèle.<br />

Quant au divorce, celui-ci est lié <strong>dans</strong> ce groupe soit au<br />

désir de préserver <strong>la</strong> vie <strong>des</strong> enfants, soit celle de <strong>la</strong> mère. A<br />

moins qu'il ne soit dû à <strong>la</strong> stérilité, ou à <strong>la</strong> sorcellerie. Les<br />

activités sociales principales restent pour les proches du modèle<br />

centrées sur les activtés lignagères.<br />

Ce que nous venons de dire est va<strong>la</strong>ble <strong>dans</strong> les gran<strong>des</strong><br />

lignes pour celles que nous appelons les proches du modèle, c'est<br />

à dire essentiellement le groupe B <strong>et</strong> C. Il Y a toutefois<br />

quelques nuances pour les urbaines du groupe B ici<br />

principalement: les 30/35 <strong>et</strong> les 40/45.<br />

Les nuances <br />

- L'idée du travail reste aSSOC1ee étroitement aux enfants.<br />

Mais en zone urbaine même si <strong>la</strong> femme continue d'assumer ce<br />

qu'elle estime être une partie de ses obligations, <strong>la</strong><br />

contribution de l'homme est exigée avec plus de force. On assiste<br />

aussi à une individual isation <strong>des</strong> gains de <strong>la</strong> femme, de ses<br />

acquits: maison <strong>et</strong>c ...Toutefois, <strong>la</strong> femme <strong>dans</strong> ce groupe reste<br />

pricipalement épouse <strong>dans</strong> <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion conjugale.<br />

Que constatons-nous <strong>dans</strong> le groupe où il yale<br />

"d'effervescence"; le groupe A Ici on travaiIle pour<br />

autonome, ou indépendante. L'objectif du mariage n'est<br />

seulement de faire <strong>des</strong> enfants, mais auss i de vivre<br />

quelqu'un", de fonder un foyer. <strong>la</strong> femme <strong>dans</strong> ce groupe que<br />

plus<br />

être<br />

plus<br />

"avec<br />

ce<br />

soit <strong>dans</strong> le travail, le mariage, ou le divorce, essaie d'être<br />

un individu avec ses désirs, <strong>et</strong> ses besoins propres.<br />

Aussi pouvons nous dire que <strong>dans</strong> ce groupe l'émergence de<br />

l'individu est très n<strong>et</strong>te, <strong>et</strong> que <strong>la</strong> mise en avant <strong>des</strong> intérêts<br />

individuels, montrent bien que-les restructurations en cours ici<br />

plus qu'ailleurs, s'organisent autour de l'individualisation <strong>des</strong><br />

conduites. C'est aussi <strong>dans</strong> ce groupe que l'on note un<br />

é<strong>la</strong>rgissement du cadre de <strong>la</strong> vie sociale. Nous reviendrons sur<br />

ce point par <strong>la</strong> suite. Pour clore ce passage, nous pensons<br />

pouvoir affirmer que notre quatrième hypothèse se confirme. ceci<br />

nous amène à l'interprétation <strong>des</strong> résultats.


-224-<br />

2- INTERPRETATION<br />

Nous avons pensé pour donner une certaine cohérence à ce<br />

passage, de l'organiser <strong>dans</strong> un premier temps autour de<br />

l'explication <strong>des</strong> résultats obtenus <strong>et</strong> autour <strong>des</strong> hypothèses.<br />

Aussi, celui-ci sera <strong>dans</strong> une certaine mesure, un va <strong>et</strong> vient<br />

entre les résultats <strong>et</strong> le cadre théorique.<br />

La proximité ou<br />

approbation, une<br />

valeurs.<br />

non au<br />

critique,<br />

modèle<br />

ou une<br />

traditionnel, comme une<br />

contestation de certaines<br />

Qui est plus proche du modèle <strong>et</strong> pourquoi Nous savons que<br />

ce sont surtout les femmes en milieu rural <strong>et</strong> les femmes les plus<br />

âgées quel que soit le milieu qui sont les plus proches du modèle<br />

traditionnel. En milieu urbain, sont plus proches du modèle, les<br />

femmes ayant <strong>des</strong> activités très proches <strong>des</strong> activités<br />

traditionnelles. Ce sont surtout les femmes non sco<strong>la</strong>risées, qui<br />

sont <strong>dans</strong> <strong>la</strong> tranche d'âge <strong>des</strong> 30/35 <strong>et</strong> 40/45. La coupure est<br />

plus n<strong>et</strong>te entre les femmes sco<strong>la</strong>risées <strong>et</strong> urbanisées, <strong>et</strong> entre<br />

les femmes plus jeunes <strong>dans</strong> le groupe <strong>des</strong> urbaines non<br />

sco<strong>la</strong>risées.<br />

Si nous essayons d'expliquer pourquoi les femmes en milieu<br />

rural sont plus proches du modèle traditionnel; nous dirons tout<br />

simplement que <strong>dans</strong> <strong>la</strong> zone rurale, l'essentiel du modèle<br />

traditionnel s'est maintenu. <strong>la</strong> vie continue de s'inscrire à<br />

quelque chose près <strong>dans</strong> les mêmes structures. Les activités sont<br />

à peu près les mêmes, l'éducation reste traditionnelle. Dans <strong>la</strong><br />

mesure où <strong>la</strong> plupart <strong>des</strong> personnes intérrogées n'ont pas été à<br />

l'école, les valeurs prépondérantes restent celles qui ont été<br />

apprises <strong>dans</strong> le groupe, <strong>et</strong> transmis par les parents.<br />

Ici, l'essentiel du mode de vie reste cohérent, les ruptures<br />

sont moins sensibles. Il y a d'ailleurs très peu de contestation<br />

<strong>des</strong> valeurs du modèle. Concernant l'attachement au c<strong>la</strong>n, ou le<br />

rôle mère, les nuances qui se font sentir ont trait aux rapports<br />

entre les deux sexes. Dans le ménage <strong>la</strong> femme estime que si elle<br />

a raison: "Il n'est pas question qu'elle se <strong>la</strong>isse faire".<br />

Quant aux revenus qu'elles tirent <strong>des</strong> surplus de vente du<br />

pain de manioc par exemple, .les plus jeunes disent qu'elles<br />

rem<strong>et</strong>tent quelque chose au mari seulement si celui-ci est correct<br />

avec elles. Sinon elles gardent leurs gains pour leurs besoins<br />

<strong>et</strong> ceux <strong>des</strong> enfants. Tandis que les plus âgées disent qu'en<br />

principe elles rem<strong>et</strong>tent l'argent à leur frère; afin que ce<br />

dernier s'en serve pour les besoins de <strong>la</strong> famille.


-225-<br />

Nous notons aussi l'apparition d'une certaine mixité <strong>dans</strong><br />

les re<strong>la</strong>tions entre hommes <strong>et</strong> femmes; ainsi que certaines<br />

activités nouvelles <strong>dans</strong> le domaine <strong>des</strong> loisirs notamment:<br />

"Prendre de <strong>la</strong> bière <strong>dans</strong> un bar avec <strong>des</strong> hommes". Les jeunes<br />

reconnaissent être plus libres. Elles peuvent causer plus<br />

librement avec les hommes: "tandis qu'avnt ce n'était pas<br />

possible". Il y a aussi l'apparition d'unions libres.<br />

Disons que s'il est vrai que les femmes en milieu rural sont<br />

très proches du modèle traditionnel, on constate que parmi les<br />

plus jeunes, il yale contrecoup <strong>des</strong> changements en milieu<br />

urbain. En milieu rural, ceux-ci arrivent lentement mais sont<br />

cependant notables. préc i sons aussi que <strong>la</strong> zone rurale <strong>dans</strong><br />

<strong>la</strong>quelle s'est déroulée l'enquête, est située à environ 70<br />

Kilomètres de <strong>la</strong> capitale. Il y a un courant d'échange entre <strong>la</strong><br />

ville <strong>et</strong> <strong>la</strong> zone rurale. Courant auquel est plus sensible <strong>la</strong><br />

fran~e <strong>la</strong> plus jeune de <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion.<br />

Nous avons noté également l' apparition d'une certaine mixité<br />

<strong>dans</strong> <strong>la</strong> vie courante (précisons que du fait de l'organisation <strong>des</strong><br />

activités, celle-ci est très rare). Il y a d'autre part certaines<br />

mesures officielles qui obligent les hommes à travailler avec les<br />

femmes. Certains hommes le font surtout pour certaines cultures<br />

qui sont rentables. Ainsi, on voit actuellement en milieu rural<br />

certains hommes travailler aux champs avec leurs femmes. Et<br />

certaines femmes faire <strong>des</strong> cultures autrefois réservées aux<br />

hommes (culture de tabac par exemple).<br />

La tendance est faible, mais elle n'en existe pas moins,<br />

nous pensons sans surestimer ceci, qu'il ya là <strong>des</strong> élements qui<br />

sont en train de modifier <strong>et</strong> qui modifieront à l'avenir, de<br />

manière moins brutale qu'en milieu urbain les rapports entre les<br />

hommes <strong>et</strong> les femmes.<br />

Soulignons toutefois qu'ici l'organisation lignagère se<br />

maintient <strong>dans</strong> ses gran<strong>des</strong> lignes; que l'économie vivrière repose<br />

toujours essentiellement sur <strong>la</strong> femme. Le modèle traditionnel<br />

continue d'être le cadre <strong>dans</strong> lequel continue de s'inscrire <strong>la</strong><br />

vie courante. Aussi nous expl iquerons <strong>la</strong> proximité au modèle<br />

traditionnel de <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion rurale, par <strong>la</strong> très forte<br />

survivance du modèle en milieu rural; l'essentiel du modèle s'y<br />

étant maintenu. .<br />

Ici <strong>la</strong> femme reste principalement membre d'un lignage, elle<br />

continue d'être épouse pour être mère. Si <strong>la</strong> ville est proche<br />

avec <strong>la</strong> vie diversifiée qu'elle propose, elle n'en est pas moins<br />

lointaine en même temps. Le passage du milieu urbain au milieu<br />

rural donne réellement l'impression de passer d'un monde à<br />

l'autre. C<strong>et</strong>te impression recoupe <strong>des</strong> réalités, <strong>des</strong> mo<strong>des</strong> de vie<br />

différents qui sont parallèles, <strong>et</strong> qui s'influencent mais d'une<br />

manière moins brutale en milieu rural.


-226-<br />

Qui est proche du modèle traditionnel en milieu urbain <strong>et</strong><br />

pourquoi <br />

Nous avons d~ià souli~n~ qu'en zone urbaine, nous avons une<br />

d~marcation n<strong>et</strong>te entre les ~l~ments sco<strong>la</strong>ris~s de <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion<br />

<strong>et</strong> les autres; notamment les 30/35 <strong>et</strong> les 40/45. Nous tenterons<br />

d'expliquer c<strong>et</strong>te démarcation par le fait que quoiqu'~tant en<br />

ville, les ~léments non sco<strong>la</strong>risés de <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion continuent<br />

d'avoir comme cadre de référence le modèle, <strong>et</strong> le système<br />

traditionnel qui s'est maintenu tant bien bien que mal.<br />

Nous avons déjà soulign~, en d~crivant le contexte, que <strong>la</strong><br />

viII' est même temps "ville" <strong>et</strong> qu'elle est aussi "rurale".<br />

l'organisation <strong>et</strong> <strong>la</strong> structure de <strong>la</strong> ville a permis à <strong>la</strong> vie<br />

traditionnelle de s'y maintenir. Il manque d'une part aux femmes<br />

concern~es ici, les "clés" <strong>et</strong> l'envie de vivre <strong>la</strong> "ville". Les<br />

cl~s Une activit~ professionnelle de type moderne,<br />

l '~<strong>la</strong>rg i ssement du cadre de <strong>la</strong> v ie sociale que celle-c i entraîne,<br />

le fait que <strong>la</strong> vie sociale se déroule <strong>dans</strong> d'autres sphères.<br />

les centres d'intérêts continuent de se rattacher fortement à <strong>la</strong><br />

vie traditionnelle.<br />

Il Y a une nuance entre les 40/45, qui sont plus proches du<br />

modèle que les 30/35. Mais globalement, <strong>la</strong> proximité <strong>et</strong><br />

l'adhésion au modèle traditionnel reste très forte.<br />

Nous précisons que certaines femmes ont essayé de vivre<br />

différemment, notamment en ce qui concerne les contributions au<br />

sein du ménage. La plupart sont arrivés à <strong>la</strong> conclusion que <strong>dans</strong><br />

tous les cas, il va<strong>la</strong>it mieux que <strong>la</strong> femme fasse quelque chose,<br />

sinon elle était très d~pendante du mari.<br />

Nous expliquons <strong>la</strong> proximité au modèle de ce groupe, d'une<br />

part parcequ'elles n'ont pas été sco<strong>la</strong>risées, <strong>et</strong> que partant, <strong>la</strong><br />

seule éducation reçue a ~t~ l'~ducation traditionnelle. C<strong>et</strong>te<br />

dernière qui a ~t~ <strong>la</strong> transmission à peu près intacte du modèle<br />

traditionnel féminin. Ce modè+e consiste pour les femmes à se<br />

marier, faire <strong>des</strong> enfants pour agrandir le lignage, <strong>et</strong> à<br />

travailler pour les enfants.<br />

S'il est vrai que <strong>la</strong> ville propose d'autres modèles ceux-ci<br />

sont consid~rés comme ne leur convenant pas. Elles font une<br />

diff~rence entre elles mêmes, qui n'ont "pas été à l'école, <strong>et</strong><br />

qui souffrent pour gagner un peu d'argent" ; <strong>et</strong> les autres plus<br />

jeunes, qui sont sco<strong>la</strong>ris~es <strong>et</strong> qui vivent comme <strong>des</strong> "b<strong>la</strong>ncs",<br />

C'est le constat d'une différence crée par l'école.


-227-<br />

Nous expl iquons <strong>la</strong> proximité au modèle <strong>des</strong> urbaines ici, par<br />

le fait que le modèle traditionnel. de par <strong>la</strong> structuration même<br />

de <strong>la</strong> vil~~ a pu se maintenir <strong>et</strong> S'y maintenir <strong>et</strong> s'y<br />

transm<strong>et</strong>t re'" .<br />

Si le mode de production s'est adapté<br />

nouvelles. <strong>la</strong> vie continue de s'inscrire <strong>dans</strong><br />

rédu i t. <strong>et</strong> les r61es prépondérants reconnus à <strong>la</strong><br />

d',;tre ~es ~61es d'pouse <strong>et</strong> de mère.<br />

aux conditions<br />

u~ lignage même<br />

femme continuent<br />

.-\'l"3:,i rl'-:and bien m":'me les activités de ces femmes sont<br />

source de revenus parfois confortables, l'éducation reçue fait<br />

que <strong>la</strong> ville est utilisée différemment. L'adhésion aux valeurs<br />

pré~)cndérantes reste très forte même si <strong>dans</strong> les conduites<br />

réelles il y a <strong>des</strong> nuances importantes avec les femmes vivant en<br />

zone rurale par exemple.<br />

\ous concluerons en disant que pour les femmes urbanisées<br />

<strong>et</strong> non sco<strong>la</strong>risées, le maintien d'une bonne partie <strong>des</strong> structures<br />

traditionnelles a constitué une base ayant permis d'adapter <strong>et</strong><br />

d'interpréter <strong>la</strong> ville sans un bouleversement notable <strong>et</strong> profond<br />

de leur vie, Ici les structures ont été adaptés. les changements<br />

adoptés avec prudence, les chocs ont pu être amortis.<br />

Reste à expliquer <strong>la</strong> démarcation entre les plus jeunes, les<br />

20/25 <strong>et</strong> les autres. Pour éc<strong>la</strong>irer nos propos, nous allons nous<br />

reporter à <strong>la</strong> ~rille analysant le modèle traditionnel chez les<br />

20/25 <strong>et</strong> les autres pour comprendre autour de quelles valeurs se<br />

sitlient les démarcations.<br />

Nous relevons chez les .ieunes une critique notable d'abord<br />

do l'obéissance au mari, mais ceci n'est pas surprenant, car<br />

r:' est une conduite très nuancée <strong>et</strong> conditionnelle à peu près chez<br />

toutes les femmes; quoique recouvrant sensiblement <strong>des</strong> réalités<br />

différentes.<br />

Intéressons nous aux conduites valorisées <strong>dans</strong> le modèle <strong>et</strong><br />

critiqués par les plus .ieunes. Il s'agi t surtout de <strong>la</strong> réserve<br />

devant les hommes. Il est évident que pour <strong>des</strong> jeunes femmes nées<br />

<strong>et</strong> ayant grandies en ville, <strong>dans</strong> un milieu où les brassages <strong>et</strong><br />

les re<strong>la</strong>tions entre hommes <strong>et</strong> femmes n'ont plus les barrières de<br />

<strong>la</strong> société traditionnelle, les attitu<strong>des</strong> seront différentes.<br />

La démarcation s'explique ici, par le fait que le milieu<br />

familial a pu de moins en moins tenir les filles en ville. Les<br />

attitu<strong>des</strong> traditonnelles exigées <strong>des</strong> filles envers les hommes ne<br />

pouvait plus avoir tout simplement cours, rien ne favorisant leur<br />

maintien.<br />

i 54 - Nous soulignons c<strong>et</strong> aspect au deuxième chapitre, <strong>dans</strong><br />

le passage: "La ville <strong>dans</strong> ce qu'elle est rurale".


