LJBM : avis des enseignants - La réforme du lycée

Avis des enseignants du
Lycée Josy Barthel (Mamer)
sur la « proposition de texte d’une loi sur l’enseignement
secondaire » et les règlements grand-ducaux annexes
Les enseignants du LJBM se posent de nombreuses questions sur la mise en pratique
de la réforme de l’enseignement secondaire, telle que prévue par la « proposition
de texte d’une loi sur l’enseignement secondaire » et les règlements grandducaux
annexes.
Tutorat
En tant qu’établissement PROCI nous ne sommes pas opposés à l’idée d’un régenttuteur.
Toutefois la réalisation du tutorat sous forme de « coaching individualisé »,
telle que prévue, crée de nombreuses contraintes pratiques et administratives :
Quelles plages horaires prévoir pour le tutorat
Comment organiser la disponibilité simultanée du tuteur et des élèves
Les effectifs des classes seront-ils adaptés (diminués) pour garantir un bon
déroulement du tutorat
Les enseignants devront-ils bénéficier d’une formation spéciale
Quelles décharges (rémunération) seront accordées pour ce travail
Quel sera le rôle du service socio-éducatif
Bloc 7 e /6 e et 5 e de raccordement
Notre expérience, dans le cadre du PROCI, montre que l’idée d’un bloc 7 e /6 e est
réalisable.
Toutefois nous nous demandons à quel point la « promotion automatique » au
cycle inférieur pourrait être une cause de démotivation pour certains élèves Aussi,
nous nous demandons comment on peut éviter un nivellement vers le bas (car le
jeune adolescent moins mature pourrait ne pas percevoir les raisons pour lesquelles
il devrait fournir un effort, étant donné qu’il passera de toute façon en 6 e )
Dans tous les cas, il faudra veiller à ce que les élèves comprennent qu’une « promotion
automatique » va de pair avec une (ré)orientation dans une voie pédagogique
(mieux) adaptée à leurs capacités, qui seront jugées sur base de leurs résultats scolaires.
Notre expérience montre que l’orientation des élèves joue un rôle primordial.
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En outre, nous craignons que les élèves qui n’aient fait aucun effort durant les deux
premières années, se retrouveront sur une 5 e de raccordement. Comme cette classe
a une triple finalité, nous nous demandons comment organiser cette (ou ces)
classe(s) et comment adapter le programme aux élèves.
Finalement nous sommes d’avis que la réorientation en 7 e /6 e doit rester possible
dans des cas exceptionnels, sur décision du conseil de classe.
Évaluation par compétences
L’évaluation arithmétique et l’évaluation simultanée par compétences au cycle
inférieur est paradoxale et représente un surplus considérable de travail. Il conviendrait
d’opter clairement soit pour l’une, soit pour l’autre forme d’évaluation,
tout en guidant clairement les enseignants de toutes les branches concernées pour la
mise en pratique de l’évaluation par compétences.
Nous tenons à souligner que l’évaluation par compétences est très irréaliste, voire
impossible pour les branches à une leçon hebdomadaire, ou avec des effectifs de
classe élevés. D’ailleurs une partie des enseignants ne peuvent pas s’identifier avec
cette méthode d’évaluation, difficile à mettre en œuvre dans leurs branches.
En plus, nous ne voyons pas de cohérence quant à l’évaluation dans notre système
scolaire : école fondamentale : pas de notes, que des compétences ; enseignement
secondaire (cycle inférieur) : notes accompagnées de compétences ; régime professionnel
(cycle moyen) : pas de notes, que des compétences ; examen de fin
d’études : pas de compétences, que des notes. De ce fait nous regrettons que les
différentes réformes ne présentent pas de « fil rouge ».
Comment un élève peut-il s’adapter et se retrouver si le système d’évaluation
change tous les 3 ans
Finalement, les domaines de compétences significatifs des différentes branches n’ont
pas encore été définis, ce que nous regrettons.
Critères de promotion
Si les critères de promotion prévus par les textes actuels sont déjà difficilement
compréhensibles pour des experts de l’évaluation, à savoir les enseignants, alors ils
le seront d’autant plus pour les élèves et les parents.
En effet, ce manque de transparence est un grand défaut que nous ne pouvons pas
accepter.
Grilles horaires
C’est avec stupéfaction que nous avons constaté que nous ne disposons d’aucun
exemple de grille horaire, néanmoins élément essentiel de toute réforme.
