21.01.2015 Views

la diffusion - Passeurs d'images

la diffusion - Passeurs d'images

la diffusion - Passeurs d'images

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

projections<br />

actions cinéma / audiovisuel n°25<br />

Revue sur l’éducation à l’image et l’action culturelle cinématographique<br />

<strong>la</strong> <strong>diffusion</strong><br />

ISSN 1636-5593 - TRIMESTRIEL - SEPTEMBRE 2007 - 5 EUROS<br />

projections actions cinéma / audiovisuel


édito<br />

Comme toutes les “rentrées”, l'actualité déborde et nous apporte son lot d'interrogations<br />

politiques, sociales et financières. Nous aurions pu aborder dans ce papier<br />

<strong>la</strong> lettre de mission de notre Ministre de <strong>la</strong> culture sur l'éducation artistique, les<br />

rebondissements incessants et inodores du PAF ou l'éternelle kyrielle des promesses<br />

et déc<strong>la</strong>rations d'intention trop souvent éloignées de <strong>la</strong> réalité du terrain.<br />

Mais, nous avons choisi d'évoquer un fait qui pourrait être “divers” s'il ne nous avait<br />

pas bouleversé et <strong>la</strong>issé un goût amer dans <strong>la</strong> bouche. Ali Zebboudj, l'épicier du<br />

quartier de <strong>la</strong> cité de <strong>la</strong> Source à Épinay-sur-Seine, est mort poignardé dans son<br />

magasin le mardi 4 septembre 2007.<br />

Son épicerie était ouverte 7 jours sur 7. Originaire de <strong>la</strong> Kabylie, Ali était aussi chanteur<br />

à ses heures perdues. Tour à tour commerçant, psychologue, banquier, écrivain<br />

public, conseiller, grand frère, Ali exerçait une fonction centrale et essentielle<br />

dans <strong>la</strong> vie de <strong>la</strong> Cité de <strong>la</strong> Source. Il raisonnait les jeunes, livrait les plus âgés qui<br />

ne pouvaient plus se dép<strong>la</strong>cer, faisait crédit… Ali avait été cambriolé plusieurs fois<br />

dans son épicerie, mais il préférait ces voleurs “qui l'ont toujours respecté” aux<br />

responsables de <strong>la</strong> société immobilière en charge de <strong>la</strong> cité, contre lesquels il devait<br />

sans arrêt se battre pour obtenir <strong>la</strong> rénovation de son épicerie ou son déménagement,<br />

et simplement être écouté…<br />

Récupéré par les commerçants et par les adeptes du “tout sécuritaire”, le meurtre<br />

d'Ali par un déséquilibré est un drame de <strong>la</strong> misère et de l'abandon dans lequel on<br />

<strong>la</strong>isse ceux qui s'investissent dans <strong>la</strong> vie de leur cité, dans <strong>la</strong> vie des gens.<br />

Pourquoi parler d'Ali Parce que cette personne nous avait profondément touché<br />

dans le remarquable documentaire de Chantal Briet Alimentation générale. Un personnage<br />

de documentaire qui disparaît de <strong>la</strong> vraie vie, ce n'est pas comme un acteur<br />

qui a fini son temps. Il manquera plus aux gens du quartier et à ses proches<br />

qu'aux professionnels du cinéma. Malgré cet événement triste et tragique, Il restera<br />

ces images qui nous permettront de garder l'espoir qu'il est toujours possible,<br />

encore et encore, de se battre pour que <strong>la</strong> vie quotidienne reste un lieu d'humanité.<br />

FRANÇOIS CAMPANA<br />

sommaire<br />

ACTUALITÉS<br />

3 SAISIR LE RÉEL<br />

16 REGARD SUR YEFF! FRANCE 2007<br />

3/18 FESTIVALS, À SUIVRE, ÉCHOS<br />

DOSSIER - LA DIFFUSION<br />

5 POINT DE VUE DIFFUSION : LE RÔLE DU CNC<br />

8 PORTRAIT ROBIN RENUCCI - UN UTOPISTE DEBOUT<br />

9 ENQUÊTE MILLE ET UNE FAÇONS DE DIFFUSER<br />

11 ENTRETIEN UN LIEU RESSOURCE<br />

13 EXPÉRIENCE CINÉMA NUMÉRIQUE AMBULANT<br />

14 ENTRETIEN DIFFUSION ALTERNATIVE, CONTRE LA PENSÉE UNIQUE <br />

projections n°25<br />

actions cinéma / audiovisuel<br />

Kyrnéa International (association loi 1901)<br />

bureaux et siège social : 80, rue du Faubourg St-Denis 75010 Paris • T. 01 47 70 71 71 •<br />

F. 01 47 70 02 10 • contact@kyrnea.com • www.passeursdimages.fr<br />

Directeur de <strong>la</strong> publication Parfait Doudy • Rédacteur en chef François Campana • Dossier<br />

coordonné par Jean-Marc Génuite et David Matarasso • Rédaction François Campana,<br />

Parfait Doudy, Jean-Marc Génuite, David Matarasso, Sophie Pillods • Maquette et<br />

conception graphique Christine Boivin • Imprimeur Imprimerie de Champagne - Langres •<br />

ISSN 1636-5593 • Dépôt légal septembre 2007 • Abonnement pour 4 numéros 15 € • Prix au<br />

numéro 5 € • Les textes reçus sont publiés sous <strong>la</strong> responsabilité de leurs auteurs. Toute reproduction, même<br />

partielle, des textes et sur n’importe quel support est interdite.<br />

Ministère<br />

de <strong>la</strong> culture et<br />

de <strong>la</strong> communication<br />

Ministère de <strong>la</strong> santé,<br />

de <strong>la</strong> jeunesse et des sports<br />

Délégation<br />

au développement et<br />

aux affaires internationales<br />

Photo de couverture : Cinéma Numérique Ambu<strong>la</strong>nt au Niger © Meyer/Tendance Floue<br />

2 / projections actions cinéma / audiovisuel


L’IMAGE ET VOUS<br />

ACTUALITÉS<br />

Saisir le réel<br />

Politique et citoyenneté sont des problématiques qui nourrissent nombre de passages<br />

à <strong>la</strong> réalisation. En témoigne l’atelier “Saisir/construire le réel”, animé par le Centre<br />

Média Local de Saint-Denis et soutenu par Arcadi-<strong>Passeurs</strong> d’images.<br />

Le Centre Média Local de Saint-Denis, co-fondé<br />

par Rapsode Production et Riv’Nord, est un lieu de<br />

ressources et de formations spécialisé dans l’audiovisuel<br />

à visée sociale. Depuis 2005, des amateurs y<br />

sont conviés, avec l’aide de professionnels, à mettre<br />

en images leur vision de <strong>la</strong> vie quotidienne en<br />

Seine-Saint-Denis à travers <strong>la</strong> réalisation d’“actualités<br />

cinématographiques locales”.<br />

© Centre Média Local<br />

L’atelier “Saisir/construire le réel” s’inscrit dans cette<br />

démarche. Mené auprès d’une dizaine de jeunes<br />

issus de quartiers en difficulté de Saint-Denis, il<br />

avait pour but de leur permettre de réaliser plusieurs<br />

courts métrages sur des sujets d’actualité leur tenant<br />

à cœur. L’une des ambitions du Centre média local<br />

est d’initier les gens aux formes du documentaire et<br />

de leur apprendre à construire un point de vue.<br />

“L’atelier a commencé par des analyses des films<br />

d’A<strong>la</strong>in Cavalier, Chris Marker, des Frères Lumière,<br />

ainsi que des informations et des expériences télévisées<br />

alternatives en Amérique <strong>la</strong>tine” raconte<br />

Marina Galimberti (Rapsode production), qui a<br />

encadré l’atelier avec Patrick Laroche (Riv’Nord).<br />

Elle poursuit : “Les participants ont pu également<br />

découvrir les films politiques de Newsreel, un collectif<br />

américain des années 60-70, qui étaient présentés<br />

au festival Media Crisis du cinéma L’Écran<br />

de Saint-Denis. Ils ont rencontré l’un des principaux<br />

représentants du groupe et ont réalisé une<br />

interview filmée : Conversation avec Paul Mc Isaac”.<br />

Deux autres films sont nés de cet atelier. L’un est<br />

un documentaire sur l’association “AC le feu”. Les<br />

jeunes ont suivi certains de leurs membres lors<br />

d’actions de terrain, alors qu’ils al<strong>la</strong>ient dans les<br />

quartiers de <strong>la</strong> ville à <strong>la</strong> rencontre des habitants<br />

pour remplir un cahier de doléances citoyen.<br />

L’autre film, L’envers du décor, est une fiction qui<br />

raconte le parcours d’un adolescent de cité qui parvient<br />

à sortir de <strong>la</strong> délinquance et à reprendre le<br />

chemin des études. “C’est une histoire suggérée<br />

par l’un des jeunes à partir de son propre vécu”<br />

explique Marina Galimberti, qui voit dans <strong>la</strong> fiction<br />

un bon vecteur d’expression. “Elle leur donnait <strong>la</strong><br />

possibilité de prendre une certaine distance par<br />

rapport à eux-mêmes, et même d’avoir une certaine<br />

légèreté. Les adolescents ont abordé des<br />

sujets comme <strong>la</strong> précarité, l’échec sco<strong>la</strong>ire, l’argent,<br />

le futur, l’engagement citoyen. Si nous les avions<br />

interrogés sur tout ce<strong>la</strong>, ils n’auraient pas osé s’exprimer<br />

avec <strong>la</strong> même souplesse de parole.”.<br />

© Centre Média Local<br />

Le documentaire et <strong>la</strong> fiction, tournés en parallèle,<br />

s’ancrent tous deux dans <strong>la</strong> campagne électorale<br />

qui a servi de toile de fond au déroulement de<br />

l’atelier. “Dans une scène de L’envers du décor, le<br />

personnage fait un monologue dans lequel il<br />

incite ses amis à s’inscrire sur les listes électorales,<br />

en référence à <strong>la</strong> campagne menée par le rappeur<br />

Joey Starr” note Marina Galimberti. Selon elle, <strong>la</strong><br />

durée de l’atelier (“de décembre 2006 à juin 2007,<br />

à raison de 3 heures de travail hebdomadaires et<br />

deux semaines intensives en vacances sco<strong>la</strong>ires”)<br />

a favorisé “une évolution du regard” chez les participants.<br />

Ces films ont été présentés au cinéma l’Ecran en<br />

juin 2007. Les spectateurs auront peut-être l’occasion<br />

de les découvrir une salle de cinéma participant<br />

aux Actualités démocratiques (1).<br />

D.M.<br />

1. Ce projet est évoqué dans le numéro 24 de Projections :<br />

<strong>la</strong>ncé par le directeur du cinéma Méliès, repris par Cinémas 93,<br />

il consiste à diffuser en salle en avant programme de longs<br />

métrages, des courts métrages d’actualité tournés par des<br />

habitants.<br />

Contact : Centre média local de Seine-Saint-Denis<br />

c/o centre des Bateaux Lavoirs<br />

1, quai du square 93200 Saint-Denis<br />

Tél. 01 42 43 00 45<br />

http://centremedialocal.viabloga.com<br />

Fête du cinéma d’animation<br />

La Journée mondiale du cinéma<br />

d’animation (28 octobre) rassemble<br />

chaque année une cinquantaine de pays.<br />

À cette occasion, l’Association française<br />

du cinéma d’animation (Afca) organise <strong>la</strong><br />

Fête du cinéma d’animation qui s’étend<br />

sur 15 jours et rassemble différents<br />

évènements : projections, rencontres,<br />

ateliers, expositions, démonstrations de<br />

techniques, portes ouvertes... Ils ont lieu<br />

dans des cinémas ainsi que dans des<br />

bibliothèques, des médiathèques, des<br />

écoles, des institutions et dans divers<br />

espaces culturels. Cette année, pour <strong>la</strong><br />

6e édition, l’Afca propose <strong>la</strong> tournée d’un<br />

invité d’honneur, Jean-François<br />

Laguionie, réalisateur (L’ile de B<strong>la</strong>ck Mor)<br />

et fondateur du studio d’animation “La<br />

Fabrique”. Du 17 au 30 octobre 2007,<br />

dans toute <strong>la</strong> France.<br />

Contact : Olivier Catherin - Afca<br />

53 bis rue Rodier 75009 Paris<br />

Tél : 01 48 78 25 67 / o.catherin@afca.asso.fr<br />

www.afca.asso.fr<br />

Videopsy<br />

La 9e édition des Rencontres vidéo en<br />

santé mentale se déroulera les 22 et 23<br />

novembre 2007 à <strong>la</strong> Cité des sciences et<br />

de l’industrie (Paris La Villette). Ces<br />

rencontres ont pour objet de créer avec<br />

le public un échange autour des<br />

productions réalisées par et avec des<br />

personnes engagées dans un projet de<br />

soins ou témoignant d’un vécu lié à <strong>la</strong><br />

psychiatrie. Elles sont organisées par<br />

l’hôpital Maison B<strong>la</strong>nche, L’É<strong>la</strong>n retrouvé<br />

et les Cemea.<br />

Contact : Daniel Simonnet<br />

EPS Maison B<strong>la</strong>nche - Service communication<br />

6/10 rue Pierre Bayle 75020 Paris<br />

Tél : 06 10 08 31 88<br />

http://videopsy.over-blog.com<br />

La Villette<br />

Tisser des liens “entre expression<br />

artistique et réalité sociale” est <strong>la</strong><br />

vocation des “Rencontres urbaines” de <strong>la</strong><br />

Villette dont l’édition 2007 se tiendra du<br />

24 octobre au 4 novembre. À l’affiche de<br />

<strong>la</strong> manifestation, qui se tiendra dans <strong>la</strong><br />

Grande Halle et sur le Parc, figurent <strong>la</strong><br />

danse Hip Hop, du théâtre, des concerts,<br />

des chantiers, des échanges…<br />

Renseignements :<br />

www.rencontresvillette.com<br />

actions cinéma / audiovisuel projections / 3


LA DIFFUSION__POINT DE VUE<br />

La <strong>diffusion</strong> : dossier<br />

Pour chaque dossier proposé dans cette revue, nous essayons de traiter des sujets autour de<br />

l'éducation à l'image qui informent sur les pratiques et permettent d'ouvrir des pistes de<br />

réflexion pour tous ceux qui se sentent impliqués dans les processus de construction de cette<br />

apprentissage de l'image.<br />

La <strong>diffusion</strong> des films ou des images fait partie intégrante de ces processus. Pour ne pas<br />

reprendre les questions liées aux difficultés du milieu du cinéma, déjà <strong>la</strong>rgement traitées par<br />

les journaux et associations professionnelles, nous avons préféré rebondir en partie sur ce<br />

secteur dit non-commercial qui travaille en adéquation avec les professionnels du cinéma<br />

