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La santé de votre intestin (suite 1)
On l’aura compris, il;ne s’agit pas de faire
ici le procès de nouveautés lancées à grands
renforts de publicité mais de chercher à bénéficier
du réel intérêt des probiotiques, pour lesquels des
travaux sont en cours afin d’évaluer leurs effets
dans les maladies rectocoliques et les cancers
coliques. Une banalisation trop hâtive risquerait de
faire perdre tout crédit à des produits promis sans
doute à un bel avenir.
Un second cerveau, triple action :
Cantonner le rôle de l'intestin à la digestion
serait réduire considérablement l'importance de cet
organe. Parce qu'il est doté d'un système nerveux
constitué de 1.00 millIons de neurones (autant que
la moelle épinière) élaborant une vingtaine de
neuromédiateurs - dont la sérotonine régulatrice de
l'humeur et impliquée dans les troubles dépressifs -
les chercheurs parlent aujourd'hui de lui comme
d'un. second cerveau. du corps humain. Un intestin
intelligent, capable d'envoyer des signaux au
cerveau par l'intermédiaire du nerf vague (c'est son
nom), voilà de quoi redonner quelque lustre à cette
sphère trop longtemps déconsidérée.
Autre rôle de l'intestin, et non des
moindres, celui de servir de barrière entre
l'extérieur (1'intestin étant un système ouvert et
recevant des molécules étrangères comme les
nutriments) et l'intérieur. L'intégrité de cette
barrière est essentielle et une flore intestinale
équilibrée, en stimulant la sécrétion de mucus et en
produisant des substances capables de modifIer sa
perméabilité, améliore cet effet barrière.
Troisième fonction du tube digestif, une
fonction immunitaire. En termes de cellules (par
exemple de lymphocytes), le système immunitaire
de l'intestin est le plus important de l'organisme et
produit un certain nombre de cytokines favorisant
les réactions immunitaires. Des résultats
expérimentaux de plus en plus nombreux
confirment l'existence d'effets de l'administration
orale de probiotiques sur le système immunitaire
dans le sens d'une augmentation de la résistance
aux maladies immunitaires.
On l'aura compris la flore intestinale,
garante du bon fonctionnement de l'intestin, a une
place privilégiée dans le maintien de la santé. Et
les probiotiques en rééquilIbrant cette flore en
sont devenus des acteurs de tout premier plan.
ALTERNATIVE SANTÉ
L'impatient : Les qualités accordées aux
probiotiques sont-elles, à votre avis, bien
réelles ?
Philippe Marteau : Elles ont été
démontrées de manière formelle dans certaines
situations physiologiques (problèmes de
constipation et de transit intestinal) et
pathologiques (comme les diarrhées). Croire qu'il
n'y a dans cet engouement pour les probiotiques,
qu'une communication de marketing, c'est
totalement faux.
N'y a-t-il pas un risque de les considérer comme
des panacées ?
Il ne faut pas extrapoler l'action d'un
probiotique à tous les probiotiques et son effet à
toutes les pathologies digestives. Par exemple,
c'est une souche de bifidus, très précisément le
Bifidobacterium ON 170-013 de Bio de Danone
qui a montré, dans deux études randomisées, que
cette bactérie accélérait le transit intestinal, mais
d'autres bifidus n'auront pas le même effet. Un
autre exemple, le Lactobacillus rhamnosus GG,
étudié en double aveugle, a démontré qu'il
raccourcissait la diarrhée consécutive aux
traitements par antibiotiques des gastro-entérites,
mais pas les diarrhées post-opératoires ou celles
de la maladie de Crohn. De tels exemples sont
désormais nombreux. Les probiotiques sont un
sujet complexe dont nous commençons tout juste
à étudier l'intérêt. Il reste beaucoup à faire.
Selon vous, s'agit-il d'une recherche promise à
un bel avenir ?
Certains faits accréditent l'idée que les
probiotiques pourraient jouer un rôle dans la
prévention des cancers. Des études
épidémiologiques ont suggérés par exemple que
les personnes consommant des produits laitiers
fermentés (riches donc en bacilles) présentent
Bulletin Info Numéro 22, Décembre 2002 Page 14