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pdf 192 ko - Institut national de la statistique malgache (INSTAT)

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1<br />

n°9659/E<br />

UNE APPROCHE REGIONALE DE LA PAUVRETE A TRAVERS L'ANALYSE<br />

DES INDICATEURS DE DEVELOPPEMENT HUMAIN (IDH) ET<br />

DE PRIVATION DES CAPACITES (IPC)<br />

Pascale RATOVONDRAHONA, Jean R. RATSIMANDRESY<br />

Novembre 1996<br />

(Version provisoire)<br />

Résumé<br />

Les différentes métho<strong>de</strong>s d'évaluation <strong>de</strong> <strong>la</strong> pauvreté se base <strong>la</strong> plupart du temps sur un critère<br />

d'évaluation: le revenu par habitant , <strong>la</strong> consommation par habitant ou <strong>la</strong> consommation alimentaire en particulier.<br />

L'approche du PNUD à travers l'Indicateur <strong>de</strong> Développement Humain (IDH) et l'Indicateur <strong>de</strong>s Pénuries <strong>de</strong><br />

Capacités (IPC) a par contre le mérite d'intégrer une mesure multi-dimensionnelle du développement ou <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

pauvreté. L'IDH intègre ainsi en plus <strong>de</strong> l'indicateur courant du revenu réel par habitant, 2 autres indicateurs,<br />

représentatifs du niveau <strong>de</strong> santé et d'éducation. L'IPC indicateur nouvellement créé mesure <strong>la</strong> pauvreté au niveau<br />

même <strong>de</strong>s ménages , s'attache à 3 domaines essentiels où ceux ci connaissent un manque, une pénurie et exprime<br />

en outre l'intensité <strong>de</strong> cette pénurie.<br />

Cette étu<strong>de</strong> propose une approche <strong>de</strong> <strong>la</strong> pauvreté à travers le niveau <strong>de</strong> ces indicateurs au niveau <strong>national</strong>,<br />

régional et pour chaque milieu <strong>de</strong> rési<strong>de</strong>nce. Le niveau encore peu satisfaisant <strong>de</strong> ces indicateurs confirme <strong>la</strong><br />

gran<strong>de</strong> pauvreté <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion mise en évi<strong>de</strong>nce par les autres métho<strong>de</strong>s d'évaluation <strong>de</strong> <strong>la</strong> pauvreté (Métho<strong>de</strong><br />

du seuil <strong>de</strong> pauvreté) et révèle également que <strong>la</strong> pauvreté en termes monétaire revêt un caractère <strong>de</strong> masse à<br />

Madagascar. L'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> ces indicateurs a par ailleurs mis en exergue les profon<strong>de</strong>s déficiences <strong>de</strong>s domaines<br />

essentiels du développement humain à Madagascar. Plus précisemment, il a révélé <strong>la</strong> situation encore<br />

préoccupante du système sanitaire et l'effondrement du système éducatif, entrainant <strong>la</strong> neutralisation <strong>de</strong>s<br />

remarquables efforts fournis en matière d'éducation à Madagascar pendant 2 décénnies. Si le c<strong>la</strong>ssement <strong>de</strong>s<br />

provinces suivant ce critère ne diffère pas sensiblement <strong>de</strong> celui obtenu par le revenu ou consommation par<br />

habitant, l'analyse a fait ressortir <strong>de</strong>s faits sail<strong>la</strong>nts ayant trait au développement humain régional. Elle a ainsi fait<br />

apparaitre que malgré une situation <strong>national</strong>e globalement préoccupante en matière <strong>de</strong> santé, <strong>la</strong> province <strong>de</strong><br />

Fianarantsoa est celle qui connaît <strong>la</strong> situation <strong>la</strong> plus critique dans ce domaine avec <strong>de</strong>s indicateurs d'espérance<br />

<strong>de</strong> vie, <strong>de</strong> mortalité, <strong>de</strong> couverture sanitaire les plus mauvais. Par contre, pour ce qui concerne l'éducation, les<br />

phénomènes d'effondrement du système sco<strong>la</strong>ire et <strong>de</strong> neutralisation <strong>de</strong>s efforts fournis n'ont épargné aucune<br />

province. Toutefois <strong>la</strong> province <strong>de</strong> Tuléar parait particulièrement touchée.Ces 2 provinces qui occupent déjà<br />

les <strong>de</strong>rnières positions en matière <strong>de</strong> revenu et consommation par habitant sont donc également les 2 régions où le<br />

développement humain est le plus faible à Madagascar.<br />

La province d'Antananarivo <strong>de</strong>vancée par celle d'Antsiranana sur le p<strong>la</strong>n <strong>de</strong> <strong>la</strong> consommation par habitant<br />

se c<strong>la</strong>sse par contre toujours en tête pour les 2 domaines spécifiques (santé et éducation) et selon les 2 indicateurs<br />

IDH et IPC. La province d'Antananarivo est donc <strong>la</strong> province où le niveau <strong>de</strong> développement humain est le<br />

plus élevé.<br />

L'analyse confirme par ailleurs que le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> développement humain est <strong>la</strong>rgement supérieur en milieu<br />

urbain qu'en milieu rural avec un niveau <strong>de</strong>s indicateurs IDH et surtout IPC presque 2 fois meilleurs en milieu<br />

urbain. Le développement humain parait fortement lié au <strong>de</strong>gré d'urbanisation à Madagascar et c'est peut-être ce<br />

qui explique son niveau élevé à Antananarivo qui bénéficie <strong>de</strong> <strong>la</strong> présence <strong>de</strong> <strong>la</strong> capitale.


2<br />

I INTRODUCTION: Pourquoi l’IDH<br />

Un aperçu <strong>de</strong>s différentes évaluations <strong>de</strong> <strong>la</strong> pauvreté...<br />

L'ONU a proc<strong>la</strong>mé l'année 1996 "Année inter<strong>national</strong>e pour l'élimination <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

pauvreté" et instaure <strong>la</strong> décénnie 1997- 2006 comme étant <strong>la</strong> première décénnie <strong>de</strong>s Nations<br />

Unies pour l'élimination <strong>de</strong> <strong>la</strong> pauvreté. Cette lutte contre <strong>la</strong> pauvreté est particulièrement<br />

d'actualité à Madagascar qui avec un PNB/ Hab <strong>de</strong> 220 $ en 1993 (PNUD 1996) figure parmi<br />

les 10 pays les plus pauvres du mon<strong>de</strong>.<br />

Plusieurs étu<strong>de</strong>s sur ce thème ont été menées à Madagascar. La Banque Mondiale a<br />

ainsi appréhendé et évalué <strong>la</strong> pauvreté à Madagascar à travers <strong>la</strong> métho<strong>de</strong> du seuil <strong>de</strong> pauvreté<br />

(SP) qui consiste à comparer le revenu ou <strong>la</strong> consommation <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion à un seuil <strong>de</strong><br />

pauvreté exprimé dans les mêmes termes. Tout individu dont le revenu ( ou <strong>la</strong> consommation )<br />

est inférieur à ce seuil donné est alors considéré comme pauvre 1. .Le seuil <strong>de</strong> pauvreté ainsi<br />

obtenu s'élève à Madagascar à 247.637 Fmg/Hab/an. Il apparait selon cette étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> Banque<br />

Mondiale qu'environ les trois quart <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion <strong>malgache</strong> (74% environ) sont en<br />

<strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> ce seuil.<br />

Par ailleurs, un autre seuil <strong>de</strong> pauvreté appelé seuil <strong>de</strong> pauvreté extrême (SPE) a<br />

également été défini.Il correspondrait aux ménages dont le revenu serait tout juste suffisant<br />

pour acheter <strong>la</strong> nourriture. Ceux-ci diminueraient leur ration alimentaire quotidienne pour<br />

pouvoir faire face aux autres dépenses non alimentaires incompressibles. Ils n'atteignent donc<br />

pas le minimum calorique requis.Ce seuil <strong>de</strong> pauvreté extrême se situe à Madagascar à environ<br />

196.712 Fmg/Hab/an selon cette étu<strong>de</strong> et un peu moins <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux tiers <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion<br />

(63%) est en <strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> ce seuil selon <strong>la</strong> Banque Mondiale et connaît une situation <strong>de</strong><br />

pauvreté extrême.<br />

Cette métho<strong>de</strong> du seuil <strong>de</strong> pauvreté <strong>de</strong> <strong>la</strong> Banque Mondiale présente l'avantage <strong>de</strong><br />

révéler différents aspects <strong>de</strong> <strong>la</strong> pauvreté notamment son inci<strong>de</strong>nce (nombre <strong>de</strong> ménages en<br />

<strong>de</strong>ssous du seuil <strong>de</strong> pauvreté ) et son intensité (étendue <strong>de</strong> <strong>la</strong> pauvreté) et <strong>la</strong> sévérité <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

pauvreté. Par contre, elle repose sur une vision partielle <strong>de</strong> <strong>la</strong> pauvreté puisqu'elle sous-entend<br />

que le bien-être <strong>de</strong>s ménages ne dépend que <strong>de</strong> leur revenu (ou <strong>de</strong> leur consommation privée).<br />

Le projet MADIO 2 a également présenté un seuil <strong>de</strong> pauvreté établi à partir <strong>de</strong><br />

l'estimation du coût d'un ensemble <strong>de</strong> produits alimentaires <strong>de</strong> base (riz mais aussi maïs,<br />

manioc...) en tenant compte <strong>de</strong>s habitu<strong>de</strong>s alimentaires <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion et <strong>de</strong>s différents prix<br />

régionaux. Le seuil <strong>de</strong> pauvreté obtenu qui tient compte du poids <strong>de</strong> ces produits dans <strong>la</strong><br />

consommation totale <strong>de</strong>s ménages s'élève selon cette étu<strong>de</strong> à Madagascar 260.000Fmg/an /tête<br />

sauf à Tuléar où il se situe à 210.000Fmg /an. La proportion <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion en <strong>de</strong>ssous <strong>de</strong><br />

ce seuil est alors estimé à 63%. Une autre mesure <strong>de</strong> <strong>la</strong> pauvreté a aussi été donnée à travers<br />

le niveau <strong>de</strong> calories consommées par les ménages. Si l'apport calorique moyen à Madagascar<br />

(2140 calories) est supérieur au minimum quotidien nécessaire (2133 calories), il apparait que<br />

58,3% <strong>de</strong>s ménages ont malgré tout un apport calorique inférieur à ce minimum. Une<br />

évaluation <strong>de</strong> l'extrême pauvreté a alors été obtenue 3. ). Les résultats donnent un pourcentage<br />

<strong>de</strong> 47% <strong>de</strong> popu<strong>la</strong>tion en situation <strong>de</strong> pauvreté extrême.<br />

.<br />

(1)L'Elément clé <strong>de</strong> cette métho<strong>de</strong> rési<strong>de</strong> dans <strong>la</strong> définition du seuil <strong>de</strong> pauvreté qui est obtenu en établissant <strong>la</strong> liste <strong>de</strong> 45 produits<br />

alimentaires les plus courramment utilisés et dont le niveau <strong>de</strong> calories apportés serait proche du niveau minimum requis (2100 caloris). Ces<br />

aliments courrament utilisés et qui satisfont les besoins nutritionnels quotidiens définissent ce qu'on appelle le "panier <strong>de</strong> <strong>la</strong> ménagère". Ce<br />

premier volet constituerait le volet alimentaire <strong>de</strong>s dépenses <strong>de</strong>s ménages. Un autre volet <strong>de</strong> dépenses, les dépenses non alimentaires est fixé<br />

dans l'é<strong>la</strong>boration <strong>de</strong> ce seuil et il correspond aux dépenses non alimentaires <strong>de</strong>s ménages qui remplissent le volet alimentaire. Signalons<br />

que cette métho<strong>de</strong> sous-entend ainsi que <strong>la</strong> catégorie <strong>de</strong> ménages qui satisfait ses besoins alimentaires satisfait également ses autres besoins<br />

essentiels (et n'est donc pas pauvre), or, il n'est pas du tout automatique qu'un ménage dont les besoins nutrionnels quotidiens sont satisfaits<br />

(volet alimentaire rempli) ait également ses autres besoins essentiels satisfaits et donc peut être considéré comme non pauvre.<br />

-2 RAVELOSOA, R."Les disparités économiques à l'heure <strong>de</strong> <strong>la</strong> décentralisation: une image régionale <strong>de</strong> <strong>la</strong> consommation <strong>de</strong>s ménages en<br />

1993-1994. MADIO n°9637E<br />

-3 Elle a été obtenu en combinant les critères précé<strong>de</strong>nts (revenu inférieur au seuil <strong>de</strong> pauvreté et apport énergétiqueinférieur au minimum<br />

requis


3<br />

Par ailleurs, une étu<strong>de</strong> plus ancienne <strong>de</strong> Cornell University en 1980, avait également<br />

proposé une évaluation <strong>de</strong> <strong>la</strong> pauvreté fondée sur <strong>la</strong> consommation <strong>de</strong> riz, base <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

consommation et pour lequel <strong>de</strong>s données étaient disponibles. Le seuil <strong>de</strong> pauvreté établi<br />

correspond au revenu minimum requis pour satisfaire 50% du minimum <strong>de</strong> 2100 calories<br />

requis par jour et par personne en prenant donc en compte comme source <strong>de</strong> calories<br />

uniquement <strong>la</strong> consommation <strong>de</strong> riz.Elle a ainsi abouti à une proportion <strong>de</strong> pauvres <strong>de</strong> 34% en<br />

1980.<br />

D'autres étu<strong>de</strong>s basées également sur le critère alimentaire existent notamment celle <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

Banque Mondiale "Food sécurity and nutrition in Madagascar" en 1990 où <strong>la</strong> Banque<br />

Mondiale propose une approche <strong>de</strong> <strong>la</strong> pauvreté à travers <strong>la</strong> notion <strong>de</strong> sécurité alimentaire. Elle<br />

concluait que 35% <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion connaissait une insécurité alimentaire moyenne et 11% une<br />

insécurité alimentaire extrême.<br />

Tab 1: Différentes évaluations <strong>de</strong> <strong>la</strong> pauvreté à Madagascar<br />

Cornell University Banque Mondiale Banque Mond. Madio<br />

1980(1) 1990(2) 1994(3) (4)<br />

Non Pauvres 66 65 26 37<br />

Pauvres 34 35* 74 63<br />

Extrêmem.Pauvres 11* 63 46,7<br />

(1) Macroeconomic Policies and the Poor<br />

(2) "Food sécurity and nutrition in Madagascar", Banque Mondiale , janvier 1990.<br />

(3) "Madagascar, Evaluation <strong>de</strong> <strong>la</strong> pauvreté" Banque Mondiale,1996<br />

(4) RAVELOSOA, R."Les disparités économiques à l'heure <strong>de</strong> <strong>la</strong> décentralisation: une image régionale <strong>de</strong> <strong>la</strong> consommation <strong>de</strong>s ménages en<br />

