Pub dclg é a a Analyses & Décryptages e 13 ALGERIE NEWS Jeudi 16 août 2012
14 dclg é a a e Kiosque international Analyses & Décryptages Depuis sa prison israélienne, Ammar exfiltre son sperme et... devient père Jizélle Hachiche, Al Akhbar / Liban Un Palestinien emprisonné à vie est devenu l'heureux père d'un petit garçon après avoir réussi à faire passer, à l'insu de ses gardes israéliens, un échantillon de son sperme à son épouse. « Loué soit Allah qui nous a accordé sa grâce. Mon mari et moi, nos deux filles et toute la famille, nous attendions cela depuis si longtemps », raconte Dalal Ziben, une Palestinienne de 32 ans. Son époux Ammar, 37 ans, un militant du Hamas condamné pour des attentats anti-israéliens, purge 32 peines de prison à perpétuité dans une prison israélienne. Comme les autres prisonniers, Ammar n'a pas le droit à des visites conjugales, et bien que Dalal n'ait pas vu son mari depuis 15 ans, elle est tombée enceinte après avoir été inséminée artificiellement avec le sperme que Ammar est parvenu à « exfiltrer » de la prison de Hadarim. Le bébé Mohannad est bien portant ; il est né par césarienne lundi dans un hôpital de Naplouse, en Cisjordanie. La jeune mère, qui avait déjà une fille Basha'er, était enceinte de cinq mois de la deuxième, Bissan, au moment de l'arrestation de son mari. « Je suis si heureuse. C'est le premier vrai moment de bonheur dans notre foyer depuis plus de quinze ans », sourit Basha'er, aujourd'hui adolescente de 16 ans. « Lorsque ma mère nous a dit qu'elle allait se faire inséminer et nous donner un petit frère, nous ne pouvions pas y croire. Notre rêve devenait réalité », se souvient-elle. À l'extérieur de la salle de travail, au milieu d'un groupe de femmes de la famille, la grand-mère, très fière, explique que le prénom du bébé est celui d'un ami du père « tombé comme martyr », tué par des soldats israéliens. Interrogée sur la réaction de la famille concernant la manière peu orthodoxe dont sa fille est tombée enceinte, elle s'emporte : « Nous sommes des gens honorables, connus pour leur bonne réputation, et tout le monde est à nos côtés ! » assure-t-elle. Les détails sur la façon dont le sperme de Ammar a transité sont gardés soigneusement secrets. Mais quelques petits soupçons pointent, naturellement, déjà... Interrogée, une porte-parole du service pénitentiaire israélien dit ne pas être au courant de cette histoire, confirmant seulement que les prisonniers de haute sécurité ne sont pas autorisés à recevoir des visites conjugales. « Les visites d'épouses de détenus sont étroitement surveillées par les gardiens et il n'y a aucun moyen pour un prisonnier de rester seul un moment avec sa femme », souligne de son côté un responsable du Club des prisonniers palestiniens. Le docteur Saalem Abou al-Kheizaran, qui a procédé à l'insémination, affirme avoir « reçu un échantillon de sperme du mari via un procédé fiable et médicalement sûr », sans vouloir donner d'autres détails. Deux tentatives d'insémination avec le même échantillon ont échoué avant que nous réussissions à la troisième reprise, témoigne ce médecin en estimant que « chacun a le droit d'être parent ». Samer Samaro, un responsable du ministère palestinien des Prisonniers, espère que les Israéliens finiront pas accorder le droit de procréation aux détenus palestiniens. Il rappelle d'ailleurs que Yigal Amir, l'extrémiste juif de droite, qui assassina le Premier ministre Yitzhak Rabin en 1995, avait tenté de passer son sperme hors de la prison en 2006. Après avoir échoué, Yigal Amir avait ensuite reçu l'autorisation que son épouse soit inséminée avec son sperme. Celle-ci avait donné naissance à un fils l'année suivante. « Même l'assassin de Rabin a le droit d'avoir un enfant, pour quelle raison les Palestiniens seraient privés de ce droit ? » s'interroge Samer Samaro. Dans une prison de l'Armée syrienne libre Julie Schenider, Le Point / France Il range son bureau avec un intérêt extrême. Ses téléphones portables sont bien alignés, tout comme ses cahiers et ses stylos. Homme fort, un pistolet toujours à portée de main, Jambo, c'est son surnom, passe et repasse le chiffon sur le bois brun en soufflant délicatement sur le moindre grain de poussière. Rasé de près, les cheveux bruns coupés en brosse, il est le directeur de la "prison" de l'Armée syrienne libre à Marea, petite bourgade située au nord d'Alep. Dans cette école publique, à l'étage, trois salles de classe accueillent désormais près de 200 détenus. Une est réservée aux chabiha - les supplétifs de Bachar el-Assad qui font régner la terreur auprès de la population syrienne -, une aux policiers et moukhabarat (agents de renseignement, en français) et la dernière enferme les prisonniers de droit commun. Ils sont parfois une soixantaine, couchés sur des matelas, dans ces geôles