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Une autre vision de la santé des femmes
Le réseau québécois d’action pour la santé
des femmes se préoccupe de ce qui participe à la
santé et au bien-être des femmes ou au contraire ce
qui peut leur nuire : condition de vie,
environnement, idéologie sexiste et caetera. Il
s’adresse à toutes les femmes mais plus
particulièrement à celles qui interviennent dans les
groupes « femmes » et les organismes
communautaires. L’objectif est de développer des
actions et des outils (dossiers, brochures et
caetera), afin de maintenir au cœur du débat social
l’analyse féministe en santé des femmes.
« Né en 1985, du regroupement des centres
de santé des femmes au Québec, le réseau s’ouvre,
en 1997, à tous les groupes ayant un intérêt pour
les femmes, leurs droits, les problèmes rencontrés
sur leur lieu de travail et caetera », explique
Isabelle Pépin, l’une de ses membres, « notre
intention était de construire une force plus large,
plus importante, plus représentative et capable de
peser davantage auprès des politiques et des
décideurs ». Car les temps ont changé. Au Québec,
dans les années 1970, comme en France, les
femmes ont revendiqué le droit au libre choix en
matière de reproduction et de sexualité. Elles ont
dénoncé haut et fort les pratiques abusives et
sexistes en gynécologie, en obstétrique et en
psychiatrie. Au Québec, des centres de santé sont
nés. Les femmes y trouvaient des soins différents
(médecines douces et alternatives) et respectueux
de leur parole. Leur savoir empirique sur leur
corps, basé sur l’expérience, y était valorisé, et les
théories prétendues scientifiques, critiquées ou du
moins questionnées. Enfin, la médicalisation
outrancière de toutes les étapes de leur vie, était
dénoncée.
Remise en question des acquis :
Aujourd’hui, ces acquis sont remis en cause
et le contexte économique fragilise les populations.
Le Québec est profondément marqué par le néolibéralisme,
l’appauvrissement et surtout par la
remise en question des programmes de santé et
sociaux, ce qui ne manque pas d’affecter la santé
de tous et en particulier celles des femmes. « Dès
que l’on s’éloigne des grandes villes comme
Montréal », poursuit Isabelle, « l’accès aux soins
est beaucoup plus difficile. Partout, le manque de
moyens, l’épuisement des infirmières, le
problème des délais et surtout de plus en plus
d’argent à débourser menacent la qualité des
soins. Les stéréotypes sexistes, jeunesse et
minceur perdurent, et amènent le nombre de
femmes à se dévaloriser, voire à mettre leur santé
en danger. Enfin, la médicalisation
s’accompagne d’une déshumanisation des soins
en particulier dans le domaine de la naissance ».
L’année 2002 a été très importante pour le
réseau. Il était co-organisateur de la 9ème
rencontre internationale du mouvement « femmes
et santé » (Toronto, Août 2002), chargé des
relations avec les pays francophones. On trouvera
sur son site Internet de nombreuses informations
sur cet événement et sur ses activités.
EXEMPLE D'OUTILS D'ACTION :
Les grilles thématiques sont des outIls
d'Information élaborés par le Réseau. Elles
expriment de manière concrète une approche
féministe de la santé. Sur un quatre pages, elles.
« détricotent » le discours dominant souvent
sexiste et son impact sur la vision que les femmes
ont de leur corps et de leur santé. Les thèmes
abordés sont les menstruations, la ménopause,
l'obsession de la minceur et l'oppression de la
grosseur, la santé mentale, et caetera. Petit
exemple du discours dominant sur les
menstruations: Il véhicule l'idée que les variations
hormonales liées au cycle menstruel rendent les
femmes malades et insupportables. Il applique le
diagnostic des malaises prémenstruels et
menstruels à l'ensemble des femmes et présente
les premières menstruations comme le début
d'une période à risques pour les jeunes filles,
risques de grossesse, risques de malaise.
Le discours féministe resitue le cycle menstruel
dans la vie des femmes en sachant qu'il ne les
définit pas en tant que personne, ne les contrôle
pas et n'est pas un facteur déterminant de leur
personnalIté. Il informe sur le processus
physiologique selon le principe . se donner du
savoir c'est se donner du pouvoir ...
Martine Laganier
Bulletin Info Numéro 22, Décembre 2002 Page 12