Ãtude d'un sol gonflant en périmètre urbain
Ãtude d'un sol gonflant en périmètre urbain
Ãtude d'un sol gonflant en périmètre urbain
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur JNGG2012–Bordeaux 4-6 juillet 2012<br />
ETUDE D’UN SOL GONFLANT EN PÉRIMÈTRE URBAIN : CAS DE<br />
LA VILLE DE SMARA, MAROC<br />
STUDY OF AN EXPANSIF SOIL IN URBAN PERIMETER: EXAMPLE OF SMARA<br />
CITY, MOROCCO<br />
Madiha EL BAKAY 1 , Azzouz KCHIKACH 1 , Abderrahim ABDELGHEFFAR 2 , Roger<br />
GUERIN 3 , Rachid HAKKOU 4 , Hassan BOUZAHZAH 5<br />
1 Equipe de recherche Génie Civil et Géo-Ingénierie (E2G), Université Cadi Ayyad,<br />
Marrakech, Maroc, a.kchikach@uca.ma<br />
2 Laboratoires Public d’Essais et d’Etudes, Agadir, Maroc<br />
3 UMR 7619 Sisyphe, Université Pierre et Marie Curie, Paris 6, France<br />
4 Research Chair in Managem<strong>en</strong>t and Stabilization of Mining and Industrial Wastes,<br />
UCAM, Marrakech, Maroc<br />
5 Université du Québec, Rouyn-Noranda, Québec, Canada<br />
RÉSUMÉ — Cette étude concerne la caractérisation minéralogique et géotechnique<br />
des pélites <strong>gonflant</strong>es qui constitu<strong>en</strong>t l’assise des fondations dans la ville de Smara<br />
au sud du Maroc. Le comportem<strong>en</strong>t <strong>gonflant</strong> et rétractant de ces pélites se traduit par<br />
des désordres constatés dans les murs et cloisons des bâtim<strong>en</strong>ts publics, habitations<br />
individuelles et infrastructures de la ville. Comme le phénomène de retrait-gonflem<strong>en</strong>t<br />
est durable et évolue l<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>t dans le temps, ces désordres réapparaiss<strong>en</strong>t même<br />
après le traitem<strong>en</strong>t des dommages. L’analyse granulométrique et la détermination<br />
des limites d’Atterberg au laboratoire montr<strong>en</strong>t que la fraction argileuse de ces pélites<br />
ne permet pas à elle seule d’expliquer leur caractère expansif. La diffractométrie aux<br />
rayons X et l’exam<strong>en</strong> de quelques échantillons au microscope électronique à<br />
balayage ont révélé que ces pélites sont riches <strong>en</strong> minéraux sulfatés (gypse et<br />
anhydrite) dont il est connu que l’hydratation ou la déshydratation se traduis<strong>en</strong>t par<br />
une variation notable du volume du <strong>sol</strong>. Le caractère expansif du <strong>sol</strong> des fondations<br />
dans le périmètre <strong>urbain</strong> de la ville de Smara trouve donc, <strong>en</strong> grande partie, son<br />
origine dans le processus de transformation de l’anhydrite <strong>en</strong> gypse et vice-versa <strong>en</strong><br />
fonction de la variation de la t<strong>en</strong>eur <strong>en</strong> eau du <strong>sol</strong>. Les essais in-situ à la plaque<br />
rigide avec des pressions de chargem<strong>en</strong>t de 3, 5 et 7 bars pour chaque site étudié<br />
ont permis de déterminer la pression de gonflem<strong>en</strong>t des pélites de Smara. Les<br />
valeurs mesurées vari<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre 2,5 et 6 bars et sont nettem<strong>en</strong>t supérieures à celles<br />
transmises au <strong>sol</strong> par les fondations des constructions qui exist<strong>en</strong>t dans cette ville. Il<br />
<strong>en</strong> découle que les modalités de fondations doiv<strong>en</strong>t être conditionnées par le risque<br />
de gonflem<strong>en</strong>t des pélites <strong>en</strong> cas d'imbibition.<br />
ABSTRACT — This study concerns a characterization of the shrinkage-swelling<br />
