Avis du CSEN sur la relation « école et monde du travail

Luxembourg, le 22 mai 2013
Conseil Supérieur de l’Education Nationale (CSEN)
Avis portant sur la relation « École et monde du travail »
A) Introduction
Le monde du travail d’aujourd’hui comporte de nombreuses exigences,
auxquelles les jeunes qui sortent de nos écoles, ne sont pas toujours bien préparés et
dont ils sont le plus souvent fort peu conscients.
Tout en sachant que la vocation première de l’école étant celle d’être éducatrice,
il importe de familiariser en amont les futurs candidats à l’emploi avec les exigences du
monde professionnel comme par exemple la rigueur intellectuelle et l’adaptabilité.
Dans un contexte de progrès technologique permanent, il semble acquis que les jeunes
n’exerceront plus une seule profession toute leur vie, mais que leur carrière comprendra
de multiples étapes avec des mutations professionnelles parfois profondes.
Le CSEN tient à relever que de nombreuses initiatives favorisant le dialogue
entre l’école et le monde professionnel ont été initiées dans le passé, parmi lesquelles
la formation duale, les stages en entreprise ainsi que de nombreuses manifestations
visant à présenter aux élèves la diversité des professions de l’économie nationale.
Ces initiatives sont tout à fait louables et fortement appréciées.
Il se trouve cependant qu’il existe un manque de coordination au niveau national
concernant les initiatives lancées soit par les lycées, soit par d’autres acteurs
(Fédération des jeunes dirigeants d’entreprise de Luxembourg, Jonk Entrepreneuren,
Fondation des Universitaires en Sciences Économiques, Chambres professionnelles,...).
ce qui ne favorise pas la transparence au niveau des acteurs directement concernés
par le sujet, à savoir: le MENFP, les lycées, les entreprises, les élèves, les parents et
les chambres professionnelles.
Le CSEN est d’avis qu’il importe maintenant de convenir d’une stratégie partagée,
notamment par souci de transparence et d’efficience visant non seulement d’accentuer,
mais également à mieux structurer la relation entre l’école et le monde du travail. Dans
cette perspective, le lycée est à considérer comme un lieu d’échange perméable aux
aléas de la vie quotidienne et aux réalités du monde professionnel.
Le CSEN attache une attention particulière à la relation école et monde du travail,
ceci dans l’intérêt intrinsèque des jeunes et dans le but de les sensibiliser en amont,
c’est-à-dire au cours de leur parcours scolaire avec les réalités du monde professionnel.
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B) Recommandations et démarche à adopter
Le CSEN émet une série de recommandations tout en préconisant une
démarche progressive et participative. La mise au point d’une stratégie réfléchie visant
la création d’une relation “École et monde professionnel” à forte valeur ajoutée
présuppose un effort concerté des principaux acteurs sous la coordination du MENFP.
Voilà pourquoi le CSEN recommande l’instauration d’un comité de pilotage
composé de représentants du MENFP, des lycées et des chambres professionnelles
dans le but de creuser les pistes dégagées par le CSEN en vue de déboucher sur un
véritable guideline “ Relation - École et monde professionnel” à forte visibilité nationale.
Dans le but de structurer davantage la relation école et monde professionnel et de
conférer à cette action une importance stratégique, le CSEN émet les recommandations
qui suivent:
1) Toute organisation (entreprise, hôpital et autres) est à considérer dans le
présent contexte comme un lieu pédagogique dont le fonctionnement apporte
une valeur ajoutée à l’enseignement prodigué tout en suscitant l’intérêt et la
curiosité des élèves.
Il importe dès lors de mieux familiariser ces derniers, respectivement les
enseignants avec les multiples facettes de la sphère professionnelle, à savoir les
aspects techniques, organisationnels, humains et multiculturels.
Le CSEN propose de favoriser dès lors rigoureusement des mesures dont la
valeur ajoutée d’ordre pédagogique est incontestable et bénéficie au
développement personnel de l’élève.
2) Dans une première étape, il importe de faire l’inventaire des mesures existantes
au niveau du comité de pilotage avec l’appui des lycées.
