Planet R n° 58 - NEOMA Business School

Portrait
L’eau à la bouche
Véronique Penchienati (89) est depuis peu DG de Danone Eaux France. À ce titre, elle préside aux destinées
d’Évian, Volvic, Badoit… Points forts d’une personnalité qui ne manque ni d’air ni d’eau.
dans un pays où les parfumeries
n’existent pas ! Mais à cœur
vaillant rien d’impossible. « J’ai
ouvert la première parfumerie à
Hong-Kong ! se souvient-elle.
J’ai trouvé la boutique, recruté
les vendeuses… J’ai assuré les
relations publiques, à tel point
que mes interlocuteurs
croyaient qu’Annick Goutal,
c’était moi ! » Et devinez… le
succès est au rendez-vous !
Le grand écart permanent
58
printemps 2009
10
Véronique Penchienati (89)
11 heures - Paris,
Boulevard Haussmann.
Véronique Penchienati (89)
entre dans le grand hall de
Danone. La DG de Danone
Eaux France a pris le temps
d’être à l’heure. Un challenge
pour qui est à la tête de
550 personnes, cinq marques
et 500 millions d’euros de chiffre
d’affaires…
Un petit passage dans les bureaux,
des bouteilles partout, la
bouteille de Badoit bleue de 2004
ou la toute récente création de
Jean-Paul Gautier pour Évian…
et Véronique se pose dans une
petite alcôve. Idéale pour les
confidences. Les mots coulent,
les mains bougent. Le francparler
est au rendez-vous, l’autodérision
également. Aussi, après
deux heures, les choses sont
claires comme… de l’eau de
roche. Véronique, c’est donc…
L’amour des marques
Annick Goutal, Head &
Shoulders, Danette ou Badoit…
le CV de notre diplômée est pavé
de marques prestigieuses.
Question d’environnement familial
peut-être ? Non sûrement
pas. « Quand je suis rentrée à
l’ESC Rouen, je ne savais pas
ce que c’était que le marketing,
raconte la DG de Danone Eaux
France. Mes parents étaient décorateurs
! » Mais à Rouen, entre
un cas sur les radiateurs ACOVA
et un autre sur les jeux SMOBY,
entre un stage chez Anne-Marie
Beretta et un autre chez Nina
Ricci, Véronique intègre vite les
basiques et le jargon : « Strat »,
« reco », « innov »… Et elle se
forge deux convictions. La première
est que le marketing est
un travail de généraliste autour
d’une marque. La seconde qu’il
est intimement lié à la stratégie
de l’entreprise, et que cet aspect-là
va l’intéresser beaucoup.
Peur, moi ? Jamais
« Je suis fondamentalement
result-oriented, confie celle qui
préside désormais aux destinées
d’Évian, Volvic et autres
Badoit. Je ne me pose pas des
tonnes de questions… Je vois
ce qu’il y a à faire et j’avance ! »
Simple, non ? De fait, les responsabilités
ne l’effraient jamais.
Des exemples ? En 1989,
diplôme tout frais en poche,
Véronique s’installe à Hong
Kong où celui qui deviendra son
mari effectue un VSNE. Pour la
diplômée, pas question de faire
du tourisme. Elle s’attaque à
son premier challenge marketing
: faire connaître Annick
Goutal, une marque uniquement
distribuée en boutiques,
Une des forces de Véronique,
c’est son sens de l’adaptation.
La diplômée adore la liberté,
mais sait se couler dans des
organisations très structurées.
Ainsi, après Hong-kong, la
jeune femme, décidément téméraire,
passe sans coup férir
d’une petite entreprise où règnent
l’autonomie et la réactivité
à un gros groupe réputé
pour ses process… Procter &
Gamble ! « En fait, s’exclame
en riant celle qui ne connaît pas
la langue de bois, je voulais rentrer
chez L’Oréal mais j’ai adoré
les entretiens chez Procter… ».
La toute nouvelle chef de produit
Hygiène-Beauté se plie aux
usages : elle fait un passage sur
le terrain, adopte les process,
se soumet au reporting… bref
elle se forme et se nourrit dans
ce qu’elle qualifie d’« école de
marketing ». Résultats aidants,
Véronique devient chef de groupe
et apprécie d’être chez le
challenger de L’Oréal. « Ne pas
être leader, ça responsabilise,
constate-t-elle. Il faut être malin,
trouver des stratégies de