1993-1994. MADIO n°9637E<br />

Mais ces métho<strong>de</strong>s axées essentiellement sur un critère (le revenu ou <strong>la</strong> consommation privée<br />

ou <strong>la</strong> consommation alimentaire en particulier...) offrent une vision encore partielle <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

pauvreté <strong>la</strong>quelle, surtout en ce qui concerne Madagascar, revêt <strong>de</strong>s facettes mutliples. En<br />

particulier, les métho<strong>de</strong>s qui se basent uniquement sur le critère alimentaire (notion <strong>de</strong> sécurité<br />

alimentaitre par exemple) peuvent entrainer une sous-estimation <strong>de</strong> <strong>la</strong> pauvreté car elles sousenten<strong>de</strong>nt<br />

que les ménages qui satisfont leurs besoins alimentaires ne sont pas pauvres, ce qui<br />

n'est pas du tout automatique.<br />

La métho<strong>de</strong> <strong>de</strong>s Besoins Essentiels Non Satisfaits (BENS) a le mérite <strong>de</strong> tenir compte<br />

davantage <strong>de</strong> cet aspect multi-dimensionnel <strong>de</strong> <strong>la</strong> pauvreté. Elle consiste à comparer <strong>la</strong><br />

situation <strong>de</strong> chaque ménage en ce qui concerne plusieurs besoins spécifiques avec une série <strong>de</strong><br />

normes. Ces normes expriment pour chacun <strong>de</strong> ces besoins le p<strong>la</strong>ncher au <strong>de</strong>ssous duquel le<br />

besoin est considéré comme non satisfait. Les ménages ou les individus dont un ou plusieurs<br />

besoins essentiels ne sont pas satisfaits sont alors considérés comme pauvres.<br />

Dans <strong>la</strong> pratique, les indicateurs utilisés sont <strong>de</strong>s indicateurs <strong>de</strong> carence. Ils comprennent<br />

l'entassement, les logements inadaptés, l'abscence <strong>de</strong> réseau inadapté d'alimentation en eau,<br />

l'existence d'enfants non sco<strong>la</strong>risés dans le primaire...Chacun <strong>de</strong>s indicateurs est noté 1 si le<br />

besoin n'est pas satisfait ou 0 s'il est satisfait selon un système purement binaire. Le critère <strong>de</strong><br />

pauvreté est alors le suivant: tout individu dont <strong>la</strong> somme <strong>de</strong>s notes <strong>de</strong>s indicateurs est égale à 1<br />

est pauvre et tout individu pour lequel cette somme est supérieure ou égale à 2 est très pauvre.<br />

Cette métho<strong>de</strong> présente pourtant 2 gran<strong>de</strong>s limites:<br />

- La proportion <strong>de</strong> pauvres i<strong>de</strong>ntifiés n'est pas indépendante du nombre d'indicateurs utilisés car<br />

plus on utilise d’ indicateurs, plus on trouve <strong>de</strong>s ménages pauvres ou très pauvres.<br />

- Elle distingue certes 2 <strong>de</strong>grés <strong>de</strong> pauvreté (pauvreté et pauvreté extrême) mais elle ne permet<br />

pas <strong>de</strong> connaître le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> gravité <strong>de</strong> <strong>la</strong> pauvreté. On met ainsi sur le même p<strong>la</strong>n ceux qui<br />

sont juste en <strong>de</strong>çà <strong>de</strong>s limites et ceux qui se trouvent très en-<strong>de</strong>ssous.


4<br />

Avec l'apparition du concept <strong>de</strong> développement humain au début <strong>de</strong>s années 90, le<br />

PNUD a é<strong>la</strong>boré une autre mesure <strong>de</strong> <strong>la</strong> pauvreté dénommée Indicateur <strong>de</strong> Développement<br />

Humain (IDH). Ce concept <strong>de</strong> Développement humain procè<strong>de</strong> en fait <strong>de</strong> l'extension, <strong>de</strong><br />

l'é<strong>la</strong>rgissement <strong>de</strong> l'approche <strong>de</strong>s BENS. Mais il va plus loin que les BENS car il vise tous les<br />

êtres humains et pas uniquement les pauvres. Il s'applique autant aux pays industrialisés qu'aux<br />

pays à revenus intermédiaires ou faibles. Il prone un "développement <strong>de</strong>s gens, pour les<br />

gens et par les gens".<br />

Ce concept <strong>de</strong> développement humain est aussi défini comme un "processus d'é<strong>la</strong>rgissement <strong>de</strong><br />

l'éventail <strong>de</strong> possibilités offertes aux individus". Il préconise <strong>la</strong> nécessité <strong>de</strong> mettre l'accent sur<br />

le développement <strong>de</strong> <strong>la</strong> personne humaine et notamment dans <strong>de</strong>s domaines prioritaires <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

vie d'un individu ( santé, enseignement <strong>de</strong> base, alimentation...) et pas uniquement sur le taux<br />

<strong>de</strong> croissance <strong>de</strong> l'économie.<br />

Il est évi<strong>de</strong>nt que l'Indicateur <strong>de</strong> Développement Humain (ou n'importe quel autre indicateur<br />

d'ailleurs) ne pourra pas saisir tout le concept <strong>de</strong> développement humain. Cet indicateur s'est<br />

focalisé uniquement sur trois domaines essentiels <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie d'un individu pour en mesurer le<br />

progrès (ou le recul).<br />

Intérêt <strong>de</strong> l'IDH et <strong>de</strong> l'IPC.<br />

Cette approche du PNUD à travers le calcul <strong>de</strong> l'IDH bien qu'elle ait ses limites, a le mérite <strong>de</strong><br />

suppléer d'une certaine manière aux inconvénients <strong>de</strong>s approches précé<strong>de</strong>ntes (SP et BENS).<br />

Ainsi , par rapport à <strong>la</strong> métho<strong>de</strong> du SP, l'indicateur IDH tient compte d'autres indicateurs que le<br />

seul revenu (ou consommation) <strong>de</strong>s individus et intègre donc davantage l'aspect multidimensionnel<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> pauvreté .<br />

Mis à part le fait que <strong>la</strong> considération du seul revenu n'offre en effet qu'une vision partielle <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> pauvreté, l'indicateur revenu moyen (ou consommation moyenne ) n'est pas vraiment<br />

représentatif du groupe qu'il est censé représenter puisqu'un petit nombre d'individus à revenus<br />

très élevés peut faire monter <strong>la</strong> moyenne . Par contre , en intégrant un indicateur <strong>de</strong> santé, <strong>de</strong><br />

durée <strong>de</strong> vie, un indicateur <strong>de</strong> niveau d'éducation et indicateur <strong>de</strong> niveau <strong>de</strong> vie, l'IDH offre une<br />

distribution beaucoup moins assymétrique que le seul revenu. La valeur moyenne <strong>de</strong> l'IDH<br />

renseigne donc davantage sur <strong>la</strong> distribution <strong>de</strong>s variables que <strong>la</strong> valeur moyenne du seul<br />

indicateur revenu.<br />

De plus par rapport à <strong>la</strong> métho<strong>de</strong> <strong>de</strong>s BENS, on dispose avec l'IDH d'une mesure <strong>de</strong> <strong>la</strong> gravité<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> pauvreté à travers l'échelle <strong>de</strong> valeur entre 0 et 1 que peut prendre cet indicateur.<br />

I /Définition actuelle <strong>de</strong> l'IDH et IPC<br />

L'indicateur IDH<br />

C’ est donc un indicateur composite qui est en fait <strong>la</strong> moyenne arithmétique <strong>de</strong> 3 indicateurs:<br />

- Indicateur <strong>de</strong> santé à travers l'espérance <strong>de</strong> vie à <strong>la</strong> naissance.<br />

- Indicateur <strong>de</strong> niveau d'éducation mesuré par le taux d'alphabétisation <strong>de</strong>s adultes et le taux<br />

brût <strong>de</strong> sco<strong>la</strong>risation tous niveaux confondus.<br />

- Indicateur <strong>de</strong> revenu ou <strong>de</strong> niveau <strong>de</strong> vie à travers l'indicateur PIB réel / hab exprimé en<br />

Parités <strong>de</strong>s Pouvoirs d'Achat.<br />

La valeur <strong>de</strong> chacun <strong>de</strong> ces 3 indicateurs s'obtient <strong>de</strong> <strong>la</strong> manière suivante:<br />

I= valeur <strong>de</strong> <strong>la</strong> variable xi- valeur minimale<br />

valeur maximale - valeur minimale.<br />

La définition <strong>de</strong> cet indicateur n'a cessé d'évoluer pour tenir compte <strong>de</strong>s critiques qui lui ont<br />

été adressées .<br />

Des valeurs minimales et maximales qui serviront <strong>de</strong> borne ont été étudiées et fixées et


5<br />

montrent pour chaque variable sa position sur l'échelle <strong>de</strong> valeur (définie par les valeurs<br />

maximales et minimales) et mesure par ailleurs le progrès maximum restant à accomplir pour<br />

chaque variable.Ces valeurs minimales et maximales sont respectivement <strong>de</strong>:<br />

- eo min= 25 ans et eo max= 85 ans pour l'espérance <strong>de</strong> vie à <strong>la</strong> naissance.<br />

- alph.min.= 0% et alph.max.= 100% pour l'alphabétisation <strong>de</strong>s adultes.<br />

- scol. min = 0% et scol max.= 100% en ce qui concerne le taux brût <strong>de</strong> sco<strong>la</strong>risation.<br />

- PIB min.= 100$ et PIB max= 40.000$ pour les valeurs minimales et maximales du revenu<br />

réel par habitant.<br />

Ainsi si l'espérance <strong>de</strong> vie à <strong>la</strong> naissance est à Madagascar <strong>de</strong> 56 ans, <strong>la</strong> valeur <strong>de</strong> l'indicateur<br />

espérance <strong>de</strong> vie s'élèvera à<br />

56-25 ─ 31 ─ 0.5.<br />

85-25 ─ 60 ─<br />

L'indicateur du niveau d'éducation se calcule <strong>de</strong> <strong>la</strong> même manière mais il combine pour 2/3 le<br />

taux d'alphabétisation <strong>de</strong>s adultes et pour 1/3 le taux brût <strong>de</strong> sco<strong>la</strong>risation tout niveau<br />

confondu.<br />

En ce qui concerne l'indicateur <strong>de</strong> revenu, une valeur seuil <strong>de</strong> revenu y* est fixé à 5711$<br />

(correspondant au revenu mondial moyen),<br />

- Si le PIB réel du pays ou groupe considéré est inférieur à cette valeur seuil, le PIB ne subira<br />

aucun ajustement.<br />

- Par contre, tout PIB réel supérieur à cette valeur y* subira un ajustement à travers <strong>la</strong> formule<br />

<strong>de</strong> l'utilité marginale décroissante du revenu (formule d'Atkinson). Ce qui donnera:<br />

y ajusté= y* + 2[ (y-y*) 1/2 ] pour y* < y< 2y*.<br />

y ajusté= y* + 2(y 1/2) + 3[(y- 2y*) 1/3 ] pour 2y*< y< 3y*...etc...<br />

Ainsi, le PIB max <strong>de</strong> 40.000$ prendra après ajustement <strong>la</strong> valeur: 40.000= 5711+ 2 ( 5711 1/2 )<br />

+3 (5711 1/3 )+ 4 (5711 1/4 )+ 5 (5711 1/5 )+ 6 (5711 1/3 )+ 7 (5711 1/3 )+ 8 [40.000 - 7(5711) 1/7 ] 1/8<br />

= 6040 PPA.<br />

Le calcul <strong>de</strong> l'indicateur revenu s'obtiendra donc <strong>de</strong> <strong>la</strong> manière suivante:<br />

revenu réel-100<br />

6040-100<br />

avec un revenu réel néccessitant un ajustement par <strong>la</strong> formule d'Atkinson pour tout revenu<br />

supérieur à 5711$ .<br />

Les critiques.<br />

- Le concept <strong>de</strong> développement humain est beaucoup plus riche et plus <strong>la</strong>rge que ce qu'aucun<br />

indice ou ensemble d'indicateurs ne peut saisir. L'IDH intègre 3 dimensions <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie <strong>de</strong><br />

l'individu mais d'autres domaines aussi importants (logement, alimentation <strong>de</strong> manière plus<br />

spécifique, liberté ,politique...) ne sont pas pris en considération.<br />

- Les valeurs seuils fixés surtout en matière <strong>de</strong> revenus peuvent paraître arbitraires;<br />

Toujours dans le but <strong>de</strong> mesurer <strong>la</strong> pauvreté <strong>de</strong>s ménages, le PNUD a é<strong>la</strong>boré un nouvel<br />

indicateur: l'Indicateur <strong>de</strong>s Pénuries <strong>de</strong> Capacités (IPC) qui est également un indicateur <strong>de</strong><br />

pauvreté pluridimensionnel.<br />

L'Indicateur <strong>de</strong> Pénurie <strong>de</strong> Capacités.<br />

L'insuffisance du revenu ne constitue que l'une <strong>de</strong>s manifestations <strong>de</strong> <strong>la</strong> misère Celle-ci<br />

se traduit dans les différents domaines <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie d'un individu.


6<br />

Sans prétendre à l'exhaustivité l'indicateur IPC tentera <strong>de</strong> refleter le manque, le manque dans 3<br />

domaines importants du développement humain à savoir<br />

- <strong>la</strong> carence, le manque <strong>de</strong> potentialités dans <strong>la</strong> nutrition, dans le système <strong>de</strong> santé, l'accès<br />

à l'eau potable...à travers l'indicateur d'insuffisance pondérale <strong>de</strong>s moins <strong>de</strong> 5 ans.<br />

- L' IPC tiendra également <strong>de</strong>s insuffisances en matière d'éducation <strong>de</strong> base et d'inégalités<br />

entre sexe à travers l'indicateur " analphabétisme <strong>de</strong>s femmes adultes " et enfin<br />

- l'IPC intègre: les pénuries en matière d'accès effectif aux soins <strong>de</strong> santé en général et<br />

gynécologiques et obstétriques en particulier par le biais <strong>de</strong> l'indicateur "naissances non<br />

assistées par le personnel médical".<br />

L'IPC s'obtient alors par <strong>la</strong> moyenne <strong>de</strong> ces indicateurs . Il a l'avantage d'analyser <strong>la</strong> pauvreté au<br />

niveau même <strong>de</strong>s ménages et montre pour chaque ménage quels sont les domaine précis et le<br />

nombre <strong>de</strong> ces domaines où le ménage est pauvre.L'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l'indicateur fera alors apparaître<br />

les domaines où les actions doivent être menées <strong>de</strong> manière prioritaire.<br />

Plusieurs approches d'évaluation <strong>de</strong> <strong>la</strong> pauvreté ont été présentées dans cette étu<strong>de</strong>.<br />

Dans <strong>la</strong> suite <strong>de</strong> cette étu<strong>de</strong>, nous nous proposons d'é<strong>la</strong>borer une approche régionale <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

pauvreté à Madagascar à travers <strong>la</strong> mesure du développement humain dans les différentes<br />

provinces du pays. La situation <strong>de</strong> plus ou moins gran<strong>de</strong> pauvreté <strong>de</strong> chaque région sera donc<br />

appréhendée par le niveau <strong>de</strong>s indicateurs IDH et IPC <strong>de</strong> ces régions, ce qui complètera les<br />

analyses déjà menées en terme <strong>de</strong> SP.<br />

Mais avant <strong>de</strong> nous pencher sur les IDH régionaux, il convient <strong>de</strong> s'arrêter sur l'IDH<br />

<strong>national</strong> et d'en dégager les principales caractéristiques.<br />

