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Les cahiers du conseil n°3 - Automobiles et Equipement ... - cgedd

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LES CAHIERSDU CONSEILAUTOMOBILES& EQUIPEMENT : ELARGIR LE DIALOGUEN U M E R O 3 - J U I N 2001Conseil général des ponts <strong>et</strong> chaussées


A U T O M O B I L E S E T E Q U I P E M E N T : E L A R G I R L E D I A L O G U E - J U I N 2001SommaireEDITORIAL / EXECUTIVE SUMMARYJEAN-FRANÇOIS COSTE1AUTOMOBILE ET SOCIETEQuels véhicules pour quelle société ?FRANÇOIS ASCHER4POLITIQUE PUBLIQUEPOUR L’AUTOMOBILEEvolutions ou révolutions ?JEAN ORSELLIDes problématiques nouvelles <strong>et</strong> renouvelées<strong>Les</strong> enjeux<strong>Les</strong> cadres institutionnelsLégitimité <strong>et</strong> cadre d’intervention <strong>du</strong> METL1415273032POINTS DE VUEL’automobile de demain : un obj<strong>et</strong> “mécatronique” ?FRANÇOIS DE CHARENTENAYTransport automobile <strong>et</strong> santé publiqueDR WILLIAM DAB<strong>Les</strong> motorisations : quels progrès demain ?MARC LALIEREQuelles énergies pour les transports routiers ?ANDRE DOUAUDTélématique routière : qui en sortira gagnant ?JEAN-MARC MONGUILLET4044475360


Editorial1L’automobile est aujourd’hui un fait de société. Pour laplupart d’entre nous, elle constitue un instrument quotidiende mobilité dans nos déplacements en milieu urbain ouinterurbain. Elle a influencé la forme des développementsdes villes, facilité l’accessibilité des territoires ruraux, forgé les formes decommerce telles que les hypermarchés. Malgré les risques <strong>et</strong> les nuisancesqu’elle engendre, l’automobile est admise par la société, car elle apporteà ses usagers de nombreux avantages.Au seuil <strong>du</strong> XXI e siècle, l’automobile connaît deux évolutions marquantes.D’une part, sur le plan économique <strong>et</strong> in<strong>du</strong>striel, la pro<strong>du</strong>ction desvéhicules se situe à l’échelle mondiale, ce qui entraîne une nouvellerépartition des activités entre “constructeurs-ensembliers”, équipementiers<strong>et</strong> instituts de recherche. D’autre part, sa technologie progresse rapidement<strong>et</strong> recèle une énorme potentialité de changement, grâce au recours àd’autres technologies comme l’électronique, l’informatique <strong>et</strong> lestélécommunications, mais aussi grâce au progrès de ses propres techniquesconcernant par exemple le groupe motopropulseur.Vu l’importance des enjeux pour la collectivité, il incombe aux pouvoirspublics, <strong>et</strong> tout particulièrement au ministère de l’<strong>Equipement</strong>, desTransports <strong>et</strong> <strong>du</strong> Logement (METL) d’anticiper les conséquences de cesévolutions techniques par une réflexion prospective qui intègre les analysestechniques en sus des analyses économiques, sociologiques <strong>et</strong> culturelles.C<strong>et</strong>te réflexion doit intevenir dans l’élaboration des politiques de transport.Elle doit con<strong>du</strong>ire également à prévoir les réformes des modes d’actiondes pouvoirs publics pour leur perm<strong>et</strong>tre d’assurer plus efficacementleurs fonctions régaliennes, régulatrices <strong>et</strong> incitatrices.Tel est l’obj<strong>et</strong> <strong>du</strong> présent Cahier <strong>du</strong> Conseil, qui tente d’apporter leséléments de réponse aux trois questions suivantes.Quelles sont les principales missions <strong>du</strong> METL concernées parl’évolution technique <strong>du</strong> véhicule automobile ?• La sécurité routière, en m<strong>et</strong>tant l’accent sur la sécurité active (primaire)des véhicules (système anti-collision, par exemple) qui a jusqu’alors faitThe automobile is a fact of contemporary life. It is in daily use for bothurban and interurban travel. It has influenced the form taken by urbandevelopment, made access easier to rural areas and been responsiblefor the development of new types of shop such as hypermark<strong>et</strong>s. In spiteof the hazards and pollution it generates soci<strong>et</strong>y accepts the car becauseof the benefits it provides to those who use it.As we enter the 21st century, the car is undergoing two major changes.Firstly, from the economic and in<strong>du</strong>strial standpoint, vehiclemanufacture is now a world-wide in<strong>du</strong>stry and this is generating anew division of activities b<strong>et</strong>ween vehicle manufacturers, accessorymanufacturers and research institutes. At the same time motor vehicl<strong>et</strong>echnology is developing rapidly - with much potential for furtherchange - not only as a result of the use of other types of technologysuch as electronics, computing and telecommunications but alsothrough advances in automotive engineering, for example, withregard to the power train.In view of the importance of these issues for soci<strong>et</strong>y, it is incumbent onthe authorities, in particular the ministry responsible for infrastructure,transport and housing, to anticipate the long term consequences of thes<strong>et</strong>echnical developments with reference not only to technical but also toeconomic, sociological and cultural aspects. This analysis should feedinto the development of transport policy.It should also lead to reforms in the types of action taken by theauthorities which will enable them to perform their role of governing,regulating and motivating soci<strong>et</strong>y more effectively.This, then, is the purpose of the CGPC publication, which attempts toprovide some answers to the following questions:For the ministry of Transport, what are the main areas affected bytechnical developments in motor vehicles ?• Road saf<strong>et</strong>y, a shift of emphasis to primary saf<strong>et</strong>y (for examplecollision avoidance) which until now has received less attention thansecondary saf<strong>et</strong>y (occupant protection).A UTOMOBILE ET S OCIETEP OLITIQUE P UBLIQUEPOUR L’AUTOMOBILEP OINTS DE V UE


Editorial2l’obj<strong>et</strong> de moins d’attention que la sécurité passive (protection des passagers contre les chocs).• La maîtrise de la circulation automobile, dans le cadre de l’intégration des diversmoyens de transports <strong>et</strong> des politiques locales de déplacements urbains (PDU), enayant recours massivement à l’électronique <strong>et</strong> aux technologies nouvelles telles que lessystèmes intelligents de transport (ITS) ou plus simplement le téléphone mobile en tenantcompte de ses perspectives de développement, comme le préfigure le système UMTS.• L’énergie utilisée par les véhicules sous ses différentes formes <strong>et</strong> le changementclimatique (eff<strong>et</strong> de serre) dû aux émissions de gaz carbonique.• La lutte contre les pollutions engendrées par les véhicules eux-mêmes, telles quepollutions atmosphériques, bruit, déch<strong>et</strong>s.Certes, le METL dispose déjà de moyens d’action nombreux pour accomplir cesmissions, en particulier dans les domaines de l’aménagement, de la sécurité <strong>et</strong> de lacirculation routières. Il a également la responsabilité d’un des leviers les plus puissantspour agir sur l’évolution des véhicules : la réglementation.Mais aujourd’hui, il convient de prendre en compte les évolutions en cours car il seraitvain de prétendre s’y opposer. De plus, pour infléchir ces évolutions, il est utile, voirenécessaire, de m<strong>et</strong>tre en œuvre des moyens d’action concernant plus directement levéhicule <strong>et</strong> son in<strong>du</strong>strie.Quelles nouvelles orientations pour le METL ?• Elargir le dialogue avec les in<strong>du</strong>striels de l’automobile pour mieux comprendre lemodèle de l’in<strong>du</strong>strie <strong>et</strong> <strong>du</strong> marché de l’automobile face à l’évolution sociétale,mieux apprécier les évolutions à venir, faire coopérer c<strong>et</strong>te in<strong>du</strong>strie aux missionsprécédentes <strong>et</strong> développer ainsi une véritable culture de partenariat dans le contextenational <strong>et</strong> européen.• Jouer un rôle moteur dans l’application des nouvelles technologies <strong>du</strong> type SIT-ITS 1 dansla gestion de la circulation en se rapprochant des télécommunications ainsi que desin<strong>du</strong>striels <strong>et</strong> opérateurs de ces domaines ; préciser sur le plan juridique les responsabilitésqui résultent des services apportés aux usagers de l’automobile <strong>et</strong> définir un cadreréglementaire contractuel pour les opérateurs.• Assurer un meilleur suivi de l’évolution <strong>du</strong> parc automobile, notamment pour soutenirl’impact positif des nouveaux véhicules en matière de consommation énergétique <strong>et</strong>d’émissions atmosphériques ; c<strong>et</strong>te orientation implique de clarifier la fiscalité desvéhicules automobiles car celle-ci a un fort impact sur le marché <strong>et</strong> de développer une• Traffic management, in the framework of the integration of different means oftransport and local travel policies (urban travel plans), with massive use of electronicsand new technologies such as intelligent transport systems (ITS), or more simplyusing the potential for development of the mobile telephone, as prefigured by theUMTS system.• The different forms of energy used by vehicles, and the issue of climate change(greenhouse effect caused by carbon dioxide emissions).• Combating the pollution caused by the vehicles themselves, for example atmosphericpollution, noise and waste.The ministry of Transport already has, of course, a considerable ability to act in theseareas, in particular with regard to planning, road saf<strong>et</strong>y and traffic management. It isalso responsible for one of the most powerful means of influencing the developmentof vehicles: regulations.However, today, it is important to take account of current developments, as it wouldbe futile to attempt to resist them. Furthermore, in order to influence these changes,it would be helpful, necessary even, to implement measures which are aimed more directlyat vehicles and the vehicle in<strong>du</strong>stry.What new policies for this ministry?• Broadening the scope of dialogue with the motor vehicle in<strong>du</strong>stry in order to obtaina b<strong>et</strong>ter understanding of how the form of the in<strong>du</strong>stry and mark<strong>et</strong> reflects changesin soci<strong>et</strong>y, b<strong>et</strong>ter evaluate future developments, help the in<strong>du</strong>stry to co-operate withthe areas described above thereby developing a genuine partnership culture at nationaland European level.• Playing a leading role in the application of new information and communicationtechnologies to traffic management by means of closer involvement withtelecommunications companies and operators, defining in legal terms the responsibilitieswhich result from the services thus provided to car users and specifying a regulatoryand contractual framework for operators.• Improving the monitoring of changes in the vehicle fle<strong>et</strong>, in particular encouragingthe beneficial impact of new vehicles with regard to energy consumption and atmosphericemissions; this policy involves a clarification of motor vehicle taxation which has animportant impact on the mark<strong>et</strong>, and gaining a large body of statistical and economic1. SIT-ITS : systèmes intelligents d<strong>et</strong>ransports - intelligent transport systems.


A U T O M O B I L E S E T E Q U I P E M E N T : E L A R G I R L E D I A L O G U E3base de connaissances statistiques <strong>et</strong> économiques pour améliorer la compréhension desévolutions croisées <strong>du</strong> véhicule automobile <strong>et</strong> de son usage.• Dans le domaine de la recherche <strong>et</strong> <strong>du</strong> développement : privilégier, de préférence audéveloppement de composants, l’approche systémique qui prévaut désormais dans laconception des véhicules ; ceci implique une réflexion sur les modèles économiques quisous-tendent l’évolution des technologies <strong>et</strong> des services <strong>du</strong> modèle automobile.• Favoriser l’innovation dans le domaine énergétique en exploitant au mieux lespotentialités de la chimie (carburants, traitement des pollutions locales <strong>et</strong> globales ycompris le CO 2 , catalyse, <strong>et</strong>c.).• Evaluer les conséquences des orientations précédentes en définissant des indicateurs<strong>et</strong> tirer de leur analyse les éléments nécessaires pour réorienter les politiques publiques.• Mieux communiquer avec les usagers <strong>et</strong> le public, en rendant plus visible lesystème de contraintes réglementaires, fiscales <strong>et</strong> techniques qui pèse sur lesvéhicules automobiles <strong>et</strong> leur usage.Quelles évolutions pour notre ministère ?C’est d’abord le souci de susciter, au sein <strong>du</strong> ministère, une meilleure prise de consciencede l’évolution de l’automobile <strong>et</strong> de son impact socio-économique <strong>et</strong> environnemental.C’est ensuite la nécessité de mieux coordonner les actions qui sont aujourd’hui tropdispersées dans les différentes directions d’administration centrale. C’est enfin le besoinde développer une véritable culture de partenariat, aussi bien avec les in<strong>du</strong>striels qu’avecles ministères en charge des technologies de pointe comme les télécommunications.Dans ces conditions, une réflexion s’impose sur la structure <strong>et</strong> les moyens à m<strong>et</strong>tre enœuvre pour que le METL continue à garantir aux usagers des véhicules automobilesle cadre réglementaire <strong>et</strong> les services qu’ils sont en droit d’attendre de notre ministère,comme c’est le cas pour le logement <strong>et</strong> le droit des sols, tout en respectant les droitsdes autres usagers de la voie publique <strong>et</strong> des riverains.En conclusion, nous proposons que c<strong>et</strong>te réflexion fasse l’obj<strong>et</strong> d’un séminaire entreles principales directions d’administration centrale <strong>du</strong> ministère, sur la base <strong>du</strong> diagnostic<strong>et</strong> des propositions <strong>du</strong> présent cahier. C<strong>et</strong>te réflexion pourrait être prolongée ensuiteavec les partenaires extérieurs, parmi lesquels figurent les in<strong>du</strong>striels de l’automobile<strong>et</strong> des télécommunications.data to improve our understanding of the interrelationship b<strong>et</strong>ween changes in the carand changes in its use.• With regard to research and development, giving priority to the system approach whichnow dominates vehicle design in preference to the development of components. Thiswill require an examination of the socioeconomic models which underlie the developmentof motor vehicle technologies and services.• Encouraging innovation in the area of energy by making the best use of the potentialitiesof chemistry (fuels, treatment of local and global pollution including carbon dioxide,catalysts, <strong>et</strong>c.).• Evaluating the consequences of the above actions by defining indicators and analyzingthem so as to gain the information on which to base a reshaping of public policy.• Improving communication with users and the public, in particular by making moreapparent the regulatory, fiscal and technical constraints which apply to motor vehicles.What changes for this ministry?Firstly, the desire to foster greater awareness in its departments of developmentsaffecting vehicles and their socioeconomic and environmental impact.Next, the need to improve the co-ordination of actions which are currently spreadb<strong>et</strong>ween the different central departments of the ministry.Lastly, there is the need to develop a genuine culture of partnership with both in<strong>du</strong>stryand the ministries responsible for advanced technologies such as telecommunications.In these circumstances, the ministry of Transport must consider the organization andresources which it needs to continue to provide car users with the regulatory frameworkand services which they have a right to expect, in the same way as with housing andland law, while respecting the rights of other users of the highways and residents.To conclude, we suggest that this topic should be the subject of a seminar involvingthe central departments of the ministry, which will take as its starting point thediagnosis and proposals put forward in this publication. This discussion could becontinued by bringing in other ministries and external partners, including the motorvehicle and telecommunications in<strong>du</strong>stries.JEAN-FRANÇOIS COSTE, IGPCMEMBRE DE LA III e SECTION “AFFAIRES SCIENTIFIQUES ET TECHNIQUES”DU CONSEIL GENERAL DES PONTS ET CHAUSSEES


L’automobile a contribuéà révolutionner lesmodes de vie <strong>et</strong>l’organisation desterritoires. Ce secteurtechnico-économiquea nécessité très vitel’implication des pouvoirspublics, que ce soitpar la réalisationd’infrastructures routièresou par de nombreusesréglementations.Tantôt outil de “liberté”,tantôt instrument dedépendance porteur derisques humains <strong>et</strong>environnementaux,l’automobile cristallise degrands enjeux de société.Quels véhicules pour quelle société ?FRANÇOIS ASCHERCHARGE DE MISSION AUPRES DU VICE-PRESIDENTDU CONSEIL GENERAL DES PONTS ET CHAUSSEESFace au constat deglobalisation, decroissance des mobilités,de métropolisation,d’émergence d’une“société <strong>du</strong> risque” <strong>et</strong> donc<strong>du</strong> contentieux, commentle “système-automobile”s’adaptera-t-il?François Ascher m<strong>et</strong> icien perspective les traitsmajeurs de l’évolutionde la société susceptiblesd’influencer la conception<strong>et</strong> l’usage de l’automobile<strong>et</strong> de nécessiter lerenforcement ou latransformation des actionsdes pouvoirs publics.La prospective del’automobile, indispensablepour concevoir les actionspubliques dans la <strong>du</strong>rée,doit s’appuyer nonseulement sur les analysesdes potentialités technicoéconomiques,mais aussi surdes perspectives sociétales.Déviation de la RN67 à Joinville (Haute-Marne). Photo : DR / Dragan Tomitch.Le développement <strong>et</strong> l’usage des automobiles rendentnécessaires, pour des raisons diverses <strong>et</strong> parfois un peucontradictoires, les interventions variées des pouvoirspublics, aux échelles locale, nationale, européenne <strong>et</strong>internationale. Ces actions s’inscrivent pour partie dansdes évolutions structurelles de nos sociétés, sur lesquelleselles ne peuvent donc avoir qu’une influence directe limitée.La “globalisation”, “l’indivi<strong>du</strong>alisation” <strong>et</strong> la “métropolisation”constituent un cadre largement imposé quidétermine pour une bonne part l’évolution de l’automobile,de son usage, comme des actions des pouvoirs publics.


