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LA DIFFUSION__ENQUÊTE (par exemple “Le portrait” cette année), nous faisons une liste de 15 titres que nous envoyons aux partenaires. Ensuite, nous discutons du public, de l’animation qui s’ajoutera à la séance en plein air (fête, repas). Nous aimons cette discussion avec les partenaires locaux”. Ces séances, qui attirent entre 80 et 100 spectateurs en moyenne, ont “un vrai impact au niveau des très petites communes qui s’intéressent au documentaire”. La condition sine qua non de ce travail est l’outil de projection numérique, dont l’association s’est dotée dans le cadre d’un “Plan de diffusion numérique en Haute Mayenne” mis en place en 2005. Mais, même si “le numérique représente l’avenir”, Atmosphère 53 n’a pas vocation à se changer en circuit itinérant numérique et à entrer “en concurrence avec les salles”. “Nous devons profiter du numérique pour montrer autre chose que ce qu’elles diffusent” estime Antoine Gléma in : “des programmes alternatifs, de l’expérimentation”. LE FESTIVAL, UN ESPACE SPÉCIFIQUE Il ne se passe pas une semaine sans que ne débute un festival de cinéma quelque part en France. Par dizaines, ils font rimer diffusion avec événement en ciblant des thématiques ou des genres, en se forgeant une identité, en allant chercher leur(s) public(s). Pour Guillaume Marion, délégué général du Festival des trois continents, “il y a deux types de festivals : ceux qui montrent les films une fois, qui font du “one shot (un coup), après quoi il ne se passe plus rien ; et ceux qui réfléchissent à la façon de mettre en place des programmes complémentaires de soutien. Il faut servir les films, pas juste s’en servir”. Depuis 1979, le Festival des trois continents explore les cinémas d’Afrique, d’Amérique latine et d’Asie. “Alain et Philippe Jalladeau, ses Diffusion en milieu rural © Atmosphère 53 fondateurs, s’étaient rendu compte en allant dans les festivals de Cannes, Berlin ou Venise, de la faible place consacrée à ces cinématographies”. C’est pourquoi, dès ses débuts, la manifestation nantaise a occupé une place importante dans le paysage local mais aussi national. Elle n’a eu de cesse, par la suite, de révéler des auteurs majeurs : Hou Hsiao-Hsien, Tsai Ming Lang ou Abbas Kiarostami. Mais après la période des “20 années Découverte”, ainsi que les appelle Guillaume Marion, l’équipe du festival a éprouvé le besoin d’aider “sur la durée” les cinématographies “fragiles” qu’il défendait. À l’orée des années 2000 sont nées plusieurs actions, dont Produire au Sud, un réseau qui aide les réalisateurs et les producteurs des pays du Sud à connaître les méthodes européennes et à leur donner “les clés” de l’autonomie”. “Le concept a eu un succès fou et nous l’avons exporté sur les trois continents”. Autre démarche répondant à ce souci “d’accompagnement en continu” : une fois le festival achevé, l’équipe va (re)faire auprès des distributeurs la promotion des œuvres qui viennent d’y être présentées. “Ainsi, 9 ou 10 des douze films montrés chaque année en compétition trouvent les grâces de la distribution”. Guillaume Marion attire cependant l’attention sur le fait que la diffusion en festival n’a pas que des effets positifs sur les œuvres. “Un festival peut vider le potentiel commercial d’un film sur une agglomération. Certains petits films, montrés dans beaucoup de festivals, cessent d’attirer les distributeurs. Les festivals se sont multipliés, y compris ceux dédiés à des cinématographies autrefois méconnues”. Cette prolifération non plus n’a pas que des bons côtés, elle aurait généré le “World Cinema”, selon Guillaume Marion : des productions “fabriquées pour plaire dans les festivals, sans identité ni ancrage, remplies de clichés”. Cela n’empêche pas les festivals de rester des espaces privilégiés. “Daney voyait dans le critique un “passeur”. C’est pareil pour un festival : un intermédiaire entre une proposition artistique et un public. Et, en même temps, une chambre d’écho qui amplifie la réception du film grâce aux médias et grâce à une notion qui reste attachée à celle de festival : la labellisation”. PETITES TOILES SUR LA GRANDE TOILE En matière de diffusion, Internet a tout révolutionné. Il semble possible de tout voir et de tout diffuser, d’un point de la planète à l’autre, à n’importe quel moment. Ce médium a bouleversé le secteur commercial, pour les spectateurs comme pour les diffuseurs, grâce aux possibilités du téléchargement, légal ou pirate. Il aussi changé la donne pour les créateurs qui trouvent désormais une fenêtre toujours ouverte pour leurs œuvres et, au-delà, un public potentiellement illimité. Cela se vérifie notamment dans le domaine du court métrage. Les sites qui leurs sont dédiés sont nombreux (voir à ce sujet la rubrique “Internet” de Michel Coulombe dans le magazine Bref). Ils proposent des films mais aussi des ressources pédagogiques, des liens, des conseils, permettent à des coopératives de (jeunes) cinéastes de se faire connaître. Au sein de cet espace de “diffusion massive”, il faut, comme l’explique Philippe Germain de l’Agence du court métrage, trouver les “sites qui font un travail de médiation, qui sélectionnent les courts métrages en fonction d’un genres, d’une ligne éditoriale”. Internet est-il un vrai tremplin “La