(production, distribution et exploitation), mais qui est bien souvent mis de côté. Il nous a<br />

semblé pertinent de proposer <strong>la</strong> parole du CNC et d'ouvrir nos colonnes à d'autres types de<br />

<strong>diffusion</strong>, que ce soit en France ou en Afrique où le numérique prend son envol. Des cinés<br />

clubs aux festivals en passant par les cinémathèques, <strong>la</strong> <strong>diffusion</strong> non commerciale joue un<br />

rôle de moins en moins négligeable dans <strong>la</strong> <strong>diffusion</strong> des images singulières qui ont peu de<br />

p<strong>la</strong>ces sur les écrans des salles.<br />

Les projets de <strong>diffusion</strong> sont tellement multiples qu'il eût été impossible pour nous d'être<br />

exhaustifs et de citer toutes les actions ou tous les catalogues qui proposent des films. Nous<br />

en avons choisi certain(e)s qui nous paraissent ouvrir de vraies interrogations pour l'avenir.<br />

Le sujet est réellement vaste, mais il semble important de traiter <strong>la</strong> question de <strong>la</strong> <strong>diffusion</strong><br />

en dehors des problématiques purement financières ou de box-office. L'accès aux films et aux<br />

images est une question qui interroge désormais tous les citoyens qui se préoccupent d'éducation,<br />

dans tous les sens du terme, (enseignement, pratique artistique, accès aux œuvres,<br />

acquisition de connaissances, construction de l'individu, etc.).<br />

Pour les séances gratuites de projections en plein air d'œuvre cinématographique de long<br />

métrage, le Centre national de <strong>la</strong> cinématographie vient de modifier <strong>la</strong> décision réglementaire<br />

n°12 du 2 mars 1948 re<strong>la</strong>tive aux autorisations d'exercice de <strong>la</strong> profession. Cette modification,<br />

en date du 21 mai 2007 et publiée au journal officiel le 3 juin 2007, est reproduite in extenso<br />

dans ce numéro.<br />

Étant difficilement applicable cet été, nous pourrons analyser dans l'année qui vient l'impact<br />

de ce type de réglementation. Au-delà des autorisations accordées ou non, cette DR nous permettra<br />

de pouvoir quantifier ces séances et de percevoir l'impact réel de <strong>la</strong> concurrence qu'elles<br />

pourraient occasionner sur le secteur commercial. Elle permettra aussi de mieux comprendre<br />

<strong>la</strong> pertinence de ce travail pour les popu<strong>la</strong>tions qui assistent à ce type de projections<br />

alors que notre société de l'image est passée en moins d'un siècle de l'unique projection cinématographique<br />

en salle (ou non), à <strong>la</strong> multiplicité des systèmes de production et de <strong>diffusion</strong>,<br />

et des supports (du cinématographe, à Internet au téléphone portable).<br />

Malgré toutes les complexités, rapprocher les popu<strong>la</strong>tions des œuvres cinématographiques<br />

(et vice-versa) reste l'objectif essentiel de tous les professionnels de l'image qui se battent<br />

pour une <strong>diffusion</strong> plurielle et qualitative.<br />

FRANÇOIS CAMPANA<br />

4 / projections actions cinéma / audiovisuel


LA DIFFUSION__POINT DE VUE<br />

Le rôle du CNC<br />

Quel est le rôle du Centre National de <strong>la</strong> Cinématographie dans <strong>la</strong> <strong>diffusion</strong> des films Nous avons demandé à Olivier<br />

Wotling, Directeur du cinéma au Centre National de <strong>la</strong> Cinématographie, de nous expliquer par quels dispositifs le Centre<br />

s’implique dans ce domaine.<br />

“Si le Centre National de <strong>la</strong> Cinématographie n’intervient pas sur le<br />

marché de <strong>la</strong> <strong>diffusion</strong> des films (le calendrier des sorties ou le<br />

nombre de copies d’un film, par exemple, restent à l’initiative des<br />

distributeurs), il existe en revanche un système d’aides à <strong>la</strong> <strong>diffusion</strong>.<br />

Il concerne certains films, économiquement fragiles, et opère<br />

selon le double levier des aides à l’exploitation et des aides à <strong>la</strong> distribution.<br />

Décider d’aider <strong>la</strong> sortie de films “fragiles” est une<br />

manière d’éviter un déséquilibre trop fort entre leur économie et<br />

celle des films avec lesquels ils sont en concurrence.<br />

LES AIDES À LA DISTRIBUTION<br />

Le premier type d’aide à <strong>la</strong> distribution est l’aide automatique.<br />

Les entrées d’un film génèrent un soutien automatique au profit des<br />

distributeurs, que ceux-ci peuvent réinvestir dans un autre film, soit<br />

sous <strong>la</strong> forme d’un minimum garanti lié à <strong>la</strong> production, soit sous<br />

<strong>la</strong> forme d’un investissement dans les frais d’édition et de promotion<br />

du film. Aujourd’hui, les investissements du soutien automatique<br />

se répartissent à peu près à moitié-moitié entre minimum<br />

garanti et frais d’édition. L’enveloppe du soutien automatique à <strong>la</strong><br />

distribution avoisine 19 millions d’euros. Ce soutien, très dégressif,<br />

est favorable aux distributeurs de films dont les sorties “à risque” ne<br />

dépassent pas 200 000 entrées. Il concerne tous les films agréés,<br />

européens ou français.<br />

Le deuxième type d’aide à <strong>la</strong> distribution est un soutien plus sélectif.<br />

Il est ouvert aux films de toutes nationalités, y compris américains<br />

mais pas aux blockbusters : à <strong>la</strong> production indépendante américaine.<br />

Une commission de douze membres se réunit de façon hebdomadaire<br />

pour visionner des œuvres et décider de leur accorder une<br />

aide à <strong>la</strong> distribution. Ce soutien direct du CNC (constitué de sommes<br />

situées entre 10 et 30 000 euros ) permet aux distributeurs de<br />

films à petite ou moyenne combinaison de sortie, d’attirer l’attention<br />

des exploitants en amont sur les qualités du film, de payer des<br />

avant-premières en présence de l’équipe du film, bref, de faire un<br />

effort de promotion.<br />

Il existe aussi une session annuelle qui aide les programmes des<br />

distributeurs. Chacun d’eux présente son programme de l’année,<br />

tandis que <strong>la</strong> commission évalue celui de l’année précédente. Une<br />

aide forfaitaire peut être accordée par film et multipliée par le nombre<br />

de films que le distributeur ambitionne de sortir. Il peut éventuellement<br />

s’y ajouter une aide à <strong>la</strong> structure qui lui permet de faire<br />

face à ses frais généraux, sachant que <strong>la</strong> commission n’a pas forcément<br />

vu les films au moment où elle accorde ses aides. Mais un rapport<br />

de confiance et de qualité éditoriale s’instaure entre le distributeur<br />

et <strong>la</strong> commission.<br />

Le budget de ces aides sélectives est à de 5 à 6 millions d’euros auxquels<br />

s’ajoutent les aides aux associations effectuant un travail du<br />

même type : les soutiens de l’Afcae, du GNCR voire de l’ACID, qui<br />

viennent en plus du soutien sélectif du CNC et qui sont <strong>la</strong>rgement<br />

financés par le CNC. Le film est sélectionné pour ses qualités artistiques,<br />

dans l’orbite de <strong>la</strong> diversité culturelle, toutes nationalités<br />

confondues, et son distributeur sera aidé essentiellement pour les<br />

frais d’édition et de promotion.<br />

Le soutien sélectif du CNC n’est pas à priori ouvert aux films qui<br />

font un grand nombre d’entrées ; à partir d’un certain nombre de<br />

copies ou un montant de frais d’édition, on n’est plus éligible à<br />

l’aide sélective. Elle concerne des films dotés d’entre 5 et 140 copies<br />

maximum, <strong>la</strong> moyenne étant entre 60 et 80 copies. Il peut s’agir<br />

également de films à 5 copies destinés à des <strong>diffusion</strong>s ciblées et à<br />

une circu<strong>la</strong>tion de longue durée sur l’ensemble de <strong>la</strong> France.<br />

AIDES À L’EXPLOITATION<br />

Les aides à l’exploitation sont des aides au fonctionnement des salles<br />

du secteur Art et essai, en fonction de leur programmation et<br />

notamment des films recommandés Art et essai qu’elles diffusent.<br />

Ce système est complexe car on ne peut pas programmer une salle<br />

en milieu rural comme celle d’une ville universitaire.<br />

Des seuils minima de films Art et essai sont donc imposés a des<br />

catégories de salle. Ils varient en fonction des données socio-démographiques<br />

et du public. Ce<strong>la</strong> incite à programmer des films Art et<br />

essai et à en programmer plus, <strong>la</strong> subvention devenant d’autant plus<br />

élevée. Celle-ci est aussi calculée sur <strong>la</strong> base du travail accompli par<br />

l’exploitant pour accompagner les films : animations, promotion,<br />

gazette, avant-premières etc.<br />

Enfin, il existe le dispositif de l’ADRC qui permet à de petites salles<br />

indépendantes d’accéder aux copies lorsqu’un distributeur estime<br />

que le marché ne suffirait pas à <strong>la</strong> rentabiliser. L’ADRC, missionnée<br />

par le CNC, paye <strong>la</strong> copie et se charge de son acheminement auprès<br />

de ces salles. Ce<strong>la</strong> permet une <strong>diffusion</strong> plus en profondeur dans les<br />

villes petites et moyennes.<br />

RÉGULATION<br />

Il existe des éléments de régu<strong>la</strong>tion dans <strong>la</strong> <strong>diffusion</strong>.<br />

Un élément central est le médiateur du cinéma. Il s’agit d’une autorité<br />

administrative indépendante du CNC qui oeuvre pour <strong>la</strong> <strong>diffusion</strong><br />

des films en vue de l’intérêt général. Un exploitant qui n’a pas accès à<br />

un film, s’il est en litige avec son distributeur, peut aller devant le<br />

médiateur du cinéma. Celui-ci demandera éventuellement au distributeur<br />

de servir l’exploitant, s’il apparaît que ce dernier a fait un bon<br />

travail en faveur du type de film en question ou s’il a été dans le passé<br />

l’artisan du succès antérieur d’un film du même réalisateur.<br />

Il existe aussi une forme de régu<strong>la</strong>tion pour <strong>la</strong> <strong>diffusion</strong> dans les<br />

multiplexes.<br />

Premièrement, ils s’engagent à exposer convenablement les films<br />

français et européens et à respecter un pourcentage de 40% de<br />

séances pour ces films.<br />

Aujourd’hui, il est <strong>la</strong>rgement dépassé et les films français en particulier<br />

sont bien diffusés. Mais il y a quelques années, le cinéma<br />

américain dominait.<br />

Deuxièmement, des c<strong>la</strong>uses limitent le nombre de copies et le nombre<br />

de séances consacrées à un même film une semaine donnée.<br />

Dans certains pays européens, comme l’Espagne, <strong>la</strong> quasi-totalité<br />

des salles est occupée par un blockbuster <strong>la</strong> semaine de sa sortie. En<br />

France, c’est interdit. Ce<strong>la</strong> ne doit pas dépasser 30% des séances<br />

hebdomadaires avec deux copies maximum par établissement.<br />

actions cinéma / audiovisuel projections / 5


LA DIFFUSION__POINT DE VUE<br />

L’impact le plus perceptible des actions du CNC est <strong>la</strong> diversité de<br />

l’offre, inégalée en Europe. Aucun pays ne présente 590 films en<br />

exclusivité par an (sans compter les reprises). Ce<strong>la</strong> fait travailler un<br />

vivier de distributeurs indépendants, essentiels car ils sont les<br />

découvreurs du cinéma de demain et effectuent un travail de promotion<br />

des nouveaux auteurs français ou étrangers. L’aide sélective<br />

aide une quarantaine de ces entreprises.<br />

DIFFUSION CULTURELLE<br />

Qu’est-ce que <strong>la</strong> <strong>diffusion</strong> culturelle Il n’est pas toujours bon de<br />

séparer ce qui serait de l’ordre de <strong>la</strong> culture et ce qui serait purement<br />

commercial. Dans le cinéma français, il existe des auteurs qui oscillent<br />

entre films de commande et films plus personnels, et qui sont<br />

même rétifs à cette distinction. L’action du CNC sur <strong>la</strong> <strong>diffusion</strong> des<br />

films en salles favorise <strong>la</strong> diversité culturelle, c’est à dire le renouvellement<br />

des talents, les films étrangers ou de cinématographies<br />

peu diffusées, innovants, risqués, non pris en charge par les chaînes<br />

de télévision et pour lesquels <strong>la</strong> salle va être le seul support de<br />

<strong>diffusion</strong>.<br />

La <strong>diffusion</strong> culturelle consiste aussi à organiser et structurer un<br />

certain nombre d’évènements ayant pour lieu le cinéma.<br />

Ce<strong>la</strong> peut être l’éducation à l’image, à travers toutes les actions<br />

menées par les associations - <strong>Passeurs</strong> d’images, les dispositifs<br />

École, Collège et Lycéens au cinéma -, avec l’idée que l’apprentissage<br />

de l’image ne doit pas se faire seulement sur <strong>la</strong> base de l’analyse de<br />

DVD, mais par <strong>la</strong> rencontre irremp<strong>la</strong>çable avec le film en salle.<br />