A U T O M O B I L E S E T E Q U I P E M E N T : E L A R G I R L E D I A L O G U E5Mais nos sociétés exigent <strong>et</strong> rendent possibles des interventionsrenouvelées des pouvoirs publics, susceptiblesd’influencer le “système automobile”. <strong>Les</strong> enjeux environnementaux,culturels, sociaux en particulier, suscitentégalement des actions publiques qui pèseront de façonsignificative sur le monde de l’automobile.La prospective de l’automobile, indispensable pourconcevoir les actions publiques dans la <strong>du</strong>rée, doit doncs’appuyer non seulement sur les analyses des potentialitéstechnico-économiques, mais aussi sur des perspectivesplus sociétales.LES DYNAMIQUES D’EVOLUTION DE LA PRODUCTION ETDE L’USAGE DE L’AUTOMOBILEL’automobile n’est pas un bien comme les autres. Elleest d’une certaine manière le bien de consommationin<strong>du</strong>striel par excellence, dont les acteurs ont joué desrôles historiques majeurs : les entrepreneurs de ce secteuront en eff<strong>et</strong> inventé les principaux modèles in<strong>du</strong>striels depro<strong>du</strong>ction <strong>et</strong> de gestion de ces cent dernières années ; <strong>et</strong>les luttes ouvrières de c<strong>et</strong>te branche ont constitué desréférences sociales majeures.L’automobile a révolutionné en quelque sorte les modesde vie <strong>et</strong> l’organisation des territoires. Après le logement,c’est l’un des secteurs qui a nécessité la plus grandeimplication des pouvoirs publics, en particulier pourla réalisation des infrastructures indispensables à sonutilisation <strong>et</strong> qui concernent l’intérêt général, <strong>et</strong> pour lesnombreuses réglementations qui relèvent de la sécurité<strong>et</strong> des fonctions régaliennes.Depuis ses débuts, l’automobile cristallise les grandsenjeux de sociétéElle apparaît tantôt comme un outil de liberté indivi<strong>du</strong>elle,tantôt comme une menace ou un instrument de dépendance.Aujourd’hui encore, l’automobile présente c<strong>et</strong>tedouble face : d’une part, elle est un mode de transportindivi<strong>du</strong>el, rapide, confortable <strong>et</strong> performant qui ouvre unpotentiel d’activités <strong>et</strong> d’autonomie extraordinaire ; d’autrepart, elle est un facteur considérable de risques humains<strong>et</strong> environnementaux, <strong>et</strong> engendre toutes sortes de nuisances,en particulier dans les villes.L’automobile est soumise à des logiques économiques,sociales, technologiques, culturelles, politiques <strong>et</strong> institutionnelles.C’est un obj<strong>et</strong> technique compliqué, voirehétérogène, dont l’évolution résulte de champs deforces complexes. Placé dans un véritable “systèmeautomobile”, son usage dépend très fortement de sonenvironnement, qu’il s’agisse des infrastructures, desservices spécifiques, des carburants ou des réglementationsde toutes sortes.La globalisation de la pro<strong>du</strong>ction <strong>et</strong> de la consommation,qui fait émerger des constructeurs mondiaux <strong>et</strong> tend àrapprocher les types d’automobiles pro<strong>du</strong>ites sur lesdivers continents, ne simplifie pas ce système ; au contraire,A UTOMOBILE ET S OCIETE


Quels véhicules pour quelle société ?6elles-mêmes de logiques multiples. Plus les “possibles”techniques sont importants, plus les technologiesqui triomphent in fine résultent d’éléments économiques,sociologiques, culturels, voire de politiques nationale<strong>et</strong> internationale. Certes, en ouvrant de nouvelles potentialités,les techniques agissent aussi sur ces éléments ;mais l’articulation de plus en plus étroite entre la recherchescientifique <strong>et</strong> la mise au point de pro<strong>du</strong>its in<strong>du</strong>striels oude réglementations tend à restreindre l’autonomie desdynamiques techno-scientifiques <strong>et</strong> de la recherche. <strong>Les</strong>distinctions entre recherche fondamentale, rechercheappliquée <strong>et</strong> recherche-développement sont ainsi de moinsen moins marquées : l’explication réside dans l’accélérationdes transitions entre ces différents domaines <strong>et</strong> l’interpénétrationgrandissante des acteurs <strong>et</strong> des financements.Polyvalence <strong>du</strong> véhicule particulier, ou le rôle croissant de l’évolution sociétale sur la conception<strong>du</strong> véhicule.Photo : Document PSA Peugeot-Citroën.elle déplace les contraintes, certaines à une échelle plusgrande, avec des réglementations au niveau européen,d’autres à des échelles moindres, avec l’importance croissantedes politiques locales d’urbanisme <strong>et</strong> de transports.Identifier les tendances structurelles qui déterminentl’évolution des véhicules <strong>et</strong> élaborer des hypothèsesprospectives ne sont donc pas choses aisées, même si lespotentialités techniques sont largement prévisibles à unedizaine d’années. De fait, la richesse des progrès techniquespossibles rend les évolutions plus incertaines, carles options techniques, certes déterminantes, dépendentCe rôle croissant de l’évolution sociétale sur la conceptiondes véhicules <strong>et</strong>, à des niveaux plus territorialisés, surleurs conditions <strong>et</strong> leurs modes d’usage, nécessite pour lespouvoirs publics (internationaux, européens, nationaux<strong>et</strong> locaux) :• de développer une réflexion prospective qui intègre les analysestechniques, économiques, sociologiques <strong>et</strong> culturelles ;• d’engager des réformes de leurs structures comme de leursmodes d’action afin d’assurer plus efficacement leursfonctions régaliennes, régulatrices <strong>et</strong> incitatrices.En se plaçant dans c<strong>et</strong>te perspective, on peut esquisserquelques traits majeurs de l’évolution sociétale susceptiblesd’influer sur la conception <strong>et</strong> l’usage des véhicules<strong>et</strong> qui nécessitent le renforcement ou la transformation decertaines actions publiques.


A U T O M O B I L E S E T E Q U I P E M E N T : E L A R G I R L E D I A L O G U E7La globalisation n’est pas la simple poursuite de l’internationalisationCe processus très puissant constitue véritablement unephase nouvelle d’intégration socio-économique à l’échelleinternationale. Du point de vue de la pro<strong>du</strong>ction desautomobiles, il se tra<strong>du</strong>it par la ré<strong>du</strong>ction <strong>du</strong> nombredes constructeurs <strong>et</strong> des sous-traitants à l’échelle mondiale,mais également par l’augmentation ou le maintien <strong>du</strong>nombre de constructeurs significativement présents danschaque pays, ainsi que par la croissance <strong>du</strong> nombre desgammes de voitures disponibles. La globalisation del’in<strong>du</strong>strie automobile se concrétise donc à la fois parune homogénéisation des pro<strong>du</strong>its <strong>et</strong> par leur diversification.La variété des choix pour les consommateurs estdonc plus large, mais elle s’effectue entre des pro<strong>du</strong>itsde plus en plus identiques d’un pays à l’autre. L’échellemondiale de la pro<strong>du</strong>ction des véhicules, qui s’appuie parailleurs sur des outils de fabrication plus flexibles, perm<strong>et</strong>aux constructeurs de réaliser une multitude de véhicules,même si ceux-ci sont déclinés à partir de plates-formes <strong>et</strong>d’éléments communs.L’automobile illustre particulièrement bien c<strong>et</strong>te dynamique.C’est par excellence un outil d’autonomie qui,dans le même temps, rend ses usagers dépendants <strong>du</strong>contexte (à savoir des infrastructures), des services <strong>et</strong> dela réglementation.L’évolution de l’automobile présente des points communsavec beaucoup d’autres obj<strong>et</strong>s. Elle passe progressivement<strong>du</strong> statut de bien collectif à celui de bien indivi<strong>du</strong>el.L’horloge, la radio, la télévision puis le téléphone sontdevenus des biens personnels. L’automobile, bien queplus chère <strong>et</strong> plus encombrante, connaît une évolution <strong>du</strong>La globalisation de l’in<strong>du</strong>strie automobile se tra<strong>du</strong>it par une homogénéisation des pro<strong>du</strong>its.Site de Mulhouse, parc des Peugeot 206.Photo : PSA Peugeot-Citroën.A UTOMOBILE ET S OCIETEL’automobile : illustration de l’indivi<strong>du</strong>alisation croissantede la vie socialeNotre société est marquée par une tendance à une indivi<strong>du</strong>alisationcroissante. C<strong>et</strong>te autonomie de plus en plusgrande des indivi<strong>du</strong>s est relative car elle est généralementfondée sur une dépendance vis-à-vis de grands systèmestechnico-économiques.


Quels véhicules pour quelle société ?8L’hétérogénéité des usagers appelle des solutions nouvelles.Photo : DREIF / Gauthiermême ordre : d’ailleurs, le taux moyen d’équipement desménages n’a cessé d’augmenter, certes avec des inégalités ;son augmentation se poursuivra, mais elle sera largementdépendante de la structure démographique des ménages, deleur solvabilité, des lieux de résidence <strong>et</strong> d’emploi ainsi quedes politiques territorialisées d’urbanisme <strong>et</strong> de transport.C<strong>et</strong>te indivi<strong>du</strong>alisation favorisera peut-être l’ensembledes modes de transports qui offrent une plus grandeautonomie des déplacements, qu’il s’agisse de modes dits“doux” (vélos, rollers) ou des modes motorisés (taxis,transports à la demande, véhicules en location, <strong>et</strong>c.). Maiselle aura aussi des conséquences significatives sur laconception des véhicules. En eff<strong>et</strong>, l’in<strong>du</strong>strie automobilen’échappera pas à la logique <strong>du</strong> one to one qui concernel’ensemble des secteurs de biens de pro<strong>du</strong>ction : il s’agitde l’obligation de pro<strong>du</strong>ire in<strong>du</strong>striellement des voituressinon à la demande, tout au moins destinées à desdemandes de plus en plus variées <strong>et</strong> segmentées. Lamultiplication des options, qui complique les processus depro<strong>du</strong>ction, a été une première réponse. Mais l’in<strong>du</strong>strieautomobile devra nouer de nouveaux types de relationsavec ses ach<strong>et</strong>eurs <strong>et</strong> ses usagers : les services annexesseront probablement des occasions privilégiées pour cesrelations nouvelles. La transformation progressive dessystèmes des concessions s’avère donc nécessaire enraison des nouvelles réglementations européennes, maisaussi <strong>du</strong> fait de l’évolution des contraintes de mark<strong>et</strong>ing,de conquête <strong>et</strong> de fixation des clientèles.Croissance des mobilités, métropolisation <strong>et</strong> dilatationdes territoiresDans les pays anciennement in<strong>du</strong>strialisés <strong>et</strong> urbanisés, leprocessus d’urbanisation se poursuit largement parcroissance externe, c’est-à-dire par absorption de villes,bourgs, villages <strong>et</strong> par l’extension de zones métropolitaines.<strong>Les</strong> différences entre villes <strong>et</strong> campagnes comme entregrandes <strong>et</strong> p<strong>et</strong>ites villes tendent à s’amenuiser. <strong>Les</strong> habitantsde ces nouvelles régions urbaines, appelées aussi métapoles,se déplacent de plus en plus vite sur des distances deplus en plus longues. Le développement de l’usage des


A U T O M O B I L E S E T E Q U I P E M E N T : E L A R G I R L E D I A L O G U E9nouvelles technologies de l’information <strong>et</strong> de la communicationfavorise c<strong>et</strong>te dilatation des territoires sociaux<strong>et</strong> économiques.Par ailleurs, la structure des mobilités se transforme <strong>et</strong> lapart des déplacements de personnes pour des motifs autresque domicile-travail tend à diminuer. Dans ce contexte, laré<strong>du</strong>ction des différences entre déplacements intra-urbains<strong>et</strong> interurbains aura très certainement des conséquences surla conception des véhicules, puisqu’un plus grand nombred’entre eux devra être adapté à des usages urbains sur desparcours interurbains <strong>et</strong> réciproquement. <strong>Les</strong> différenciationsdes véhicules porteront peu sur leur “urbanité”<strong>et</strong> de plus en plus sur leur polyvalence routière <strong>et</strong> citadine.Cela ne rem<strong>et</strong> pas en cause le développement de p<strong>et</strong>itsvéhicules particulièrement adaptés à la circulation en zoneurbaine dense, mais ils ne représenteront qu’un segmentde marché très spécifique. En fait, les équipements desautomobiles (notamment pour la navigation <strong>et</strong> autres prestationsannexes) devront donc intégrer c<strong>et</strong>te multifonctionnalitéintra-urbaine <strong>et</strong> interurbaine.incertaine si l’on en juge par l’évolution d’autres biens<strong>et</strong> équipements : le téléphone s’émancipe progressivement<strong>du</strong> lieu, qu’il s’agisse <strong>du</strong> logement, <strong>du</strong> bureau ou <strong>du</strong>véhicule, tandis que la radio a eu tendance, malgré lesbaladeurs, à rester très largement attachée aux lieux, enparticulier à l’automobile.L’importance prise par l’information multimodale dans lestransports <strong>et</strong> la circulation, le développement conjoint denouveaux services <strong>et</strong> l’arrivée d’opérateurs de naturedifférente, pourraient modifier le jeu des acteurs actuelsimpliqués dans les transports <strong>et</strong> nécessiter de nouveauxmodes de régulation publique. L’ampleur des investissementsréalisés pour la mise en place de l’UMTS <strong>et</strong> lanécessité de les rentabiliser seront des éléments importantsde l’évolution des services liés à la mobilité.C<strong>et</strong> enjeu est essentiel pour les pouvoirs publics, car ilpeut contribuer à redéfinir assez profondément lesexigences <strong>du</strong> service public dans le domaine <strong>du</strong> transport<strong>et</strong> les modalités de sa mise en œuvre.A UTOMOBILE ET S OCIETEPar ailleurs, les mobilités sont de plus en plus irrégulières,en termes de périodicité, de parcours <strong>et</strong> d’intermodalité.L’information des automobilistes sur les itinéraires <strong>et</strong> surles services accessibles tout au long de leurs parcours,souvent multimodaux, prendra probablement uneimportance croissante. Cela favorisera très certainementle développement de systèmes couplés de localisation <strong>et</strong>d’information ; mais l’arrivée - tôt ou tard - de l’UMTS 1aura probablement tendance à associer ces dispositifs à lapersonne plutôt qu’à l’un ou l’autre des équipements d<strong>et</strong>ransports. Toutefois, c<strong>et</strong>te évolution est encore largementL’IMPACT DE L’EVOLUTION DU CONTEXTE SOCIETAL ETDE LA DIVERSIFICATION DES ACTIONS PUBLIQUES SURLE “SYSTEME AUTOMOBILE”<strong>Les</strong> pouvoirs publics sont confrontés à de multiples enjeuxsociétaux. <strong>Les</strong> réponses qu’ils y apportent ont des conséquencesnon négligeables sur l’usage de l’automobile,voire sur sa conception. De ce fait, leurs actions dansdes domaines très divers sont susceptibles de jouer surl’évolution <strong>du</strong> “système automobile”.1. UMTS : universal mobiltelecommunications system.