d'une trentaine de mètres carrés, au tableau noir. "Quand j'étais emprisonné sous Bachar, on était le même nombre dans des pièces deux fois plus petites. On était obligés de rester accroupi ou debout. Là, ils peuvent s'allonger. C'est une prison trois étoiles", sourit Jambo, en mimant les positions qu'il pouvait adopter durant ses mois d'emprisonnement. Un rebelle chuchote à l'oreille du directeur de la prison. Un chabiha vient d'être arrêté. "Nous le suivions depuis des mois", raconte Jambo. Avant de les intercepter, les révolutionnaires "enquêtent". Puis une liste de noms est distribuée aux combattants sur le terrain, comme à Abou Bachir, un des rebelles de Bab el-Hadidh, dans le centre d'Alep, qui a entre ses mains une liste de 42 noms. Au détour d'un checkpoint, les révolutionnaires interceptent ces supposés miliciens de Bachar el-Assad. "Un gros chabiha" Le détenu, vêtu d'un jean sale et d'un tee-shirt couleur rouille, est soutenu par deux révolutionnaires. Ses chaussures ont été retirées. Son visage est tuméfié. Sa lèvre supérieure saigne. Son regard est vitreux. Il commence à perdre l'équilibre. Tout le monde s'énerve. Puis il tombe. Il est alors traîné sur sol, tiré par les bras, et emmené à l'extérieur de la pièce par ses deux gardiens. "Et voilà, quand il est arrivé, il était bien, et là, il voit qu'il y a du monde, alors il fait semblant d'aller mal", fustige Jambo qui précise, avec une certaine fierté, que "tous les chabiha attrapés à Alep sont envoyés ici ! Il y a des petits chabiha et des gros chabiha. Lui, c'est un très gros. Il a tué trois personnes. Il y a des vidéos, prises avec son téléphone portable, où on le voit en train d'exécuter des gens." Jambo demande à ce que l'on amène un premier prisonnier. "Un drogué. Il avait des médicaments qu'on ne trouve pas dans les pharmacies", lâche-t-il, avant que l'homme ALGERIE NEWS Jeudi 16 août 2012 n'entre dans la pièce. Hassan, vêtu d'une djellaba, entre, visiblement craintif. À 40 ans, ce Syrien a été arrêté chez lui par des combattants de l'Armée syrienne libre fin juillet. Le regard posé en permanence sur le directeur de la prison qui a refusé de sortir, il explique avoir été "un informateur pour Bachar el-Assad" à Alep, dans le quartier de Hanano. Ses réponses sont courtes et longuement réfléchies, avec ses yeux écarquillés toujours en direction du chef de la prison. Selon ses dires, il touchait "entre 17 000 et 50 000 livres syriennes par information délivrée". "Je ne savais pas ce qu'il se passait dans la région. Les révolutionnaires ont raison. J'ai vu la sécurité de l'État tirer sur la population, ce n'est pas normal", récite-t-il, ses geôliers présents dans la pièce. Mais quand on lui demande s'il a une famille, il répond "non". Puis il regarde en direction de Jambo, occupé avec deux autres chabiha qu'il s'amuse à prendre en photo, hésite et souffle un petit "oui". "J'avais besoin d'argent" Selon Jambo, on en a terminé avec lui, il demande à ce qu'un second prisonnier arrive. Lui est visiblement plus à l'aise. Jambo demande s'il jeûne. "Non", répond l'homme, une barbe de quelques jours, de manière détendue. Des révolutionnaires lui offrent une cigarette qu'il se grille à la hâte. Ahmed, 35 ans, est arrivé il y a plus de quatre mois à Marea. Il assure avoir été en contact avec un haut commandant de l'armée syrienne qui lui a donné "des armes et des couteaux pour tuer les gens". "Seif el- Daoula est l'un des quartiers d'Alep où il y a eu le plus de meurtres", raconte-t-il simplement. "J'avais besoin d'argent. Le gouvernement me donnait des drogues. Tuer des gens était un bon moyen de se faire de l'argent", poursuit-il aisément. Pendant plus d'un an, il aurait était chabiha. "Ce que j'ai fait n'est pas bien. Je vais être puni par la cour. C'est normal", poursuit-il. Chaque semaine, un "comité de juges" est chargé d'écouter et de juger les prisonniers dans la salle de chimie de l'école dont les murs sont repeints aux couleurs de la révolution - vert, blanc et noir avec trois étoiles rouges. Jambo regrette l'affaire Zeino Berri, ce chabiha exécuté avec toute sa famille au siège de l'ASL à Alep. Il affirme qu'il aurait préféré "qu'il soit emmené ici et jugé". Ahmed a rencontré ses juges trois fois. Depuis, il attend le verdict. "Oui, au début j'ai été frappé [par les rebelles, ndlr], mais c'était pour que je parle. Maintenant, ce n'est plus le cas", assure celui qui bénéficierait d'un "traitement de faveur" en raison de son diabète. Alors que les autres prisonniers ne peuvent se rendre que quatre fois par jour aux toilettes, lui n'a qu'à frapper à la porte pour sortir. La douche ? "Une fois par semaine, comme tout le monde". "Ici, c'est bien, déclare-t-il sous l'oeil distrait de Jambo. On nous apprend à faire la prière. On nous remet dans le droit chemin."