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la diffusion - Passeurs d'images

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LA DIFFUSION__ENQUÊTE<br />

Mille et une<br />

façons de diffuser<br />

La diversité des films que l’on peut voir en France repose sur celle des lieux de <strong>diffusion</strong>. À un réseau vaste et complexe de<br />

salles de cinéma (al<strong>la</strong>nt du multiplexe à <strong>la</strong> salle municipale en passant par les circuits indépendants type Utopia 1 ) s’ajoutent<br />

différents mail<strong>la</strong>ges : celui des festivals, celui des espaces et des associations qui offrent des programmations de type<br />

“alternatif” (terme qui recouvre, là encore, un <strong>la</strong>rge éventail de genres)... Petit parcours - non exhaustif - à travers<br />

quelques-uns des lieux qui font <strong>la</strong> variété de <strong>la</strong> <strong>diffusion</strong>.<br />

Pour Janine Bertrand, Présidente de l’Union nationale des Ciné-clubs<br />

(UNICC), <strong>la</strong> diversité de <strong>la</strong> <strong>diffusion</strong> actuelle doit beaucoup au mouvement<br />

des ciné-clubs. “Des ciné-clubs qui ont créé les premiers festivals<br />

comme le Festival du film maudit” rappelle-t-elle, “et le réseau<br />

Art et essai a été fondé par d’anciens animateurs de ciné-clubs”.<br />

CINÉ-CLUBS : UN RÉSEAU FÉCOND<br />

C’est après <strong>la</strong> Libération que les ciné-clubs se sont soudainement<br />

développés, par centaines d’associations, devenant un véritable mouvement<br />

d’éducation popu<strong>la</strong>ire. Leur vocation était de faire <strong>la</strong> “promotion<br />

de <strong>la</strong> culture, former des spectateurs actifs, dans un esprit de<br />

combativité face aux censures, aux modes”.<br />

Le spectateur d’aujourd’hui ne sait peut-être pas que les exploitants de<br />

l’époque virent dans cette démarche, inédite, une forme de concurrence<br />

; ce<strong>la</strong> généra des luttes (<strong>la</strong> mise au tribunal de l’animateur de<br />

ciné-club Jean Michel en fut l’un des épisodes qui débouchèrent en<br />

1946 sur <strong>la</strong> création d’un secteur non-commercial. “La réglementation<br />

était très contraignante” souligne Janine Bertrand : interdiction<br />

aux ciné-clubs de présenter des films de moins de 4 ans, de faire de <strong>la</strong><br />

publicité. Obligation pour les clubs de s’affilier à une fédération et,<br />

pour les spectateurs, d’acheter les p<strong>la</strong>ces par 3, ce qui pénalisait les<br />

plus désargentés. “Mais ce<strong>la</strong> n’a fait que nous stimuler pour aller plus<br />

loin dans <strong>la</strong> vie associative, l’échange, <strong>la</strong> mise en valeur de cinématographies<br />

peu connus, <strong>la</strong> défense de <strong>la</strong> version originale” constate<br />

Janine Bertrand.<br />

En 2007, le nombre de ciné-clubs est bien moindre que dans les<br />

années 50/60 et de grandes fédérations ont disparu, suite à l’apparition<br />

de <strong>la</strong> télé puis de <strong>la</strong> vidéo. Toutefois, les fédérations restantes programment<br />

chaque année 900 séances, soit 560 films, “dont au moins<br />

un de chaque année entre 1924 et 2006 !”, se félicite Janine Bertrand.<br />

Celle-ci regrette juste que <strong>la</strong> démarche des ciné-clubs ne soit “plus<br />

perçue dans sa modernité” et soit parfois traitée de “ringarde”. “La<br />

preuve qu’elle ne l’est pas” s’enf<strong>la</strong>mme-t-elle, “c’est que tout le monde<br />

nous imite : les salles et même les multiplexes, en organisant des<br />

séances rencontres avec des cinéastes, ne font que refaire ce que nous<br />

avons toujours fait”. À ceci près que les ciné-clubs restent des initiatives<br />