behavior of the siltstones in Smara city (Morocco). This ph<strong>en</strong>om<strong>en</strong>on produces<br />
unacceptable differ<strong>en</strong>tial terrain movem<strong>en</strong>ts, which are the cause of cracks in the<br />
walls of public buildings, individual homes and city infrastructures, and can be greater<br />
- 683 -
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur JNGG2012–Bordeaux 4-6 juillet 2012<br />
than 1 cm in width. Since the shrinkage-swelling ph<strong>en</strong>om<strong>en</strong>on is long lasting and<br />
occurs over long periods of time, the cracks reappear ev<strong>en</strong> after the damage has<br />
be<strong>en</strong> repaired. The granulometric analysis and the determination of the Atterberg<br />
limits show that the argillaceous fraction of these siltstones does not allow explain<br />
this expansive character. Diffractometry with X-rays and the examination of some<br />
samples under scanning electron microscope show that this character mainly finds its<br />
origin in the exist<strong>en</strong>ce of sulphated minerals (gypsum and anhydrite) in these<br />
formations. In-situ tests with rigid plate using respectively 3, 5 and 7 bars as<br />
pressures of loading for each studied locality made it possible to determine the<br />
swelling pressure of these siltstones. The measured values vary betwe<strong>en</strong> 2,5 and 6<br />
bars and can be exploited for better dim<strong>en</strong>sioning the foundations in Smara city.<br />
1. Introduction<br />
La stabilité des ouvrages construits sur des <strong>sol</strong>s <strong>gonflant</strong>s, ou traversant de telles<br />
formations, peut être compromise sous l’effet d’une variation de leur t<strong>en</strong>eur <strong>en</strong> eau.<br />
Cette variation provoque souv<strong>en</strong>t un retrait-gonflem<strong>en</strong>t de ces <strong>sol</strong>s qui se manifeste<br />
par des désordres au niveau des structures construites (fondation, bâtim<strong>en</strong>t,<br />
canalisation, ouvrage de soutènem<strong>en</strong>t, structures de chaussées, remblai, tunnel,<br />
etc.). Les exemples de désordres liés à la prés<strong>en</strong>ce de <strong>sol</strong>s expansifs sous les<br />
fondations sont nombreux et variés.<br />
Dans le périmètre <strong>urbain</strong> de la ville de Smara au sud du Maroc (Figure 1a), les<br />
désordres observés au niveau du bâti sont liés à la prés<strong>en</strong>ce de pélites altérées<br />
<strong>gonflant</strong>es qui constitu<strong>en</strong>t dans la plupart des cas l’assise des fondations.<br />
L’humidification des pélites, à la faveur d’averses ou de circulations accid<strong>en</strong>telles<br />
d’eau dans les fondations, provoque leur gonflem<strong>en</strong>t. A cause du climat aride de la<br />
région, elles perd<strong>en</strong>t <strong>en</strong>suite rapidem<strong>en</strong>t leur t<strong>en</strong>eur <strong>en</strong> eau par évaporation int<strong>en</strong>se<br />
et pass<strong>en</strong>t à une t<strong>en</strong>eur inférieure à celle de la limite du retrait. Ce comportem<strong>en</strong>t<br />
<strong>gonflant</strong> et rétractant se traduit par des mouvem<strong>en</strong>ts différ<strong>en</strong>tiels inadmissibles de<br />
terrain qui sont à l’origine des fissures, pouvant dépasser un c<strong>en</strong>timètre d’ouverture,<br />
constatées dans les murs et cloisons des bâtim<strong>en</strong>ts publics, habitations individuelles<br />
et infrastructures de la ville (Figure 1b). Comme le phénomène de retrait-gonflem<strong>en</strong>t<br />