L’idée est de faire sortir le jeune public dans les salles avec un programme<br />

spécifique.<br />

Un autre pan de <strong>la</strong> <strong>diffusion</strong> culturelle est l’aide aux festivals, à une<br />

programmation alternative qui comprend une palette d’œuvres<br />

beaucoup plus <strong>la</strong>rge que celles qui auront une sortie nationale. Plus<br />

de dix mille films sont produits par an dans le monde, il serait<br />

impossible de les sortir tous. L’idée est de permettre au public de<br />

prendre connaissance de ceux qui n’auront pas forcément d’existence<br />

par <strong>la</strong> suite dans les salles.<br />

Vient enfin l’appui au secteur associatif qui travaille dans le secteur<br />

de <strong>la</strong> <strong>diffusion</strong> culturelle pour <strong>la</strong> rencontre des publics : l’ACID, par<br />

exemple, travaille sur <strong>la</strong> problématique de l’accompagnement des<br />

films par leurs réalisateurs, ou encore <strong>Passeurs</strong> d’images. Bref, tout<br />

ce qui concerne <strong>la</strong> <strong>diffusion</strong> culturelle en faveur de certains publics<br />

et qui ne relève pas stricto sensu du marché du cinéma”.<br />

PROPOS D’OLIVIER WOTLING,<br />

RECUEILLIS PAR JEAN-MARC GÉNUITE ET DAVID MATARASSO<br />

Aide automatique (au CNC) :<br />

Soutiens financiers accordés aux producteurs, distributeurs<br />

et exploitants par le Directeur général et<br />

calculés en fonction des recettes des films ou des<br />

salles selon les cas (Exemple : soutien automatique<br />

à l'exploitation ou à <strong>la</strong> distribution, etc.)<br />

Aide sélective (au CNC) :<br />

Soutien financier accordé par le Directeur général<br />

sur avis de commissions représentatives (exemple<br />

: avance sur recettes)<br />

Association française des cinémas d'Art et d'essai<br />

(AFCAE) :<br />

Créée en 1955 par des directeurs de salles et des<br />

critiques pour <strong>la</strong> défense d'un cinéma “de qualité”.<br />

En 2006, 1065 établissements cinématographiques<br />

(sur 2133 au total) sont c<strong>la</strong>ssés, soit plus<br />

de 2000 écrans (sur 5362).<br />

http://www.art-et-essai.org/<br />

Agence du cinéma indépendant pour sa <strong>diffusion</strong><br />

(ACID) :<br />

Créée en 1992 et animée par des réalisateurs, elle<br />

aide à <strong>la</strong> <strong>diffusion</strong> dans les salles des films difficiles<br />

par des prévisionnements et des rencontres<br />

avec les cinéastes et quelques tirages de copies.<br />

Elle tisse un réseau européen de <strong>diffusion</strong> du<br />

cinéma indépendant…<br />

http://www.<strong>la</strong>cid.org/<br />

Association pour le développement régional du<br />

cinéma (ADRC) :<br />

Les missions de l'ADRC sont d'aider, par le tirage<br />

de copies, au maintien d'un réseau de salles diversifiées<br />

sur l'ensemble du territoire, de favoriser <strong>la</strong><br />

<strong>diffusion</strong> des films au profit des petites villes, des<br />

villes moyennes et des villes situées en périphérie<br />

des grandes villes. Elle mène une action particulière<br />

pour soutenir <strong>la</strong> <strong>diffusion</strong> de films du répertoire.<br />

Elle procède à toute étude, conseil, information<br />

et assistance architecturale.<br />

http://www.adrc-asso.org/<br />

Glossaire<br />

Chronologie des médias :<br />

Dé<strong>la</strong>i à respecter avant de diffuser un film : hors<br />

dérogations, 3 ans pour les chaînes de télévision,<br />

2 ans si <strong>la</strong> chaîne est co-productrice, 1 an pour<br />

Canal plus et un an pour le marché de <strong>la</strong> vidéo (<strong>la</strong><br />

vidéo à <strong>la</strong> demande (VOD) est encore en débat).<br />

La chronologie ne découle plus d'une réglementation<br />

mais d'un accord interprofessionnel (sauf le<br />

dé<strong>la</strong>i vidéo soumis à décret).<br />

Secteur commercial :<br />

Désigne tout ce qui fait l'objet d'une exploitation<br />

soumise au contrôle des recettes du CNC à savoir,<br />

billetterie du CNC (perception de <strong>la</strong> TSA), autorisation<br />

d'exercice de <strong>la</strong> salle, établissement de bordereaux<br />

de recettes par les exploitants. La location<br />

des films est faite à un taux réglementairement<br />

défini par le CNC et <strong>la</strong> remontée de recettes aux<br />

ayants-droit est proportionnelle au prix du billet.<br />

Secteur non-commercial :<br />

Désigne, outre les séances gratuites, l'ensemble<br />

des autres formes d'exploitation, par exemple les<br />

projections faites dans des institutions culturelles,<br />

les ciné-clubs, les associations (nombre des projections<br />

de longs métrage limité), les festivals… Ce<br />

secteur recouvre souvent des manifestations plus<br />

limitées dans le temps et souvent organisées sans<br />

but lucratif. Elles font l'objet d'un accord forfaitaire<br />

entre l'organisateur du spectacle cinématographique<br />

et les ayants-droit du film projeté.<br />

Les œuvres cinématographiques de long métrage<br />

peuvent être projetés seulement, dans un dé<strong>la</strong>i<br />

identique à celui de <strong>la</strong> sortie vidéo de l'œuvre ou à<br />

défaut un an après <strong>la</strong> date de visa d'exploitation.<br />

(dé<strong>la</strong>i porté uniformément à un an/visa dans le<br />

cas de séances en plein air)<br />

Groupement national des cinémas de recherche<br />

(GNCR) :<br />

Réseau d'établissements cinématographiques et<br />

d'associations, créé en 1991 pour <strong>la</strong> défense d'un<br />

cinéma indépendant (soutien aux œuvres, accompagnement…).<br />

http://www.cinemas-de-recherche.com/<br />

Minimum garanti (MG) :<br />

Dans l'exploitation, somme forfaitaire (par<br />

séance) que doit payer l'exploitant au distributeur<br />

pour projeter un film. Si le montant des recettes<br />

dépasse le MG, les sommes sont partagées en<br />

fonction des critères habituels de l'exploitation<br />

cinématographique.<br />

Dans <strong>la</strong> distribution, somme forfaitaire investie<br />

par les distributeurs dans <strong>la</strong> production et déductible<br />

au fur et à mesure de <strong>la</strong> remontée de <strong>la</strong><br />

recette générée par <strong>la</strong> salle de cinéma.<br />

Visa d'exploitation :<br />

La représentation des œuvres cinématographiques<br />

est subordonnée à l'obtention de visas délivrés<br />

par le Ministre de <strong>la</strong> culture, après avis de <strong>la</strong><br />

Commission de c<strong>la</strong>ssification des œuvres cinématographiques.<br />

Sortie de film<br />

Une œuvre cinématographique de long métrage<br />

sort à une date fixée par les distributeurs (en<br />

accord avec les ayants droit). Cette date est <strong>la</strong> référence<br />

du départ de l'exploitation cinématographique<br />

commerciale.<br />

“Sortie technique”<br />

Quand un distributeur estime qu'un film ne fera<br />

pas recette, il le diffuse dans un très petit nombre<br />

de copies et de salles, avec peu de promotion,<br />

pour bénéficier d'une date de sortie et enclencher<br />

<strong>la</strong> chronologie des médias (édition vidéo, passages<br />

télé, etc.).<br />

Toutes les informations re<strong>la</strong>tives au fonctionnement<br />

de <strong>la</strong> profession cinématographique sont disponibles<br />

sur le site http://.www.cnc.fr<br />

6 / projections actions cinéma / audiovisuel


LA DIFFUSION__POINT DE VUE<br />

Nouvelle réglementation pour les organisateurs<br />

de projections en plein air d'œuvres cinématographiques<br />

Décision réglementaire n° 12 (24°) modifiant <strong>la</strong> décision réglementaire n°12 du 2 mars 1948 du Centre national de <strong>la</strong> cinématographie<br />

re<strong>la</strong>tive aux autorisations d'exercice de <strong>la</strong> profession<br />

La directrice générale du Centre national de <strong>la</strong> cinématographie,<br />

Vu le code de l'industrie cinématographique, notamment ses articles 2 (2°), 5 et 14 ;<br />

Vu le décret du 28 décembre 1946 modifié pris en application de <strong>la</strong> loi n° 46-2360 du 25 octobre 1946 portant création du Centre national<br />

de <strong>la</strong> cinématographie ;<br />

Vu <strong>la</strong> décision réglementaire n°12 du 2 mars 1948 du Centre national de <strong>la</strong> cinématographie modifiée re<strong>la</strong>tive aux autorisations d'exercice<br />

de <strong>la</strong> profession,<br />

Décide :<br />

Art. 1er. - La décision réglementaire n°12 du 2 mars 1948 susvisée est modifiée conformément aux articles 2 et 3 de <strong>la</strong> présente décision<br />

réglementaire.<br />

Art. 2. - Dans le deuxième alinéa de l'article 16, après les mots : “gratuitement ou sans supplément de prix” sont ajoutés les mots : “, à<br />

l'exception des projections en plein air mentionnées à l'article 23.” (cf. : ci-dessous)<br />

Art. 3. - L'article 23 est rétabli et ainsi rédigé :<br />

“Art. 23. -. Dans le cas des organisateurs de projections en plein air d'œuvres cinématographiques de longue durée, une autorisation<br />

spécifique est accordée par le directeur général du Centre national de <strong>la</strong> cinématographie après consultation du directeur régional des<br />

affaires culturelles intéressé ou de son représentant et des experts régionaux ou interrégionaux mentionnés à l'article 18, ainsi que d'un<br />

représentant des collectivités territoriales et d'un représentant du secteur de <strong>la</strong> <strong>diffusion</strong> culturelle dans <strong>la</strong> région concernée.<br />

“Cette autorisation n'est accordée qu'en vue de l'organisation de projections d'œuvres cinématographiques de longue durée ayant<br />

obtenu un visa d'exploitation depuis plus de douze mois et en tenant compte des critères suivants :<br />

“- le lieu des projections et le nombre de séances envisagées ;<br />

“- l'intérêt social et culturel des projections ;<br />

“- <strong>la</strong> situation locale de l'exploitation cinématographique.<br />

“Les dispositions du présent article sont également applicables aux organisateurs titu<strong>la</strong>ires d'une autorisation d'exercice accordée dans<br />

les conditions prévues aux articles 17 à 22 dès lors qu'ils organisent des projections en plein air d'œuvres cinématographiques de longue<br />

durée excédant le champ de cette autorisation.”<br />

VÉRONIQUE CAYLA<br />

Intégralité du nouvel article 16 :<br />

L'autorisation est accordée aux organisateurs de projections d'œuvres ou de documents<br />

cinématographiques ou audiovisuels soit dans les salles de spectacles cinématographiques,<br />

soit dans tout lieu spécialement équipé à cet effet, quels que soient le procédé de fixation<br />

ou de transmission et <strong>la</strong> nature du support de ces œuvres ou documents. Ne sont pas<br />

comprises dans le champ d'application de <strong>la</strong> présente décision réglementaire les représentations<br />

publiques d'œuvres et de documents cinématographiques ou audiovisuels organisées<br />

accessoirement à une activité principale et proposées gratuitement ou sans supplément<br />

de prix, à l'exception des projections en plein air mentionnées à l'article 23.<br />

L'autorisation peut être permanente ou limitée à une durée déterminée.<br />

Intégralité de l'article 18 :<br />

L'autorisation d'exercice est délivrée dans les cas de modes d'exploitation particuliers et<br />

d'exploitations cinématographiques ambu<strong>la</strong>ntes par le directeur général du Centre national<br />

de <strong>la</strong> cinématographie, après consultation du directeur régional des affaires culturelles<br />

compétent ou de son représentant ainsi que d'experts régionaux ou interrégionaux.<br />

Ces experts sont au nombre de trois représentants de l'exploitation, comprenant un représentant<br />

des exploitants ambu<strong>la</strong>nts, et de deux représentants de <strong>la</strong> distribution. Les<br />

experts régionaux et interrégionaux sont désignés par les organisations professionnelles<br />

représentatives de l'exploitation et de <strong>la</strong> distribution. Dans le cas des exploitations ambu<strong>la</strong>ntes,<br />

l'autorisation n'est délivrée qu'en vue de tournées organisées régulièrement dans<br />

des localités limitativement énumérées et dont <strong>la</strong> liste est arrêtée compte tenu des données<br />

spécifiques de <strong>la</strong> <strong>diffusion</strong> des œuvres cinématographiques. Cette autorisation d'exercice<br />

fixe pour chaque point de projection une fréquence de passage déterminée. En cas de nonrespect<br />

de <strong>la</strong> fréquence autorisée, l'autorisation peut être suspendue pour examen par le<br />

directeur général du Centre national de <strong>la</strong> cinématographie.<br />

(Précision : prendre en compte dans l’article 18 les deux nouveaux membres de <strong>la</strong> commission indiqués à l'article 23. La commission est donc composée de : trois représentants de l'exploitation,<br />

comprenant un représentant des exploitants ambu<strong>la</strong>nts, deux représentants de <strong>la</strong> distribution, un représentant des collectivités territoriales et un représentant du secteur<br />

de <strong>la</strong> <strong>diffusion</strong> culturelle)<br />

Informations consultables sur le site du CNC : www.cnc.fr<br />

Les informations sur les procédures (dates de réunion des experts) et les formu<strong>la</strong>ires de demandes sont disponibles dans les Dracs.<br />

Les demandes d'autorisation sont à déposer en Drac et proposées au comité d'expert (voir composition plus haut). Le Directeur du<br />

Centre national de <strong>la</strong> cinématographie prend connaissance du dossier et délivre ou non l'autorisation.<br />

actions cinéma / audiovisuel projections / 7


LA DIFFUSION__PORTRAIT<br />

Robin Renucci<br />

un utopiste debout<br />

Avec son film Sempre Vivu, Robin Renucci arpente les routes<br />

comme un messie délivrant aux publics, aux acteurs<br />

culturels et aux élus, un message simple et pourtant si<br />

important “nous sommes toujours vivants”.<br />

Fils et héritier de l’éducation popu<strong>la</strong>ire, Robin Renucci<br />

continue de croire en l’être humain où qu’il habite, quel<br />

que soit son métier. Il se bat contre l’uniformisation culturelle<br />

afin que chacun puisse accéder à <strong>la</strong> culture, même<br />

dans les lieux les plus reculés de notre territoire. C’est<br />

ainsi, par exemple, qu’il était à Rieupeyroux en Aveyron,<br />

le 22 juin dernier. Le public a été conquis, tant par le film<br />

que par son réalisateur. Cet homme aime les hommes,<br />

ce<strong>la</strong> se sent, ce<strong>la</strong> se voit et le public le lui rend bien. Ce qui<br />

fait tenir Robin Renucci, le fait vibrer, rayonner, c’est cet<br />

espoir fou, utopiste, “de continuer cette chaîne en se<br />

disant que peut être là où je viens présenter mon film, ce<strong>la</strong><br />

réveille les uns et les autres dans le désir de créer, c’est-àdire<br />

dans le désir de résister.” Et devant les spectateurs de<br />

son film, il n’hésite pas à les féliciter “Ce que vous venez<br />

de faire ce soir, en venant ici, en étant ensemble, ce n’est<br />

pas <strong>la</strong> même chose que de voir le film sur une télé. Là,<br />

nous avons vécu quelque chose ensemble. Et c’est presque<br />

de <strong>la</strong> résistance aujourd’hui car tout vous amène ailleurs,<br />

notre curiosité est tellement émoussée que sortir de<br />

chez soi devient difficile”. Un discours vivifiant qui ce<br />

soir-là a permis au public d’échanger autour d’un verre<br />

jusque tard dans <strong>la</strong> nuit comme Robin venait en quelque<br />

sorte de leur prescrire.<br />

Un public du milieu rural aveyronnais qui s’est parfaitement<br />

reconnu dans les images du petit vil<strong>la</strong>ge corse où<br />

Robin Renucci a tourné Sempre Vivu. Et quand le réalisateur<br />

par<strong>la</strong>it des habitants-comédiens, comme Angèle, sa<br />

voisine de 85 ans, il n’en aurait pas fallu beaucoup plus<br />

pour que tous le suivent dans une aventure théâtrale ou<br />

cinématographique. Ce<strong>la</strong> leur a fait du bien aussi d’entendre<br />

