17.11.2012 Views

edcas.41@wanadoo.fr Site médical et Paramédical

edcas.41@wanadoo.fr Site médical et Paramédical

edcas.41@wanadoo.fr Site médical et Paramédical

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

La tentative de suicide, un geste inexpliqué<br />

Le médecin se trouve face à une personne<br />

dont l'acte s'inscrit dans une histoire, souligne<br />

d'emblée Francis Eudier, psychiatre hospitalier à<br />

l'unité psychiatrique du CHU de Pontchaillou à<br />

Rennes. On doit donc avoir une approche vraiment<br />

individuelle du suicide. Des facteurs de risque<br />

existent, mais ils n'expliquent jamais tout du<br />

geste. .<br />

C<strong>et</strong>te vision du suicide est assurément<br />

"inconfortable", pour les proches <strong>et</strong> pour la société<br />

entière."Elle rompt avec la volonté précédente qui<br />

essayait de cadrer rationnellement le phénomène",<br />

précisait Agnès Batt, chercheuse à l'Inserm, lors du<br />

Congrès national des observatoires régionaux de la<br />

santé qui se tenait à Nantes en octobre dernier.<br />

Avant d'ajouter : "Il y a des chômeurs parmi les<br />

personnes qui passent à l'acte, mais tous les<br />

chômeurs ne se suicident pas. Il y a aussi des<br />

salariés qui se suicident. Depuis les années 70, on<br />

comprend que le problème est complexe. Il s'agit<br />

désormais de faire la synthèse entre les différentes<br />

approches : psychologique, sociologique,<br />

biologique. Économique... Il nous faut avoir une<br />

vue intégrante<br />

Mais c<strong>et</strong>te notion de "vue intégrante ., qui<br />

tente d'appréhender la complexité de l’acte<br />

suicidaire, ne facilite pas la compréhension du<br />

phénomène par le grand public. qui préfère les<br />

explications simples. Comme le dit Francis Eudier,<br />

« Annoncer que l'on va diminuer le nombre de<br />

suicides de 10% est un peu dangereux". Car Cela<br />

signifie alors que l'on sait ! Mais.<br />

malheureusement, on ne peut pas dire Cela. Pour<br />

expliquer le passage à l'acte, on peut ajouter des<br />

facteurs de risque les uns aux autres : divorce,<br />

chômage, alcool.. Mais, il y aura toujours un<br />

élément lambda en plus, que l'on ne connaît pas. <strong>et</strong><br />

qui rend le geste mystérieux. Éliminer l'alcool ne<br />

résoudra pas le problème entier du suicide !.<br />

Toute la difficulté est de passer de la<br />

connaissance des déclencheurs potentiels à<br />

l'élaboration d'une politique efficace de prévention.<br />

Si la collectivité peut agir sur des éléments<br />

sociaux, le logement par exemple, elle le peut<br />

sûrement moins sur tout ce qui touche au<br />

psychologique.<br />

En plus de c<strong>et</strong>te difficulté, des<br />

caractéristiques propres au suicide laissent<br />

perplexe quant aux actions de prévention qu’il est<br />

possible de m<strong>et</strong>tre en place. En eff<strong>et</strong>, « la<br />

personne qui passe à l’acte ne se sert pas des liens<br />

qu’elle a autour d’elle », explique Francis Eudier.<br />

Cela a été constaté. dans une étude menée sur le<br />

Grand Ouest : 60% des personnes qui se sont<br />

suicidées avaient consulté un médecin dans les<br />

trois mois précédents, .40% un mois avant <strong>et</strong> 15 à<br />

20% une semaine avant ; le suicide avait été<br />

évoqué seulement par 22% des consultants, Chez<br />

les personnes qui ont fait des tentatives, les trois<br />

quarts avaient consulté avant l'acte! Mais<br />

pourquoi ces personnes ne disent pas qu’elles<br />

vont suicider ? « Parce que, dans la majorité des<br />

cas, elles n’en ont aucune idée »répond Francis<br />

Eudier.<br />

Un sentiment de liberté :<br />

Autre facteur troublant qui pourrait<br />

expliquer pourquoi il est si difficile de déceler les<br />

intentions : le sentiment de libération que<br />

ressentent les personnes juste après leur<br />

tentative ; ce qui peut donner à penser quelles<br />

obéissent à une sorte de pulsion, « Le geste<br />

semble être pour elles libérateur, relate Annie<br />

Bellamy. infirmière psychiatrique. Bien souvent,<br />

elles nous disent qu’il fallait le faire. Et leur<br />

métamorphose, que l’on constate sur le peu de<br />

temps qu'elles restent aux urences, prouve ce<br />

sentiment de libération ». On peut comprendre<br />

alors combien c<strong>et</strong>te nécessité de passer à l'acte<br />

rend extrêmement difficile toute action de<br />

prévention de la part de 1'entourage, comme<br />

l’illustre le passage de c<strong>et</strong>te jeune fille dans<br />

l'unité psychiatrique après une overdose de<br />

médicaments, "Pendant que je lui prodiguais des<br />

soins, raconte Annie Bellamy, elle m’expliquait<br />

que tout allait bien : les études, la famille… Elle<br />

me parlait de tous ses proj<strong>et</strong>s <strong>et</strong> n’arrêtait pas de<br />

rire en disant qu’une simple dispute avec sa mère<br />

avait provoqué son geste". L'incohérence entre le<br />

Bull<strong>et</strong>in Info Numéro 22, Décembre 2002 Page 16

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!