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Étude d'un sol gonflant en périmètre urbain

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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur JNGG2012–Bordeaux 4-6 juillet 2012<br />

ETUDE D’UN SOL GONFLANT EN PÉRIMÈTRE URBAIN : CAS DE<br />

LA VILLE DE SMARA, MAROC<br />

STUDY OF AN EXPANSIF SOIL IN URBAN PERIMETER: EXAMPLE OF SMARA<br />

CITY, MOROCCO<br />

Madiha EL BAKAY 1 , Azzouz KCHIKACH 1 , Abderrahim ABDELGHEFFAR 2 , Roger<br />

GUERIN 3 , Rachid HAKKOU 4 , Hassan BOUZAHZAH 5<br />

1 Equipe de recherche Génie Civil et Géo-Ingénierie (E2G), Université Cadi Ayyad,<br />

Marrakech, Maroc, a.kchikach@uca.ma<br />

2 Laboratoires Public d’Essais et d’Etudes, Agadir, Maroc<br />

3 UMR 7619 Sisyphe, Université Pierre et Marie Curie, Paris 6, France<br />

4 Research Chair in Managem<strong>en</strong>t and Stabilization of Mining and Industrial Wastes,<br />

UCAM, Marrakech, Maroc<br />

5 Université du Québec, Rouyn-Noranda, Québec, Canada<br />

RÉSUMÉ — Cette étude concerne la caractérisation minéralogique et géotechnique<br />

des pélites <strong>gonflant</strong>es qui constitu<strong>en</strong>t l’assise des fondations dans la ville de Smara<br />

au sud du Maroc. Le comportem<strong>en</strong>t <strong>gonflant</strong> et rétractant de ces pélites se traduit par<br />

des désordres constatés dans les murs et cloisons des bâtim<strong>en</strong>ts publics, habitations<br />

individuelles et infrastructures de la ville. Comme le phénomène de retrait-gonflem<strong>en</strong>t<br />

est durable et évolue l<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>t dans le temps, ces désordres réapparaiss<strong>en</strong>t même<br />

après le traitem<strong>en</strong>t des dommages. L’analyse granulométrique et la détermination<br />

des limites d’Atterberg au laboratoire montr<strong>en</strong>t que la fraction argileuse de ces pélites<br />

ne permet pas à elle seule d’expliquer leur caractère expansif. La diffractométrie aux<br />

rayons X et l’exam<strong>en</strong> de quelques échantillons au microscope électronique à<br />

balayage ont révélé que ces pélites sont riches <strong>en</strong> minéraux sulfatés (gypse et<br />

anhydrite) dont il est connu que l’hydratation ou la déshydratation se traduis<strong>en</strong>t par<br />

une variation notable du volume du <strong>sol</strong>. Le caractère expansif du <strong>sol</strong> des fondations<br />

dans le périmètre <strong>urbain</strong> de la ville de Smara trouve donc, <strong>en</strong> grande partie, son<br />

origine dans le processus de transformation de l’anhydrite <strong>en</strong> gypse et vice-versa <strong>en</strong><br />

fonction de la variation de la t<strong>en</strong>eur <strong>en</strong> eau du <strong>sol</strong>. Les essais in-situ à la plaque<br />

rigide avec des pressions de chargem<strong>en</strong>t de 3, 5 et 7 bars pour chaque site étudié<br />

ont permis de déterminer la pression de gonflem<strong>en</strong>t des pélites de Smara. Les<br />

valeurs mesurées vari<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre 2,5 et 6 bars et sont nettem<strong>en</strong>t supérieures à celles<br />

transmises au <strong>sol</strong> par les fondations des constructions qui exist<strong>en</strong>t dans cette ville. Il<br />

<strong>en</strong> découle que les modalités de fondations doiv<strong>en</strong>t être conditionnées par le risque<br />

de gonflem<strong>en</strong>t des pélites <strong>en</strong> cas d'imbibition.<br />

ABSTRACT — This study concerns a characterization of the shrinkage-swelling<br />

behavior of the siltstones in Smara city (Morocco). This ph<strong>en</strong>om<strong>en</strong>on produces<br />

unacceptable differ<strong>en</strong>tial terrain movem<strong>en</strong>ts, which are the cause of cracks in the<br />

walls of public buildings, individual homes and city infrastructures, and can be greater<br />