est durable et évolue l<strong>en</strong>tem<strong>en</strong>t dans le temps, les fissures réapparaiss<strong>en</strong>t même<br />
après le traitem<strong>en</strong>t des dommages.<br />
Afin d’établir un constat sci<strong>en</strong>tifique objectif et de disposer de docum<strong>en</strong>ts de<br />
référ<strong>en</strong>ce permettant une information prév<strong>en</strong>tive, la Direction Provinciale<br />
d’Equipem<strong>en</strong>t (DPE), le Laboratoire Public d’Essais et d’Etudes (LPEE) et l’équipe de<br />
recherche Génie Civil et Géo-Ingénierie (E2G) de l’Université Cadi Ayyad<br />
(Marrakech, Maroc) ont m<strong>en</strong>é une étude de caractérisation du <strong>sol</strong> des fondations<br />
dans le périmètre <strong>urbain</strong> de la ville de Smara. On visait à mieux appréh<strong>en</strong>der l’aléa<br />
retrait-gonflem<strong>en</strong>t des pélites et délimiter les zones les plus exposées à ce<br />
phénomène. La démarche de l’étude a d’abord consisté à cartographier les<br />
formations géologiques à dominante pélitique, argileuse ou marneuse, suite à<br />
plusieurs sorties sur le terrain. Les observations de surface ont été complétées par<br />
- 684 -
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur JNGG2012–Bordeaux 4-6 juillet 2012<br />
l’exam<strong>en</strong> des logs des puits et sondages de reconnaissance réalisés par la DPE et<br />
LPEE (localisation, Figure 1a). Les différ<strong>en</strong>tes formations ainsi id<strong>en</strong>tifiées et<br />
cartographiées ont fait l’objet d’une hiérarchisation quant à leur susceptibilité vis-à-vis<br />
du phénomène de retrait-gonflem<strong>en</strong>t. Cette classification a été établie sur la base de<br />
trois critères principaux : (i) la caractérisation microscopique de la formation étudiée,<br />
(ii) la composition minéralogique de sa phase argileuse et non argileuse issue des<br />
analyses par Diffractométrie aux Rayons X (DRX) et d’imageries sous Microscope<br />
Electronique à Balayage (MEB) et (iii) son comportem<strong>en</strong>t géotechnique déduit des<br />
essais in-situ et <strong>en</strong> laboratoire. Ceci a permis de cerner les zones les plus<br />
susceptibles vis-à-vis du phénomène de retrait-gonflem<strong>en</strong>t dans le périmètre <strong>urbain</strong><br />
de la ville de Smara. Cet article prés<strong>en</strong>te les résultats obt<strong>en</strong>us par l’étude m<strong>en</strong>ée sur<br />
la caractérisation des pélites de Smara et sur leur pression de gonflem<strong>en</strong>t<br />
déterminée par une série de chargem<strong>en</strong>ts à la plaque rigide, réalisés in-situ dans<br />
quatre sites de la ville (localisation, Figure 1a).<br />
2. Reconnaissances géologiques et géotechniques<br />
Les levés géologiques effectués sur le terrain montr<strong>en</strong>t que les formations à<br />
l’affleurem<strong>en</strong>t dans le périmètre <strong>urbain</strong> de la ville de Smara correspond<strong>en</strong>t<br />
ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t à des couches gréso-pélitiques et pélitiques du Dévoni<strong>en</strong> (May,<br />
2008) surmontés par <strong>en</strong>droit, <strong>en</strong> particulier dans la partie est et sud-est de la ville, de<br />
niveaux sablo-limoneux, argileux et d’alluvions réc<strong>en</strong>tes. Les niveaux pélitiques sont<br />
généralem<strong>en</strong>t altérés. L’épaisseur de la tranche d’altération varie de quelques<br />
c<strong>en</strong>timètres à plus de 3 m. Ces observations ont été complétées par les données<br />
