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Frederic Koenig - Malgré-Nous

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De PETITE-ROSSELLE à WOLGOWO<br />

K O E N I G Frédéric est né le 16 janvier 1914 à VOLKSBERG (Bas-Rhin).<br />

Il a été en apprentissage de boucher-charcutier du 15 octobre 1929 au 15 octobre 1932. Le<br />

9 mars1933 il est reçu à l'examen de "Compagnon Boucher".<br />

Il se marie le 8 juin 1939 avec Marguerite, née Grall, à Langensoultzbach (67).<br />

Le 15 juin 1939, une semaine plus tard, ils ouvrent ensemble la boucherie au 52, rue de<br />

Rosselle (actuellement rue Alexandre Hoffmann), à Petite-Rosselle (57).<br />

Dix jours après sa réussite au brevet de maîtrise, le dimanche 29 août 1943 il est incorporé<br />

(malgré lui) dans la Wehrmacht et affecté à la 2./5. Marine Ersatzabteilung à LIST sur l'île de SYLT,<br />

"zum umschulen" (rééduquer !) comme il le dira dans une de ses lettres du 6 octobre 1943.<br />

Dès le lendemain, il écrit une première lettre expédiée de la gare de Metz dans laquelle il<br />

relate le début de son voyage : dans la nuit de dimanche à lundi ils ont dormi à Saint-Avold (57), à<br />

25 kilomètres de Forbach, 32 de Petite-Rosselle ! De là, ils sont repartis avec le train rapide de 7h28<br />

pour Metz d'où le voyage devrait continuer avec le train de 11 heures en direction de la Belgique()<br />

où ils recevraient leur paquetage, puis direction la Ostküste (la côte est). Il estima qu'il valait mieux<br />

avoir été incorporé aujourd'hui que dans 15 jours ou quatre semaines dans les Grenadiers. Sa FP<br />

(Feldpost Nummer) était alors 58.900 B.<br />

Le jeudi 2 septembre 1943, il était à Kiel et venait d'être affecté à la Marine Artillerie, sur le<br />

plancher des vaches. De toute évidence, le Stellungsbefehl (l'avis d'incorporation) ne devait<br />

mentionner que Marine, faisant craindre une affectation en mer. A priori, son"ischias" lui a sauvé la<br />

mise, du moins le pensait-il. Il écrivit qu'il n'irait sûrement pas si vite en R. (Russie), "je pense<br />

même jamais".<br />

Ce n'est que le lendemain qu'ils reçurent leur paquetage "tout neuf, tout chaud".<br />

Son adresse : Marineannahm. - 6. Kompanie - Stabsabteilung 2A. d. O. - Gr. Nr. 2581 Kiel.<br />

Le mardi 7 septembre 1943, il était déjà à List sur l'île de Sylt.<br />

Il parle d'un certain Wagner.


Et pour conclure cette lettre, un petit mouvement d'insubordination qui aurait put lui coûter<br />

cher sous la forme d'un poème en français :<br />

"Alsace ma Patrie<br />

Je t'aimerais toujours<br />

Tu m'as donner la vie<br />

et j'y ai vécu les plus beaux jours."<br />

Le mercredi 8 septembre 1943 ils ont eu droit à une séance de cinéma de 2 à 4 : un Bavaria<br />

Film dont le titre était "Hauptsache glücklich" (l'important c'est d'être heureux !).<br />

Il a cru devoir rassurer en disant que rien n'a été fait contre les Alsaciens-Mosellans et il se<br />

réjouissait de devoir accompagner le lendemain le "Zugführer" au village à la boucherie !<br />

Cette lettre comporte une nouvelle adresse :<br />

M.A Fr. <strong>Koenig</strong> (Marineartillerist Fritz <strong>Koenig</strong>)<br />