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than 1 cm in width. Since the shrinkage-swelling ph<strong>en</strong>om<strong>en</strong>on is long lasting and<br />

occurs over long periods of time, the cracks reappear ev<strong>en</strong> after the damage has<br />

be<strong>en</strong> repaired. The granulometric analysis and the determination of the Atterberg<br />

limits show that the argillaceous fraction of these siltstones does not allow explain<br />

this expansive character. Diffractometry with X-rays and the examination of some<br />

samples under scanning electron microscope show that this character mainly finds its<br />

origin in the exist<strong>en</strong>ce of sulphated minerals (gypsum and anhydrite) in these<br />

formations. In-situ tests with rigid plate using respectively 3, 5 and 7 bars as<br />

pressures of loading for each studied locality made it possible to determine the<br />

swelling pressure of these siltstones. The measured values vary betwe<strong>en</strong> 2,5 and 6<br />

bars and can be exploited for better dim<strong>en</strong>sioning the foundations in Smara city.<br />

1. Introduction<br />

La stabilité des ouvrages construits sur des <strong>sol</strong>s <strong>gonflant</strong>s, ou traversant de telles<br />

formations, peut être compromise sous l’effet d’une variation de leur t<strong>en</strong>eur <strong>en</strong> eau.<br />

Cette variation provoque souv<strong>en</strong>t un retrait-gonflem<strong>en</strong>t de ces <strong>sol</strong>s qui se manifeste<br />

par des désordres au niveau des structures construites (fondation, bâtim<strong>en</strong>t,<br />

canalisation, ouvrage de soutènem<strong>en</strong>t, structures de chaussées, remblai, tunnel,<br />

etc.). Les exemples de désordres liés à la prés<strong>en</strong>ce de <strong>sol</strong>s expansifs sous les<br />

fondations sont nombreux et variés.<br />

Dans le périmètre <strong>urbain</strong> de la ville de Smara au sud du Maroc (Figure 1a), les<br />

désordres observés au niveau du bâti sont liés à la prés<strong>en</strong>ce de pélites altérées<br />

<strong>gonflant</strong>es qui constitu<strong>en</strong>t dans la plupart des cas l’assise des fondations.<br />

L’humidification des pélites, à la faveur d’averses ou de circulations accid<strong>en</strong>telles<br />

d’eau dans les fondations, provoque leur gonflem<strong>en</strong>t. A cause du climat aride de la<br />

région, elles perd<strong>en</strong>t <strong>en</strong>suite rapidem<strong>en</strong>t leur t<strong>en</strong>eur <strong>en</strong> eau par évaporation int<strong>en</strong>se<br />

et pass<strong>en</strong>t à une t<strong>en</strong>eur inférieure à celle de la limite du retrait. Ce comportem<strong>en</strong>t<br />

<strong>gonflant</strong> et rétractant se traduit par des mouvem<strong>en</strong>ts différ<strong>en</strong>tiels inadmissibles de<br />

terrain qui sont à l’origine des fissures, pouvant dépasser un c<strong>en</strong>timètre d’ouverture,<br />

constatées dans les murs et cloisons des bâtim<strong>en</strong>ts publics, habitations individuelles<br />

et infrastructures de la ville (Figure 1b). Comme le phénomène de retrait-gonflem<strong>en</strong>t<br />

est durable et évolue l<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>t dans le temps, les fissures réapparaiss<strong>en</strong>t même<br />

après le traitem<strong>en</strong>t des dommages.<br />

Afin d’établir un constat sci<strong>en</strong>tifique objectif et de disposer de docum<strong>en</strong>ts de<br />

référ<strong>en</strong>ce permettant une information prév<strong>en</strong>tive, la Direction Provinciale<br />

d’Equipem<strong>en</strong>t (DPE), le Laboratoire Public d’Essais et d’Etudes (LPEE) et l’équipe de<br />

recherche Génie Civil et Géo-Ingénierie (E2G) de l’Université Cadi Ayyad<br />

(Marrakech, Maroc) ont m<strong>en</strong>é une étude de caractérisation du <strong>sol</strong> des fondations<br />

dans le périmètre <strong>urbain</strong> de la ville de Smara. On visait à mieux appréh<strong>en</strong>der l’aléa<br />

retrait-gonflem<strong>en</strong>t des pélites et délimiter les zones les plus exposées à ce<br />

phénomène. La démarche de l’étude a d’abord consisté à cartographier les<br />

formations géologiques à dominante pélitique, argileuse ou marneuse, suite à<br />

plusieurs sorties sur le terrain. Les observations de surface ont été complétées par<br />

