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L’Écho du Pas-de-Calais n o 87 – septembre 2007 9<br />
Didier Deconinck,<br />
« berger moderne »<br />
Amettes<br />
Béthune<br />
•<br />
U<br />
N coup de sifflet et le boarder<br />
collie passe à l’action. Les<br />
herbes sont hautes, le chien<br />
n’éprouve pourtant aucune difficulté à<br />
rassembler le troupeau. Quelques<br />
brebis solognotes se précipitent audevant<br />
du berger. « Tiens, voilà Blanchette,<br />
Zora et Jumelle ! s’exclame Didier Deconinck.<br />
J’ai toujours eu des moutons, j’ai toujours<br />
dressé des chiens de troupeau. Ma passion est<br />
tout simplement devenue ma profession ».<br />
Parcours atypique en effet pour ce « berger<br />
moderne qui roule en 4x4 et certainement pas<br />
pour la frime ».<br />
Photo Chr. Defrance<br />
À quarante ans, Didier a quitté<br />
son boulot sur le site ferroviaire<br />
d’Ugine Isbergues, juste avant<br />
la fermeture de l’aciérie. En<br />
2004, il est parti quatre mois<br />
dans le Cantal, avec ses deux<br />
chiens, gardant neuf cents<br />
brebis pour le compte d’une<br />
association pastorale. Sûr de sa<br />
nouvelle orientation, il est<br />
retourné à l’école, afin de<br />
passer son brevet professionnel<br />
de responsable d’exploitation<br />
agricole, avec une idée bien<br />
précise derrière la tête. « Une<br />
idée toute simple, avoir un<br />
troupeau pour entretenir les<br />
parcs et les espaces naturels ».<br />
Idée n’emballant pas forcément<br />
au départ les organismes<br />
susceptibles d’apporter des<br />
subventions ! « J’avance un<br />
nouveau concept de pastoralisme,<br />
normalement c’est<br />
le berger qui paie le<br />
pâturage ; moi, je<br />
facture mes services. »<br />
Didier a finalement<br />
trouvé des oreilles attentives,<br />
du côté de la<br />
communauté de communes<br />
Artois-Lys. « La<br />
commune de Burbure m’a<br />
contacté, préférant voir paître<br />
mes moutons sur ses 40 hectares<br />
de terrain plutôt que de<br />
girobroyer trois à quatre fois<br />
par an ». Le 8 août 2006,<br />
Ovinature - entreprise individuelle<br />
agricole - voyait officiellement<br />
le jour.<br />
Didier Deconinck est l’heureux « patron » de l’entreprise Ovinature<br />
Liberté totale<br />
Depuis le berger a connu<br />
quelques misères, perdant des<br />
bêtes durant l’hiver (il a pourtant<br />
acheté les plus résistantes),<br />
et beaucoup de belles satisfactions<br />
notamment ce contrat<br />
décroché avec Décathlon. « Mes<br />
brebis s’occupent de l’herbe qui<br />
envahit leurs entrepôts dans la<br />
banlieue lilloise ». Notre berger<br />
moderne a sa bétaillère, ses<br />
clôtures électriques, un abreuvoir<br />
ambulant. Loin des cartes<br />
postales et de la mythologie<br />
ovine. « On ne peut plus vivre<br />
comme avant, rétorque Didier.<br />
Il faut s’adapter ». Ce qui n’a<br />
pas changé c’est la philosophie<br />
pastorale. La nature. Le<br />
silence. La réflexion. « Quand<br />
je suis sur le terril de Burbure –<br />
site naturel protégé -, je<br />
regarde mon troupeau, mon<br />
chien et je me dis c’est la liberté<br />
totale ». Aujourd’hui Didier<br />
Deconinck, établi à Amettes,<br />
possède deux cents brebis, une<br />
soixantaine d’agneaux (il vend<br />
aux particuliers, surtout pour<br />
la fête de l’Aïd) et une belle<br />
confiance en l’avenir. « Tôt ou<br />
tard, ils vont faire appel à<br />
moi », clame le berger moderne,<br />
persuadé que le développement<br />
durable, la prise en compte des<br />
questions environnementales<br />
pousseront des communes, des<br />
parcs, des conservatoires naturels<br />
à se tourner vers<br />
Blanchette, Zora, Jumelle.<br />
Christian Defrance<br />
Rens. Didier Deconinck,<br />
Ovinature : 03 21 27 47 56<br />
ou 06 20 57 22 72<br />