2/5 A.f. K.<br />

Barr. 16 A.<br />

List auf Sylt.<br />

Dans la lettre du jeudi 9 septembre 1943, il est à nouveau question de Wagner, mais cette<br />

fois-ci il précise de "Marienau", donc un forbachois.<br />

La lettre du mardi 14 septembre 1943 fait état de noms de camarades de chambre ou du<br />

groupe : il était question de faire venir leurs épouses et outre Mme Wagner, il y aurait Mme Teutsch<br />

de Schoeneck et Mme Aman de Stiring.<br />

Donc, jusqu'ici sont connus quatre Mosellans : Nicolas Fischer (grâce à un brouillon de CV )<br />

Wagner de Marienau, Teutsch de Schoeneck et Aman de Stiring-Wendel.<br />

Le mercredi 22septembre 1943, il est de nouveau de garde. Wagner et Teutsch, et un gars<br />

de Béning () ont fait une demande pour faire venir leurs épouses. Par ailleurs, il demande l'adresse<br />

d'un marin Kaiser Willi pour un dénommé Becker René, de Strasbourg, qui est avec lui.<br />

Il décrit leur uniforme : "<strong>Nous</strong> sommes en gris comme les autres autour de nous mais avec<br />

des "Auflagen" jaunes comme les troupes du Sud et une ancre de marine sur l'épaule. <strong>Nous</strong> devions<br />

avoir des tenues de sortie de marin, mais il n'y en avait plus pour nous". Ceci explique peut-être<br />

pourquoi dans la citation pour mémoire du Volksbund une des fiches fait état de "Matrose".<br />

Le samedi 2 octobre 1943 il fait mention de l'"administration" qui les régit :ainsi pour<br />

obtenir cette permission spéciale, il convient d'adresser la demande à partir de Petite-Rosselle au<br />

Wehrbezirkskommando, d'où tout partira immédiatement à Kiel à la 2. A. d. O ().<br />

Dans la lettre du lundi 4 octobre 1943 il est question d'une Mlle Engel qui serait au guichet<br />

de la poste à Cocheren (57), soeur d'un "collègue" qui est parti avec lui pour List.<br />

Par métaphore, il fait comprendre dans sa lettre du vendredi 15 octobre 1943 qu'il n'a pas<br />

été déclaré apte à servir en mer.<br />

Selon sa lettre du lundi 18 octobre 1943, leur formation devrait se terminer bientôt. Ceux<br />

qui les ont précédés de six semaines ont ensuite été affectés à Memel (en Lituanie) et Stettin<br />

(Pologne).<br />

A un camarade de Forbach qui rentrait en permission de convalescence il donna une lettre


datée du mardi 19 octobre 1943, écrite en ... français et contenant des "consignes" pour faire<br />

avancer les choses en vue d'une permission pour ouverture du magasin.<br />

Le vendredi 5 novembre 1943, Wagner qui était parti en permission et qui n'arriva chez lui<br />

que le lundi 1° octobre à 5 heures du matin, fut rappelé et était déjà de retour. Le lendemain, il<br />

devait rejoindre un autre commando.<br />

Dans sa lettre du lundi 15 novembre 1943, il annonce sa permission avec certitude pour le<br />

lundi 22 novembre 1943.<br />

Son retour à List date de la veille, le dimanche 5 décembre 1943 après 26 heures de train,<br />

"assis tous les deux sur sa « Holzkist »", faute de places assises dans le train jusqu'à l'approche de<br />

