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> C U L T U R E<br />
Projection de «Safia, Histoire de femme» de Habiba Djahnine<br />
Un combat contre<br />
l’Omerta sociale<br />
et juridique<br />
C’est dans une violence muette qu’une femme nommée Safia continue de vivre<br />
pour garder la tête haute. A travers ce documentaire signé Habiba Djahnine, le<br />
réseau Wassila revient sur la question de la violence contre les femmes.<br />
AGENDA<br />
CULTUREL<br />
Cinémathèque<br />
d’<strong>Alger</strong><br />
Clôture aujourd’hui du cycle du<br />
cinéma latino-américain avec la<br />
projection de «La Novia errante»<br />
(La fiancée errante) du<br />
réalisateur argentin Ana Kantz à<br />
partir de 17h.<br />
Théâtre<br />
régional<br />
d’Oran<br />
Aujourd’hui à 16h : Concert du<br />
groupe Carthena en faveur des<br />
malades du Sida. Prix du ticket :<br />
200 DA.<br />
Radio nationale<br />
Mardi 29 novembre à 19h30 au<br />
Centre culturel Aïssa-Messaoudi<br />
: concert du guitariste espagnol<br />
Josep Henriquez. (Entrée sur<br />
invitation)<br />
De toutes les violences du<br />
monde, rien ne peut se comparer<br />
à la violence conjugale,<br />
avait dit Mandela un jour. Ce<br />
fléau qui détruit bien des individus<br />
voire des familles entières, s’adapte<br />
plus ou moins au contexte général de<br />
chaque société. Et dans le contexte algérien,<br />
la violence est une histoire racontée<br />
en bribes de mots, au forceps. Voilà<br />
ce que donne à voir le nouveau documentaire<br />
de la cinéaste Habiba<br />
Djahnine, qui a proposé ce travail dans<br />
le cadre de la Journée mondiale contre<br />
la violence faite aux femmes, lors d’une<br />
projection débat organisée à la filmathèque<br />
Mohamed- Zinet par le réseau<br />
Wassila (réseau de réflexion et d’action<br />
en faveur des femmes et des enfants victimes<br />
de violence).<br />
“Un phénomène qui prend des proportions<br />
alarmantes dans la société”,<br />
constate Fatma-Zohra Oussedik, présidente<br />
du réseau. Et de poursuivre :<br />
“C’est un drame car beaucoup de femmes<br />
qui ont subi ces violences conjugales<br />
vivent dans le silence et la souffrance,<br />
une situation qui cause dans la<br />
plupart des cas des maladies dangereuses<br />
tel le cancer”. Tel est le constat de<br />
ce réseau qui accompagne depuis quelques<br />
années, des femmes victimes de<br />
violence, en leur apportant de l’aide sur<br />
le plan psychologique et juridique<br />
grâce au centre d’écoute mis en place.<br />
C’est à partir de ce constat alarmant<br />
que la réalisatrice a suivi et rencontré<br />
plusieurs cas avant de découvrir Safia,<br />
une femme qui lui a inspiré tout une<br />
histoire à mettre en images et donner<br />
enfin à cette violence, réduite en chiffres<br />
et en caricatures de victimes, son<br />
vrai visage.<br />
Dans le film Safia Histoire de femme,<br />
la violence c’est d’abord des enfants en<br />
manque d’amour ; une femme dont on<br />
«Un phénomène qui prend<br />
des proportions alarmantes dans<br />
la société», constate Fatma-Zohra<br />
Oussedik, présidente du réseau.<br />
ne voit pas le visage et des confidences ;<br />
des mots qui échouent contre les murs<br />
d’une maison inachevée et se dissipent<br />
dans les bruits extérieurs assourdissants.<br />
Car à travers les fenêtres cassées,<br />
on n’entend que la voix d’un pays<br />
occupé par ses chantiers et une société<br />
qui peine, dans son désordre, à rétablir<br />
le calme. La société n’a pas le temps<br />
d’écouter Safia, cette jeune maman de<br />
quatre enfants qui ne retrouvera pas la<br />
tranquillité tant que justice ne lui sera<br />
pas rendue : “J’ai perdu mes biens, mes<br />
droits et surtout ma santé, mais je renais<br />
de mes cendres car je cherche cette justice<br />
qui ne m’a pas été rendue. Qui va<br />
compenser ces longues années de souffrance<br />
et de violence ?”, se demande-telle.<br />
Ces longues années dont elle nous<br />
parle avec une voix déterminée, elle<br />
nous les raconte en l’espace d’un film.<br />
