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« J'ai vu Z. au repas de quartier hier.<br />
Elle mangeait avec sa partenaire, c'est une butch j’te dis! Sa partenaire est arrivée avec<br />
de la bière et des légumes, du coup trop un vrai couple butch fem! Bon je ne leur ai<br />
pas adressé la parole, mais elles sont à fond dans cette dichotomie, j'te jure grave old<br />
school quand même les deux... »<br />
Ou encore « nan mais toi t'es une vraie fem » (au bout de 12s de discussion à<br />
une inconnue dont on ne sait rien) .<br />
Ces identités sont construites, réfléchies, politisées... et nommer des<br />
personnes sans se renseigner si ces dernières s'en revendiquent ou non, peut très<br />
certainement renvoyer l'image de l'omniprésence des relations butch/fem, mais<br />
d'après moi cela renvoie clairement à un processus de dénigrement de ces<br />
identités. Au fond, ces identités ne sont pas réellement politiques, on peut donc les<br />
utiliser pour parler de n'importe qui car il n'est question que d'apparence. Donc si<br />
je comprends bien il ne s'agit là pour vous que de superficialité, d'esthétique qui ne<br />
méritent pas d'être prises au sérieux ou respectées. Si telle est votre opinion merci<br />
d'utiliser, quand même, masculine ou féminine, voir lipstick et andro dans une<br />
certaine mesure, pour signifier un minimum de respect envers les personnes s'en<br />
réclamant, il y a quelques mots fait pour ça.<br />
Et estceque cela n'estil pas également révélateur du manque de mots que<br />
nous avons nous, lesbiennes pour parler de nous ?<br />
Pourquoi en existeil si peu ? Pourquoi autant de personnes ne veulentelles<br />
surtout pas « d'étiquettes »?<br />
Si on regarde les canons de beauté et d'attitudes lesbiens, ils m'ont l'air de<br />
surtout valoriser une meuf neutre ni trop masculine, et surtout pas trop féminine<br />
(mais comme vous avez je n'en doute pas une certaine culture féministe, le<br />
neutre=l'universel=le masculin), et que ce soit dans nos milieux tpg ou lgbt<br />
ressemblant à Shane (bien qu'il me semble que ces tempsci avoir le crane en partie<br />
rasé est très à la mode), et de se comporter en heartbreaker désinvolte. Shane ne<br />
s'identifie à ma connaissance ni comme butch, ni comme fem, et n'est pas perçue<br />
comme telle. Elle ne s'identifie pas à une identité de genre en particulier, elle n'en a<br />
pas besoin vu qu'elle correspond en grande partie aux normes en vigueur dans le<br />
microcosme lesbien, milieu qu'elle fréquente le plus dans sa vie. Quel intérêt à<br />
rechercher des mots pour « dire qui nous sommes » quand nous faisons parti de la<br />
majorité sociologique d'un milieu ? Les mots « lesbienne », « dyke », « gouine »<br />
semblent suffisants vu qu'ils renvoient l'image de cette majorité, ou du moins des<br />
canons du milieu dans lesquels certaines vont pouvoir se reconnaître. Quand des<br />
personnes se mettent à utiliser d'autres termes (ici butch et fem), il y a pour<br />
certainEs l’impression que nous sommes vraiment tout plein. Pour faire un<br />
parallèle un peu simpliste la plupart des hétéros ont l'impression de connaître<br />
vraiment beaucoup d'homos, même si, je pense que vous serez d'accord, 10%<br />
d'amiEs ou de connaissances ne participant pas au mensonge ne représentent pas «