Robin dire à propos des habitants de ce petit vil<strong>la</strong>ge<br />

“Ce sont des gens qui vivent, qui rêvent, qui bandent, ce<br />

sont des gens qui veulent exister et qui ne veulent pas dire<br />

d’eux qu’ils sont morts. C’est insupportable d’entendre<br />

dans cette ruralité profonde que les gens sont négligeables<br />

parce que, au fond, ils ne représentent pas assez<br />

d’électeurs”.<br />

Il sème, partout où il va, les graines de <strong>la</strong> résistance. Ce<br />

qui ne l’empêche pas d’être lucide sur l’état de déliquescence<br />

de notre société : il rappelle à chacun que dans les<br />

années qui viennent, <strong>la</strong> moitié du corps enseignant partira<br />

à <strong>la</strong> retraite et sera remp<strong>la</strong>cé par des profs “enfants de <strong>la</strong><br />

télé”. Comment pourront-ils alors assurer leur rôle de<br />

transmetteur <br />

Lucide mais non résigné, il continue à se battre pour faire<br />

changer <strong>la</strong> société en interpel<strong>la</strong>nt les hommes politiques,<br />

comme lors de <strong>la</strong> dernière campagne présidentielle, mais<br />

aussi à une toute petite échelle, pour transmettre à chaque<br />

individu qu’il rencontre <strong>la</strong> curiosité et l’ouverture.<br />

Il poursuit ce travail avec l’ARIA (Association des<br />

Rencontres Internationales Artistiques) une association<br />

qu’il a créée en Corse. Chaque été, cette association propose<br />

des stages de théâtre de plusieurs semaines où se<br />

mêlent professionnels et amateurs, enseignants et animateurs.<br />

Tous s’y ressourcent et, pour certains, c’est un<br />

apprentissage pour organiser sur son territoire ce type de<br />

pratique, issue de l’éducation popu<strong>la</strong>ire.<br />

Dans cette association, dans son film, dans ses interventions<br />

publiques, il sème des graines de culture car “Il n’y<br />

a pas pire obscurantisme que l’ignorance. Nous sommes<br />

tous responsables. Si nous ne réagissons pas, nous sommes<br />

“agis” par ce que l’on veut faire de nous. En ce<br />

moment, on veut faire de nous des clients. Nous sommes<br />

vivants et il y a de l’espoir dans <strong>la</strong> création et dans <strong>la</strong> résistance.”<br />

SOPHIE PILLODS<br />

8 / projections actions cinéma / audiovisuel


LA DIFFUSION__ENQUÊTE<br />

Mille et une<br />

façons de diffuser<br />

La diversité des films que l’on peut voir en France repose sur celle des lieux de <strong>diffusion</strong>. À un réseau vaste et complexe de<br />

salles de cinéma (al<strong>la</strong>nt du multiplexe à <strong>la</strong> salle municipale en passant par les circuits indépendants type Utopia 1 ) s’ajoutent<br />

différents mail<strong>la</strong>ges : celui des festivals, celui des espaces et des associations qui offrent des programmations de type<br />

“alternatif” (terme qui recouvre, là encore, un <strong>la</strong>rge éventail de genres)... Petit parcours - non exhaustif - à travers<br />

quelques-uns des lieux qui font <strong>la</strong> variété de <strong>la</strong> <strong>diffusion</strong>.<br />

Pour Janine Bertrand, Présidente de l’Union nationale des Ciné-clubs<br />

(UNICC), <strong>la</strong> diversité de <strong>la</strong> <strong>diffusion</strong> actuelle doit beaucoup au mouvement<br />

des ciné-clubs. “Des ciné-clubs qui ont créé les premiers festivals<br />

comme le Festival du film maudit” rappelle-t-elle, “et le réseau<br />

Art et essai a été fondé par d’anciens animateurs de ciné-clubs”.<br />

CINÉ-CLUBS : UN RÉSEAU FÉCOND<br />

C’est après <strong>la</strong> Libération que les ciné-clubs se sont soudainement<br />

développés, par centaines d’associations, devenant un véritable mouvement<br />

d’éducation popu<strong>la</strong>ire. Leur vocation était de faire <strong>la</strong> “promotion<br />

de <strong>la</strong> culture, former des spectateurs actifs, dans un esprit de<br />

combativité face aux censures, aux modes”.<br />

Le spectateur d’aujourd’hui ne sait peut-être pas que les exploitants de<br />

l’époque virent dans cette démarche, inédite, une forme de concurrence<br />

; ce<strong>la</strong> généra des luttes (<strong>la</strong> mise au tribunal de l’animateur de<br />

ciné-club Jean Michel en fut l’un des épisodes qui débouchèrent en<br />

1946 sur <strong>la</strong> création d’un secteur non-commercial. “La réglementation<br />

était très contraignante” souligne Janine Bertrand : interdiction<br />

aux ciné-clubs de présenter des films de moins de 4 ans, de faire de <strong>la</strong><br />

publicité. Obligation pour les clubs de s’affilier à une fédération et,<br />

pour les spectateurs, d’acheter les p<strong>la</strong>ces par 3, ce qui pénalisait les<br />

plus désargentés. “Mais ce<strong>la</strong> n’a fait que nous stimuler pour aller plus<br />

loin dans <strong>la</strong> vie associative, l’échange, <strong>la</strong> mise en valeur de cinématographies<br />

peu connus, <strong>la</strong> défense de <strong>la</strong> version originale” constate<br />

Janine Bertrand.<br />

En 2007, le nombre de ciné-clubs est bien moindre que dans les<br />

années 50/60 et de grandes fédérations ont disparu, suite à l’apparition<br />

de <strong>la</strong> télé puis de <strong>la</strong> vidéo. Toutefois, les fédérations restantes programment<br />

chaque année 900 séances, soit 560 films, “dont au moins<br />

un de chaque année entre 1924 et 2006 !”, se félicite Janine Bertrand.<br />

Celle-ci regrette juste que <strong>la</strong> démarche des ciné-clubs ne soit “plus<br />

perçue dans sa modernité” et soit parfois traitée de “ringarde”. “La<br />

preuve qu’elle ne l’est pas” s’enf<strong>la</strong>mme-t-elle, “c’est que tout le monde<br />

nous imite : les salles et même les multiplexes, en organisant des<br />

séances rencontres avec des cinéastes, ne font que refaire ce que nous<br />

avons toujours fait”. À ceci près que les ciné-clubs restent des initiatives<br />

à but non lucratif de groupes de passionnés. Ils sont présents partout<br />

(universités, comités d’entreprises, foyers, maisons de jeunes,<br />

banques…), ou presque : “Il nous manque des ciné-clubs ruraux”<br />

avoue Janine Bertrand.<br />

CINÉMATHÈQUES ET ARCHIVES<br />

Un autre réseau important est celui des cinémathèques. Dédiées à <strong>la</strong><br />

préservation des films et du “non film” (appareils, livres, affiches, etc.)<br />

ainsi qu’à leur <strong>diffusion</strong>, elles sont variablement imp<strong>la</strong>ntées dans les<br />

régions et les villes. Elles peuvent collecter aussi bien les œuvres du<br />

patrimoine international que des images du patrimoine local (documentaires,<br />

archives, films d’amateurs). Ainsi, <strong>la</strong> cinémathèque de<br />

© Fond Marcel Dubois<br />

Cinémathèque des Pays de Savoie<br />

Bretagne (spécialisée dans<br />

les films sur <strong>la</strong> Bretagne ou<br />

tournés par des Bretons),<br />

Trafic Image (en Poitou-<br />

Charentes) ou encore des<br />

structures intégrées à un<br />

Pôle régional Image :<br />

Mémoire audiovisuelle en<br />

Haute-Normandie, au sein<br />

du Pôle Image Haute-<br />

Normandie, ou les Archives<br />

Régionales du Film en<br />

Picardie au sein de l’Acap.<br />

Stéphanie Champlong, documentaliste, décrit le travail de <strong>diffusion</strong><br />

de <strong>la</strong> Cinémathèque des Pays de Savoie basée à Veyrier-du-Lac : “À<br />

partir des films que nous collectons, nous composons des programmations<br />

thématiques. Elles trouvent parfois leur p<strong>la</strong>ce en avant programme<br />

d’un film de fiction. Il nous arrive aussi très fréquemment<br />

de répondre à des sollicitations extérieures, sur un sujet donné. Il<br />

nous faut alors nous mettre en quête d’images. Nous travaillons beaucoup<br />

en fonction du lieu où nous montrons les films”.<br />

DIFFUSER EN MILIEU RURAL<br />

La prise en compte du contexte local est au cœur du travail<br />

d’Atmosphère 53, association dont le but est de promouvoir un “cinéma<br />

de qualité et de proximité en milieu rural”. “En Mayenne, le réseau<br />

des salles s’est affaibli dans les années 70/80” explique Antoine<br />

Glémain, Président de l’association. “Dans le département, il ne reste<br />

que dix salles, très fragiles, et un seul centre urbain, Laval, où se<br />

trouve un multiplexe (…). Nous travaillons avec les salles existantes<br />

auxquelles nous proposons des programmations hebdomadaires (…)<br />

95% de l’Art et essai diffusé dans le département, c’est nous”.<br />

En plus d’un festival annuel (Reflets du Cinéma), cette association<br />

d’éducation popu<strong>la</strong>ire créée en 1989 organise des séances rencontres<br />

en partenariat avec d’autres structures, des séances pour les personnes<br />

âgées, et elle s’implique dans plusieurs dispositifs d’éducation à<br />

l’image. L’une de ses activités les plus originales consiste à faire<br />

découvrir le documentaire lors de séances en plein air.<br />

“Nous nous appuyons sur 6 conventions avec des communautés de<br />

communes pour programmer 6 séances annuelles en numérique, en<br />

dehors des salles ; <strong>la</strong> moitié d’entre elles est intégrée à <strong>Passeurs</strong> d’images”.<br />

Les films, loués à Documentaire sur grand écran ou auprès des<br />

producteurs (Arte, chaînes de télé), sont choisis sur <strong>la</strong> base de “demandes<br />

locales fortes”.<br />

Antoine Glémain déc<strong>la</strong>re “Quand l’association P<strong>la</strong>nète en fête veut un<br />

film sur le thème du développement durable, nous programmons We<br />

feed the world en numérique avec l’accord du producteur. Quand <strong>la</strong><br />

coordination régionale de <strong>Passeurs</strong> d’images propose une thématique<br />

actions cinéma / audiovisuel projections / 9


LA DIFFUSION__ENQUÊTE<br />

(par exemple “Le portrait” cette année), nous faisons une liste de 15<br />

titres que nous envoyons aux partenaires. Ensuite, nous discutons du<br />

public, de l’animation qui s’ajoutera à <strong>la</strong> séance en plein air (fête,<br />

repas). Nous aimons cette discussion avec les partenaires locaux”. Ces<br />

séances, qui attirent entre 80 et 100 spectateurs en moyenne, ont “un<br />

vrai impact au niveau des très petites communes qui s’intéressent au<br />

documentaire”.<br />

La condition sine qua non de ce travail est l’outil de projection numérique,<br />

dont l’association s’est dotée dans le cadre d’un “P<strong>la</strong>n de <strong>diffusion</strong><br />

numérique en Haute Mayenne” mis en p<strong>la</strong>ce en 2005. Mais,<br />

même si “le numérique représente l’avenir”, Atmosphère 53 n’a pas<br />

vocation à se changer en circuit itinérant numérique et à entrer “en<br />

concurrence avec les salles”. “Nous devons profiter du numérique<br />

pour montrer autre chose que ce qu’elles diffusent” estime Antoine<br />

Gléma in : “des programmes alternatifs, de l’expérimentation”.<br />

LE FESTIVAL, UN ESPACE SPÉCIFIQUE<br />

Il ne se passe pas une semaine sans que ne débute un festival de<br />

cinéma quelque part en France. Par dizaines, ils font rimer <strong>diffusion</strong><br />

avec événement en cib<strong>la</strong>nt des thématiques ou des genres, en se forgeant<br />

une identité, en al<strong>la</strong>nt chercher leur(s) public(s). Pour<br />

Guil<strong>la</strong>ume Marion, délégué général du Festival des trois continents, “il<br />

y a deux types de festivals : ceux qui montrent les films une fois, qui<br />

font du “one shot (un coup), après quoi il ne se passe plus rien ; et ceux<br />

qui réfléchissent à <strong>la</strong> façon de mettre en p<strong>la</strong>ce des programmes complémentaires<br />

de soutien. Il faut servir les films, pas juste s’en servir”.<br />

Depuis 1979, le Festival des trois continents explore les cinémas<br />

d’Afrique, d’Amérique <strong>la</strong>tine et d’Asie. “A<strong>la</strong>in et Philippe Jal<strong>la</strong>deau, ses<br />

Diffusion en milieu rural © Atmosphère 53<br />

fondateurs, s’étaient rendu compte en al<strong>la</strong>nt dans les festivals de<br />

Cannes, Berlin ou Venise, de <strong>la</strong> faible p<strong>la</strong>ce consacrée à ces cinématographies”.<br />

C’est pourquoi, dès ses débuts, <strong>la</strong> manifestation nantaise a<br />

occupé une p<strong>la</strong>ce importante dans le paysage local mais aussi national.<br />

Elle n’a eu de cesse, par <strong>la</strong> suite, de révéler des auteurs majeurs : Hou<br />

Hsiao-Hsien, Tsai Ming Lang ou Abbas Kiarostami. Mais après <strong>la</strong><br />

période des “20 années Découverte”, ainsi que les appelle Guil<strong>la</strong>ume<br />

Marion, l’équipe du festival a éprouvé le besoin d’aider “sur <strong>la</strong> durée”<br />

les cinématographies “fragiles” qu’il défendait. À l’orée des années<br />

2000 sont nées plusieurs actions, dont Produire au Sud, un réseau qui<br />

aide les réalisateurs et les producteurs des pays du Sud à connaître les<br />

méthodes européennes et à leur donner “les clés” de l’autonomie”.<br />

“Le concept a eu un succès fou et nous l’avons exporté sur les trois<br />

continents”. Autre démarche répondant à ce souci “d’accompagnement<br />

en continu” : une fois le festival achevé, l’équipe va (re)faire<br />

auprès des distributeurs <strong>la</strong> promotion des œuvres qui viennent d’y<br />

être présentées. “Ainsi, 9 ou 10 des douze films montrés chaque<br />

année en compétition trouvent les grâces de <strong>la</strong> distribution”.<br />

