Algerie News

2 > A L A U N E
LE LIEN
Yacine Chabi
Le sponsoring,
une toute
autre culture !
Le patron de Nedjma a tout
compris. Etre à la tête d'une
entreprise «grand public»,
dont l'image et la
communication sont aussi
importantes que les
bénéfices et les résultats
commerciaux, nécessite la
mobilisation des moyens
pour capitaliser un atout
inestimable, l'amour et la
sympathie des gens.
Vendre c'est bien, vendre et
être auprès de ceux qui sont
dans le besoin c'est encore
mieux. C'est cet esprit que
voulait dévoiler avant-hier
Joseph Ged. Une entreprise
qui réussit financièrement,
réussit mieux si elle partage
cette réussite avec ceux qui
portent des projets, et qui,
faute de financement,
doivent y renoncer. Que ce
soit dans le sport, la culture
ou le mécénat, Nedjma
montre l'exemple à suivre.
Beaucoup d'entreprises
algériennes, du secteur privé
ou public, devraient-elles
aussi s'investir dans le
sponsoring. Combien de
projets restent au stade
«larvaire» faute de
financements ? Combien de
réussites n'ont pu voir le jour
faute de moyens ? Etre une
entreprise citoyenne, c'est
aussi aider tous ces gens-là.
Un jeune réalisateur à monter
son film, une équipe de
football a acheté ses ballons
et ses tenues…
Les plus septiques craignent
que les sponsors ou
«bailleurs de fonds»,
contrôlent ces projets et en
deviennent par la force de
l'argent, les nouveaux
propriétaires. Exemple : si
une entreprise décide de
sponsoriser ou soutenir une
équipe de foot, elle exigera
des résultats et pourrait
même s'immiscer dans la
gestion de l'équipe. A quoi
servirait de mettre la main à
la poche pour une équipe qui
ne gagne pas et qui ne parait
pas ?
A ce sujet, il faut retenir une
phrase de Joseph Ged : «Nous
n'avons jamais fonctionné, en
matière de sponsoring, avec
une obligation de résultats.
Nous soutenons nos
partenaires dans la victoire,
mais surtout, dans la
défaite.» Combien d'équipes
se sont vues rétrograder ou
disparaître à cause d'un
sponsor qui n'aurait pas
supporté le manque de
résultats ? Combien de fois a-
t-on vu des maillots changer
de logo au cours d'une même
saison ? Demander aux clubs
de foot d'être plus
professionnels, c'est une
bonne chose, à condition que
ceux qui se prétendent
sponsors le soient aussi. De
l'aveu même de monsieur
Ged, l'apport de Wataniya
Telecom Algérie en matière
de sponsoring est «infime»
par rapport au soutien des
pouvoirs publics. Cependant,
il a le mérite d'inculquer une
culture dont nous avons
grandement besoin.
Joseph Ged aux débats d’Algerie News
Le sponsoring sportif a
redonné vie aux clubs
Le dernier jour des débats organisés par Algérie News durant ce mois de ramadhan dans ses soirées
a été consacré au sponsoring sportif, avec un invité de marque, ayant contribué au développement
dans ce domaine. Il s’agit de Joseph Ged, le patron de Wataniya Télécom Algérie, (WTA).
Le débat a suscité l'intérêt du public ainsi
que celui des entreprises et des sportifs
qui ont assisté à la rencontre. Le thème du
marketing sportif a été au cœur de plusieurs
débats organisés par les intéressés ces derniers
temps, surtout avec les acteurs qui activent
dans le domaine.
Modéré par le journaliste sportif Redouane
Bendali, le débat a touché à plusieurs points sensibles,
au marketing et au sponsoring sportif. Ce
dernier constitue un marché très lucratif qui se
chiffre à des centaines de milliards, où certains
sont chanceux d'avoir arraché des parts importantes
et où d'autres sont à la recherche d'un
soutien avec lequel ils peuvent espérer réaliser
leurs objectifs. Après que les entreprises publiques
aient délaissé le sponsoring sportif, plusieurs
clubs se sont retrouvés étranglés par des
problèmes financiers.
Il a fallu l'arrivée de certains sponsors privés
pour redonner vie à des disciplines et à des clubs
entiers.
L'opérateur téléphonique Watanya Telecom
Algérie (WTA), commercialisé sous le nom de
Nedjma est le premier acteur qui sponsorise le
sport en Algérie, mais aussi en Afrique, avec plus
de 400 milliards de centimes sur la période s'étalant
de 2009 à 2014. Un sponsoring destiné spécialement
au football, faisant ainsi de la
Fédération algérienne de football, la deuxième
Sofiane Maloufi, directeur général de «Media&Survey »
«Le sponsoring sportif doit être rentable
par des produits dérivés»
Dans cet entretien, Sofiane Maloufi
estime que le marketing sportif est
une action qui n’est pas
suffisamment structurée en Algérie.
Selon lui, les entreprises doivent
passer à un deuxième stade qui est
de créer des produits dérivés afin de
rentabiliser leur investissement.