Quels véhicules pour quelle société ?10Etalement urbain. Ville de Strasbourg.Photo : DDE <strong>du</strong> Bas-Rhin / Service communication / D. Fromholtz.La <strong>du</strong>rabilité <strong>et</strong> la complexité des enjeux environnementauxLa dilatation des territoires urbains a pris dans la plupartdes pays développés des formes mal contrôlées quiposent aujourd’hui de graves problèmes environnementaux,économiques <strong>et</strong> sociaux, tout particulièrement en Europe,à l’ouest comme à l’est. Le développement de l’habitat,dans des communes rurales de plus en plus éloignées descommunes centres, accroît le nombre <strong>et</strong> la longueur desdéplacements en automobile <strong>et</strong> contribue dangereusementà l’eff<strong>et</strong> de serre.<strong>Les</strong> paysages ruraux sont “mités” par la multiplication deconstructions indivi<strong>du</strong>elles ou de lotissements d’unequalité architecturale <strong>et</strong> urbanistique généralement trèsmédiocre. La réalisation de ces constructions périphériquessans équipement collectif rej<strong>et</strong>te par ailleurs le poidsdes services publics sur les communes centres. Enfin, ladilatation des territoires urbains risque d’augmenter lesphénomènes de ségrégation par la formation de lotissements,voire de communes, de plus en plus homogènessocialement.La loi votée en France en décembre 2000, dite loi SRU(solidarité <strong>et</strong> renouvellement urbains) vise à donner auxpouvoirs publics des moyens pour enrayer ce processus :intercommunalité, nouveaux instruments de planificationurbaine, politiques intégrées d’urbanisme, de transport<strong>et</strong> d’environnement. Des démarches analogues sontengagées dans plusieurs autres pays européens, auRoyaume-Uni <strong>et</strong> en Allemagne notamment, où la périurbanisationa pris beaucoup d’ampleur ces dernièresannées. Mais si l’étalement urbain doit être maîtrisé,en revanche rien ne pourra empêcher le processus derégionalisation urbaine ou encore la recherche par denombreux citadins de plus d’espace <strong>et</strong> d’autres rapportsavec la nature. Il n’est pas possible en eff<strong>et</strong>, sans unerégression socio-économique profonde, d’en revenir à unmodèle historiquement dépassé de proximité immédiatede l’emploi, de l’habitat, <strong>du</strong> commerce <strong>et</strong> de la famille. Ilfaudra donc aménager le changement d’échelle des villes


A U T O M O B I L E S E T E Q U I P E M E N T : E L A R G I R L E D I A L O G U E11pour répartir équitablement les coûts <strong>et</strong> pour rendrecompatibles les exigences économiques, sociales, patrimoniales<strong>et</strong> environnementales.<strong>Les</strong> pouvoirs publics européens <strong>et</strong> nationaux s’efforcentaujourd’hui de m<strong>et</strong>tre en place des réglementations <strong>et</strong> despolitiques destinées à créer des conditions favorables pourque les régions <strong>et</strong> les agglomérations puissent agir efficacementen la matière. Cela se tra<strong>du</strong>ira de plus en plus pardes actions très variées sur les voiries, sur la régulation destrafics <strong>et</strong> des stationnements, sur la conception <strong>et</strong> lefinancement des infrastructures, sur les péages <strong>et</strong> lesfiscalités.Mais quel sera précisément l’impact de ces politiques surl’évolution des véhicules ? Il est évident que ce contextecontinuera de jouer <strong>du</strong>rablement. Il ne faut pas imaginerque les solutions techniques multiples <strong>et</strong> très efficacesqui, dans les prochaines années, rendront beaucoup plus“<strong>du</strong>rables” les automobiles, régleront définitivementces problèmes urbanistiques <strong>et</strong> environnementaux. <strong>Les</strong>questions environnementales se présentent comme unhorizon qui recule sans cesse, au fur <strong>et</strong> à mesure oùl’on croit s’approcher des solutions. <strong>Les</strong> problèmes liés àl’économie des ressources naturelles non renouvelables, àl’eff<strong>et</strong> de serre, aux nuisances de proximité <strong>et</strong> de partagede la voirie constitueront encore <strong>et</strong> pour le long terme latoile de fond politico-culturelle <strong>et</strong> institutionnelle. Dansla mesure où ces exigences ne sont pas immédiatementconvergentes, <strong>et</strong> que parfois même elles s’opposent, il estfort probable que les accents seront mis sur l’un ou l’autreaspect en fonction de contingences diverses <strong>et</strong> de rapportsde forces. Pour les constructeurs, comme pour les pouvoirsStrasbourg : Tramway.Photo : METL / SIC / G. Grossay.publics, les choix stratégiques en matière technologiquerisquent d’être difficiles. Il faudra donc développer desrecherches sur des fronts variés, voire divergents.Une société <strong>du</strong> risque <strong>et</strong> <strong>du</strong> contentieuxLa complexité grandissante de la société, <strong>du</strong>e notammentà la globalisation <strong>et</strong> aux différenciations sociales <strong>et</strong>culturelles plus nombreuses, démultiplie la variété dessituations <strong>et</strong> contribue à accroître l’incertitude.A UTOMOBILE ET S OCIETE


Quels véhicules pour quelle société ?12Par ailleurs, le développement des connaissances scientifiques<strong>et</strong> de la rationalité des acteurs fait apparaître desdangers, des inquiétudes <strong>et</strong> la volonté de les limiter, là oùautrefois l’ignorance incitait ou obligeait à s’en rem<strong>et</strong>treau hasard <strong>et</strong> au destin. Nous vivons aujourd’hui dans ceque des sociologues appellent une “société <strong>du</strong> risque”,entendant par là que la société semble d’un côté touttransformer en risques <strong>et</strong> de l’autre être complètementobnubilée par le souci de les limiter. Au niveau descomportements indivi<strong>du</strong>els, cela se tra<strong>du</strong>it par uneattention considérable accordée à la sécurité dans tousles domaines de la vie quotidienne <strong>et</strong>, au niveau collectif,par des responsabilisations nouvelles des pouvoirspublics avec l’émergence <strong>du</strong> principe dit “de précaution”.Ce contexte, fait de situations moins répétitives <strong>et</strong> plusdiversifiées, est difficilement régulable par des loisnécessairement générales <strong>et</strong> par des outils administratifstraditionnels ; cela explique l’émergence de dispositifsplus adaptables aux diverses situations : démarchespartenariales, pratiques dites de “gouvernance”, création“d’autorités indépendantes”, recours à des structuresd’expertise extérieures <strong>et</strong> contradictoires, ou encoremultiplication de relations contractuelles <strong>et</strong> problèmes decontentieux qui les accompagnent inévitablement.Ces évolutions ont déjà un impact très grand dans ledomaine de l’automobile. Elles interviennent dans les rapportsentre les divers acteurs <strong>et</strong> en particulier sur les relationstriangulaires entre constructeurs, clients-citoyens <strong>et</strong> pouvoirspublics. <strong>Les</strong> enjeux de fiabilité <strong>et</strong> de sécurité desvéhicules témoignent de c<strong>et</strong>te évolution, notamment àtravers la pratique des “rappels”. Tout laisse à penserque les questions liées au risque, à la sécurité <strong>et</strong> à la santé,joueront un rôle plus grand <strong>et</strong> plus direct sur la conceptiondes véhicules <strong>et</strong> sur l’évolution <strong>du</strong> “système automobile”.L’action des pouvoirs publics pourra être ainsirelayée, voire stimulée, par les exigences des clients del’in<strong>du</strong>strie automobile <strong>et</strong> des citoyens.<strong>Les</strong> technologies de l’information <strong>et</strong> de la communicationseront très largement utilisées dans c<strong>et</strong>te “société <strong>du</strong>risque”. La sécurité sera un point d’appui majeur pourl’intro<strong>du</strong>ction de nouveaux dispositifs, équipements<strong>et</strong> services, non seulement pour répondre à des réglementations,mais aussi parce qu’elle sera un argument devente. Parallèlement, le développement <strong>du</strong> contentieux,de la pénalisation des responsabilités <strong>et</strong> des exigencesde sécurisation rendra plus légitimes les interventionsréglementaires <strong>et</strong> répressives des pouvoirs publics. Cesévolutions stimuleront le développement de dispositifsde télésurveillance <strong>et</strong> de télécontrôle. Plus généralement,les exigences de traçabilité des composants automobiles,comme des comportements des automobilistes, engendrerontdes développements technologiques significatifs.


A U T O M O B I L E S E T E Q U I P E M E N T : E L A R G I R L E D I A L O G U E13Le droit à la ville : enjeux sociaux <strong>et</strong> mobilité équitableDans les sociétés développées <strong>et</strong> urbanisées, l’accès àl’emploi, à l’é<strong>du</strong>cation, à la santé, à la culture, aux loisirs,à la vie familiale, <strong>et</strong>c., passe par la mobilité <strong>et</strong> très souventpar l’usage de l’automobile. Cela est particulièrement n<strong>et</strong>dans un pays peu dense comme la France. Ceux quidisposent d’un véhicule ont ainsi un accès assez largeau potentiel urbain. Mais, en partie contraints de seservir de voitures, ils sont aussi très sensibles à leurs coûtsd’utilisation comme aux restrictions de leur usage. Parailleurs, une partie de la population n’a pas les moyensmatériels ou humains d’utiliser une automobile ; elle nedispose pas non plus des ressources suffisantes ou de lapossibilité pratique d’habiter dans les zones centrales desvilles desservies par des transports collectifs efficaces. Ilen résulte pour elle des handicaps multiples. Et on nepeut compter sur le changement des formes urbaines pourrésoudre ces problèmes. En eff<strong>et</strong>, le parc de logementsaugmente de 1% seulement chaque année, dont un tiersen zones peu denses. La “dépendance automobile” resteradonc très forte, même si les politiques de lutte contrel’étalement devenaient efficaces.La question automobile n’est donc plus seulement unequestion économique, ni environnementale : elle représenteaujourd’hui une question sociale, qui nécessite despolitiques publiques spécifiques. Il s’agit d’assureréquitablement les mobilités urbaines, y compris pour ceuxqui habitent <strong>et</strong> travaillent à la périphérie des villes <strong>et</strong>qui appartiennent souvent à des couches sociales trèsmodestes. C<strong>et</strong>te exigence ne manquera pas d’avoir desconséquences sur les politiques fiscales sur la conceptiondes péages <strong>et</strong>, indirectement, sur les caractéristiques techniquesdes véhicules.Dans c<strong>et</strong>te dynamique d’évolution sociétale, les pouvoirspublics en général <strong>et</strong> le ministère de l’équipement,des transports <strong>et</strong> <strong>du</strong> logement en particulier, devrontfaire évoluer sensiblement leurs outils de réflexion <strong>et</strong>d’action, pour pouvoir continuer à assurer leurs diversesmissions. L’importance <strong>et</strong> la complexité <strong>du</strong> “systèmeautomobile”, la prégnance de la “dépendance automobile”,la difficulté à assurer des compromis <strong>du</strong>rables <strong>et</strong>équitables entre les exigences économiques, sociales <strong>et</strong>environnementales, devraient con<strong>du</strong>ire à la désectorisationd’un certain nombre de responsabilités, à des approchespluridisciplinaires (techniques, économiques <strong>et</strong> fiscales,socioculturelles, politico-institutionnelles) <strong>et</strong> à despartenariats élargis entre les pouvoirs publics <strong>et</strong> les acteursprivés, qu’il s’agisse des entreprises impliquées dans lesystème automobile ou des divers types d’associations<strong>et</strong> d’ONG A UTOMOBILE ET S OCIETE


Le ministère de l’<strong>Equipement</strong>,des Transports <strong>et</strong> <strong>du</strong>Logement (METL) estconsidéré par l’opinioncomme le “ministère del’automobile”, bien que lesresponsabilités soient trèspartagées avec de nombreuxautres ministères français <strong>et</strong>la Commission européenne.Evolutions ou révolutions<strong>Les</strong> récentes évolutionstechniques de l’in<strong>du</strong>strieautomobile, samondialisation, l’apparitiondes “systèmes intelligentsde transport”, la placecroissante de l’électronique,ainsi que de nouvellesperceptions des problèmesde sécurité, de pollution oude consommation d’énergiedevraient entraîner uneréflexion sur les enjeux <strong>et</strong>les modes actuelsd’intervention de lapuissance publique.La prospective concernantl’évolution de l’automobile,la comparaison avec les“avenirs possibles” queconstituent les marchésactuels dans d’autres pays <strong>et</strong>les relations de partenariatplus soutenues avecl’in<strong>du</strong>strie devraientperm<strong>et</strong>tre au METL demieux faire face aux défisque constituent cessituations nouvelles.JEAN ORSELLI, ICPCMEMBRE DE LA III e SECTION“AFFAIRES SCIENTIFIQUES ET TECHNIQUES”DU CONSEIL GENERAL DES PONTS ET CHAUSSEES<strong>Les</strong> innovations incessantesdans l’in<strong>du</strong>strie automobile,d’origines interne ou externe,vont perm<strong>et</strong>tre de satisfairedes demandes que lesadministrations devrontrelayer au mieux.Une nouvelle architecture électrique : le 42 volts.Photo : Renault Communication / Vincent Hubert.Ce chapitre ne s’intéresse qu’au véhicule en tant que tel.<strong>Les</strong> éléments de la “civilisation automobile” <strong>et</strong> les grandesquestions de société comme le “développement <strong>du</strong>rable”seront pris en compte uniquement dans leur relationdirecte avec le véhicule lui-même, son évolution technique,l’évolution de ses in<strong>du</strong>striels, ses instances deréglementation <strong>et</strong> les services qui lui sont directement liés.En eff<strong>et</strong>, la réflexion prospective sur l’évolution <strong>du</strong> véhiculelui-même a toujours été moins poussée au ministère chargé