II Approche du développement humain au niveau <strong>national</strong> à travers l'analyse <strong>de</strong> l'IDH et<br />

l'IPC <strong>national</strong><br />

Comparaison inter<strong>national</strong>e.<br />

L'IDH <strong>national</strong> se situe à 0,349 (valeur officielle <strong>de</strong> 1993 publiée par le PNUD) qui se<br />

trouve dans <strong>la</strong> moyenne <strong>de</strong> l'Afrique Sub-Saharienne (0,379) et <strong>de</strong>s PMA (0,331) mais <strong>de</strong>meure<br />

très loin <strong>de</strong>rrière le niveau <strong>de</strong>s Pays Industrialisés (0,909) et même du reste du mon<strong>de</strong> (0,706).<br />

Il faut noter que malgré une progression en valeur absolue <strong>de</strong> <strong>la</strong> valeur <strong>de</strong> son IDH 93,<br />

par rapport à 1990 ( 0,349 contre 0,327 en 1990), Madagascar a reculé sur le p<strong>la</strong>n <strong>de</strong> son<br />

c<strong>la</strong>ssement inter<strong>national</strong>. En effet, il est passé <strong>de</strong> <strong>la</strong> 127 e p<strong>la</strong>ce en 1990, dévançant <strong>de</strong>s pays<br />

comme le Cameroun, le Ghana, <strong>la</strong> Côte d'Ivoire, le Nigéria, à <strong>la</strong> 150 e p<strong>la</strong>ce après ces<br />

différents pays en 1993.<br />

Tableau 2: Comparaison inter<strong>national</strong>e <strong>de</strong> l'évolution du Développement Humain<br />

POP°en million PIB réel PPA<br />

Espérance <strong>de</strong><br />

vie<br />

TBS tous IDH IDH PNB Rang<br />

niveaux conf<br />

Valeur Rang Valeur Rang PIB<br />

1960 1993 1960 1993 1960 1993 1980 1990 1990 1990 1993 1993 1993<br />

MADAGASCAR 5,4 13 1013 700 40,7 56,8 60 40 0,33 128 0,349 150 220 164<br />

CAMEROUN 5,3 12,5 736 2220 39,3 56,3 48 52 0,31 133 0,481 127 820 114<br />

COTE D'IVOIRE 3,8 13,3 1021 1620 39,2 50,9 39 37 0,29 136 0,357 147 630 131<br />

GHANA 6,8 16,4 1049 2000 45 56,2 48 46 0,31 131 0,467 129 430 124<br />

NIGERIA 42,3 112 1133 1540 39,5 50,6 50 37 0,24 146 0,4 137 300 134<br />

MAURICE 0,7 1,1 2113 12510 59,2 70,4 48 60 0,79 56 0,825 54 3030 33<br />

Rapport <strong>de</strong> développement Humain:1993-1996<br />

Evolution <strong>de</strong> <strong>la</strong> valeur <strong>de</strong>s IDH


7<br />

Maurice<br />

Madagascar<br />

Ghana<br />

Cameron<br />

1993<br />

1990<br />

Côte d'Ivoire<br />

Nigéria<br />

0 0,2 0,4 0,6 0,8 1<br />

Le maintien <strong>de</strong> l'IDH à ce niveau peu élevé s'explique ainsi à Madagascar par les<br />

performances encore très moyennes du pays en matière d'amélioration <strong>de</strong> l'espérance <strong>de</strong> vie et<br />

<strong>de</strong> l'éducation.<br />

Mais l'évolution du revenu par habitant est encore plus mauvaise. En effet, selon le tableau 2<br />

et, les 2 premiers indicateurs d'espérance <strong>de</strong> vie et <strong>de</strong> niveau d'éducation se situent à<br />

Madagascar à <strong>de</strong>s niveaux comparables à ceux d'Afrique Sub-Saharienne (ASS) ou <strong>de</strong>s Pays<br />

les Moins Avancés (PMA). Des pays précités comme le Cameroun, le Ghana, le Nigéria, <strong>la</strong><br />

Côte d'Ivoire... réalisent <strong>de</strong>s performances à peu près comparables en ce qui concerne les 2<br />

premières composantes <strong>de</strong> l'IDH. L'espérance <strong>de</strong> vie se situe pour ces pays légèrement au<br />

<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> 50 ans (pays industrialisés: 74,3ans, moyenne mondiale: 64,8 ans), et le taux<br />

d'alphabétisation <strong>de</strong>s adultes et taux brût <strong>de</strong> sco<strong>la</strong>risation tous niveaux confondus tournent<br />

respectivement autour <strong>de</strong> 60% et 40-50% environ .<br />

Le taux d'alphabétisation <strong>de</strong>s adultes est estimé à Madagascar par le PNUD à 45,8%.<br />

Des étu<strong>de</strong>s basées notamment sur l'Enquête Permanente auprès <strong>de</strong>s Ménages (EPM) énoncent<br />

par contre un taux d'alphabétisation <strong>de</strong>s adultes bien plus élevé (71%), supérieur à <strong>la</strong> moyenne<br />

régionale <strong>de</strong> l'ASS (47%) même si <strong>la</strong> situation <strong>de</strong> l'éducation à Madagascar a subi, nous le<br />

verrons, une dégradation notable.<br />

Par contre en matière <strong>de</strong> revenu par habitant, <strong>la</strong> perfomance <strong>malgache</strong> est<br />

particulièrement mauvaise. En effet, parmi les différents pays pris en exemple, Madagascar, est<br />

le seul pays qui ait vu son PIB réel par habitant reculé -et ce <strong>de</strong> manière importante(baisse <strong>de</strong><br />

plus 36%) en 30 ans environ - alors que dans le même <strong>la</strong>ps <strong>de</strong> temps, celui <strong>de</strong> ces autres pays<br />

ont augmenté (le revenu réel par habitant a ainsi triplé dans <strong>la</strong> même pério<strong>de</strong> pour le<br />

Cameroun, et il a augmenté respectivement <strong>de</strong> 59%, 90%, et 36% pour <strong>la</strong> Côte d'Ivoire, le<br />

Ghana et le Nigéria).<br />

Ceci nous rappelle que dans le c<strong>la</strong>ssement <strong>de</strong>s pays suivant le critère du PIB réel par<br />

habitant, Madagascar se trouve à <strong>la</strong> 164e p<strong>la</strong>ce sur 174 pays. C'est en tenant compte<br />

d'autres indicateurs qu'intègre l'IDH que <strong>la</strong> gran<strong>de</strong> Ile remonte <strong>de</strong> quelques p<strong>la</strong>ces (150e p<strong>la</strong>ce<br />

suivant le critère <strong>de</strong> l'IDH).<br />

Il est d'ailleurs heureux que l'importante dégradation observée au niveau du revenu par<br />

habitant n'ait pas entrainé une diminution <strong>de</strong> l'espérance <strong>de</strong> vie à Madagascar (chiffre officiel<br />

du PNUD pour l'espérance <strong>de</strong> vie à Madagascar: 56,8 ans, selon le recensement 1993: 52,2<br />

ans) quoiqu'en matière sanitaire, le niveau <strong>de</strong> quelques indicateurs révèle une dégradation<br />

indéniable <strong>de</strong> l'état sanitaire global à Madagascar.<br />

Une situation sanitaire encore préoccupante.


8<br />

Les différents quotients <strong>de</strong> mortalité <strong>de</strong>s enfants <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 5 ans qui figurent<br />

parmi les repères les plus expressifs <strong>de</strong> l'état sanitaire <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion se situent à un<br />

niveau élevé à Madagascar. Ce résultat était prévisible du fait <strong>de</strong> sa situation <strong>de</strong> PMA. Par<br />

contre, un élément nouveau et surtout atypique rési<strong>de</strong> dans l'existence d'une tendance à <strong>la</strong><br />

hausse <strong>de</strong> ces quotients <strong>de</strong> mortalité <strong>de</strong>s enfants <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 5 ans au niveau <strong>national</strong>, du<br />

moins jusqu'à une pério<strong>de</strong> récente (Voir tableau 3); <strong>la</strong> hausse même légère observée constitue<br />

un indice <strong>de</strong> <strong>la</strong> détérioration du développement humain à Madagascar.<br />

Tab3: Quotients <strong>de</strong> mortalité <strong>de</strong>s enfants <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 5 ans<br />

Mortalité infantile Mortalité juvénil Mortalité infanto-<br />

Quotients <strong>de</strong> mortalité (1q0) (4q1) juvénile (5q0)<br />

20 -24 ans avant<br />

103,6 74,5 170,4<br />

enquête<br />

15 -19 ans avant<br />

91,4 85,7 169,2<br />

enquête<br />

10 -14 ans avant<br />

103,8 86,4 181,2<br />

enquête<br />

5 - 9 ans avant enquête 113,3 92 194,9<br />

0 - 4 ans avant enquête 93 76,7 162,6<br />

ENDS 1992<br />

De même, malgré les efforts d'imp<strong>la</strong>ntation <strong>de</strong> centres offrant <strong>de</strong>s services <strong>de</strong> santé<br />

maternelle et infantile (SMI) sur tout le territoire <strong>national</strong>, le niveau élevé du taux <strong>de</strong> mortalité<br />

maternelle <strong>de</strong> 500 à 600 décés pour 100.000 naissances vivantes selon l'Enquête Nationale<br />

Démographique et Sanitaire (ENDS) publiée en 1992 reste digne d'attention. Ce taux a connu<br />

une hausse selon l'UNICEF puisqu'il se situait à 240 décès pour 100.000 naissances vivantes en<br />

1980-1987 selon cet organisme. Fort heureusement, l'évolution récente parait plus favorable<br />

puisque le PNUD mentionne un taux <strong>de</strong> mortalité maternelle <strong>de</strong> 490 décès pour 100.000<br />

naissances vivantes en 1993. (Rapport <strong>de</strong> Développement Humain 1996).<br />

Tab 4: Mortalité maternelle<br />

Taux <strong>de</strong> mortalité<br />

PERIODE pour 100 000<br />

naissances viv,<br />

1980 -1984 300<br />

1980 - 1987 240<br />

1980 - 1990 570<br />

UNICEF 1993<br />

Notons simplement que malgré ce niveau encore très élevé du taux <strong>de</strong> mortalité maternelle<br />

(taux <strong>de</strong>s pays industrialisés: 28 décès pour 100.000 naissances vivantes selon le Rapport <strong>de</strong><br />

Développement Humain 1996), Madagascar se c<strong>la</strong>sse assez bien par rapport à l'Afrique Sub-<br />

Saharienne - en ce qui concerne le taux <strong>de</strong> mortalité maternelle du moins - (929 décès pour<br />

100.000 naissances vivantes en ASS), et surtout par rapport aux PMA (1015 décès pour<br />

100.000 naissances vivantes).<br />

Si nous revenons à Madagascar, au délà <strong>de</strong>s chiffres souvent divergents selon les<br />

sources, il faut surtout retenir que différents quotients <strong>de</strong> mortalité infantile et maternelle<br />

représentatifs <strong>de</strong> <strong>la</strong> situation sanitaire ont connu une évolution atypique <strong>de</strong> hausse (suivie


9<br />

heureusement d'une baisse dans une pério<strong>de</strong> récente). Cette évolution traduit l'état sanitaire<br />

encore préoccupant à Madagascar et souligne les progrès restant à accomplir en matière <strong>de</strong><br />

développement humain.<br />

Mise à part l'existence <strong>de</strong> cette évolution négative <strong>de</strong> ces indicateurs, un autre élément<br />

renseigne sur <strong>la</strong> situation sanitaire encore mauvaise dans <strong>la</strong> gran<strong>de</strong> Ile. Il s'agit <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

recru<strong>de</strong>scence, du maintien ou <strong>de</strong> <strong>la</strong> réapparition à Madagascar <strong>de</strong>s ma<strong>la</strong>dies fortement<br />

liées à <strong>la</strong> pauvreté (aux mauvaises conditions d'hygiène, à <strong>la</strong> malnutrition, au faible accès à<br />

une eau salubre, aux réseaux d'assainissement...), ma<strong>la</strong>dies comme <strong>la</strong> tuberculose, <strong>la</strong><br />

dysenterie, <strong>la</strong> peste, <strong>la</strong> gale...Des ma<strong>la</strong>dies qui pourraient facilement être évitées ou traitées<br />

constituent encore les causes principales <strong>de</strong> morbidité et <strong>de</strong> mortalité à Madagascar (diarrhées,<br />

ma<strong>la</strong>dies respiratoires aigües, paludisme...).<br />

Avant <strong>de</strong> nous pencher sur les facteurs pouvant expliquer cette situation sanitaire, il n'est pas<br />

inutile <strong>de</strong> présenter d'autres indicateurs <strong>de</strong> santé <strong>de</strong> Madagascar:<br />

- Taux Brût <strong>de</strong> Mortalité (TBM): 14,4°/°°en 1993.<br />

- Popu<strong>la</strong>tion ayant accès aux services <strong>de</strong> santé: 65% en 1985-1995<br />

- Popu<strong>la</strong>tion ayant accès à l'eau potable: 29% en 1988-1995.<br />

- Popu<strong>la</strong>tion ayant accès à l'assainissement 1990-1995: 3%.<br />

- Accouchement à <strong>la</strong> maison: 43%.<br />

- Nombre d'habitants par mé<strong>de</strong>cin: 1/8333Habitants.<br />

- Enfants <strong>de</strong> 12 à 23 mois ayant reçu toutes les vaccinations (BCG, DTCoq, Polio,<br />

Rougeole...): 43%.<br />

- Enfants <strong>de</strong> 12 à 23 mois n'ayant reçu aucune vaccination: 20%.<br />

Plusieurs facteurs peuvent expliquer l'état sanitaire préoccupant <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion et les graves<br />

déficiences du système sanitaire à Madagascar. En fait, mis à part le fort croît démographique,<br />

<strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>s facteurs expliquant cet état <strong>de</strong> choses tournent tous autour <strong>de</strong> <strong>la</strong> gran<strong>de</strong> pauvreté<br />

<strong>de</strong>s agents économiques (Etat et ménages).<br />

Une croissance démographique élevée.<br />

En premier lieu, il nous faut tenir compte <strong>de</strong> <strong>la</strong> forte croissance démographique <strong>de</strong> 2,8 % par an<br />

entrainant un doublement <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion en 25 ans environ et un nombre moyen d'enfants<br />

nés vivants pour les femmes <strong>de</strong> 40-49 ans <strong>de</strong> 6,75 enfants à Madagascar: 5,52 en milieu urbain<br />

et 7,03 en milieu rural (ENDS 92). Le nombre annuel <strong>de</strong> naissances vivantes se situe à<br />

environ 500.000 à 600.000 par an, ce qui peut nous montrer l'ampleur <strong>de</strong>s besoins annuels<br />

dans les seuls domaines <strong>de</strong> <strong>la</strong> santé maternelle et infantile (Vaccinations, suivi du santé <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

mère et <strong>de</strong> l'enfant...).<br />

Ce fort dynamisme démographique exerce sur le système sanitaire (qui est loin <strong>de</strong> croitre à ce<br />

rythme,) une pression excessive entrainant une diminution <strong>de</strong> <strong>la</strong> quantité et <strong>de</strong> <strong>la</strong> qualité <strong>de</strong>s<br />

soins <strong>de</strong> santé offerts à <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion.<br />

Une chute du pouvoir d'achat <strong>de</strong>s ménages.