Tout n’est pas révélé, certes, mais cette<br />
œuvre en dit long sur le combat honorable<br />
d’une femme qui a refusé le statut<br />
de victime. Livrée à elle-même pendant<br />
les années du terrorisme, après la perte<br />
d’un frère porté disparu, après le décès<br />
de ses parents, Safia qui cherchait la<br />
protection face à une société traditionnaliste<br />
qui ne croit pas en l’autonomie<br />
des femmes mais à leur soumission, est<br />
forcée à sacrifier ses études, ses biens et<br />
même le toit du foyer qu’elle espérait<br />
construire avec celui qui va devenir son<br />
bourreau. Mais devant l’échec de ce<br />
projet, elle décide de se séparer de lui en<br />
réclamant le divorce. Elle se rend<br />
compte que son calvaire commence à<br />
partir de ce moment-là, puisque avec<br />
une vingtaine de plaintes<br />
contre cet homme qui dans<br />
ses humiliations ira jusqu’à la<br />
déshonorer alors que religieusement<br />
séparés, n’obtiendra<br />
pas gain de cause, ni auprès<br />
du tribunal, ni au commissariat<br />
ni même auprès du P/APC désintéressé<br />
de son cas. La conscience de Safia<br />
de sa situation et son témoignage poignant,<br />
nous renseignent sur la gravité<br />
d’une démission générale. D’abord la<br />
société : “Aucun des voisins n’a voulu<br />
m’accompagner pour témoigner que cet<br />
homme m’a répudiée religieusement !”.<br />
Mais surtout celle de l’administration<br />
qui patauge dans un vide juridique,<br />
alors qu’elle est censée protéger les individus<br />
vulnérables, comme le souligne<br />
Habiba Djahnine. “J’ai refusé de quitter<br />
la maison que j’ai construite pour partir<br />
à Diar Errahma sur proposition des<br />
policiers”, témoigne encore Safia. Mais<br />
elle ne désespère pas et revient à la<br />
charge, elle obtient le divorce en 2011,<br />
continue d’élever ses enfants et lutte<br />
contre un cancer provoqué durant toutes<br />
ces années vécues dans la tourmente.<br />
Elle espère aussi obtenir justice un jour<br />
en déclenchant plusieurs plaintes contre<br />
l’homme qui l’a violentée au nom de<br />
l’honneur. “Dans la juridiction, une<br />
femme ne peut pas porter plainte contre<br />
un mari violent sauf après le divorce”,<br />
martèle la réalisatrice en relevant ce<br />
vide juridique lié à la protection des<br />
femmes.<br />
Un débat autour de la sensibilisation<br />
sur la violence conjugale s’impose.<br />
Cependant dans l’immensité du silence,<br />
des milliers de “Safia” sont chaque<br />
jour bafouées et malgré les luttes engagées<br />
dans ce sens dans leur dignité de<br />
femmes. Ce n’est plus une question de<br />
chiffres.<br />
Fatma Baroudi<br />
ALGERIE NEWS Dimanche 27 novembre 2011<br />
CCF<br />
d’<strong>Alger</strong><br />
- Lundi 28<br />
novembre à 19h :<br />
pièce de théâtre<br />
«The Island» par la<br />
Compagnie 2T3M<br />
avec Habib<br />
Dembelé et<br />
Hassane Kassi<br />
Kouyaté :<br />
comédiens Hassane<br />
Kassi Kouyaté :<br />
metteur en scène.<br />
La célèbre pièce du<br />
Sud-Africain Athol<br />
Fugard qui met en<br />
scène la puissance<br />
de l’imaginaire<br />
contre<br />
l’asservissement.<br />
- Mardi 29 novembre à 17h : conférence du<br />
journaliste et critique littéraire Mohammed<br />
Aïssaoui autour du thème : «L’affaire de<br />
l’esclave Furcy» ou l’histoire du procès le plus<br />
long jamais intenté par un esclave à son maître.<br />
- Mercredi 30 novembre à 15h : projection du<br />
film «Et Après» de Gilles Bourdos (France,<br />
Canada, 107 mn, 2009).<br />
Art 4 You<br />
Exposition du jeune artiste peintre Aghilès<br />
Issiakhem intitulée : «Expressions urbaines»<br />
jusqu’au 30 novembre.<br />
CLS<br />
Exposition du plasticien Hacen Drici intitulée :<br />
«Archi-peinture» jusqu’au 20 décembre au<br />
Centre des loisirs scientifiques de Didouche-<br />
Mourad.<br />
Centre d’études<br />
Diocésain<br />
Mercredi 30 novembre à 18h : conférence de<br />
l’archéologue et historienne Nacera Benseddik<br />
autour du thème : «Le culte aux dieux<br />
guérisseurs dans le Maghreb antique».