Flavie, petite princesse d’Annequin<br />
D<br />
EPUIS deux ans l’association Un avenir pour Flavie se<br />
bat pour qu’une petite fille d’Annequin qui a eu la<br />
malchance de naître avec une maladie orpheline<br />
extrêmement grave, l’hétéroplasie osseuse progressive,<br />
puisse rencontrer le seul médecin au monde capable de la<br />
soigner. Celui-ci travaille à Philadelphie, aux États-Unis.<br />
La petite Flavie, cinq ans<br />
aujourd’hui, souffre d’une<br />
maladie rarissime et impitoyable<br />
qui la défigure et la paralyse<br />
en calcifiant progressivement<br />
son corps. Jusqu’à présent,<br />
aucun traitement n’a pu<br />
enrayer le processus. Elle constitue<br />
le seul cas connu en<br />
France, et ils ne sont que<br />
quelques dizaines dans le<br />
monde. Incapable de marcher<br />
et de s’asseoir, elle se déplace<br />
grâce à un appa-<br />
Ph. A. Verkindere<br />
reil nommé<br />
Motilo. À cause<br />
de la paralysie de<br />
sa mâchoire, elle<br />
parle avec beaucoup<br />
de difficulté.<br />
Par<br />
contre ses capacités<br />
intellectuelles<br />
et<br />
visuelles sont<br />
tout à fait<br />
normales, et Flavie se rend<br />
chaque jour à l’école<br />
« presque » comme tous les<br />
enfants de son âge. Elle suit une<br />
scolarité adaptée à l’Institut<br />
d’éducation motrice de<br />
Béthune, où les nouvelles technologies<br />
comme l’ordinateur<br />
l’aident à effectuer les mêmes<br />
apprentissages que les autres<br />
enfants. C’est ainsi que sa<br />
maman déclare en souriant que<br />
les grandes passions de Flavie<br />
sont… le dessin, la lecture, la<br />
composition d’histoires, la<br />
chanson, regarder des dessins<br />
animés de Walt Disney et jouer<br />
aux Polly Pocket! Flavie manifeste<br />
une soif d’apprendre et<br />
une curiosité incroyables. Elle<br />
enchaîne les activités les unes<br />
après les autres, un peu de télévision,<br />
une séance de consultation<br />
de sa collection de cartes<br />
illustrées de Bambi, un câlin à<br />
maman, puis confection et<br />
dégustation de plats virtuels sur<br />
sa console de jeux électroniques!<br />
Mais ce qu’elle adore<br />
par-dessus tout, c’est parcourir<br />
le blog qui lui est dédié sur<br />
internet par la chanteuse<br />
Marie-Pierre, fervente admiratrice<br />
de la petite princesse<br />
d’Annequin. Ce n’est d’ailleurs<br />
pas le seul soutien dont bénéficie<br />
Flavie, loin de là! L’appel<br />
lancé par ses parents il y a deux<br />
ans a été entendu dans toute la<br />
région et même au-delà. Un<br />
passage sur une chaîne de télévision<br />
nationale a provoqué un<br />
afflux de soutien de tout le<br />
pays. La commune d’Annequin,<br />
le conseil général du Pas-de-<br />
Calais, diverses associations<br />
culturelles et sportives, le<br />
Lion’s club de Bruay-la-<br />
Buissière et de nombreux artistes<br />
ont décidé de tout faire pour<br />
récolter les fonds qui permettraient<br />
à Flavie de rencontrer le<br />
docteur Frederick S. Kaplan,<br />
chirurgien orthopédiste à l’université<br />
de Pennsylvanie à<br />
Philadelphie, seul scientifique<br />
au monde à pouvoir soigner<br />
cette maladie. Leur courage et<br />
leur ténacité ont fini par payer,<br />
et le voyage a pu avoir lieu en<br />
avril dernier. Depuis, Flavie<br />
bénéficie enfin d’un traitement,<br />
ce qui n’était pas le cas auparavant.<br />
Tout n’est pas résolu pour<br />
autant, et les amis de Flavie<br />
auront encore à se battre longtemps<br />
pour aider leur petite<br />
protégée. L’un d’eux, le<br />
pianiste Henryk Witkowski<br />
donnera un concert au profit de<br />
l’association le 25 octobre<br />
prochain à Arras.<br />
Arnaud Verkindere<br />
Rens. Un Avenir pour Flavie,<br />
14 rue des Pâquerettes,<br />
62149 Annequin<br />
03 21 27 57 72<br />
http://association-flavie.skyrock.com