10<br />

Mais il faut également tenir compte <strong>de</strong> <strong>la</strong> chute du pouvoir d'achat et du niveau <strong>de</strong> vie<br />

<strong>de</strong>s ménages <strong>malgache</strong>s (baisse <strong>de</strong> 36,8 % du PIB /hab entre 1960 et 1995 et diminution <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

consommation privée durant <strong>la</strong> même pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> 46,5%) 4<br />

Le PIB réel par habitant <strong>de</strong> 1993 ne réprésente ainsi que 75% <strong>de</strong> celui <strong>de</strong> 1984.<br />

Or, du fait même <strong>de</strong> leur pauvreté et <strong>de</strong> <strong>la</strong> chute <strong>de</strong> leur pouvoir d'achat, les ménages <strong>malgache</strong>s<br />

ne peuvent affecter au poste "santé" qu'une part modique <strong>de</strong> leur budget déjà bien faible (3%<br />

environ). 5<br />

Les infrastructures publiques <strong>de</strong> santé n'offrent pas toujours <strong>de</strong>s soins <strong>de</strong> qualité<br />

(personnel insuffisant, manque <strong>de</strong> matériel et <strong>de</strong> médicaments...).Or, les pauvres sont<br />

davantage amenés à les fréquenter. Dans le premier quintile <strong>de</strong> revenu, en effet, ils se dirigent<br />

ainsi dans 70% <strong>de</strong>s cas vers <strong>de</strong>s structures publiques,18% consultent <strong>de</strong>s guérisseurs<br />

traditionnels, et seuls 12% ont recours aux structures privées mo<strong>de</strong>rnes. Ces structures privées<br />

sont certes <strong>de</strong> meilleure qualité mais leurs coûts restent pour <strong>la</strong> majorité pauvre<br />

inabordables.Par ailleurs, mis à part les organismes confessionnels ou quelques fondations<br />

financées par les ONG se trouvant en milieu rural (Cliniques catholiques, Luthériennes,...) ces<br />

structures privées sont concentrées en milieu urbain et <strong>de</strong> préférence dans les capitales <strong>de</strong><br />

province où rési<strong>de</strong> principalement <strong>la</strong> clientèle solvable.<br />

Le cas <strong>de</strong>s médicaments constitue un problème encore plus grave. Les infrastructures<br />

publiques quelles qu'elles soient disposent <strong>de</strong> médicaments en quantité très insuffisante (voire<br />

pas <strong>de</strong> médicaments du tout). Le budget public pour les médicaments et produits<br />

pharmaceutiques a en effet beaucoup diminué. En 1985 il se situait déjà à un cinquième <strong>de</strong> son<br />

niveau <strong>de</strong> 1977 en termes réels et <strong>la</strong> valeur moyenne <strong>de</strong> <strong>la</strong> consommation globale <strong>de</strong><br />

médicaments a fortement baissé durant cette pério<strong>de</strong> (30%). La plupart <strong>de</strong>s patients doivent<br />

donc fournir eux mêmes leurs médicaments dans les hopitaux comme dans les structures plus<br />

petites (centres <strong>de</strong> soins <strong>de</strong> santé primaires...) en milieu urbain comme en milieu rural...A cause<br />

<strong>de</strong> cette baisse du budget public affecté aux médicaments et aux produits pharmaceutiques et<br />

du fait que ces produits sont pour <strong>la</strong> plupart importés, ils <strong>de</strong>meurent, même pour les plus<br />

courants (antibiotiques, sulfami<strong>de</strong>s...) hors <strong>de</strong> prix pour <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion. Quelques médicaments<br />

sont certes fabriqués sur p<strong>la</strong>ce par l'OFAFA mais, s'ils sont moins couteux que les<br />

médicaments importés, ils connaissent le même problème <strong>de</strong> rareté (les médicaments sont ainsi<br />

pratiquement introuvables dans les zones rurales surtout reculées).<br />

Donc, le faible pouvoir d'achat <strong>de</strong>s ménages limite leur accès aux soins <strong>de</strong> santé et aux<br />

médicaments et contribue également à travers <strong>la</strong> malnutrition et <strong>la</strong> dénutrition à détériorer<br />

l’état <strong>de</strong> santé.<br />

Diminution <strong>de</strong>s dépenses publiques affectées au secteur sanitaire.<br />

Mais <strong>la</strong> forte détérioration du système sanitaire à Madagascar s'expliquerait pour<br />

beaucoup par <strong>la</strong> diminution du budget affecté par l'Etat à ce secteur. Ainsi, <strong>la</strong> part du budget du<br />

Ministère <strong>de</strong> <strong>la</strong> santé dans le budget <strong>de</strong> l'Etat est passée <strong>de</strong> 10% en 1971 à 5,6% en 1989 (FMI<br />

et Banque Mondiale). Les dépenses publiques <strong>de</strong> santé qui représentaient 1,4% du PNB en<br />

1960, se sont réduites à 0,9% du PNB en 1988-1990 à Madagascar.(Rapport <strong>de</strong> développement<br />

humain, 1993). Pour <strong>la</strong> même pério<strong>de</strong>, ces dépenses publiques <strong>de</strong> santé connaissaient pour les<br />

PMA une évolution inverse puisqu'elles représentaient 0,7% du PNB en 1960 contre 2,4% en<br />

1988-1990. 6 .<br />

- 4 voir RAVELOARISOA R. et ROUBAUD F., "Dynamique <strong>de</strong> <strong>la</strong> consommation <strong>de</strong>s ménages <strong>de</strong> l'agglomération d'Antananarivo sur longue<br />

pério<strong>de</strong> 1960- 1995",MADIO, n°9602/E.<br />

-5 RAVELOSOA, R."Les disparités économiques à l'heure <strong>de</strong> <strong>la</strong> décentralisation: une image régionale <strong>de</strong> <strong>la</strong> consommation <strong>de</strong>s ménages en<br />

1993-1994. MADIO n°9637E<br />

-6 A titre <strong>de</strong> comparaison, signalons que pour les pays <strong>de</strong> <strong>la</strong> Communauté Européenne, les dépenses publiques <strong>de</strong> santé s'élevaient en 1990 à<br />

8% environ du PNB, PNB qui est par ailleurs bien plus élevé que celui <strong>de</strong>s PMA.<br />

Selon d'autres sources (Opérations Globales du Trésor) <strong>la</strong> baisse <strong>de</strong>s dépenses publiques <strong>de</strong><br />

santé à Madagascar serait moins importante: 0,7% du PIB affecté aux dépenses <strong>de</strong> santé en


11<br />

1983, 0,5% en 1995. Quoiqu'il en soit, il importe <strong>de</strong> noter leur niveau peu élevé et leur<br />

tendance plus ou moins importante à <strong>la</strong> baisse situation qui a sa part <strong>de</strong> responsabilité dans <strong>la</strong><br />

dégradation actuelle observée.<br />

Mais si <strong>la</strong> gran<strong>de</strong> Ile n'a jamais brillé pour sa situation sanitaire, elle s'est par contre<br />

distinguée, du moins en Afrique Sub-Saharienne pour <strong>la</strong> question sco<strong>la</strong>ire. La dégradation<br />

observée dans ce secteur <strong>de</strong>puis les années 80 ne manque pas <strong>de</strong> préoccuper.<br />

Une dégradation a<strong>la</strong>rmante du système éducatif.<br />

Au len<strong>de</strong>main <strong>de</strong> l'indépendance, <strong>de</strong>s efforts remarquables ont été fournis par l'Etat pour<br />

universaliser <strong>la</strong> sco<strong>la</strong>risation en particulier <strong>la</strong> sco<strong>la</strong>risation primaire. Le principe <strong>de</strong><br />

l'enseignement gratuit pour tous a été institué et l'école est <strong>de</strong>venue obligatoire pour tous les<br />

élèves <strong>de</strong> 6 à 14 ans.<br />

Le taux brût d'inscription au niveau primaire qui se situait à 50% à l'indépendance est<br />

passé à 88% en 1975. Le Taux Brût <strong>de</strong> Sco<strong>la</strong>risation (TBS) s'élevait à 142% en 1980. Le TBS<br />

tous niveaux confondus qui était évalué à 39% en ASS en 1980, 31% pour les PMA, s'élevait<br />

déjà à 60% à Madagacar à cette pério<strong>de</strong> (Rapport <strong>de</strong> Développement Humain 1993).<br />

Mais à partir <strong>de</strong>s années 80, une dégradation généralisée <strong>de</strong> l'enseignement primaire et<br />

secondaire à été observée. Le taux brût <strong>de</strong> sco<strong>la</strong>risation primaire a diminué régulièrement en<br />

1985 et 1990 à partir <strong>de</strong> son niveau <strong>de</strong> 1982 (142%) jusqu'à atteindre en 1994 un niveau <strong>de</strong><br />

83% (voir tableau ) . De même, le taux brût <strong>de</strong> sco<strong>la</strong>risation du premier cycle secondaire a<br />

baissé du niveau <strong>de</strong> 30% en 1980 à 23% en 1994. Une baisse du taux <strong>de</strong> sco<strong>la</strong>risation <strong>de</strong> façon<br />

générale est donc constatée.<br />

Ainsi, alors que l'effectif sco<strong>la</strong>risable connaît une hausse constante et élevée du fait<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> forte croissance démographique (2,8% par an),.le nombre <strong>de</strong>s inscriptions augmente<br />

très faiblement en primaire <strong>de</strong> 0,22 % par an entre 1988 et 1995 voire diminue selon d'autres<br />

sources (baisse <strong>de</strong> 4,8% <strong>de</strong>s effectifs en primaire ). Au niveau du secondaire premier cycle et<br />

second cycle par contre <strong>la</strong> forte tendance à <strong>la</strong> baisse <strong>de</strong>s inscriptions fait l'unanimité.<br />

Si plusieurs éléments entrent en jeu, <strong>la</strong> responsabilité <strong>de</strong> <strong>la</strong> crise économique dans <strong>la</strong><br />

détérioration observée semble indéniable. Comme dans le cas du secteur sanitaire, elle a<br />

entraîné <strong>la</strong> diminution du budget affecté à ce poste tant par les ménages que par l'Etat.<br />

Chute <strong>de</strong>s dépenses publiques affectées à l'éducation.<br />

Les dépenses totales d'éducation (dépenses <strong>de</strong> fonctionnement et d'Investissement) qui<br />

étaient <strong>de</strong> 18% du total <strong>de</strong>s dépenses publiques en 1985 ne représentent plus que 16% <strong>de</strong>s<br />

dépenses publiques <strong>de</strong> l'administration en 1994. Par ailleurs en 1982, les dépenses publiques<br />

d'éducation représentaient 2,9% du PIB; contre 1,4%.en 1994.<br />

Selon ROUBAUD F. 7 , les dépenses publiques courantes d'éducation par tête, ont chuté entre<br />

1988 et 1994 <strong>de</strong> 45% en francs constants. L'enseignement primaire a ainsi subi une baisse <strong>de</strong><br />

49% l'enseignement secondaire <strong>de</strong> 38%. En 1993/1994, le niveau <strong>de</strong> dépenses publiques par<br />

élève s'élevait ainsi respectivement pour le niveau primaire et secondaire à 51.000 et à 193.000<br />

Fmg d'après l'EPM et selon les calculs <strong>de</strong> <strong>la</strong> Banque Mondiale.<br />

7 ) ROUBAUD, F."<strong>la</strong> politique d'éducation au coeur <strong>de</strong> l'ajustement à Madagascar: que veulent les tananariviensMADIO, n°9634/E juillet<br />

96,<br />

Mais même ces dépenses publiques par élève en forte baisse et qui <strong>de</strong>vraient favoriser<br />

davantage les pauvres ne leur profitent pas du fait <strong>de</strong> <strong>la</strong> faiblesse <strong>de</strong> <strong>la</strong> sco<strong>la</strong>risation <strong>de</strong> ces<br />

catégories les plus défavorisées .En effet, il existe à Madagascar une forte inégalité d'accès, non


12<br />

entre filles et garçons comme on aurait pu s'y attendre en Afrique Sub-Saharienne, mais entre<br />

les différents quintiles <strong>de</strong> revenu.(voir tableau 5)<br />

Tab5 Taux bruts et nets <strong>de</strong> sco<strong>la</strong>risation Madagascar 1994<br />

Total 20 pour cent les 20 pour cent les<br />

TBS plus pauvres plus riches<br />

Primaire 83 49 108<br />

Secondaire 18 3 45<br />

T.N.S.<br />

Primaire 48 28 66<br />

Secondaire 7 2 20<br />

Banque Mondiale, Evaluation <strong>de</strong> <strong>la</strong> Pauvreté, 1996<br />

Chute du pouvoir d'achat <strong>de</strong>s ménages.<br />

Parallèlement à <strong>la</strong> réduction du budget alloué par l'Etat au secteur <strong>de</strong> l'éducation<br />

entrainant une détérioration <strong>de</strong> <strong>la</strong> qualité et <strong>la</strong> quantité <strong>de</strong> l'Offre d'éducation publique, <strong>la</strong> chute<br />

<strong>de</strong>s revenus et du pouvoir d'achat <strong>de</strong>s ménages a également contribué à détériorer <strong>la</strong><br />

situation sco<strong>la</strong>ire. En effet, du fait <strong>de</strong> leur gran<strong>de</strong> pauvreté, <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>s ménages ont été<br />

incapables <strong>de</strong> pallier les insuffisances du secteur public en augmentant leurs dépenses<br />

d'éducation. Les difficultés du secteur public ont entrainé <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion soit à se tourner vers le<br />

secteur privé soit à renoncer à toute sco<strong>la</strong>risation pour les catégories les plus démunies.<br />

Les dépenses moyennes par élève <strong>de</strong>s ménages s'élèvent ainsi en 1994 à 7021 Fmg au niveau<br />

primaire et à 39.000 au niveau secondaire selon l'EPM<br />

La qualité <strong>de</strong> l'éducation publique se détériore donc rapi<strong>de</strong>ment (en particulier en milieu<br />

rural) entraînant une désaffection <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion pour ces structures publiques comme le<br />

montre l'augmentation généralisée <strong>de</strong>s inscriptions dans les écoles privées (15% <strong>de</strong>s<br />

inscriptions en primaire en 1987-1988, 18% en 1990-1991 et 21% en 1993-1994; <strong>de</strong> même,<br />

les taux sont respectivement <strong>de</strong> 30%, 34% et 41% montrant une hausse croissante <strong>de</strong>s<br />

inscriptions privées pour les mêmes pério<strong>de</strong>s pour le premier cycle du secondaire ).<br />

Les indicateurs qualitatifs <strong>de</strong> l'éducation à Madagascar révèlent ainsi une situation<br />

a<strong>la</strong>rmante. Selon une étu<strong>de</strong> basée sur l' EPM 8 , le taux <strong>de</strong> redoublement était <strong>de</strong> 48% dans le<br />

primaire (ASS: 21% ) et <strong>de</strong> 42% dans le secondaire c'est-à- dire qu'environ un élève sur 2<br />

redouble au moins une fois dans le primaire et un peu moins dans le secondaire.Ces taux<br />

figure parmi les plus mauvais d'ASS.<br />

De même, seulement un tiers <strong>de</strong> ceux qui s'inscrivent en primaire réussissent<br />

effectivement ce cycle (35%), le reste abandonne avant <strong>la</strong> fin du cycle primaire. Au niveau du<br />

secondaire, seul le quart (25,3% ) <strong>de</strong> ceux qui s'inscrivent au collège (secondaire premier<br />

cycle)reussissent ce cycle et 12% <strong>de</strong>s inscrits au secondaire second cycle obtiennent<br />

effectivement le bacca<strong>la</strong>uréat.<br />

Tab6 : Taux Brût <strong>de</strong> Sco<strong>la</strong>risation, Taux Net <strong>de</strong> Sco<strong>la</strong>risation, efficacité interne.<br />