Algérie News : Le sponsoring sportif est
devenu un phénomène très ancré en Algérie
ces dernières années. Toutes les marques ou
presque qu’elles soient algériennes ou multinationales
tentent de véhiculer leur image de
marque. Comment voyez-vous le marketing
sportif en Algérie ?
S. Maloufi : Tout d’abord, le sponsoring
sportif selon la définition qui lui a été donnée
est une action de communication. Pour les
fédération la plus importante en Afrique, après
celle de l'Afrique de Sud. Les principales questions
qui ont été posées par le public intéressé
présent avaient trait aux critères de choix, aux
objectifs et la vision d'avenir.
Le choix se fait sur plusieurs critères
L'une des principales questions sur laquelle le
public présent a insisté lors du débat de mardi
dernier fut les critères de choix adoptés par
Nedjma dans la sélection de ses partenaires à
sponsoriser. Le patron de Nedjma, Joseph Ged a
expliqué à ce propos que sa société fait du marketing
sur trois volets : le premier volet est lié au
domaine culturel, le second au sportif alors que
le dernier se focalise sur les actions de mécénat
que l'entreprise engage dans différents événements.
Revenant sur les critères de sélection, Ged
a indiqué qu'ils «sont liées aux valeurs de WTA»,
et que la stratégie de sélection des clubs prend en
considération «l'histoire du club, sa popularité,
sa gloire, ainsi que ses performances durant les
différentes compétitions auxquelles il a participé».
En réponse à une question sur le monopole
de Nedjma sur le marché du sponsoring sportif,
le PDG a indiqué que «notre objectif est d'être le
principal sponsor pour certains clubs et la fédération.
On s'est engagé à aider le football en
général». Et d'ajouter : «Même si Nedjma est le
entreprises qui sponsorisent, elle doivent s’approprier
les valeurs d’un sport. A titre d’exemple,
une équipe de football qui est le sport le plus
populaire a sa notoriété, ses fans, etc. Donc les
entreprises cherchent via le sponsoring à consolider
leur image de marque. Le marketing sportif
est devenu un vecteur indimensionnable en
Algérie.
En Algérie, un fait attire notre attention, celui
de retrouver plusieurs marques sur un seul
maillot, contrairement à ce qui se fait en
Europe ou dans les pays du Golfe où un club
sportif dispose d’un seul sponsor officiel.
Qu’en pensez-vous ?
Il s’agit d’un volet financier du marketing.
Ne nous sommes pas dans la même approche
avec Réal Madrid qui dispose d’un seul sponsor.
En Algérie, les clubs visent à avoir un maximum
de sponsors, donc un maximum de revenus
ALGERIE NEWS Jeudi 16 août 2012
principal sponsor du football en Algérie, il n'est
pas en position de monopole puisque plusieurs
acteurs sont sur le terrain et sponsorisent eux
aussi plusieurs clubs ainsi que des disciplines».
«Nous sommes un sponsor et pas
un acteur dans le football»
En répondant à la question d'un confrère sur
le choix de Nedjma de ne pas être impliquée
dans la gestion et la création de la valeur dans le
sport notamment par des écoles de formations,
Joseph Ged a expliqué que cela revient à des
choix stratégiques. «Pour l'instant, nous sommes
dans le domaine de la téléphonie mobile, et nous
n'avons pas encore opté pour l'acquisition ou
l'achat des SPA», explique-t-il. Cependant le P-
DG a affiché son intention de passer à l'acte :
«Dans le cas où le besoin est exprimé, nous sommes
prêts à nous lancer pour accompagner les
clubs les plus intéressants», lâchera-t-il.
L'invité des débats d'Algérie News a rappelé
que Nedjma sponsorise actuellement 11 clubs et
qu'elle elle a fait aussi le choix de sponsoriser
trois athlètes lors des derniers Jeux olympiques
de Londres. «Les portes de la négociation sont
ouvertes aux sportifs ou les clubs qui répondent
aux critères et qui peuvent honorer le pays et
leurs partenaires par les performances honorables»,
a-t-il conclu.
Khelifa Litamine
financiers. Mais ce qu’on ne voit pas en Algérie
est l’approche de rentabiliser cet investissement
par les entreprises à travers des produits marketings
dérivés. Il faut savoir que le sponsoring est
avant tout un investissement et même Nedjma
le plus grand sponsor du sport algérien, notamment
le foot n’a pas adopté cette approche.
Donc, vous pensez que le sponsoring sportif
en Algérie est resté au stade primaire ?
Effectivement, c’est un sponsoring qui n’est
pas structuré. Pour preuve, certaines entreprises
ne disposent même pas de direction marketing,
donc absence d’une réelle réflexion marketing.
Le sport a, quant à lui, mûrit en Algérie,
puisqu’une loi a été mise en vigueur l’année passée
pour le professionnalisme du foot.
Néanmoins, les entreprises n’ont pas suivi dans
cette même logique.
Propos recueillis par Hasna Zobiri
Amine B./D. News