-228-<br />

La démarcation a lieu aussi au niveau de l'ardeur au<br />

travail. Il est vrai que <strong>la</strong> plupart <strong>des</strong> femmes estiment<br />

nécessaire de travailler <strong>dans</strong> ce groupe. Mais l'obligation de <strong>la</strong><br />

contribution masculine aux besoins de l'enfant <strong>et</strong> de <strong>la</strong> femme<br />

devient impérative <strong>dans</strong> ce groupe.<br />

Qui est distante du modèle traditionnel <strong>et</strong> pourquoi<br />

Nous savons que c'est surtout <strong>la</strong> femme sco<strong>la</strong>risée <strong>et</strong><br />

exerçant un emploi; c'est à dire ayant une activité "moderne".<br />

\j 0 1; 2 pensons denc que l 9. seo l a ris a t i ') n est l' u. n <strong>des</strong> fa<strong>et</strong>eurs qui<br />

peut expliquer <strong>la</strong> démarcation entre les éléments sco<strong>la</strong>rissés de<br />

1 Et popu<strong>la</strong>tion :~,t les autres. Dans l a mesure où l'on peut dire<br />

a';ec G. ROCHER"'" que:<br />

"Dans les pays en voie de développement, où<br />

l'analphabétisme est le lot de <strong>la</strong> majorité de <strong>la</strong><br />

popu<strong>la</strong>tion, l'instruction est assurément un puissant<br />

agent de transformation culturelle <strong>et</strong> mentale. Elle<br />

initie à de nouveaux mo<strong>des</strong> de pensée, é<strong>la</strong>rgit <strong>la</strong><br />

perception du monde, démythifie l'environnement<br />

physique, développe <strong>la</strong> rationalité <strong>dans</strong> <strong>la</strong><br />

connaissance <strong>et</strong> l'action, socialise à <strong>des</strong> normes<br />

universalistes <strong>et</strong> spécifiques de jugements <strong>et</strong> de<br />

rapports sociaux".<br />

~ous ne souscrivons pas entièrement aux avantages attribués<br />

pArI' aIlteur à l' i nstruc t ion, mai s si nous r<strong>et</strong>enons par exemple,<br />

l'as pee t "ini t iation à de nouveaux mo<strong>des</strong> de pensée", c<strong>et</strong>te<br />

initiation doit être associée au fait que <strong>la</strong> sco<strong>la</strong>risation était<br />

lié à un proj<strong>et</strong> précis: celui de l'occidentalisation <strong>des</strong> élèves,<br />

<strong>et</strong> qu'elle était basée, sur le postu<strong>la</strong>t que l'éducation<br />

t.radi t ionnelle n'étai t qu'un assemb<strong>la</strong>ge, une transmission de<br />

traits négatifs dont il fal<strong>la</strong>it se débarasser. L'école était une<br />

coupure entre d'une part un monde traditionnel déprécié <strong>et</strong> un<br />

nouveau système de valeurs amplement valorisé.<br />

155 Guy ROCHER: "Introduction à <strong>la</strong> sociologie générale - Le<br />

changement social, P.207.


-229-<br />

S'ajoute à ce<strong>la</strong> le fait que <strong>la</strong> plupart <strong>des</strong> établissements<br />

étaient réligieux. L'éducation s'est doublée d'une très forte<br />

action complémentaire, religieuse <strong>et</strong> morale, <strong>et</strong> de <strong>la</strong> mise en<br />

p<strong>la</strong>ce de structures para-sco<strong>la</strong>ires: organisations religieuses,<br />

perm<strong>et</strong>tant le renforcement <strong>des</strong> valeurs inculqués au cour de<br />

l'enseignement général.<br />

Il n'est pas question de faire l'historique de l'éducation<br />

chr~tienne. nous voulons tout au plus souligner que c'est surtout<br />

a li niveau cl e l a fami Il e que s ' exe r c e ra l e g.r 0 s deI' e f fort de<br />

C'~tt"" édllrat;0n <strong>et</strong> Qn pel.Jt riire e!1 eff<strong>et</strong> !lU;,"ê:<br />

"La mission catho lique tout comme l'administration<br />

coloniale a introduit en Afrique une conception du<br />

mariage totalement différente de <strong>la</strong> conception<br />

Africaine. En eff<strong>et</strong>, <strong>la</strong> conception Africaine de <strong>la</strong><br />

f~mil]e ne consiste pas essentiellement en l'union de<br />

deux personnes de façon à former une entité nouvelle<br />

<strong>et</strong> autonome. Ici, <strong>la</strong> famille a pour but de maintenir<br />

<strong>et</strong> d'accroître le groupe. ( ... ) La famille Chrétienne<br />

est le contraire de tout ce<strong>la</strong>, ici l'union <strong>des</strong> époux<br />

passe au premier p<strong>la</strong>n, il n'est permis à personne de<br />

<strong>la</strong> rompre même pas à l'église. ( ... )De son côté, le<br />

missionnaire <strong>dans</strong> son catéchisme, leur inculquait les<br />

notions de<br />

comporte:<br />

* Unité <strong>et</strong> indissolubilité du mariage<br />

mariage chrétien avec les exigences qu'il<br />

* Liberté du choix <strong>et</strong> du consentement <strong>des</strong> époux<br />

* Le rf'!spect mutuel <strong>des</strong> époux<br />

* Dignité <strong>et</strong> égalité de <strong>la</strong> femme devant dieu <strong>et</strong><br />

devant <strong>la</strong> loi.<br />

"C'est là il notre avis que <strong>la</strong> conception Africaine de<br />

]a femme au foyer a été ébranlé à jamais. En eff<strong>et</strong> lui<br />

ensei~ner ces notions d'indissolubilité de l'union,<br />

d'une union où jusqu'à lors, elle n' avai t pas <strong>la</strong><br />

moindre sécurité, d'une liberté de choix <strong>et</strong> de<br />

consentement du mariage, de son égalité avec l'homme<br />

devant dieu <strong>et</strong> devant <strong>la</strong> loi, c'était lui révéler <strong>des</strong><br />

principes qui al<strong>la</strong>ient à l'encontre <strong>des</strong> formes<br />

sociales qui l'assuj<strong>et</strong>issaient à son groupe d'origine,<br />

à son mari, <strong>et</strong> <strong>la</strong> soum<strong>et</strong>taient à un conformisme<br />

absolu".<br />

Société Africaine<br />

église catholique"; p.98.<br />

de Culture: "Civilisation Noire <strong>et</strong>


Et nous a.iouterons pour notre part. que c' étai t aussi<br />

sllsciter une nouvelle manlere de vouloir vivre <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion<br />

con.iugale ainsi créee. Il y a aussi <strong>dans</strong> c<strong>et</strong>te perspective une<br />

très forte cri tique de <strong>la</strong> poly~amie, <strong>et</strong> l'encouragement à <strong>la</strong><br />

monogamie comme seul régime matrimonial va<strong>la</strong>ble. Devient<br />

prépondérante l'idée qu'il faut se marier par amour <strong>et</strong> que <strong>la</strong><br />

famille-foyer peut avoir une existence autonome.<br />

Certaines <strong>des</strong> valeurs prônées par l'éducation religieuse<br />

sont l'antithèse <strong>des</strong> valeurs prônées <strong>dans</strong> le modèle traditionnel<br />

féminin. l'intégration de ces nouvelles valeurs <strong>dans</strong> un contexte<br />

o~ le modèle traditionnel était présenté de manière négative <strong>et</strong><br />

commençai t déjà à perdre sa cohérence, ne pouvai t pas ne pas<br />

susciter <strong>des</strong> remises en cause; ou même <strong>des</strong> rej<strong>et</strong>s de <strong>la</strong> part<br />

d'élements de <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion à qui était proposé <strong>des</strong> modèles plus<br />

s~duisants à première vue.<br />

c'est ainsi que sont mis en p<strong>la</strong>ce les éléments <strong>des</strong> premiers<br />

déséquilibres <strong>et</strong> les facteurs créateurs de conflits, car si en<br />

théorie <strong>la</strong> monogamie est séduisante. <strong>et</strong> si effectivement le<br />

souhai t de <strong>la</strong> plupart <strong>des</strong> .ieunes femmes sco<strong>la</strong>risées est de vivre<br />

différemment aussi <strong>dans</strong> <strong>la</strong> vie courante. La confrontation entre<br />

les aspirations nées de nouvelles valeurs <strong>et</strong> <strong>la</strong> réalité ne se<br />

fera pas sans mal, d'autant plus que celle-ci aura lieu <strong>dans</strong> un<br />

contexte qui n'a ,pas encore proposé de modèles définis,<br />

stL~turés,__ qu L_puLsent_,~m<strong>et</strong>t re d~_fonder <strong>des</strong> conduites<br />

çgJ:L~r_en.t~~.<br />

Ainsi, <strong>la</strong> sco<strong>la</strong>risation a été <strong>et</strong> est un facteur important<br />

de modification de valeurs. Et de plus elle ouvre l'accès à <strong>des</strong><br />

activités qui n'ont plus comme fonction <strong>la</strong> subsistance<br />

.iournalière, mais qui procurent un sa<strong>la</strong>ire, <strong>et</strong> qui ont une action<br />

pt une fonction sociale plus <strong>la</strong>rge. Elles introduisent par<br />

ajlJellrs <strong>la</strong> femme à <strong>des</strong> re<strong>la</strong>tions diversifées, <strong>et</strong> <strong>la</strong> font se<br />

mO'I\'oi r <strong>dans</strong> un monde di fférent, où les activités sont mixtes,<br />

<strong>et</strong> les rapports entre hommes <strong>et</strong> femmes nouveaux.<br />

D'autre part, ces activités ne les occupent plus autant que<br />

Je travail <strong>des</strong> champs. Ici, non seulement <strong>la</strong> femme a un emploi<br />

valorisant <strong>et</strong> valorisé, mais elle peut en outre se procurer à<br />

prix d'argent tout ce que l'autre peine à obtenir. L'accès <strong>des</strong><br />

femmes aux emplois sa<strong>la</strong>riés bouleverse <strong>la</strong> répartition<br />

<strong>des</strong> activités autrefois distinctes, <strong>et</strong> égalisent leurs rapports<br />

avec les hommes. En eff<strong>et</strong>. l'égalisation <strong>des</strong> fonctions à ce<br />

niveau ne pouvait pas ne pas amener à une reconsidération <strong>des</strong><br />

rapports entre hommes <strong>et</strong> femmes.


-231-<br />

Par ailleurs, les femmes urbanisées <strong>et</strong> sco<strong>la</strong>risées, ont un<br />

travail qui leur <strong>la</strong>isse une certaine vacuité, du temps libre, ce<br />

qui pose le probl~me <strong>des</strong> loisirs. Elles ont en plus les clés pour<br />

pouvoir "vivre <strong>la</strong> ville" différemment, <strong>et</strong> utiliser l'éventail<br />

d'activités ou de distractions que celle-ci propose. Nous avons<br />

posé ainsi tous les facteurs qui expliquent <strong>la</strong> distance que ce<br />

groupe a par rapport au mod~le traditionnel:<br />

- Le mode de production s'inscrit <strong>dans</strong> d'autres structures.<br />

- les mo<strong>des</strong> de pensée auxquels elles ont eues acc~s ont<br />

suscité une remise en cause du mod~le traditionnel ou de<br />

ses survivances, <strong>et</strong> suscite <strong>des</strong> besoins <strong>et</strong> <strong>des</strong> aspirations<br />

nouvelles qui s'~loignent <strong>des</strong> besoins <strong>et</strong> aspirations<br />

traditionnels, quand ils ne sont pas à l'opposé.<br />

Nous expliquons les diff~rences constat~es selon l 'â~e, pour<br />

les 20/25 par le fait que <strong>la</strong> plupart ne sont pas encore engagés<br />

d~ns une re<strong>la</strong>tion conjugale ou <strong>dans</strong> <strong>la</strong> vie active. Elles n'ont<br />

pas pour <strong>la</strong> plupart ét~ confronté aux réalités du couple.<br />

Quan t allX 40145 1 a plupart ont so i t résolues leurs tensions,<br />

soit choisi <strong>des</strong> mo<strong>des</strong> de résolution qui leur ont permis l'âge<br />

aidant de ponderer, <strong>et</strong> de faire en quelque sorte une synth~se<br />

ayant eue pour cons~quence d'émousser <strong>la</strong> force <strong>des</strong> réactions.<br />

c'est le groupe <strong>des</strong> 30/35 qui est le plus "compétitif" par<br />

rapport aux hommes.<br />

2- MODIFICATION DES ROLES COMME UNE MODIFICATION DU SYSTEME DES<br />

URGENCES<br />

Nous allons essayer de comprendre <strong>la</strong> modification <strong>des</strong> rôles<br />

cl~s comme tIrle modification du système <strong>des</strong> tlrgences~ <strong>et</strong> comme llne<br />

usure de certains rôles. Nous étions parti de trois rôles clés:<br />

le rôle de membre d'un lignage, celui de m~re <strong>et</strong> d'épouse.<br />

Le rôle qui a le moins "bougé" par rapport aux autres <strong>dans</strong><br />

l'ensemble est celui de membre de lignage, ne serait ce qu'au<br />

niveau <strong>des</strong> affirmat.ions. Il est vrai que les limites du lignage<br />

sont de moins en moins précis pour les plus jeunes; mais il reste<br />

l'idée que <strong>la</strong> famille, c'est <strong>la</strong> famille au sens <strong>la</strong>rge.<br />

On peut dire <strong>dans</strong> une, certaine mesure que <strong>la</strong> famille<br />

lignagère m~me réduite quant à ces dimensions en milieu urbain,<br />

continue d'être l'organisation sociale <strong>dans</strong> <strong>la</strong>quelle s'inscrit<br />

<strong>la</strong> vie de <strong>la</strong> plupart <strong>des</strong> éléments de <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion.


-232-<br />

La famille-foyer est toujours secondaire, elle l'est<br />

d'autant plus que les tensions qui y ont lieu accentuent <strong>et</strong><br />

soulignent sa précarité. Ce qui tend à renforcer les liens avec<br />

certains membres proches du lignage, car celui constitue un lieu<br />

refuge, dont on ne veut pas être coupé.<br />

L' attachement au lignage reste très fort, se modifie au<br />

niveau <strong>des</strong> membres <strong>la</strong> soumission <strong>et</strong> l'obéissance<br />

inconditionnelle, se modi f ie également l'organisation <strong>et</strong> <strong>la</strong><br />

répartition <strong>des</strong> responsabilités. La femme qui travaille ou qui<br />

a une activité qui lui procure <strong>des</strong> revenus récupère une partie<br />

du rôle que jouait le frère ou l'oncle.<br />

Il Y a l'amorce d'un dép<strong>la</strong>cement de responsabilités chez<br />

certaines femmes, qui ne pose pas ici de problèmes semb<strong>la</strong>bles à<br />

ceux qui se posent au sein du couple. En eff<strong>et</strong>, <strong>dans</strong> une certaine<br />

mesure, le fait pour un frère d'avoir <strong>des</strong> soeurs qui<br />

"s'assument", lui réduit une partie de ses responsabil i tés<br />

familiales.<br />

Il Y a d'autre part un début d'appropriation individuelle<br />

<strong>des</strong> biens, même si ce que <strong>la</strong> femme réalise ne lui est pas<br />

uniquement <strong>des</strong>tiné. Dans une certaine mesure, ici l'affirmation<br />

de l'individu <strong>dans</strong> <strong>la</strong> mesure ou l'attachement comme urgence se<br />

maintient, ainsi que l'assistance <strong>et</strong> l'aide aux membres du<br />

groupe, ne pose pas le même type de problèmes <strong>et</strong> n'use pas ce<br />

rôle de <strong>la</strong> même manière que les autres.<br />

<strong>la</strong> soumission <strong>et</strong> l'obéissance sont devenues une rencontre<br />

entre les désirs de l'individu <strong>et</strong> ceux du groupe. L'exigence <strong>des</strong><br />

parents ou <strong>des</strong> autorités lignagères en ce qui concerne ces deux<br />

points a fait p<strong>la</strong>ce à un souci de compromis, en ce qui concerne<br />

le choix du conjoint par exemple.<br />

L'individu continue d'avoir besoin du lignage comme d'un<br />

élémen de stabilité, le lignage continue d'être un lieu<br />

refuge<br />

n7<br />

, on peut dire que quelques unes <strong>des</strong> urgences<br />

fondamentales ici se maintiennent. Aussi le rôle de membre de<br />

lignage semble être celui qui est le moins usé par rapport aux<br />

autres rôles clés. C'était le rôle le moins fragile, car c'est<br />

de lui que découle, <strong>et</strong> que s'expliquent les autres rôles.<br />

157_ Nous ne voulons pas dire qu'il n' y ai t pas de conflits<br />

entre l ' individu <strong>et</strong> le lignage. Hais ceux ci sont d'un autre<br />

ordre, qui n'était pas notre propos ici.


