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Les ateliers citoyens |<br />
points de vue<br />
La Commune de Paris<br />
La bel<strong>le</strong> et tragique révolution<br />
Mardi 11 mai, à 20 heures, au péristy<strong>le</strong> de la sal<strong>le</strong> Curel, Alain Amicabi<strong>le</strong> nous présente son<br />
ouvrage, La Commune de Paris. Toujours vivante ! (Editions de l’Ingénu). L’occasion de mener un débat<br />
sur cette révolution si particulière, et sur son impact d’hier à aujourd’hui.<br />
Pour la première fois en 1871, une révolution ne<br />
ressemb<strong>le</strong> à aucune autre. Ce qui en fait l’originalité<br />
et lui donne son intérêt particulier, c’est<br />
qu’à sa tête se trouvent des gens tout à fait inconnus,<br />
de simp<strong>le</strong>s ouvriers. La Commune de Paris, bien que<br />
réprimée, a permis à l’ensemb<strong>le</strong> des classes populaires<br />
de conquérir une position d’une importance historique<br />
universel<strong>le</strong>. Durant ce court moment (72 jours), va être<br />
conduite une expérience humaine exceptionnel<strong>le</strong>ment<br />
riche de sens, d’une portée toujours actuel<strong>le</strong>. Quel est <strong>le</strong><br />
dessein communaliste ? Quel<strong>le</strong> idée origina<strong>le</strong> a marqué<br />
la rupture révolutionnaire du <strong>printemps</strong> 1871, et la différencie<br />
de toutes <strong>le</strong>s précédentes ?<br />
Dans <strong>le</strong> contexte actuel de crise globa<strong>le</strong> du capitalisme<br />
mondial, Alain Amicabi<strong>le</strong>, dans son livre, apporte sa<br />
contribution en soumettant à la réf<strong>le</strong>xion, des réponses<br />
à ces questions d’une grande actualité.<br />
Alain Amicabi<strong>le</strong><br />
Mardi 11 mai, à 20 heures, au péristy<strong>le</strong> de<br />
la sal<strong>le</strong> Curel.<br />
La commune de Paris. Toujours viviante !, un<br />
ouvrage qui permet de comprendre la genèse de la<br />
commune de Paris, sa vraie nature et d’où viennent<br />
<strong>le</strong>s idées qui ont forgé <strong>le</strong>s résistances et <strong>le</strong>s mouvements<br />
anti-capitalistes en France.<br />
Je me suis intéressé à la<br />
Commune parce qu’el<strong>le</strong><br />
ne m’intéressait pas.<br />
En tout cas parce que<br />
je croyais savoir l’essentiel de cette<br />
première révolution ouvrière<br />
de l’Histoire. Mais ce que j’en savais<br />
réel<strong>le</strong>ment comme tous ceux<br />
qui comme moi avaient dans <strong>le</strong>ur<br />
jeunesse fait <strong>le</strong> choix politique de la radicalité, re<strong>le</strong>vait<br />
beaucoup du mythe.<br />
J’avais sur mes étagères la «Grande Histoire de la Commune»<br />
j’écoutais ému, Jean Ferrat chanter ces «Forgerons<br />
devenus des moblos» ou encore son évocation<br />
dans «Ma France» de « cel<strong>le</strong> dont monsieur Thiers a<br />
dit qu’on la fusil<strong>le</strong>». Je crois m’être rendu quelques fois<br />
au «Mur des Fédérés» au cimetière du Père Lachaise ...<br />
Bref une sorte de mythe mémoriel qui gardait au coeur<br />
l’espérance révolutionnaire.<br />
Voici quelques années seu<strong>le</strong>ment dans <strong>le</strong> profond dénuement<br />
du mouvement de transformation, une incitation<br />
à revisiter <strong>le</strong>s enseignements réels de la Commune m’a<br />
été donnée par Howard Zinn l’historien américain,<br />
déclarant que l’hypothèque stalinienne enfin écartée,<br />
étudier la Commune permettait de se convaincre que,<br />
changements radicaux et démocratie allaient bien<br />
ensemb<strong>le</strong>, et que cette voie reprenait toute son actualité<br />
opérationnel<strong>le</strong>. J’ai donc lu beaucoup de livres et<br />
d’archives de cet évènement véritab<strong>le</strong>ment majeur et<br />
en près de 280 pages,je pense contribuer à la réf<strong>le</strong>xion<br />
contemporaine des enjeux qui peuvent se résumer ainsi<br />
: alors que <strong>le</strong> capitalisme pousse à la «privatisation<br />
universel<strong>le</strong> des choses et de l’humanité» la seu<strong>le</strong> réponse<br />
véritab<strong>le</strong> est de plus en plus «la mise en commun universel<strong>le</strong>».<br />
C’est à cela qu’aspirait la Commune et il n’est<br />
pas inuti<strong>le</strong> d’y revenir notamment en examinant tout<br />
ce qui a été défriché en 72 jours à peine.<br />