issues des coupes de puits et sondages réalisés dans le périmètre <strong>urbain</strong> de la ville.<br />
Ceci a permis d’id<strong>en</strong>tifier et classer les sites susceptibles d’être soumis au<br />
phénomène de retrait-gonflem<strong>en</strong>t. Il s’agit, <strong>en</strong> particulier des <strong>en</strong>droits montrant une<br />
forte altération du <strong>sol</strong> et une épaisseur importante des pélites altérées <strong>gonflant</strong>es.<br />
Le facteur prépondérant qui détermine le degré de susceptibilité d’une formation au<br />
phénomène de retrait-gonflem<strong>en</strong>t est la composition minéralogique de sa phase<br />
argileuse. Le retrait-gonflem<strong>en</strong>t s’exprime préfér<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce des<br />
minéraux argileux dits <strong>gonflant</strong>s du groupe des smectites (<strong>en</strong> particulier la<br />
montmorillonite) et, dans une moindre mesure, au groupe des interstratifiés<br />
(smectites/illite) (Zornette et al., 2008). Selon les auteurs, la vermiculite et certaines<br />
chlorites sont aussi classées dans la catégorie des minéraux <strong>gonflant</strong>s. Aussi, vingtdeux<br />
échantillons prélevés <strong>en</strong> surface et dans les puits et sondages carottés ont fait<br />
l’objet d’un exam<strong>en</strong> sous microscope polarisant et d’une imagerie sous MEB (Figure<br />
1c). Douze autres échantillons ont fait l’objet d’analyse aux DRX (Figure 1d).<br />
En vue de mieux appréh<strong>en</strong>der le pot<strong>en</strong>tiel de gonflem<strong>en</strong>t des pélites de Smara, nous<br />
avons effectué des analyses granulométriques et déterminé les limites d’Atterberg<br />
sur ces 12 échantillons précités. La pression de gonflem<strong>en</strong>t des pélites a été aussi<br />
déterminée par la réalisation in-situ de quatre essais de chargem<strong>en</strong>t à la plaque<br />
rigide (Figure 2). Ce paramètre est déterminant pour la conception des fondations et<br />
des structures à construire sur ce type de <strong>sol</strong>s.<br />
- 685 -
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur JNGG2012–Bordeaux 4-6 juillet 2012<br />
Figure 1 . a. Plan de localisation des puits, forages de reconnaissance et des essais<br />
géotechniques in-situ dans la ville de Smara. b. exemple de désordres affectant le<br />
c<strong>en</strong>tre hospitalier de la ville. c. images sous MEB montrant l’abondance du gypse à<br />
clivage caractéristique dans les pélites de Smara, le symbole (+) indique le point<br />
piqué sous MEB pour l’obt<strong>en</strong>tion du spectre confirmant la prés<strong>en</strong>ce du gypse<br />
La pression de gonflem<strong>en</strong>t est définie comme étant la pression qu’il faut appliquer à<br />
la plaque pour la maint<strong>en</strong>ir à déformation verticale nulle depuis la mise <strong>en</strong> eau<br />
jusqu’à la saturation complète de la roche (Komornik et David, 1969 ; Lancelot et al.,<br />
2002). La plaque utilisée (Figure 2a) est de forme carrée de 30 cm de côté et d’une<br />
épaisseur de 2,5 cm. Le vérin est situé au c<strong>en</strong>tre de la plaque et les trois capteurs de<br />
déplacem<strong>en</strong>t sont au bord. Le massif de réaction est constitué <strong>d'un</strong> camion qui<br />
- 686 -
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur JNGG2012–Bordeaux 4-6 juillet 2012<br />
permet d'appliquer un chargem<strong>en</strong>t de 9000 daN. Pour les quatre sites étudiés<br />
(localisation, Figure 1a), on a appliqué trois pressions de chargem<strong>en</strong>t différ<strong>en</strong>tes (3,<br />