A U T O M O B I L E S E T E Q U I P E M E N T : E L A R G I R L E D I A L O G U E15de l’<strong>Equipement</strong> <strong>et</strong> des Transports que celles sur la croissance<strong>du</strong> parc <strong>et</strong> <strong>du</strong> trafic, sur les comportements <strong>et</strong> sur lesconséquences sociales.Le premier chapitre sera consacré à l’évolution de l’automobile.Le deuxième essayera de recenser, <strong>du</strong> point devue de la puissance publique, les enjeux économiques,in<strong>du</strong>striels, sociétaux, <strong>et</strong>c. Enfin, le troisième reviendra surles moyens <strong>et</strong> la légitimité de l’intervention <strong>du</strong> ministèrede l’<strong>Equipement</strong>, des Transports <strong>et</strong> <strong>du</strong> Logement dans ledomaine des véhicules.En 1999, l’automobile représentait 12,9% de la consommationdes ménages, soit 620 milliards de francs TTC (4,2 % pourl’achat de véhicules neufs <strong>et</strong> 8,7 % de frais de fonctionnement :carburants, pneus, réparations, entr<strong>et</strong>ien, assurances). <strong>Les</strong>investissements en infrastructures de voirie étaient environ de55 milliards de francs <strong>et</strong> leur exploitation de 70 milliards defrancs (à répartir entre les divers usagers de la route). C’estdire l’importance économique de l’automobile. Mais, l’achat desvéhicules neufs ne représente que 27 % de ce total, même s’ilconditionne les frais de fonctionnement ultérieurs.Divers 0,9 %Entr<strong>et</strong>ienréparationCarburantsPièces,accessoiresVéhiculesneufsExploitation desinfrastructuresInvestissementsen infrastructures<strong>Les</strong> dépenses de l’automobile particulièreramenés en pourcentage des dépenses des ménages1,2 %1,5 %1,9 %2,6 %3,4 %4,2 %0,0 0,5 1,0 1,5 2,0 2,5 3,0 3,5 4,0 4,5DES PROBLEMATIQUES NOUVELLESET RENOUVELEESDans le très vaste domaine de l’évolution technologique,il nous a fallu faire le choix des préoccupations sociétalesles plus importantes. On en a r<strong>et</strong>enu huit, dont seulementsept seront développées dans le présent chapitre.Un premier groupe est constitué d’objectifs publics. Ilcomprend :• les pollutions de tous types (atmosphérique, bruit, déch<strong>et</strong>scomme les huiles <strong>et</strong> les carcasses) ;• l’énergie <strong>et</strong> l’eff<strong>et</strong> de serre ;• la sécurité ;• la réponse aux craintes engendrées par l’augmentation<strong>du</strong> trafic des poids lourds (avec leurs aspects réels <strong>et</strong> leursaspects irrationnels). On ne traitera pas en détail c<strong>et</strong>tequestion, malgré son impact auprès de l’opinion 1 .1. L’évolution des logiques de l’in<strong>du</strong>strie <strong>et</strong> de ladistribution à la base <strong>du</strong> développement si rapide<strong>du</strong> trafic routier de marchandises est totalementextérieure aux véhicules eux-mêmes. Certainescraintes irrationnelles <strong>du</strong> public reposent sur des“aspects” des véhicules ( taille, bruit, <strong>et</strong>c.). <strong>Les</strong>réalités objectives entrent dans les catégories dela sécurité, des pollutions, des nuisances engénéral (bruit) <strong>et</strong> des consommations d’énergie.Le contrôle des réglementations (vitesse, interdictionde circulation) imposées aux poids lourdsparaît faible dans notre pays, mais cela neconcerne pas le véhicule lui-même. L’impositionde dispositifs obligatoires aux poids lourds estplus complexe que pour les véhicules particuliers,car la concertation doit inclure, outre lesconstructeurs, des utilisateurs très organisés (routiers<strong>et</strong> “donneurs d’ordre” <strong>du</strong> transport), ce quin’est pas le cas des particuliers. <strong>Les</strong> r<strong>et</strong>ardsindéniables constatés dans le passé sur des mesuressimples (normes d’émissions polluantes, barresanti-encastrement, extincteurs) sont peut-êtreliés à c<strong>et</strong>te contrainte.P OLITIQUE P UBLIQUE POUR L’AUTOMOBILE


Evolutions ou révolutions16<strong>Les</strong> dates d’applicationdes normes Euro I,II, III <strong>et</strong> IV sontindiquées avec leurseff<strong>et</strong>s sur la ré<strong>du</strong>ctiondes émissions.PM = ParticulesCO = Oxyde decarboneHC = HydrocarburesimbrûlésNOx = Oxydes d’azote2. D’autres technologies s’y sont ajoutées,visant à prévenir la formation de polluantsdans le moteur : recirculation desgaz brûlés, amélioration de la combustion,accélération de la mise en activité<strong>du</strong> catalyseur au démarrage à froid,<strong>et</strong>c.3. Le plomb, contenu dans un additifuniversellement utilisé alors, est unpoison pour les catalyseurs.Ré<strong>du</strong>ction des émissions des automobiles diesel198419861988199019921994199619982000200220042006Euro I Euro II Euro III Euro IVRé<strong>du</strong>ction des émissions des automobiles à essence198419861988199019921994199619982000200220042006Euro I Euro II Euro III Euro IV2008201020082010Source : Commission européenne,DG Entreprise, Bruxelles, 12 avril 2000.Un deuxième groupe de préoccupationstient plutôt à l’accélérationde l’évolution techniquedes véhicules eux-mêmes <strong>et</strong>au déplacement des centres dedécision des in<strong>du</strong>striels, nouveautésqui posent des interrogationsinconnues auparavant.<strong>Les</strong> causes de ce phénomènesont très nombreuses. Il s’agitde :• l’évolution <strong>du</strong> “cœur de métier”des fabricants automobilesvers l’assemblage d’élémentspro<strong>du</strong>its par des équipementiers;• l’accélération des évolutionstechniques (moteur, systèmeconstructif, architecture descommandes) ;• la mondialisation <strong>du</strong> systèmede pro<strong>du</strong>ction des véhicules <strong>et</strong>de leur normalisation technique,ainsi que les rupturestechnologiques intro<strong>du</strong>ites dansla stabilité <strong>du</strong> “système automobile”par certains constructeurs,notamment japonais ;• l’impact des nouvelles technologies(électronisation <strong>du</strong>véhicule <strong>et</strong> systèmes intelligentsde transport), tant sur la sécuritéque sur la mobilité.NUISANCES ET POLLUTIONS LOCALESElles sont nombreuses : pollutions atmosphériques, bruit,huiles <strong>et</strong> carcasses de véhicules hors service.Le contrôle des émissions de polluants atmosphériques(oxydes d’azote, hydrocarbures <strong>et</strong> oxydes de carbone) adébuté avec le pot catalytique trois voies assurant lacatalyse oxydo-ré<strong>du</strong>ctrice des gaz d’échappement 2 . Cestechnologies ont d’abord pu répondre aux nuisances liéesau “smog oxydant”, né des polluants <strong>et</strong> <strong>du</strong> climat ensoleilléavec des vents faibles, dans certaines grandes agglomérationsde Californie aux USA. Puis, des préoccupationsécologiques plus générales connues sous le nom de pluiesacides, regroupant des évolutions climatiques complexesqui agissent sur la végétation <strong>et</strong> les eff<strong>et</strong>s de nombreusessources polluantes autres que l’automobile (oxydes desoufre in<strong>du</strong>striels), les ont fait étendre à l’ensemble desUSA, puis au Japon.En Europe, le mouvement ayant con<strong>du</strong>it à imposer les potscatalytiques trois voies s’est appuyé sur le problème despluies acides <strong>et</strong> sur des intentions écologiques compliquées(lutte connexe contre les émissions de plomb, contenu dansl’essence, nuisibles pour la santé 3 ). Il a été soutenu, au début,par quelques pays disposant de subventions locales(Allemagne, pays scandinaves). La mesure a été imposée àl’ensemble de l’Europe début 1993, bien après les USA <strong>et</strong> leJapon (1985), aux termes de débats européens acharnés(avec les constructeurs automobiles <strong>et</strong> les pétroliers).Le <strong>du</strong>rcissement de ces réglementations a été continu, tantpour les véhicules particuliers que pour les poids lourds.


A U T O M O B I L E S E T E Q U I P E M E N T : E L A R G I R L E D I A L O G U E17La diminution des particules émises par les moteurs, dieselessentiellement, nuisibles pour la santé <strong>et</strong> déplaisantes parleur aspect de fumées <strong>et</strong> leur odeur, s’est ajoutée au contrôledes émissions de polluants. D’autres polluants secondairesfont l’obj<strong>et</strong> d’examens épidémiologiques (benzène, <strong>et</strong>c.).C<strong>et</strong>te histoire complexe m<strong>et</strong> en évidence trois problématiquesdistinctes :• l’évolution est “tirée par la technologie” : c’est la possibilitéde limiter une pollution qui détermine la puissancepublique à s’intéresser à ce suj<strong>et</strong> ;• le cheminement décisionnel est complexe <strong>et</strong> variableselon les zones ;• les résistances sont plus fortes en Europe <strong>et</strong> n’ont étésurmontées que grâce à des “initiatives”, celles de l’Allemagne<strong>et</strong> des pays scandinaves.<strong>Les</strong> gains unitaires sur les émissions d’un véhicule ontdivisé celles-ci par des facteurs allant, selon le polluant,de 10 (hydrocarbures imbrûlés) à 100 (pour le CO).Malgré la lenteur <strong>du</strong> renouvellement <strong>du</strong> parc automobile,les émissions, stabilisées dans un premier temps, sont envoie de diminution rapide. Toutefois, il reste des motifsd’inquiétude concernant certains polluants secondaires(c’est-à-dire issus de la transformation de gaz émis par lesvéhicules) comme l’ozone dans la troposphère.Avec la généralisation de l’injection <strong>du</strong> carburant, l’ensembledes véhicules diesels <strong>et</strong> à essence relève désormais de techniquescommunes. Des transpositions entre les technologiesdiesel pour poids lourds <strong>et</strong> diesel pour véhicules légers <strong>et</strong>moteurs à essence se font dans un mouvement continud’évolution : injection à haute pression, common rail,injecteurs pompes. La formulation des carburants, gazoleou essence, doit évoluer vers une optimisation conjointemoteur-carburant. <strong>Les</strong> programmes de recherche européenAuto-Oil ont permis de faire avancer les connaissances <strong>et</strong>d’imposer des améliorations des carburants (gazoledésulfuré par exemple) à l’in<strong>du</strong>strie pétrolière.L’amélioration continue de l’utilisation des carburantsclassiques diminue l’intérêt de la plupart des carburantspropres prônés au début des années 1990 pour leur actionsur les pollutions locales, par la “loi sur l’air <strong>et</strong> l’utilisationrationnelle de l’énergie” <strong>du</strong> 30 décembre 1996 4 .La mise au point des techniques de la catalyse en milieuoxydant perm<strong>et</strong>tra de diminuer les émissions polluantespour les diesels <strong>et</strong>, appliquée aussi aux moteurs à essence,de réaliser des gains d’énergie importants (mélange pauvre).Quelques modèles s’en prévalent déjà. <strong>Les</strong> normes européennesen préparation pour 2005-2008 5 devraient aboutirà son extension obligatoire à tous les véhicules diesels.Une question d’actualité reste sans réponse à ce jour :comment éliminer les vieux véhicules mal réglés (ou impossiblesà régler) qui finissent par être la principale sourcepolluante ? La solution technologique des “dispositifsindéréglables” envisagée est-elle réaliste ? Ou doit-onavoir une politique de gestion <strong>du</strong> parc ?Une technologie très nouvelle est apparue sur les marchésen 1998 : le véhicule à transmission hybride électrique,dont près d’une dizaine 6 de modèles sont présents sur lemarché japonais actuellement. L’un d’eux, la Prius deToyota, a été intro<strong>du</strong>it sur le marché européen en 2000.4. Certains carburants r<strong>et</strong>enus par laloi sur l’Air (électricité, GPL, gaznaturel, carburants oxygénés) perm<strong>et</strong>taientdes gains significatifs par rapportaux anciennes normes d’émissions, cequi n’est plus le cas aujourd’hui.D’autres n’agissent pas sur les pollutionslocales, mais ont seulement uneaction sans intérêt économique surl’eff<strong>et</strong> de serre (biocarburants).5. L’Allemagne, suivant une pratiqueancienne, offre déjà des aides incitativesaux ach<strong>et</strong>eurs de tels véhicules,en prévision de la mise en place desnormes futures.6. En mars 2000 l’ADIT (Associationpour la diffusion de l’informationtechnologique) recensait sept modèlesde 7 constructeurs différents. In RevueTechnologies internationales, n°64.P OLITIQUE P UBLIQUE POUR L’AUTOMOBILE


Evolutions ou révolutions18Laboratoire chimique de dépollution.Banc à rouleaux - mesure de polluants.Photo : Renault Communication /Hervé Desdemaines / Studio Press.7. Même avec une amélioration de laparité euro/$ <strong>et</strong> un pétrole à 22/25$/baril (au lieu de 35 $/baril l’été 2000)il resterait un coefficient de 200 % parrapport au prix de 10/12 $/baril ayanteu cours dans les années 1990.8. Le “Plan national énergétique” desUSA, présenté par le Président Bushle 17 mai 2001, prévoit 4 Mds de $d’allègements fiscaux pour l’achat devéhicules hybrides électriques.La lutte contre le bruitdes véhicules a enregistréplusieurs avancéestechnologiquesmajeures. <strong>Les</strong> contremesuresde bruit utilisentun haut-parleurqui pro<strong>du</strong>it un contrebruità partir d’uneanalyse <strong>du</strong> bruit émispar le pot d’échappement,annulant pratiquementcelui-ci. <strong>Les</strong>pots d’échappementdes poids lourds situésen hauteur, <strong>et</strong> pour celapeu concernés par lesprotections phoniquesdes infrastructures,seraient particulièrementdésignés pour utiliser ces techniques. Des pneussilencieux, en tout cas plus silencieux, sont déjà proposéspar des fabricants. S’agissant de dispositifs qui ne profitentque peu directement à l’ach<strong>et</strong>eur lui-même, le développementdes marchés de ces équipements suppose desactions volontaristes des pouvoirs publics qui ne peuventse faire qu’au niveau européen.Le recueil <strong>et</strong> le traitement des huiles <strong>et</strong> des carcasses devéhicules sont en pratique à la charge des directionsdépartementales de l’<strong>Equipement</strong>, alors que ce sont lesministères chargés de l’In<strong>du</strong>strie <strong>et</strong> de l’Environnement quien sont responsables au niveau réglementaire.ENERGIE ET EFFET DE SERRELe contrôle des consommations d’énergie, établi lors descrises de prix <strong>du</strong> pétrole de 1973 à 1986, a été relancéen 2000 7 . Cela réactualise la recherche des économiesd’énergie, passée au second plan dans la période de pétrolepeu cher.La lutte contre le changement climatique, dû à l’augmentationde l’eff<strong>et</strong> de serre, amorcée lors de la conférencede La Haye à la fin des années 1980, s’est donnée, avecles accords internationaux successifs de Rio de Janeiro,Kyoto <strong>et</strong> Buenos Aires, un cadre qui est loin d’être définitif.A côté de mesures concernant la maîtrise de la croissancedes déplacements automobiles (plans de déplacementsurbains), l’évolution technologique vers des véhiculesmoins consommateurs constitue la pièce maîtresse despolitiques à suivre. Mais aux simples économies d’énergies’ajoute une dimension particulière : la substitution descarburants pétroliers par des carburants moins riches encarbone fossile, ou d’autres énergies, l’électricité primaire 8notamment (qui s’insère dans la politique plus générale dela pro<strong>du</strong>ction d’électricité, nucléaire en particulier).<strong>Les</strong> contradictions initiales entre la lutte contre les pollutionsatmosphériques locales <strong>et</strong> la diminution des consommationssont connues depuis longtemps : élaboration pluspoussée des carburants, abandon de techniques peuconsommatrices (mélange pauvre). Mais la hausse <strong>du</strong> niveautechnologique se révèle souvent bénéfique à terme pourla consommation : la généralisation de la technologiede l’injection <strong>du</strong> diesel au moteur à essence, liée au potcatalytique trois voies, a permis des gains de consommation


