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dossier EXOTISATION<br />
volontés adjacentes ! Il me reste aujourd’hui à en ramasser les débris et à partir<br />
avec ça, que je ne laisserai plus tripoter par quiconque. Avertissement sans frais<br />
pour d’autres !<br />
Ne vous laissez pas tripoter, ni physiquement, ni moralement – et encore<br />
moins politiquement. Car alors vous ne pourrez vous en prendre qu’à vousmême<br />
de tout ce qu’on vous aura fait subir !<br />
S’en prendre à soimême. Tiens. Voilà bien l’antithèse du cantique<br />
dévastateur hurlé par toutes les bouches dans l’enfer du politiquement correct. J’en<br />
parlais avec une amie, il y a quelques temps, qui, comme moi, est native de ce que<br />
j’appelle l’époque de la névrose, qui a du se finir au milieu des années 60, et dont<br />
je trouve les produits humains et comportementaux infiniment plus aimables que<br />
ceux de l’âge de la schizophrénie qui l’a suivi incontinent.<br />
J’ai parlé plus haut de cette rage de ne pas vouloir rester en soimême, et<br />
d’en sortir à tout prix. Soit. Mais on ne peut pas vivre dans le vide, ah ça c’est pas<br />
possible, nous ne sommes pas des esprits (hélas me disje souvent). Il nous faut ces<br />
défroques, ces identités, après lesquelles nous courons. Et si nous ne voulons pas<br />
de la nôtre, trop simple et gueuse, eh bien il nous faut nécessairement aller<br />
prendre celle d’autrui, nous y introduire, la dépecer à plusieurs au besoin s’il y a<br />
résistance. Et voilà la fatalité de l’expropriation que j’évoquais.<br />
Un de ses aspects est de passer son temps et énergie à réclamer. Á se<br />
réclamer les unes les autres tout ce qu’on s’est potentiellement arraché et même le<br />
reste, dans cette foire épouvantable où on ne peut vivre que sur autrui ! Ce qui<br />
indique corollairement le refus comme l’incapacité absolue de s’en prendre à soimême,<br />
comme de prendre sur soi ! Il nous faut toujours un bouquet de coupables<br />
et de débitrices sur notre table de nuit. On peut même en venir à inventer les maux<br />
pour pouvoir aller glaner dans le champ social ! Mais inventés ou pas, là n’est pas<br />
la question. Ça fait juste partie du travestissement généralisé des enjeux, là aussi.<br />
Et de l’existence sociale : n’existe que celle à qui on doit quelque chose.<br />
J’ai mis moimême trop d’années à me rendre compte que toute cette affaire<br />
ne tient pas plus debout que ces combinaisons folles pour amasser des thunes, qui<br />
ne fonctionnent que si le groupe thésaurisant s’accroît toujours. Ce qui d’ailleurs<br />
fait une fois de plus le lien avec l’idéologie libérale d’un monde potentiellement<br />
infini et ouvert à toutes les croissances ! J’ai moimême réclamé. Je ne voulais pas<br />
être en reste… L’imbécile !<br />
Je parlais donc avec cette personne de choses qu’une autre lui réclamait, de<br />
la reconnaissance ou je ne sais quoi. Ce qui d’ailleurs est ahurissant parce que c’est<br />
certainement une des personnes qui devrait le moins aux autres, même dans la