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Lettre de cadrage - cgedd

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décentralisation apparaît là encore très tôt, tant dans les conceptions que dans les pratiques.Au début <strong>de</strong> la Monarchie <strong>de</strong> Juillet, les polytechniciens saint-simoniens considèrent qu’enmatière d’infrastructure, « l’Etat est le pire <strong>de</strong>s constructeurs » 46 . Derrière les affrontements<strong>de</strong>s grands corps d’Etat concernés 47 , se <strong>de</strong>ssine très clairement une politique publique qui faitle choix d’une gestion décentralisée 48 . La loi du 21 mai 1836 crée un système d’agencesdépartementales pour construire les chemins vicinaux. Ce service vicinal, placé sous l’autorité<strong>de</strong>s préfets pendant le premier XIXe siècle, est remanié par les lois décentralisatrices <strong>de</strong>sdébuts <strong>de</strong> la Troisième république. De 1871 à 1940, chaque département choisit son mo<strong>de</strong>d’organisation du service (concession aux services <strong>de</strong>s Ponts et Chaussées ou constitutiond’un service départemental). Cette expérience préfigure-t-elle la décentralisation <strong>de</strong>s années1980 49 ? Il s’agirait alors d’un précé<strong>de</strong>nt historique mais en aucun cas d’une origine, car lerégime <strong>de</strong> Vichy met un terme à cette première décentralisation <strong>de</strong>s routes, en organisant lafusion <strong>de</strong>s Services vicinaux et <strong>de</strong>s Services <strong>de</strong>s Ponts et Chaussées.L’apport historiographique <strong>de</strong> ces travaux sur le XIXe siècle est double. D’une part, ilsnous permettent d’interroger la décentralisation <strong>de</strong>s années 1980 sous l’angle possible d’unretour en arrière, comme si l’héritage structurel du XIXe siècle se rappelait aux législateurs.Pour André Guillerme par exemple, qui rédige son histoire <strong>de</strong>s routes au temps <strong>de</strong> ladécentralisation Defferre :« Combien <strong>de</strong> choses persistent aujourd’hui encore ? Les structures elles-mêmes :l’organigramme <strong>de</strong>s Directions départementales <strong>de</strong> l’Equipement copie, en l’étoffant, leservice <strong>de</strong>s Ponts et Chaussées mis en place par Napoléon Ier ; celui <strong>de</strong> la vicinalité, beaucoupmoins hiérarchisé, est oublié <strong>de</strong>puis fort longtemps. Pourtant en 1977, ce « cahier <strong>de</strong>doléances » qu’est le Dossier <strong>de</strong>s maires souligne que « l’organisation même <strong>de</strong>s services <strong>de</strong>l’Equipement, dont les attributions peuvent se chevaucher , est loin d’être parfaite » 50D’autre part, ces travaux d’historiens invitent à abandonner l’idée d’une homogénéité<strong>de</strong>s politiques d’Equipements. Si les enjeux sont très tôt nationaux 51 et si les paysages fontaussi très tôt l’objet <strong>de</strong> lois, visant à les homogénéiser (par exemple le décret du 15 octobre1810 sur la réglementation <strong>de</strong>s manufactures polluantes), les modalités d’application varientfortement d’un territoire à l’autre, non seulement en raison du poids différencié <strong>de</strong>s élitespolitiques locales et <strong>de</strong>s populations concernées 52 , mais aussi parce que l’administrationterritoriale est elle-même différente d’un territoire à l’autre. Le cas <strong>de</strong> la région parisienne est46CLAPEYRON, E., FLACHAT, E, FLACHAT, S, LAME, G, Vues politiques et pratiques sur les travauxpublics en France, Paris, Everat, 1832 cité par PICON, Antoine, « Industrie et régénération sociale. Lespolytechniciens saint-simoniens », cours <strong>de</strong> l’ENPC, http://www.enpc.fr/enseignements/Picon/XStS.html47Conseil général <strong>de</strong>s Ponts et Chaussées (1747), Corps <strong>de</strong>s Ingénieurs <strong>de</strong>s Travaux publics <strong>de</strong> l’Etat (1920),Ingénieurs du Service vicinal (1927)48On suit ici les travaux <strong>de</strong> GUILLERME, André, Corps à corps sur la route. Les routes, les chemins etl’organisation <strong>de</strong>s services au XIXe siècle, Paris, Presses <strong>de</strong> l’Ecole national <strong>de</strong>s Ponts et Chaussées, 198449THOENIG, Jean-Clau<strong>de</strong>, L’administration <strong>de</strong>s routes et le pouvoir départemental. Vie et mort <strong>de</strong> la vicinalité,Paris, Cujas, 198050GUILLERME, André, Corps à corps sur la route. Les routes, les chemins et l’organisation <strong>de</strong>s services auXIXe siècle, Paris, Presses <strong>de</strong> l’Ecole national <strong>de</strong>s Ponts et Chaussées, 1984, p. 16151PICON, Antoine, « Le corps <strong>de</strong>s Ponts et Chaussées. De la conquête <strong>de</strong> l’espace national à l’aménagement duterritoire », in GRELON, A et STUCK, H (dir), Ingenieure in Frankreich, 1747-1990, Francfort-New York,Campus, 1994, p. 77-9952 Voir par exemple sur la question <strong>de</strong> la gestion <strong>de</strong>s pollutions, MASSARD-GUILBAUD, Geneviève etBERNHARDT, Christoph (dir), Le Démon mo<strong>de</strong>rne. La pollution dans les sociétés urbaines et industriellesd'Europe / The Mo<strong>de</strong>rn Demon. Pollution in Urban and Industrial European Societies, Clermont-Ferrand,Presses universitaires Blaise-Pascal, 2002 et <strong>de</strong>ux articles <strong>de</strong> Geneviève Massard-Guilbaud, « « La régulation<strong>de</strong>s nuisances industrielles urbaines (1800-1940) », Vingtième Siècle, Revue d’histoire, n°64, oct.-déc. 1999, pp.53-66 et Les citadins auvergnats face aux nuisances industrielles, 1810-1914 », Recherches Contemporaines, n°4, novembre 1997, p. 4-488

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