A U T O M O B I L E S E T E Q U I P E M E N T : E L A R G I R L E D I A L O G U E19considérables que n’aurait jamais permis la technologieà bout de souffle <strong>du</strong> carburateur. Cependant, c<strong>et</strong>teproblématique est trop souvent oubliée lorsqu’il s’agitde prospective. Ainsi, la filière piles à combustible àl’hydrogène électrolytique ou ex gaz naturel ne pro<strong>du</strong>itcertes aucun polluant local réglementé, mais consomme4 à 8 fois autant d’énergie fossile que le moteur à gaznaturel carburant ou le véhicule électrique.La quasi totalité des véhicules dans le monde utilise descarburants pétroliers : gazole, essence ou gaz de pétroleliquéfiés (GPL = butane, propane <strong>et</strong> leurs isomères). Ledéveloppement <strong>du</strong> GPL-carburant, moins utilisé en France(150 000 véhicules) que dans d’autres pays comme leJapon, les Pays-Bas ou l’Italie (1 500 000 véhicules), estglobalement limité <strong>du</strong> fait de sa faible disponibilité. Issusenviron pour moitiés <strong>du</strong> pétrole <strong>et</strong> <strong>du</strong> gaz naturel, les GPLsont en réalité peu disponibles <strong>et</strong> représentent moins de8% des fractions susceptibles de fournir des carburants.90% de leur pro<strong>du</strong>ction sert déjà au chauffage des maisons,à la pétrochimie, au raffinage, à l’in<strong>du</strong>strie <strong>et</strong> à la cuisine.Le seul véritable carburant alternatif est le gaz naturelcommercial, pro<strong>du</strong>it indépendamment <strong>du</strong> pétrole.Composé de méthane <strong>et</strong> d’un peu d’éthane 9 , il contientmoins de carbone fossile à énergie égale que les carburantspétroliers, dont il reste très proche <strong>du</strong> point de vue des technologiesdes moteurs. Il nécessite un réservoir lourd <strong>et</strong>volumineux. Il est très peu utilisé en France. Certainspays le développent rapidement (USA), d’autres l’utilisentdepuis longtemps : Argentine, Italie avec 400 000 véhiculesparticuliers (sur un parc total équivalent au parc français)<strong>et</strong> une part atteignant parfois 8% <strong>du</strong> parc dans les régions<strong>du</strong> nord les mieux desservies par le réseau gazier. <strong>Les</strong>deux conditions de ce succès ont été la mise en place d’unréseau de professionnels bien formés, responsables <strong>et</strong>contrôlés, <strong>et</strong> l’intérêt porté à ces activités par les sociétésde distribution gazière.Le choix des carburants (gazole, essence <strong>et</strong> GPL), utilisésdans une zone économique, est lié à l’ensemble de sapolitique énergétique. Ainsi, les USA trouvent l’utilisationdes “coupes pétrolières 10moyennes” (gazole <strong>et</strong>/oufioule domestique) dans lechauffage des bâtiments <strong>et</strong>l’in<strong>du</strong>strie. Ils ont donc eumoins besoin d’utiliser legazole comme carburant, cequi a été un des grands axesde la politique pétrolièreeuropéenne. C<strong>et</strong>te interdépendancede l’ensemble dela politique énergétique doitêtre prise en compte danstoute démarche prospective.Un fort développement des véhicules diesels légers estfavorable à la baisse des émissions de carbone fossile. <strong>Les</strong>parcs diesels les plus développés (en France, Belgique ouAutriche) se trouvent dans les pays où existe une fortedifférence de taxes entre l’essence <strong>et</strong> le gazole. L’Allemagneou l’Italie ont pratiqué de telles différences mais les ontré<strong>du</strong>ites lorsque les véhicules diesels ont atteint un pourcentagede l’ordre de 20 à 25 % des ventes, afin de lestabiliser. L’harmonisation européenne des taxations desStation service pour le gaz naturel.Photo : AFGNV.9. Le gaz naturel “brut” contient aussides hydrocarbures en C 3 <strong>et</strong> C 4 (GPL),<strong>du</strong> N 2 , <strong>du</strong> H 2 S, <strong>du</strong> CO 2 .10. Le pétrole brut fournit diverses“coupes”, cokes <strong>et</strong> brais, fioules lourds,ensemble gazole-fioule domestique,kérosène, essences, GPL.P OLITIQUE P UBLIQUE POUR L’AUTOMOBILE


Evolutions ou révolutions20Bus fonctionnant au gaz naturel - Paris.<strong>Les</strong> réservoirs sont dans la bosse logée sur le toit.Photo : RATP / Jean-François Mauboussin.11. Le “programme national de luttecontre le changement climatique” de2000 prévoit l’étude des “conditionstechniques <strong>et</strong> économiques de la miseen place d’un contrôle d’étanchéité deséquipements de climatisation automobile”<strong>et</strong> “d’élaborer des normes pour lescomposants des équipements de laclimatisation automobile”.carburants, inéluctable notamment pour l’harmonisation<strong>du</strong> transport de marchandises, pose la question de lapérennité de ces situations.<strong>Les</strong> carburants oxygénés ou de biomasse, l’aquazole, <strong>et</strong>c.r<strong>et</strong>enus par la loi sur l’air <strong>et</strong> l’utilisation rationnelle del’énergie ne sont guère susceptibles d’apporter de gains ence qui concerne la lutte contre l’eff<strong>et</strong> de serre : ils ne sontdonc pas r<strong>et</strong>enus par le “programme national de luttecontre le changement climatique” de 2000.Dans le domaine de la recherche-développement <strong>et</strong> dela prospective, la contradiction entre les objectifs delutte contre l’eff<strong>et</strong> de serre <strong>et</strong> de diminution des pollutionslocales paraît souvent oubliée. Ainsi, la recherchedéveloppementfrançaise devrait tenir compte de ceque l’électricité européenne est à plus de 50 % d’origin<strong>et</strong>hermique : le développement <strong>du</strong> véhicule électriqueaugmenterait les émissions à eff<strong>et</strong> de serre chez la plupartde nos voisins.L’utilisation d’électricité “primaire” (nucléaire, solaire,hydraulique) sous forme d’hydrogène ne pro<strong>du</strong>irait niCO, ni hydrocarbures imbrûlés, en l’utilisant dans desmoteurs (mais il resterait des NOx) ou dans des “piles àcombustible”. <strong>Les</strong> prototypes de tels véhicules sontnombreux. La plupart utilisent le méthanol, reformé enhydrogène. Mais les rendements de transformation del’électricité en hydrogène con<strong>du</strong>isent à des pertes d’énergieimportantes. De même, la pro<strong>du</strong>ction de méthanol (environ15 millions de tonnes par an dans le monde) est actuellementtotalement issue <strong>du</strong> gaz naturel (sa pro<strong>du</strong>ction àpartir de biomasse ne saurait être que marginale dans lefutur). Il a été démontré qu’il est plus bénéfique pour lalutte contre l’augmentation de l’eff<strong>et</strong> de serre d’utiliserdirectement le gaz naturel comme carburant ou l’électriciténucléaire dans des véhicules électriques (ou hybridesélectriques).Toutefois, la situation particulière de la France en ce quiconcerne les énergies primaires, avec son secteur nucléaire,devrait la con<strong>du</strong>ire à mener une réflexion spécifique surles véhicules hybrides électriques “biénergie” (c’est-à-direutilisant soit <strong>du</strong> carburant, soit de l’électricité <strong>du</strong> secteur),en complément des réflexions plus générales menées auniveau européen.L’évolution continue <strong>du</strong> groupe motopropulseur, avecl’amélioration de la combustion dans les moteurs <strong>et</strong>l’apparition de nouvelles transmissions (transmissionsélectriques, nouveaux types de boîtes automatiques), devraitapporter des gains d’énergie importants. <strong>Les</strong> accordsvolontaires Eucar des constructeurs automobiles ont pourobjectif une diminution importante des émissionsde CO 2 .Le développement des auxiliaires en général, dont laclimatisation, accroît les consommations, donc les émissionsde CO 2 à eff<strong>et</strong> de serre. <strong>Les</strong> HFC (hydrofluorocarbones)utilisés en climatisation automobile en remplacementdes CFC <strong>et</strong> HCFC, destructeurs de la couche d’ozonestratosphérique <strong>et</strong> bannis par le protocole de Montréal de1987, sont des gaz à eff<strong>et</strong> de serre, dont l’utilisation sedéveloppe 11 .


A U T O M O B I L E S E T E Q U I P E M E N T : E L A R G I R L E D I A L O G U E21LA SECURITEOn emploiera les termes de sécurité primaire, secondaire<strong>et</strong> tertiaire, de préférence à d’autres comme sécuritéactive ou passive 12 . La sécurité primaire concerne tout cequi contribue à éviter l’accident. La sécurité secondaireconsiste à limiter les conséquences des chocs. La sécuritétertiaire vise l’organisation des secours <strong>et</strong> le traitement desblessures.La sécurité secondaire est devenue une préoccupation àpartir de 1950Jusqu’à la seconde guerre mondiale, c’est le comportementdynamique <strong>du</strong> véhicule, élément fondamental de lasécurité primaire, qui occupait le premier plan. Résultatd’innovations très complexes, la sécurité secondaires’appuie sur la biomécanique des chocs, sur les progrèsdans la conception des véhicules <strong>et</strong> sur des équipements,finalement peu nombreux. En pratique, cela s’est tra<strong>du</strong>itpar l’absorption d’énergie par des déformations aménagéesde la structure des véhicules, l’aménagement intérieur <strong>et</strong>le renforcement d’habitacles protecteurs, la ceinture desécurité <strong>et</strong> les airbags. Ces dispositifs continuent à évoluer.Ces innovations résultent principalement des étudesmenées par les constructeurs automobiles (<strong>et</strong> des équipementiers),associant des médecins, des ingénieurs <strong>et</strong> desaccidentologues. Certaines recherches réalisées dans lesannées 1970, comme l’experimental saf<strong>et</strong>y vehicle (ESV),qui aboutissaient à des véhicules de 2 tonnes lourds <strong>et</strong>agressifs, n’ont, en revanche, pas eu de postérité.C<strong>et</strong>te évolution constitue une réussite remarquable del’in<strong>du</strong>strie automobile. Il faut toutefois noter que la puissancepublique a eu beaucoup de difficultés à imposercertains dispositifs. La ceinture de sécurité, disponible enoption dès 1955, n’a été obligatoire aux places avantqu’en 1973 <strong>et</strong> aux places arrière qu’en 1985. Elle a doncmis plus de trente ans pour s’imposer.La vraie question est celle des limites de la sécuritésecondaire. Yves Georges, ancien directeur techniquechez Renault 13 va jusqu’à affirmer : “La protection en casd’accident par une déformation contrôlée de la structuredes véhicules <strong>et</strong> l’usage de moyens de r<strong>et</strong>enue est près deses limites. Elle ne résout pas le problème insoluble de lacompatibilité (38 tonnes contre 2 tonnes)”. Sans allerjusque-là, on peut penser à juste titre que l’on approchedes limites de la sécurité secondaire.12. Ces termes, plutôt utilisés par lesconstructeurs automobiles, concernentuniquement les dispositifs liés auxvéhicules <strong>et</strong> sont donc moins compl<strong>et</strong>s.13. In La Rouge <strong>et</strong> la Jaune, janvier2001.P OLITIQUE P UBLIQUE POUR L’AUTOMOBILECrash test. La ceinture de sécurité a mis plus de trente ans pour s’imposer.Photo : Inr<strong>et</strong>s.


Evolutions ou révolutions22Dès l’origine, la sécurité primaire s’est essentiellementattachée à deux objectifs :certainement <strong>du</strong>rant les prochaines années vers un contrôlecentralisé de la trajectoire.Boîte de vitesses DPO Renault-PSA Peugeot-Citroën.Dessin écorché de la boîte devitesses proactive.Photo : Renault Communication /Patrick Grace.14. Voici une nomenclature de onze fonctionsque donnait une revue automobiled’une bonne tenue technique en l’an2000 : 4x4 = quatre roues motrices ;transmission intégrale, légèrementdifférent <strong>du</strong> 4x4; EBD = répartiteur électroniquede freinage ; ABS = systèmeantiblocage de roues ; DSCIII = contrôledynamique de stabilité; DSTC = contrôledynamique de traction <strong>et</strong> de stabilité;EPS = programme électronique de stabilité(souvent noté ESP); VDC = contrôledynamique <strong>du</strong> véhicule; VSC = contrôlede stabilité <strong>du</strong> véhicule ; amortissementvariable à gestion électronique (adapte l<strong>et</strong>arage des amortisseurs); antipatinage;AFU = assistance au freinage d’urgence.• poser comme principe la notion de “maîtrise <strong>du</strong> véhicule”par le con<strong>du</strong>cteur ;• améliorer le comportement dynamique <strong>du</strong> véhicule, dèsles débuts de l’automobile.La conception initiale de l’évitementdes chocs garde tout son intérêt. Ellesuppose le recueil d’une grande quantitéde données : visibilité, signalisation,adhérence, <strong>et</strong>c. Le recueil de données parvision directe a été complété par des aides(rétroviseurs) <strong>et</strong> des avertisseurs spécialisés(feux stop, clignotants). L’évolution <strong>et</strong>la multiplication des dispositifs techniquesconçus pour la sécurité primairepose néanmoins quelques problèmes :les con<strong>du</strong>cteurs doivent être informés des caractéristiques<strong>et</strong> modes d’emploi de ces équipements dont la présencemodifie parfois profondément les conditions de con<strong>du</strong>ite. <strong>Les</strong>sensations de confort <strong>et</strong> de sécurité ne doivent surtout pascontribuer à ré<strong>du</strong>ire la vigilance ou augmenter la vitesse.L’époque récente a vu un développement foisonnant d’aidesqui perm<strong>et</strong>tent de faire mieux que le con<strong>du</strong>cteur <strong>et</strong> delibérer son attention. L’ABS, apparu vers 1985 sur le trèshaut de gamme, est un automatisme d’amélioration <strong>du</strong>comportement dynamique en passe aujourd’hui d’êtremonté en série sur la quasi totalité des modèles. Il a étésuivi de nombreux autres dispositifs, qui se répandentrapidement sur les marchés 14 . C<strong>et</strong> ensemble évolueraEn libérant l’attention <strong>du</strong> con<strong>du</strong>cteur, la boîte de vitessesautomatique, qui représente 90% <strong>du</strong> marché au Japon <strong>et</strong>aux Etats-Unis, perm<strong>et</strong> une con<strong>du</strong>ite “apaisée”. Elle estrestée longtemps marginale en Europe, probablement <strong>du</strong> faitde réglementations défavorables (mesures fiscales, règlesrelatives à l’apprentissage) recouvrant des attitudes protectionnistes.L’apparition récente de nouvelles technologiesde boîtes de vitesses automatiques (boîtes sèches robotisées<strong>et</strong> boîtes à variation continue) <strong>et</strong> la croissance rapide depuis1995 de ce marché peut faire espérer que l’Europe finirapar rejoindre les autres grands marchés mondiaux.Le limiteur de vitesse adaptatif, dont l’installation obligatoireest à l’étude au niveau européen, est en fait identiqu<strong>et</strong>echniquement au régulateur de vitesse (dit cruise control)déjà répan<strong>du</strong> aux USA <strong>et</strong> au Japon en complément de laboîte de vitesses automatique. Ce dispositif équipe aussiles boîtes manuelles de certains véhicules haut de gammedepuis 1990. Il est également installé en seconde monte surun faible pourcentage <strong>du</strong> marché scandinave ou hollandais(500 F en série). Il a pour objectif la prévention de l’excèsde vitesse, reconnu comme un facteur prépondérant dansde très nombreux accidents.Contrairement aux systèmes ci-dessus, la trentaine d’automatismesde sécurité envisagés dans le cadre des systèmesintelligents de transport visent des situations d’accidentstrès différenciées <strong>et</strong> représentent chacune des parts variables,mais faibles, de la totalité des accidents. <strong>Les</strong> programmesnombreux (Prom<strong>et</strong>heus, SCS au Japon, IVI aux USA,