-233-<br />

Si on constate ici que l'individu reste membre d'un lignage,<br />

les liens <strong>et</strong> le type de re<strong>la</strong>tions existant entre les trois rôles<br />

ne sont plus les mêmes. Les rôles pour certains éléments de <strong>la</strong><br />

popu<strong>la</strong>tion ne se "tiennent plus" ce qui expose certains à <strong>des</strong><br />

bouleversements plus accentués, ceux-ci étant isolés ou éloignés<br />

de <strong>la</strong> structure qui ustifiait leur fonction, sont devenus plus<br />

vulnérables.<br />

Les modifications sont plus sensibles au niveau du rôle de<br />

mère, notamment pour le groupe A. Voyons quelles sont les<br />

urgences qui se modifient chez les unes <strong>et</strong> les autres. Nous<br />

notons chez les urbaines sco<strong>la</strong>risées, le fait de travailler pour<br />

les enfants, <strong>et</strong> de faire passer les intérêts de l'enfant avant<br />

tout <strong>dans</strong> <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion conjugale; surtout chez les 30/35, ce n'est<br />

plus une urgence.<br />

Le mariage ici n'avait pas comme seul objectif de faire <strong>des</strong><br />

enfants, mais aussi le désir de vivre avec quelqu'un, de fonder<br />

un foyer ( si on se marie par amour, si on ne s'aime plus, on a<br />

plus de raison de rester ensemble - les 20/25 - même pour les<br />

enfants), les enfants ne constituent plus le seul pôle affectif<br />

de <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion conjugale. L'amour de <strong>la</strong> mère pour ses enfants ne<br />

lui suffit plus ici. Il y a l'exigence <strong>et</strong> <strong>la</strong> volonté d'un certain<br />

vécu de couple qui est recherché, le désir d'autre chose.<br />

Pour certaines femmes, l'absence de satisfaction de l'une<br />

<strong>des</strong> justifications de <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion suffit à <strong>la</strong> rompre. Le fait<br />

d'être mère reste fondamental, les points d'usure sont plus n<strong>et</strong>s<br />

là où <strong>la</strong> rencontre avec le rôle du père est plus étroite. Là où<br />

seule <strong>la</strong> mère est concernée avec l'enfant, l'usure est moins<br />

sensible.<br />

Aussi pouvons nous dire, que plus que le rôle de mère, c'est<br />

le rôle de <strong>la</strong> MERE-EPOUSE qui s'est modifié le plus. Ceci<br />

expl ique que pour certaines femmes actuellement, l'essentiel<br />

n'est plus d'être épouse mais d'avoir été épouse, <strong>et</strong> surtout<br />

mère, ou de n'être plus que mère, <strong>et</strong> d'avoir <strong>des</strong> re<strong>la</strong>tions plus<br />

ou moins lâches avec un partenaire, un père qui serait à <strong>la</strong><br />

périphérie de <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion plus étroite existant entre <strong>la</strong> mère <strong>et</strong><br />

l'enfant. Nous reviendrons sur ce point plus loin.<br />

Au niveau du rôle d'épouse, se sont modifiés surtout pour<br />

le groupe A: les conduites déférentes, soumises <strong>et</strong> résignées, <strong>et</strong><br />

<strong>la</strong> fidélité. Nous avons déjà souligné à propos de <strong>la</strong> proximité<br />

au modèle traditionnel; que les femmes qui s'en éloignent sont<br />

celles dont les conditions actuelles de vie, <strong>et</strong> de travail ont<br />

subies une certaine égalisation par rapport aux hommes.


-234-<br />

Ceci entraîne <strong>dans</strong> leurs re<strong>la</strong>tions <strong>et</strong> leurs rapports<br />

quotidiens une modification d'attitude <strong>et</strong> <strong>dans</strong> ce contexte, <strong>la</strong><br />

déférence devient suranné <strong>et</strong> ne se justifie plus, de même que <strong>la</strong><br />

soumission, <strong>et</strong> encore moins <strong>la</strong> résignation, car toutes les<br />

attitu<strong>des</strong> qu'elles supposent renvoient au modèle traditionnel,<br />

<strong>et</strong> sont parmi les aspects les plus rej<strong>et</strong>és ou critiqués du<br />

modèle.<br />

Quant à <strong>la</strong> fidélité, sa justification pour <strong>la</strong> femme seule<br />

est ressentie comme une injustice. S'ajoute à ceci le fait que<br />

l'on est <strong>dans</strong> un pays où <strong>la</strong> polygamie est officielle:<br />

" Une personne se trouvant <strong>dans</strong> les liens d'un<br />

précédent mariage peut toutefois contracter un autre<br />

mariage (cas prévu pour l'homme seulement) à condition<br />

~u'elle 0btienne l'accord express de sa première<br />

epouse" l58 .<br />

Plus loin, on trouve aussi:<br />

" Le mari <strong>et</strong> <strong>la</strong> femme ont les mêmes droits <strong>et</strong><br />

devoirs".<br />

En fait, officiellement l'homme a le droit de convoler avec<br />

quatre femmes. La polygamie est très critiquée par les femmes du<br />

groupe A, comme un déséquil i bre au profit de l' homme, <strong>et</strong> une<br />

excessive indulgence envers ce qui devient ici: "inconduite<br />

masculine".<br />

Il y a par ailleurs une modification d'attitude par rapport<br />

aux re<strong>la</strong>tions sexuelles qui n'ont plus comme objectif, <strong>la</strong><br />

procréation mais aussi <strong>la</strong> recherche du p<strong>la</strong>isir, <strong>et</strong> eventuellement<br />

source de revenus. Comme nous le verrons plus loin, en tentant<br />

d' expl iquer <strong>la</strong> mercantilisation de plus en plus grande <strong>des</strong><br />

conduites sexuelles actuelles.<br />

La soumission <strong>et</strong> <strong>la</strong> résignation <strong>des</strong> générations plus âgées<br />

sont devenus chez les plus jeunes les reliquats de <strong>la</strong><br />

"domination" masculine. Car pour les plus jeunes <strong>la</strong> situation de<br />

<strong>la</strong> femme <strong>dans</strong> <strong>la</strong> société est assimilée à celle d'une esc<strong>la</strong>ve<br />

"elle travail<strong>la</strong>it pour l'homme !", <strong>et</strong> elle était "obligée de se<br />

soum<strong>et</strong>tre !", "les mamans étaient <strong>et</strong> sont plus résignées, <strong>et</strong> sous<br />

pr<strong>et</strong>texte qu'il Y a <strong>des</strong> enfants, elles acceptaient n'importe<br />

quoi!". Aussi quand <strong>la</strong> femme peut se matériellement se suffire<br />

à elle-même <strong>dans</strong> ce groupe tout au moins, elle se soum<strong>et</strong> ou se<br />

résigne plus difficilement.<br />

158_ Extrait du certificat de coutume délivré par l'ambassade<br />

au ressortissants CONGOLAIS en FRANCE.


-235-<br />

Aussi pouvons nous dire que pour ces femmes, l'urgence n'est<br />

plus de rester épouse même pour les enfants, mais de se donner<br />

les moyens de ne plus l'être. Nous examinerons plus en détail<br />

autour de quoi s'organise <strong>la</strong> soumission <strong>et</strong> <strong>la</strong> résignation <strong>des</strong><br />

autres, car certaines femmes ayant <strong>des</strong> activités traditionnelles<br />

ont aussi les moyens de ne plus être résignées, mais continuent<br />

à l'être; nous tenterons d' expliquer pourquoi, en examinant<br />

notamment le type de tensions que les unes <strong>et</strong> les autres ont, ce<br />

qui perm<strong>et</strong>tra de souligner les différences de réactions <strong>des</strong> unes<br />

<strong>et</strong> <strong>des</strong> autres.<br />

Nous pensons pouvoir dire que <strong>la</strong> situation actuelle de <strong>la</strong><br />

femme proche du modèle traditionnel peut encore se résumer en ces<br />

quelqHfs<br />

KONGO :<br />

lignes de P. ERNY caractérisant <strong>la</strong> femme en milieu<br />

" .•• Les conjoints sont moins liés affectivement l'un<br />

à l'autre, on pourrait dire "moins mariés" qu'en<br />

régime monogame. De ce fait, le lien vertical femme<br />

enfant va gagner en intensité par rapport au lien<br />

horizontal femme mari, <strong>et</strong> <strong>la</strong> mère l'emporte sur<br />

l'épouse. M. T. KNAPEN a pu écrire de <strong>la</strong> femme en<br />

milieu KONGO - " comme affectivement elle n'est guère<br />

ou seulement <strong>dans</strong> une faible mesure portée vers son<br />

mari, son attention est réservée sans partage à<br />

l'enfant. Il ne suffit pas de dire qu'elle l'aime, on<br />

peut dire <strong>dans</strong> un certain sens, elle a besoin de c<strong>et</strong><br />

enfant comme d'un être à qui elle peut se donner avec<br />

toute sa puissance affective. La vie amoureuse de <strong>la</strong><br />

femme passe alors par <strong>des</strong> phases alternées: tantôt<br />

elle est plus passive <strong>et</strong> orientée vers le mari, tantôt<br />

plus active, <strong>dans</strong> <strong>la</strong> mesure où durant de longues<br />

pério<strong>des</strong> elle se centre exclusivement sur<br />

l'enfant. ( ... ) Le contrat par lequel l'épouse est<br />

prêtée au c<strong>la</strong>n du mari contre certaines compensations<br />

porte comme disent les BAKONGOS sur le "corps" de <strong>la</strong><br />

femme mais il n'a rien d'absolu, ni de sacré, ni de<br />

définitif. La suite de <strong>la</strong> vie conjugale dépend de <strong>la</strong><br />

manière dont les c<strong>la</strong>uses seront respectées <strong>et</strong> dont les<br />

exigences <strong>des</strong> deux parties en présence seront<br />

satisfaites. Il n'y a nulle recherche en commun d'une<br />

certaine éternité celle-ci ne peut pas être trouvée<br />

que <strong>dans</strong> <strong>la</strong> survie à l'intérieur du système c<strong>la</strong>nique.<br />

L'union est conclue d'abord <strong>et</strong> avant tout en veu de <strong>la</strong><br />

procréation <strong>et</strong> vise à 'apporter à <strong>la</strong> collectivité<br />

familiale c<strong>et</strong>te richesse humaine que sont les enfants.<br />

Il est donc normal qu'elle soit p<strong>la</strong>cée sous une<br />

constante surveil<strong>la</strong>nce de <strong>la</strong> part du groupe <strong>dans</strong><br />

l'intérêt duquel elle a été décidée <strong>et</strong> qui dénie à ses<br />

membres, le droit à l'intimité, à une liberté <strong>et</strong> à une<br />

<strong>des</strong>tinée individuelle. <strong>la</strong> <strong>des</strong>nsité sociale est telle<br />

qu'elle interdit tout isolement."<br />

61.<br />

159_ P. ERNY: "Lenfant <strong>et</strong> son milieu en Afrique Noire" P. 60,


-236-<br />

Ainsi <strong>la</strong> femme proche du modèle traditionnel <strong>dans</strong> <strong>la</strong><br />

re<strong>la</strong>tion conjugale est d'abord mère, <strong>et</strong> elle est là pour <strong>et</strong> par<br />

les enfants. Tandis que celle proche <strong>des</strong> nouveaux modèles devient<br />

un individu associé ou lié à un autre individu.<br />

L'individualisation de <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion conjugale suscite<br />

d'autres besoins, d'autres exigences affectives. Il n'y à qu'à<br />

penser pour illustrer ceci à <strong>la</strong> perplexité <strong>des</strong> femmes plus âgées<br />

devant le manque de ~sérénité" <strong>des</strong> jeunes à qui le fait pour le<br />

mari de s'occuper matériellement de <strong>la</strong> femme ou <strong>des</strong> enfants ne<br />

suffit:<br />

" on se demande vraiment ce que vous cherchez, que<br />

voulez-vous de plus, ou "On se demande vraiment ce<br />

que c'est que c<strong>et</strong> "amour" qui vous conduite à tant<br />

d'excès !"<br />

Car pour les femmes<br />

plus âgées<br />

"si tu es mariée , si le mari sort, si tu as <strong>des</strong><br />

enfants <strong>et</strong> que le mari s'occupe matériellement de toi<br />

<strong>et</strong> <strong>des</strong> enfants, que chercher de plus"<br />

Ceci perm<strong>et</strong> de caractériser les différences <strong>dans</strong> <strong>la</strong> manière<br />

dont les unes <strong>et</strong> les autres situent "l'essentiel", qui n'a plus<br />

le même contenu pour les unes <strong>et</strong> pour les autres.<br />

3- Les conflits <strong>et</strong> tensions <strong>dans</strong> <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion conjugale comme une<br />

incohérence de rôle <strong>et</strong> un ébranlement <strong>des</strong> pôles traditionnels<br />

d'autorité<br />

Nous pouvons dire que <strong>dans</strong> <strong>la</strong> société traditionnelle, les<br />

rôles jouaient leur rôle de régu<strong>la</strong>tion <strong>des</strong> rapports sociaux.<br />

L'ensemble <strong>des</strong> obligations <strong>des</strong> droits <strong>et</strong> devoirs étant définis<br />

<strong>et</strong> distincts. Il n'en est plus de même <strong>dans</strong> un contexte où les<br />

ruptures entraînent un déséquilibre <strong>et</strong> une confusion <strong>dans</strong> les<br />

rôles, ceux-ci ne régu<strong>la</strong>nt plus d'une manière harmonieuse les<br />

rapports sociaux, du moins pour les groupes considérés.<br />

Pour celles qui continuent de se reférer au modèle<br />

traditionnel, les perscriptions continuent de constituer un cadre<br />

de référence qui perm<strong>et</strong> de vivre les tensions au moindre coût.<br />

pour celles dont les conduites débordent <strong>la</strong>rgement le cadre<br />

traditionnel <strong>et</strong> n'ont plus de cadre cohérent, c<strong>et</strong>te fonction ne<br />

joue plus. Pour elles , les conditions d'équilibre <strong>des</strong> rôles<br />

manquent. Les femmes concernées se trouvent face à <strong>des</strong> rôles<br />

renvoyant les uns aux rôles traditionnels, <strong>et</strong> à <strong>des</strong> rôles<br />

nouveaux, ainsi à chaque statut n'est plus attaché un seul rôle<br />

mais plusieurs rôles.


-237-<br />

D'autre part, il n'y a pas une définition c<strong>la</strong>ire <strong>des</strong> rôles<br />

actuels; il n'y a pas de consensus non plus ne serait ce qu'entre<br />

les hommes <strong>et</strong> les femmes engagés <strong>dans</strong> une re<strong>la</strong>tion de couple. Les<br />

uns se reférant <strong>la</strong>rgement à un cadre que les autres estiment<br />

dépassé. Le hommes continuant de se reférer <strong>la</strong>rgement au système<br />

traditionnel, les femmes estimant qu'une redéfinition est<br />

nécessaire.<br />

Il y a également un déséquilibre entre <strong>la</strong> proportion <strong>des</strong><br />

rôles prescrits <strong>et</strong> les rôles choisis notamment <strong>dans</strong> <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion<br />

conjugale, <strong>la</strong> zone urbaine propose plusieurs types de re<strong>la</strong>tions<br />

entre hommes <strong>et</strong> femmes. Ces re<strong>la</strong>tions n'ont plus lieu seulement<br />

<strong>dans</strong> <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion de couple ou conjugale c<strong>la</strong>ssique, il existe<br />

parallèle~~nt d'autres re<strong>la</strong>tions occasionnelles, différentes <strong>et</strong><br />

nouvelles . Ces re<strong>la</strong>tions n'obéissent plus toutes au schéma<br />

traditionnel de préeminence de l'autorité de l' homme, <strong>et</strong> de<br />

l'acceptation de c<strong>et</strong>te autorité.<br />

Nous n'avons fait que relever ici quelques unes <strong>des</strong><br />

conditions qui expliquent l'incohérence actuelle <strong>des</strong> rôles, en<br />

guise d'introduction à l'explication <strong>des</strong> conflits <strong>et</strong> tensions<br />

entre hommes <strong>et</strong> femmes, comme consécutifs à ce déséquilibre au<br />

niveau du système de rôles.<br />

Si l'on s'attarde un peu sur les causes de conflits, on<br />

constate qu'elles sont d'abord individuelles pour le groupe A,<br />

<strong>et</strong> qu'elles changent pour les autres groupes. Les issues<br />

dépendent également de tous ces éléments. La femme qui s'estime<br />

" écrasée ", <strong>et</strong> "étouffée" rompra plus facilement que celle qui<br />

n'a comme cause de tension que le désintérêt de l'homme pour ses<br />

enfants.<br />

Dans le premier cas, elle ne voudra pas se <strong>la</strong>isser<br />

"écraser". Dans le deuxième cas le mode de résolution se trouve<br />

<strong>dans</strong> le système traditionnel. En eff<strong>et</strong>, à partir du moment où<br />

<strong>la</strong> femme se situe avant tout comme mère <strong>dans</strong> <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion<br />

conjugale <strong>et</strong> qu'elle sait que les enfants relève d'elle <strong>et</strong> de son<br />

lignage, il est presque logique en se reférant à <strong>la</strong> tradition<br />

qu'elle travaille pour ses enfants. Ce qui l'amène à rejoindre<br />

une <strong>des</strong> obligations principales de <strong>la</strong> mère <strong>dans</strong> le système<br />

traditionnel.<br />

160 Concubinage,<br />

éphémères.<br />

re<strong>la</strong>tions extra-maritales durables ou


-238-<br />

Il Y a aussi un autre élément qui explique <strong>la</strong> "diplomatie"<br />

<strong>des</strong> femmes proches du modèle traditionnel. Quand bien même elles<br />

ont les moyens matériel s de ne plus se résigner; le souci de<br />

maintenir une bonne re<strong>la</strong>tion avec le père correspond à <strong>des</strong> soucis<br />

"stratégiques", surtout pour <strong>la</strong> santé <strong>des</strong> enfantitr En eff<strong>et</strong>, ici<br />

le père reste le garant de <strong>la</strong> santé de l'enfant :<br />

" ••• Le fait que les pères soient toujours extrêmement<br />

préoccupés de <strong>la</strong> santé de leurs enfants <strong>et</strong> m<strong>et</strong>tent<br />

tout en route s'ils tombent ma<strong>la</strong><strong>des</strong> P~n peur d'être<br />

accusées de leur avoir "mangé" le coeur ,montre que<br />

c'est à eux que revient c<strong>et</strong> aspect essentiel de<br />

l'éducation qui est <strong>la</strong> sauvegarde, <strong>la</strong> protection de<br />

l'être même <strong>des</strong> p<strong>et</strong>its contre toute action<br />

malveil<strong>la</strong>nte."<br />

D'autre part:<br />

" Le père est le canal par lequel <strong>la</strong> force vitale qui<br />

est à l'origine de toute chose, parvient au fils, il<br />

est le chaînon intermédiaire qui relie l'enfant à<br />

dieu, il est lui même doué d'une force vitale plus<br />

grande parcequ'il est plus proche <strong>des</strong> sources de vie.<br />

Etre père c'est non seulement engendrer mais continuer<br />

à vivifier, à féconder à pousser vers <strong>la</strong> plénitude,<br />

c'est transm<strong>et</strong>tre de manière ontologique non seulement<br />

vis à vis de Dieu, mais aussi de tous les<br />

intermédiaires au travers lesquels <strong>la</strong> vie se<br />

communique de lui aux hommes".<br />

Aussi, <strong>dans</strong> c<strong>et</strong>te perspective:<br />

" Les <strong>des</strong>cendants d'un meme aïeul mythique<br />

fonctionnent comme autant de condensateurs sur un même<br />

circuit d'énergie. Mais exceptionnellement ils peuvent<br />

aussi jouer le rôle de commutateur <strong>et</strong> couper le<br />

passage du courant, c'est ce qui s'opère <strong>dans</strong> le cas<br />

de <strong>la</strong> malédiction."<br />

161_ P. ERNY: "L'enfant <strong>et</strong> son milieu en Afrique Noire" P.<br />

71 <strong>et</strong> 112.<br />

162_ Ensorcelé.


