57 - IDEM Mag
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DÉCROHNONS UN PEU EN ATTENDANT LA MORT...<br />
LA SACEM, ÇA SÈME<br />
Au moment d’écrire cette chronique,<br />
il est 16h30, il fait beau et<br />
je m’apprête à partir en WE pour<br />
l’inauguration du bar-restau<br />
d’une copine en Ardèche, ce qui,<br />
si on y réfléchit bien, fait trois<br />
bonnes raisons de bâcler le<br />
papier. Si on ajoute que c’est la<br />
dernière chose qu’il manque pour<br />
boucler la maquette et envoyer le<br />
canard à l’imprimerie, ben, ça<br />
fait quatre.<br />
Mais loin de moi l’idée de sombrer<br />
dans de tels travers car le<br />
sujet de cette chronique d’aujourd’hui<br />
mérite d’être traité de<br />
façon précise car il concerne une<br />
institution qui a déjà fait l’objet<br />
de vives critiques par le passé : la<br />
SACEM.<br />
En effet, la société civile créée à<br />
la base pour défendre les intérêts<br />
des auteurs, compositeurs et éditeurs<br />
de musique est aujourd’hui<br />
elle aussi en pleine mutation<br />
numérique (je dis “aussi”, par<br />
rapport à l’industrie de la musique<br />
qui, je ne sais pas si vous en<br />
avez entendu parler, a subi de<br />
plein fouet l’arrivée d’internet).<br />
Alors, on se dit “avec l’informatique,<br />
ça va être plus simple pour<br />
la SACEM de répartir les droits<br />
qu’elle perçoit deci-delà en son<br />
titre de grand percepteur musical”<br />
- c’est pas si simple.<br />
En effet, à la lecture de mon dernier<br />
relevé de sociétaire (car oui<br />
je suis sociétaire de cette presque<br />
honorable institution) j’ai<br />
remarqué certains oublis pourtant<br />
remarquables : diffusions<br />
sur Le Mouv’ et une cinquantaine<br />
de radios locales un peu partout<br />
en France, un peu plus de 500<br />
téléchargements payants en<br />
Allemagne, Suisse et Autriche<br />
(oui, je suis une star dans les<br />
pays de langue germanique, il y a<br />
même un sandwich à la weißwurst<br />
qui porte mon nom et qui<br />
cartonne à Dortmund)...<br />
Donc, comme je ne suis pas du<br />
genre à me laisser glisser la quenelle<br />
sans réagir, je décroche, ou<br />
plutôt, pour être plus exact, je<br />
me saisis de mon téléphone portable<br />
et j’appelle les services<br />
compétents afin de savoir ce qu’il<br />
est advenu de mon pognon. Là,<br />
première surprise : les passages<br />
sur les radios locales ne sont plus<br />
générateurs de droits ; ou plutôt,<br />
les droits générés par les passages<br />
en radio locale ne sont plus<br />
distribués aux artistes diffusés,<br />
mais versés dans une “caisse<br />
commune” qui est ensuite partagée<br />
entres les artistes qui font<br />
des concerts (et qui le déclarent<br />
à la SACEM bien entendu).<br />
- “Et pourquoi donc ? assénai-je<br />
tout de go à mon correspondant<br />
ébahi qu’on puisse lui demander<br />
des comptes.<br />
- C’est parce que c’était trop<br />
compliqué à répartir entre les<br />
ayants-droits me répondit-il avec<br />
une candeur frisant la débilité<br />
légère.<br />
- Donc si je comprends bien (là<br />
c’est moi qui parle de nouveau),<br />
maintenant que tout est informatisé,<br />
c’est plus compliqué<br />
qu’avant de répartir les droits<br />
entre ceux à qui ils reviennent ?<br />
- C’est paradoxal, me répondit-il<br />
dans un éclair de clairvoyance<br />
qui à mon avis n’allait pas durer<br />
très longtemps, - mais c’est vrai,<br />
et en plus vous vous rendez<br />
compte, ça ne faisait que des<br />
petites sommes à répartir ?”<br />
Ce dont je me rends compte surtout<br />
c’est que l’argent qui est collecté<br />
ne va pas à ceux à qui il<br />
doit revenir et que, petite somme<br />
ou pas, il y a là une question de<br />
principe qui me chagrine légèrement<br />
et me casse les couilles<br />
considérablement.<br />
Surtout quand on sait qui déclare<br />
les fameux concerts à la SACEM<br />
: les mêmes qui récoltent déjà les<br />
sommes perçues par la SACEM<br />
sur les radios commerciales et les<br />
télés. Et bon, ça dépend des<br />
goûts, mais c’est pas ce qui se<br />
fait de mieux artistisquement<br />
parlant quand même.<br />
Sans parler du fait, mais j’en<br />
parle quand même, que des petites<br />
sommes additionnées à des<br />
petites sommes, à la fin ça en<br />
fait de grosses dans la poche de<br />
certains qui ont même le vice<br />
d’aller s’exiler pour ne pas payer<br />
d’impôts dessus.<br />
Pour le reste, à savoir les passages<br />
sur Le Mouv’ et les téléchargements<br />
teutons, il faut que je<br />
fasse une réclamation, ce que je<br />
suis en train de faire à l’instant<br />
même de ma main droite pendant<br />
que ma main gauche tape<br />
habilement cette chronique sur<br />
le clavier de mon ordinateur.<br />
J’en rajouterais bien encore une<br />
couche sur la fait que la SACEM<br />
ne fait pas son boulot sur d’autres<br />
points, mais je manque de<br />
place alors je vais conclure ici<br />
cette chronique, que je ne manquerai<br />
pas de joindre à ma lettre<br />
de réclamation et je vous tiendrai<br />
au courant du paiement ou pas<br />
de ce qui m’est dû. En attendant,<br />
si vous trouvez ce nouveau système<br />
de répartition des droits<br />
radios “locales” aussi injuste que<br />
moi, envoyez un mail à la<br />
SACEM, ça les occupera...<br />
P. Portuguès