CYCLE<br />

T N S<br />

(%)<br />

Tx redoub TBS TBS TBS TBS TBS<br />

1994<br />

TBS<br />

1994<br />

1993 1990 1993 1980 1985 1990 1993/4 urbain rural<br />

Tx Tx<br />

d'aban reussit<br />

PRIMAIRE 48 36 48,6 142 117 105 83 130 75 64,7 34,7<br />

SECOND 1 10,3 30 31 22 63,6 13,5 82 25,3<br />

SECOND II 3,5 29 34 2 12 40,3 34,3 65 12,1<br />

SECOND TOTAL 7 20 423 185 54 10 85,1<br />

ARRESTOFF, F." L' éducation à Madagascar en 1993/1994, MADIO, n°9630/E Banque Mondiale, Evaluation <strong>de</strong> <strong>la</strong> pauveté.<br />

8)ARRESTOFF, F." L' éducation à Madagascar en 1993/1994, MADIO, n°9630/E<br />

Dans le même esprit que l'IDH , l'Indicateur <strong>de</strong> Pénurie <strong>de</strong>s capacités (IPC) apporte une<br />

mesure multi-dimensionnelle <strong>de</strong> <strong>la</strong> pauvreté <strong>de</strong>s ménages. Cet indicateur qualifié d'indicateur<br />

<strong>de</strong> carence se concentre sur le manque, <strong>la</strong> pénurie dans 3 domaines importants du<br />

développement humain: le manque <strong>de</strong> potentialités dans <strong>la</strong> nutrition, le système <strong>de</strong> santé,


13<br />

l'accès à l'eau potable d'une part, en matière d'éducation <strong>de</strong> base et d'inégalité <strong>de</strong>s sexes d'autre<br />

part et enfin en matière d'accès effectif aux soins <strong>de</strong> santé en général et gynécologiques et<br />

obstétriques en particulier. L'IPC s'élève à 36,7% ce qui signifie que 36,7% <strong>de</strong>s ménages<br />

<strong>malgache</strong>s sont pauvres en termes <strong>de</strong> potentialités contre 75% en termes monétaires. La<br />

pauvreté en terme monétaire est donc tellement importante à Madagascar qu'elle dépasse<br />

<strong>la</strong>rgement <strong>la</strong> pauvreté définie par les potentialités.<br />

Après cette analyse au niveau <strong>national</strong>, nous pouvons entamer une approche <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

pauvreté dans une perspective régionale.<br />

III /Une approche régionale <strong>de</strong> <strong>la</strong> pauvreté à travers l'analyse <strong>de</strong>s IDH et IPC régionaux.<br />

Calculs <strong>de</strong>s IDH et IPC régionaux<br />

Si l'IDH au niveau <strong>national</strong> a été calculé par le PNUD, les différents IDH régionaux ont été<br />

estimés par nos soins en utilisant les résultats <strong>de</strong> l'EPM pour les données d'éducation, ceux du<br />

Recensement <strong>de</strong> 1993 pour les espérances <strong>de</strong> vie. En ce qui concerne le revenu réel par<br />

habitant, plutôt que d'utiliser les données du revenu, nous avons jugé plus judicieux d'utiliser<br />

<strong>de</strong>s données sur <strong>la</strong> consommation, plus stables dans le temps et assez bien représentatives du<br />

niveau <strong>de</strong> vie <strong>de</strong>s ménages. Ces données sur <strong>la</strong> consommation proviennent également <strong>de</strong><br />

l'EPM.<br />

Les différents indices ont été calculés suivant <strong>la</strong> métho<strong>de</strong> courante exposée précé<strong>de</strong>mment et<br />

les résultats sont présentés dans le tableau;<br />

TAB 7 NIVEAU DE L'INDICATEUR IDH SUIVANT LES<br />

REGIONS<br />

Conso/m taille Ind Ind Ind<br />

FARIT. Alph° T.B. Scol FMG Mén. eo savoir santé cons conso/tête IDH<br />

TANA 82,50% 43,30% 1686000 5,17 58,3 0,69 0,56 0,14 326112 0,46<br />

FIANAR 56,78% 26,60% 926000 5,02 44,1 0,47 0,32 0,07 184462 0,29<br />

TAMAT. 60,40% 37,40% 984000 4,95 52,5 0,53 0,46 0,08 198788 0,35<br />

MAJUNG 56,80% 32,20% 1274000 4,75 53,5 0,49 0,48 0,11 268211 0,36<br />

TULEAR 38,41% 22,80% 790000 4,73 52,6 0,33 0,46 0,06 167019 0,28<br />

DIEGO 62,70% 45,80% 1481000 4,26 54,6 0,57 0,49 0,15 347653 0,40<br />

EPM, RGPH, nos propres calculs, MADIO.


14<br />

IDH par Province<br />

0,5<br />

0,4<br />

0,3<br />

0,2<br />

IDH<br />

0,1<br />

0<br />

Antana<br />

narivo<br />

Fianara<br />

ntsoa<br />

Toamas<br />

ina<br />

Mahaja<br />

nga<br />

Toliary<br />

Antsira<br />

nana<br />

Les différentes valeurs <strong>de</strong>s IDH régionaux nous permettent <strong>de</strong> c<strong>la</strong>sser les 6 régions en 3<br />

groupes.<br />

Le premier groupe à niveau <strong>de</strong> développement le plus faible est constitué par les 2<br />

provinces du Sud:Toliary et Fianarantsoa. L'IDH <strong>de</strong> Toliary et celui <strong>de</strong> Fianarantsoa sont<br />

inférieurs respectivement <strong>de</strong> 64% et 59% à celui d'Antananarivo. Ils sont également inférieurs à<br />

l'IDH <strong>national</strong> <strong>de</strong> 24% et 20%.Notons que ces 2 provinces se situaient déjà en <strong>de</strong>rnière position<br />

en matière <strong>de</strong> consommation par tête. Leur consommation moyenne par habitant <strong>de</strong> 167.000<br />

Fmg à Tuléar et <strong>de</strong> 184.500 Fmg à Fianarantsoa étaient ainsi <strong>la</strong>rgement inférieures au seuil<br />

minimum <strong>de</strong> subsistance définie par MADIO 9 à 260.000Fmg,( Toliary 210.000Fmg).Cette<br />

situation était prévisible car dans une étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> 1991 c<strong>la</strong>ssant les fivondronana suivant plusieurs<br />

indicateurs 10 ,.ces 2 provinces contenaient à eux <strong>de</strong>ux plus <strong>de</strong> <strong>la</strong> moitié <strong>de</strong>s fivondronana à<br />

développement le plus critique (Fivondronana les Moins Avancés, ou FMA). Ces FMA dont<br />

plus <strong>de</strong> <strong>la</strong> moitié se localisent dans les <strong>de</strong>ux provinces du Sud se caractérisent par une forte<br />

inaccessibilité. Leur enc<strong>la</strong>vement peut durer <strong>de</strong> 0 à 7 mois par an surtout en pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> pluies.<br />

Ils connaissent un sous-équipement généralisé en matière <strong>de</strong> <strong>de</strong>sserte en eau, d'électricité et en<br />

infrastructures sociaux <strong>de</strong> base. Les secteurs sanitaires et sco<strong>la</strong>ires y sont dans un état plus que<br />

critique.La gran<strong>de</strong> pauvreté <strong>de</strong> ces FMA et leur poids non négligeable dans ces 2 provinces du<br />

Sud (8 fivondronana sur 23 à Fianarantsoa c'est-à-dire le tiers <strong>de</strong>s fivondronana <strong>de</strong> cette<br />

province, et 6 sur 21 à Toliary) ne peuvent que tirer à <strong>la</strong> baisse le niveau socio-économique <strong>de</strong><br />

cette partie <strong>de</strong> l'Ile.<br />

Le niveau <strong>de</strong> l'indicateur IPC dans ces 2 provinces révé<strong>la</strong>nt une pénurie <strong>de</strong> capacités<br />

élevés - les plus élevés parmi les 6 provinces (46% pour chacune <strong>de</strong> ces 2 provinces) confirme<br />

par ailleurs leur faible niveau <strong>de</strong> développement humain. Dans le cas <strong>de</strong> Toliara, un<br />

pourcentage élevé d'analphabétisme <strong>de</strong>s femmes (67% contre 40 % environ au niveau <strong>national</strong>)<br />

explique le niveau élevé <strong>de</strong> cet indicateur <strong>de</strong> pénurie. Ce chiffre constitue un autre indice<br />

révé<strong>la</strong>teur <strong>de</strong>s graves insuffisances en matière d'éducation <strong>de</strong> base à Toliary comme nous le<br />

verrons plus loin.<br />

9)RAVELOSOA, R."Les disparités économiques à l'heure <strong>de</strong> <strong>la</strong> décentralisation: une image régionale <strong>de</strong> <strong>la</strong> consommation <strong>de</strong>s ménages en<br />

1993-1994. MADIO n°9637E<br />

10) "Développement Humain et I<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong>s Zones prioritaires d'intervention", 1991. Etu<strong>de</strong> réalisée par le ministre du P<strong>la</strong>n et le PNUD<br />

qui a évalué le niveau <strong>de</strong> développement <strong>de</strong> chaque fivondronana en leur affectant un score représentatif <strong>de</strong> son niveau <strong>de</strong> développement<br />

score calculé sur <strong>la</strong> base d'une vingtaine d'indicateurs


15<br />

En revanche, malgré <strong>la</strong> gran<strong>de</strong> aridité, voire sècheresse, du climat dans cette région, le niveau<br />

nutritionnel <strong>de</strong>s enfants est meilleur que dans d'autres provinces comme le montre l'indicateur<br />

d'insuffisance pondérale <strong>de</strong>s moins <strong>de</strong> 5 ans (28% à Toliary ce qui est plus bas que ce à quoi on<br />

aurait pu s'attendre et plus bas que <strong>la</strong> province d'Antananarivo (45%)et Fianarantsoa (47%)).<br />

C'est dans <strong>la</strong> province <strong>de</strong> Fianarantsoa, par contre que le niveau <strong>de</strong> cet indicateur est le plus<br />

élevé révé<strong>la</strong>nt une malnutrition importante <strong>de</strong>s enfants Fianarois (pratiquemment un enfant sur<br />

2 y souffre donc <strong>de</strong> formes chroniques et aiguës <strong>de</strong> sous-nutrition dont 15 % sous forme sévère,<br />

contre 39% au niveau <strong>national</strong>, 9% sous forme sévère). Ce pourcentage élevé d'insuffisance<br />

pondérale allié à un taux élevé <strong>de</strong> naissances non suivies par un personnel médical mettent en<br />

lumière une carence en matière d'accès aux soins sanitaires et contribuent à augmenter (au<br />

même rang que celui <strong>de</strong> Tuléar) l'IPC <strong>de</strong> <strong>la</strong> province <strong>de</strong> Fianarantsoa.<br />

Tab 8:<br />

Valeurs <strong>de</strong> l'IPC par Province<br />

naiss Insuff, femmes<br />

FARIT. non pondér analph IPC<br />

suiv < 5ans >15 ans<br />

TANA 25,5 44,7 21,12 0,30<br />

FIANAR 43,2 47,1 49,00 0,46<br />

TAMAT. 38,5 36,3 47,76 0,41<br />

MAJUNG 45,3 27,8 52,91 0,42<br />

TULEAR 42,3 28,1 67,24 0,46<br />

DIEGO 45,3 27,8 43,70 0,39<br />

Niv.nat. 43 39,1 42,79 0,42<br />

ENDS, EPM, Nos propres calculs<br />

30<br />

IPC par PROVINCE<br />

25<br />

Diégo<br />

20<br />

Tuléar<br />

15 Majunga<br />

10 Tamatave<br />

Fianarantsoa<br />

5<br />

Antananrivo<br />

0<br />

Repas 0 0,1 Essence 0,2 0,3 Hotel 0,4 0,5<br />

Janvier<br />

Février<br />

Mars<br />

Avril IPC<br />

Mai<br />

Juin<br />

Un groupe intermédiaire est formé par les provinces <strong>de</strong> Toamasina et Mahajanga qui ont un<br />

IDH faible mais plus élevé que les 2 provinces du Sud.<br />

Si Toamasina s'en sort mieux que Mahajanga en matière d'éducation (Taux brût <strong>de</strong><br />

sco<strong>la</strong>risation tous niveaux confondus et taux d'alphabétisation <strong>de</strong>s adultes respectivement <strong>de</strong><br />

60, 4% et 37,4% à Tamatave contre 32,8% et 56,8% à Mahajanga), <strong>la</strong> consommation par<br />

habitant est meilleure à Mahajanga. Il faut rappeler que sur le p<strong>la</strong>n <strong>de</strong> <strong>la</strong> consommation par<br />

tête, <strong>la</strong> province <strong>de</strong> Toamasina se situait loin <strong>de</strong>rrière Mahajanga, avec une consommation<br />

moyenne en <strong>de</strong>ssous du seuil <strong>de</strong> pauvreté (198.000 fmg par an contre 268.000 fmg pour<br />

Mahajanga)


16<br />

L'espérance <strong>de</strong> vie est par contre à peu près semb<strong>la</strong>ble pour les 2 provinces avec un<br />

légèr avantage pour Mahajanga. (53,5 ans contre 52,6 à Toamasina). L'IDH estimé à 0,36 <strong>de</strong><br />

Mahajanga est alors légèrement plus élevé que celui <strong>de</strong> Toamasina (0,35), ce qui signifie : si <strong>la</strong><br />

pauvreté monétaire est plus élevée à Toamasina qu'à Mahajanga, le niveau <strong>de</strong><br />

développemnt humain est à peu près semb<strong>la</strong>ble dans ces 2 provinces. En ce qui concerne<br />

les FMA dans ces provinces, il semble qu'il y ait presqu'autant <strong>de</strong> fivondronana c<strong>la</strong>ssés FMA<br />

dans les 2 provinces (5 c<strong>la</strong>ssés FMA à Mahajanga contre 4 FMA à Toamasina). Un point<br />

favorable à <strong>la</strong> province <strong>de</strong> Toamasina que l'IDH ne prend pas en compte est sa plus gran<strong>de</strong><br />

accessibilité physique . En effet, par rapport à <strong>la</strong> province <strong>de</strong> Mahajanga, l'accessibilité par voie<br />

routière y est meilleure (RN2 entièrement goudronnée) bien que ce<strong>la</strong> n'exclut pas l'existence <strong>de</strong><br />

fivondronana enc<strong>la</strong>vés; en ce qui concerne <strong>la</strong> voie aérienne, l'aéroport reçoit <strong>de</strong>s vols<br />

nationaux et internationaux , le port <strong>de</strong> Toamasina constitue par ailleurs le premier port <strong>de</strong><br />