5 et 7 bars) à la plaque rigide et mesuré <strong>en</strong> fonction du temps la déformation<br />
verticale <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce d'eau. Conv<strong>en</strong>tionnellem<strong>en</strong>t, la stabilisation de la déformation<br />
est atteinte si la variation de déformation est inférieure à 1/100 mm <strong>en</strong>tre deux<br />
lectures espacées d'au moins 8 heures. On peut ainsi déterminer le couple (pression,<br />
déformation à la stabilisation) et déduire la pression de gonflem<strong>en</strong>t qui correspond à<br />
l'intersection de cette droite avec l'axe des abscisses (Lancelot et al., 2002). Une<br />
telle pression devra être comparée à celle transmise au <strong>sol</strong> par les structures<br />
construites.<br />
3. Discussion<br />
Les analyses granulométriques montr<strong>en</strong>t que la partie fine ( 80m) représ<strong>en</strong>te<br />
<strong>en</strong>viron 26% du poids des échantillons. La limite de liquidité, déterminée à partir de<br />
ces mêmes échantillons, est comprise <strong>en</strong>tre 32 à 38 %. L'indice de plasticité est<br />
compris <strong>en</strong>tre 15 et 19%. Paradoxalem<strong>en</strong>t, les pélites de Smara ont donc un faible<br />
pot<strong>en</strong>tiel de gonflem<strong>en</strong>t. Leur t<strong>en</strong>eur <strong>en</strong> argiles et le taux de plasticité de la partie fine<br />
ne permet pas à elle seule d’expliquer leur caractère nettem<strong>en</strong>t expansif.<br />
L’exam<strong>en</strong> des lames minces des douze échantillons sous microscope polarisant<br />
montre que les pélites de Smara sont ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t formées de quartz, feldspaths,<br />
minéraux argileux, micas (clinochlorite et muscovite) et minéraux sulfatés sous forme<br />
d’anhydrite et gypse. La prés<strong>en</strong>ce d’anhydrite et gypse, d’ailleurs visible<br />
macroscopiquem<strong>en</strong>t, a été confirmée par imagerie sous MEB (Figure 1c). L’analyse<br />
sous DRX montre que la phase argileuse est ess<strong>en</strong>tiellem<strong>en</strong>t représ<strong>en</strong>tée par l’illite,<br />
la montmorillonite et la chlorite. Ces deux derniers minéraux ont des liaisons<br />
interfeuillets très faibles (Mesri et al., 1999). Ils ont donc la propriété de fixer les<br />
molécules d’eau <strong>en</strong>tre deux feuillets voisins à la faveur de toute humidification du <strong>sol</strong>.<br />
Ceci conduit à un gonflem<strong>en</strong>t inter-foliaire qui peut prés<strong>en</strong>ter une ampleur très<br />
importante.<br />
La prés<strong>en</strong>ce de sulfate aussi bi<strong>en</strong> sous forme de gypse que d’anhydrite contribue à<br />
l’acc<strong>en</strong>tuation du phénomène retrait-gonflem<strong>en</strong>t du <strong>sol</strong> des fondations à Smara. En<br />
effet, il est connu que la transformation de l’anhydrite <strong>en</strong> gypse et vice versa<br />
s’accompagne par une variation de volume (éq. 1, Fabre et Dayre, 1982; Bultel,<br />
2001) :<br />
Anhydrite (CaSO4) + 2H2O <br />
3<br />
3<br />
Volume : 46 cm + 36 cm <br />
Gypse(CaSO4, 2H2O)<br />
74 cm<br />
3<br />
(1)<br />
Deux cas peuv<strong>en</strong>t donc se prés<strong>en</strong>ter dans la nature :<br />
La t<strong>en</strong>eur <strong>en</strong> eau du <strong>sol</strong> est faible mais juste suffisante pour la transformation de<br />
l’anhydrite <strong>en</strong> gypse, la variation du volume est (éq. 2) :<br />
- 687 -
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur JNGG2012–Bordeaux 4-6 juillet 2012<br />
V =<br />