Hambourg. Le trajet aller avait duré 34 heures.<br />

Dans les lettres des mardi 14 et mercredi 15 décembre 1943 c'est le "black out", du côté<br />

militaire : plus d'allusion à quoi que ce soit, ni garde, ni permission, ni réaffectation dans un autre<br />

commando, rien.<br />

Il reviendra en permission pour la Saint-Sylvestre, le vendredi 31 décembre 1943. Par ce<br />

court intervalle, tout indiquait donc un envoi imminent sur le front.<br />

Il est de retour, au plus tard le jeudi 6 janvier 1944 à LIST qu'il quittera avec son unité le<br />

vendredi 7 janvier 1944. Ils passent la nuit à Hambourg.<br />

Le samedi 8 janvier 1944, dans le train Hambourg-Berlin, ils sont onze camarades "qui se<br />

connaissent bien". Selon son idée, après Berlin ils prendront la correspondance pour <strong>Koenig</strong>sberg<br />

ou Stettin.<br />

Il demande dans sa lettre du dimanche 9 janvier 1944 écrite dans un abri de la Wehrmacht,<br />

de donner de ses nouvelles "à tous les autres", à qui il n'écrira plus tellement car il est content quand<br />

il a écrit à sa femme, sa mère et son fils. Alors que jusqu'ici ses lettres ne portaient que la date,<br />

celle-ci, du fait d'être en convoi, comporte le jour "Sonntag abends 19h30". Il en sera ainsi pour les<br />

quatre dernières.<br />

Le jeudi 13 janvier 1944, ils sont toujours en cours de route et avaient roulé, en train, de 5<br />

heures du matin du mercredi 12 au jeudi 13 janvier l'après-midi. Mais ils n'étaient pas encore arrivés<br />

à destination, à savoir N. (pour NARVA). Il ne fait pas tellement froid : -6% en dessous de zéro !<br />

Le samedi 15 janvier 1944 il écrit effectivement de N.(NARVA) une lettre à son frère Jean<br />

dans laquelle, malgré quelques bravades, il se laisse aller à une certaine résignation, comme une<br />

quasi certitude de ne pas revenir de ce front.<br />

L'autre est évidemment pour sa femme et son fils. Il confirme qu'il est dans le ville de Narva<br />

depuis hier, donc le vendredi 14 janvier 1944, donc après un périple de 7 jours. Il dit y rester<br />

jusqu'à lundi dans la nuit, puis en route pour le commando d'affectation.<br />

Sa dernière lettre est datée du dimanche 16 janvier 1944, date de son trentième<br />

anniversaire. Il est resté seul dans la chambre avec "Ruppert Georges" de Lembach (67) qui écrit<br />

également à sa femme. Il annonce : « Demain nous partirons pour rejoindre notre « Kommando »<br />

et de là nous serons acheminés vers notre lieu de destination ... ». En effet, le lundi 17 janvier<br />

1944, ils quittent NARVA pour UST'LUGA.


Les témoignages de deux camarades, non cités jusqu'ici, René WILLRICH qui ne précise<br />

pas son lieu d'incorporation (Alsace ou Moselle) et Jean METZ de Fouchy (67) confirment l'arrivée<br />

à UST-LUGA.<br />

Selon René WILLRICH ils ne restèrent plus que trois jours ensemble 1 .<br />

Le vendredi 21 janvier 1944, tôt dans la matinée après une alerte dans la nuit, dix des onze<br />

compagnons venant de Sylt, avec d'autres militaires, sont transportés et débarqués à KRASNOJE<br />

SELO. Selon un de ses camarades revenu en 1946, le mercredi 26 janvier 1944 15 hommes, dont<br />

Frédéric KOENIG, ont été encerclés par les Russes : avec un sous-officier et d'autres soldats<br />

allemands, les deux lorrains, en l'occurrence Frédéric KOENIG et vraisemblablement un de ceux<br />

cités plus haut, à l'exception de Wagner qui avait reçut une affectation différente avant même la<br />

première permission de Frédéric. Etait-ce Nikolaus FISCHER (né le 27 avril 1919 à PETITE-<br />

ROSSELLE, mais incorporé à GROSTENQUIN (57) où il a fréquenté l'école communale de 1925 à<br />

1933) 2 ou Teutsch de Schoeneck, ou Aman de Stiring ou le "gars de Béning" (Engel ce ne pouvait<br />

