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LA DIFFUSION__POINT DE VUE<br />
Le rôle du CNC<br />
Quel est le rôle du Centre National de <strong>la</strong> Cinématographie dans <strong>la</strong> <strong>diffusion</strong> des films Nous avons demandé à Olivier<br />
Wotling, Directeur du cinéma au Centre National de <strong>la</strong> Cinématographie, de nous expliquer par quels dispositifs le Centre<br />
s’implique dans ce domaine.<br />
“Si le Centre National de <strong>la</strong> Cinématographie n’intervient pas sur le<br />
marché de <strong>la</strong> <strong>diffusion</strong> des films (le calendrier des sorties ou le<br />
nombre de copies d’un film, par exemple, restent à l’initiative des<br />
distributeurs), il existe en revanche un système d’aides à <strong>la</strong> <strong>diffusion</strong>.<br />
Il concerne certains films, économiquement fragiles, et opère<br />
selon le double levier des aides à l’exploitation et des aides à <strong>la</strong> distribution.<br />
Décider d’aider <strong>la</strong> sortie de films “fragiles” est une<br />
manière d’éviter un déséquilibre trop fort entre leur économie et<br />
celle des films avec lesquels ils sont en concurrence.<br />
LES AIDES À LA DISTRIBUTION<br />
Le premier type d’aide à <strong>la</strong> distribution est l’aide automatique.<br />
Les entrées d’un film génèrent un soutien automatique au profit des<br />
distributeurs, que ceux-ci peuvent réinvestir dans un autre film, soit<br />
sous <strong>la</strong> forme d’un minimum garanti lié à <strong>la</strong> production, soit sous<br />
<strong>la</strong> forme d’un investissement dans les frais d’édition et de promotion<br />
du film. Aujourd’hui, les investissements du soutien automatique<br />
se répartissent à peu près à moitié-moitié entre minimum<br />
garanti et frais d’édition. L’enveloppe du soutien automatique à <strong>la</strong><br />
distribution avoisine 19 millions d’euros. Ce soutien, très dégressif,<br />
est favorable aux distributeurs de films dont les sorties “à risque” ne<br />
dépassent pas 200 000 entrées. Il concerne tous les films agréés,<br />
européens ou français.<br />
Le deuxième type d’aide à <strong>la</strong> distribution est un soutien plus sélectif.<br />
Il est ouvert aux films de toutes nationalités, y compris américains<br />
mais pas aux blockbusters : à <strong>la</strong> production indépendante américaine.<br />
Une commission de douze membres se réunit de façon hebdomadaire<br />
pour visionner des œuvres et décider de leur accorder une<br />
aide à <strong>la</strong> distribution. Ce soutien direct du CNC (constitué de sommes<br />
situées entre 10 et 30 000 euros ) permet aux distributeurs de<br />
films à petite ou moyenne combinaison de sortie, d’attirer l’attention<br />
des exploitants en amont sur les qualités du film, de payer des<br />
avant-premières en présence de l’équipe du film, bref, de faire un<br />
effort de promotion.<br />
Il existe aussi une session annuelle qui aide les programmes des<br />
distributeurs. Chacun d’eux présente son programme de l’année,<br />
tandis que <strong>la</strong> commission évalue celui de l’année précédente. Une<br />
aide forfaitaire peut être accordée par film et multipliée par le nombre<br />
de films que le distributeur ambitionne de sortir. Il peut éventuellement<br />
s’y ajouter une aide à <strong>la</strong> structure qui lui permet de faire<br />
face à ses frais généraux, sachant que <strong>la</strong> commission n’a pas forcément<br />
vu les films au moment où elle accorde ses aides. Mais un rapport<br />
de confiance et de qualité éditoriale s’instaure entre le distributeur<br />
et <strong>la</strong> commission.<br />
Le budget de ces aides sélectives est à de 5 à 6 millions d’euros auxquels<br />
s’ajoutent les aides aux associations effectuant un travail du<br />
même type : les soutiens de l’Afcae, du GNCR voire de l’ACID, qui<br />
viennent en plus du soutien sélectif du CNC et qui sont <strong>la</strong>rgement<br />