Guil<strong>la</strong>ume Marion attire cependant l’attention sur le fait que <strong>la</strong> <strong>diffusion</strong><br />

en festival n’a pas que des effets positifs sur les œuvres. “Un festival<br />

peut vider le potentiel commercial d’un film sur une agglomération.<br />

Certains petits films, montrés dans beaucoup de festivals, cessent d’attirer<br />

les distributeurs. Les festivals se sont multipliés, y compris ceux<br />

dédiés à des cinématographies autrefois méconnues”. Cette prolifération<br />

non plus n’a pas que des bons côtés, elle aurait généré le “World<br />

Cinema”, selon Guil<strong>la</strong>ume Marion : des productions “fabriquées pour<br />

p<strong>la</strong>ire dans les festivals, sans identité ni ancrage, remplies de clichés”.<br />

Ce<strong>la</strong> n’empêche pas les festivals de rester des espaces privilégiés.<br />

“Daney voyait dans le critique un “passeur”. C’est pareil pour un festival<br />

: un intermédiaire entre une proposition artistique et un public.<br />

Et, en même temps, une chambre d’écho qui amplifie <strong>la</strong> réception du<br />

film grâce aux médias et grâce à une notion qui reste attachée à celle<br />

de festival : <strong>la</strong> <strong>la</strong>bellisation”.<br />

PETITES TOILES SUR LA GRANDE TOILE<br />

En matière de <strong>diffusion</strong>, Internet a tout révolutionné. Il semble possible<br />

de tout voir et de tout diffuser, d’un point de <strong>la</strong> p<strong>la</strong>nète à l’autre, à<br />

n’importe quel moment. Ce médium a bouleversé le secteur commercial,<br />

pour les spectateurs comme pour les diffuseurs, grâce aux possibilités<br />

du téléchargement, légal ou pirate. Il aussi changé <strong>la</strong> donne<br />

pour les créateurs qui trouvent désormais une fenêtre toujours<br />

ouverte pour leurs œuvres et, au-delà, un public potentiellement illimité.<br />

Ce<strong>la</strong> se vérifie notamment dans le domaine du court métrage.<br />

Les sites qui leurs sont dédiés sont nombreux (voir à ce sujet <strong>la</strong> rubrique<br />

“Internet” de Michel Coulombe dans le magazine Bref). Ils proposent<br />

des films mais aussi des ressources pédagogiques, des liens,<br />

des conseils, permettent à des coopératives de (jeunes) cinéastes de se<br />

faire connaître. Au sein de cet espace de “<strong>diffusion</strong> massive”, il faut,<br />

comme l’explique Philippe Germain de l’Agence du court métrage, trouver<br />

les “sites qui font un travail de médiation, qui sélectionnent les<br />

courts métrages en fonction d’un genres, d’une ligne éditoriale”.<br />

Internet est-il un vrai tremplin “La révolution des crabes est un court<br />

métrage qui a suscité un “buzz” et a eu beaucoup de succès sur le<br />

Web. Au point que son auteur, Arthur de Pins, a pu tirer des copies et<br />

le faire circuler en festival”. À l’Agence du court métrage, qui reçoit 400<br />

courts métrages par an en argentique (et qui s’apprête à faire <strong>la</strong> promotion<br />

l’an prochain des oeuvres tournées en numérique), on se tient<br />

au courant de ce qui se passe sur Internet. Notamment quand des<br />

auteurs envoient des liens vers leur film en ligne. “Mais ce n’est pas<br />

un objet systématique de recherche de nouveaux talents” nuance<br />

Philippe Germain. En outre, le “fantasme de <strong>la</strong> mondialisation et du<br />

plus <strong>la</strong>rge public” que semble assouvir Internet possède selon lui son<br />

revers.<br />

“Des sites comme Dailymotion et You Tube sont des “best-of” de ce<br />

qui s’est fait en matière de courts métrages ces dernières années.<br />

Mais souvent, leurs auteurs ne sont même pas informés de <strong>la</strong> présence<br />

de leur film sur ces sites, qui se protègent en prétendant qu’ils<br />

sont hébergeurs, pas éditeurs, ce qui est faux. Les auteurs, eux, ne perçoivent<br />

aucune rémunération”. Quelle solution à ce problème <br />

“Actuellement, les sites réfléchissent et songent à utiliser <strong>la</strong> publicité”.<br />

Tous les films seront-ils rémunérés à égalité ou en fonction du public<br />

qu’ils attirent Et d’ailleurs, est-ce ce que l’on peut souhaiter de mieux<br />

à un film conçu dans une démarche désintéressée (amateurisme,<br />

recherche artistique), que de finir encadré de publicités <br />

Comment concilier le désir de libre consultation des spectateurs, les<br />

revendications des artistes (droits d’auteurs, mise en valeur des<br />

œuvres diffusées) et les stratégies commerciales des robinets à images<br />

Internet est bien le nouveau terrain où s’affrontent les exigences<br />

contradictoires inhérentes à <strong>la</strong> <strong>diffusion</strong> des œuvres.<br />

DAVID MATARASSO<br />

1. Voir à ce sujet l’article de Cahiers du cinéma N° 624 (juin 2007) : “Montrer les<br />

films autrement”.<br />

10 / projections actions cinéma / audiovisuel


LA DIFFUSION__ENTRETIEN<br />

Un lieu ressource<br />

La vie des films est désormais ponctuée de multiples possibilités de <strong>diffusion</strong>. Après <strong>la</strong> salle de cinéma et/ou le passage sur<br />

les canaux de télévision, les films peuvent trouver une deuxième vie au sein des structures culturelles et des vidéothèques.<br />

Comme le catalogue Images de <strong>la</strong> culture du CNC, les Ateliers de Diffusion Audiovisuelle (ADAV) offrent un catalogue<br />

impressionnant de titres pour des <strong>diffusion</strong>s en toute légalité.<br />

Entretien avec le directeur de l’ADAV, Pascal Brunier.<br />

Projections : Quelle est l’origine des Ateliers de Diffusion<br />

Audiovisuelle <br />

Pascal Brunier : Association loi 1901 créée en 1984 avec le soutien de<br />

plusieurs ministères, l’ADAV était à l’origine un organisme d’étude<br />

subventionné par le Fonds d’Intervention Culturelle. Sa mission<br />

consistait à déterminer s’il était juridiquement et économiquement<br />

viable de mettre en p<strong>la</strong>ce des vidéothèques de prêt au sein du réseau<br />

des bibliothèques publiques. Grâce à <strong>la</strong> Direction du livre, il était déjà<br />

possible d’y emprunter des livres, des CD audio, mais l’image n’était<br />

présente que sur des cassettes 3/4 de pouce en “consultation sur p<strong>la</strong>ce”.<br />

Dès <strong>la</strong> fin de l’année 1985, une trentaine de vidéothèques de prêt<br />

furent ainsi créées et l’association se transforma en centrale d’achat de<br />

programmes audiovisuels visant à valoriser les œuvres du patrimoine<br />

audiovisuel et cinématographique, à favoriser leur <strong>diffusion</strong> dans les<br />

réseaux culturels ou éducatifs, notamment celui des bibliothèques et<br />

à générer de nouvelles pratiques liées au standard vidéo.<br />

La nouvelle mission de cette association consista à négocier les droits<br />

d’usage des productions audiovisuelles auprès des détenteurs de<br />

droits, ainsi qu’à contacter divers producteurs de programmes non<br />

édités, pour concevoir avec eux des éditions exclusivement réservées<br />

aux réseaux culturels. Un premier catalogue de 250 titres fut alors<br />

conçu et proposé aux bibliothécaires afin de composer les fonds des<br />

premières vidéothèques.<br />

Projections : Quels sont les différents usages des documents<br />

audiovisuels au sein des bibliothèques <br />

PB : En France, il y a deux registres différents concernant l’utilisation<br />

des objets audiovisuels dans les médiathèques. Le “Prêt gratuit individuel<br />

- Cercle de famille” qui offre <strong>la</strong> possibilité d’emprunter un DVD<br />

pour le regarder chez soi et <strong>la</strong> “consultation sur p<strong>la</strong>ce” qui permet de<br />

visionner un film, seul ou à plusieurs au sein même de <strong>la</strong> bibliothèque<br />

à condition que l’établissement ne fasse aucune publicité extérieure<br />

et que <strong>la</strong> projection ne s’inscrive pas dans le cadre d’une programmation.<br />

Projections : Quels sont les réseaux culturels ou institutionnels,<br />

autres que les bibliothèques publiques, auxquels vous vous<br />

adressez <br />

PB : Nous travaillons avec l’Education Nationale ou encore le réseau<br />

des ambassades du ministère des affaires étrangères.<br />

Nous col<strong>la</strong>borons aussi avec de nombreuses structures du tissu socioéducatif<br />

ou socioculturel susceptibles de générer une activité équivalente<br />

à celle des bibliothèques : musées, associations dotées d’une<br />

vidéothèque, pratiquant le prêt gratuit de DVD ou offrant un service<br />

de consultation sur p<strong>la</strong>ce. Aujourd’hui, notre réseau comprend plus<br />

de 6000 organismes culturels ou éducatifs.<br />

actions cinéma / audiovisuel projections / 11


LA DIFFUSION__ENTRETIEN<br />

Projections : De combien de catalogues disposez-vous <br />

PB : Les deux principaux sont le Catalogue Général consacré aux<br />

œuvres réservées au “Prêt individuel” et le Catalogue Consultation<br />

disponibles en version papier, mais aussi en ligne et sur CD-Rom.<br />

Projections : Comment choisissez-vous les films qui composent<br />

vos catalogues <br />

PB : Outre le fait de référencer l’ensemble des titres disponibles dans<br />

l’édition commerciale, nous col<strong>la</strong>borons avec un peu plus de 300 producteurs<br />

“en direct” avec lesquels nous réalisons des éditions réservées<br />

aux réseaux culturels, principalement des œuvres de court<br />

métrage, du documentaire de création, des programmes possédant<br />

un intérêt éducatif ou culturel qu’on trouve rarement dans l’édition<br />

commerciale. Tous les mois, nous sortons entre 100 et 150 titres<br />

exclusivement distribuées par l’ADAV. Grâce à cette politique, notre<br />

catalogue dépasse aujourd’hui les 53.000 références et se compose de<br />

milliers de titres qu’on ne trouve nulle part ailleurs.<br />

Projections : Pour certains réalisateurs vous devenez donc presque<br />

l’unique support de <strong>diffusion</strong>, <strong>la</strong> seule source de gains <br />

PB : L’ADAV reste une structure au service des réseaux culturels, mais<br />

certains réalisateurs et producteurs d’œuvres audiovisuelles comptent<br />

effectivement sur les remontées de recettes, loin d’être négligeables,<br />

qui découlent de notre travail de <strong>diffusion</strong>. Par ailleurs, lorsqu’un film<br />

a “usé” son potentiel de <strong>diffusion</strong> sur les chaînes de télévision, le<br />

réseau de <strong>diffusion</strong> de l’ADAV peut lui offrir une seconde vie.<br />

Projections : Pourquoi avoir créé une deuxième structure comme<br />

l’ADAV Europe distribution <br />

PB : Depuis quelques années, certains évènements culturels nationaux<br />

comme “La fête de <strong>la</strong> musique”, “Lire en fête” ou des manifestations<br />

telle que “Le mois du film documentaire”, poussent les bibliothèques<br />

à organiser des projections au sein même de l’établissement,<br />

à imaginer de véritables programmations avec édition de tracts et<br />

publicité extérieure.<br />

Ce type d’activité culturelle procède d’un mode d’utilisation de l’œuvre<br />

audiovisuelle qui ne correspond plus au registre de <strong>la</strong> consultation<br />

sur p<strong>la</strong>ce. Sur le p<strong>la</strong>n juridique, cette proposition audiovisuelle ne<br />

relève plus d’un droit attaché au support, mais du cadre légis<strong>la</strong>tif<br />

entourant toute séance de projection publique non commerciale.<br />

La mission de l’ADAV est avant tout de vendre des supports avec des<br />

“droits vidéo” qui leur sont attachés, droits concernant le prêt gratuit<br />

ou <strong>la</strong> consultation sur p<strong>la</strong>ce. Avant <strong>la</strong> création de l’ADAV Europe distribution,<br />

nous n’avions donc pas les droits pour offrir l’accès à ce type<br />

de services et les bibliothèques négociaient directement auprès des<br />

producteurs <strong>la</strong> possibilité de faire une projection publique accompagnée<br />

de publicité moyennant une somme comprise entre 100 et 150<br />

euros par projection.<br />

Face aux nombreuses demandes et à l’importance prise par “Le mois<br />

du film documentaire”, en 2006, avec quelques producteurs, nous<br />

avons donc décidé de créer une nouvelle structure dotée d’un site<br />

Internet et d’un catalogue spécifique. Sa tâche consiste à permettre<br />

aux bibliothèques ou aux associations de louer sur une séance unique<br />

un droit de projection publique non commerciale à partir d’un support<br />

DVD.<br />

Cette nouvelle structure s’adresse essentiellement aux réseaux traditionnels<br />

de l’ADAV que sont les médiathèques, l’Education nationale,<br />

mais elle s’adresse aussi à tous organismes hors réseau ayant une<br />

activité audiovisuelle à but non lucratif. Il peut s’agir d’une municipalité<br />

qui envisage de programmer des documentaires sur <strong>la</strong> nouvelle<br />

cuisine dans le cadre d’une manifestation qu’elle organise autour de<br />

<strong>la</strong> “semaine du goût” ou d’une association qui souhaite faire une projection<br />

publique au sein d’un hommage consacrée à Jules Verne.<br />

Projections : Le catalogue de l’ADAV Europe Projection est-il aussi<br />

vaste que ceux de l’ADAV <br />

PB : Il est beaucoup plus réduit. Après presque un an d’activité il se<br />

compose d’environ 1.000 titres. Il contient essentiellement des documentaires<br />

de création, mais comprend tout de même quelques<br />

grands c<strong>la</strong>ssiques du patrimoine cinématographique, les longs métrages<br />

de Chaplin, de François Truffaut.<br />

Projections : Tous les films présents dans les médiathèques sontils<br />

forcément issus des catalogues de l’ADAV <br />

PB : Non, plusieurs fournisseurs interviennent sur ce réseau.<br />

Pourtant, nous restons son principal distributeur grâce à <strong>la</strong> taille de<br />

notre catalogue et à <strong>la</strong> nature des services que nous offrons. En termes<br />

de fourniture de programmes nous travaillons avec un peu plus de<br />

60% des réseaux culturels et éducatifs.<br />

Projections : Quels sont vos liens avec les divers dispositifs d’éducation<br />

à l’image <br />

PB : Depuis l’origine, nous sommes des militants de l’éducation à<br />

l’image. Nous avons négocié les droits de consultation sur p<strong>la</strong>ce de<br />

nombreux films pour les opérations Ecole, Collège et Lycéen au<br />

cinéma, afin de permettre aux enseignants de faire l’acquisition de<br />

titres et de travailler avec leurs élèves après les projections en salle. De<br />

même, nous agissons au niveau des actions de sensibilisation au droit<br />

audiovisuel en assurant des formations dans des bibliothèques où<br />

nous enseignons <strong>la</strong> pédagogie des usages propres aux documents<br />

audiovisuels.<br />

Projections : Vous avez donc dépassé le statut de pure centrale<br />

d’achat.<br />

PB : Nous sommes effectivement devenu un véritable lieu ressources<br />

au service des réseaux culturels et éducatifs. Outre les divers catalogues<br />

que nous mettons à leur disposition, une revue trimestrielle leur<br />

propose de découvrir les dernières acquisitions de l‘association, d’accéder<br />