être le cas, puisqu'il avait une épicerie à Béning encore dans les années 1960) se sont livrés aux<br />

Russes. 3 Le 24 février 1944, le Lieutenant d'Artillerie de Marine et Commandant de compagnie<br />

SCHAUER « se devait d'informer » l'épouse que le l'Artilleur de Marine Friederich KOENIG était<br />

porté disparu à WOLGOWO :<br />

a) son numéro matricule était : - 0.35474 MK -<br />

b) il appartenait, à la date du 25.1.1944, à la Marine-Artillerie-Abteilung. 531 -<br />

“Feldpostnummer”: 08614 C.<br />

Jusqu'au 15 juillet 2007, toutes les recherches ont été déclarées vaines. Or, par lettre du 16<br />

juillet 2007, le Volksbund Deutsche Kriegsgräberführsorge e.V. me faisait parvenir un document<br />

selon lequel le nom de Friedrich KOENIG, né le 16.1.1914, disparu le ..1.1914 figure dans le<br />

« Livre des Souvenirs » du cimetière de rassemblement de KORPOWO. Le lieu de disparition<br />

serait WOLCHOW Fluss U Front, zone plus large englobant WOLGOWO. Mais dans une autre<br />

lettre du 19 juillet 2007 le même service confirme qu'il ne détient pas, en l'état actuel des choses,<br />

d'indication sur un éventuel lieu de sépulture.<br />

Le parcours de Frédéric <strong>Koenig</strong> n'est donc pas terminé et toute information est la bienvenue.<br />

Il s'agit ici d'un extrait d'une monographie intitulée « Le parcours de Frédéric <strong>Koenig</strong> »<br />

rédigée par son fils Jean-Louis <strong>Koenig</strong> (juillet-août 2007).<br />

jlkoenig@tele2.fr<br />

jeanlouis.koenig@gmail.com<br />

1 Selon ses lettres du 8.2.1944 de REVAL et particulièrement du 11.6.1944.<br />

2 Cette supposition repose sur le brouillon de C.V que Frédéric avait commencé au verso du sien pour Nikolaus<br />

FISCHER.<br />

3 Ceci est extrait de la lettre de Jean Metz du 13 octobre 1946.


Les camarades qui ont pu être identifiés,<br />

sur « les onze bons copains » :<br />

– à travers les lettres de Frédéric :<br />

– Fischer Nicolas, né à Petite-Rosselle (57), mais vraisemblablement incorporé dans la<br />

commune de Grostenquin (57),<br />

– Wagner (pas de prénom cité) de Marineau, commune de Forbach (57), 4<br />

– Teutsch (pas de prénom cité) de Schoeneck (57),<br />

– Amann (pas de prénom cité) de Stiring-Wendel (57),<br />

– Engel (pas de prénom cité) de Béning (57), qui a de toute évidence fait partie des<br />

« dix hommes » partis pour Krasnoje Selo, mais qui n'était pas le « deuxième Lorrain » dont<br />

parle Jean Metz dans sa lettre, puisqu'il est revenu et tenait une épicerie à Béning dans les<br />

années 1960,<br />

– Becker René de Strasbourg (67),<br />

– Ruppert Georges de Lembach (67)<br />

- à travers les lettres de deux rescapés 5 :<br />

– René Willrich, dont il n'a pas été possible de déterminer le lieu de naissance ou<br />

d'incoporation et dont il est sûr qu'il n'a pas fait partie des « dix hommes » qui sont partis,<br />

avec d'autres, le lundi matin (cf. ses lettres),<br />

– Jean Metz, du Fouchy (67) qui, a priori, faisait partie des « autres » et non des « onze<br />

bons copains ».<br />

4 Ce dernier n'était pas parmi les « onze bons copains » qui sont arrivés à Ust'Luga puisqu'il a changé de commando<br />

dès novembre 1943 à son retour de permission.<br />

5 cf. ci-dessous

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