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LA DIFFUSION__ENTRETIEN
Diffusion alternative,
contre la pensée unique
Communauté de collectifs engagés sur le front de la diffusion culturelle dite alternative, Co-errances est une de ces
structures considérées “d’utilité sociale”, mais dont l’avenir reste des plus incertains. Christine Chapin, l’une de ses
salariés, dévoile les multiples facettes d’une politique de diffusion faite de rencontres et d’engagements, animée par
le désir de soutenir de véritables projets de société.
Edvard Munch, la danse de la vie de Peter Watkins
Projections : Pourriez-vous évoquer la création de la coopérative
Quel en est le mode de fonctionnement L’esprit
Christel Chapin : Co-errances est un lieu d’expérimentation rattaché
au champ de l’économie sociale et solidaire qui s’est constitué en
Société Coopérative d’Intérêt Collectif en janvier 2003 en réunissant
une quinzaine de collectifs. Venus du domaine de l’édition, livres et
revues et de la production de films documentaires, ces collectifs partageaient
certaines idées sur la diffusion culturelle et restaient très
attachés à des contenus portés par un engagement social fort ou à des
formes exigeantes.
Notre objectif était de créer un outil de diffusion pour ces œuvres et
progressivement d’imaginer des évènements, des rencontres qui rendent
visibles sur la scène publique les questionnements inhérents à
notre conception de la diffusion et de la distribution culturelles. Nous
y sommes assez bien parvenus les deux premières années avec la
mise en place de toute une logique d’accompagnement pour soutenir
la diffusion des productions de la coopérative.
Conformément au statut propre à toute société coopérative d’intérêt
collectif, Co-errances s’est organisée en Collèges qui permettent de
répartir les pouvoirs. La coopérative se compose d’un Collège texte,
d’un Collège image et d’un Collège son qui fonctionnent en groupes
de réflexions au sein desquels sont abordés divers sujets comme la
pertinence de l’adhésion de tel ou tel collectif à la coopérative.
Projections : Est-il possible de définir la ligne éditoriale ou une
politique qui caractériserait la coopérative et sa conception de la
diffusion Existe-t-il un imaginaire commun aux différents collectifs
qui la composent
CC : La coopérative regroupe une mixité d’approches, de formes et de
points de vue qui donnent lieu à de nombreuses discussions au sein
des Collèges. C’est un espace alternatif dont les membres
revendiquent des pratiques fort différentes pour s’opposer à la
logique économique dominante, depuis la volonté d’éditer des
publications sans publicité, jusqu’au refus de toutes subventions
publiques.
Cependant, les collectifs qui s’y retrouvent ont des principes
communs. Ainsi, le développement des activités rattachées à
leurs productions intellectuelles a toujours été un enjeu primordial
pour l’ensemble des membres de Co-errances et ce,
avant même sa création.
Projections : Cette manière de penser la diffusion va de
pair avec l’affirmation d’un engagement pédagogique.
CC : Notre conception de la diffusion est portée par la
volonté de provoquer des rencontres autour d’un contenu,
de confronter nos propres réflexions avec celles des autres, qu’il
s’agisse de collectifs ou du public d’une salle de cinéma.
La coopérative n’a donc cessé de s’interroger sur les modes d’accompagnement
des œuvres et d’imaginer des outils pédagogiques
adaptés.
Projections : C’est vraiment l’aspect singulier du travail de diffusion
de Co-errances : ce n’est pas uniquement l’œuvre diffusée qui
importe mais le genre de rencontres qu’elle suscite.
CC : Nous essayons de générer une sorte de “mouvement vivant”
autour des diverses productions, d’impulser des dynamiques avec des
partenaires très différents.
Projections : Dans quels types de lieux avez-vous projeté les films
distribués par la coopérative
CC : Dans l’ensemble, les salles d’Art et essai du réseau AFCAE ont
été de bons partenaires. Mais nous avons aussi travaillé avec des associations
dans des lieux aussi différents qu’une salle des fêtes, un
squat, ou une grange, n’importe quel lieu couvert où l’on pouvait installer
un vidéo projecteur.
Projections : Les salles de cinéma ont-elles manifesté une certaine
réticente par rapport au support DVD
CC : Au départ, en 2004, lorsque nous avons sorti Pas assez de volume,
le film de Vincent Glenn sur l’Organisation Mondiale du Commerce,
elles n’étaient pas très enthousiastes à l’idée de projeter des documentaires
sur support vidéo. Pourtant, la politique de programmation des
salles vis-à-vis du film documentaire évoluant, elles sont peu à peu
devenues de véritables partenaires pour la coopérative.
En outre, la re-sortie en salle d’Edvard Munch, la danse de la vie (2005)
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