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#4FOCUS<br />

© France info<br />

RÉSEAUX SOCIAUX<br />

POSTÉ, TWEETÉ, LICENCIÉ<br />

« Cette grande maison qu’est l’entreprise serait-elle aussi une grande famille avec son pater /<br />

patronus / patron pouvant sanctionner un salarié pour des faits intervenus dans sa vie privée ?<br />

L’opposition vie privée / vie professionnelle est-elle vraiment tranchée ? Rien n’est moins sûr en<br />

raison du brouillage de plus en plus important entre ces deux temps et ces deux lieux auparavant<br />

bien différenciés » nous dit Jean-Emmanuel Ray 1 .<br />

Les propos tenus sur Facebook ou<br />

Twitter ne relèvent pas forcément<br />

de la vie privée, même lorsque cela<br />

est fait en dehors du temps de travail. C’est<br />

ce qu’a jugé le Conseil de prud’hommes de<br />

Boulogne Billancourt dans un arrêt très commenté<br />

du 19 novembre 2010 où il valide le licenciement,<br />

pour faute grave, de salariés à la<br />

suite de propos tenus sur Facebook, qui mettaient<br />

en cause leur supérieur hiérarchique.<br />

Les propos litigieux étaient accessibles aux<br />

« amis des amis », et ne relevaient donc pas<br />

de la sphère privée 2 . En l’espèce, un des salariés<br />

licenciés craignait de devoir rejoindre<br />

« le club des néfastes ». Une autre salariée<br />

répondait à cela « bienvenue au club ». Une<br />

ancienne salariée de l’entreprise ajoutait « il<br />

y a tout un rite, tout d’abord vous devez vous<br />

foutre de la gueule de votre supérieure hiérarchique,<br />

lui rendre la vie impossible » 3 . Sur<br />

Twitter, des salariés critiquant leur entreprise<br />

ont également été suspendus et licenciés. En<br />

effet, un employé de la société Quick a été<br />

suspendu après avoir dénoncé de mauvaises<br />

conditions de travail et des manquements<br />

à l’hygiène sur Twitter. Un second salarié<br />

d’une société de plateforme téléphonique a<br />

été licencié pour faute grave pour des propos<br />

postés sur Twitter, alors même que son profil<br />

ne compte que 30 followers 4 .<br />

Par ailleurs, des consultations quotidiennes<br />

et fréquentes, durant les heures de travail, du<br />

site Facebook, à titre personnel, constituent<br />

une cause réelle et sérieuse de licenciement,<br />

comme l’a décidé la Cour d’appel de Pau dans<br />

son arrêt du 13 juin 2013 5 .<br />

LE PRINCIPE<br />

UN FAIT DE VIE PRIVÉE NE PEUT ÊTRE SANCTIONNÉ<br />

D'UN POINT DE VUE DISCIPLINAIRE<br />

Trois critères permettent de définir un<br />

contrat de travail : la fourniture d’un travail,<br />

1 Jean-Emmanuel Ray, Droit du<br />

travail, droit vivant, Liaisons, 22e<br />

éditions, 2013-2014<br />

2 Aymeric François, L’utilisation<br />

des réseaux sociaux par les<br />

salariés, Village de la justice, 7<br />

mars 2014<br />

3 Grégory Singer, Facebook<br />

m'a licencié !, La lettre juridique<br />

n°418, 25 novembre 2010, p.7<br />

4 Grégory Singer, L'abus de<br />

Twitter est dangereux pour votre<br />

emploi, Hebdo édition sociale<br />

n°513, 23 janvier 2013, p.13<br />

5 Jean Martinez, obs. sous CA<br />

Pau ch. Soc., 13 juin 2013, Preuve<br />

d'une consommation abusive<br />

d'Internet, Gazette du Palais n°256,<br />

1er octobre 2013, p.397<br />

AEA PARIS - LE BAROMAÎTRE #4 | 23

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