financés par le CNC. Le film est sélectionné pour ses qualités artistiques,<br />
dans l’orbite de <strong>la</strong> diversité culturelle, toutes nationalités<br />
confondues, et son distributeur sera aidé essentiellement pour les<br />
frais d’édition et de promotion.<br />
Le soutien sélectif du CNC n’est pas à priori ouvert aux films qui<br />
font un grand nombre d’entrées ; à partir d’un certain nombre de<br />
copies ou un montant de frais d’édition, on n’est plus éligible à<br />
l’aide sélective. Elle concerne des films dotés d’entre 5 et 140 copies<br />
maximum, <strong>la</strong> moyenne étant entre 60 et 80 copies. Il peut s’agir<br />
également de films à 5 copies destinés à des <strong>diffusion</strong>s ciblées et à<br />
une circu<strong>la</strong>tion de longue durée sur l’ensemble de <strong>la</strong> France.<br />
AIDES À L’EXPLOITATION<br />
Les aides à l’exploitation sont des aides au fonctionnement des salles<br />
du secteur Art et essai, en fonction de leur programmation et<br />
notamment des films recommandés Art et essai qu’elles diffusent.<br />
Ce système est complexe car on ne peut pas programmer une salle<br />
en milieu rural comme celle d’une ville universitaire.<br />
Des seuils minima de films Art et essai sont donc imposés a des<br />
catégories de salle. Ils varient en fonction des données socio-démographiques<br />
et du public. Ce<strong>la</strong> incite à programmer des films Art et<br />
essai et à en programmer plus, <strong>la</strong> subvention devenant d’autant plus<br />
élevée. Celle-ci est aussi calculée sur <strong>la</strong> base du travail accompli par<br />
l’exploitant pour accompagner les films : animations, promotion,<br />
gazette, avant-premières etc.<br />
Enfin, il existe le dispositif de l’ADRC qui permet à de petites salles<br />
indépendantes d’accéder aux copies lorsqu’un distributeur estime<br />
que le marché ne suffirait pas à <strong>la</strong> rentabiliser. L’ADRC, missionnée<br />
par le CNC, paye <strong>la</strong> copie et se charge de son acheminement auprès<br />
de ces salles. Ce<strong>la</strong> permet une <strong>diffusion</strong> plus en profondeur dans les<br />
villes petites et moyennes.<br />
RÉGULATION<br />
Il existe des éléments de régu<strong>la</strong>tion dans <strong>la</strong> <strong>diffusion</strong>.<br />
Un élément central est le médiateur du cinéma. Il s’agit d’une autorité<br />
administrative indépendante du CNC qui oeuvre pour <strong>la</strong> <strong>diffusion</strong><br />
des films en vue de l’intérêt général. Un exploitant qui n’a pas accès à<br />
un film, s’il est en litige avec son distributeur, peut aller devant le<br />
médiateur du cinéma. Celui-ci demandera éventuellement au distributeur<br />
de servir l’exploitant, s’il apparaît que ce dernier a fait un bon<br />
travail en faveur du type de film en question ou s’il a été dans le passé<br />
l’artisan du succès antérieur d’un film du même réalisateur.<br />
Il existe aussi une forme de régu<strong>la</strong>tion pour <strong>la</strong> <strong>diffusion</strong> dans les<br />
multiplexes.<br />
Premièrement, ils s’engagent à exposer convenablement les films<br />
français et européens et à respecter un pourcentage de 40% de<br />
séances pour ces films.<br />
Aujourd’hui, il est <strong>la</strong>rgement dépassé et les films français en particulier<br />
sont bien diffusés. Mais il y a quelques années, le cinéma<br />
américain dominait.<br />
Deuxièmement, des c<strong>la</strong>uses limitent le nombre de copies et le nombre<br />
de séances consacrées à un même film une semaine donnée.<br />
Dans certains pays européens, comme l’Espagne, <strong>la</strong> quasi-totalité<br />
des salles est occupée par un blockbuster <strong>la</strong> semaine de sa sortie. En<br />
France, c’est interdit. Ce<strong>la</strong> ne doit pas dépasser 30% des séances<br />
hebdomadaires avec deux copies maximum par établissement.<br />
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