Madagascar et jusqu'à une date récente une liaison ferrovière régulière était assurée entre <strong>la</strong><br />

capitale et Toamasina.<br />

Les IPC <strong>de</strong> ces 2 provinces se situent par ailleurs à un même niveau (41%, niveau<br />

inférieur à celui <strong>de</strong> Fianarantsoa et Toliary mais plus élevés que celui <strong>de</strong>s 2 autres provinces en<br />

tête) et montrent une pauvreté en termes <strong>de</strong> potentialités à peu près simi<strong>la</strong>ire pour ces 2<br />

provinces même si cette pauvreté ne se manifeste pas dans les mêmes domaines. Le détail du<br />

calcul <strong>de</strong> l'indicateur IPC confirme que <strong>la</strong> sco<strong>la</strong>risation est meilleure à Toamasina.<br />

L'encadrement sanitaire au niveau <strong>de</strong>s naissances semble également y être d'une plus gran<strong>de</strong><br />

qualité qu'à Mahajanga. Ce taux plus élevé <strong>de</strong> naissances non assistées par un personnel<br />

médical à Mahajanga pourrait s'expliquer par <strong>de</strong>s raisons d'habitu<strong>de</strong>s culturelles. En effet,<br />

l'espérance <strong>de</strong> vie plus élevée à Mahajanga et les ratios <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cins et paramédicaux par<br />

habitant meilleurs dans cette province (voir plus loin) semblent y suggérer un meilleur état<br />

sanitaire.Les 2 provinces d'Antsiranana et d'Antananarivo qui étaient déjà les mieux c<strong>la</strong>ssés<br />

suivant <strong>la</strong> consommation par tête, gar<strong>de</strong>nt leur position <strong>de</strong> tête selon le niveau <strong>de</strong> l'IDH.<br />

Toutefois, <strong>la</strong> province d'Antananarivo, malgré une consommation par tête légèrement plus<br />

faible que celle d'Antsiranana (326112 contre 347653 à Antsiranana), dévance celle-ci du fait<br />

d'un meilleur état sanitaire et sco<strong>la</strong>ire. De manière générale, <strong>la</strong> province d'Antananarivo<br />

bénéficie <strong>de</strong> <strong>la</strong> présence <strong>de</strong> <strong>la</strong> capitale qui concentre une part importante <strong>de</strong>s infrastructures<br />

sociales <strong>de</strong> base publiques que l'on ne retrouve pas ailleurs (les hopitaux les mieux équipés s'y<br />

trouvent, ainsi que les meilleurs écoles publiques et universités...). Par ailleurs, mis à part<br />

quelques organismes confessionnels (cliniques catholiques ou luthériennes...) ou non<br />

confessionnels mis en p<strong>la</strong>ce par les ONG, les structures sanitaires et sco<strong>la</strong>ires privées sont pour<br />

<strong>la</strong> plupart concentrées dans les Grands Centres Urbains avec une préférence pour <strong>la</strong> capitale.<br />

L'accessibilité aux services sociaux <strong>de</strong> base notamment sanitaire et sco<strong>la</strong>ire est donc<br />

meilleure dans <strong>la</strong> province d'Antananarivo comme le montre le niveau <strong>de</strong> son IDH supérieur <strong>de</strong><br />

24% à l'IDH <strong>national</strong> et supérieur <strong>de</strong> 13% à celui d'Antsiranana, même si <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

popu<strong>la</strong>tion plus élevée dans cette province (61 Hab/ km² contre 20 hab/ km² au niveau<br />

<strong>national</strong>) tend à diminuer les possibilités qui y sont offertes à chaque individu. Le niveau <strong>de</strong><br />

l'IPC pour ces 2 provinces vient renforcer cette conclusion.<br />

L'indicateur <strong>de</strong> pénuries atteint son niveau le plus bas dans <strong>la</strong> province d'Antananarivo<br />

(30%) étant donné <strong>de</strong>s pourcentages faibles -les plus faibles- d'analphabétisme <strong>de</strong>s femmes<br />

(21%) et <strong>de</strong> naissances non assistées par un personnel qualifié (25,5 % contre 43% au niveau<br />

<strong>national</strong>). La supériorité <strong>de</strong> <strong>la</strong> province d'Antananarivo en matière sco<strong>la</strong>ire et sanitaire est donc<br />

confirmée par <strong>la</strong> valeur <strong>de</strong>s 2 indicateurs IDH et IPC. Par ailleurs, <strong>la</strong> province d'Antsiranana<br />

qui détient <strong>la</strong> première position en terme <strong>de</strong> consommation par habitant (consommation par tête<br />

<strong>de</strong> 347.000Fmg, contre 326.000 Fmg à Antananarivo et 250.000 au niveau <strong>national</strong>.) est<br />

dévancée en matière <strong>de</strong> développement humain (IDH et IPC <strong>de</strong> 0,4 et 0,39), ce qui nous montre<br />

le déca<strong>la</strong>ge possible entre pauvreté en termes monétaires et en termes <strong>de</strong> potentialités.<br />

Le niveau élevé d'insuffisance pondérale à Antananarivo est pourtant à signaler.


17<br />

Déca<strong>la</strong>ge entre le milieu urbain et rural.<br />

Comme ce<strong>la</strong> était prévisible, l'IDH en milieu urbain est <strong>la</strong>rgement supérieur à celui du milieu<br />

rural. En effet, <strong>la</strong> concentration <strong>de</strong>s infrastructures sco<strong>la</strong>ires et éducatives en milieu urbain et en<br />

particulier dans les Grands centres urbains contribuent à élever le développement humain dans<br />

ces zones.<br />

En ce qui concerne l'enseignement, il avait été fixé comme objectif par <strong>la</strong> loi 78-040 <strong>de</strong> créer à<br />

Madagascar, dans un but <strong>de</strong> démocratisation et décentralisation <strong>de</strong> l'enseignement,<br />

- 1 école primaire (SFF) par Fo<strong>ko</strong>ntany.<br />

- 1 collège (SAFF) par Firaisana.<br />

- 1 lyçée par fivondronam-po<strong>ko</strong>ntany.<br />

- 1 université par faritany.<br />

Si cet objectif a été plus ou moins bien atteint au niveau <strong>de</strong> l'école primaire, même en milieu<br />

rural, (du moins avant l'important phénomène <strong>de</strong> fermétures d'écoles) il est loin d'être atteint à<br />

partir du niveau secondaire. Le secteur privé a certes apporté son ai<strong>de</strong> mais selon une étu<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

1991 11 , les établissements sco<strong>la</strong>ires publiques et privés arrivaient à peine, au niveau du<br />

secondaire, à un taux <strong>de</strong> couverture dépassant les 10%. Par ailleurs, cet effort notamment du<br />

secteur privé était une fois <strong>de</strong> plus concentré dans les villes. Il est ainsi rare <strong>de</strong> trouver <strong>de</strong>s<br />

établissements du secondaire dans les milieux ruraux. Dans chaque province, les meilleures<br />

écoles et infrastructures sco<strong>la</strong>ires publiques et privées se trouvent dans les capitales<br />

provinciales.<br />

Le déséquilibre entre milieu rural et urbain est aussi très visible en matière sanitaire.<br />

D'aucuns savent que les hopitaux régionaux (4), les centres hospitaliers Universitaires (2), et<br />

autres établissements publics ou privés performants dotés d' équipements mo<strong>de</strong>rnes et <strong>de</strong><br />

personnel compétent en nombre acceptable se trouvent en milieu urbain et même plutôt dans<br />

les Grands Centres Urbains. Les seules structures disponibles en milieu rural sont les centres <strong>de</strong><br />

soins <strong>de</strong> santé primaire et secondaire avec <strong>de</strong> moindre moyens (en personnel, en équipement...)<br />

et <strong>de</strong> ce fait offrent une moindre qualité <strong>de</strong> soins. Par ailleurs si le ratio moyen par province <strong>de</strong><br />

mé<strong>de</strong>cins par habitant varie pour toutes les provinces <strong>de</strong> 1 méd/6600 hab à Antananarivo à<br />

1méd/ 18.000 hab à Fianarantsoa, ces ratios peuvent prendre <strong>de</strong>s valeurs très faibles dans le<br />

milieu rural <strong>de</strong> chaque province. Ainsi , ils peuvent aller jusquà 1Méd/113.000 hab à<br />

Ampanihy Andrefana ou 1/74.000 Hab à Bekily dans <strong>la</strong> province <strong>de</strong> Toliary 11 De même,<br />

d'autres fivondronana enc<strong>la</strong>vés dans les autres provinces peuvent avoir <strong>de</strong>s ratios d'habitants<br />

par mé<strong>de</strong>cin aussi mauvais (1Méd/ 66.000 Hab à Antanifotsy dans <strong>la</strong> province d'Antananarivo,<br />

1Méd/82.000 hab à I<strong>ko</strong>ngo dans <strong>la</strong> province <strong>de</strong> Fianarantsoa, 1/ 54.000 Hab à Andapa,<br />

province d'Antsiranana, 1Méd/ 89.000 Hab à Befandriana province <strong>de</strong> Mahajanga...ce qui<br />

indique une fois <strong>de</strong> plus le profond déséquilibre qui existe à l'intérieur <strong>de</strong> chaque province,<br />

entre le milieu urbain et le milieu rural...<br />

Dans le calcul <strong>de</strong> l'IPC, le taux <strong>de</strong> naissances non assistées par un personnel qualifié<br />

re<strong>la</strong>tif aux manques en matière d'accessiblilité aux soins <strong>de</strong> santé et le taux d' analphabétisme<br />

<strong>de</strong>s femmes dû aux insuffisances en matière d'éducation <strong>de</strong> base sont ainsi 2 fois plus<br />

importants en milieu rural qu'en milieu urbain (17% en milieu urbain contre 47% en milieu<br />

rural pour les naissances non assistées , et 19% contre 48% pour l'analphabétisme <strong>de</strong>s femmes).<br />

L'écart est par contre moins élevé pour l'insuffisance pondérale, ce qui sous-entend une<br />

nutrition toute aussi mauvaise à peu <strong>de</strong> choses près en ville comme à <strong>la</strong> campagne.<br />

11(Chiffres <strong>de</strong> 1990, Développement Humain durable et i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong>s zones prioritaires. Ministère du P<strong>la</strong>n / PNUD.).<br />

Pour ce qui concerne <strong>la</strong> consommation par tête, le niveau en milieu urbain est <strong>de</strong> plus<br />

2 fois plus élevé que celui du milieu rural du fait peut-être d'une plus gran<strong>de</strong> opportunité <strong>de</strong>


18<br />

diversification <strong>de</strong> revenus dans ces zones. De plus, dans les pays sous-développés comme<br />

Madagascar, <strong>la</strong> minorité aisée à niveau <strong>de</strong> revenu et <strong>de</strong> consommation très élevé rési<strong>de</strong><br />

généralement dans les gran<strong>de</strong>s villes et rarement à <strong>la</strong> campagne, ce qui peut contribuer à y<br />

augmenter le niveau <strong>de</strong> consommation même si un certain nombre d'exclus à très faible<br />

consommation y <strong>de</strong>meurent également.<br />

Par ailleurs, selon une étu<strong>de</strong> précitée du projet Madio 12 , il semble que parmi toutes les<br />

variables explicatives <strong>de</strong> <strong>la</strong> consommation prises en compte pour définir <strong>la</strong> consommation, le<br />

milieu <strong>de</strong> rési<strong>de</strong>nce est celle qui exprime le mieux <strong>la</strong> consommation <strong>de</strong>s ménages. 12<br />

Pour conclure ici, nous dirons que le déca<strong>la</strong>ge observé entre le milieu urbain et rural<br />

pourrait provenir davantage <strong>de</strong> <strong>la</strong> faiblesse du développement dans le milieu rural <strong>malgache</strong><br />

plutôt que d'un niveau élevé <strong>de</strong> développement en milieu urbain .Le faible niveau <strong>de</strong> vie en<br />

milieu rural (consommation par tête <strong>de</strong> 200.000 Fmg/an environ et le sous-équipement<br />

généralisé en infrastructure <strong>de</strong> base...) expliquerait donc davantage le niveau peu élevé du<br />

développement humain en milieu rural et le déca<strong>la</strong>ge par rapport à <strong>la</strong> situation du milieu<br />

urbain.<br />

Après cette étu<strong>de</strong> globale <strong>de</strong>s IDH régionaux, il serait intéressant <strong>de</strong> nous arrêter plus<br />

précisemment sur les différentes composantes <strong>de</strong> l'IDH à savoir <strong>la</strong> situation sco<strong>la</strong>ire et sanitaire<br />

ainsi que <strong>la</strong> consommation.<br />

Analyse régionale <strong>de</strong> <strong>la</strong> dégradation du système sanitaire et <strong>de</strong> l'état <strong>de</strong> santé <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

popu<strong>la</strong>tion.<br />

Le tableau présente les indicateurs du système sanitaire par province et milieu <strong>de</strong><br />

rési<strong>de</strong>nce.<br />

Tab 9 indicateurs régionaux <strong>de</strong> santé<br />

SANTE TANA FIANA TAMAT MAJUNG TULEAR DIEGO NATION<br />

Espérance <strong>de</strong> vie 58,3 44,1 52,5 53,5 52,5 54,6 52,2<br />

Proxi serv sante SMI(1) 33,4 44,9 66,4 34,9 49 48,1<br />

Qu. <strong>de</strong> mortalité infanto-juv 151,7 196,4 194,9 181 176,2 181<br />

Qu.<strong>de</strong> Mortalité Infantile 81,8 106,2 94,2 97,9 106,4 97 93<br />

Acouchement maison 40,9 68,4 48,7 53,9 59,4 53,9 53,9<br />

Vaccination (toutes) 62,1 36,1 46 22,6 39,6 22,6<br />

Vaccination (aucune) 14,1 20,7 16,2 31,9 15,8 31,9 19,2<br />

Qu. <strong>de</strong> mortal. Juv (4q1) 61,9 82,5 92,6 76,2 61,3 76,2 76,7<br />

TBM 93 10,9 19,4 14,7 14,3 14,5 13,8 14,4<br />

TBM 90 10 22,9 21,2 21,2 19,9 23,3<br />

Depenses pub sante % 35 14 15 13 14 9<br />

Nb me<strong>de</strong>cin pub/hab 1/6685 1/18171 1/15734 1/13306 1/18204 1/13089 1/11429<br />

Nb paramed/hab 1/1825 1/2700 1/2090 1/1721 jan-66 1/1764<br />

ENDS 1992; Ministère Santé, RGPH 1993, (1) centres <strong>de</strong> Santé Maternelle et infantile se trouvant à moins <strong>de</strong> 5 Km ou<br />

à une heure <strong>de</strong> marche<br />

Le premier résultat que nous aimerions commenter est le faible niveau <strong>de</strong> l'espérance<br />

<strong>de</strong> vie à Fianarantsoa qui se situe à environ 10 ans <strong>de</strong> moins que <strong>la</strong> moyenne <strong>national</strong>e 42<br />

ans contre 52,2ans au niveau <strong>national</strong>. Ce niveau anormalement faible <strong>de</strong> l'espérance <strong>de</strong> vie à à<br />

Fianarantsoa s'explique par le niveau simultanément élevé <strong>de</strong> ses taux <strong>de</strong> mortalité infantile et<br />

infanto-juvénile alors que pour les autres provinces un seul <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux taux est en cause .<br />