-239-<br />

D'où le souci <strong>des</strong> femmes proches du modèle de tout faire<br />

pour que le père "ne parle pas mal", car disent-elles: "si <strong>la</strong><br />

femme s'entête, prend les enfants <strong>et</strong> s'en va, <strong>la</strong> santé <strong>des</strong><br />

enfants est en jeu" Ici <strong>la</strong> soumission <strong>des</strong> femmes ou leur<br />

apparente soumission, leur stratégie renvoie aux fondements mêmes<br />

d'une conception de <strong>la</strong> vie, de l'ordre du monde, qui renvoit à<br />

un autre système de pensée, <strong>la</strong> fonction de père reste sacrée<br />

tandis que celle-ci se désacralise chez les autres.<br />

L'insistance <strong>des</strong> femmes plus âgées auprès <strong>des</strong> plus jeunes<br />

sur <strong>la</strong> nécessité de reconnaître <strong>la</strong> préeminence de l'homme, sur<br />

le fait que <strong>la</strong> "force de <strong>la</strong> femme c'est l'homme", qu'une femme<br />

quelle que soit sa réussite doit m<strong>et</strong>tre l'homme en al~nt, est<br />

directement l'écho de <strong>la</strong> pensée BANTOUE selon <strong>la</strong>quelle :<br />

" Les créatures gardent entre elles un lien de<br />

causalité qui relie <strong>la</strong> créature au créateur ( ••• )<br />

L'enfant même adulte, demeurera toujours pour les<br />

BANTOUS, un homme, une force, une dépendance causale,<br />

une subordination ontologique <strong>des</strong> forces qui sont père<br />

<strong>et</strong> mère. <strong>la</strong> force aînée domine toujours <strong>la</strong> force<br />

puinée, elle continue à exercer sa force vitale sur<br />

elle. c'est ce rapport au niveau de l'être qui<br />

explique l'extrême importance psychologique de <strong>la</strong><br />

personne <strong>et</strong> de l'iamge du père."<br />

La force aînée est celle de l' homme, <strong>et</strong> <strong>la</strong> force puinée<br />

celle de <strong>la</strong> femme. C'est <strong>dans</strong> c<strong>et</strong>te perspective qu'il faut<br />

comprendre <strong>la</strong> subordination <strong>des</strong> femmes proches du modèle<br />

traditionnel. La désacralisation de l'image <strong>et</strong> de <strong>la</strong> fonction du<br />

père explique aussi en partie chez les plus jeunes <strong>et</strong> chez les<br />

femmes sco<strong>la</strong>risées, <strong>la</strong> contestation <strong>et</strong> <strong>la</strong> remise en cause de ce<br />

qui constituait les fondements de l'autorité masculine, <strong>et</strong> sa<br />

préeminence sur <strong>la</strong> femme <strong>dans</strong> <strong>la</strong> société traditionnelle.<br />

c'est ici que les propos de l'une de nos interlocutrices du<br />

groupe B prennent tout leur sens. En eff<strong>et</strong>, celle-ci pour<br />

caractériser les différences existant entre elle <strong>et</strong> les femmes<br />

_ du groupe A précisait que ce sont: "les femmes qui prennent le<br />

risque d'être <strong>des</strong> hommes tout en étant <strong>des</strong> femmes." Nous pensons<br />

pouvoLr éc<strong>la</strong>irer ces propos quelque peu ambigus en précisant que<br />

pour-· notre interlocutrice, ici <strong>la</strong> femme étant une force<br />

"inférieure", prend le "risque" d'assumer <strong>des</strong> responsabilités que<br />

sa "force" ne lui perm<strong>et</strong>tra peut être pas d'assumer.<br />

163_p . ERNY, op déjà cité P.112.


-240-<br />

Les conflits comme un ébranlement <strong>des</strong> pôles traditionnels<br />

d'autorité<br />

On pourrait s'étonner que nous posions ici le problème <strong>des</strong><br />

conflits <strong>dans</strong> les re<strong>la</strong>tions hommes <strong>et</strong> femmes comme <strong>des</strong> re<strong>la</strong>tions<br />

de pouvoir, comme un ébranlement <strong>des</strong> pôles traditionnels<br />

d'autorité détenus autrefois par les uns , contestés par<br />

d'autres; avec chez les premiers une résistance à <strong>la</strong> tentative<br />

de renversement <strong>des</strong> rôles chez les uns, <strong>et</strong> le refus d'une<br />

re<strong>la</strong>tion de dépendance <strong>et</strong> de subordination. Nous avions <strong>dans</strong> un<br />

premier temps pensé expliquer les tensions comme un manque de<br />

complémentarité de rôle, ceci est vrai mais n'explique pas tout.<br />

D'autre part ce sont les propos de personnes intérrogées<br />

elles-mêmes qui nous ont amené à poser les problèmes en ces<br />

termes: en terme de pouvoir. Les femmes attendent <strong>des</strong> hommes<br />

d'être plus "libéraux", plus compréhensifs, de créer une re<strong>la</strong>tion<br />

de coopération <strong>et</strong> non de domination/soumission. Les hommes<br />

estiment que les femmes doivent continuer à respecter <strong>la</strong><br />

préeminence de l'homme, les ajustements en cours ne devant en<br />

rien être un renversement de rôles, ou une contestation du rôle<br />

de "guide" ou de l'autorité de l'homme.<br />

On assiste chez <strong>la</strong> femme à <strong>la</strong> volonté de vouloir changer les<br />

rapports existants, <strong>et</strong> chez l' homme à une résistance, <strong>et</strong> <strong>la</strong><br />

"peur" d'un renversement de rôles, qui se traduit par <strong>des</strong> phrases<br />

de ce type chez les jeunes gens <strong>et</strong> les hommes plus âgés:<br />

" Nous voulons bien que <strong>la</strong> femme évolue mais pas trop,<br />

de peur qu'elle ne s'entête".<br />

Ou bien:<br />

" Nous avons peur que <strong>la</strong> femme ne se révolte <strong>et</strong> que<br />

ce<strong>la</strong> devienne comme le problème du NOIR par rapport au<br />

BLANC."<br />

Le problème est posé parfois de manière plus explicite:<br />

" La femme veut récuperer le rôle<br />

précédemment joué par l'homme, <strong>et</strong> l'homme<br />

n'est pas d'accord".<br />

,<br />

__Dù côté <strong>des</strong> femmes on relève comme causes de conflits:<br />

" Le désir de l'homme de vouloir contrôler sa femme,<br />

de régner en maître, <strong>la</strong> volonté de vouloir étouffer,<br />

écraser <strong>la</strong> femme."


-241-<br />

En fait toutes les tensions actuelles entre les hommes <strong>et</strong><br />

les femmes, ne sont que l'exaspération <strong>des</strong> tendances que G.<br />

BALANDIER relevait <strong>dans</strong> les BRAZZAVILLES NOIRES:<br />

" En obtenant <strong>des</strong> ressources personnelles, <strong>la</strong> femme<br />

citadine coupe les racines de l'aliénation que lui<br />

imposait souvent le milieu coutumier, elle gagne sa<br />

liberté ( ••• ). Il est incontestable qu'un grand nombre<br />

d'évolués éduqués souhaitent avoir une femme dont le<br />

degré d'évolution leur soit adapté, mais leur désir ne<br />

manque pas d'apparaître ambigu: ils ne voudraient pas<br />

que toutes les femmes fussent ainsi éduquéses car ils<br />

ont besoin à leurs foyers de femmes qui restent <strong>des</strong><br />

"servantes"".<br />

La remarque qui nous intéresse plus particulièrement ici16ist<br />

celle qui suit car elle introduit <strong>la</strong> suite de notre passage :<br />

" Il est apparent que le phénomène auquel l'Africain,<br />

même citadin est mal préparé est celui de<br />

l'émancipation féminine. Il ne voit guère en <strong>la</strong> femme<br />

une partenaire, plutôt un suj<strong>et</strong>, ce qui n'exclut pas<br />

l'affection mais implique un certain type de re<strong>la</strong>tions<br />

sociales. Quelques uns n'hésitent pas à protester<br />

contre l'égalité entre sexes affirmée par <strong>la</strong> nouvelle<br />

légis<strong>la</strong>tion, <strong>la</strong> plupart réagissent contre les<br />

avantages que les femmes peuvent prendre à leur<br />

dépens."<br />

Le problème continue de se poser <strong>dans</strong> les mêmes termes<br />

actuellement, en termes plus aigus, car depuis lors, de plus en<br />

plus de filles ont eues accès à une sco<strong>la</strong>risation assez poussée,<br />

<strong>et</strong> partant eues accès à <strong>des</strong> emplois sa<strong>la</strong>riés, <strong>et</strong> sont <strong>dans</strong> une<br />

certaine mesure devenues compétitives socialement par<strong>la</strong>nt. On<br />

peut dire que pour certaines femmes, <strong>la</strong> "zone d J incertitude"<br />

contrôlée par les hommes s'est réduite.<br />

Si nous nous réferons à <strong>la</strong> définition du pouvoir r<strong>et</strong>enu<br />

ici165.<br />

" La capacité d'une personne A d'obtenir d'une<br />

__p'èrsonne B de faire ce qu'elle lui de.ande" , <strong>et</strong> si<br />

nous savons que: " C'est une re<strong>la</strong>tion déséquilibrée:<br />

si A <strong>et</strong> B disposent <strong>des</strong> mê.es atouts il n'y a plus de<br />

re<strong>la</strong>tion de pouvoir entre eux, car aucun <strong>des</strong> deux ne<br />

peut obliger l'autre à faire quelque chose."<br />

164_ G.BALANDIER : op. déjà cité, p.146.<br />

165<br />

ERHARD FRIEDBERG "L'analyse sociologique<br />

organisations", revue POUR, N· 28, spécial Sociologie.<br />

<strong>des</strong>


-242-<br />

On peut dire que certaines femmes ici ,~timent avoir les<br />

mêmes atouts que les hommes sinon plus , l'argent, <strong>la</strong><br />

situation. Nous r<strong>et</strong>rouvons ceci <strong>dans</strong> <strong>la</strong> phrase d'un de nos<br />

interlocuteur masculin: "La femae qui a de l'argent a conscience<br />

qu'elle peut faire tout ce que peut faire le mari, les hommes".<br />

Ou chez l'une de nos interlocutrices proches du modèle<br />

traditionnel: "Actuellement une femme qui a de l'argent est<br />

"bien", elle fait peur aux hommes".<br />

Ainsi nous pouvons dire que <strong>la</strong> zone d' incertitude que<br />

certains hommes peuvent contrôler par rapport à certaines femmes<br />

s'est réduite. Il y a non seulement <strong>la</strong> possibilité matérielle de<br />

<strong>la</strong> femme de s'assumer, l'accès au même niveau d'instruction, mais<br />

aussi <strong>la</strong> modification de <strong>la</strong> distribution traditionnelle de<br />

l'autorité.<br />

Le contenu <strong>des</strong> conflits est différent ici. Il ne s'agit plus<br />

d'être diplomate, mais de réagir, d'affronter de ne plus se<br />

<strong>la</strong>isser faire, d'où le manque de sérénité par rapport à celles<br />

qui s'accomodent <strong>des</strong> anciennes re<strong>la</strong>tions. Chez les autres il y<br />

a action <strong>et</strong> réaction <strong>des</strong> femmes; réaction <strong>et</strong> résistance chez les<br />

hommes:<br />

" Les hommes ne vont plus changer sinon en pire, <strong>et</strong> de<br />

plus il ne font aucun effort pour changer !" (Une<br />

femme du groupe A).<br />

Ceci explique peut être en partie le manque de "discrétion"<br />

de "l'inconduite" tant masculine que féminine, devenu moyens de<br />

manifester de part <strong>et</strong> d'autre une certaine "indépendance".<br />

~ -.<br />

.~.<br />

166 Car elles peuvent<br />

contrairement à l'homme.<br />

"tirer avantage" de leur corps,


-243-<br />

4-L'é<strong>la</strong>rgissement du cadre<br />

de <strong>la</strong> vie sociale<br />

L'é<strong>la</strong>rgissement du cadre de <strong>la</strong> vie sociale est surtout<br />

notable chez les plus jeunes urbaines <strong>et</strong> pour le groupe A. En<br />

eff<strong>et</strong> on peut encore dire que pour <strong>la</strong> femme proche <strong>des</strong> anciens<br />

mo<strong>des</strong> de vie; le loisir <strong>dans</strong> sa conception moderne n'existe pas<br />

en tant que tel. Il n'existe pas pour lui même, par contre un<br />

devoir social peut éventuellement appeler un loisir.<br />

Les activités sociales principales contineunt d'être<br />

centrées sur le lignage. Elles ont d'autre part <strong>des</strong> activités qui<br />

leur <strong>la</strong>issent peu de temps libre par rapport aux autres. Quand<br />

bien même elles l'ont, elles le passent à accomplir <strong>des</strong><br />

obligations "utiles" (visites d'amis, réunions à caract~re<br />

religieux ... ).<br />

Essayons de voir ce que font les autres de leur temps libre.<br />

En dehors <strong>des</strong> activités ou manifestations officeilles ayant un<br />

caractère obligatoire auxquelles toute femme ayant une activité<br />

moderne ne peut se soustraire facilement, il y a depusi un peu<br />

plus d'une dizaine d'années, une floraison d'associations<br />

volontaires à carctère religieux ou profane, qui est un fait<br />

typiquement féminin.<br />

Ceci nous a amené à penser que <strong>dans</strong> une certaine mesure<br />

comme l'a si bien dit une de nos interlocutrice: "Les bars se<br />

sont vidés au profit <strong>des</strong> églises". C'est un jugement peut être<br />

rapide, mais en nous interessant de plus près à ses accsociations<br />

, à leurs fonctions avouées ou non savoir si c<strong>et</strong>te affirmation<br />

se confirme.


-244-<br />

5- LES ASSOCIATIONS VOLONTAIRES. PRETEXTES. ALIBIS. ou VALEURS<br />

REFUGES<br />

Le succès de ces associations est en quelque sorte dû selon<br />

les personnes intérrogées aux insuffisances <strong>des</strong> organisations<br />

officielles. Nous avons déjà relevé <strong>dans</strong> le passage concernant<br />

le contexte :"La ville <strong>dans</strong> ce qu'elle est ville"; qu'ici, on se<br />

prête à <strong>la</strong> politique <strong>et</strong> on s'implique ailleurs. Les associations<br />

féminines sont ces lieux d' implication ayant <strong>des</strong> cadres peu<br />

"suspects" vis à vis <strong>des</strong> hommes du moins en ce qui concerne les<br />

associations à caractère religeux.<br />

Une <strong>des</strong> adhérantes soulignait entre autres bienfaits de ces<br />

associations celui d'avoir apporté <strong>la</strong> paix <strong>dans</strong> les ménages, car:<br />

"Avant par exemple quand l'homme sortait, <strong>la</strong> femme<br />

sortait aussi, mais il y en a qui se sont rendues<br />

compte que ce<strong>la</strong> va<strong>la</strong>it mieux de prier que de traîner<br />

<strong>dans</strong> les bars. Les bénéfices de <strong>la</strong> prière ne se voient<br />

pas tout de suite, mais ils sont bien là."<br />

Il Y a un engouement très n<strong>et</strong> de <strong>la</strong> plupart <strong>des</strong> citadines<br />

<strong>et</strong> notamment les femmes du groupe A, pour ces associations qui<br />

ont pour buts premiers: l'entraide, l'assistance en cas de<br />

ma<strong>la</strong>die, chômage, deuil ou pour un évènement heureux, mariage,<br />

baptême. Elles sont basées soit sur <strong>des</strong> associations d'anciennes<br />

élèves d'écoles religieuses ou sur d'autres critères.<br />

Celles qui ont un caractère religeux ont une discipline plus<br />

stricte. Leurs adhérantes après les réunions ou séances de prière<br />

ne doivent pas être vues <strong>dans</strong> un bar. Si elles ont un conflit<br />

avec leur conjoint <strong>et</strong> si elles ont tort, elles peuvent être<br />

exclues. L'adhésion est volontaire, il y a un certain rituel, les<br />

membres d'une fraternité par exemple s'appellent soeurs entre<br />

elles, <strong>et</strong> ont une façon particulière de se saluer.<br />

les femmes disent r<strong>et</strong>rouver <strong>dans</strong> ces associations, outre <strong>la</strong><br />

-·-solidarité <strong>et</strong> l'assistance: "le p<strong>la</strong>isir d'être ensemble". Selon<br />

elles, les activités proposées <strong>dans</strong> ces associations perm<strong>et</strong>tent<br />

d'oublier leurs problèmes, ou 'de mieux supporter les incarta<strong>des</strong><br />

du mari (surtout les 40/45). Les loisirs prenn<strong>et</strong> lieu <strong>dans</strong> ce<br />

cadre, ainsi que les invitations à <strong>des</strong> mariages ou tout aure<br />

évènement concerant un <strong>des</strong> membres, où l'on est tenu par le<br />

règlement d'assister.