révolution des crabes est un court métrage qui a suscité un “buzz” et a eu beaucoup de succès sur le Web. Au point que son auteur, Arthur de Pins, a pu tirer des copies et le faire circuler en festival”. À l’Agence du court métrage, qui reçoit 400 courts métrages par an en argentique (et qui s’apprête à faire la promotion l’an prochain des oeuvres tournées en numérique), on se tient au courant de ce qui se passe sur Internet. Notamment quand des auteurs envoient des liens vers leur film en ligne. “Mais ce n’est pas un objet systématique de recherche de nouveaux talents” nuance Philippe Germain. En outre, le “fantasme de la mondialisation et du plus large public” que semble assouvir Internet possède selon lui son revers. “Des sites comme Dailymotion et You Tube sont des “best-of” de ce qui s’est fait en matière de courts métrages ces dernières années. Mais souvent, leurs auteurs ne sont même pas informés de la présence de leur film sur ces sites, qui se protègent en prétendant qu’ils sont hébergeurs, pas éditeurs, ce qui est faux. Les auteurs, eux, ne perçoivent aucune rémunération”. Quelle solution à ce problème “Actuellement, les sites réfléchissent et songent à utiliser la publicité”. Tous les films seront-ils rémunérés à égalité ou en fonction du public qu’ils attirent Et d’ailleurs, est-ce ce que l’on peut souhaiter de mieux à un film conçu dans une démarche désintéressée (amateurisme, recherche artistique), que de finir encadré de publicités Comment concilier le désir de libre consultation des spectateurs, les revendications des artistes (droits d’auteurs, mise en valeur des œuvres diffusées) et les stratégies commerciales des robinets à images Internet est bien le nouveau terrain où s’affrontent les exigences contradictoires inhérentes à la diffusion des œuvres. DAVID MATARASSO 1. Voir à ce sujet l’article de Cahiers du cinéma N° 624 (juin 2007) : “Montrer les films autrement”. 10 / projections actions cinéma / audiovisuel
LA DIFFUSION__ENTRETIEN Un lieu ressource La vie des films est désormais ponctuée de multiples possibilités de diffusion. Après la salle de cinéma et/ou le passage sur les canaux de télévision, les films peuvent trouver une deuxième vie au sein des structures culturelles et des vidéothèques. Comme le catalogue Images de la culture du CNC, les Ateliers de Diffusion Audiovisuelle (ADAV) offrent un catalogue impressionnant de titres pour des diffusions en toute légalité. Entretien avec le directeur de l’ADAV, Pascal Brunier. Projections : Quelle est l’origine des Ateliers de Diffusion Audiovisuelle Pascal Brunier : Association loi 1901 créée en 1984 avec le soutien de plusieurs ministères, l’ADAV était à l’origine un organisme d’étude subventionné par le Fonds d’Intervention Culturelle. Sa mission consistait à déterminer s’il était juridiquement et économiquement viable de mettre en place des vidéothèques de prêt au sein du réseau des bibliothèques publiques. Grâce à la Direction du livre, il était déjà possible d’y emprunter des livres, des CD audio, mais l’image n’était présente que sur des cassettes 3/4 de pouce en “consultation sur place”. Dès la fin de l’année 1985, une trentaine de vidéothèques de prêt furent ainsi créées et l’association se transforma en centrale d’achat de programmes audiovisuels visant à valoriser les œuvres du patrimoine audiovisuel et cinématographique, à favoriser leur diffusion dans les réseaux culturels ou éducatifs, notamment celui des bibliothèques et à générer de nouvelles pratiques liées au standard vidéo. La nouvelle mission de cette association consista à négocier les droits d’usage des productions audiovisuelles auprès des détenteurs de droits, ainsi qu’à contacter divers producteurs de programmes non édités, pour concevoir avec eux des éditions exclusivement réservées aux réseaux culturels. Un premier catalogue de 250 titres fut alors conçu et proposé aux bibliothécaires afin de composer les fonds des premières vidéothèques. Projections : Quels sont les différents usages des documents audiovisuels au sein des bibliothèques PB : En France, il y a deux registres différents concernant l’utilisation des objets audiovisuels dans les médiathèques. Le “Prêt gratuit individuel - Cercle de famille” qui offre la possibilité d’emprunter un DVD pour le regarder chez soi et la “consultation sur place” qui permet de visionner un film, seul ou à plusieurs au sein même de la bibliothèque à condition que l’établissement ne fasse aucune publicité extérieure et que la projection ne s’inscrive pas dans le cadre d’une programmation. Projections : Quels sont les réseaux culturels ou institutionnels, autres que les bibliothèques publiques, auxquels vous vous adressez PB : Nous travaillons avec l’Education Nationale ou encore le réseau des ambassades du ministère des affaires étrangères. Nous collaborons aussi avec de nombreuses structures du tissu socioéducatif ou socioculturel susceptibles de générer une activité équivalente à celle des bibliothèques : musées, associations dotées d’une vidéothèque, pratiquant le prêt gratuit de DVD ou offrant un service de consultation sur place. Aujourd’hui, notre réseau comprend plus de 6000 organismes culturels ou éducatifs. actions cinéma / audiovisuel projections / 11
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