12)RAVELOSOA, R."Les disparités économiques à l'heure <strong>de</strong> <strong>la</strong> décentralisation: une image régionale <strong>de</strong> <strong>la</strong> consommation <strong>de</strong>s ménages en<br />

1993-1994. MADIO n°9637E, p17-18.<br />

Ces taux élevé <strong>de</strong> mortalité infantiles s'expliquent non seulement à Fianarantsoa mais<br />

également pour toutes les provinces, par une malnutrition importante <strong>de</strong>s enfants les rendant


19<br />

plus vulnérables , et victime <strong>de</strong> <strong>la</strong> recru<strong>de</strong>scence <strong>de</strong>s ma<strong>la</strong>dies liées à <strong>la</strong> pauvreté et l'insalubrité<br />

du milieu ( dysenteries, ma<strong>la</strong>dies diarrheiques, bilharziose, paludisme, tuberculose...)<br />

La région <strong>de</strong> Fianarantsoa avec celle <strong>de</strong> Tuléar apparait comme étant <strong>la</strong> moins favorisée<br />

en matière d'infrastructures et <strong>de</strong> personnel médical par habitant: 1 méd public /18.000 Hab et<br />

un paramédical/ 2706 Hab contre 1 méd public/11429 Hab et 1 paramédical/ 2026 Hab au<br />

niveau <strong>national</strong>. Cette région souffre en outre d'un enc<strong>la</strong>vement important notamment dans ses<br />

parties Moyen Ouest et Côte Est (Befotaka, Midongy du Sud, Vaingadrano, Vohipeno,<br />

Manakara Atsimo, Vondrozo...).<br />

Le Taux Brût <strong>de</strong> Mortalité ou TBM y est le plus élevé (19,4°%), celui d'Antananarivo est <strong>de</strong><br />

10,9°%, et celui du niveau <strong>national</strong> 14,4 °% bien qu'il soit en baisse (21°% en 1990 selon les<br />

chiffres du PNUD:Ministère du P<strong>la</strong>n), à l'instar <strong>de</strong>s autres provinces du reste.<br />

Bien que ce<strong>la</strong> n'apparaisse pas à travers tous les indicateurs <strong>de</strong> santé, il semble donc que<br />

que <strong>la</strong> situation sanitaire <strong>de</strong> <strong>la</strong> province est <strong>la</strong> plus mauvaise à Madagascar. Le taux <strong>de</strong><br />

vaccinations <strong>de</strong>s enfants par exemple n'y est certes pas le plus mauvais (voir tableau), mais le<br />

niveau <strong>de</strong> son espérance <strong>de</strong> vie dans l'IDH et celui <strong>de</strong> l'indicateur d'accessibilité sanitaire dans<br />

l'IPC (pourcentage <strong>de</strong>s naissances non assistées par un personnel qualifié pour lequel<br />

rappelons-le Fianarantsoa arrive en tête avec un taux <strong>de</strong> 68,4%) ainsi que l'état d'autres<br />

indicateurs confirment cette position critique occupée par <strong>la</strong> province <strong>de</strong> Fianarantsoa.<br />

La situation <strong>de</strong> Tuléar et <strong>de</strong> Toamasina peut être rassemblée dans un groupe<br />

intermédiaire. Leur taux <strong>de</strong> mortalité <strong>de</strong>s enfants <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 5 ans ne sont pas tous élevés<br />

simultanément (comme le cas <strong>de</strong> Fianarantsoa) et leur Taux Brût <strong>de</strong> Mortalité TBM se situe<br />

dans <strong>la</strong> moyenne <strong>national</strong>e (14,7 °% à Toamasina et 14,5°% à Tuléar), ce qui explique une<br />

espérance <strong>de</strong> vie conforme également à <strong>la</strong> moyenne <strong>national</strong>e (respectivement <strong>de</strong> 52,6 ans et<br />

52,5 ans). Mises à part les ma<strong>la</strong>dies habituelles dues à <strong>la</strong> pauvreté, au manque d'hygiène et à <strong>la</strong><br />

malnutrition , il faut souligner à Toamasina et à Toliary (situation portuaire, lieux touristique)<br />

un phénomène <strong>de</strong> f<strong>la</strong>mbée <strong>de</strong>s MST/Sida, phénomène qui existe moins par exemple à<br />

Fianarantsoa. Par rapport à Toliary, Toamasina est une province bien arrosée avec un climat<br />

chaud et humi<strong>de</strong>, visitée régulièrement <strong>de</strong>s cyclones et connaissant <strong>de</strong> ce fait <strong>de</strong>s problèmes<br />

sanitaires propres à ces régions (développement, propagation et "épanouissement" <strong>de</strong>s<br />

moustiques et autres agents transmetteurs <strong>de</strong> ma<strong>la</strong>dies, eau insalubre, infrastructures sanitaires<br />

détruites par les cyclones et non reconstruites...). Dans les régions du Nord et Sud fortement<br />

enc<strong>la</strong>vées <strong>de</strong> cette province (Andi<strong>la</strong>mena, Sonierana, Anosibe an'a<strong>la</strong> , Maro<strong>la</strong>mbo...) l'iso<strong>la</strong>t<br />

médical est tel que les habitants doivent parcourir plus d'une vingtaine <strong>de</strong> kilomètres à pied<br />

avant <strong>de</strong> trouver un poste <strong>de</strong> santé. Les ratios <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cin public/ hab et paramédical/ hab<br />

s'élèvent respectivement à 1 méd/15.734 et 1 paramédical/ 2087 à Toamasina et 1 méd/ 18.204<br />

et 1 paramédical/ 2066 à Toliary.<br />

La situation <strong>de</strong> Toliary bien que mauvaise est en fait meilleure que celle à <strong>la</strong>quelle on<br />

aurait pu s'attendre. Les zones rurales en particulier le Sud (Tsihombe, Beloha...) et le<br />

SudOuest (Betioky, Ampanihy...) restent certes fortement sous-équipées mais connaissent<br />

malgré l'imp<strong>la</strong>ntation <strong>de</strong> quelques structures privées (confessionels ou ONG) l'iso<strong>la</strong>t médical<br />

propre aux milieux reculés<br />

Mahajanga et Antsiranana se p<strong>la</strong>cent quant à eux à un niveau très légèrement supérieur<br />

en matière d'espérance <strong>de</strong> vie, et <strong>de</strong> Taux <strong>de</strong> Mortalité Infantile (TMI) Leur ratios <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cin<br />

et paramédical par habitant tournent autour <strong>de</strong> 1méd/ 13000hab et 1 paramédical / 2000 hab


20<br />

environ. Mais le caractère plus vaste <strong>de</strong> <strong>la</strong> province <strong>de</strong> Mahajanga, ses conditions<br />

d'accessibilités plus mauvaises et l'inégale répartition <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion au sein <strong>de</strong> <strong>la</strong> province <strong>de</strong><br />

Mahajanga diminue <strong>la</strong> couverture sanitaire <strong>de</strong> cette province. On retrouve dans ces 2 régions<br />

les mêmes ma<strong>la</strong>dies dues principalement à <strong>la</strong> pauvreté et au manque d'hygiène, au climat, mais<br />

avec une f<strong>la</strong>mbée <strong>de</strong>s MST Sida à Antsiranana du fait <strong>de</strong> sa situation portuaire et d'un apport<br />

touristique élevé (danger <strong>de</strong> développement d'un tourisme sexuel).A Mahajanga, l'enc<strong>la</strong>vement<br />

ce certaines régions, l'aridité du climat, l'insalubrité du milieu, entrainent <strong>la</strong> persistence <strong>de</strong><br />

ma<strong>la</strong>dies endémique comme <strong>la</strong> lèpre, <strong>la</strong> peste, <strong>la</strong> typhoï<strong>de</strong>...<br />

Quant à Antananarivo, elle bénéficie nous l'avons dit d'une concentration<br />

d'infrastructures , <strong>de</strong> personnel qualifié, d'équipements privés mais aussi publics performants<br />

du fait <strong>de</strong> <strong>la</strong> présence ou <strong>de</strong> <strong>la</strong> proximité <strong>de</strong> <strong>la</strong> capitale. Ainsi, que ce soit le ratios <strong>de</strong> méd/hab<br />

(1/6700 Hab contre 1/11.450 au niveau <strong>national</strong>), ou le taux <strong>de</strong> mortalité <strong>de</strong>s enfants <strong>de</strong> moins<br />

<strong>de</strong> 5 ans, ou le Taux Brût <strong>de</strong> Mortalité (10,4°% à Antananarivo,14,4°% au niveau <strong>national</strong>) et<br />

l'espérance <strong>de</strong> vie supérieure <strong>de</strong> 6 ans à <strong>la</strong> moyenne <strong>national</strong>e, 58,6 ans contre 52,2 au niveau<br />

<strong>national</strong> - tous les indicateurs convergent pour confirmer cet avantage re<strong>la</strong>tif <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

province d'Antananarivo en matière sanitaire par rapport aux autres provinces, ce qui<br />

contribue à augmenter son niveau <strong>de</strong> Développement Humain.<br />

Ceci n'exclut pas pourtant l'existence dans <strong>la</strong> province <strong>de</strong>s ma<strong>la</strong>dies dues à <strong>la</strong> pauvreté et aux<br />

manques d'hygiène, à <strong>la</strong> malnutrition qu'on a retrouvé uniformément dans toutes l'île<br />

(infections respiratoires aigues, tuberculose,. paludisme, diarrhées...)<br />

La concentration élevée <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion, le manque d'infrastructure <strong>de</strong> base (eau, électricité,<br />

assainissement,..., l'insalubrité permanente du milieu (eau stagnante, eaux <strong>de</strong> pluies en pério<strong>de</strong><br />

<strong>de</strong> pluies....) favorisent même certaines ma<strong>la</strong>dies endémiques peu courantes ( cas <strong>de</strong> peste<br />

signalées à Antananarivo...).<br />

Pour conclure nous dirons que si <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité plus élevée <strong>de</strong> popu<strong>la</strong>tion à Antananarivo<br />

peut constituer un facteur diminuant l'état <strong>de</strong> santé <strong>de</strong>s habitants (pollution très élevée,<br />

entassement <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion favorisant <strong>la</strong> propagation <strong>de</strong>s ma<strong>la</strong>dies, milieu insalubre causé par<br />

l'insuffisance <strong>de</strong> l'asainissement...) l 'effet positif dû à <strong>la</strong> concentration et à <strong>la</strong> proximité <strong>de</strong>s<br />

infrastuctures sanitaires et peut-être également dû à un niveau d'instruction plus élevé l'emporte<br />

et explique un état <strong>de</strong> santé globalement meilleur <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion d'Antananarivo par rapport<br />

au reste du pays.<br />

Tab10 L'éducation dans une perspective régionale<br />

EDUCATION TANA FIANA TAMAT MAJUNG TULEAR DIEGO NATION<br />

Tx alph° adulte 82,5 56,8 60,4 56,8 38,4 62,7<br />

TBS tout niv. confond 43,4 26,6 37,4 32,7 22,8 .45,8<br />

TBS primaire 93-94 107 30 94 77 51 112 83<br />

Tx net sco<strong>la</strong>risat° 84-85 54 53 74 69 46 77 59<br />

Tx net sco<strong>la</strong>risat° 93-94 61 36 54 47 27 59 48<br />

% nb d'enseig/régions 27 26 19 11 11 5<br />

Tx redoublemt prim 93 26 28 31 35 32 31<br />

Tx d'aband prim 93 16 25 22 11 24 16<br />

TBS niv II 92-93 27,3 14,4 24,2 18,2 13,2 22<br />

Tx redoubl niv II 92-93 18 22 26 33 21 24<br />

Tx d'aband niv II 92-93 9 14 20 18 13 10<br />

EPM, Banque Mondiale Evaluation <strong>de</strong> <strong>la</strong> pauvreté, Ministère <strong>de</strong> l'Education Nationale<br />

Avec un taux d'alphabétisation <strong>de</strong>s adultes inférieur à 40%, un taux brût <strong>de</strong> sco<strong>la</strong>risation tous<br />

niveaux confondus <strong>de</strong> 22, 8 %, un taux brût <strong>de</strong> sco<strong>la</strong>risation primaire <strong>de</strong> 51 % et un taux net <strong>de</strong><br />

46% (EPM, Ministère <strong>de</strong> <strong>la</strong> santél, Banque Mondiale,..) <strong>la</strong> province <strong>de</strong> Tuléar occupe une


21<br />

p<strong>la</strong>ce critique dans <strong>la</strong> hierarchie régionale. Parmi tous ces indicateurs quantitatifs elle arrive<br />

en <strong>de</strong>rnière position, loin <strong>de</strong>rrière les 2 provinces <strong>de</strong> tête , Antsiranana et Antananarivo, (voir<br />

tableau). Les retards <strong>de</strong> Toliara en matière <strong>de</strong> sco<strong>la</strong>risation ne semblent pas être récentes<br />

puisqu'en 1987-1988, alors que le taux brût <strong>de</strong> sco<strong>la</strong>risation (TBS) primaire était environ <strong>de</strong><br />

100% à Madagascar, celui <strong>de</strong> Toliara se situait déjà à 73%.<br />

Au niveau du TBS du secondaire premier cycle ( nous ne disposons pas <strong>de</strong> chiffres pour<br />

le niveau III ni pour le supérieur), elle arrive toujours en queue <strong>de</strong> peleton, mais elle est<br />

rejointe par <strong>la</strong> province <strong>de</strong> Fianarantsoa qui réalise également une faible performance (TBS<br />

respectivement <strong>de</strong> 13,2 %et 14,4% pour Toliara et Fianarantsoa). En ce qui concerne les<br />

indicateurs d'efficacité interne, Toliary n'améliore pas son score puisqu'elle détient le taux <strong>de</strong><br />

redoublement le plus élevé 35% contre 26 % "seulement" à Antananarivo. Par ailleurs, elle<br />

constitue avec <strong>la</strong> province <strong>de</strong> Fianarantsoa les 2 provinces connaissant un taux d'abandon<br />

primaire plus élevé (respectivement <strong>de</strong> 24 et 25%). Au niveau secondaire, niveau II, les<br />

indicateurs qualitatifs, révèlent une déperdition sco<strong>la</strong>ire toujours élevée à Toliary bien que<br />

d'autres provinces semblent connaître <strong>de</strong>s phénomènes <strong>de</strong> redoublement et d'abandons sco<strong>la</strong>ires<br />

plus graves ( Mahajanga et Toamasina).<br />

Antananarivo et Antsiranana, tout en n'étant pas épargnées par l'importante dégradation<br />

du système éducatif <strong>malgache</strong>, semblent être les 2 provinces qui s'en sont le moins mal tiré<br />

comme le montre le niveau re<strong>la</strong>tivement meilleur <strong>de</strong> leurs indicateurs quantitatifs (TBS<br />

primaire <strong>de</strong> 107% à Antananarivo, 112% à Antsiranana, moyenne <strong>national</strong>e : 83% TBS tous<br />

niveaux confondus respectivement <strong>de</strong> 43, 4% et 45,8% face à une moyenne <strong>national</strong>e <strong>de</strong><br />

35,3%). A l'instar <strong>de</strong>s autres provinces , elles connaissent une déperdition sco<strong>la</strong>ire élevée bien<br />

que <strong>la</strong> province d'Antananarivo avec une efficacité interne meilleure et une forte avance sur<br />