A U T O M O B I L E S E T E Q U I P E M E N T : E L A R G I R L E D I A L O G U E23Adase en Europe) semblent incapablesactuellement de discriminerl’intérêt potentiel de chacun de cesdispositifs. L’utilisation de l’ensembledes quelque trente dispositifs disponiblespeut probablement servir àéviter une partie des accidents de laroute. Cependant deux problèmesdoivent être soulevés : celui de leurcoût (loin d’être négligeable) <strong>et</strong> celuide l’insuffisance <strong>du</strong> taux de fiabilitédes capteurs nécessaires à leur fonctionnement.<strong>Les</strong> espoirs que fontnaître les promesses des chercheursdevraient être évalués. Il est très peuprobable que c<strong>et</strong> ensemble voit réellementle jour. Il serait certainementplus efficace de concentrer les effortssur les facteurs les plus fréquentsd’accidents, comme l’alcoolisme (voir encadré) <strong>et</strong> la baissede vigilance, domaines auxquels trop peu de crédits sontmalheureusement consacrés.La sécurité tertiaire s’est énormément améliorée avec lesprogrès de la médecine <strong>et</strong> de l’organisation des secoursEn ce qui concerne le véhicule lui-même une innovationfondamentale, le système d’alerte (mayday), est apparueaux USA vers 1995, avec les systèmes Rescu <strong>et</strong> Onstarde Ford <strong>et</strong> General Motors. Un message d’alerte, déclenchéautomatiquement ou par le con<strong>du</strong>cteur <strong>et</strong> donnant lepositionnement <strong>du</strong> véhicule par satellite (Global Positioning<strong>Les</strong> équipements de “contrôle”Divers équipements visent le contrôle des comportements. La boîte noire, déjà imposéeaux flottes de poids lourds, pourrait être imposée à des contrevenants, ou à des flottesdevant avoir un niveau de sécurité particulier (flottes de véhicules publics ou de transportsen commun). Elle perm<strong>et</strong>, après l’accident, ou à titre préventif, de vérifier divers paramètres(vitesses, temps de con<strong>du</strong>ite notamment).L’éthylotest coupe-circuit (dit interlock) empêche le véhicule de démarrer tant que le con<strong>du</strong>cteurn’a pas vérifié que son alcoolémie, mesurée dans son haleine, est suffisamment basse.Commercialisé aux USA en 1986, c’est une des techniques les plus prom<strong>et</strong>teuses concernantl’infraction alcoolique, que l’on r<strong>et</strong>rouve dans près de 40 % des accidents mortels en France.Il n’est évidemment pas question de le généraliser, mais de l’imposer aux contrevenants,en tant que récidivistes éventuels, par voie de justice. Ce système est coûteux à l’achat(environ 6 000 F) <strong>et</strong> demande un entr<strong>et</strong>ien <strong>et</strong> un contrôle périodique, <strong>du</strong> fait de son caractèrelégal. Trente états américains <strong>et</strong> deux provinces canadiennes ont une législation perm<strong>et</strong>tantl’installation sur décision <strong>du</strong> juge d’un interlock.System) est reçu par un centre d’appel. Celui-ci est capablede déclencher les secours quasi instantanément partoutdans le pays. Malgré un succès indéniable, près d’un milliond’utilisateurs en 2000, ce dispositif ne se développe pasaussi vite qu’on pourrait le souhaiter. La question principaleest celle de son installation en deuxième monte, avec uncentre d’appel indépendant des marques. Seule la deuxièmemonte perm<strong>et</strong>trait une pénétration vraiment rapide dansle parc existant. Malheureusement, les constructeursautomobiles (en Europe comme aux USA) envisagenttoujours plutôt une diffusion de type classique, commençantpar le haut de gamme, puis descendant en gamme,pour recouvrir la majeure partie <strong>du</strong> parc en au moins unevingtaine d’années.P OLITIQUE P UBLIQUE POUR L’AUTOMOBILE


Evolutions ou révolutions2418 00017 50017 00016 50016 00015 50015 00014 50014 00013 50013 00012 50012 00011 50011 00010 50010 0009 5009 0008 5008 0007 5007 0006 5006 0005 5005 0004 5004 0003 5003 0002 5002 0001 5001 0001965<strong>Les</strong> véhicules neufs dans le mondeEtats-Unis17 Pays d’EuropeJapon1967196919711973197519771979198119831985198719891991199319951997199920012003200520072009Etats-Unis 17 Pays d’Europe JaponLa croissance des immatriculations se ralentit dans les pays développés.Source : Document PSA.L’ACCELERATION DE L’EVOLUTION TECHNIQUE DEL’AUTOMOBILEC<strong>et</strong>te accélération rem<strong>et</strong> en question les interactions entrel’administration <strong>et</strong> l’in<strong>du</strong>strie automobile. Elle découled’abord de causes internes à l’in<strong>du</strong>strie : croissance desmarchés des automobiles, compétition internationale,diversification des pro<strong>du</strong>its qui alimentent la recherchedéveloppement.De plus, des évolutions forcées sontimposées de l’extérieur par de nouvelles réglementations(l’injection réservée au diesel s’imposant aux véhicules àessence pour diminuer les pollutions) : ce sont des mouvementsque ne connaissait guère l’in<strong>du</strong>strie automobileavant la fin des années 1980. <strong>Les</strong> eff<strong>et</strong>s de série déclenchentà leur tour de nouvelles répartitions entre techniques.Des révolutions technologiques,comme l’informatisation, lanumérisation <strong>et</strong> la simulation,ont raccourci les temps deconception <strong>et</strong> de mise en pro<strong>du</strong>ctiondes véhicules. Ce mouvementa concerné aussi lesrelations entre les entreprises,constructeurs automobiles <strong>et</strong>leurs sous-traitants, <strong>et</strong> engendréun modèle d’interactionsnouvelles parfois dénommé“co-développement”. Des avancéesin<strong>du</strong>strielles nouvelles,difficilement imaginables avecprécision, sont à attendre dessystèmes de e-commerce businessto business, en termes de prix, de modifications des relationsavec les sous-traitants, de flexibilité des approvisionnements<strong>et</strong> des modèles, <strong>et</strong>c.La mondialisation de la pro<strong>du</strong>ction des automobiles rendplus difficiles les conservatismes locaux. C’est ainsi que l’in<strong>du</strong>strieeuropéenne ne peut ignorer les avancées concernantles véhicules hybrides électriques ou les systèmesintelligents de transport, réalisées au Japon par exemple.LA MONDIALISATION DE L’INDUSTRIE AUTOMOBILELa mondialisation de l’in<strong>du</strong>strie automobile a remplacé unsystème où chaque “pays constructeur” menait une politiquein<strong>du</strong>strielle en accord avec ses entreprises pro<strong>du</strong>ctrices. Renaultappartenait à l’Etat. Des quotas aux importations de véhiculesjaponais existaient encore tout récemment. Un tout premierpas a été la constitution d’un marché unique européen, alorsque le nombre des pays pro<strong>du</strong>cteurs diminuait en Europe.La mondialisation est liée à l’exportation. L’essor de l’in<strong>du</strong>striejaponaise repose sur l’exportation de modèles différentsde ceux destinés à sa consommation intérieure (la “p<strong>et</strong>iteHonda” ou les grosses motocycl<strong>et</strong>tes interdites à l’utilisateurjaponais). Puis elle s’est tra<strong>du</strong>ite par l’émergence demodèles convenant (ou supposés convenir) à tous lesmarchés, comme la (première) Ford Mondeo.Un nouveau mouvement de mondialisation vient d’avoir lieu.Il part <strong>du</strong> constat que les marchés automobiles européen,japonais <strong>et</strong> américain sont devenus essentiellement des


A U T O M O B I L E S E T E Q U I P E M E N T : E L A R G I R L E D I A L O G U E25marchés de renouvellement, leurs parcs augmentantdésormais très lentement. <strong>Les</strong> marchés d’accroissement <strong>du</strong>parc automobile se situent donc dans les pays émergents,en Asie, en Amérique <strong>du</strong> Sud, ex-URSS, <strong>et</strong>c., d’où la naissancede grands conglomérats internationaux <strong>du</strong> type desquatre groupes DaimlerChrysler Mitsubishi, General MotorsIsuzu Fuji Suzuki, Ford Mazda ou Renault Nissan Samsung.Ce phénomène, dont toutes les conséquences sont loind’être imaginées, entraînera certainement une remise encause de tous les systèmes de normalisation, dans lesquelsl’administration est directement impliquée. Ainsi, les nouveauxsystèmes intelligents de transport ont engendré desorganisations qui rassemblent les participants à desniveaux mondiaux (ITS America, Ertico pour l’Europe, <strong>et</strong>Vertis pour le Japon). Ces organisations généralistes sedoublent de groupes très spécialisés comme le “forumInformation Data Bus” sur le multiplexage 15 .LES SYSTEMES INTELLIGENTS DE TRANSPORT ET LEURSEFFETS SUR LA MOBILITE<strong>Les</strong> systèmes intelligents de transport, issus de l’applicationconjointe des progrès de l’informatique, des télécommunications,des satellites (positionnement) <strong>et</strong> des automatismesforment un ensemble complexe. Outre les dispositifs sécuritaires<strong>et</strong> d’automatisation de la con<strong>du</strong>ite, ils visent aussil’exploitation <strong>du</strong> trafic, la navigation <strong>et</strong> l’information descon<strong>du</strong>cteurs <strong>et</strong> des usagers en général, la gestion <strong>et</strong> lesservices aux flottes (camions, taxis, services), le contrôle<strong>du</strong> groupe motopropulseur.Des amalgames entre tous ces champs sont faits enpermanence 16 . Ainsi le lien privilégié entre la sécurité <strong>et</strong> lesaméliorations de la mobilité, de l’exploitation <strong>et</strong> del’information a été érigé en dogme dès le milieu des années1980. Or, les développements ultérieurs ont montréque les marchés sont beaucoup plus distincts qu’on nel’imaginait. De même, les objectifs poursuivis sont beaucoupplus différenciés que ne le veut le consensus officiel.A côté d’améliorations apportées à des activités anciennes(exploitation des voiries urbaines), on a vu apparaître d<strong>et</strong>rès nombreux pro<strong>du</strong>its ou services totalement inimaginablesil y a seulement quinze ans : certains auteurs parlentde plus de 130 pro<strong>du</strong>its ou services distincts. Et il enapparaît chaque année.<strong>Les</strong> marchés d’un même type de pro<strong>du</strong>it (ou service) parmiles systèmes intelligents de transport sont très différentsselon les zones. L’Europe a joui d’une certaine avance dansl’exploitation <strong>et</strong> l’information sur la voirie <strong>et</strong> dans les systèmesdestinés aux flottes, les USA dans les systèmes d’alerte,le Japon dans le guidage <strong>et</strong> les informations à bord (avecun parc de 5 millions de terminaux). Mais ces spécificitéssont toujours susceptibles d’être remises en question.Ces pro<strong>du</strong>its <strong>et</strong> services s’adressent à trois marchés trèsdifférents : les collectivités publiques (exploitation desvoiries <strong>et</strong> transport en commun, autoroute automatisée),des ach<strong>et</strong>eurs assuj<strong>et</strong>tis (dispositifs obligatoires de sécurité)<strong>et</strong> enfin des ach<strong>et</strong>eurs libres de leur choix. Un secondfacteur de diversification est la coexistence de véhiculesparticuliers <strong>et</strong> de flottes commerciales ou in<strong>du</strong>strielles, dontles objectifs <strong>et</strong> les demandes sont très différents.15. Le multiplexage (data bus enanglais) est un réseau de transmissionde données numériques interne auvéhicule, unique pour toutes lescommandes <strong>et</strong> tous les automatismes(ITS ou pas). Le forum IDB créé enjuin 1999 par le Automotive multimediainterface collaboration, lui-mêmecréé en octobre 1998 par cinq constructeurs<strong>et</strong> rejoint en mai 1999 par lesautres constructeurs automobiles mondiaux,comprend d’autres membres queAMIC, notamment des représentants deITS (Ertico, <strong>et</strong>c.).16. Ces amalgames résultent <strong>du</strong> soucides initiateurs des programmes derecherche de mobiliser le plus decommanditaires possibles par unedéfinition “attrape-tout”. Avantageuseau départ, c<strong>et</strong>te pratique peut se révélerdésastreuse lors des présentations derésultats. Lors de la démonstration deSan Diego en 1997, les “politiques” sesont aperçus (ou ont feint de s’apercevoir)que le programme Automatedhighway system ne visait nullement la“sécurité”, mais l’augmentation decapacité des voies rapides. Ce fut leprétexte de l’arrêt <strong>du</strong> proj<strong>et</strong> (les vraiescauses sont plus complexes).P OLITIQUE P UBLIQUE POUR L’AUTOMOBILE


Evolutions ou révolutions26Le nombre des acteurs impliqués y est considérable, car àl’in<strong>du</strong>strie automobile (constructeurs, équipementiers)s’ajoutent les in<strong>du</strong>striels de l’informatique, des télécommunications,de l’espace <strong>et</strong> les opérateurs de services(réseaux de télécommunications, Intern<strong>et</strong>, “nouvelle économie”).Certains exploitants des voiries <strong>et</strong> des réseaux d<strong>et</strong>ransports en commun ont affiché l’ambition de réaliser euxmêmesles systèmes de services concernés, malgré leurmanque de culture in<strong>du</strong>strielle. <strong>Les</strong> différences de culture<strong>et</strong> de rythme d’évolution sont considérables entrel’in<strong>du</strong>strie automobile <strong>et</strong> certains acteurs extrêmementévolutifs (informatique, télécommunications, services).l’une des raisons des r<strong>et</strong>ards pris en Europe <strong>et</strong> en France,par rapport aux Etats-Unis <strong>et</strong> surtout au Japon. Celui-cia su notamment favoriser le développement de la secondemonte (échappant par essence aux constructeurs automobiles)qui est à l’origine de l’explosion de sesmarchés, ce que n’ont pas su faire les Etats-Unis <strong>et</strong>l’Europe. Le mouvement suivant, d’inclusion de cespro<strong>du</strong>its dans l’automobile, n’est sans doute pas le termede l’évolution : une part importante des services, ycompris de navigation <strong>et</strong> d’information routière, passerasans doute par les portails utilisant le téléphone mobile <strong>et</strong>donc sera fourni par ses opérateurs.Système de navigationBirdview.Photo : Nissan 2000.17. Le principal salon annuel dédié auxITS, IncarTech, est une initiative desTélécommunications totalement ignoréedes représentants <strong>du</strong> ministère desTransports : il n’y avait aucun d’entreeux parmi les 80 orateurs <strong>et</strong> présidentsde séance <strong>du</strong> séminaire accompagnantce salon en fin 2000…<strong>Les</strong> liens anciens entre tel domaine in<strong>du</strong>striel<strong>et</strong> tel service ministériel sont inadaptés àl’établissement de relations nouvelles avecces nouveaux acteurs, même si ce type deliens se noue au niveau des organisationsinternationales (Ertico, Vertis, ITS America,IDB, <strong>et</strong>c.). Ainsi, l’activité <strong>du</strong> secteurdes télécommunications dans les servicesaux mobiles (guidage, information routière,gestion de flottes, <strong>et</strong>c.) ne s’est tra<strong>du</strong>itepar aucun lien nouveau entre le ministèrefrançais chargé des transports <strong>et</strong> ce secteur qui lui esttraditionnellement étranger 17 . Bien plus, on constate descrispations sur la propriété des données géographiques<strong>et</strong> des données de trafic, la protection des intentionsin<strong>du</strong>strielles des opérateurs traditionnels des transports(autoroutes, parkings, transports en commun).Dans un contexte national, ces résistances ont trouvé dessolutions très efficaces au Japon. Elles sont certainementDe tels remaniements des compétences sont inéluctables :on peut les déceler en France dans la mainmise <strong>du</strong>secteur des télécommunications sur le principal salonconsacré aux pro<strong>du</strong>its <strong>et</strong> services pour la gestion des flottes(Salon IncarTech). De même, l’acquisition de données d<strong>et</strong>rafic directement à partir des téléphones mobilesperm<strong>et</strong>tra aux opérateurs de ces services de passer outreles réticences des collectivités <strong>et</strong> gestionnaires de voiriesà m<strong>et</strong>tre à disposition librement leurs données.La difficulté des pouvoirs publics à penser les stratégies àm<strong>et</strong>tre en œuvre dans le domaine des systèmes intelligents d<strong>et</strong>ransport, en rupture avec les répartitions de compétencestraditionnelles <strong>et</strong> avec le lien initialement posé avec lamobilité <strong>et</strong> la sécurité, est mondiale. Aussi a-t-on vu deschangements de cap considérables dans les stratégiespubliques de recherche-développement : par exemple, lamontée puis l’abandon des programmes “d’autorouteautomatisée” aux USA <strong>et</strong> au Japon, l’absence de suiteimmédiate donnée à Prom<strong>et</strong>heus en Europe après 1996, <strong>et</strong>c.