-245-<br />

Toutes les précautions sont prises pour ne pas "éffaroucher"<br />

le conjoint. On requiert son autorisation pour que <strong>la</strong> femme<br />

adhère, ou assiste aux réunions. L'association intervient en cas<br />

de différend entre le membre <strong>et</strong> son conjoint ou sa belle famille.<br />

En fait il y a <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce de structures remp<strong>la</strong>çant en<br />

quelque sorte le rôle joué autrefois par le lignage pour<br />

l'individu <strong>dans</strong> <strong>la</strong> société traditionnelle.<br />

Ces associations sont très hierarchisées, avec une "mère"<br />

ou présidente de l'association. Pour ce qui concerne les<br />

associations religieuses nous pouvons dire que celles-ci sont<br />

surtout pour les 40/45 urbanisées <strong>et</strong> sco<strong>la</strong>risées, <strong>des</strong> "lieux de<br />

recherche d'équilibre", <strong>et</strong> de recherche de soutien moral, <strong>et</strong><br />

psychologique, en raison <strong>des</strong> vertus attribuées à <strong>la</strong> prière.<br />

Ainsi certaines femmes semblent ainsi avoir résolue ou en<br />

voie de le faire le problème de l'organisation de leurs loisirs;<br />

qui ne peuvent avoir un sens pour elles que <strong>dans</strong> <strong>la</strong> mesure où<br />

ceux-ci remplissent d'autres focntions. Ce cadre n'est plus aussi<br />

étroit que celui du lignage, il rassemble <strong>des</strong> femmes d'origine<br />

<strong>et</strong>hnique parfois différente, d'âge aussi.<br />

Il nous manqué du temps pour voir ce qui se passait en plus<br />

"autour" de ces associations, nous nous justifions ici en disant<br />

que ce n'était pas notre objectif. disons seulement pour conclure<br />

que ces assocaitions perm<strong>et</strong>tent aux femmes d'être entre elles.<br />

Il est vrai que <strong>la</strong> mixité est de plus en plus grande <strong>dans</strong><br />

<strong>la</strong> vie courante, cependant pour les 40/45 surtout <strong>et</strong> aussi pour<br />

les autres, "l'être ensemble" <strong>des</strong> hommes <strong>et</strong> <strong>des</strong> femmes continue<br />

de se faire autour de <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion sexuelle. Aussi, autant les<br />

hommes aiment se r<strong>et</strong>rouver entre hommes, autant les femmes<br />

continuent d'aimer se r<strong>et</strong>rouver entre elles.<br />

Les MOSIKIS ont un caractère plus profane, ce sont <strong>des</strong><br />

associations d'entraide <strong>et</strong> de soutien mais il leur manque<br />

l'arrière p<strong>la</strong>n spirituel qui donne sa cohérence, <strong>et</strong> son "sérieux"<br />

aux fraternités. Il y a <strong>des</strong> MOZIKIS de quartier, d'autres basé<br />

sur <strong>la</strong> profession. Les buts <strong>et</strong> les fonctions sont les mêmes, il<br />

leur manque seulement l'assise religieuse.<br />

,<br />

__Lès associations volontaires, prétextes, alibis ou lieu de<br />

recherche d'équilibre En fait ce<strong>la</strong> dépend de <strong>la</strong> personne<br />

concernée. On peut dire que pour certaines ce sont <strong>des</strong> lieux où<br />

elles r<strong>et</strong>rouvent une certaine "sérénité". Pour d'autres ce sont<br />

<strong>des</strong> occasions de sorties pouvant être le départ par ce qui se<br />

passe autour, ou après les réunions de prétextes ou d'alibis.<br />

Elles peuvent être tout ce<strong>la</strong> à <strong>la</strong> fois. Ceci nous amène à<br />

examiner certaines conduites actuelles <strong>des</strong> hommes <strong>et</strong> <strong>des</strong> femmes<br />

en zone urbaine.


-246-<br />

STRATEGIES FEMININES / REACTIONS MASCULINES<br />

a)- Mercantilisation <strong>des</strong> re<strong>la</strong>tions sexuelles (le point de<br />

féminin)<br />

vue<br />

C'est l'un <strong>des</strong> aspects les plus frappants <strong>des</strong> re<strong>la</strong>tions<br />

entre hommes <strong>et</strong> femmes <strong>dans</strong> le contexte actuel. Nous ne parlons<br />

pas de prostitution, mais <strong>des</strong> re<strong>la</strong>tions <strong>dans</strong> l'ensemble. En<br />

eff<strong>et</strong>, ici on ne "fait pas l'amour pour rien". Nous avions déjà<br />

souligné que même pour les femmes mariées ayant <strong>des</strong> re<strong>la</strong>tions<br />

extra-conjugales, celles-ci doivent associer le p<strong>la</strong>isir <strong>et</strong> le<br />

profit. C<strong>et</strong>te tendance qui s'est accélérée n'est pas récente en<br />

milieu urbain, si elle est radicalement nouvelle par rapport à<br />

<strong>la</strong> société traditionnelle.<br />

En milieu urbain les re<strong>la</strong>tions sexuelles sont devenues très<br />

tôt monnayables <strong>et</strong> G. BALANDIER note <strong>dans</strong> les BRAZZAVILLES<br />

NOIRES que:<br />

" .••Certaines femmes qui pratiquent un concubinage de<br />

courte durée très proche de <strong>la</strong> prostitution n'hésitent<br />

plus à en appeler au tribunal coutumier pour obtenir<br />

le prix <strong>des</strong> services sexuels, 4 cas furent examinés <strong>et</strong><br />

le bon droit <strong>des</strong> p<strong>la</strong>ignantes a été reconnu sous <strong>la</strong><br />

nyrme d'indemnité fixées de 4000, à 1000 francs C.F.A<br />

• Ainsi <strong>la</strong> mercantilisation <strong>des</strong> rapports entre<br />

sexes reçoit-elle une sorte de légitimation, c'est<br />

montrer à quel point elle s'est inscrite <strong>dans</strong> les<br />

moeurs."<br />

La tendance s'est accéléré. Quand on demande aux femmes<br />

pourquoi les hommes doivent-ils payer, <strong>la</strong> plupart <strong>des</strong> réponses<br />

tournent autour de l'idée: "qu'il n'est pas question de faire<br />

ce<strong>la</strong> pour rien!", "qu'il faut que ce<strong>la</strong> serve à quelque chose".<br />

Ceci renvoie à une utilisation instrumentale de l'homme qui<br />

est devenu un moyen d'avoir de l'argent. Aussi certains hommes<br />

estiment qu'actuellemnt, ce sont les femmes qui exploitent les<br />

hommes. Selon d'autres, les femmes pensent: "qu'en ruinant les<br />

hODUDes, elles rattrapent le r<strong>et</strong>ard".<br />

En fait ce que nous pouvons dire ici c'est que les conduites<br />

sexue}Jes détachées de leurs fonctions procréatrices deviennent<br />

<strong>des</strong> conduites stratégiques où se confrontent encore une fois les<br />

hommes <strong>et</strong> les femmes. les femmes estiment avoir un atout en plus.<br />

La découverte d'une utilisation différente de leur corps par<br />

rapport aux hommes devient un atout, une arme à utiliser pour<br />

obtenir quelque chose. l'homme est devenu un "moyen" d'avoir de<br />

l'argent, d'en avoir plus quand on a déjà.<br />

167_ de 80 à 20 FF.


-247-<br />

Nous allons essayer de comprendre ceci non seulement en nous<br />

basant sur le fait que <strong>la</strong> société urbaine crée <strong>des</strong> besoins de<br />

plus en plus grands, que <strong>la</strong> recherche d'argent devient une<br />

préoccupation essentielle, <strong>et</strong> tous les moyens sont utilisés pour<br />

obtenir celui-ci.<br />

Mais si nous examinons <strong>la</strong> mercantilisation <strong>des</strong> conduites<br />

chez les autres, qui peuvent se suffire à elles-mêmes; que<br />

constatons-nous C<strong>et</strong>te utilisation devient un moyen d'accroître<br />

ses revenus, son standing. Il faut ajouter à ceci que rien n'a<br />

préparé les hommes <strong>et</strong> les femmes à avoir <strong>des</strong> rapports autres que<br />

ceux-ci.<br />

En eff<strong>et</strong>, nous savons que <strong>dans</strong> <strong>la</strong> société traditionnelle,<br />

<strong>la</strong> femme conçoit les re<strong>la</strong>tions conjugales en termes de<br />

"bénéfice", <strong>la</strong> seule"joie" <strong>la</strong> seule justification <strong>et</strong> le bénéfice<br />

du mariage sont les enfants, ou du moins c'était les enfants. Si<br />

on transpose ceci <strong>dans</strong> une société urbaine déséquilibrée <strong>la</strong><br />

nature <strong>des</strong> bénéfices change, car les re<strong>la</strong>tions <strong>et</strong> les individus,<br />

étant libérés en partie <strong>des</strong> assises traditionnelles; les rapports<br />

changent, les "bénéfices" changent aussi.<br />

Il ne s'agit plus seulement d'avoir comme bénéfice d'un<br />

homme <strong>des</strong> enfants; mais aussi de l'argent qui est devenu l'autre<br />

élément de reichesse. Il faut ajouter à ce<strong>la</strong> le fait que chez<br />

certaines femmes, ceci est ressenti comme un r<strong>et</strong>ournement de<br />

situation par rapport à <strong>la</strong> société traditionnelle: "A <strong>la</strong> ville,<br />

<strong>la</strong> femme est là elle attend, c'est l'homme qui apporte l'argent,<br />

à <strong>la</strong> campagne, c'est différent".<br />

Enfin ajoutons à ceci qu'il y a <strong>des</strong> justifications<br />

économiques à <strong>la</strong> prostitution, qui est devenu moyen de<br />

subsistance, avec une tolérance très grande:<br />

" Il est difficile de condamner car elle a <strong>des</strong> raisons<br />

économiques".<br />

C'est le point de vue <strong>des</strong> jeunes, <strong>et</strong> de certains moins<br />

jeunes. Si les générations plus âgées sont plus severes, leurs<br />

propos révèelent leur impuissance à avoir une influence<br />

quelconque, aussi il y ad' une part <strong>la</strong> mercantilisation <strong>des</strong><br />

~--conduites sexuelles à un niveau général, <strong>et</strong> <strong>la</strong> prostitution qui<br />

est excusée <strong>et</strong> justifiée comme un moyen de subsistance.


-248-<br />

LES REACTIONS MASCULINES<br />

Celles-ci seront à peine esquissées, car le peu d'entr<strong>et</strong>iens<br />

d' hommes réalisés ne nous perm<strong>et</strong> pas de disposer d'éléments<br />

soli<strong>des</strong> pour étayer notre argumentation. Nous allons nous<br />

intéresser aux moyens utilisés par <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion masculine pour<br />

résister aux tentatives de renversement de rôles par certaines<br />

femmes.<br />

En eff<strong>et</strong>, s'il est certain que les conduites les plus<br />

contestées sont les conduites féminines, les doléances masculines<br />

reprochant à <strong>la</strong> femme d'avoir: "mal compris l'évolution", <strong>et</strong> de<br />

ne pas respecter l'essentiel <strong>des</strong> valeurs traditionnelles.<br />

Il faut souligner qu'il ya chez les hommes en milieu urbain<br />

une utilisation <strong>et</strong> une interprétation de <strong>la</strong> tradition qui est<br />

ambigue, ce qui donne lieu à <strong>des</strong> affirmations du genre:<br />

" L'Africain a besoin de <strong>la</strong> polygamie, il ne peut pas<br />

s'en passer". Ou bien: tt En restant fidèle à <strong>la</strong><br />

polygamie le CONGOLAIS respecte ses coutumes <strong>et</strong> reste<br />

fidèle à ses ancêtres."<br />

En fait on peut dire que les conduites masculines<br />

correspondent à un souci d'affirmer une différence entre ce que:<br />

tt Ce que l'homme a le droit de faire, <strong>et</strong> ce que <strong>la</strong> femme n'a pas<br />

le droit de faire". Ainsi <strong>la</strong> polygamie <strong>et</strong> son substitut devient<br />

un moyen de réequilibrer les re<strong>la</strong>tions actuelles, elle devient<br />

prétexte. Nous pensons pouvoir dire que les réactions masculines<br />

s'organisent principalemnt autour de <strong>la</strong> volonté du maintien de<br />

<strong>la</strong> préeminence de l'homme sur <strong>la</strong> femme, <strong>et</strong> de l'accentuation de<br />

<strong>la</strong> dépendance de celle-ci.<br />

Les re<strong>la</strong>tions de concubinage <strong>et</strong> leurs justifications<br />

Il nous a semblé que ce sont les re<strong>la</strong>tions qui arrangent le<br />

mieux <strong>la</strong> femme disposant de revenus lui perm<strong>et</strong>tant de subvenir<br />

-à ses besoins, car elles perm<strong>et</strong>tent à celle-ci d'avoir une<br />

certaine liberté de manoeuvre. l'idéal recherché ici est d'avoir<br />

une re<strong>la</strong>tion avec un homme eng~gé par ailleurs <strong>dans</strong> une re<strong>la</strong>tion<br />

conjùgale par exemple, ce qui ne perm<strong>et</strong> pas <strong>la</strong> présence continue<br />

de celui-ci près de <strong>la</strong> femme, <strong>et</strong> lui <strong>la</strong>isse une autonomie.<br />

D'autre part, l'avantage selon les femmes engagées <strong>dans</strong> ce type<br />

de re<strong>la</strong>tions:


" A partir du moment où l'on est pas chez lui, où<br />

l'homme ne vous domine pas entièrement, celui-ci<br />

s'oblige à vous faire p<strong>la</strong>isir, car il sait bien que ce<br />

n'est pas lui qui vous fait marcher, mais vous."<br />

-249-<br />

Les problèmes sont posés <strong>dans</strong> ces termes; d'où l'écho de<br />

c<strong>et</strong>te tendance selon <strong>la</strong>quelle en ce moment il vaut mieux être le<br />

"bureau" de quelqu'un plutôt que d'être sa femme. On assiste à<br />

l'acroissement de ces re<strong>la</strong>tions, <strong>et</strong> à une remise en cause du<br />

mariage, tel qu'il est actuellement <strong>et</strong> qui n'est plus pour ces<br />

femmes indispensable.<br />

DEGAGEMENT DES TYPES FEMININS ET EVOLUTION DES MODELES<br />

TYPES FEMININS<br />

1)- LA FEMME AU FOYER<br />

Ce sont parmi les plus résignées, traditionnellement elles<br />

sont "entr<strong>et</strong>enues" par le mari. <strong>la</strong> plupart soulignent leur<br />

dépendance matérielle <strong>et</strong> le fait qu'elles sont obligées de se<br />

soum<strong>et</strong>tre, car elles n'ont pas les moyens matériels de subvenir<br />

à leurs besoins.<br />

Il est en eff<strong>et</strong> vivement conseillé à <strong>la</strong> femme d'avoir une<br />

actiivté quelconque, de ne pas attendre que le mari donne tout.<br />

Pour les femmes non sco<strong>la</strong>risées <strong>et</strong> urbaines, il y a ici<br />

dép<strong>la</strong>cement <strong>des</strong> obligations reposant autrefois sur <strong>la</strong> femme, chez<br />

l'homme, notamment l'obligation alimentaire. Car on attend ici<br />

de l'homme qu'il subvienne à tous les besoins alors que <strong>dans</strong> <strong>la</strong><br />

répartition traditionnelle <strong>des</strong> contributions, celle-ci revient<br />

à <strong>la</strong> femme. les conflits existent aussi <strong>dans</strong> ce groupe, mais on<br />

se résigne.<br />

2) - LA FEMME MARIEE exerçant une activité se rapprochant <strong>des</strong><br />

-activités traditionnelles<br />

C~est <strong>dans</strong> ces types f~minins qu'il yale moins de<br />

confl-!ts, nous avons déjà soul igné à plusieurs reprises, qu'elles<br />

ont <strong>des</strong> activités qui leur procurent <strong>des</strong> revenus. En plus du fait<br />

qu'elles leurs perm<strong>et</strong>tent de remplir leur obligation<br />

traditionnelle.<br />

Le cadre de référence reste le système traditionnel ce qui<br />

leur donne une apparente stabilité tout en leur perm<strong>et</strong>tant d'une<br />

manière plus stratégique de "grignoter" quelques uns <strong>des</strong> rôles<br />

autrefois assumés par les hommes (le frère, ou l'oncle) sans trop<br />

d'éc<strong>la</strong>ts.


