La logique de la liberté - Institut Coppet
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200 AUTRES EXEMPLES<br />
tout ce qu'on lui comman<strong>de</strong> ». Le premier pas vers <strong>la</strong> liberté est <strong>la</strong><br />
fixation <strong>de</strong>s <strong>de</strong>voirs féodaux par <strong>la</strong> coutume, par <strong>la</strong> loi ou par <strong>de</strong>s textes<br />
écrits. Finalement, par <strong>la</strong> commutation <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>voirs en <strong>de</strong>tte d'argent,<br />
le détenteur <strong>de</strong>s chartes <strong>de</strong>vient un tenancier, qui a le droit <strong>de</strong> disposer<br />
librement <strong>de</strong> son propre temps et <strong>de</strong> sa propre personne, et <strong>de</strong> juger luimême<br />
<strong>de</strong> ce qu'il lui est le plus loisible et profitable <strong>de</strong> faire.<br />
Mais le champ <strong>de</strong>s libertés (liberties) publiques n'est pas proportionnel,<br />
en général, à celui <strong>de</strong> <strong>la</strong> liberté ifreedom) privée. Il se peut même que<br />
les <strong>de</strong>ux soient inversement proportionnels. Le nihilisme privé prépare<br />
l'esprit à se soumettre au <strong>de</strong>spotisme public; et un régime <strong>de</strong>spotique<br />
peut continuer à tolérer <strong>de</strong>s formes dépravées <strong>de</strong> vie privée qu'une autre<br />
société, vivant sous un régime <strong>de</strong> liberté publique, aurait stigmatisées et<br />
découragées par un désaveu général. Sous Staline, le champ ouvert à <strong>la</strong><br />
liberté privée <strong>de</strong>meure plus <strong>la</strong>rge que dans <strong>la</strong> Gran<strong>de</strong>-Bretagne victorienne,<br />
alors que celui <strong>de</strong>s libertés publiques est incomparablement plus<br />
restreint.<br />
Ce qui caractérise une société libre, c'est l'éventail <strong>de</strong> libertés<br />
publiques à travers lesquelles l'individu peut jouer socialement tout son<br />
rôle, et non le champ <strong>la</strong>issé aux libertés personnelles sans eHet social.<br />
Inversement, le totalitarisme n'a pas pour intention première <strong>de</strong> détruire<br />
toute liberté privée; ce sont les libertés publiques, bien plutôt, qu'il<br />
prend pour cible. En eHet, dans <strong>la</strong> conception totalitaire, les actions<br />
personnelles indépendantes ne sont jamais <strong>de</strong> nature à réaliser une<br />
fonction sociale; tout ce qu'elles peuvent faire, c'est satisfaire un désir<br />
privé; quant aux responsabilités publiques, elles incombent toutes à<br />
l'Etat. Alors que <strong>la</strong> conception libérale <strong>de</strong> <strong>la</strong> société accor<strong>de</strong> au contraire<br />
un rôle décisif, dans <strong>la</strong> vie publique <strong>de</strong>s nations, à <strong>la</strong> liberté individuelle.<br />
Ces considérations obligent à remettre en cause <strong>la</strong> distinction entre les<br />
<strong>de</strong>ux aspects, public et privé, <strong>de</strong> <strong>la</strong> liberté. Certes, tous <strong>de</strong>ux doivent être<br />
protégés; [159] mais il est fatal au premier d'être fondé sur le second et<br />
d'être, comme ce<strong>la</strong> arrive souvent, revendiqué en son nom.<br />
LES SYSTÈMES D'ORDRE SPONTANÉ DANS LA SOCIÉTÉ<br />
Quand l'ordre se construit entre les êtres humains par <strong>la</strong> faculté qui<br />
leur est <strong>la</strong>issée d'interagir les uns avec les autres à leur propre initiative<br />
- en étant seulement soumis aux lois qui s'appliquent uniformément à