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l’exam<strong>en</strong> des logs des puits et sondages de reconnaissance réalisés par la DPE et<br />

LPEE (localisation, Figure 1a). Les différ<strong>en</strong>tes formations ainsi id<strong>en</strong>tifiées et<br />

cartographiées ont fait l’objet d’une hiérarchisation quant à leur susceptibilité vis-à-vis<br />

du phénomène de retrait-gonflem<strong>en</strong>t. Cette classification a été établie sur la base de<br />

trois critères principaux : (i) la caractérisation microscopique de la formation étudiée,<br />

(ii) la composition minéralogique de sa phase argileuse et non argileuse issue des<br />

analyses par Diffractométrie aux Rayons X (DRX) et d’imageries sous Microscope<br />

Electronique à Balayage (MEB) et (iii) son comportem<strong>en</strong>t géotechnique déduit des<br />

essais in-situ et <strong>en</strong> laboratoire. Ceci a permis de cerner les zones les plus<br />

susceptibles vis-à-vis du phénomène de retrait-gonflem<strong>en</strong>t dans le périmètre <strong>urbain</strong><br />

de la ville de Smara. Cet article prés<strong>en</strong>te les résultats obt<strong>en</strong>us par l’étude m<strong>en</strong>ée sur<br />

la caractérisation des pélites de Smara et sur leur pression de gonflem<strong>en</strong>t<br />

déterminée par une série de chargem<strong>en</strong>ts à la plaque rigide, réalisés in-situ dans<br />

quatre sites de la ville (localisation, Figure 1a).<br />

2. Reconnaissances géologiques et géotechniques<br />

Les levés géologiques effectués sur le terrain montr<strong>en</strong>t que les formations à<br />

l’affleurem<strong>en</strong>t dans le périmètre <strong>urbain</strong> de la ville de Smara correspond<strong>en</strong>t<br />

ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t à des couches gréso-pélitiques et pélitiques du Dévoni<strong>en</strong> (May,<br />

2008) surmontés par <strong>en</strong>droit, <strong>en</strong> particulier dans la partie est et sud-est de la ville, de<br />

niveaux sablo-limoneux, argileux et d’alluvions réc<strong>en</strong>tes. Les niveaux pélitiques sont<br />

généralem<strong>en</strong>t altérés. L’épaisseur de la tranche d’altération varie de quelques<br />

c<strong>en</strong>timètres à plus de 3 m. Ces observations ont été complétées par les données<br />

issues des coupes de puits et sondages réalisés dans le périmètre <strong>urbain</strong> de la ville.<br />

Ceci a permis d’id<strong>en</strong>tifier et classer les sites susceptibles d’être soumis au<br />

phénomène de retrait-gonflem<strong>en</strong>t. Il s’agit, <strong>en</strong> particulier des <strong>en</strong>droits montrant une<br />

forte altération du <strong>sol</strong> et une épaisseur importante des pélites altérées <strong>gonflant</strong>es.<br />

Le facteur prépondérant qui détermine le degré de susceptibilité d’une formation au<br />

phénomène de retrait-gonflem<strong>en</strong>t est la composition minéralogique de sa phase<br />

argileuse. Le retrait-gonflem<strong>en</strong>t s’exprime préfér<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce des<br />

minéraux argileux dits <strong>gonflant</strong>s du groupe des smectites (<strong>en</strong> particulier la<br />

montmorillonite) et, dans une moindre mesure, au groupe des interstratifiés<br />

(smectites/illite) (Zornette et al., 2008). Selon les auteurs, la vermiculite et certaines<br />

chlorites sont aussi classées dans la catégorie des minéraux <strong>gonflant</strong>s. Aussi, vingtdeux<br />

