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L’IMAGE ET VOUS__REGARD SUR<br />
Tournage à Lille de Colour Phobia<br />
Films sans frontières<br />
De cette deuxième édition de YEFF!, on retient d'abord l'enthousiasme<br />
des participants venus de onze pays : Allemagne, Belgique,<br />
Espagne, France, Grande-Bretagne, Italie, Pays-Bas, Pologne,<br />
Portugal, Slovénie, Suède. Ces jeunes de 17 à 25 ans attendaient beaucoup<br />
de ce Forum et étaient porteurs de multiples motivations ; désir<br />
de découvrir d'autres cultures, de comparer les réalités sociales de son<br />
pays avec celle du pays voisin (Djamal, 16 ans, Belgique) ; envie de<br />
“voir les films que d'autres jeunes avaient pu tourner avant YEFF!,<br />
professionnels ou non, et d'en débattre” (Malgorzata, Pologne, 20<br />
ans) ; volonté d'acquérir “des connaissances en suivant les ateliers”<br />
(Arnout, 23 ans, Belgique). Sans parler, tout simplement, de l'envie de<br />
faire des rencontres.<br />
CIRCULATIONS<br />
De prime abord, <strong>la</strong> barrière des <strong>la</strong>ngues apparaît comme le principal<br />
écueil d'un tel projet. Dans les faits, elle est assez vite surmontée. Si<br />
certains ne parlent pas ang<strong>la</strong>is, d'autres sont bilingues et assurent <strong>la</strong><br />
traduction dans les groupes. Et puis, comme le faisait observer<br />
Malgorzata, “le fait de ne pas partager <strong>la</strong> même <strong>la</strong>ngue oblige justement<br />
à trouver des choses en commun”.<br />
En plus de ne pas parler <strong>la</strong> même <strong>la</strong>ngue, les jeunes réunis à YEFF!<br />
ne partagent pas le même degré de connaissance en matière <strong>d'images</strong>,<br />
de pratique et de théorie cinématographique. Certains ont déjà<br />
signé un ou plusieurs films. D'autres ont participé à des ateliers de<br />
réalisation collectifs. D'autres encore découvrent ici pour <strong>la</strong> première<br />
fois le maniement de <strong>la</strong> caméra. L'enjeu du Forum est d'instaurer un<br />
brassage entre toutes ces personnes. De ce point de vue, le tournage<br />
du film collectif en région, avant le regroupement à Marly-le-Roi,<br />
constituait un moment privilégié. “Ceux qui ne savent pas apprennent<br />
et ceux qui en savent plus se remettent en question” constatait <strong>la</strong><br />
réalisatrice intervenante Flora Galuchot. À condition toutefois, précisait-elle,<br />
de parvenir à créer un équilibre au sein de chaque groupe.<br />
METTRE EN SCÈNE LA DIVERSITÉ<br />
Les films que doivent réaliser les participants de YEFF! ont un même<br />
sujet, imposé : <strong>la</strong> diversité culturelle. Pas évident, surtout quand on a<br />
peu de temps pour le concevoir et guère plus pour le tourner. Le<br />
thème est vaste, “on peut y mettre too much or nothing” admet une<br />
intervenante. Au risque de tomber dans les “stéréotypes”, les clichés,<br />
surtout quand on se doit de trouver le plus vite possible des dénominateurs<br />
communs. Aussi les organisateurs suggèrent-ils de travailler<br />
sur des déclinaisons thématiques.<br />
À Lille (Nord-Pas-de-Ca<strong>la</strong>is), Belges, Polonais et Français réunis dans<br />
un Foyer de jeunes travailleurs, ont choisi d'aborder le sujet sous trois<br />
angles : les différences, les simi<strong>la</strong>rités et l'identité.<br />
En se demandant : “Qu'est-ce qui nous différencie ”, un groupe a<br />
cherché à se confronter à ses propres préjugés et, pour ce<strong>la</strong>, s'est enregistré<br />
en train de discuter de “ceux qu'on n'aime pas”. Les interviews<br />
ont ensuite été montées sur les images d'un clown dans une rue de<br />
Lille (“un clown, ce peut être tout le monde, on ne voit pas son visage”<br />
expliquait l'une des participantes), personnage dont <strong>la</strong> présence suscite<br />
chez les passants des réactions variées (indifférence, suspicion, rire).<br />
À <strong>la</strong> question inverse - “Qu'est-ce qui nous rend simi<strong>la</strong>ires ” -, un<br />
autre groupe a répondu : “les besoins essentiels : manger, respirer,<br />
aimer”. Mais dans ces gestes universels, les jeunes se sont attachés à<br />
traquer les dissemb<strong>la</strong>nces - des êtres humains mangent avec des fourchettes,<br />
d'autres avec des baguettes etc. -, à souligner <strong>la</strong> diversité.<br />
Enfin, <strong>la</strong>st but not the least : “Qui est Jérôme ”. Un jeune, un vieux, un<br />
chômeur, un bourgeois, un serial-killer… Comme un portrait chinois,<br />
le film ba<strong>la</strong>ye toutes les identités possibles sur un ton énergique et<br />
joyeux, manière là aussi de célébrer les charmes de <strong>la</strong> diversité. “J'ai<br />
adoré <strong>la</strong> façon dont nous l'avons conçu” notait Chris (22 ans, Ir<strong>la</strong>ndais<br />
résidant en Belgique), “au cours d'une séance de brainstorming basée<br />
sur le principe du cadavre exquis”.<br />
Travailler ensemble, en ayant pour principe de faire des différences (de<br />
<strong>la</strong>ngage, de pratique) des atouts : l'expérience semble avoir fonctionné<br />
pour beaucoup de participants qui se disaient heureux, même si certains<br />
regrettaient de ne pas avoir pu suivre plus d'ateliers, ou de ne pas<br />
avoir eu plus de temps pour débattre des films. Comment et jusqu'où<br />
peut-on associer éducation à l'image et échange interculturel La prochaine<br />
édition, à Göteborg en Suède, apportera de nouvelles réponses.<br />
La forme de YEFF! n'est pas encore figée, elle ne le sera sans doute<br />
jamais - heureusement - et ce d'autant moins que chacune des structures<br />
qui composent ce réseau européen possède ses spécificités.<br />
DAVID MATARASSO<br />
actions cinéma / audiovisuel projections / 17