A U T O M O B I L E S E T E Q U I P E M E N T : E L A R G I R L E D I A L O G U E27LES ENJEUX<strong>Les</strong> transports sont pour une très grande part au service del’activité générale <strong>et</strong>, comme tels, relèvent d’un contrôlepublic (Europe, Etats) particulier, à l’intérieur d’une économielibérale. Cela se tra<strong>du</strong>it par des réglementations contraignantespesant sur les véhicules (sécurité, pollution, énergie,eff<strong>et</strong> de serre), des règles d’usage (code de la route) <strong>et</strong> d’apprentissage,une fiscalité particulière à l’automobile (dans tousles pays), la prise en charge totale des infrastructures routières,portuaires ou aéroportuaires (financement, construction,gestion, exploitation), ou d’autres exceptions au libéralisme(systèmes de vente des automobiles). On se trouvedonc en face d’un secteur économique sous contraintes.NATURE DES ENJEUX<strong>Les</strong> enjeux in<strong>du</strong>striels sont de trois natures, selon qu’ilsconcernent les marchés publics, les pro<strong>du</strong>its <strong>et</strong> servicesrelevant de l’économie libérale, ou les dispositifs imposésaux ach<strong>et</strong>eurs de véhicules.<strong>Les</strong> matériels utilisés dans les services publics dépendentd’un co-développement assuré par les administrationsach<strong>et</strong>euses <strong>et</strong> les in<strong>du</strong>striels ; c’est l’analogue de ce qui sepasse dans les travaux publics ou les matériels de transportsen commun. La maîtrise de la politique in<strong>du</strong>striellepar l’Etat y est donc très directe.<strong>Les</strong> consommateurs, pour autant qu’ils sont libres de l’utilisationde leur argent, doivent pouvoir disposer de choixouverts. Ce n’est pas forcément lecas. Même si certains protectionnismesanciens sont en voie dedisparition, ils n’en persistent pasmoins sous des formes diverses,dénoncées par les in<strong>du</strong>strielsquand ils concernent d’autrespays.Le choix des ach<strong>et</strong>eurs d’automobileest restreint, <strong>du</strong> fait del’intégration de multiples équipementsen un seul ensemble, levéhicule. C’est toute la questionde la politique des dispositifs “de série” ou “en option”,attachés à tel modèle ou telle gamme d’automobiles.L’émergence de technologies en rupture concurrentes d<strong>et</strong>echniques en place, forcément plus chères car en p<strong>et</strong>itesséries, est difficile. Si la puissance publique désire lesfavoriser, elle ne manque pas de moyens d’action :• subventions à des options que l’on veut voir se développer: c’est le cas en Allemagne ;• achats de véhicules par les pouvoirs publics ;• fiscalités dissuasives spécifiques (vign<strong>et</strong>te), subventionsde type Balla<strong>du</strong>r<strong>et</strong>te 18 , règles de structure des marchéss’imposant directement aux in<strong>du</strong>striels, comme les normesCAFE (corporate average fuel economy) de 1978 auxUSA, <strong>et</strong>c.Cependant, divers pro<strong>du</strong>its en rupture sont apparus<strong>du</strong>rant la dernière décennie sur les marchés japonais,véhicules électriques hybrides, pro<strong>du</strong>its des systèmesintelligents de transport, boîte de vitesses à variationTino Hybride électrique.Photo : Nissan 2000.18. Il s’agit de la subvention à la destructiondes vieux véhicules accompagnantl’achat d’un véhicule neuf. Cedispositif a été suivi de la “Jupp<strong>et</strong>te”,diversifiée selon la taille <strong>du</strong> véhicule.Ces dispositions ont amené une baisse de“consommation normalisée” de 6% enmoyenne sur l’ensemble des véhiculesneufs ven<strong>du</strong>s à c<strong>et</strong>te période. Uneimportante clientèle à revenus moyens,habituée aux véhicules d’occasion, a puach<strong>et</strong>er des véhicules neufs, plus p<strong>et</strong>its<strong>et</strong> moins motorisés. La réussite des p<strong>et</strong>itsmodèles disponibles chez Fiat a fini parsusciter l’hostilité des constructeursfrançais à ces mesures. Toutefois, c<strong>et</strong>teaction n’a pas fait l’obj<strong>et</strong> d’une évaluationapprofondie : eff<strong>et</strong>s sur la revente desvéhicules usagés, détails des gains,théorie économique très particulière dece type d’action. La Cour des comptesa regr<strong>et</strong>té ce manque d’évaluation dansson rapport pour 2000.P OLITIQUE P UBLIQUE POUR L’AUTOMOBILE


Evolutions ou révolutions28Système antidérapage (ASR). Schéma.Photo : Renault Communication / Hubert Vincent.19. <strong>Les</strong> normalisations de fait sontpratiquement la règle dans l’informatique(Microsoft, les PC, Intern<strong>et</strong>). Celaest dû à la rapidité <strong>du</strong> changement. <strong>Les</strong>systèmes intelligents de transport nepourront échapper à ce phénomène,même si on le déplore.continue pour véhiculespuissants, <strong>et</strong>c. La puissancepublique se doit dem<strong>et</strong>tre les in<strong>du</strong>striesnationales (européennes)en face des questionnementsposés par l’apparitionde ces pro<strong>du</strong>its derupture. <strong>Les</strong> subventionspubliques importantesdestinées à la recherchedéveloppementdans ledomaine de l’automobileont pour contrepartie deconférer une légitimitéà la puissance publiquepour proposer des orientationsqui ne seraient peut-être pas toutes identiquesà celles issues des propositions bottom up venant del’in<strong>du</strong>strie.<strong>Les</strong> pro<strong>du</strong>its innovants destinés à être ren<strong>du</strong>s obligatoiresont fait l’obj<strong>et</strong> dans le passé de contestations vigoureusesde la part des in<strong>du</strong>striels. Le pot catalytique obligatoirequi touchait aussi bien l’in<strong>du</strong>strie automobile que pétrolièreen est un exemple récent en Europe. Aussi,l’Allemagne <strong>et</strong> les pays scandinaves ont-ils subventionnéces pro<strong>du</strong>its avant 1990 pour leur créer un marché enattendant qu’ils deviennent obligatoires. C<strong>et</strong>te problématiquereste consubstantielle à tous les pro<strong>du</strong>its plus utilesà d’autres qu’à l’ach<strong>et</strong>eur, qui n’en veut donc pas. Cecientraîne une divergence entre l’intérêt public <strong>et</strong> celui desin<strong>du</strong>striels soumis aux désirs de leurs clients.<strong>Les</strong> désutilités imputables à certains choix des consommateursse tra<strong>du</strong>isent par des pénalisations fiscales.C’est en fait une modalité différente (qu’on pourrait direatténuée) des dispositions obligatoires. La limitation de lapuissance des véhicules peut ainsi se faire par undispositif matériel, ou bien par des taxes décourageant lesgrosses puissances (c’est ce qui avait été obtenu par lavign<strong>et</strong>te en France). Ce type de régulation est souventdénoncé par l’in<strong>du</strong>strie, qui exige par ailleurs qu’elle variele moins possible au cours <strong>du</strong> temps (tout changementétant supposé porter atteinte aux intérêts des uns ou desautres).L’ARTICULATION DES RESPONSABILITESOn doit distinguer trois niveaux d’action :• un niveau mondial où se situe la politique in<strong>du</strong>strielle desconstructeurs automobiles <strong>et</strong> la recherche-développement;• l’Europe qui édicte les réglementations concernant levéhicule, le cadre des contrôles des véhicules en circulation<strong>et</strong> le cadre <strong>du</strong> permis de con<strong>du</strong>ire ;• l’Etat français <strong>et</strong> l’ensemble des acteurs publics, collectivitésterritoriales, concessionnaires, <strong>et</strong>c.<strong>Les</strong> deux premiers niveaux ont pour principaux obj<strong>et</strong>s larecherche-développement, les réglementations <strong>et</strong> lesnormalisations applicables aux véhicules ainsi que ladéfinition par des instances plus ou moins informelles denouvelles normalisations de fait 19 comme on le voit àl’œuvre actuellement dans tout ce qui concerne l’électronisation<strong>du</strong> véhicule.


A U T O M O B I L E S E T E Q U I P E M E N T : E L A R G I R L E D I A L O G U E29<strong>Les</strong> divers organismes responsables de ces actions auniveau international, européen ou mondial, font l’obj<strong>et</strong>d’une évolution continue vers une intégration de plusen plus poussée. La mondialisation de l’in<strong>du</strong>strie automobilea accéléré c<strong>et</strong>te évolution, qui n’est certainementpas achevée.La France décide, dans un cadre européen général mais defaçon autonome, d’un certain nombre d’actions qui conditionnentles marchés des véhicules <strong>et</strong> donc la constitution<strong>du</strong> véhicule lui-même. On peut classer ces degrés deliberté en quatre catégories :• politique nationale de recherche-développement, encomplément de la politique communautaire ;• influence sur les marchés nationaux de diverses manières;• application des règlements généraux qui sont de laresponsabilité de la Communauté européenne, ou subsidiairesà ceux-ci, voire aux éléments de la réglementationmondiale ;• initiatives françaises pour l’évolution des réglementations(normalisation, <strong>et</strong>c.) de niveau européen ou mondial.En voici quelques exemples :• le Predit, programme français de recherche-développementsur les transports, à côté de la recherche institutionnelle<strong>et</strong> d’aides générales à la recherche in<strong>du</strong>strielle ;• les freins purement nationaux apportés à l’utilisation desboîtes de vitesses automatiques, actions sur la conformation<strong>du</strong> parc (Balla<strong>du</strong>r<strong>et</strong>te), subventions à certains carburantsou même obligation d’y recourir (flottes publiques), achatsdes flottes publiques, facilités locales en faveur de tel typede véhicule, dégrèvements (vign<strong>et</strong>te pour les véhiculesélectriques) ;• les particularités françaises de l’application des règlementscommunautaires : fiscalité (à l’intérieur de largesfourch<strong>et</strong>tes communautaires), modalités détailléesd’obtention <strong>du</strong> permis de con<strong>du</strong>ire, modalités détailléesdes contrôles <strong>du</strong> parc ;• les initiatives en faveur de la limitation de la vitesse parconstruction des véhicules. D’autres pays ont pris desinitiatives nombreuses (pots catalytiques, carburantsalternatifs en dérogation, <strong>et</strong>c.).La conscience de ces degrés de liberté n’est pas forcémentclaire dans l’ensemble <strong>du</strong> système administratif, qui faitintervenir différentes administrations dont les domaines nesont pas toujours n<strong>et</strong>tement définis : il existe des recouvrementsde compétences à côté de domaines dont personnene se sent responsable.Aussi, en présence d’une question conflictuelle, ou dansla crainte de conflits potentiels avec les in<strong>du</strong>striels, certainesadministrations peuvent être tentées de soutenir que ladécision est <strong>du</strong> ressort des autorités européennes, alors qu’ilexiste des possibilités d’action nationale légitimes. Pourcertaines des administrations concernées, ce jeu fait partiedes stratégies de contrôle de leurs champs respectifs. Ainsi,le fait que la France s’interdise le recours à des actionsnationales légitimes, en pensant qu’elles incombent auxautorités européennes, est le plus souvent lié à un dysfonctionnementde la concertation interministériellenationale.Un des objectifs principaux <strong>du</strong> présent Cahier <strong>du</strong> Conseilconsiste à clarifier ces possibilités réelles d’action de laFrance par rapport aux instances européennes.P OLITIQUE P UBLIQUE POUR L’AUTOMOBILE


Evolutions ou révolutions30de con<strong>du</strong>ite des chauffeurs routiers), le ministère chargé desTélécommunications (dans les systèmes intelligents de transport),les ministères chargés de la Police (Intérieur, Armées),ou enfin le ministère chargé de l’Urbanisme <strong>et</strong> des Bâtiments,parfois séparé <strong>du</strong> ministère des Transports.<strong>Les</strong> consensus sont difficiles à obtenir. Aussi, le systèmeadministratif évite les suj<strong>et</strong>s qui fâchent. Ceux-ci recouvrentpresque toujours des questions nécessitant des changementsimportants. Notons qu’il s’agit bien là uniquementde mesures nationales.20. Même si actuellement des ministèresregroupent des ensembles plus vastes,ces domaines marquent des séparationseffectives à certaines époques. <strong>Les</strong>rivalités <strong>et</strong> divergences correspondantesy sont toujours à l’œuvre. Ainsi, ladistinction entre in<strong>du</strong>strie <strong>et</strong> énergieper<strong>du</strong>re dans la séparation de laDIGITIP (direction générale de l’In<strong>du</strong>strie,des Technologies de l’Information <strong>et</strong>des Postes) <strong>et</strong> de la DGEMP (directiongénérale de l’Energie <strong>et</strong> des MatièresPremières).A 7. Péage de Vienne. <strong>Les</strong> concessionnaires d’autoroutes sont les principaux opérateursde service public dans le domaine routier.Photo : ASF / Ph. Guignard.LES CADRES INSTITUTIONNELS<strong>Les</strong> sept principales administrations 20 concernées en Francesont les ministères chargés respectivement :• des infrastructures de transport (<strong>Equipement</strong>) ;• des transports <strong>et</strong> de la sécurité routière ;• des finances ;• de l’in<strong>du</strong>strie des véhicules ;• de l’énergie ;• de l’environnement ;• de la recherche.D’autres administrations interviennent de façon plus marginale,comme le Commissariat général <strong>du</strong> plan (prospectiveénergétique), le ministère chargé <strong>du</strong> Travail (conditionsAvant les discussions au niveau communautaire, les concertationsnationales entre services aboutissent en principe auniveau <strong>du</strong> Secrétariat général <strong>du</strong> comité interministérielpour les questions de coopération économique européenne(SGCI). Mais beaucoup de points doivent faire l’obj<strong>et</strong> deconcertations interministérielles compliquées au niveau <strong>du</strong>Premier ministre : l’exemple le plus récent est la longue <strong>et</strong>difficile mise au point <strong>du</strong> programme de lutte contre l’eff<strong>et</strong>de serre (sans parler de sa future mise en application).La <strong>du</strong>rée des discussions communautaires est fort longue :souvent plus de cinq ans. La question principale concernela manière de prendre l’initiative de lancer suffisammentà l’avance la réflexion nationale sur de nouveaux suj<strong>et</strong>sd’évolution des réglementations de niveau européen oumondial. Surtout si ces suj<strong>et</strong>s relèvent des domaines decompétence de plusieurs administrations <strong>et</strong> a fortiori siles limites de compétence sont floues. Ceci afin de laisserle temps nécessaire à la confrontation des positions <strong>et</strong>d’éviter des décisions précipitées au niveau interministériel<strong>du</strong> SGCI.