74 - (46 + 36) / (46 + 36) = - 9.8 %<br />
Cette variation se traduit sur le terrain par un tassem<strong>en</strong>t.<br />
La t<strong>en</strong>eur <strong>en</strong> eau du milieu est importante ; dans ce cas, l’hydratation de l’anhydrite<br />
conduit à un fort gonflem<strong>en</strong>t (éq. 3) :<br />
(2)<br />
V = (74 - 46)/46 = + 61%<br />
(3)<br />
Les travaux de Wittke M. et Wittke W. (2005) montr<strong>en</strong>t que le retrait-gonflem<strong>en</strong>t d’un<br />
<strong>sol</strong> riche <strong>en</strong> sulfate est plus rapide (quelques mois) que celui des argiles. Ce<br />
phénomène est donc à pr<strong>en</strong>dre au sérieux.<br />
Figure 2 . a. Photographie illustrant la réalisation des essais de chargem<strong>en</strong>t à la<br />
plaque rigide dans le périmètre <strong>urbain</strong> de Smara. b. courbes de déformation verticale<br />
pour les différ<strong>en</strong>tes pressions de chargem<strong>en</strong>t utilisées (3, 5 et 7 bars) et la valeur de<br />
pression de gonflem<strong>en</strong>t mesurée (4,8 bars) pour le site correspondant à la cour d’un<br />
établissem<strong>en</strong>t de l’éducation nationale (collège 11 janvier, Smara)<br />
- 688 -
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur JNGG2012–Bordeaux 4-6 juillet 2012<br />
Par analogie à la courbe classique de l’essai œdométrique, permettant de déterminer<br />
le tassem<strong>en</strong>t, nous remarquons que celle issue de l’essai de chargem<strong>en</strong>t à la plaque<br />
montre égalem<strong>en</strong>t un gonflem<strong>en</strong>t primaire et secondaire. L’évolution du gonflem<strong>en</strong>t<br />
<strong>en</strong> fonction du temps et la valeur de la pression de gonflem<strong>en</strong>t dép<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t <strong>en</strong> réalité<br />
de la méthode de mesure utilisée et de la t<strong>en</strong>eur <strong>en</strong> eau du <strong>sol</strong> (Lancelot et al.,<br />
2002). Pour les essais de chargem<strong>en</strong>t réalisés dans le cadre de cette étude, les<br />
pressions de gonflem<strong>en</strong>t vari<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre 2,5 et 6 bars pour les mêmes conditions de<br />
chargem<strong>en</strong>t. Ceci s’explique par le fait que les pélites de Smara sont hétérogènes.<br />
Les calculs de fondations appliqués aux différ<strong>en</strong>ts types des structures construites à<br />
Smara, montr<strong>en</strong>t que les pressions de gonflem<strong>en</strong>t mesurées sont nettem<strong>en</strong>t<br />
supérieures à celles transmises au <strong>sol</strong> par les fondations de ces structures. Le<br />
gonflem<strong>en</strong>t du <strong>sol</strong> ne peut donc pas être contrarié par la charge des structures<br />
construites <strong>en</strong> cas de v<strong>en</strong>ues suffisantes d’eau dans le <strong>sol</strong> des fondations.<br />
4. Conclusion<br />
Cet article a prés<strong>en</strong>té une partie de l’étude de caractérisation minéralogique et de<br />
détermination de la pression de gonflem<strong>en</strong>t des pélites, constituant l’assise des<br />
fondations dans la ville de Smara.<br />
Les pélites étudiées conti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t une phase argileuse dite <strong>gonflant</strong>e (Montmorillonite,<br />
Illite et Chlorite) mais à une proportion faible à moy<strong>en</strong>ne qui ne permet pas à elle<br />
seule d’expliquer le caractère nettem<strong>en</strong>t expansif du <strong>sol</strong> responsable des désordres<br />