à des commentaires sur les oeuvres qu’elle diffuse ou encore de<br />

lire divers entretiens. Notre site Internet riche de multiples rubriques<br />

présente plus de 6.000 fiches composées d’articles de presse et d’informations<br />

sur les films, ainsi qu’un e-news magazine de 20 à 25<br />

pages actualisé tous les débuts de mois et téléchargeable par les<br />

médiathèques. Elles peuvent entre autres y trouver des “éc<strong>la</strong>irages”<br />

sur les films qu’il nous semble important de référencer dans un fond<br />

audiovisuel ainsi qu’une “thémathèque”. Chaque mois, cette rubrique<br />

propose deux nouvelles thématiques accompagnées de suggestions<br />

de films disponibles sur le “Catalogue Consultation”. Elles forment<br />

autant de sujets mis à <strong>la</strong> disposition des bibliothécaires pour organiser<br />

des rencontres avec leur public.<br />

Ainsi, nos divers espaces de communication offrent à nos partenaires<br />

des réseaux culturels et éducatifs de véritables outils adaptés à leurs<br />

besoins et susceptibles de les aider à étoffer leurs fonds audiovisuels,<br />

à imaginer des programmations, à susciter des rencontres.<br />

Contact ADAV : www.adav-assoc.com<br />

ENTRETIEN RÉALISÉ PAR DAVID MATARASSO<br />

ET RETRANSCRIT PAR JEAN-MARC GÉNUITE<br />

12 / projections actions cinéma / audiovisuel


LA DIFFUSION__EXPÉRIENCE<br />

Cinéma numérique ambu<strong>la</strong>nt<br />

Lorsque <strong>la</strong> technique vient à <strong>la</strong> rescousse du rapprochement des cinéastes africains et des publics popu<strong>la</strong>ires d’Afrique !<br />

Certains ont du mal à imaginer que bien avant les salles, dans le monde<br />

entier, le cinéma se dép<strong>la</strong>çait aussi là où le plus grand nombre pouvait<br />

le voir. Il se faisait en plein air, dans de nombreux lieux, de villes en villes.<br />

On pouvait avec raison affirmer que c’était un art popu<strong>la</strong>ire.<br />

Mais l’industrie cinématographique a révélé des stars et généré tellement<br />

d’argent qu’il s’est embourgeoisé et avec lui, ses modes de <strong>diffusion</strong>.<br />

La salle capitonnée s’est imposée au dépend des aires aménagées.<br />

Le cinéma, tout en demeurant objet de distraction est devenu<br />

intimiste, réservé. On y va en groupe, mais le p<strong>la</strong>isir est personnel,<br />

rarement partagé, alors que jadis, c’est autant le film, que les distractions<br />

autour qui attiraient les gens.<br />

porno et autres productions sirupeuses en VHS tout droit débarquées<br />

de l’Inde ou d’Egypte.<br />

Le matériel numérique, ses coûts de moins en moins exorbitants et<br />

une manipu<strong>la</strong>tion très simple, est venu sauver <strong>la</strong> mise. Le cinéma a<br />

de nouveau droit de cité en plein air et sur grand écran. Mieux, on<br />

peut même aller à <strong>la</strong> rencontre des popu<strong>la</strong>tions dans les contrées lointaines.<br />

Là où les gens étaient, de fait, exclus du monde des films.<br />

C’est dans cette mouvance, que s’est créé le CNA “Cinéma<br />

Numérique Ambu<strong>la</strong>nt”. L’association est soutenue par une centaine<br />

d’adhérents issus en grande partie des professions du cinéma et de<br />

l’audiovisuel. Son objectif est d’installer dans plusieurs<br />

pays d’Afrique noire, des structures mobiles<br />

de projection de film pouvant fonctionner<br />

dans les régions enc<strong>la</strong>vées.<br />

Si l’association “mère” est basée à Maisons-Alfort<br />

dans le Val-de-Marne, c’est au Bénin que <strong>la</strong> première<br />

structure opérationnelle CNA a vu le jour<br />

en 2001. Après avoir bénéficié de subventions de<br />

l’Union européenne, <strong>la</strong> deuxième structure CNA<br />

a vu le jour au Niger l’année d’après. D’années en<br />

années, le CNA a favorisé <strong>la</strong> création d’autres<br />

structures légères utilisant <strong>la</strong> technologie numérique<br />

au Mali et au Burkina-Faso. À ce jour, il<br />

existe cinq associations de droit local qui gèrent<br />

neuf cinémas ambu<strong>la</strong>nts.<br />

Chaque unité, composée de trois personnes, est<br />

équipée d’un véhicule, d’un groupe électrogène<br />

silencieux, d’un lecteur DVD, d’un vidéoprojecteur,<br />

d’un écran de 4 x 3 mètres, d’une sono et<br />

d’un fonds de films africains de fiction et de<br />

documentaire.<br />

Depuis 2001, plus de 3000 séances ont été organisées<br />

pour plusieurs millions de spectateurs<br />

dans une centaine de vil<strong>la</strong>ge.<br />

CNA au Niger © Meyer/Tendance Floue<br />

Il n’était pas rare de voir des spectateurs s’adonner allègrement à des<br />

commentaires en même temps que <strong>la</strong> projection du film. Tout ce<strong>la</strong><br />

faisait du cinéma, un art popu<strong>la</strong>ire, proche des gens.<br />

Ce moyen de <strong>diffusion</strong> aisé a suscité des envies.<br />

Afin de se protéger et de se conformer à <strong>la</strong> légis<strong>la</strong>tion<br />

très stricte de <strong>la</strong> <strong>diffusion</strong> cinématographique<br />

et plus <strong>la</strong>rgement audiovisuelle même dans<br />

les contrées les plus reculées, les équipes du CNA<br />

se penchent sur <strong>la</strong> création d’un “consortium”<br />

CNA Afrique, avec l’établissement d’une charte. De cette manière, ils<br />

se distingueront de tants d’émules souvent peu scrupuleux en<br />

matière de droit d’auteurs.<br />

Alors que l’on croyait le cinéma ambu<strong>la</strong>nt uniquement réservé aux<br />

zones de relégation, voire disparu des villes, voici qu’il réapparaît. De<br />

nouvelles initiatives ambu<strong>la</strong>ntes voient le jour grâce à <strong>la</strong> technologie<br />

du numérique.<br />

En Afrique noire où <strong>la</strong> plupart des grands temples cinématographiques<br />

situés à proximité des grandes zones urbaines ont été investis<br />

pour des pratiques bassement cultuelles, les amoureux du cinéma,<br />

plutôt que d’engager une résistance contre <strong>la</strong> star aux pieds nus<br />

cloués, se sont résignés, opérant quasi c<strong>la</strong>ndestinement avec des téléviseurs.<br />

Là encore, le numérique est venu à <strong>la</strong> rescousse d’un cinéma timbre<br />

poste qui a généré <strong>la</strong> prolifération de cassettes de films de karaté, de<br />

Avec l’arrivée du CNA, c’est toute une vitalité qui est amenée car c’est<br />

souvent l’occasion de faire <strong>la</strong> fête au vil<strong>la</strong>ge. Les projections sont précédées<br />

d’animations diverses (contes, danses folkloriques). C’est également<br />

le bon moment pour sensibiliser les popu<strong>la</strong>tions sur des questions<br />

sanitaires ou sociales. Les premiers films projetés sont souvent<br />

des documentaires, soigneusement choisis par chaque équipe en<br />

fonction de l’actualité ou des préoccupations exprimées par les représentants<br />

locaux. À <strong>la</strong> nuit tombée, <strong>la</strong> projection d’un long métrage<br />

africain ponctue <strong>la</strong> soirée.<br />

En Afrique noire, avec le numérique, le cinéma redevient vraiment<br />

popu<strong>la</strong>ire !<br />

Contact CNA : www.c-n-a.org<br />

PARFAIT DOUDY<br />

actions cinéma / audiovisuel projections / 13


LA DIFFUSION__ENTRETIEN<br />

Diffusion alternative,<br />

contre <strong>la</strong> pensée unique <br />

Communauté de collectifs engagés sur le front de <strong>la</strong> <strong>diffusion</strong> culturelle dite alternative, Co-errances est une de ces<br />

structures considérées “d’utilité sociale”, mais dont l’avenir reste des plus incertains. Christine Chapin, l’une de ses<br />

sa<strong>la</strong>riés, dévoile les multiples facettes d’une politique de <strong>diffusion</strong> faite de rencontres et d’engagements, animée par<br />

le désir de soutenir de véritables projets de société.<br />

Edvard Munch, <strong>la</strong> danse de <strong>la</strong> vie de Peter Watkins<br />

Projections : Pourriez-vous évoquer <strong>la</strong> création de <strong>la</strong> coopérative <br />

Quel en est le mode de fonctionnement L’esprit <br />

Christel Chapin : Co-errances est un lieu d’expérimentation rattaché<br />

au champ de l’économie sociale et solidaire qui s’est constitué en<br />

Société Coopérative d’Intérêt Collectif en janvier 2003 en réunissant<br />

une quinzaine de collectifs. Venus du domaine de l’édition, livres et<br />

revues et de <strong>la</strong> production de films documentaires, ces collectifs partageaient<br />

certaines idées sur <strong>la</strong> <strong>diffusion</strong> culturelle et restaient très<br />

attachés à des contenus portés par un engagement social fort ou à des<br />

formes exigeantes.<br />

Notre objectif était de créer un outil de <strong>diffusion</strong> pour ces œuvres et<br />

progressivement d’imaginer des évènements, des rencontres qui rendent<br />

visibles sur <strong>la</strong> scène publique les questionnements inhérents à<br />

notre conception de <strong>la</strong> <strong>diffusion</strong> et de <strong>la</strong> distribution culturelles. Nous<br />

y sommes assez bien parvenus les deux premières années avec <strong>la</strong><br />

mise en p<strong>la</strong>ce de toute une logique d’accompagnement pour soutenir<br />

<strong>la</strong> <strong>diffusion</strong> des productions de <strong>la</strong> coopérative.<br />

Conformément au statut propre à toute société coopérative d’intérêt<br />

collectif, Co-errances s’est organisée en Collèges qui permettent de<br />

répartir les pouvoirs. La coopérative se compose d’un Collège texte,<br />

d’un Collège image et d’un Collège son qui fonctionnent en groupes<br />

de réflexions au sein desquels sont abordés divers sujets comme <strong>la</strong><br />

pertinence de l’adhésion de tel ou tel collectif à <strong>la</strong> coopérative.<br />

Projections : Est-il possible de définir <strong>la</strong> ligne éditoriale ou une<br />

politique qui caractériserait <strong>la</strong> coopérative et sa conception de <strong>la</strong><br />

<strong>diffusion</strong> Existe-t-il un imaginaire commun aux différents collectifs<br />

qui <strong>la</strong> composent <br />

CC : La coopérative regroupe une mixité d’approches, de formes et de<br />

points de vue qui donnent lieu à de nombreuses discussions au sein<br />

des Collèges. C’est un espace alternatif dont les membres<br />

revendiquent des pratiques fort différentes pour s’opposer à <strong>la</strong><br />

logique économique dominante, depuis <strong>la</strong> volonté d’éditer des<br />

publications sans publicité, jusqu’au refus de toutes subventions<br />

publiques.<br />

Cependant, les collectifs qui s’y retrouvent ont des principes<br />

communs. Ainsi, le développement des activités rattachées à<br />

leurs productions intellectuelles a toujours été un enjeu primordial<br />

pour l’ensemble des membres de Co-errances et ce,<br />

avant même sa création.<br />

Projections : Cette manière de penser <strong>la</strong> <strong>diffusion</strong> va de<br />

pair avec l’affirmation d’un engagement pédagogique.<br />

CC : Notre conception de <strong>la</strong> <strong>diffusion</strong> est portée par <strong>la</strong><br />

volonté de provoquer des rencontres autour d’un contenu,<br />

de confronter nos propres réflexions avec celles des autres, qu’il<br />

s’agisse de collectifs ou du public d’une salle de cinéma.<br />

La coopérative n’a donc cessé de s’interroger sur les modes d’accompagnement<br />

des œuvres et d’imaginer des outils pédagogiques<br />

adaptés.<br />

Projections : C’est vraiment l’aspect singulier du travail de <strong>diffusion</strong><br />

de Co-errances : ce n’est pas uniquement l’œuvre diffusée qui<br />

importe mais le genre de rencontres qu’elle suscite.<br />

CC : Nous essayons de générer une sorte de “mouvement vivant”<br />

autour des diverses productions, d’impulser des dynamiques avec des<br />

partenaires très différents.<br />

Projections : Dans quels types de lieux avez-vous projeté les films<br />

distribués par <strong>la</strong> coopérative <br />

CC : Dans l’ensemble, les salles d’Art et essai du réseau AFCAE ont<br />

été de bons partenaires. Mais nous avons aussi travaillé avec des associations<br />

dans des lieux aussi différents qu’une salle des fêtes, un<br />

squat, ou une grange, n’importe quel lieu couvert où l’on pouvait installer<br />

un vidéo projecteur.<br />

Projections : Les salles de cinéma ont-elles manifesté une certaine<br />

réticente par rapport au support DVD <br />

CC : Au départ, en 2004, lorsque nous avons sorti Pas assez de volume,<br />

le film de Vincent Glenn sur l’Organisation Mondiale du Commerce,<br />

elles n’étaient pas très enthousiastes à l’idée de projeter des documentaires<br />

sur support vidéo. Pourtant, <strong>la</strong> politique de programmation des<br />

salles vis-à-vis du film documentaire évoluant, elles sont peu à peu<br />

devenues de véritables partenaires pour <strong>la</strong> coopérative.<br />

En outre, <strong>la</strong> re-sortie en salle d’Edvard Munch, <strong>la</strong> danse de <strong>la</strong> vie (2005)<br />