échantillons prélevés <strong>en</strong> surface et dans les puits et sondages carottés ont fait<br />

l’objet d’un exam<strong>en</strong> sous microscope polarisant et d’une imagerie sous MEB (Figure<br />

1c). Douze autres échantillons ont fait l’objet d’analyse aux DRX (Figure 1d).<br />

En vue de mieux appréh<strong>en</strong>der le pot<strong>en</strong>tiel de gonflem<strong>en</strong>t des pélites de Smara, nous<br />

avons effectué des analyses granulométriques et déterminé les limites d’Atterberg<br />

sur ces 12 échantillons précités. La pression de gonflem<strong>en</strong>t des pélites a été aussi<br />

déterminée par la réalisation in-situ de quatre essais de chargem<strong>en</strong>t à la plaque<br />

rigide (Figure 2). Ce paramètre est déterminant pour la conception des fondations et<br />

des structures à construire sur ce type de <strong>sol</strong>s.<br />

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Figure 1 . a. Plan de localisation des puits, forages de reconnaissance et des essais<br />

géotechniques in-situ dans la ville de Smara. b. exemple de désordres affectant le<br />

c<strong>en</strong>tre hospitalier de la ville. c. images sous MEB montrant l’abondance du gypse à<br />

clivage caractéristique dans les pélites de Smara, le symbole (+) indique le point<br />

piqué sous MEB pour l’obt<strong>en</strong>tion du spectre confirmant la prés<strong>en</strong>ce du gypse<br />

La pression de gonflem<strong>en</strong>t est définie comme étant la pression qu’il faut appliquer à<br />

la plaque pour la maint<strong>en</strong>ir à déformation verticale nulle depuis la mise <strong>en</strong> eau<br />

jusqu’à la saturation complète de la roche (Komornik et David, 1969 ; Lancelot et al.,<br />

2002). La plaque utilisée (Figure 2a) est de forme carrée de 30 cm de côté et d’une<br />

épaisseur de 2,5 cm. Le vérin est situé au c<strong>en</strong>tre de la plaque et les trois capteurs de<br />

déplacem<strong>en</strong>t sont au bord. Le massif de réaction est constitué <strong>d'un</strong> camion qui<br />

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permet d'appliquer un chargem<strong>en</strong>t de 9000 daN. Pour les quatre sites étudiés<br />

(localisation, Figure 1a), on a appliqué trois pressions de chargem<strong>en</strong>t différ<strong>en</strong>tes (3,<br />

5 et 7 bars) à la plaque rigide et mesuré <strong>en</strong> fonction du temps la déformation<br />

verticale <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce d'eau. Conv<strong>en</strong>tionnellem<strong>en</strong>t, la stabilisation de la déformation<br />

est atteinte si la variation de déformation est inférieure à 1/100 mm <strong>en</strong>tre deux<br />

lectures espacées d'au moins 8 heures. On peut ainsi déterminer le couple (pression,<br />

déformation à la stabilisation) et déduire la pression de gonflem<strong>en</strong>t qui correspond à<br />

l'intersection de cette droite avec l'axe des abscisses (Lancelot et al., 2002). Une<br />

telle pression devra être comparée à celle transmise au <strong>sol</strong> par les structures<br />

construites.<br />

3. Discussion<br />

Les analyses granulométriques montr<strong>en</strong>t que la partie fine ( 80m) représ<strong>en</strong>te<br />

<strong>en</strong>viron 26% du poids des échantillons. La limite de liquidité, déterminée à partir de<br />

ces mêmes échantillons, est comprise <strong>en</strong>tre 32 à 38 %. L'indice de plasticité est<br />

compris <strong>en</strong>tre 15 et 19%. Paradoxalem<strong>en</strong>t, les pélites de Smara ont donc un faible<br />

pot<strong>en</strong>tiel de gonflem<strong>en</strong>t. Leur t<strong>en</strong>eur <strong>en</strong> argiles et le taux de plasticité de la partie fine<br />

ne permet pas à elle seule d’expliquer leur caractère nettem<strong>en</strong>t expansif.<br />

