DOSSIER CIRQUE

Dragon l’ordinaire mérite bien son nom, car il n’a aucune imagination.
Un magicien de passage lui suggère de partir à travers le monde en quête de l’Amour.
Et Dragon est entraîné dans une série d’aventures. Il vient de subir sa première déception amoureuse.
Le dragon, très malheureux, resta un moment assommé par cette première déception amoureuse. “Ainsi, pensa-t-il, il ne suffit pas que
moi, je tombe amoureux pour que celle que j’adore soit aussi automatiquement amoureuse de moi... Que tout cela est compliqué !”
Des larmes de Dragon, évidemment beaucoup plus grosses que celles des crocodiles, jaillirent de ses yeux sur la table et coulèrent sur les pavés de
la grand-place, entraînant avec elles toutes les illusions du dragon.
“Combien de jours, combien de déceptions, combien de refus devrai-je subir avant de rencontrer vraiment l’Amour ?... Quel malheur d’être un
simple dragon très ordinaire... À quoi bon vivre ?...”
Désespéré, le dragon n’eut pas la force de chasser le crabe noir du désespoir qui commençait à lui dévorer le cœur...
C’est exactement à ce moment que des cris joyeux le sortirent de sa torpeur. À l’entrée de la grand-place, une farandole d’enfants entourait en
gesticulant un vieux camion rouillé et cabossé, un antique tas de ferraille traîné par un bœuf poussif.
Le célèbre Papuzio Circus faisait son entrée triomphante dans la ville. Le dragon reprit instantanément sa belle couleur verte. Maintenant, il avait
une envie folle d’aller assister à la représentation du cirque, mais il craignait de succomber à la proposition de Papuzio de devenir artiste... Puisqu’il
devait à tout prix tomber amoureux, il devait rester libre pour courir le monde... Comment faire ?
Finalement, il décida d’assister quand même à ce merveilleux spectacle.
“Rien ne m’empêche d’y aller discrètement, de passer inaperçu, sans me faire reconnaître... Et, au moins, je saurai ce qu’est une représentation
donnée par un grand cirque...”
Il pensa à Rosinette. Quel plaisir galant il aurait eu à l’emmener avec lui voir les fantastiques numéros du Papuzio Circus ! Une bulle de tristesse
s’arrondit à ce souvenir dans le ventre du dragon, remonta et vint crever dans un grand soupir sonore. Avec elle disparut l’image de Rosinette.
Au loin, au milieu de la place, le cirque prenait forme. Dragon apercevait Papuzio qui gesticulait autour du camion. Mme Lolita et un nain, aussi haut
que large, déchargeaient des bâches, des poteaux et des cordages.
Au bout d’une heure, le petit chapiteau se dressa comme une carapace de tortue qu’on aurait lentement gonflée. Papuzio, vêtu d’un habit râpé de
général d’Empire, battait du tambour dans l’espoir de faire venir les curieux. Des enfants riaient, dansaient et montraient du doigt le nain.
Lorsque vint l’heure de la représentation, quelques personnes, après avoir donné des pièces au directeur, entrèrent sous la bâche. Sur une vieille
pancarte, deux lanternes éclairaient ces mots peints en rouge rehaussé de jaune : Papuzio, le circus des circus
Dragon, de loin, vit Papuzio qui tournait la manivelle d’un vieux phono, à pavillon. Une musique de cirque éraillée sortit du chapiteau, rampa sur la
grand-place et vint frapper aux portes des maisons du village pour inviter les habitants à la suivre jusqu’au cirque.
“C’est le moment d’y aller si je ne veux pas rater le début, pensa Dragon. Ce sera difficile de passer inaperçu...”
Il prépara quelques pièces, mais, lorsqu’il arriva devant le grand Papuzio, celui-ci le reconnut aussitôt et l’accueillit avec de grandes exclamations :
- Mon cher Dragon ! Quel plaisir de vous revoir ! C’est un hasard extraordinaire que nous nous soyons retrouvés ! Mais il n’est pas question que
vous payiez ! Vous êtes mon invité d’honneur !
Le dragon se confondit en remerciements et dit qu’il était là par hasard et de passage.
“Tout marche comme prévu, pensa Papuzio. J’étais sûr de le retrouver dans cette ville puisque la route ne va pas plus loin et qu’ensuite il faut faire
demi-tour ! Je me doutais bien qu’il ne pourrait pas résister à l’envie d’assister à une représentation du cirque... Je le tiens ! Maintenant, c’est à
Lolita de jouer !”
Le dragon s’installa sur un banc, au premier rang. Il aperçut Papuzio qui refermait la bâche de l’entrée et qui courait dans les coulisses parler à
Mme Lolita.
sur les gradins, une trentaine de personnes, surtout des enfants, attendaient en parlant fort et en montrant du doigt Lolita, Papuzio et le nain qui
se découpaient en ombres chinoises derrière un rideau, dans les coulisses, éclairés par la lueur vacillante d’une torche.
M. Papuzio semblait en grande discussion avec Mme Lolita.
- Lolita, disait le directeur, le dragon est ici. Tu sais ce qu’il te reste à faire : je veux qu’il tombe amoureux de toi !
- Tu es vraiment une fripouille ! répondit d’une vois rauque la danseuse.
- Débrouille-toi comme tu voudras, mais le dragon ne doit plus nous quitter ! C’est un ordre, sinon !...
Lolita baissa la tête. Elle savait qu’il fallait obéir, sinon ?...
Sinon, elle ne reverrait jamais plus Rhapsodie, sa petite fille.
Et le spectacle commença... Xavier ArmangeDragon l’ordinaire Ed Castor poche Flammarion
Inventer et écrire la suite de l’histoire... Décrire les différents numéros du circus...
Je veux apprendre à mes souris à marcher sur une corde raide, je commence par William. Il marche sur la ficelle sans hésiter. Après
quoi, je le laisse grignoter un bout de gâteau. Puis je le remets dans ma main droite. Cette fois-ci, j’allonge la ficelle de dix centimètres. Avec un
superbe équilibre, il marche pas à pas, et atteint le gâteau. Roald DahlSacrés sorcières
Inventer et décrire un numéro de dressage avec un animal insolite...
A.M. Rocquet CPAP Le cirque Page 36 sur 39