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Culture & loisirs<br />
Cinéma<br />
Les bobines se débinent<br />
Révolution numérique dans les salles ! Après le Gaumont,<br />
les cinémas Saint-Leu et Orson-Welles s’équipent en projecteurs numériques.<br />
Il fallait une demi-heure à un projectionniste pour<br />
préparer un film. Il suffit maintenant de quelques clics.<br />
La 3D n’est que la surface visible de l’iceberg<br />
de la projection numérique. Un vrai<br />
chambardement. Comme le cinéma parlant<br />
en 1927 ou le Cinémascope en 1953.<br />
Même si la transition du 35 mm à la projection<br />
numérique est moins visible pour<br />
le spectateur, elle coûte cher : environ<br />
80 000 €. Tout cela pour un matériel qui<br />
risque de devenir obsolète ? « C’est le<br />
grand mystère ! », tempère Gilles Laprévotte,<br />
du cinéma Orson-Welles. Côté Ciné<br />
Saint-Leu, Sylviane Fessier, malgré son<br />
amour des « imperfections de la pellicule<br />
», a aussi franchi le pas. Les deux<br />
salles s’équipent ce mois-ci. Les bons<br />
vieux 35 mm ne partent pas à la poubelle<br />
pour autant : c’est la cohabitation. Les<br />
multiplexes, eux, sont passés très rapidement<br />
au numérique. Depuis cet été, le<br />
Gaumont l’est entièrement. Parallèlement,<br />
ils n’hésitent pas à diffuser en VO<br />
des films d’auteurs porteurs, de Malick<br />
aux frères Coen. Sans parler du “hors cinéma”,<br />
la diffusion d’opéras ou de sport.<br />
Les repèrent vacillent, comme la pellicule.<br />
Mais cette dernière n’est pas enterrée.<br />
Son atout ? Sa pérennité. Au point<br />
que les spécialistes préconisent un retour<br />
sur pellicule des films numérisés pour<br />
s’assurer de leur sauvegarde. Comme<br />
l’affirme Stéphane, l’un des projectionnistes<br />
d’Orson-Welles : « Une pellicule en<br />
polyester peut durer cinq cents ans ! »<br />
Jean-Christophe Fouquet<br />
POUR OU CONTRE LE NUMÉRIQUE ?<br />
Sylviane Fessier, du Ciné Saint-Leu<br />
Pour « Le fait que les distributeurs participent à la numérisation des salles en réinvestissant<br />
dans un fonds de mutualisation l’argent économisé par l’absence de tirage<br />
de copies. L’espoir d’un accès aux films facilité, notamment ceux à petits budgets<br />
qui ne peuvent pas s’offrir un tirage en 35 mm. »<br />
Contre « On ignore encore ce qui se passera. C’est une nouvelle expérience.<br />
Mais, à terme, il n’y aura plus que du numérique. »<br />
À l’arrivée Projection en numérique de Métropolis (Fritz Lang) le 6 novembre, à 16h,<br />
de Tous au Larzac (Christian Rouaud) le 8 novembre à 19h30 et de Le Havre (Aki<br />
Kaurismäki) le 9 novembre 11 à 19h30.<br />
Gilles Laprévotte, du Cinéma Orson-Welles<br />
Pour « Le numérique réduit les coûts de transport des copies. C’est aussi un avantage<br />
pour le patrimoine (un plan de numérisation des films a été signé le 15 mai 2011, ndlr)<br />
et les prochains films de patrimoine que nous diffuserons seront certainement sur<br />
ce support. La qualité est indéniable. Un autre atout : la facilité de navigation dans<br />
le film, très utile pour les scolaires. »<br />
Contre « Cela risque d’accentuer le rapport de force entre les salles. J’ai peur d’une uniformisation.<br />
Et de la disparition des plus petites qui ne parviendront pas à s’équiper.<br />
Même si la fin de la pellicule m’émeut, il ne faut pas se réfugier dans le passé. »<br />
À l’arrivée Projection de films tournés en numérique : Mystères de Lisbonne (Raoul<br />
Ruiz), Saraband (Ingmar Bergman) et The Tree of Life (Terrence Malick). Horaires p. 15.<br />
Un tirage pellicule coûtait environ 1 200 €.<br />
La copie numérique ne coûte que 150 €.<br />
COMMENT ÇA MARCHE ?<br />
Chaque salle reçoit une “clef” qui permet<br />
de lire le film stocké sur un serveur, et<br />
cela un certain nombre de fois, en fonction<br />
des accords passés avec le distributeur.<br />
Le projecteur nécessite une<br />
importante ventilation. <strong>Amiens</strong> Métropole<br />
a d’ailleurs aidé le Ciné Saint-Leu<br />
dans son passage au numérique en participant<br />
aux travaux d’aération.<br />
JDA Métropole • n° <strong>616</strong> • 19 octobre 2011 • 13