L’exam<strong>en</strong> des lames minces des douze échantillons sous microscope polarisant<br />

montre que les pélites de Smara sont ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t formées de quartz, feldspaths,<br />

minéraux argileux, micas (clinochlorite et muscovite) et minéraux sulfatés sous forme<br />

d’anhydrite et gypse. La prés<strong>en</strong>ce d’anhydrite et gypse, d’ailleurs visible<br />

macroscopiquem<strong>en</strong>t, a été confirmée par imagerie sous MEB (Figure 1c). L’analyse<br />

sous DRX montre que la phase argileuse est ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t représ<strong>en</strong>tée par l’illite,<br />

la montmorillonite et la chlorite. Ces deux derniers minéraux ont des liaisons<br />

interfeuillets très faibles (Mesri et al., 1999). Ils ont donc la propriété de fixer les<br />

molécules d’eau <strong>en</strong>tre deux feuillets voisins à la faveur de toute humidification du <strong>sol</strong>.<br />

Ceci conduit à un gonflem<strong>en</strong>t inter-foliaire qui peut prés<strong>en</strong>ter une ampleur très<br />

importante.<br />

La prés<strong>en</strong>ce de sulfate aussi bi<strong>en</strong> sous forme de gypse que d’anhydrite contribue à<br />

l’acc<strong>en</strong>tuation du phénomène retrait-gonflem<strong>en</strong>t du <strong>sol</strong> des fondations à Smara. En<br />

effet, il est connu que la transformation de l’anhydrite <strong>en</strong> gypse et vice versa<br />

s’accompagne par une variation de volume (éq. 1, Fabre et Dayre, 1982; Bultel,<br />

2001) :<br />

Anhydrite (CaSO4) + 2H2O <br />

3<br />

3<br />

Volume : 46 cm + 36 cm <br />

Gypse(CaSO4, 2H2O)<br />

74 cm<br />

3<br />

(1)<br />

Deux cas peuv<strong>en</strong>t donc se prés<strong>en</strong>ter dans la nature :<br />

La t<strong>en</strong>eur <strong>en</strong> eau du <strong>sol</strong> est faible mais juste suffisante pour la transformation de<br />

l’anhydrite <strong>en</strong> gypse, la variation du volume est (éq. 2) :<br />

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V =<br />

74 - (46 + 36) / (46 + 36) = - 9.8 %<br />

Cette variation se traduit sur le terrain par un tassem<strong>en</strong>t.<br />

La t<strong>en</strong>eur <strong>en</strong> eau du milieu est importante ; dans ce cas, l’hydratation de l’anhydrite<br />

conduit à un fort gonflem<strong>en</strong>t (éq. 3) :<br />

(2)<br />

V = (74 - 46)/46 = + 61%<br />

(3)<br />

Les travaux de Wittke M. et Wittke W. (2005) montr<strong>en</strong>t que le retrait-gonflem<strong>en</strong>t d’un<br />

<strong>sol</strong> riche <strong>en</strong> sulfate est plus rapide (quelques mois) que celui des argiles. Ce<br />

phénomène est donc à pr<strong>en</strong>dre au sérieux.<br />

Figure 2 . a. Photographie illustrant la réalisation des essais de chargem<strong>en</strong>t à la<br />

plaque rigide dans le périmètre <strong>urbain</strong> de Smara. b. courbes de déformation verticale<br />

pour les différ<strong>en</strong>tes pressions de chargem<strong>en</strong>t utilisées (3, 5 et 7 bars) et la valeur de<br />

pression de gonflem<strong>en</strong>t mesurée (4,8 bars) pour le site correspondant à la cour d’un<br />

établissem<strong>en</strong>t de l’éducation nationale (collège 11 janvier, Smara)<br />

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Par analogie à la courbe classique de l’essai œdométrique, permettant de déterminer<br />

le tassem<strong>en</strong>t, nous remarquons que celle issue de l’essai de chargem<strong>en</strong>t à la plaque<br />

montre égalem<strong>en</strong>t un gonflem<strong>en</strong>t primaire et secondaire. L’évolution du gonflem<strong>en</strong>t<br />

<strong>en</strong> fonction du temps et la valeur de la pression de gonflem<strong>en</strong>t dép<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t <strong>en</strong> réalité<br />

de la méthode de mesure utilisée et de la t<strong>en</strong>eur <strong>en</strong> eau du <strong>sol</strong> (Lancelot et al.,<br />

