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P ORTRAIT
Enzo, l’ado aux poings
Bio express
1997 Naissance
à Stains clinique de
l’Estrée. Il passe son
enfance à sillonner les
routes de France avec
ses parents et revient
par intermittence à
Stains
2009 Scolarisation à
l’école primaire Joliot-
Curie et première licence
à l’ESS boxe
2011 Enzo suit des
cours de 5 ème par correspondance
©Dragan Lekic
©Dragan Lekic
©Dragan Lekic
La boxe va
comme une paire
de gants à Enzo
Scheitz, même si
l’ado ne jure que
par la carrosserie
automobile. L’école
aussi. Dans ces trois
registres, il apprend
vite et bien.
Ni Tyson ni Asloum, Enzo est un
Scheitz, fils de Pascale et de
Fernand Scheitz. Mais sur un
ring, c’est déjà un taurillon. Depuis septembre
2009 où il a découvert la boxe à
l’ESS arts martiaux au gymnase Léo-Lagrange,
l’ado en plein essor prend son pied
les gants aux poings trois fois par semaine,
deux heures par entraînement. Et il progresse
le bougre entre les cordes du ring le
crâne emprisonné sous un casque protecteur.
« Je suis venu ici parce que j’habite à
côté et que mon père m’y a encouragé » ditil.
Même la maman avait donné son aval à
la plongée d’Enzo dans l’école du noble art.
« Je ne suis pas un bagarreur et j’aime l’esquive
et puis, on prend moins de coups si on
monte correctement sa garde ». Le gamin
apprend vite, parole de Djamal son professeur.
À l’entendre, Enzo aurait carrément la
boxe dans le sang. « À son âge et avec si peu
de pratique il a déjà une grande maîtrise des
gestes, tout en étant très attentif, sérieux et
extrêmement volontaire » dit-il, admiratif.
Bref, il est doué. L’intéressé ne se voit pas,
pour autant, faire carrière sur un ring. Enzo
veut devenir carrossier automobile, comme
son paternel qui possède son entreprise,
rue Robert-Vignes. Il y est souvent fourré.
« Je m’entends très bien avec mon père qui
m’apprend pleins de choses ». Il a envie de
suivre ses pas. Mais pas les mains vides. « Je
voudrais avoir un diplôme genre CAP avant
de démarrer avec lui » poursuit-il. Une
condition alors, bien travailler à l’école.
L’école Enzo n’émarge dans aucun établissement
de Stains. Et pour cause, il est
scolarisé à la maison. C’est Pascale, la maman
adorée, qui fait office d’enseignante,
via le CNED et son dispositif de cours
par correspondance. « Ce sont les mêmes
matières qu’au collège sauf que je suis en
classe quatre heures par jour » précise-til.
Ce qui ne l’empêche pas d’être un bon
élève. Et lorsqu’on lui demande s’il pense à
« Je ne suis pas un bagarreur
et puis on prend
moins de coups si on
monte correctement sa
garde ».
tous les copains qu’il pourrait se faire dans
une cour de récréation, Enzo rétorque qu’il
en a déjà plein dans le quartier. Comme en
boxe, Enzo apprend vite et bien. Il y a trois
ans, il rencontrait de grosses difficultés à lire
et écrire. Non par incapacité. Né avec son
petit frère et sa petite sœur dans une famille
de la communauté des Gens du voyage, il a
bourlingué toute son enfance sur les routes
de l’hexagone, revenant par intermittence
à Stains d'où son père est originaire. Mais
sur le plan scolaire, ce n’était pas l’idéal. Un
jour ici, un autre là-bas, mais rarement en
face d’un enseignant. Bien sûr, il y avait les
cours du CNED, mais Enzo n’était alors
pas prêt, question de maturité sans doute.
En 2009 et 2010, sa scolarisation à l’école
primaire Joliot-Curie et l’implication très
forte de son directeur, lui permet une remise
à niveau salutaire. À tel point qu’aujourd’hui,
Enzo a repris les cours par correspondance
sans l’ombre d’une difficulté.
Il poursuit une scolarité des plus classiques,
en 5 ème . Mais il continue de parler de ces
années de nomadisme en caravane avec
des étoiles dans les yeux. S’il ne devient
pas expert en géographie, c’est à n’y plus
rien comprendre. Même sédentarisés, les
Scheitz cultivent ce penchant pour l’itinérance
jusque dans leur mode de vie. « Nous
vivons dans un chalet et dans une grande
caravane. Le chalet, c’est pour se retrouver,
faire la cuisine et manger. Mais le soir, tout
le monde dort dans notre grande caravane »
détaille l’ado en souriant. S’il connaît bien
quelques mots en gitan, il n’a pas envie de
se distinguer des autres de son âge. Sur son
short de boxeur, cependant, est floqué un
hérisson blanc. À côté du petit mammifère
piquant on peut lire cette phrase « Encore
un coup des manouches » qui en dit long
sur l’humour des membres de sa communauté
de voyageurs.
Frédéric Lombard
INFOS L’activité boxe de la section art martiaux à l’ESS enseigne à une trentaine d’adolescents et d’adultes, plus particulièrement
dans le registre de l’initiation. Les entraînements ont lieu au gymnase Léo-Lagrange le lundi, mercredi et vendredi de 18h à
20h30. Contact : Djamal au 06 24 01 30 02.