constatés dans le bâti à Smara. Ce caractère trouverait <strong>en</strong> grande partie son origine<br />
dans la transformation chimique, sous un climat aride favorable, de l’anhydrite <strong>en</strong><br />
gypse et vice versa. Cette transformation se traduit par une nette variation de volume<br />
(Fabre et Dayre, 1982; Wittke M. et Wittke W., 2005). La prés<strong>en</strong>ce de ces deux<br />
minéraux a été confirmée par l’étude microscopique, par les analyses aux DRX et<br />
par l’imagerie sous MEB.<br />
Les pressions de gonflem<strong>en</strong>ts mesurées sont nettem<strong>en</strong>t supérieures à celles<br />
transmises au <strong>sol</strong> par les fondations des constructions qui exist<strong>en</strong>t dans la ville de<br />
Smara : il s’agit pour la plupart des cas d’habitations simples à rez-de-chaussée ou<br />
rarem<strong>en</strong>t plus de un étage. Il <strong>en</strong> découle que les modalités de fondations doiv<strong>en</strong>t être<br />
conditionnées par le risque de gonflem<strong>en</strong>t des pélites <strong>en</strong> cas d'imbibition.<br />
Raisonnablem<strong>en</strong>t, les habitations devrai<strong>en</strong>t être dim<strong>en</strong>sionnées pour développer une<br />
pression de l’ordre de 2,5 bars afin d'éviter un soulèvem<strong>en</strong>t ou un tassem<strong>en</strong>t<br />
inadmissible <strong>en</strong> cas de v<strong>en</strong>ues d’eau sous les fondations.<br />
Remerciem<strong>en</strong>ts<br />
Les auteurs remerci<strong>en</strong>t les responsables de la DPE (Smara) et LPEE (Agadir et<br />
Casablanca) pour leur collaboration et autorisation à publier les résultats de ce<br />
travail. Nos remerciem<strong>en</strong>ts vont aussi aux deux relecteurs dont les remarques ont<br />
contribué à l’amélioration de la qualité de cet article. Cette étude a aussi reçu le<br />
souti<strong>en</strong> du comité mixte franco-marocain : AI n° MA/209/09<br />
- 689 -
Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur JNGG2012–Bordeaux 4-6 juillet 2012<br />
Référ<strong>en</strong>ces bibliographiques<br />
Komornik A., David D. (1969). Prediction of swelling pressure of clays. Journal of Soil Mechanics, 95,<br />
209-225.<br />
Lancelot L., Shahrour I., Khaddaj S. (2002). Etude au laboratoire du gonflem<strong>en</strong>t de l’argile des<br />
Flandres. In : Paramètre de calcul géotechnique, Magnan (Eds.). Presses de l’ENPC/LCPC, Paris,<br />
145-151.<br />
May A. (2008). Corals and chaetetids from the Devonian of the Semara area (Morocco) at the Museo<br />
Geominero (Madrid, Spain), and their biogeographic significance. Bulletin de l’Institut Sci<strong>en</strong>tifique,<br />
Rabat, 30, 1-12.<br />
MesrI G., Ullrich C.R., Choi Y.K. (1999). The rate of swelling of overcon<strong>sol</strong>idated clays subjected to<br />
unloading. Géotechnique, 28, 281-307.<br />
Fabre D., Dayre M. (1982). Geotechnical properties of gypsum and anhydrite (Trias of the northern<br />
Alpes in France). Bulletin of Engineering Geology and the Environm<strong>en</strong>, 25, 91-98.<br />
Wittke M., Wittke W. (2005). Design, construction and supervision of tunnels in swelling rock. In :<br />
Taylor and Francis (Eds.) Proceedings of the International World Tunnel Congress and the 31st ITA<br />
G<strong>en</strong>eral Assembly, Underground Space Use : Analysis of the Past and Lessons for the Future,<br />
1173-1178.<br />
Zornette N., Anquetin E., Krzywda L. (2008). Cartographie de l’aléa retrait-gonflem<strong>en</strong>t des <strong>sol</strong>s<br />
argileux, départem<strong>en</strong>t de la Haute-Marne. Rapport BRGM/RP-55957-FR, 9-112.<br />
- 690 -