2002). Pour les essais de chargem<strong>en</strong>t réalisés dans le cadre de cette étude, les<br />

pressions de gonflem<strong>en</strong>t vari<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre 2,5 et 6 bars pour les mêmes conditions de<br />

chargem<strong>en</strong>t. Ceci s’explique par le fait que les pélites de Smara sont hétérogènes.<br />

Les calculs de fondations appliqués aux différ<strong>en</strong>ts types des structures construites à<br />

Smara, montr<strong>en</strong>t que les pressions de gonflem<strong>en</strong>t mesurées sont nettem<strong>en</strong>t<br />

supérieures à celles transmises au <strong>sol</strong> par les fondations de ces structures. Le<br />

gonflem<strong>en</strong>t du <strong>sol</strong> ne peut donc pas être contrarié par la charge des structures<br />

construites <strong>en</strong> cas de v<strong>en</strong>ues suffisantes d’eau dans le <strong>sol</strong> des fondations.<br />

4. Conclusion<br />

Cet article a prés<strong>en</strong>té une partie de l’étude de caractérisation minéralogique et de<br />

détermination de la pression de gonflem<strong>en</strong>t des pélites, constituant l’assise des<br />

fondations dans la ville de Smara.<br />

Les pélites étudiées conti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t une phase argileuse dite <strong>gonflant</strong>e (Montmorillonite,<br />

Illite et Chlorite) mais à une proportion faible à moy<strong>en</strong>ne qui ne permet pas à elle<br />

seule d’expliquer le caractère nettem<strong>en</strong>t expansif du <strong>sol</strong> responsable des désordres<br />

constatés dans le bâti à Smara. Ce caractère trouverait <strong>en</strong> grande partie son origine<br />

dans la transformation chimique, sous un climat aride favorable, de l’anhydrite <strong>en</strong><br />

gypse et vice versa. Cette transformation se traduit par une nette variation de volume<br />

(Fabre et Dayre, 1982; Wittke M. et Wittke W., 2005). La prés<strong>en</strong>ce de ces deux<br />

minéraux a été confirmée par l’étude microscopique, par les analyses aux DRX et<br />

par l’imagerie sous MEB.<br />

Les pressions de gonflem<strong>en</strong>ts mesurées sont nettem<strong>en</strong>t supérieures à celles<br />

transmises au <strong>sol</strong> par les fondations des constructions qui exist<strong>en</strong>t dans la ville de<br />

Smara : il s’agit pour la plupart des cas d’habitations simples à rez-de-chaussée ou<br />

rarem<strong>en</strong>t plus de un étage. Il <strong>en</strong> découle que les modalités de fondations doiv<strong>en</strong>t être<br />

conditionnées par le risque de gonflem<strong>en</strong>t des pélites <strong>en</strong> cas d'imbibition.<br />

Raisonnablem<strong>en</strong>t, les habitations devrai<strong>en</strong>t être dim<strong>en</strong>sionnées pour développer une<br />

pression de l’ordre de 2,5 bars afin d'éviter un soulèvem<strong>en</strong>t ou un tassem<strong>en</strong>t<br />

inadmissible <strong>en</strong> cas de v<strong>en</strong>ues d’eau sous les fondations.<br />

Remerciem<strong>en</strong>ts<br />

Les auteurs remerci<strong>en</strong>t les responsables de la DPE (Smara) et LPEE (Agadir et<br />

Casablanca) pour leur collaboration et autorisation à publier les résultats de ce<br />

travail. Nos remerciem<strong>en</strong>ts vont aussi aux deux relecteurs dont les remarques ont<br />

contribué à l’amélioration de la qualité de cet article. Cette étude a aussi reçu le<br />

souti<strong>en</strong> du comité mixte franco-marocain : AI n° MA/209/09<br />

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Référ<strong>en</strong>ces bibliographiques<br />

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Taylor and Francis (Eds.) Proceedings of the International World Tunnel Congress and the 31st ITA<br />

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argileux, départem<strong>en</strong>t de la Haute-Marne. Rapport BRGM/RP-55957-FR, 9-112.<br />

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