14 / projections actions cinéma / audiovisuel


LA DIFFUSION__ENTRETIEN<br />

de Peter Watkins a été l’occasion de montrer aux exploitants<br />

que nous pouvions également distribuer un film sur support<br />

pellicule et que sortir des films en numérique n’était pas une<br />

“posture documentaire”, mais <strong>la</strong> simple manifestation d’un<br />

manque de moyens pour les faire “gonfler” en 35 mm. Par <strong>la</strong><br />

suite, ils nous ont souvent suivi sur des projets assez difficiles<br />

comme Désentubage cathodique (2005), documentaire en<br />

numérique qui a très bien été reçu par le public et qui continue<br />

à “marcher” dans les salles de cinéma.<br />

Projections : Pensez-vous que cette façon d’envisager <strong>la</strong> <strong>diffusion</strong><br />

ait un avenir <br />

CC : Aujourd’hui, les changements technologiques en cours mettent<br />

en péril toute cette dynamique de <strong>diffusion</strong> à l’économie fragile constituée<br />

autour des petits films documentaires réalisés en numérique.<br />

Pour l’instant peu de salles avec lesquelles nous col<strong>la</strong>borons ont adopté<br />

les nouvelles normes technologiques, mais ce<strong>la</strong> risque d’aller très vite.<br />

Projections : Les salles vont devoir s’équiper avec des projecteurs<br />

2K si elles veulent continuer à faire ce type de projections. Aurezvous<br />

les moyens de vous adapter <br />

C.C. : Si cette nouvelle norme s’impose, nous n’aurons probablement<br />

pas les moyens de nous y conformer.<br />

Projections : La re-sortie d’Edvard Munch a-t-elle eu d’autres<br />

conséquences pour <strong>la</strong> coopérative <br />

CC : Récemment j’ai reçu une invitation pour l’exposition “La lumière<br />

nuit” de Valère Novarina, dont le titre traduit assez bien les multiples<br />

conséquences de cette couverture journalistique. La trop grande visibilité<br />

médiatique a littéralement “brouillé” <strong>la</strong> perception des enjeux. Il<br />

y a eu une énorme médiatisation autour de l’Auteur Watkins, et peu<br />

d’intérêt pour sa façon d’envisager le cinéma et le propos de son film.<br />

Ce traitement médiatique n’a pas convenu au cinéaste. Son entourage<br />

nous a reproché de l’avoir mal contrôlé, ce qui fut à l’origine du conflit<br />

avec <strong>la</strong> famille Watkins très préjudiciable pour l’équilibre économique<br />

de <strong>la</strong> structure.<br />

Projections : Ne croyez-vous pas qu’avec ce film, et <strong>la</strong> manière de<br />

le diffuser, Co-errances soit sortie de son champ d’action Quel<br />

était le projet de <strong>la</strong> coopérative Envisagiez-vous en assurant <strong>la</strong><br />

promotion de ce film culturellement “porteur” d’échapper à <strong>la</strong><br />

marginalité sociale <br />

CC : Pour l’équipe de Co-errances, <strong>la</strong> <strong>diffusion</strong> de ce film n’était pas<br />

une fin en soi, elle ne faisait qu’initier un projet ambitieux à mener<br />

sur le long terme. Par <strong>la</strong> suite, nous souhaitions sortir La Commune<br />

dans sa version longue et travailler à <strong>la</strong> <strong>diffusion</strong> de l’ensemble de <strong>la</strong><br />

filmographie du cinéaste. C’est ainsi que parallèlement à <strong>la</strong> re-sortie<br />

de Munch, nous avions déjà commencé à envisager <strong>la</strong> distribution de<br />

son film Le Voyage, long métrage inédit de 14 heures. La rupture avec<br />

Peter Watkins a mis un terme à ce vaste projet.<br />

Nous étions animés par <strong>la</strong> volonté de rendre culturellement visibles<br />

certaines œuvres cantonnées à <strong>la</strong> marge, par le désir de présenter de<br />

riches imaginaires totalement invisibles.<br />

Projections : Il est toujours difficile de faire “exister” <strong>la</strong> marge sans<br />

être condamné à <strong>la</strong> marginalité. La question n’est-elle pas aussi de<br />

savoir quels contenus peuvent être considérés comme alternatifs <br />

Il n’y a pas forcément adéquation entre une démarche de <strong>diffusion</strong><br />

alternative et contenus alternatifs. Par exemple, qualifieriezvous<br />

les documentaires de Pierre Carles d’alternatifs <br />

CC : Savoir si les films de Pierre Carles sont alternatifs ou pas importe<br />

peu. Pour nous, ce documentariste fait partie de cette communauté de<br />

gens à <strong>la</strong>quelle nous avons essayé de nous associer, dont le travail s’attache<br />

à mettre en évidence un certain nombre de réalités politiques et<br />

sociales. La découverte de son documentaire Pas vu, pas pris (1998) a<br />

constitué un moment important dans mon propre itinéraire. Dans un<br />

contexte d’offensive contre les médias, sa <strong>diffusion</strong> a coïncidé avec <strong>la</strong><br />

publication de l’ouvrage Les nouveaux chiens de garde (1997) de<br />

Serge Halimi. Autant de rencontres qui ont participé à m’ouvrir les<br />

yeux sur un certain nombre d’enjeux médiatiques et m’ont décidé à<br />

m’impliquer dans le champ de <strong>la</strong> <strong>diffusion</strong> culturelle.<br />

Projections : Pourquoi Co-errances ne diffuse pas dans les magasins<br />

de <strong>la</strong> FNAC <br />

CC : Il s’agit de défendre les petits éditeurs et les petits lieux de <strong>diffusion</strong>.<br />

Depuis l’origine, nous tentons de rendre visible tous lieux défendant<br />

<strong>la</strong> diversité éditoriale, d’inviter le maximum de gens à les découvrir et<br />

à les soutenir. Cette démarche ne vise pas à imposer une pensée gauchiste<br />

au reste du monde, nous voulons simplement rappeler que si<br />

nous ne sommes pas vigi<strong>la</strong>nts, il n’y aura plus aucune p<strong>la</strong>ce pour les<br />

petits éditeurs et les formes de pensées alternatives au sein de l’espace<br />

public.<br />

Aujourd’hui, <strong>la</strong> situation est devenue si préoccupante que le monde<br />

de l’édition avançant le concept de “bibliodiversité” affirme que son<br />

existence est en danger. Nous courons effectivement le risque que<br />

tous les lieux de <strong>diffusion</strong> se ressemblent et nous imposent les<br />

mêmes contenus, une “pensée unique”.<br />

ENTRETIEN RÉALISÉ PAR DAVID MATARASSO ET JEAN-MARC GÉNUITE<br />

PROPOS RETRANSCRITS PAR JEAN-MARC GÉNUITE<br />

Contacts Co-errances : www.co-errances.org<br />

Pas assez de volume de Vincent Glenn<br />

actions cinéma / audiovisuel projections / 15


L’IMAGE ET VOUS__REGARD SUR<br />

YEFF! France 2007<br />

YEFF! 2007 (Young European Film Forum for cultural diversity) s’est déroulé en juin dans sept régions françaises et en<br />

juillet, à Marly-le-Roi. Après Berlin en 2005, il s’agissait une nouvelle fois d’associer deux ambitions : permettre à des<br />

jeunes de différents pays d’Europe de se rencontrer et d’échanger, tout en leur offrant un apprentissage de l’image à<br />

travers <strong>la</strong> réalisation de films, des projections et des ateliers animés par des professionnels.<br />

Retour sur cette édition et sur les réflexions qu’elle suscite.<br />

Image(s) d’Europe<br />

Née des cendres de <strong>la</strong> seconde guerre mondiale et de <strong>la</strong> volonté de quelques<br />

Etats d'éviter un nouveau conflit meurtrier sur le continent,<br />

l'Europe dans sa forme moderne fut à l'origine essentiellement conçue<br />

comme un territoire d'échange économique au sein duquel chaque<br />

Etat membre entendait conserver sa complète souveraineté nationale.<br />

Dès lors l'Europe s'engagea dans un processus d'expansion, au<br />

rythme de multiples mues, de <strong>la</strong> rédaction de nombreux traités, de<br />

l'intégration de nouveaux membres, de l'adoption d'une monnaie<br />

unique, tout en se dotant d'institutions visant à réguler et à assurer<br />

“l'harmonisation” de son fonctionnement intérieur.<br />

Tandis que le champ culturel relevait essentiellement de <strong>la</strong> compétence<br />

des Etats nations, <strong>la</strong> France défendant même dans les<br />

années 90 le concept “d'exception culturelle”, affirmant le statut singulier<br />

des objets culturels, ces “marchandises (pas) comme les autres”<br />

selon les mots de Jacques Delors.<br />

projections<br />

actions cinéma / audiovisuel<br />

TRIMESTRIEL<br />

REVUE SUR L’ÉDUCATION À L’IMAGE ET L’ACTION CULTURELLE CINÉMATOGRAPHIQUE<br />

Abonnez-vous<br />

15 euros pour 4 n os<br />

Abonnement : ❑ 15 Euros - Ré-abonnement : ❑ 15 Euros<br />

Abonnement de soutien : ❑ 30 Euros ❑ 50 Euros ❑ +<br />

Joindre un chèque libellé à l’ordre de KYRNEA International<br />

Nom / Prénom ................................................................................................<br />

Structure ..........................................................................................................<br />

Adresse ............................................................................................................<br />

Code postal ................................................. Ville ..........................................<br />

Tél. : .............................................................. Fax :...........................................<br />

Mail :.................................................................................................................<br />

À retourner à : Kyrnea International - 80, rue du Faubourg Saint-Denis - 75010 Paris<br />

Aujourd'hui, l'Europe entre dans une période majeure de son histoire<br />

où <strong>la</strong> question culturelle se repose de manière insistante à cette “région<br />

continentale” traversée de multiples interrogations sur son devenir<br />

identitaire. Alors que 2008 s'annonce comme l’“année européenne du<br />

dialogue interculturel”, il reste toujours aussi difficile d'avancer des<br />

principes, des valeurs aux noms desquels se “sentir” Européen.<br />

Au-delà de <strong>la</strong> volonté politique affichée par les Etats membres de faire<br />

exister l'Europe comme un territoire économique et politique et<br />

nonobstant les programmes culturels de coopération de plus en plus<br />

nombreux initiés et financés par les institutions bruxelloises, qu'en<br />

est-il réellement de <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion des peuples à l'idée même d'Europe <br />

Certes, certains intellectuels appellent de leurs vœux l'émergence<br />

d'une “citoyenneté européenne”, voire d'une “démocratie européenne”,<br />

mais peut-on réellement considérer qu'il existe un imaginaire<br />

propre à susciter le sentiment d'une appartenance à une entité<br />

territoriale trans-nationale, à générer ce que d'aucun nomme une<br />

“conscience européenne” <br />

L'Europe a-t-elle un avenir si elle ne parvient pas à entraîner les peuples<br />

sur les voies de son évolution, si elle n'arrive pas à s'imposer<br />

comme véritable enjeu, comme espace identitaire commun dont <strong>la</strong><br />

forme resterait à imaginer, à façonner <br />

N'est-ce pas de l'échange culturel entre les peuples que peut advenir<br />

une Europe conçue comme “communauté imaginée” , comme<br />

“espace culturel” qui s'inventerait progressivement en intégrant chaque<br />

peuple dans le respect de ses différences <br />

Quelle est <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce de <strong>la</strong> création artistique et audiovisuelle ainsi que<br />

de l'éducation à l'image dans l'é<strong>la</strong>boration et l'animation d'un tel projet<br />

communautaire <br />

Les films réalisés par les jeunes Européens autour de “<strong>la</strong> diversité culturelle”<br />

témoignent-ils, au-delà de leurs polyphonies métissées, d'un<br />

mouvement identitaire commun Révèlent-ils un “motif européen”<br />

qui dépasserait le cadre des imaginaires nationaux et au sein duquel<br />

de nombreux jeunes trouveraient à se projeter, parviendraient à se<br />

“reconnaître” Les productions audiovisuelles diffusées dévoilentelles<br />

un imaginaire commun ou au contraire sont-elles traversées de<br />

différences irréductibles Manifestent-elles des préoccupations sociales<br />

et artistiques communes Des constantes thématiques se dégagent-elles<br />

de l'ensemble des films projetés <br />

La manifestation YEFF dans les perspectives qu'elle ouvre et le panorama<br />

audiovisuel qu'elle propose ne s'offre-t-elle pas comme un de<br />

ces espaces où peuvent se rencontrer et s'exposer les images d'une<br />

Europe qui se pense et se représente à elle-même dans sa multiplicité<br />

humaine, sa diversité culturelle <br />

Un de ces lieux de confrontation où se croisent image de soi et mise<br />

en scène de l'autre et qui visent à cultiver dans des actions et des productions<br />

culturelles l'idée même d'une “conscience européenne” à<br />

nourrir, à composer, à renouveler <br />

JEAN-MARC GÉNUITE<br />

16 / projections actions cinéma / audiovisuel


L’IMAGE ET VOUS__REGARD SUR<br />

Tournage à Lille de Colour Phobia<br />

Films sans frontières<br />

De cette deuxième édition de YEFF!, on retient d'abord l'enthousiasme<br />

des participants venus de onze pays : Allemagne, Belgique,<br />

Espagne, France, Grande-Bretagne, Italie, Pays-Bas, Pologne,<br />

Portugal, Slovénie, Suède. Ces jeunes de 17 à 25 ans attendaient beaucoup<br />

de ce Forum et étaient porteurs de multiples motivations ; désir<br />

de découvrir d'autres cultures, de comparer les réalités sociales de son<br />

pays avec celle du pays voisin (Djamal, 16 ans, Belgique) ; envie de<br />

“voir les films que d'autres jeunes avaient pu tourner avant YEFF!,<br />

professionnels ou non, et d'en débattre” (Malgorzata, Pologne, 20<br />

ans) ; volonté d'acquérir “des connaissances en suivant les ateliers”<br />

(Arnout, 23 ans, Belgique). Sans parler, tout simplement, de l'envie de<br />

faire des rencontres.<br />

CIRCULATIONS<br />

De prime abord, <strong>la</strong> barrière des <strong>la</strong>ngues apparaît comme le principal<br />

écueil d'un tel projet. Dans les faits, elle est assez vite surmontée. Si<br />

certains ne parlent pas ang<strong>la</strong>is, d'autres sont bilingues et assurent <strong>la</strong><br />

traduction dans les groupes. Et puis, comme le faisait observer<br />

Malgorzata, “le fait de ne pas partager <strong>la</strong> même <strong>la</strong>ngue oblige justement<br />