Antsiranana en matière d'alphabétisation <strong>de</strong>s adultes semble mieux s'en tirer.<br />

Toamasina et Mahajanga, occupent <strong>de</strong>s positions intermédiaires avec <strong>de</strong>s indicateurs<br />

quantitatifs révè<strong>la</strong>nt une performance moyenne mais connaissant une déperdition sco<strong>la</strong>ire très<br />

importante surtout au niveau secondaire.<br />

La première p<strong>la</strong>ce d'Antananarivo s'explique d'une part par <strong>la</strong> plus forte concentration<br />

d'infrastructures sco<strong>la</strong>ires publics et privées, entrainant une plus gran<strong>de</strong> proximité et une<br />

possibilité <strong>de</strong> choix pour <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion. Les différents facteurs tendant à diminuer<br />

quantitativement et qualitativement <strong>la</strong> sco<strong>la</strong>risation existent bien à Antananarivo (éloignement<br />

<strong>de</strong> l'école, ferméture d'écoles pour causes <strong>de</strong> coupures <strong>de</strong> routes, insécurité...) mais en<br />

proportion moindre . Mais surtout il existe à Antananarivo, une mentalité globalement très<br />

favorable à <strong>la</strong> sco<strong>la</strong>risation qui s'explique par l'influence <strong>de</strong> l'urbanisation et que l'on retrouvera<br />

dans les grands centres urbains. Cette mentalité favorable à l'éducation et qui a pu d'une<br />

certaine manière limiter <strong>la</strong> désco<strong>la</strong>risation et <strong>la</strong> non-fréquentation sco<strong>la</strong>ire à Antananarivo,<br />

provient également d'une longue tradition en matière <strong>de</strong> sco<strong>la</strong>risation et d'une certitu<strong>de</strong><br />

profondémment ancrée chez les tananariviens que l' éducation constitue un gage <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

promotion sociale. Ceci n'exclut pas à Antananarivo, <strong>la</strong> montée d'une popu<strong>la</strong>tion qui pour <strong>de</strong>s<br />

raisons financières essentiellement, reste plus ou moins freiné dans son désir <strong>de</strong> s'instruire.<br />

Ainsi, à Antananrivo mais également dans tous les Grands Centres Urbains <strong>de</strong> chaque<br />

province, les phénomènes <strong>de</strong> déperditions et surtout <strong>de</strong> non fréquentation sco<strong>la</strong>ires résultent<br />

davantage <strong>de</strong> contraintes extérieures (essentiellement financières, ...) que du choix <strong>de</strong> <strong>la</strong> famille<br />

En milieu rural par contre , et en particulier à Toliara (Evaluation Participative <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

Pauvreté, Banque Mondiale) et dans <strong>la</strong> province <strong>de</strong> Fianarantsoa, (Etu<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> déperdition et <strong>de</strong>


22<br />

<strong>la</strong> non fréquentation sco<strong>la</strong>ire dans <strong>la</strong> région <strong>de</strong> Manakara, Vohipeno, UNICEF, Avril 95, <strong>la</strong><br />

situation peut être différente. Certes les facteurs limitatifs, liés à <strong>la</strong> pauvreté <strong>de</strong>s agents<br />

économiques Etat et ménages, sont nombreux (écoles éloignées <strong>de</strong> plus d'un dizaine <strong>de</strong><br />

kilomètres ou fermées pour coupures <strong>de</strong> routes ou abandons <strong>de</strong> poste par les enseignants,<br />

écoles détruites par un cyclones et non reconstruites, néccessité d'ai<strong>de</strong>r les parents...).Mais ces<br />

2 documents précités soulignent l'apparition d'une mentalité ne croyant plus en les vertus <strong>de</strong><br />

l’école en tant qu'instrument <strong>de</strong> progrès social et parfois même y étant hostile, <strong>la</strong> "voyant<br />

comme un <strong>de</strong>voir envers l'Etat plutôt qu'un droit", Cette mentalité semble emmerger parmi <strong>la</strong><br />

popu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>s zones reculées du Sud, (Fianarantsoa et Toliary) et notamment chez les<br />

agriculteurs qui peuvent voir en l'éducation un instrument qui n'apporte pas <strong>de</strong> progrès social<br />

mais qui par contre peut éloigner <strong>la</strong> nouvelle génération <strong>de</strong>s traditions et coutumes.<br />

Il faut donc tenir compte <strong>de</strong> <strong>la</strong> montée <strong>de</strong> cette mentalité qui apparait surtout dans les milieux<br />

ruraux réculés afin <strong>de</strong> prévenir tout retour en arrière à propos <strong>de</strong> <strong>la</strong> sco<strong>la</strong>risation.<br />

Après cet aperçu <strong>de</strong> <strong>la</strong> situation sanitaire et sco<strong>la</strong>ire, il convient <strong>de</strong> s'arrêter sur <strong>la</strong><br />

consommation <strong>de</strong>s ménages.<br />

CONSOMMATION DES MENAGES<br />

L'amélioration <strong>de</strong> l'IDH <strong>national</strong>e passe nécessairement par l'amélioration <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

consommation car le c<strong>la</strong>ssement <strong>de</strong> MADAGASCAR par l'idh est meilleur que son c<strong>la</strong>ssement<br />

par PIB.Pour trouver une solution optimale, il faudrait, alors, comprendre <strong>la</strong> situation actuelle<br />

<strong>de</strong> cette composante <strong>de</strong> l'idh qu'est <strong>la</strong> consommation. Dans cette étu<strong>de</strong>, nous nous sommes<br />

contentés <strong>de</strong>s résultats par faritany et par milieu AINSI que les tendances passés <strong>de</strong> l'évolution<br />

<strong>de</strong> cette consommation pour prévenir l'avenir.<br />

La situation <strong>de</strong> <strong>la</strong> consommation réelle par type <strong>de</strong> ménages est meilleure dans le<br />

faritany d'Antananarivo et reste élevée même si,le c<strong>la</strong>ssement avec <strong>la</strong> consommation par tête<br />

porte en première p<strong>la</strong>ce celle d'Antsiranana. De plus, une plus gran<strong>de</strong> hétérogénéité avec un<br />

indice <strong>de</strong> Gini <strong>de</strong> 0,47 est constaté à Antsiranana et moindre à Antananarivo avec un indice <strong>de</strong><br />

Gini à 0,41 (étu<strong>de</strong> sur <strong>la</strong> pauvreté). Mais même dans le faritany d'Antananarivo 54,7% <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

popu<strong>la</strong>tion vit déjà dans <strong>la</strong> pauvreté si l'on tiend compte du seuil <strong>de</strong> pauvreté <strong>national</strong> établi à<br />

247 637 Fmg par <strong>la</strong> Banque Mondiale.<br />

Tableau 3.1: Consommation réelle par faritany en 1993<br />

Consommat° Fianarantsoa Toamasin Mahajang Toliara Antsiranana Antananariv<br />

a a<br />

o<br />

Totale ménag 926 984 1274 790 1481 1686<br />

niveau prix 106,7 98,9 105,7 109,8 102,2 100<br />

Par tête 185 199 267 167 347 326<br />

Source : EPM, calculs MADIO. Il s'agit <strong>de</strong> <strong>la</strong> consommation avec l'autoconsommation et loyers<br />

imputés.<br />

Par milieu, le niveau <strong>de</strong> consommation <strong>de</strong>s ménages urbaines est <strong>de</strong>ux fois plus élevé à<br />

celle du milieu rural.De plus, on assiste à une aggravation <strong>de</strong> l'inégalité en milieu rural<br />

conduisant à une situation encore plus déplorable <strong>de</strong>s pauvres parmi les pauvres (intensité <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

pauvreté et <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> <strong>la</strong> pauvreté en croissance).


Tableau 3.2: Evolution <strong>de</strong> l'indicateur <strong>de</strong> GINI <strong>de</strong> <strong>la</strong> consommation par milieu<br />

Indice <strong>de</strong> GINI<br />

1962 1980 1993<br />

Milieu urbain 50,3 46,5 43,6<br />

Milieu rural 29,9 46,9 40,0<br />

Source :" Madagascar:Evaluation <strong>de</strong> <strong>la</strong> pauvreté " Banque Mondiale 1996,<br />

23<br />

Malheureusement, <strong>la</strong> consommation totale <strong>de</strong>s ménages <strong>malgache</strong>s ont connu une<br />

baisse continue <strong>de</strong>puis l'indépendance c'est à dire <strong>de</strong>puis 32 ans.<br />

Nous pouvons lire son évolution <strong>de</strong>puis les années 1961 jusqu'en 1993.<br />

Tableau 3.3: Evolution <strong>de</strong> <strong>la</strong> consommation entre 1961 et 1993 dans les capitales <strong>de</strong> faritany<br />

(en francs 1993)<br />

Consommation Fianarantsoa Toamasina Mahajanga Toliara Antsiranana Antananarivo<br />

Année 1961 517 000 772 000 828 000 399 000 826 000 809 000<br />

Année 1977 1977 395 000 - 514 000 -33,4% 698 000 - 15,6% 532 000 +33,6 687 000 -16,9% 569 000 - 29,7%<br />

% 1961<br />

21,1%<br />

%<br />

Année 1993 1993 408 000 - 21,1% 502 000 - 35,0% 493 000 - 40,4% 404 000 + 1,3% 584 000 - 29,3% 533 000 - 34,1%<br />

% 1961<br />

Baisse année - 0,7% - 1,3% - 1,6% + 0,0% - 1,1% - 1,3%<br />

Source : Diverses enquête,INSREE, BDE, c<strong>la</strong>culs MADIO<br />

En supposant une qualité équivalente <strong>de</strong>s données, <strong>de</strong>ux remarques s'imposent:<br />

1°) <strong>la</strong> ville <strong>de</strong> Mahajanga est celle qui a connu une baisse <strong>la</strong> plus élevée <strong>de</strong> sa<br />

consommation suivi <strong>de</strong> Toamasina et Antananarivo;<br />

2°) le maintient <strong>de</strong> stabilité <strong>de</strong> <strong>la</strong> consommation <strong>de</strong> <strong>la</strong> ville <strong>de</strong> Toliary mérite une<br />

attention mais aucune explication particulière n'est trouvée.<br />

Compte tenu <strong>de</strong>s considérations qui précè<strong>de</strong>nt, un renversement <strong>de</strong>s tendances négatives <strong>de</strong><br />

l'évolution <strong>de</strong> <strong>la</strong> situation macro-économique est vital, autrement, nous ne finissons pas <strong>de</strong><br />

dégringoler dans toute hiérarchie <strong>de</strong> c<strong>la</strong>ssement en vigueur ou à venir.<br />

Remarques:<br />

-<strong>la</strong> valeur <strong>de</strong> <strong>la</strong> consommation que nous employons proviennent <strong>de</strong> l'enquête budgetconsommation<br />

<strong>de</strong> 1961, <strong>de</strong> l'EPM en 1993-1994.<br />

-il nous est impossible <strong>de</strong> distinguer le bien être obtenu par <strong>la</strong> différence d'accès individuel<br />

(culture,...) ou collectif (environnement matériel comme l'accès à l'eau potable, l'électricité,...).<br />

En effet, une somme d'argent fixé procure, par exemple, plus <strong>de</strong> bien être à une jeune personne<br />

qu'à un individu âgé (ce <strong>de</strong>rnier <strong>de</strong>vra avoir besoin <strong>de</strong> plus d'argent pour se soigner).<br />

-Nous corrigeons tout simplement <strong>la</strong> consommation du ménage par une parité <strong>de</strong> pouvoir<br />

d'achat et l'inf<strong>la</strong>tion.Pour ce<strong>la</strong>, nous raisonnons seulement sur <strong>la</strong> consommation évaluée au prix<br />

<strong>de</strong> 1993.<br />

CONCLUSION.<br />

En tout état <strong>de</strong> cause, l'essentiel rési<strong>de</strong> dans notre volonté <strong>de</strong> sortir <strong>de</strong> l'ornière et <strong>de</strong> rechercher<br />

dans ce sens les mesures efficaces et réalistes propres à nous ai<strong>de</strong>r à remonter <strong>la</strong> pente.<br />

L'analyse <strong>de</strong> l'IDH et <strong>de</strong> L'IPC a fait ressortir les poles d'intervention urgents que ce soit dans le<br />

domaine sectoriel ou régional..


24<br />

Mais à l'heure actuelle et compte tenu <strong>de</strong> <strong>la</strong> conjoncture, il ne suffit plus <strong>de</strong> dresser un état <strong>de</strong>s<br />

lieux a<strong>la</strong>rmant, il <strong>de</strong>vient impérieux <strong>de</strong> passer à l'acte en interpel<strong>la</strong>nt tous les responsables<br />

faute <strong>de</strong> quoi le développement humain à savoir le "développement <strong>de</strong>s gens pour les gens et<br />

par les gens" restera un slogan.<br />

SANTE TANA FIANA TAMAT MAJUNG TULEAR DIEGO NATION<br />

Proxi serv sante SMI 33,4 44,9 66,4 34,9 49 48,1<br />

5Q0 (ENDS) 151,7 196,4 194,9 181 176,2 181<br />

TMI 81,8 106,2 94,2 97,9 106,4 97 93<br />

Acouchement maison 40,9 68,4 48,7 53,9 59,4 53,9 53,9<br />

Vaccination (toute) 62,1 36,1 46 22,6 39,6 22,6<br />

Vaccination (aucune) 14,1 20,7 16,2 31,9 15,8 31,9 19,2<br />

Disponibilite médicament 25 20<br />

4Q1 61,9 82,5 92,6 76,2 61,3 76,2 76,7<br />

TBM 93 10,9 19,4 14,7 14,3 14,5 13,8 14,4<br />

TBM 90 10 22,9 21,2 21,2 19,9 23,3<br />

Dépense pub sante % 35 14 15 13 14 9<br />

Nb me<strong>de</strong>cin pub / hab 1/6685 1/18171 1/15734 1/13306 1/18204 1/13089 1/11429<br />

Nb paramed/hab 1/1825 1/2700 1/2090 1/1721 jan-66 1/1764<br />

EDUCATION TANA FIANA TAMAT MAJUNG TULEAR DIEGO NATION<br />

Tx alph° adulte 82,5 56,8 60,4 56,8 38,4 62,7<br />

TBS tout niv. confond 43,4 26,6 37,4 32,7 22,8 .45,8<br />

TBS primaire 93-94 107 30 94 77 51 112 83<br />

Tx net sco<strong>la</strong>risat° 84-85 54 53 74 69 46 77 59<br />

Tx net sco<strong>la</strong>risat° 93-94 61 36 54 47 27 59 48<br />

% nb d'enseig/régions 27 26 19 11 11 5<br />

Tx redoublemt prim 93 26 28 31 35 32 31<br />

Tx d'aband prim 93 16 25 22 11 24 16<br />

TBS niv II 92-93 27,3 14,4 24,2 18,2 13,2 22<br />

Tx redoubl niv II 92-93 18 22 26 33 21 24<br />

Tx d'aband niv II 92-93 9 14 20 18 13 10<br />

EPM, Banque Mondiale Evaluation <strong>de</strong> <strong>la</strong> pauvreté, Ministère <strong>de</strong> l'Education Nationale

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