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D’une manière générale, nous mettons en garde que la « dissolution » des groupes
classes en faveur d’auditoires aura des répercussions négatives sur l’organisation
de nombreuses activités telles que des visites ou des séjours éducatifs de plusieurs
jours, ou encore la formation continue des enseignants. En effet, l’organisation
généralisée en auditoires rendra impossible des échanges de leçons, vu que les auditoires
de chaque enseignant seront différents. En plus, l’organisation d’une activité
avec un auditoire aura comme conséquence que de nombreux élèves seront absents
dans d’autres auditoires, ce qui rendra impossible un travail adéquat.
Dominantes au cycle supérieur
En tant que lycée mixte, une réforme des sections au régime technique nous semble
appropriée. Toutefois la réduction de sept sections à deux dominantes dans
l’enseignement secondaire (général) est totalement disproportionnée.
L’organisation des auditoires « à la carte » confrontera les lycées mixtes à de problèmes
organisationnels insolubles (horaires, heures de battement (« Sprangstonnen
») pour les élèves, salles de classes et salles spéciales, …). Ceci aboutira inévitablement
à une séparation des lycées en lycées techniques et « classiques », ce qui
est contraire à l’esprit même de la réforme.
Nous sommes d’avis que tous les élèves de 3 e n’ont pas encore l’autonomie et la
maturité nécessaire pour faire un choix judicieux de la combinaison des branches
de spécialisation de leur voie dominante, choix qui leur permettra d’avoir accès
aux études universitaires à la fin de leurs études secondaires.
Travail personnel
Même si certains enseignants trouvent que l’idée du travail personnel n’est pas à
rejeter a priori, la mise en œuvre reste problématique : Comment intégrer le travail
personnel dans l’horaire, avec une présence simultanée de plusieurs enseignants,
ceci dans le cadre d’un horaire acceptable Comment organiser la présence simultanée
du « tuteur » et des élèves Comment éviter le plagiat Comment éviter
l’injustice sociale Selon quels critères l’élève choisit-il son sujet pour le travail
personnel Quels sont les critères d’évaluation Quand et comment organiser les
« soutenances » devant un jury de professeurs Comment les remédiations serontelles
organisées, voire rémunérées Vu ces nombreuses questions ouvertes, nous
sommes d’avis que la mise en pratique du travail personnel est irréalisable !
À notre avis le travail engendré par le travail personnel sous la forme prévue est
complètement démesuré par rapport à sa plus-value, comme l’ont déjà constaté de
nombreux professeurs de langue du régime professionnel.
Semestres/trimestres
Faute d’informations détaillées (organisation précise de l’année scolaire nombre
exact de devoirs par branche bilans intermédiaires …), nous voyons difficilement
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comment nous pourrions nous prononcer à ce stade sur la question de la répartition
tri- ou semestrielle de l’année scolaire.
Activités périscolaires
Les enseignants, dont certains sont aussi parents d'élèves, ont de sérieuses réserves
face à la tendance du MENFP à vouloir dicter les activités périscolaires et à disposer
du temps imparti aux loisirs sous prétexte que les parents n'auraient pas le
temps ou les moyens de s'en occuper. Le MENFP semble d’ailleurs avoir peur que
les parents se désintéressent des activités culturelles et sportives de leurs enfants,
ce qui n’est certainement pas le cas pour une grande partie des parents.
Il nous semble évident que la participation obligatoire à des activités périscolaires et
le contrôle de celles-ci ne représentent pas le remède aux problèmes qui pourraient
se poser éventuellement dans des milieux défavorisés. Toutefois, une offre variée
d’activités périscolaires par les lycées nous semble être de mise.
Ainsi le corps enseignant tient à mettre en garde contre une déresponsabilisation
des parents d'une part et contre une politique familiale paradoxale d’autre part.
Conclusion
Sur base des questions soulevées dans le présent avis, les enseignants du LJBM se
sont prononcés sur les textes proposés par le MENFP lors de la conférence plénière
du 29 mars 2012. Sur 121 votes (dont un vote non valable)
33 (27,5%) refusent en bloc les textes proposés ;
78 (65,0%) acceptent certaines idées des textes proposés, sur base des expériences
faites dans le cadre du PROCI dans notre lycée. Toutefois ils
demandent qu’une analyse détaillée et critique de la réforme proposée
soit faite ; cette analyse devra au moins porter sur
la mise en pratique sur le terrain ;
la plus-value de la réforme par rapport au travail qu’elle engendre
;
l’intégration du travail engendré dans l’horaire.
9 (7,5%) peuvent accepter la grande majorité des idées des textes proposées,
à condition que la mise en pratique de la réforme soit réalisable sans
détérioration des conditions de travail ;
Nous restons disposés à élaborer des propositions constructives, dans l’espoir
toutefois d’obtenir des réponses à nos questions, soulevées dans ce document.
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