-250-<br />

Ce sont également les plus diplomates; elles ne s'opposent<br />

pas au conjoint mais ont une démarche prudente, qui consiste à<br />

contourner à éviter les conflits, <strong>et</strong> à se garantir les moyens de<br />

sortir d'une situation conflictuelle en ayant le confort<br />

psychologique de l'approbation <strong>des</strong> autres.<br />

La même démarche se r<strong>et</strong>rouve au niveau <strong>des</strong> biens <strong>et</strong> <strong>des</strong><br />

revenus. Ainsi <strong>la</strong> femme de ce type en milieu urbain, se donne les<br />

moyens d'interpréter certains éléments du modèle traditionnel<br />

concernant les biens par exemple à son avantage. contrairement<br />

aux autres, elles se garantissent les moyens de changer, ou<br />

d'évoluer à un moindre coût.<br />

3)- LA FEMME exerçant un emploi sa<strong>la</strong>rié, mais restant soumise<br />

S'il est vrai que <strong>la</strong> plupart <strong>des</strong> femmes mariées ayant <strong>des</strong><br />

emplois sa<strong>la</strong>riés ont <strong>des</strong> conflits, ou <strong>des</strong> tensions avec leurs<br />

conjoints. Il n'en est pas ainsi de toutes: il reste <strong>des</strong> femmes<br />

mariées, sa<strong>la</strong>riées <strong>et</strong> soumises; du moins ayant <strong>des</strong> attitu<strong>des</strong><br />

"accomodantes" par rapport à leur conjoint.<br />

Nous dirons qu'ici elles le restent d'autant plus facilement<br />

que le conjoint leur garantit d'une certaine manlere, une<br />

"assurance avenir". s'il comprend (qu'elle cherche à garantir son<br />

avenir en ach<strong>et</strong>ant une maison ou autre... ) ou qu'il l'aide à<br />

acquérir une maison, où elle pourra effectivement se r<strong>et</strong>irer en<br />

cas de veuvage. Ceci bien entendu pour les couples qui espèrent<br />

durer.<br />

Quand <strong>la</strong> femme est sécurisée quand à son avenir matériel,<br />

il lui est plus facile de "faire <strong>des</strong> efforts pour rester mariée",<br />

<strong>et</strong> en général elle le reste plus longtemps ici que d'autres. Ce<br />

sont également celles-ci qui ne m<strong>et</strong>tent pas en question <strong>la</strong><br />

préeminence de l'homme sur <strong>la</strong> femme. Et qui sont attachées à<br />

l'idée que le fait d'être mariée donne plus de "poids" à <strong>la</strong><br />

femme, lui confère un statut plus "lourd" que celui qu'elle peut<br />

acquérir par <strong>la</strong> situation ou l'argent.<br />

Il va s'en dire que c'est le type le plus valorisé par les<br />

hommes, <strong>et</strong> par les générations plus âgées; c'est celle qui a su<br />

faire selon eux: " Une synth~se intelligente entre <strong>la</strong> tradition<br />

<strong>et</strong> <strong>la</strong> modernité."


-251-<br />

4)- LA FEMME MARIEE (très "mouvement de libération de <strong>la</strong> femme")<br />

Elle est caractérisée en quelques mots comme "celle qui<br />

veut faire tout ce que l' homme fai t" (elle ne reste pas longtemps<br />

mariée en général), C'est parmi elles que nous avons celles que<br />

nous appelons les "has been".<br />

Ici, l'important est d'avoir été mariée, d'avoir eu <strong>des</strong><br />

enfants. Après "on se repose <strong>et</strong> on vit"; ce sont en général<br />

celles qui ne reconnaissent plus <strong>la</strong> préeminence masculine, ou <strong>la</strong><br />

conteste, en estimant qu'il devrait y avoir une réciprocité entre<br />

les devoirs <strong>des</strong> uns <strong>et</strong> <strong>des</strong> autres, <strong>des</strong> hommes <strong>et</strong> <strong>des</strong> femmes.<br />

Pour certaines ici, le mariage est devenu un dû social à<br />

payer un certain temps, <strong>et</strong> dont on se libère dès que l'on peut.<br />

Elles deviennent soit <strong>des</strong> maîtresses établies <strong>et</strong> reconnues. soit<br />

ont <strong>des</strong> re<strong>la</strong>tions occasionnelles <strong>et</strong> dont <strong>la</strong> durée dépend <strong>des</strong><br />

avantages psychologiques ou matériel s qu'elles y trouvent. Il<br />

faut souligner, toutefois que ce ne sont pas les seules femmes<br />

qui choisissent ce type de re<strong>la</strong>tions.<br />

La re<strong>la</strong>tion de concubinage qui est moins valorisée que <strong>la</strong><br />

re<strong>la</strong>tion conjugale, mais n'est pas franchement dévalorisée non<br />

plus, fait aussi "l'affaire" <strong>des</strong> femmes du groupe B qui ont dû<br />

divorcer. Elle leur perm<strong>et</strong> d'être plus maîtresse d'elle même, de<br />

pouvoir contrôler leurs gains, d'être plus autonome <strong>et</strong> de<br />

continuer d'avoir <strong>des</strong> enfants <strong>dans</strong> une re<strong>la</strong>tion à peu près<br />

admise. Soulignons que l'idéal pour les femmes <strong>dans</strong> ces cas là<br />

n'est pas de vivre ensemble, mais que le compagnon vienne<br />

occasionnellement.<br />

5)- LA MAITRESSE ETABLIE OU BUREAU<br />

Elle jouit d'une considération moindre mais n'a pas un<br />

statut dévalorisé, elle est plus ou moins reconnue par <strong>la</strong> ou les<br />

femmes légitimes. Elle est en quelque sorte le substitut de <strong>la</strong><br />

deuxième ou troisième épouse ou de <strong>la</strong> énième épouse <strong>des</strong> ménages<br />

polygames.<br />

De plus c<strong>et</strong>te re<strong>la</strong>tion est choisie par plusieurs femmes<br />

qu'elles soient "has been" ou non, car non seulement elle <strong>la</strong>isse<br />

beaucoup d'autonomie à <strong>la</strong> femme, mais surtout elle perm<strong>et</strong> pour<br />

certaines de bénéficier <strong>des</strong> <strong>la</strong>rgesses de l'homme pour qui ces<br />

re<strong>la</strong>tions sont un moyen de manifester son prestige, car <strong>dans</strong><br />

c<strong>et</strong>te deuxième conception du phénomène "bureau", l'homme doit<br />

dépenser <strong>et</strong> entr<strong>et</strong>enir <strong>la</strong> femme.


-252-<br />

6)- LA PROSTITUEE<br />

La prostitution en zone urbaine a subie une évolution qui<br />

l'a fai t passer d'une prost i tut ion ayant un aspect "presque<br />

convenable", <strong>et</strong> discrète, s'apparentant plus à <strong>des</strong> re<strong>la</strong>tions très<br />

courtes de concubinage, sans manifestation publique notable<br />

(elles ne faisaient pas le trottoir comme on dit vulgairement),<br />

qui avait presque réussie à s'adapter au contexte.<br />

c'est ainsi qu'il est fait une distinction entre les<br />

prostituées de ce type qui coexistent encore avec celles qui ont<br />

tendance à s'apparenter un peu plus avec <strong>la</strong> "prostitution<br />

modernei'.s C'est le cas <strong>des</strong> filles faisant du racco<strong>la</strong>ge en<br />

"ville" ~ <strong>et</strong> qui sont caractérisées avec une nuance de<br />

xénophobie <strong>et</strong> de mépris, comme étant <strong>des</strong> filles qui: "vont<br />

attendre les b<strong>la</strong>ncs en ville." Dans l'ensemble, c'est le type<br />

féminin le plus dévalorisé.<br />

168_ Le terme "ville <strong>dans</strong> le <strong>la</strong>ngage courant, continue de<br />

désigner l'ancienne cité Européenne. Nous avons souligné ce point<br />

<strong>dans</strong> le deuxième chapitre, <strong>dans</strong> le passage: "<strong>la</strong> ville <strong>dans</strong> ce<br />

qu'ellE' est ville".


-253-<br />

EVOLUTION DES MODELES<br />

MODELE TRADITIONNEL MODELES EN COURS<br />

- Préeminence du groupe<br />

l'individu<br />

Système de <strong>des</strong>cendance<br />

matrilinéaire<br />

- Mariage polygamique<br />

Il i _<br />

1<br />

i<br />

1<br />

Il<br />

il<br />

il<br />

Il<br />

:1<br />

sur<br />

- Régime matrimonial de sépation<br />

absolu <strong>des</strong> biens<br />

Droits <strong>et</strong> obligations précis<br />

<strong>et</strong> différents au sein<br />

du couple<br />

- Séparation <strong>des</strong> sexes: un<br />

monde féminin/un monde masculin<br />

Séparation <strong>des</strong> tâches<br />

i!-<br />

:1<br />

i<br />

:1 - Rigorisme <strong>des</strong> moeurs<br />

[1<br />

- Tentative d'affirmation de<br />

l'individu<br />

- Montée du droit paternel<br />

- Tentative d'établissement<br />

d'un mariage monogamique<br />

Essai de régime semi-communautaire<br />

Glissement de certaines<br />

obligations de <strong>la</strong> femme<br />

sur l'homme<br />

- Mixité de plus en plus<br />

1 grande <strong>dans</strong> <strong>la</strong> vie couran­<br />

1 te<br />

l - Mixité de plus en plus<br />

grande <strong>des</strong> emplois <strong>et</strong> <strong>des</strong><br />

I activités<br />

1 - Libération <strong>des</strong> moeurs<br />

1<br />

1


-254-<br />

EVOLUTION DES MODELES<br />

Le propos <strong>des</strong> lignes qui vont suivre, va être de r<strong>et</strong>rouver<br />

autour de quoi s'organise actuellement les nouveaux modèles. Dans<br />

le tableau ci-<strong>des</strong>sus m<strong>et</strong>tant en parallèle le modèle traditionnel<br />

<strong>et</strong> les modèles en cours, nous avons pu caractériser ceux-ci comme<br />

s'organisant principalement autour <strong>des</strong> points relevés comme<br />

caractérisant les modèles en cours à savoir:<br />

1- La tentative d'affirmation de l'individu<br />

2- La montée du droit paternel<br />

:3- La tentative d'établissemnt d'un mariage monogamique<br />

4- L'essai d'un régime semi commuanutaire<br />

5- Glissement de certaines obligations de <strong>la</strong> femme sur<br />

l'homme, <strong>et</strong> de l'homme sur <strong>la</strong> femme<br />

6- La mixité de plu en plus grande <strong>dans</strong> <strong>la</strong> vie courante<br />

7- La mixité de plus en plus grande <strong>des</strong> emplois <strong>et</strong> <strong>des</strong><br />

activités<br />

8- La libération <strong>des</strong> moeurs<br />

Si nous reprenons tous ces aspects point par point, nous<br />

pouvons dire que:<br />

1- LA TENTATIVE D'AFFIRMATION DE L'INDIVIDU<br />

Est réelle, mais elle est plus n<strong>et</strong>te <strong>dans</strong> <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion de<br />

cOllple. Si elle est notable au niveau du lignage, elle est<br />

atténué par le fait que l'individu continue de se sentir très lié<br />

<strong>et</strong> très dépendant d'un lignage même réduit. Sa vie quotidienne<br />

continue de s'inscrire <strong>dans</strong> un groupe qui peut être le lignage<br />

ou d'autres groupes. Il faut ajouter à ce<strong>la</strong> le fait qu'il y a une<br />

appropriation individuelle <strong>des</strong> acquits pour <strong>la</strong> femme <strong>et</strong> l'homme.<br />

Soulignons toutefois que si l'appropriation est individuelle,<br />

l'utilisation <strong>des</strong> acquits continue d'être collective.<br />

2- LA MONTEE DU DROIT PATERNEL<br />

L'éc<strong>la</strong>tement de l'organisation traditionnelle a entraîné<br />

surtout en ville pour les sociétés matrilinéaires avec une<br />

érosion de <strong>la</strong> prépondérance de l'autorité de l'oncle sur les<br />

neveux. Elle a entraîné le renforcement <strong>des</strong> liens père/enfant,<br />

notamme~t chez les jeunes parents qui revendiquent le droi t<br />

d'avoir leurs enfants. <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion oncle/neveu n'est plus <strong>la</strong><br />

seule privilégiée. Il y a d'autre part chez les plus jeunes <strong>et</strong><br />

les sco<strong>la</strong>risés, une participation plus grande à l'éducation <strong>des</strong><br />

enfants.


5- GLISSEMENT DE CERTAINES OBLIGATIONS DE LA FEMME SUR<br />

L'HOMME<br />

-256-<br />

Il s'agit en milieu urbain de <strong>la</strong> règle qui fait reposer sur<br />

l'homme les charges principales du foyer. Règle qui a aboutit<br />

chez les femmes au fait que c'est l'homme qui doit principalement<br />

subvenir aux besoins de <strong>la</strong> femme <strong>et</strong> <strong>des</strong> enfants, ce qui dép<strong>la</strong>ce<br />

l'obligation alimentaire qui incombait autrefois à <strong>la</strong> femme sur<br />

l'homme. Glissement de certaines obligations de l'homme sur <strong>la</strong><br />

femme, en eff<strong>et</strong>, au sein du lignage, il y a <strong>des</strong> femmes qui par<br />

les moyens dont elles disposent, arrivent à être "chef" de<br />

famille, rôle autrefois assumé par les frères, ou les oncles.<br />

6- MIXITE DE PLUS EN PLUS GRANDE DANS LA VIE COURANTE<br />

Oui, mais celle-ci est à nuancer, en disant qu'il reste à<br />

créer une mixité réelle, "l'être ensemble" <strong>des</strong> hommes <strong>et</strong> <strong>des</strong><br />

femmes continuant d'être centré sur les re<strong>la</strong>tions sexuelles.<br />

7- MIXITE DE PLUS EN PLUS GRANDE DES EMPLOIS ET DES<br />

ACTIVITES<br />

Oui,<br />

<strong>et</strong> c<strong>et</strong>te tendance s'observe aussi en zone rurale.<br />

8- LIBERATION DES MOEURS<br />

Oui, avec comme point sail<strong>la</strong>nt <strong>la</strong> mercantilisation <strong>des</strong><br />

re<strong>la</strong>tions sexuelles, devenus monnayables à tous les niveaux.


-257-<br />

CONCLUSION<br />

Nous conclurons en disant qu'il y a une évolution, ou plutôt<br />

un éc<strong>la</strong>tement du modèle traditionnel, en <strong>des</strong> modèles féminins<br />

diversifiés. Que de ceux-ci découlent <strong>des</strong> rôles différents,<br />

qu'ils passent pour une certaine partie de femmes. de rôles vécus<br />

sur le mode de subordination, à <strong>des</strong> rôles qui seront peut être<br />

organisé autour de re<strong>la</strong>tions plus égalitaires.<br />

C<strong>et</strong>te évolution voit l'émergence du rôle social de <strong>la</strong> femme,<br />

<strong>et</strong> de l'é<strong>la</strong>rgissement de sa sphère d'activité. C<strong>et</strong>te évolution<br />

bouleverse non seulement <strong>la</strong> hierarchie traditionnelle, mais tend<br />

à donner à <strong>la</strong> femme qui a une indépendance matérielle, une<br />

autonomie <strong>et</strong> une plus grande assise sociale.<br />

Nous pensons quant à nous que les éléments de l'autonomie<br />

de <strong>la</strong> femme ne se trouvent pas uniquement <strong>dans</strong> les nouvelles<br />

valeurs introduites mais aussi <strong>dans</strong> <strong>la</strong> société traditionnelle,<br />

aussi curieux que puissse paraître c<strong>et</strong>te affirmation. En eff<strong>et</strong>,<br />

<strong>la</strong> répartition traditionnelle <strong>des</strong> activités exigeait de <strong>la</strong> femme<br />

de l'ardeur au travail, ceci réc<strong>la</strong>mait chez ces dernières une<br />

"énergie" qui transposée en mil ieu urbain, <strong>dans</strong> une société<br />

monétarisée, pouvait lui perm<strong>et</strong>tre d'avoir <strong>des</strong> activités<br />

lucratives.<br />

L'autre point important à soul igner selon nous est le régime<br />

de séparation de biens en cours <strong>dans</strong> <strong>la</strong> société traditionnelle,<br />

qui perm<strong>et</strong> à <strong>la</strong> femme de gérer ses biens. Nous pensons que ces<br />

deux points expliquent aussi l'évolution actuelle <strong>des</strong> rôles.<br />

Il nous a fallu pour étudier le problème focaliser notre<br />

attention sur <strong>des</strong> aspects particuliers. Il est utile de rep<strong>la</strong>cer<br />

celui-ci <strong>dans</strong> un contexte plus général, celui d'une société en<br />

mutation, <strong>et</strong> d'une problématique, celle du changement.<br />

L'évolution <strong>des</strong> modèles <strong>et</strong> <strong>des</strong> rôles féminins ne prend tout son<br />

sens que restituée <strong>dans</strong> un p<strong>la</strong>n d'ensemble. les ruptures<br />

d'équilibres ont lieu à tous les niveaux, <strong>et</strong> ne sont pas visibles<br />

uniquement au niveau du système de rôles, mais touchent toute<br />

l'organisation sociale <strong>et</strong> <strong>la</strong> bouleverse.<br />

Nous avons en fait choisi Je "confort" d'une étude basée sur<br />

une partie de <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion qui était susceptible d'avoir<br />

intégrée un minimum de valeurs de base. Ce<strong>la</strong> leur perm<strong>et</strong> d'être<br />

moins démunies devant les déséquilibres actuels comme le sont les<br />

générations plus jeunes, avec comme conséquences de ces<br />

désquilibres, <strong>et</strong> désadaptations: <strong>la</strong> toxicomanie, l'accroissement<br />

<strong>des</strong> filles-mères, <strong>des</strong> infantici<strong>des</strong>...


