34 juillet/août2011 - w w w . f l e c h e m a g . c o m L’artdevivre…
VirageVert Le point sur les bouteilles d’eau L’été suscite le besoin de bien s’hydrater. Ainsi, notre société aime la bouteille… en plastique et contenant de l’eau. Or, une incertitude plane sur les risques associés à la consommation d’eau embouteillée. Écolo ou pas, la bouteille d’eau ? PAR NAZZARENO BULETTE P eu importe qu’elle provienne d'une source souterraine ou des réseaux publics – un quart de l’eau embouteillée produite au Québec est prélevée à partir d’aqueducs municipaux ! – toute eau embouteillée vendue au Canada est inspectée et traitée pour qu’elle soit conforme aux exigences d'innocuité de la Loi sur les aliments et drogues de l'Agence canadienne d'inspection des aliments. Il faut savoir que les maladies causées par l'eau embouteillée sont plutôt rares chez nous. Cela dit, certains fabricants proposent désormais des bouteilles de sport sans BPA, question de rassurer les consommateurs. Par ailleurs, certains plastiques contiennent des agents dits plastifiants pour les rendre plus souples et moins cassants, le diéthylhexyl adipate (DEHA) étant un type couramment employé. Certains prétendent que les bouteilles d’eau dégagent du DEHA, mais d’après la Société canadienne du cancer, il n’en est rien. Réutiliser sa bouteille ? Les bouteilles en PET sont conçues pour un usage unique. Non pas parce qu’il y a désintégration du plastique après plusieurs usages, menant à une libération de substances chimiques carcinogènes, mais plutôt pour des raisons à la fois économiques (vendre plus de bouteilles) et culturelles (culte du jetable). La réutilisation présente pourtant un risque pathogène potentiel. Le vrai coupable ici serait la contamination par les bactéries et les champignons une fois la bouteille ouverte. Cela peut se produire lorsque le goulot entre en contact avec la bouche ou les mains, ou avec de la saleté. Les pathogènes pourraient proliférer si la bouteille n'est pas réfrigérée ou si elle demeure humide. En guise de prévention, ne partagez pas votre bouteille, car cela peut introduire des bactéries dans l'eau. Réfrigérez-la après l'avoir ouverte. Nettoyez et séchez la bouteille entre chaque utilisation. Et finalement, si la bouteille est visiblement usée, le temps est venu de la jeter! Gros plan sur les plastiques La plupart des bouteilles utilisées pour la vente de l'eau embouteillée au Canada sont faites de polyéthylène téréphthalate (PET, plastique no 1), un plastique léger et incassable. La rumeur veut que si on laisse de telles bouteilles exposées à la chaleur, par exemple dans une voiture sous un soleil de plomb, elles pourraient dégager des dioxines, une substance carcinogène. Selon Santé Canada, aucune preuve scientifique actuelle ne corrobore cette allégation. On évitera toutefois de mettre ces plastiques au four micro-ondes. Une autre légende urbaine veut que la congélation de bouteilles d’eau ait le même effet. Or, la congélation, bien au contraire, agirait comme un inhibiteur d’une telle décharge de substances chimiques. Certaines bouteilles de sport (plus épaisses et destinées à plus d’une utilisation) sont faites de plastique polycarbonate (no 7), qui peut contenir une quantité infime de bisphénol A (BPA). Selon Santé Canada, le taux de BPA dans l'eau ainsi embouteillée ne présente pas de danger pour la santé. QUELQUES CHIFFRES n En 2004, environ 17 millions de barils de pétrole ont été utilisés pour fabriquer des bouteilles d’eau en plastique, suffisamment pour faire rouler 100 000 automobiles. n En 2006, 29 % des ménages canadiens consommaient de l’eau embouteillée. n En 2008, les Québécois ont consommé plus d’un milliard de bouteilles d’eau en plastique. Sources: maplanetebleue.net, Statistique Canada, Le Devoir … lesLaurentides ! w w w . f l e c h e m a g . c o m - juillet/août2011 35