Algerie News
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Analyses &<br />
Décryptages<br />
La rédaction d'Algérie <strong>News</strong> propose une<br />
nouvelle rubrique dédiée à l'analyse et au<br />
décryptage de l'actualité qui nous concerne<br />
et qui nous entoure.<br />
Nous lançons un appel à tous ceux et toutes<br />
celles qui veulent y contribuer à travers des<br />
articles ou des propositions. Vos contributions<br />
seront les bienvenues.<br />
Contact : ayachinews@yahoo.fr<br />
11<br />
L’œil du bijoutier<br />
Femme :<br />
Le complément<br />
d’objet islamiste<br />
Par : K. Derraz<br />
Albert Camus<br />
Les auteurs<br />
algériens<br />
s’inspirent<br />
Même mort, Albert Camus dérange sérieusement son monde ! Et tout<br />
le monde prend donc sa plume : qui pour l'expédier en enfer, qui pour<br />
tout juste imiter l'artiste-né dans son art préféré. Mais chacun d'eux, à<br />
sa façon à lui, fait encore et toujours parler d'Albert Camus, le seul prix<br />
Nobel algérien.<br />
> Lire en page 12<br />
Que faire de la femme ? C’est la question<br />
que se posent les islamistes, apparemment,<br />
en Tunisie, mais partout dans<br />
le monde de l’islamiste en conquête. Les<br />
raisons ? Mythologiques.<br />
La prise de pouvoir, après le printemps<br />
« arabe » en Tunisie est le début des « temps sacrés »<br />
pour les islamistes. D’où cette obsession des « refondations » et<br />
des redéfinitions majeures. On est au jour Un du monde de Dieu<br />
et donc il faut tout recommencer. Pas l’économie en berne, pas la<br />
sécurité en pièces ni les finances en mode mort, mais les questions<br />
qui divisent l’humanité depuis toujours et ceux qui ont la<br />
préférence des théologiens, mystiques, religieux et autres théopraticiens<br />
: qu’est-ce la femme ? Qu’est-ce que le temps ?<br />
Combien Noé a utilisé de clous pour son arche ? Le sexe des<br />
anges ? Du coup, les fils de Ghannouchi s’y sont mis : qu’est-ce<br />
qu’une femme ? Un péché, une faute, une cote ou un dos d’âne<br />
sur le chemin de la pureté absolu ou une jouissance ? Lee tout<br />
résumé par le débat tunisien d’aujourd’hui : la femme est-elle<br />
l’égale de l’homme ou son complément<br />
? Pour la première assertion on<br />
peut comprendre le terme « égalité<br />
». Sauf que pour le second, il faut s’y<br />
torde le cou : complément ? En vue<br />
de quoi ? De quelle unité platonicienne<br />
à reconstruire ou retrouver ?<br />
Pourquoi consacrer les énergies et le<br />
temps de tout un pays pour définir un<br />
mot ? Parce que comme dit plus haut,<br />
l’islamiste vit un temps de « mythe »,<br />
un moment sacré des commencements<br />
où il pense avoir le devoir de<br />
proclamer de nouvelles définitions et<br />
un nouveau calendrier. Un temps de<br />
la Médina mounawara, utopie politique<br />
de l’islamiste de base.<br />
La seconde raison est que l’islamiste<br />
n’a jamais su quoi faire de la<br />
La seconde<br />
raison est que<br />
l’islamiste n’a<br />
jamais su quoi<br />
faire de la femme<br />
: l’enterrer<br />
vivante mais<br />
dans sa maison,<br />
au lieu de sous la<br />
terre comme<br />
chez Qoraïch ?<br />
La réduire un<br />
objet par la<br />
polygamie ?<br />
femme : l’enterrer vivante mais dans sa maison, au lieu de sous<br />
la terre comme chez Qoraïch ? La réduire un objet par la polygamie<br />
? En nier l’existence par le voile ou le silence ? Lui enlever la<br />
moitié de son humanité en répétant qu’elle est la moitié de la<br />
moitié de l’homme mâle ? L’obsession de la femme chez<br />
l’homme islamiste est majeur et dure depuis des décennies : c’est<br />
l’espace exacte où se joue son humanité, son sens, sa sexualité et<br />
l’interdit qu’il endosse comme règle de base de sa vie. La femme<br />
est la tentation, la vie d’en face, l’épreuve posée à sa contre-nature<br />
devenue culture, le lieu où se joue la négation. L’islamiste veut la<br />
femme et la rejette. Lui court après mais la nie. La cache mais la<br />
veut et en rêve.<br />
En réalité, la femme résume le rapport de l’islamiste au temps<br />
présent et à la vie. Négationniste de sa présence au monde,<br />
l'Islamiste vit dans le temps Un, inaugural, et rêve donc de la<br />
femme qui n’existe pas. Celle d’avant l’arbre, la tentation, la chute<br />
du paradis et l’arrachage de sa cote. Un monde où la femme n’a<br />
pas encore été créée et, avec elle, la tentation, le temps et le murmure<br />
du désir. Il rêve aussi du temps « d’après ». Le temps du<br />
paradis final, là où la femme est une houri, multiplié jusqu’à ne<br />
plus être un vis-à-vis. Mais l’islamiste ne veut pas vivre au présent,<br />
dans le temps où la femme est là et lui fait face. Du coup, la<br />
bataille des définitions : que faire de la femme entre le temps<br />
d’Adam et le temps du paradis ? L’enterrer sous un mot ou la<br />
réduire au quart de sa vie et de ses droits. La<br />
« tuer » symboliquement. Le malaise de l’islamiste devant la<br />
femme est son malaise devant la vie : comment en faire un audelà,<br />
au plus vite. Cet au-delà que la femme nous a fait quitter et<br />
qu’un voile nous cache encore ? Comme la femme.<br />
ALGERIE NEWS Jeudi 16 août 2012