-258-<br />

Ainsi si tout changement implique <strong>la</strong> transformation plus ou<br />

moins brusque d'un certain système d'équilibre, <strong>la</strong> régu<strong>la</strong>tion ou<br />

<strong>la</strong> réequilibration se fait de manière inégale. Il y a <strong>des</strong> "ilbts"<br />

de restauration d'équilibre où n'ont accès que ceux, <strong>et</strong> celles<br />

qui ont <strong>des</strong> atouts pour le faire, ceux <strong>et</strong> celles qui peuvent<br />

faire une synthèse de par <strong>la</strong> connaissance qu'ils ont du système<br />

traditionnel, <strong>et</strong> ses recours possibles.<br />

Pour les autres, on assiste à une accélération <strong>des</strong><br />

déséquilibres, les tendances"s'exaspèrent" . Certaines augmentent<br />

leur autonomie, tandis que les autres accroissent leur<br />

dépendance. <strong>la</strong> société elle-même en plein bouleversement, ne peut<br />

proposer aucune réponse cohérente.<br />

Avons nous remplis nos objectifs de départ Nous pensons les<br />

avoir approchés tout au moins. Nous conclurons en disant que<br />

c<strong>et</strong>te recherche hormis le fait qu'elle nous a permis "d'éprouver"<br />

sur le terrain une formation théorique au contact d'une réalité<br />

concrète, nous aura permis en plus si besoin était de justifier<br />

notre propre devenir professionnel.<br />

Il est en eff<strong>et</strong> encore courant de s'entendre demander <strong>la</strong><br />

plupart du temps soit par <strong>des</strong> Européens, <strong>des</strong> Africains, <strong>et</strong> <strong>des</strong><br />

Congo<strong>la</strong>is instruits:<br />

"Mais au fait, avons-nous (ou pour les premiers, avezvous)<br />

besoin de psychologues en ce moment en AFRIQUE"<br />

Etant entendu que <strong>la</strong> question de savoir si on a besoin de<br />

médecins ou d'enseignants, ne se pose pas tant leur utilité<br />

paraît évidente.<br />

Ce travail était une approche, un débrousail<strong>la</strong>ge, le terme<br />

est on ne peut plus adapté ici. Reste à approfondir le suj<strong>et</strong> ou<br />

les problèmes, à réfléchir, <strong>et</strong> à proposer d'une manière pratique<br />

les moyens de parer aux "urgences" relevées ici <strong>et</strong> là; mais ce<br />

n'était pas le propos de c<strong>et</strong>te étude.


B l B LlO G R A PHI E


-259-<br />

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cycle PARIS SORBONNE.<br />

OMBREDANE 1969<br />

24:3 P.<br />

L'exploration de <strong>la</strong> mentalité <strong>des</strong> noirs. PARIS PUF<br />

RANDLES W.G.L. 1969 : L'ancien royaume du Conqo <strong>des</strong> origines à <strong>la</strong><br />

fin du XIXè s. MOUTON AND CO. PARIS LA HAYE.<br />

RADCLIFFE-BROWN 1964 • <strong>et</strong> DARYLL FORDE : African system of kinship<br />

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ROCHEBLAVE-SPENLE A.M. 1964<br />

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PARIS<br />

ROCHEBLAVE-SPENLE A.M. 1969<br />

sociale PARIS PUF 534 P.<br />

La notion de rôle en Psycholof5ie<br />

ROUGEMONT D. 1972 L'amour <strong>et</strong> l'occident. PARIS PLON.<br />

Société africaine de culture 1972 La civilisation de <strong>la</strong> femme<br />

<strong>dans</strong> <strong>la</strong> tradition africaine. Colloque d'ABIDJAN, 3-8 juill<strong>et</strong> 1972.<br />

Présence africaine 606 P.<br />

Société africaine de culture 1977 Civilisation noire <strong>et</strong> église<br />

catholique. Colloque d'ABIDJAN 1977. Présence africaine 542 P.<br />

SORET M. 1978 Histoire du Con~o, Capitale BRAZZAVILLE.<br />

BERGER-LEVRAULT 237 P.


-264-<br />

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STOETZEL 1978 La psychologie sociale PARIS FLAMMARION<br />

SUMPF J .• DUBOIS J. 1969<br />

Mars 1969 n° 13 PP. 2-50.<br />

L'analyse du discours. Revue Langage,<br />

THIPELS P. 1959 BANTOU PHILOSOPHY. Présence africaine 127 P.<br />

THIAM A. 1978: La parole aux négresses. DENOEL GONTHIER 189 P.<br />

THO~AS L.V. 1961<br />

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La frustration chez les Dio<strong>la</strong>s. BULL<br />

3 - 4 PP. 518 - 572 .<br />

de l'IFAN<br />

VINCENT J. F.<br />

traditionnelle<br />

SORBONNE<br />

1964 Influence du<br />

BACONGO-BRAZZAVILLE.<br />

milieu<br />

Thèse<br />

urbain<br />

de 3è<br />

sur <strong>la</strong> vie<br />

cycle, PARIS<br />

VI~CENT J.F. 1966 : Le travail <strong>des</strong> femmes à TONKAMA Vil<strong>la</strong>ge LARI.<br />

Annales du centre d'enseignement supérieur de BRAZZAVILLE T. 2.


ANNEXE


POURQUOI TRAVAILLER. SE MARIER , DIVORCER<br />

LES 20/25 SCOLARISEES , URBANISEES<br />

....<br />

-265-<br />

Pourquoi (comptent-elles) travailler<br />

1)- Pour subvenir à ses besoins<br />

- Pour aider ses parents<br />

- Pour <strong>la</strong> bonne marche du foyer<br />

- Pour servir <strong>la</strong> société<br />

2)- Pour avoir une indépendance<br />

- Pour pouvoir affronter tous les<br />

problèmes qui se posent <strong>dans</strong> <strong>la</strong> famille<br />

Pour qui <br />

- pour soi<br />

- Parents<br />

- foyer<br />

- Société<br />

- Pour soi<br />

- Pour les<br />

besoins de <strong>la</strong><br />

famille<br />

(lignage)<br />

3)- Pour aider le mari à subvenir aux besoins - Famille-foyer<br />

de <strong>la</strong> famille<br />

4)- Pour <strong>la</strong> simple raison que <strong>la</strong> femme est un - Soi<br />

individu à<br />

part entière qui a<br />

nécessairement droit au travail.<br />

- Il ne peut pas y avoir d'émancipation<br />

- Société<br />

sans <strong>la</strong> participation de <strong>la</strong> femme à <strong>la</strong> vie<br />

économique, sociale, <strong>et</strong> même politique.<br />

1_ Comment lire c<strong>et</strong>te grille Les différents 1, 2 <strong>et</strong>c•••<br />

renvoient respectivement aux personnes intérrogées. par· sousgroupe,<br />

nous en avons 5, ce sont les cinq réponses qui se succèdent<br />

à chaque fois.


-266-<br />

5)- Avec le coût actuel de <strong>la</strong> vie, il est<br />

- Famille foyer<br />

indispensable que <strong>la</strong> femme<br />

travaille<br />

Pourquoi se marier <br />

1)- Pour vivre avec quelqu'un qu'on aime<br />

- Couple<br />

2 conjoints<br />

- Pour fonder une famille<br />

2)- Pour vivre avec quelqu'un qu'on aime<br />

- Foyer/enfants<br />

-Couple, conjoint<br />

- Pour fonder une famille<br />

3)- Pour être ensemble, pour s'entraider<br />

-foyer/enfants<br />

- Couple<br />

- Pour fonder une famille<br />

4)- Vivre <strong>et</strong> partager avec son compagnon ses<br />

-Famille/foyer<br />

- Couple<br />

joies, ses pensées <strong>et</strong> ses sentiments, pour<br />

atteindre les mêmes<br />

buts ensemble<br />

5)- Pour vivre ensemble avec quelqu'un qu'on<br />

- Couple<br />

aime<br />

- Pour fonder un foyer<br />

-Famille/enfants<br />

Pourquoi divorceront-elles <br />

Pour <strong>des</strong> raisons<br />

concernant :


-267-<br />

~ 1)-<br />

1<br />

1 1<br />

~<br />

i<br />

i<br />

Infidélité, incompréhension<br />

- stérilité<br />

- Jalousie du mari plus forte que celle de<br />

<strong>la</strong> femme<br />

2)- Mésentente, adultère<br />

l-<br />

- Les deux<br />

conjoints<br />

2<br />

I - Les 2<br />

1<br />

1 ••<br />

1 conJo~nts<br />

1<br />

1<br />

- Les 2<br />

conjoints<br />

- Manque de responsabilité de l'homme par<br />

- Le foyer/<br />

rapport à<br />

sa famille<br />

femme<br />

enfants<br />

3)- Incompréhension, manque de resepct<br />

réciproque<br />

- Les 2<br />

conjoints<br />

- L'intervention de <strong>la</strong> famille qui ne veut 1 - La famille<br />

plus du mari ou de <strong>la</strong> femme<br />

1<br />

1 (lignage)<br />

- Infidélité, polygamie<br />

- Lorsque le mari ne s'occupe pas de sa<br />

- 2 conjoints<br />

- famille/foyer<br />

famille<br />

.......<br />

2_ La stérilité étant une raison "c<strong>la</strong>ssique" de divorce, quand<br />

on se refère à <strong>la</strong> société traditionnelle <strong>et</strong> actuelle, nous ne <strong>la</strong><br />

relevons pas à chaque fois que nous <strong>la</strong> rencontrerons car ce n'est<br />

pas une "nouvelle cause de divorce. Nous intéresse ici',<br />

principalement les raisons qui tranchent <strong>et</strong> qui changent avec les:";<br />

anciennes.


-268-<br />

~ 4 )-_ Incompréhension <strong>des</strong> deux conjoints<br />

1<br />

Manque de considération <strong>et</strong> de respect<br />

I~ 2 conjoints<br />

2 conjoints<br />

pour son conjoint<br />

5\- Abandon du foyer conjugal<br />

- Refus de procréation<br />

- refus répété de l'acte sexuel<br />

- Famille/foyer<br />

- Famille/foyer<br />

- Famille/foyer


-269-<br />

LES 30/35 SCOLARISEES URBAINES<br />

Pourquoi travaillent-elles <br />

1)- Pour subvenir à mes besoins, pour<br />

être indépendante.<br />

2)- Pour son indépendance financière,<br />

pour gagner sa vie <strong>la</strong> femme<br />

doit<br />

absolument travailler.<br />

3)- Pour avoir une indépendance<br />

financière pour subvenir à<br />

ses besoins.<br />

4)- Pour assurer son indépendance <strong>et</strong> être<br />

autonome. - Soi<br />

- Pour résoudre ses problèmes familiaux 1 - La famille<br />

5)- Non seulement en travail<strong>la</strong>nt, elle 1 - Soi<br />

acquiert une certaine indépendance, mais<br />

le travail constitue un véritable<br />

1<br />

épanouissement pour <strong>la</strong> femme,<br />

aussi bien<br />

- Société<br />

psychologiquement que sur le p<strong>la</strong>n social.


-270-<br />

Pourquoi se sont-elles mariées <br />

1)- Pour avoir un statut, fonder une<br />

famille.<br />

1 Pour qui<br />

- Famille/foyer,<br />

société<br />

- Vivre avec quelqu'un avec qui on<br />

s'entend.<br />

- 2 conjoints<br />

2)- En principe pour vivre avec quelqu'un<br />

avec qui on s'entend, mais ce n'est plus<br />

indispensable.<br />

I­<br />

I<br />

1,<br />

1<br />

2 conjoints <br />

3)- Pour avoir un statut, c'est une<br />

formalité de passage, l'important c'est<br />

d'avoir été mariée, d'avoir <strong>des</strong> enfants.<br />

1 - Société (statut,<br />

1 devoir)<br />

- Enfants<br />

4)- Ce n'est pas une nécessité<br />

actutellement, vivre avec quelqu'un avec<br />

qui on s'entend suffit.<br />

5)- Pour vivre éventuellement avec 1 - 2 conjoints<br />

quelqu'un avec qui on s'entend pour 1<br />

fonder une famille. 1 - Enfants/foyer<br />

1<br />

Pourquoi divorcer (Pourquoi ont-elles<br />

divorcées ou pourquoi divorceront-elles)<br />

Pour <strong>des</strong> raisons<br />

concernant:<br />

1)- Infidélité - 2 conjoints<br />

- Désir d'indépendance de <strong>la</strong> femme;<br />

, .<br />

- La femme<br />

pour-ne pas se <strong>la</strong>isser écraser<br />

- Problèmes matériels - 2 conjoints


-271-<br />

2)- Infidélité - 2 conjoints<br />

- Des problèmes financiers, désir de - La femme<br />

l'homme de contrôler les biens de <strong>la</strong><br />

femme.<br />

1<br />

- Désir d'indépendance de <strong>la</strong> femme - La femme<br />

1<br />

1<br />

3)- Pour être, pour vivre sa vie - Soi<br />

, - Infidélité, incompréhension - Les deux conjoints<br />

- Problèmes matériels - Les deux conjoints<br />

4)- Parceque les femmes recherchent - La femme<br />

l'autonomie<br />

5)- Mésentente, incompréhension - 2 conjoints


-272-<br />

LES 40/45 URBAINES SCOLARISEES<br />

Pourquoi travaillent-elles Pour qui <br />

1)- Pour avoir son indépendance par 1- Soi<br />

rapport au mari.<br />

- Pour pouvoir aider sa famille. ses I- Le lignage<br />

1 enfants. 1 (famille), enfants<br />

2)- Pour son indépendance vis à vis de - Soi<br />

1<br />

l'homme. pour subvenir à ses besoins. 1<br />

- Pour aider sa famille 1- Famille<br />

\<br />

3)-<br />

!<br />

Pour avoir une autonomie vis à vis du 1 -<br />

Soi<br />

mari.<br />

- Pour pouvoir aider ses parents, <strong>et</strong><br />

1-<br />

1<br />

Famille, enfants<br />

ses enfants.<br />

1<br />

1<br />

4)- Le travail est plus important que le - Soi<br />

1<br />

, mariage, pour son indépendance<br />

matérielle,<br />

pour ne pas dépendre du mari.<br />

5 ) - Pour gagner sa vie - Soi<br />

- Pour subvenir à ses besoins, aider <strong>la</strong> - Famille<br />

'-<br />

.<br />

famille.<br />

Pourquoi se sont-elles mariées Pour qui


-273-<br />

1)- Je ne me suis pas mariée, on "m'a 1- FamHle/foyer,<br />

mariée", l'intérêt du mariage Fonder 1 enfants<br />

une famille, être mère.<br />

1<br />

2)- Pour fonder un foyer, pour être mère l-<br />

I<br />

3)- Pour fonder un foyer, pour être mère i-<br />

1<br />

!<br />

1<br />

1<br />

Foyer/enfants<br />

Foyer/enfants<br />

l<br />

4)- Pour avoir un statut social 1- Société<br />

- Pour être mère fonder un foyer<br />

/- Enfants/foyer<br />

i<br />

5)- Ce n'est nécessité, avoir ' t' 1 Société (devoir)<br />

pas une e e -<br />

mariée suffit, <strong>et</strong> être mère.<br />

t- Enfants


-274-<br />

LES 50 ANS ET PLUS URBAINES<br />

Pourquoi travailler <br />

1)- Pour aider <strong>la</strong> famille, pour préparer 1-<br />

Lignage<br />

Pour qui <br />

l'avenir, celui de <strong>la</strong> femme <strong>et</strong> de son 1<br />

lignage.<br />

1<br />

!<br />

2)- Pour subvenir à ses besoins, à ceux l-<br />

, 1<br />

<strong>des</strong> enfants <strong>et</strong> du mari.<br />

1<br />

Soi/enfants/mari<br />

3)- Pour assurer sa subsistance <strong>et</strong> celle - Soi/enfants/mari<br />

<strong>des</strong> enfants <strong>et</strong> du mari, les femmes<br />

paresseuses n'étaient pas appréciées<br />

jadis.<br />

4)- Pour assurer sa subsistance <strong>et</strong> celle<br />

<strong>des</strong> enfants, pour aider <strong>la</strong> famille.<br />

5)- Pour subsister, pour assurer <strong>la</strong><br />

subsistance <strong>des</strong> enfants <strong>et</strong> du mari,<br />

avant si tu ne travail<strong>la</strong>is pas, tu ne<br />

mangeais pas.<br />

I­<br />

I<br />

I-<br />

I<br />

1-<br />

Soi/enfants<br />

Lignage<br />

Enfants/soi/mari<br />

Se marier <br />

1) La~situation privilégiée de <strong>la</strong> femme<br />

c'est le mariage <strong>et</strong> <strong>la</strong> maternité.<br />

2)- On vous mariait très jeune, le but<br />

Pour qui <br />

- Statut<br />

social/enfants<br />

- Enfants<br />

du mariage était de faire <strong>des</strong> enfants.


-275-<br />

3)- Une femme devait être mariée, <strong>et</strong><br />

1 - Enfants<br />

être mère.<br />

4)- "On était mariée", le but du mariage 1 - Enfants<br />

était de faire <strong>des</strong> enfants. 1<br />

1<br />

. 51- On était mariée très jeune, le but<br />

1 du mariage était de faire <strong>des</strong> enfants<br />

- Enfants/lignage<br />

pour arranger <strong>la</strong> famille, le lignage.<br />

Pourquoi divorcer<br />

Pour <strong>des</strong> raisons<br />

concernant...<br />

1)- Il faut chercher à se maintenir <strong>dans</strong> 1<br />

le mariage,<br />

sinon il faut chercher un<br />

divorce raisonnable <strong>et</strong> honorable.<br />

21- Il fal<strong>la</strong>it suivre <strong>la</strong> règle, sinon il<br />

y<br />

avait <strong>des</strong> sanctions très dures, il<br />

fal<strong>la</strong>it bien se comporter.<br />

3)- Peut être pour les problèmes de<br />

santé, <strong>dans</strong> tous les cas il faut tout<br />

fai~e~pour avoir raison.