Sur base de ce constat, le comité de pilotage sera plus à même de peaufiner les
recommandations du CSEN, voire d’en dégager de nouvelles (plan d’action).
Ce travail est nécessaire afin de mettre en évidence l’existant qui s’est construit
au fil des ans sous l’impulsion des lycées en étroite interaction avec les acteurs
du monde professionnel. Il importe en effet d’abord de mieux pouvoir analyser
l’ensemble des initiatives lancées, la pertinence de ces dernières et établir des
critères de référence (benchmark).
3) Le “stage” est à considérer comme une des mesures phares dans le contexte de
la relation de l’école avec le monde professionnel. Il importe toutefois de veiller à
ce que la qualité du stage soit assurée et que la valeur ajoutée pour l’élève soit
clairement établie.
Dans cette perspective, le CSEN préconise de convenir de lignes directrices
pour l’organisation de stages de qualité, formalisées par des supports du type
“Guide d’utilisation” ou “Mode d’emploi”. Il importe aussi de lancer d’importantes
campagnes de sensibilisation en direction des organisations susceptibles de
pouvoir accueillir des élèves en stage.
Le CSEN encourage aussi l’idée de prévoir des stages pratiques en entreprise
pour enseignants à l’instar des projets déjà menés par la Chambre de Commerce
en étroite coopération avec le SCRIPT.
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4) Le CSEN favorise une implication des experts professionnels au niveau des
commissions de programme dans le but de contribuer à l’élaboration de
programmes d’enseignement en phase avec la réalité professionnelle,
notamment, mais pas seulement, pour les matières professionnalisantes
(comptabilité, gestion et autres).
Il serait judicieux de discuter de ce modèle de coopération, dans une 1 ière étape,
avec les représentants de la commission nationale des programmes en
sciences économiques et sciences sociales.
5) Le CSEN attache une importance toute particulière aux nombreuses missions
d’orientation scolaire et professionnelle confiées au SPOS dans les lycées.
Alors que l’ouverture de la “Maison de l’Orientation” est un premier pas important,
il importe de prévoir des mesures de formation continue supplémentaires afin de
professionnaliser encore davantage les fonctions de conseil et d’orientation dans
les lycées luxembourgeois. Il importe de mettre en place les moyens appropriés
pour briser le cloisonnement actuel entre tous les acteurs présents dans la
“Maison de l’Orientation” en vue de réaliser une meilleure interactivité.
6) Le CSEN recommande par ailleurs, l’implémentation d’un certain nombre
d’actions spécifiques au niveau du cycle supérieur de l’enseignement secondaire,
comme par exemples:
- Team teaching associant un professeur avec un expert professionnel
- Organisation de conférences thématiques dans les lycées
- Projet “Mini-entreprises” (Jonk Entrepreneuren Luxembourg)
- Summer Schools
- Visites d’entreprises
- LuxSkills
7) Le CSEN est d’avis qu’il importe de désigner au sein de chaque lycée une
personne responsable de la relation avec le monde professionnel et encourage
l’échange d’informations (portant notamment sur les “meilleures pratiques”),
entre les acteurs désignés.
C) Conclusions
Dans ses conclusions, le CSEN souligne la nécessité d’améliorer la relation
avec le monde professionnel et de rendre cette mesure d’ordre “pédagogique” plus
cohérente et visible au corps enseignant et aux élèves afin d’encourager leur
participation à cette dernière. Les actions mises en œuvre par les lycées en étroite
interaction avec le monde professionnel doivent toutes contribuer au développement
personnel de l’élève.
Il importe de mieux coordonner les initiatives et actions au niveau national par la
mise en place d’un comité de pilotage chargé de faire l’inventaire au niveau de l’existant,
tout en formulant des lignes directrices permettant de garantir la qualité des initiatives et
de structurer davantage la relation de l’école avec le monde professionnel.
Le CSEN est d’avis que le comité de pilotage devrait entamer ses travaux dès la
rentrée au mois de septembre 2013 pour présenter ses premières conclusions au début
de l’année 2014.
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