à but non lucratif de groupes de passionnés. Ils sont présents partout<br />

(universités, comités d’entreprises, foyers, maisons de jeunes,<br />

banques…), ou presque : “Il nous manque des ciné-clubs ruraux”<br />

avoue Janine Bertrand.<br />

CINÉMATHÈQUES ET ARCHIVES<br />

Un autre réseau important est celui des cinémathèques. Dédiées à <strong>la</strong><br />

préservation des films et du “non film” (appareils, livres, affiches, etc.)<br />

ainsi qu’à leur <strong>diffusion</strong>, elles sont variablement imp<strong>la</strong>ntées dans les<br />

régions et les villes. Elles peuvent collecter aussi bien les œuvres du<br />

patrimoine international que des images du patrimoine local (documentaires,<br />

archives, films d’amateurs). Ainsi, <strong>la</strong> cinémathèque de<br />

© Fond Marcel Dubois<br />

Cinémathèque des Pays de Savoie<br />

Bretagne (spécialisée dans<br />

les films sur <strong>la</strong> Bretagne ou<br />

tournés par des Bretons),<br />

Trafic Image (en Poitou-<br />

Charentes) ou encore des<br />

structures intégrées à un<br />

Pôle régional Image :<br />

Mémoire audiovisuelle en<br />

Haute-Normandie, au sein<br />

du Pôle Image Haute-<br />

Normandie, ou les Archives<br />

Régionales du Film en<br />

Picardie au sein de l’Acap.<br />

Stéphanie Champlong, documentaliste, décrit le travail de <strong>diffusion</strong><br />

de <strong>la</strong> Cinémathèque des Pays de Savoie basée à Veyrier-du-Lac : “À<br />

partir des films que nous collectons, nous composons des programmations<br />

thématiques. Elles trouvent parfois leur p<strong>la</strong>ce en avant programme<br />

d’un film de fiction. Il nous arrive aussi très fréquemment<br />

de répondre à des sollicitations extérieures, sur un sujet donné. Il<br />

nous faut alors nous mettre en quête d’images. Nous travaillons beaucoup<br />

en fonction du lieu où nous montrons les films”.<br />

DIFFUSER EN MILIEU RURAL<br />

La prise en compte du contexte local est au cœur du travail<br />

d’Atmosphère 53, association dont le but est de promouvoir un “cinéma<br />

de qualité et de proximité en milieu rural”. “En Mayenne, le réseau<br />

des salles s’est affaibli dans les années 70/80” explique Antoine<br />

Glémain, Président de l’association. “Dans le département, il ne reste<br />

que dix salles, très fragiles, et un seul centre urbain, Laval, où se<br />

trouve un multiplexe (…). Nous travaillons avec les salles existantes<br />

auxquelles nous proposons des programmations hebdomadaires (…)<br />

95% de l’Art et essai diffusé dans le département, c’est nous”.<br />

En plus d’un festival annuel (Reflets du Cinéma), cette association<br />

d’éducation popu<strong>la</strong>ire créée en 1989 organise des séances rencontres<br />

en partenariat avec d’autres structures, des séances pour les personnes<br />

âgées, et elle s’implique dans plusieurs dispositifs d’éducation à<br />

l’image. L’une de ses activités les plus originales consiste à faire<br />

découvrir le documentaire lors de séances en plein air.<br />

“Nous nous appuyons sur 6 conventions avec des communautés de<br />

communes pour programmer 6 séances annuelles en numérique, en<br />

dehors des salles ; <strong>la</strong> moitié d’entre elles est intégrée à <strong>Passeurs</strong> d’images”.<br />

Les films, loués à Documentaire sur grand écran ou auprès des<br />

producteurs (Arte, chaînes de télé), sont choisis sur <strong>la</strong> base de “demandes<br />

locales fortes”.<br />

Antoine Glémain déc<strong>la</strong>re “Quand l’association P<strong>la</strong>nète en fête veut un<br />

film sur le thème du développement durable, nous programmons We<br />

feed the world en numérique avec l’accord du producteur. Quand <strong>la</strong><br />

coordination régionale de <strong>Passeurs</strong> d’images propose une thématique<br />

actions cinéma / audiovisuel projections / 9

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