à trouver des choses en commun”.<br />

En plus de ne pas parler <strong>la</strong> même <strong>la</strong>ngue, les jeunes réunis à YEFF!<br />

ne partagent pas le même degré de connaissance en matière <strong>d'images</strong>,<br />

de pratique et de théorie cinématographique. Certains ont déjà<br />

signé un ou plusieurs films. D'autres ont participé à des ateliers de<br />

réalisation collectifs. D'autres encore découvrent ici pour <strong>la</strong> première<br />

fois le maniement de <strong>la</strong> caméra. L'enjeu du Forum est d'instaurer un<br />

brassage entre toutes ces personnes. De ce point de vue, le tournage<br />

du film collectif en région, avant le regroupement à Marly-le-Roi,<br />

constituait un moment privilégié. “Ceux qui ne savent pas apprennent<br />

et ceux qui en savent plus se remettent en question” constatait <strong>la</strong><br />

réalisatrice intervenante Flora Galuchot. À condition toutefois, précisait-elle,<br />

de parvenir à créer un équilibre au sein de chaque groupe.<br />

METTRE EN SCÈNE LA DIVERSITÉ<br />

Les films que doivent réaliser les participants de YEFF! ont un même<br />

sujet, imposé : <strong>la</strong> diversité culturelle. Pas évident, surtout quand on a<br />

peu de temps pour le concevoir et guère plus pour le tourner. Le<br />

thème est vaste, “on peut y mettre too much or nothing” admet une<br />

intervenante. Au risque de tomber dans les “stéréotypes”, les clichés,<br />

surtout quand on se doit de trouver le plus vite possible des dénominateurs<br />

communs. Aussi les organisateurs suggèrent-ils de travailler<br />

sur des déclinaisons thématiques.<br />

À Lille (Nord-Pas-de-Ca<strong>la</strong>is), Belges, Polonais et Français réunis dans<br />

un Foyer de jeunes travailleurs, ont choisi d'aborder le sujet sous trois<br />

angles : les différences, les simi<strong>la</strong>rités et l'identité.<br />

En se demandant : “Qu'est-ce qui nous différencie ”, un groupe a<br />

cherché à se confronter à ses propres préjugés et, pour ce<strong>la</strong>, s'est enregistré<br />

en train de discuter de “ceux qu'on n'aime pas”. Les interviews<br />

ont ensuite été montées sur les images d'un clown dans une rue de<br />

Lille (“un clown, ce peut être tout le monde, on ne voit pas son visage”<br />

expliquait l'une des participantes), personnage dont <strong>la</strong> présence suscite<br />

chez les passants des réactions variées (indifférence, suspicion, rire).<br />

À <strong>la</strong> question inverse - “Qu'est-ce qui nous rend simi<strong>la</strong>ires ” -, un<br />

autre groupe a répondu : “les besoins essentiels : manger, respirer,<br />

aimer”. Mais dans ces gestes universels, les jeunes se sont attachés à<br />

traquer les dissemb<strong>la</strong>nces - des êtres humains mangent avec des fourchettes,<br />

d'autres avec des baguettes etc. -, à souligner <strong>la</strong> diversité.<br />

Enfin, <strong>la</strong>st but not the least : “Qui est Jérôme ”. Un jeune, un vieux, un<br />

chômeur, un bourgeois, un serial-killer… Comme un portrait chinois,<br />

le film ba<strong>la</strong>ye toutes les identités possibles sur un ton énergique et<br />

joyeux, manière là aussi de célébrer les charmes de <strong>la</strong> diversité. “J'ai<br />

adoré <strong>la</strong> façon dont nous l'avons conçu” notait Chris (22 ans, Ir<strong>la</strong>ndais<br />

résidant en Belgique), “au cours d'une séance de brainstorming basée<br />

sur le principe du cadavre exquis”.<br />

Travailler ensemble, en ayant pour principe de faire des différences (de<br />

<strong>la</strong>ngage, de pratique) des atouts : l'expérience semble avoir fonctionné<br />

pour beaucoup de participants qui se disaient heureux, même si certains<br />

regrettaient de ne pas avoir pu suivre plus d'ateliers, ou de ne pas<br />

avoir eu plus de temps pour débattre des films. Comment et jusqu'où<br />

peut-on associer éducation à l'image et échange interculturel La prochaine<br />

édition, à Göteborg en Suède, apportera de nouvelles réponses.<br />

La forme de YEFF! n'est pas encore figée, elle ne le sera sans doute<br />

jamais - heureusement - et ce d'autant moins que chacune des structures<br />

qui composent ce réseau européen possède ses spécificités.<br />

DAVID MATARASSO<br />

actions cinéma / audiovisuel projections / 17


L’IMAGE ET VOUS<br />

ACTUALITÉS<br />

Cultures adolescentes<br />

L’association Lecture jeunesse et le<br />

Centre national du livre pour enfant<br />

“La joie par les livres” organisent le<br />

13 novembre 2007 à Paris une<br />

journée d’étude sur le thème<br />

“Cultures adolescentes”. Y seront<br />

abordés les rapports que les<br />

adolescents entretiennent avec le<br />

monde des images, <strong>la</strong> culture<br />

numérique, <strong>la</strong> crise de <strong>la</strong><br />

transmission et <strong>la</strong> fracture<br />

intergénérationnelle… De 9h à 17h30<br />

à <strong>la</strong> mairie du 10e arrondissement<br />

(72, rue du Faubourg Saint-Martin).<br />

Coût : 60 euros (prise en charge de<br />

l’employeur) et 30 euros (prise en<br />

charge individuelle).<br />

Renseignements et inscriptions :<br />

Chantal Viotte<br />

Tél : 01 44 72 81 50<br />

chantal.viotte@lecturejeunesse.com<br />

Appel à films<br />

L’association Vidéoformes organise le<br />

concours national de création vidéo<br />

“Une minute 2008”. Il est ouvert à<br />

tous les jeunes représentés par un<br />

établissement sco<strong>la</strong>ire (de l’école<br />

primaire à l’enseignement supérieur)<br />

ou une association. Les candidats<br />

doivent concevoir une vidéo de 60<br />

secondes dont <strong>la</strong> seule contrainte est<br />

<strong>la</strong> durée. Tous les genres, tous les<br />

sujets et toutes les techniques de<br />

production d’images en mouvement<br />

sont acceptés. Les vidéos doivent être<br />

adressées à Vidéoformes avant le 6<br />

février 2008.<br />

Renseignements et inscriptions sur<br />

www.videoformes.com<br />

Territoires de Fictions<br />

Territoires de Fictions est un collectif<br />

d'artistes travail<strong>la</strong>nt sur le thème de<br />

l'identité française. Photographes,<br />

vidéastes, graphistes ou créateurs<br />

dressent un portrait kaléidoscopique<br />

de <strong>la</strong> France en 52 histoires, à travers<br />

une série de “Petits Objets<br />

Multimédias” (POM). Il sera possible<br />

de découvrir ces “POM” dans le<br />

cadre des Rencontres du Parc de <strong>la</strong><br />

Villette (Paris 19e) du 24 octobre au 4<br />

novembre.<br />

www.rencontresvillette.com<br />

Erratum<br />

La cinéaste Maria Koleva nous a<br />

demandé d'indiquer - suite à<br />

l'entretien publié dans le précédent<br />

numéro de Projections - qu'elle n'a<br />

pas présenté <strong>la</strong> séance de “Cinécitoyen”<br />

consacrée à Luis Bunuel,<br />

mais qu'elle y a seulement assisté.<br />

Mois du film documentaire<br />

Novembre 2007 sera pour <strong>la</strong> huitième<br />

année le grand rendez-vous du cinéma<br />

documentaire, aussi bien en France<br />

métropolitaine que dans les DOM-TOM<br />

et à l’étranger. L’objectif de cet événement<br />

est de faire découvrir <strong>la</strong> richesse du<br />

documentaire de création en fédérant<br />

différentes manifestations é<strong>la</strong>borées par<br />

des programmateurs. Le mois du film<br />

documentaire se déroule dans toutes<br />

sortes d’établissements culturels ou<br />

éducatifs (salles de cinéma, bibliothèques,<br />

médiathèques, musées, prisons…). Le<br />

public pourra assister à des projections<br />

de films de patrimoine, de films rares ou<br />

inédits, d’avant-premières, d’hommages,<br />

de thématiques, de débats animés<br />

et de rencontres avec des réalisateurs.<br />

Cette année, <strong>la</strong> manifestation, que coordonne<br />

“Images en bibliothèques”, s’est<br />

fixée pour objectifs d’é<strong>la</strong>rgir son public<br />

en se tournant notamment vers les jeunes,<br />

d’établir des partenariats avec de<br />

nouveaux lieux de <strong>diffusion</strong> et de multiplier<br />

les rencontres entre les spectateurs<br />

et les auteurs.<br />

Renseignements : www.moisdudoc.com<br />

Images en Bibliothèques<br />

21 rue Curial 75019 Paris<br />

Tél : 01 43 38 19 92 / ib@imagenbib.com<br />

DVD pédagogique “Le point de vue”<br />

Édité par le Centre National de Documentation Pédagogique dans <strong>la</strong> collection Eden Cinéma, “Le<br />

Point de vue” est un DVD conçu par A<strong>la</strong>in Berga<strong>la</strong>, Catherine Goupil et Anne Huet. Il traite de <strong>la</strong> notion<br />

de point de vue cinématographique à travers des extraits de 43 films parcourant l’histoire du cinéma.<br />

Y sont étudiées les notions de champ/contrechamp, de point de vue objectif et subjectif, de point de<br />

vue sonore, etc. Un livret accompagne le DVD d’une durée totale de 275 minutes. Prix : 29 euros.<br />

À commander en ligne sur le site : www.cndp.fr<br />

L’oeil vagabond<br />

La 3e édition de L’œil vagabond aura lieu du 28 octobre au 4 novembre 2007 (vacances de <strong>la</strong><br />

Toussaint). Cette manifestation propose des films pour tous publics, des ateliers (<strong>la</strong> fabrique du<br />

cinéma, l’atelier du son, les <strong>la</strong>nternes à histoires…), une soirée électro Vjing… Elle se déroule à Pleneuf-<br />

Val-André, Erquy, dans <strong>la</strong> Communauté de Communes de <strong>la</strong> Côte de Penthièvre et le réseau de salles<br />

de cinéma des Côtes d’Armor<br />

Renseignement et réservations : Union Française du Film pour l’Enfance et <strong>la</strong> Jeunesse de Bretagne (UFFEJ<br />

Bretagne) - 18 rue Abbé Vallée - BP4618 Saint-Brieuc cedex 02 / Tél : 02 96 61 11 76<br />

Pour une décentralisation audiovisuelle<br />

L’association “Films en Bretagne” et le réseau interrégional des réalisateurs <strong>la</strong>ncent un appel pour<br />

“Une véritable décentralisation audiovisuelle en France”. Ils demandent, entre autres, que soit mise<br />

en p<strong>la</strong>ce une éducation à l’image “dès l’école, et tout au long de <strong>la</strong> vie”. Ils réc<strong>la</strong>ment aussi “une formation<br />

professionnelle et un enseignement supérieur public aux métiers de l’audiovisuel décentralisés<br />

; des cinémathèques régionales intégrées dans le dispositif national de restauration des archives ;<br />

des réseaux de <strong>diffusion</strong> culturelle pour promouvoir <strong>la</strong> création régionale et accompagner les programmateurs<br />

dans <strong>la</strong> sensibilisation des publics ; des télévisions publiques régionales de plein exercice, des<br />

télévisions locales de service public un portail audiovisuel public sur Internet” ; etc.<br />

Appel à télécharger et signer sur le site de “Films en Bretagne” : www.filmsenbretagne.com<br />

18 / projections actions cinéma / audiovisuel


5 e<br />

19-22 décembre 2007 à Paris<br />

rencontres nationales<br />

PASSEURS D'IMAGES<br />

Renseignements : coordination nationale “<strong>Passeurs</strong> <strong>d'images</strong>”<br />

Kyrnéa international / 01 47 70 71 71 / coordination@kyrnea.com / www.passeursdimages.fr<br />

mercredi 19 décembre<br />

jeudi 20 décembre<br />

vendredi 21 décembre<br />

samedi 21 décembre<br />

LA PLACE DE L'IMAGE<br />

EN MILIEU PÉNITENTIAIRE<br />

Maison de l'architecture<br />

(Salle de <strong>la</strong> chapelle)<br />

dans le cadre des programmes de<br />

<strong>la</strong> Cité européenne des Récollets<br />

Rencontres professionnelles<br />

En col<strong>la</strong>boration avec <strong>la</strong> Direction de<br />

l'administration pénitentiaire, <strong>la</strong><br />

Délégation au développement et à<br />

l'action internationale, le Centre<br />

national de <strong>la</strong> cinématographie,<br />

Les yeux de l'Ouïe<br />

16h30-18h00<br />

Télévision et prison<br />

18h30-20h00<br />

Programmer<br />

20h30-22h30<br />

La séance de projection<br />

Programme sous réserve de modifications<br />

IMAGES DANS LA CITÉ -<br />

IMAGE DE LA CITÉ<br />

Maison de l'architecture<br />

(Salle de <strong>la</strong> chapelle)<br />

dans le cadre des programmes de<br />

<strong>la</strong> Cité européenne des Récollets<br />

Débat, rencontres professionnelles<br />

En col<strong>la</strong>boration avec<br />

le Cinéma Jean Eustache - Ecole du<br />

regard, coordination Aquitaine,<br />

et <strong>la</strong> Cité Européenne des Récollets<br />

14h00-16h00<br />

Les images dans <strong>la</strong> cité<br />

16h30-18h00<br />

L'image de <strong>la</strong> cité<br />

19h00<br />

Projection exceptionnelle<br />

VOYEZ COMME ON DANSE !<br />

Centre Pompidou - salle 2<br />

Pistes de travail,<br />

rencontres professionnelles<br />

9h30-12h30 et 14h00-18h00<br />

Images de danse<br />

et éducation à l'image<br />

En col<strong>la</strong>boration avec<br />

La Cinémathèque de <strong>la</strong> danse<br />

19h00<br />

Avant-première<br />

A VOUS LES JEUNES !<br />

Centre Pompidou - petite salle<br />

Rencontres des jeunes<br />

participants d'ateliers<br />

10h00-12h30<br />

Tu veux mon film <br />

autour du portrait filmé<br />

En col<strong>la</strong>boration avec<br />

l'association Premiers p<strong>la</strong>ns,<br />

coordination Pays de <strong>la</strong> Loire<br />

14h00-16h00<br />

On the road again !<br />

autour du carnet de voyage filmé<br />

En col<strong>la</strong>boration avec<br />

Télé Centre Bernon, coordination<br />

Champagne Ardennes<br />

16h00-18h00<br />

Dans l'air du temps<br />

autour des coups de cœurs 2007<br />

Tous les films d'atelier peuvent être proposés au comité de programmation : envoyez vos VHS, DVD ou mini DV<br />

accompagnés de <strong>la</strong> “fiche atelier” téléchargeable sur www.passeursdimages.fr/videotheque/index.html à :<br />

Kyrnéa international, 80 rue du Faubourg St-Denis, 75010 Paris<br />

Les Rencontres nationales sont organisées par<br />

avec le soutien de<br />

en partenariat avec<br />

"<strong>Passeurs</strong> <strong>d'images</strong>"<br />

est soutenu par :<br />

Ministère<br />

de <strong>la</strong> culture et<br />

de <strong>la</strong> communication<br />

Ministère de <strong>la</strong> santé,<br />

de <strong>la</strong> jeunesse et des sports

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!