Alain Amicabi<strong>le</strong><br />
L’Hôtel de Vil<strong>le</strong> de Paris en 1870.<br />
Qu’est-ce que la commune de Paris ?<br />
Un mythe révolutionnaire<br />
Par <strong>le</strong>s décisions prises pour l’organisation du travail<br />
(suppression du travail de nuit pour <strong>le</strong>s ouvriers boulangers,<br />
suppression des amendes et retenues sur <strong>le</strong>s salaires,<br />
réouverture et gestion des ateliers par des coopératives<br />
ouvrières) et par diverses mesures socia<strong>le</strong>s, la Commune<br />
a tracé la voie à une société qui ne serait plus gérée au<br />
profit du capitalisme, dans l’intérêt de la bourgeoisie,<br />
mais qui déboucherait sur <strong>le</strong> socialisme. Un mythe révolutionnaire<br />
et un espoir : celui d’une société sans classes,<br />
où régnerait la justice socia<strong>le</strong>.<br />
Gouvernement insurrectionnel principa<strong>le</strong>ment ouvrier,<br />
la Commune de Paris a dominé la capita<strong>le</strong> de mars à mai<br />
1871. D’abord née d’un sentiment patriotique parisien<br />
issu de la guerre franco-al<strong>le</strong>mande de 1870, el<strong>le</strong> prend<br />
éga<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> visage d’un mouvement social. El<strong>le</strong> aspirait<br />
à une république basée sur l’égalité socia<strong>le</strong>. Toutefois,<br />
par manque de consensus, de temps, de moyens mais<br />
aussi parce qu’el<strong>le</strong> doit s’imposer face au gouvernement<br />
versaillais d’Adolphe Thiers, el<strong>le</strong> n’a pas la possibilité<br />
d’atteindre ses objectifs. En effet, la Commune est littéra<strong>le</strong>ment<br />
écrasée dans <strong>le</strong> sang, une fin terrib<strong>le</strong> qui l’érige<br />
en véritab<strong>le</strong> mythe du mouvement ouvrier. Qualifiée de<br />
guerre civi<strong>le</strong> ou de lutte des classes, comme l’affirmait<br />
Karl Marx, cette période a ouvert la voie à une nouvel<strong>le</strong><br />
organisation socia<strong>le</strong>, qui ne serait plus régie par <strong>le</strong> profit<br />
capitaliste.<br />
Le 18 mars 1871, alors que Paris était assiégé depuis<br />
plusieurs mois par <strong>le</strong>s armées de Bismarck, <strong>le</strong> gouvernement<br />
français a tenté de désarmer la Garde Nationa<strong>le</strong>.<br />
Le peup<strong>le</strong> s’est sou<strong>le</strong>vé contre cette trahison, et <strong>le</strong> gouvernement<br />
s’est enfuit à Versail<strong>le</strong>s. Les travail<strong>le</strong>urs parisiens<br />
se sont donc retrouvés maîtres de la capita<strong>le</strong>. Pendant<br />
dix semaines, <strong>le</strong>s « communards » ont tenté, dans<br />
des circonstances extrêmement diffici<strong>le</strong>s, de réorganiser<br />
la société sur des bases aujourd’hui encore, tota<strong>le</strong>ment<br />
progressistes. Pris de court par <strong>le</strong>s événements, avançant<br />
à tâtons, sans repères historiques, affamés et faisant face<br />
aux conséquences dramatiques de l’encerc<strong>le</strong>ment de la<br />
vil<strong>le</strong>, ils se sont efforcés de débarrasser la société de l’exploitation<br />
et de l’oppression.<br />
Tragiquement, la Commune de Paris n’a pas eu <strong>le</strong> temps<br />
nécessaire pour venir à bout de cette tâche historique.<br />
Lors de la « semaine sanglante » du 21 au 28 mai, l’armée<br />
française aux ordres d’Adolphe Thiers a sauvagement<br />
massacré près de 50 000 hommes, femmes et enfants.<br />
Aujourd’hui, l’histoire de la Commune – presque tota<strong>le</strong>ment<br />
occultée dans <strong>le</strong>s livres scolaires et universitaires<br />
– mérite d’être sérieusement étudiée par tous ceux qui<br />
aspirent à un monde meil<strong>le</strong>ur.<br />
Le saviez-vous ?<br />
Ce mouvement a prouvé qu’un pouvoir non hiérarchisé<br />
pouvait fonctionner, et mettre en place des idées<br />
comme :<br />
- la laïcité<br />
- l’égalité entre hommes et femmes<br />
- la mise en place de mutuel<strong>le</strong>s pour <strong>le</strong>s personnes<br />
défavorisées (veuves de guerre...)<br />
- la gestion en coopératives<br />
Plus de 38 000 arrestations, entre 20 000 et 35 000<br />
exécutions, plus de 3 800 déportés en Nouvel<strong>le</strong>-Calédonie<br />
dont Louise Michel qui ne rentra à Paris que <strong>le</strong> 9<br />
novembre 1880.