-276-<br />

4)- C'était difficile de divorcer, non<br />

seulement parcequ'il y<br />

avait <strong>des</strong><br />

sanctions très dures, mais en plus<br />

parcequ'on avait pas de moyens à<br />

l'époque (pas d'argent comme<br />

maintenant) .<br />

5)- C'était difficile de divorcer de son<br />

propre chef à<br />

cause de <strong>la</strong> pression <strong>des</strong><br />

1<br />

frères, <strong>et</strong> du manque de moyens pour<br />

s'assumer.


-277-<br />

LES<br />

20/25 RURALES<br />

Pourquoi travailler <br />

Pour qui <br />

1)- A <strong>la</strong> campagne si tu ne travailles<br />

- Soi/enfants/mari<br />

pas,tu ne manges pas, il faut travailler<br />

d'abord pour se nourrir, pour nourrir<br />

ses enfants <strong>et</strong> le mari.<br />

- Il faut même beaucoup travailler si<br />

on veut avoir un surplus à<br />

vendre pour<br />

avoir un peu d'argent <strong>et</strong> pouvoir faire<br />

face à certaines dépenses en cas de<br />

besoin.<br />

2)- Pour manger, pour elle même <strong>et</strong> les<br />

- Soi/enfants/mari<br />

enfants, <strong>et</strong> le mari.<br />

- Pour avoir un peu d'argent pour<br />

- Soi/enfants<br />

elles mêmes,<br />

<strong>et</strong> les enfants.<br />

3)- Le travail est une nécessité, pour<br />

1 _ Soi/enfants/mari<br />

assurer sa subsistance, <strong>et</strong> celle <strong>des</strong><br />

enfants <strong>et</strong> du mari.<br />

- Pour prendre en charge les besoins<br />

- Soi/enfants<br />

<strong>des</strong> enfants <strong>et</strong> les siens.<br />

4)- A <strong>la</strong> campagne si on est paresseuse,<br />

- Soi/enfants<br />

on souffre, il faut travailler pour<br />

vivre, pour ses enfants, pour pouvoir<br />

ganger un peu d'argent.


-278-<br />

5)- Pour vivre, pour se nourrir pour - Soi, subsistance<br />

avoir quelques revenus.<br />

Se marier Pour qui <br />

1)- J'ai été mariée, l'intérêt du<br />

1- Enfants<br />

mariage ce sont les enfants<br />

,<br />

2)- On m'a mariée, l'intérêt du mariage -<br />

1<br />

ce sont les enfants<br />

1<br />

i<br />

1<br />

Enfants<br />

3)- On a été mariée de gré ou de force. - Enfants<br />

que le mari p<strong>la</strong>ise ou non. le but du<br />

1<br />

,<br />

mariage pour une femme<br />

ce sont les<br />

enfants, avec le mari on finit par<br />

s'habituer.<br />

4)- L'intérêt du mariage Les enfants.<br />

1- Enfants<br />

5)- Moi j'ai été mariée par père,<br />

!<br />

mon on 1 -<br />

1<br />

Enfants<br />

ne m'a pas demandée mon avis. On ne peut 1 1<br />

pas<br />

faire<br />

autrement<br />

qu'accepter, sinon<br />

1<br />

ton père peut te maudire.<br />

Le bénéfice du<br />

mariage ce sont les enfants.<br />

Divorcer Pour <strong>des</strong> raisons ...<br />

1 )---Ce<strong>la</strong> dépend <strong>des</strong> problèmes, mais si<br />

j'ai raison, je ne me <strong>la</strong>isserai pas<br />

faire.


-279-<br />

2)- Pour mésentente profonde, manque de<br />

- 2 conjoints<br />

respect.<br />

- Problèmes de sorcellerie concernant<br />

- Soi/enfants<br />

les enfants ou moi même.<br />

3)- Si les intérêts <strong>des</strong> enfants sont en<br />

- Enfants<br />

jeu, pour les problèmes de famille.<br />

4)- Pour <strong>des</strong> raisons graves, sinon il<br />

faut travailler dur <strong>et</strong> prendre en charge<br />

ses enfants <strong>et</strong> leur avenir. Mais si on a<br />

iraison, il ne faut pas se <strong>la</strong>isser faire.<br />

1<br />

1 - Enfants/soi<br />

1<br />

1<br />

1<br />

1<br />

1<br />

5)- Oui pour <strong>des</strong> problèmes de stérilité,<br />

ou s'il y a incompréhension, ce<strong>la</strong> dépend<br />

<strong>des</strong> cas.<br />

LES 30/35 RURALES:<br />

Les opinions de ce sous-groupe sont tellement<br />

proches du sous groupe précédent que ce serait nous répéter, <strong>et</strong> charger<br />

encore plus le passage, que de présenter à<br />

nouveau les raisons qu'ont<br />

les 30/35 de travailler, se marier, <strong>et</strong>c...<br />

Aussi passons nous directement pour clore ce passage aux opinions<br />

d'un sous-goupe masculin assez homogène pour y voir, <strong>et</strong> ceci en<br />

,<br />

parallèle avec le sous-groupe féminin correspondant, les raisons qu'ont<br />

les femmes de travailler, de se marier, ou de divorcer (ou les raisons<br />

qu'eux auraient de se marier, de divorcer... ) C'est le groupe <strong>des</strong> 20/25<br />

hommes<br />

sco<strong>la</strong>risés <strong>et</strong> urbains.


-280-<br />

LES 20/25 URBANISES SCOLARISES (les hommes)<br />

Pourquoi <strong>la</strong> femme doit-elle travailler Pour qui <br />

1)- Il est indispensable que <strong>la</strong> femme<br />

travaille parceque eut égard au coût de<br />

<strong>la</strong> vie actuelle, l'homme seul ne peut<br />

plus faire va<strong>la</strong>blement face aux<br />

problèmes sociaux.<br />

,2)- Oui pour sa personnalité, pour se<br />

dégager du mythe de l'emprise masculine.<br />

- Pour subvenir aux besoins de <strong>la</strong><br />

famille au même titre que le mari.<br />

3)- Dans <strong>la</strong> société moderne le travail<br />

pour une femme est un devoir. <strong>la</strong><br />

Congo<strong>la</strong>ise ne peut trouver son salut que<br />

<strong>dans</strong> le travail.<br />

- Elle doit apporter sa part<br />

contributive <strong>dans</strong> le ménage.<br />

4)- Il est indispensable que <strong>la</strong> femme<br />

travaille pour départager les dépenses<br />

1 - Aider "l'homme"<br />

1<br />

1<br />

1<br />

1<br />

1<br />

i<br />

1<br />

1<br />

!<br />

1<br />

! - Elle même<br />

1<br />

1<br />

1- Famille/foyer<br />

1<br />

1<br />

1 - Société <strong>et</strong> pour <strong>la</strong><br />

I l 1 femme elle même.<br />

i<br />

1<br />

1<br />

1<br />

1<br />

1<br />

1 - Famille/foyer<br />

1<br />

Il<br />

i - Famille/foyer<br />

<strong>dans</strong> ~e<br />

ménage.<br />

5)- Oui on ne peut plus limiter <strong>la</strong> part<br />

- Société, elle même.<br />

contributive d'une femme<br />

au ménage,<br />

puisque ses facultés sont les mêmes que<br />

'el.LeS I)i' L'HoMMe


-281-<br />

1<br />

Se marier 1 Pour qui <br />

1)- Pour vivre avec une personne c h OlSle . . 1 - 2 conjoints<br />

2)- Pour vivre avec une personne qu'on 2 conjoints<br />

aime 1<br />

~ 1<br />

~ 1<br />

- Pour fonder un foyer 1- Famille/foyer<br />

1<br />

1<br />

i-<br />

d 3)- Pour fonder une famille, un foyer<br />

!<br />

1-<br />

~ i<br />

~<br />

4)- Pour fonder un foyer<br />

I-<br />

I<br />

1<br />

1<br />

Famille/foyer<br />

Famille/foyer<br />

~<br />

- Pour vivre avec quelqu'un qu'on aime - 1 2 conjoints<br />

1<br />

~<br />

ij<br />

~<br />

~<br />

1<br />

5)- Pour vivre avec une personne qu'on I- . 2 conjoints<br />

I<br />

aime.<br />

- Pour fonder un foyer. 1 - Foyer<br />

i<br />

i<br />

j<br />

1<br />

i<br />

,<br />

~ Pourquoi divorcer 1 Pour <strong>des</strong> raisons...<br />

1<br />

~ 1)- Infidélité du partenaire I- Les deux conjoints<br />

ij 1<br />

d<br />

- Refus de pardonner une faute I- Les deux conjoints<br />

1<br />

~<br />

1<br />

- Le désir de toujours régner en j- Les deux conjoints<br />

i<br />

maître<br />

1<br />

1<br />

- La négligence permanente affichée à 1 - Les<br />

1 1<br />

l'endroit du partenaire<br />

1<br />

1<br />

1<br />

deux conjoints<br />

1


-282-<br />

2)- Infidélité (surtout féminine)<br />

- Les deux conjoints<br />

- Stérilité <strong>dans</strong> les deux cas<br />

Incompréhension<br />

- Les deux conjoints<br />

- Alcoolisme du mari<br />

- sorcellerie de <strong>la</strong> part <strong>des</strong> familles<br />

- Familles<br />

<strong>des</strong> deux conjoints.<br />

3)- L'infidélité<br />

- Les deux conjoints<br />

- Le manque d'harmonie <strong>et</strong> son<br />

corol<strong>la</strong>ire, l'incompréhension totale.<br />

Incompréhension<br />

Mariage par intérêt<br />

La sorcellerie<br />

- L'infidélité<br />

- Le mauvais comportement de <strong>la</strong> femme<br />

- Les deux con~ioints<br />

1<br />

I- Les<br />

1<br />

I-<br />

1<br />

i-<br />

l<br />

1<br />

,-<br />

1<br />

deux conjoints<br />

Les deux conjoints<br />

Familles<br />

Les deux conjoints<br />

- Les deux conjoints<br />

qui travaille.<br />

5)- La stérilité<br />

- L'insatisfaction de l'homme <strong>et</strong> <strong>la</strong><br />

- Les deux conjoints<br />

femme<br />

en ce qui concerne les rapports<br />

sexuels.


-283-<br />

UN<br />

ENTRETIEN TYPE<br />

La personne intérrogée: Une femme de 35 ans, ayant comme activité le<br />

p<strong>et</strong>it commerce au marché (vente de poisson salé <strong>et</strong> séché). Mariée, <strong>et</strong><br />

mère de quatre enfants.<br />

L'entr<strong>et</strong>ien:<br />

" Les enfants appartiennent au c<strong>la</strong>n de <strong>la</strong> mère, ils font partie<br />

du c<strong>la</strong>n de <strong>la</strong> mère, il y a donc nécessité de travailler pour <strong>la</strong> mère,<br />

même si le mari travaille, car il n'y a pas de partage de biens. Ce<br />

sont les mères qui s'occupent <strong>des</strong> enfants, si on aide les enfants,<br />

l'argent de ceux-ci revient à<br />

<strong>la</strong> mère.<br />

Le mari ne s'intéresse aux enfants que quand ceux-ci sont grands,<br />

sinon, il s'en désintéresse totalement. Le mien par exemple, lorsque<br />

mon fils est parti à Cuba,<br />

il fal<strong>la</strong>it lui ach<strong>et</strong>er son trousseau, saistu<br />

combien il a donné à<br />

son fils (200 frs CFA). Que peut-on faire avec<br />

ce<strong>la</strong> à l'heure actuelle C'est pareil quand il faut aller parler à<br />

l'école, ou quand l'enfant est ma<strong>la</strong>de,<br />

il ne connaît pas <strong>la</strong> valeur de<br />

<strong>la</strong> sco<strong>la</strong>rité, toutes les dépenses reposent sur <strong>la</strong> mère,<br />

ce qui n'est<br />

pas ,juste.


-284-<br />

Le mariage est important <strong>et</strong> son intérêt ce sont les enfants pour<br />

arranger <strong>la</strong> famille-c<strong>la</strong>n.<br />

La joie du mariage ce sont les enfants; si<br />

le mari se désintéresse <strong>des</strong> enfants, c'est <strong>la</strong> mère qui doit tout<br />

supporter; quant au choix du mari, ce sont les parents qui ont choisi,<br />

si les parents choisissent, on ne peut pas dire non.<br />

La mère doi t être vail<strong>la</strong>nte, travailler pour que les enfants<br />

soient .. bien", le père on ne le vo i t pas, <strong>la</strong> mère a les responsabil i tés<br />

entières. Les hommes ne sont pas bien, ils préfèrent s'occuper de leurs<br />

neveux plutôt que leurs propres enfants surtout les hommes qui ne sont<br />

pas instruits, ils sont impossibles! La mère doit être courageuse, si<br />

les enfants sont orphelins, ils dégénèrent, d'où l'importance de <strong>la</strong><br />

mère pour les enfants.<br />

Les hommes ne sont pas bien, il y a beaucoup de divorces à cause<br />

<strong>des</strong> grossesses <strong>des</strong> filles, si <strong>la</strong> fille est enceinte, <strong>la</strong> mère parfois<br />

est mise à <strong>la</strong> porte. Quant à divorcer, c'est difficile à cause <strong>des</strong><br />

enfants, on est obliger de supporter, <strong>et</strong> les enfants en cas de divorce<br />

restent avec leur père, on supporte pour les enfants, il faut s'occuper<br />

<strong>des</strong> enfants. La mère est "le père <strong>et</strong> <strong>la</strong> mère". Les autres qui vivent<br />

à l'européenne avec leurs maris ce<strong>la</strong> peut aller, les autres, les nôtres<br />

sont impossibles! (est ce que tu écris il faut écrire ce<strong>la</strong> aussi!<br />

3) •<br />

- à nous.


-285-<br />

Le fait que l'enfant doit rester avec le père, ceci a été amené<br />

par l'Européen. La femme<br />

est obligée de tout faire, se nourrir, tout,<br />

il faut de l'ardeur au travail, à cause <strong>des</strong> problèmes <strong>et</strong> <strong>des</strong><br />

souffrances; sinon les enfants ne sont pas bien. C'est pourquoi les<br />

mères poussent les enfants à travailler, parceque si <strong>la</strong> mère n'est pas<br />

là, il Y a<br />

<strong>des</strong> problèmes.<br />

Dans les vil<strong>la</strong>ges c'est encore pire, le mari ne donne rien, c'est<br />

<strong>la</strong> femme qui supporte tout, il ne donne rien, <strong>et</strong> il utilise mal<br />

l'argent que <strong>la</strong> femme lui donne. Ce n'est pas bon de prendre les<br />

enfants <strong>et</strong> de partir à cause du Kindoki 4 , c'est pour ce<strong>la</strong> qu'on<br />

supporte. pour <strong>la</strong> santé <strong>des</strong> enfants.<br />

Les débuts du commerce ont été rendus possibles grâce à un prêt<br />

effectué auprès du père, il ne faut pas prendre le fonds de commerce<br />

chez le mari sinon, en cas de problème ,<br />

il se vante, <strong>et</strong> il rend <strong>la</strong> vie<br />

impossible aux enfants <strong>et</strong> à <strong>la</strong> femme. Il faut faire de telle sorte que<br />

le mari <strong>et</strong> sa famille ne dise rien de mal à<br />

l'encontre <strong>des</strong> enfants, le<br />

foyer n'est pas divisé, il faut maintenir <strong>la</strong> bonne ambiance, <strong>et</strong> être<br />

discr<strong>et</strong>.<br />

- Sorcellerie (traduit du Lari, l'entr<strong>et</strong>ien s'est déroulé en<br />

Lari, l'expression a été gardée car elle est courante).


-286-<br />

Les jeunes manquent de discrétion, <strong>dans</strong> les couples modernes,<br />

l'homme <strong>et</strong> <strong>la</strong> femme<br />

sont adultères, <strong>et</strong> ils manquent de dsicrétion, les<br />

jeunes femmes ne supportent pas, <strong>et</strong> elles partent. Les hommes âgés sont<br />

discr<strong>et</strong>s, ils respectent <strong>la</strong> femme qui est à <strong>la</strong> maison.<br />

La polygamie entraîne <strong>la</strong> jalousie, si il y a<br />

une deuxième ou une<br />

troisième femme,<br />

il y a jalousie pour <strong>des</strong> raisons affectives, <strong>dans</strong> tous<br />

les cas, avec ou sans l'accord de <strong>la</strong> femme,<br />

le mari fait tout pour que<br />

ce<strong>la</strong> se réalise, en utilisant <strong>des</strong> intremédiares, ses soeurs par<br />

exemple.<br />

Les distractions On a pas le temps de se distraire, le soir on<br />

se dépêche quand on rentre de finir le travail de <strong>la</strong> maison, puis on<br />

cause avec les enfants <strong>et</strong> le mari.<br />

Dans <strong>la</strong> société, si <strong>la</strong> femme a de l'argent, il n'y pas de<br />

problèmes. Une femme qui a réussie, c'est une femme qui a beaucoup<br />

d'argent, au niveau social, elle a plus d'assurance, au niveau de ses<br />

re<strong>la</strong>tions avec les hommes,<br />

elles sont différentes. Les hommes envient<br />

les femmes qui ont de l'argent <strong>et</strong> qui sont à l'aise, ils ne sont pas<br />

contents de l'autonomie financière de <strong>la</strong> femme.


-287-<br />

En ville, avant quand l'homme travail<strong>la</strong>it, <strong>la</strong> femme restait au<br />

foyer, elle souffrait beaucoup, elle devait tout attendre du mari, d'où<br />

<strong>la</strong> jalousie <strong>et</strong> l'envie, le mari étant sûr de sa force. Les femmes<br />

sont<br />

plus avisées actuellement, celles qui ne se débrouUl. ent pas <strong>et</strong> qui ne<br />

travaillent pas sont bêtes !".

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