A U T O M O B I L E S E T E Q U I P E M E N T : E L A R G I R L E D I A L O G U E31Cadres institutionnels internationaux de la réglementation technique des véhicules<strong>Les</strong> réglementations techniques nationales, considérées comme des entraves aux échanges commerciaux, doivent être remplacées par une réglementation communautaireunique, d’après le traité de Rome (articles 30 à 36). Ce processus d’harmonisation, encore en cours pour d’autres catégories de véhicules, a été achevé en1992 pour les voitures particulières, <strong>et</strong> en 1997 pour les cyclomoteurs <strong>et</strong> motocycles (avec application généralisée respectivement au 1 er janvier 1996 <strong>et</strong> en juin 1999).La suppression des entraves techniques aux échanges est aussi prévue par les traités fondant l’OMC (Organisation Mondiale <strong>du</strong> Commerce). En outre, au seindes Nations-Unies, un travail d’harmonisation à l’échelle mondiale a été engagé dans le cadre des deux accords de Genève <strong>du</strong> 20 mars 1958 révisé <strong>et</strong> <strong>du</strong> 25 juin1998. Ce travail est effectué par le Forum mondial de l’harmonisation des réglementations automobiles (WP 29) assisté de six groupes d’experts spécialisés.Schématiquement, les différentes procé<strong>du</strong>res de décision internationales sont les suivantes :• La réception CEE est obligatoire depuis le 1 er janvier 1996 pour les voitures particulières. Une voiture réceptionnée dans n’importe quel Etat-membre (qui aeffectué la vérification de la conformité aux règles communautaires) doit être immatriculée partout sans aucun contrôle technique. Même chose pour les deuxroues depuis juin 1999. Pour ces deux catégories de véhicules, toute évolution de la réglementation doit être faite dans le cadre de la réception CEE.• La réception CEE se fait d’après des directives communautaires qui évoluent selon les deux modalités suivantes. Une directive nouvelle ou l’évolution majeured’une directive existante font l’obj<strong>et</strong> d’une codécision entre Parlement <strong>et</strong> Conseil. <strong>Les</strong> évolutions mineures d’une directive existante se décident de façon simplifiée.• L’accord de Genève <strong>du</strong> 20 mars 1958 a été révisé, la Communauté y ayant adhéré le 27 mars 1998. La gestion technique de l’accord de 1958 est effectuéepar le WP 29, auquel participent tous les signataires de l’accord de 1958, plus les USA <strong>et</strong> la plupart des pays économiquement avancés d’Amérique, d’Asie <strong>et</strong>d’Afrique. C<strong>et</strong>te gestion technique consiste principalement à faire évoluer les réglementations existantes : aujourd’hui 112 règlements sont annexés àl’accord <strong>et</strong> une trentaine d’amendements sont décidés, en moyenne, chaque année.L’adhésion à chacun des règlements annexés à l’accord est optionnelle pour les pays signataires de l’accord. L’adhésionentraîne l’obligation d’accepter dans son pays les véhicules homologués selon la réglementation correspondante <strong>et</strong> ledroit de délivrer les homologations internationales. La Communauté européenne a adhéré à 81 des 112 règlements deGenève, <strong>et</strong> la France à la quasi totalité d’entre eux. En outre, la plupart des pays qui participent au WP 29 sans êtresignataires de l’accord, à l’exception des USA, reconnaissent unilatéralement tout ou partie des règlements de Genève.<strong>Les</strong> décisions réglementaires sont prises à la majorité des 2/3. Pour l’adoption d’un nouveau règlement, tous les payssignataires de l’accord de 1958 prennent part au vote ; pour l’amendement d’un règlement existant, seuls les pays quiont adhéré à ce règlement y prennent part.Présence de Renault/Usine de Curitiba (Brésil).Bâtiment de tôlerie. Usine Ayrton Senna.Photo : Renault Communication.• Enfin, un accord parallèle à l’accord de 1958, dit accord global, a été adopté le 25 juin 1998. La négociation de celui-cia été menée sous la pression des Etats-Unis qui ne peuvent pas accepter les contraintes juridiques de l’accord de 1958.L’accord global est entré en vigueur le 25 août 2000 avec l’adhésion des USA, <strong>du</strong> Canada, <strong>du</strong> Japon, de la France, <strong>du</strong>Royaume-Uni, de la Communauté européenne, de l’Allemagne <strong>et</strong> <strong>du</strong> Japon. Il vise à l’élaboration de règlements mondiaux,pris à l’unanimité des parties contractantes.P OLITIQUE P UBLIQUE POUR L’AUTOMOBILE


Evolutions ou révolutions32<strong>Les</strong> deux ministères les plus importants, outre le ministèredes transports, sont celui chargé des Finances <strong>et</strong> celuichargé de l’In<strong>du</strong>strie. Ils ont des missions relativementbien définies. Outre son rôle dans la coordinationbudgétaire, le ministère des Finances est chargé des deuxdomaines fondamentaux de la fiscalité <strong>et</strong> d’éventuellesactions consistant à attribuer des subventions, ainsi que<strong>du</strong> contrôle des assurances (dont l’assurance automobile).Le ministère chargé de l’In<strong>du</strong>strie a en charge les in<strong>du</strong>striesautomobile <strong>et</strong> énergétique. La réunion actuelle d<strong>et</strong>ous ces domaines de compétence avec celui de l’in<strong>du</strong>striedes télécommunications dans le même ensemble ministériela pu simplifier la concertation, mais aussi la compliquer.Il est parfois plus difficile d’obtenir une décision au niveaud’un seul cabin<strong>et</strong> entre des directions <strong>du</strong> même ministèrequi s’opposent, que dans une concertation interministérielleoù les limites de compétence, moins nombreuses, sontplus clairement définies.L’initiative de l’examen de problèmes nouveaux devraitincomber la plupart <strong>du</strong> temps au ministère chargé desTransports. C<strong>et</strong>te obligation tient à plusieurs raisons :• ce ministère a en charge les relations avec les usagers dela route <strong>et</strong> des transports ;• ce ministère, par l’intermédiaire de sa présence auprèsde la Commission européenne, a les liens les plus directsavec les instances européennes ;• l’émergence d’un problème sous forme de crise se faittoujours directement sur le terrain dans les transportseux-mêmes, comme l’a illustré la révolte fiscale de finseptembre 2000 ;• enfin, l’émergence de nouvelles modalités des politiquesenvironnementales, à l’initiative <strong>du</strong> ministère chargé del’Environnement, implique des actions d’exécution parle ministère des Transports, qui devrait être en mesurede disposer d’analyses techniques préalables à la mise surle tapis de ces questions.Aussi, la volonté <strong>et</strong> la capacité d’initiative <strong>du</strong> ministèrechargé des Transports sont-elles fondamentales pour initier<strong>et</strong> préparer à temps les concertations interministérielles quiseront nécessaires dans le futur.LEGITIMITE ET MOYENS D’INTERVENTIONDU METLBien que les champs de compétence des divers ministères,ou des diverses directions <strong>et</strong> services à l’intérieur d’unmême ministère, apparaissent comme définis, ils sontconfrontés aux changements récents <strong>et</strong> rapides décritsci-dessus.L’évolution vers une position purement libérale neperm<strong>et</strong>trait pas dans le futur d’atteindre des objectifs quela collectivité continue à reconnaître comme fondamentaux: diminution des pollutions, sécurité, eff<strong>et</strong> surl’organisation sociale <strong>et</strong> économique. La légitimité del’action publique dans le domaine des véhicules ne paraîtdonc pas mise en cause. Mais on doit adapter les actionspubliques à des situations nouvelles.Le METL est depuis longtemps légitime dans un certainnombre de domaines classiques : réglementation des


A U T O M O B I L E S E T E Q U I P E M E N T : E L A R G I R L E D I A L O G U E33véhicules, sécurité, exploitation des voiries. Mais d’autresquestions sont apparues ou montées en puissance. Onpropose de regrouper les moyens d’intervention de lapuissance publique autour des grands domaines suivants :• la réflexion sur le “modèle automobile” ;• la politique fiscale qui oriente les marchés des véhiculesde façon importante ;• les modalités d’action sur le parc automobile <strong>et</strong> passeulement sur les véhicules neufs ;• les stratégies de la recherche-développement ;• l’intégration des politiques des transports ;• les eff<strong>et</strong>s de la croissance <strong>du</strong> juridisme.encore moins fréquentes. La principale des grandestendances d’évolution semble aller dans le sens d’unepolyvalence des véhicules de plus en plus grande (monospaces,vans, 4 roues motrices, light <strong>du</strong>ty trucks), malgréle développement parallèle de véhicules plus spécialisés(p<strong>et</strong>its véhicules). En dépit de l’intérêt porté par l’administrationaux véhicules alternatifs (p<strong>et</strong>its véhicules urbains),on doit reconnaître que le même modèle automobile sembleprévaloir partout.La recherche ex nihilo d’une diversification <strong>du</strong> modèleautomobile français devrait donc céder la place à l’interrogationportée sur les modèles étrangers qui représententquelques avenirs possibles pour notre modèle français.LE “MODELE AUTOMOBILE”L’intérêt prioritaire porté aux problèmes urbains, des trèsgrandes villes notamment, méconnaît le fait que, en France,40 % de la circulation (<strong>et</strong> donc de la valeur attribuée auvéhicule par son possesseur) concerne la longue distance(week-end, loisirs, vacances) <strong>et</strong> que 45% de la populationfrançaise (<strong>et</strong> donc des déplacements locaux) vit dans desagglomérations de moins de 100 000 habitants ou dansdes zones purement rurales. Distinguer un modèle automobilede grandes agglomérations urbaines d’un modèlenon urbain (ou rase campagne) est une démarche probablementpeu porteuse d’avenir.L’évolution des modes d’utilisation des véhicules pro<strong>du</strong>itvraisemblablement assez peu d’eff<strong>et</strong>s sur ceux-ci. <strong>Les</strong>innovations technologiques qui modifient ce que l’on peutdésigner globalement comme le modèle automobile sontL’action fiscale reste le moyen le plus fondamental pourfaire évoluer les véhicules, à côté des actions réglementaires.Une midg<strong>et</strong> : le Wagon Rde Suzuki qui a été rallongéde 20 cm pour le marchéeuropéen (Wagon R+).Photo : Suzuki.P OLITIQUE P UBLIQUE POUR L’AUTOMOBILE


Evolutions ou révolutions3421. De midge : moucheron <strong>et</strong> midg<strong>et</strong> :nain ou minuscule. Ces véhicules ontdes cotes limitées (longueur 3,3 m, largeur2 m). Il y a des sous-catégories devéhicules utilitaires <strong>et</strong> particuliers. Ilsbénéficiaient de taux de TVA ré<strong>du</strong>its,d’une vign<strong>et</strong>te à taux ré<strong>du</strong>it, de la possibilitépour les “utilitaires” d’échapperà l’obligation dans les grandes villes deposséder un garage. Ces incitations ontvarié au cours <strong>du</strong> temps. Certains ontvoulu voir dans ces véhicules une adaptationoriginelle aux voies étroites <strong>du</strong>Japon. Mais en Europe, on a connu d<strong>et</strong>els p<strong>et</strong>its véhicules (la 4 chevauxRenault, la Fiat 500) qui ont quasimentdisparu, tandis qu’au Japon lesgrands véhicules se sont développés.22. <strong>Les</strong> light <strong>du</strong>ty vehicles, light <strong>du</strong>tytrucks, sport utility vehicles (LDV, LDT,SUV) représentaient vers 1978 moins de15 % des ventes.23. Le texte de base est l’arrêté <strong>du</strong>29/5/1986. <strong>Les</strong> éléments donnés dansle texte sont très schématiques : ilscomprenaient plusieurs sous-catégories,avec des caractéristiques <strong>et</strong> desavantages propres. Mais au cours <strong>du</strong>temps, ces éléments ont varié.Importance de la fiscalité <strong>et</strong> des conditions d’usage sur les formes desvéhicules<strong>Les</strong> différences constatées entre les véhicules en usage aux USA, au Japon<strong>et</strong> en Europe, peuvent être reliées assez clairement aux politiques fiscales(<strong>et</strong> aux avantages liés à des conditions d’usage) propres à ces diverseszones. <strong>Les</strong> midg<strong>et</strong>s japonais 21 , qui représentent près de 30 % des ventes, sesont développés sur la base d’avantages fiscaux. <strong>Les</strong> normes CAFE de 1978aux USA ont permis, en pénalisant fiscalement les grosses voitures, deré<strong>du</strong>ire la consommation théorique moyenne des véhicules ven<strong>du</strong>s de 13 à8,5 l /100 km entre 1978 <strong>et</strong> 1991. Le fait d’échapper aux normes CAFEa, en revanche, dopé le marché des véhicules particuliers préten<strong>du</strong>ment utilitaires22 , qui représentent actuellement près de 50% <strong>du</strong> marché. <strong>Les</strong> différences<strong>du</strong> niveau de développement <strong>du</strong> moteur diesel selon les pays européenspeuvent être clairement reliées au niveau des taxes spécifiques le concernant(TIPP sur le gazole, vign<strong>et</strong>te, aides aux dispositifs innovants à l’allemande).La France possède depuis 1970 une catégorie de très p<strong>et</strong>its véhicules 23(environ 2,6 m de longueur, moins de 350 kg à vide) qui bénéficiaient d’unclassement artificiel dans la catégorie des moteurs de 50 à 125 cm 3 , alors queleur moteur peut avoir plus de 4 kW (s’il est diesel). Ils ont alors des privilèges(ayant varié au cours <strong>du</strong> temps) : non immatriculation, avantages fiscaux,exemptions <strong>du</strong> stationnement payant <strong>et</strong> <strong>du</strong> permis de con<strong>du</strong>ire, <strong>et</strong>c. Depuis1986, ils représentent environ 2% des ventes, avec plusieurs constructeurs.EVOLUTIONS DE LA FISCALITELa fiscalité française pesant sur les automobiles comptehuit taxes différentes, plus les péages. Or les eff<strong>et</strong>s de lapolitique fiscale dans les orientations <strong>du</strong> marché desvéhicules sont importants : utilisation <strong>du</strong> moteur dieselplutôt que <strong>du</strong> moteur à essence (la taxe sur le gazole étanttrès inférieure à la taxe sur l’essence), choix de la puissance<strong>du</strong> moteur (Balla<strong>du</strong>r<strong>et</strong>te, vign<strong>et</strong>te, taxe sur les véhiculesde société, cartes grises, taxes à l’essieu des poids lourds).On ne développera pas ici plus avant les eff<strong>et</strong>s de lapolitique fiscale sur le choix des véhicules.Une caractéristique fondamentale des taxes sur l’automobileest la recherche d’une diminution de leur “visibilité”,pratique commune à tout le système fiscal français. C’estainsi que les taxes pesant sur le carburant se décomposenten deux parties : la TIPP (taxe intérieure sur les pro<strong>du</strong>itspétroliers) <strong>et</strong> une TVA pesant fictivement sur celle-ci.Ce système a été stigmatisé par l’opinion <strong>du</strong>rant la crisede septembre 2000. Il en va de même pour la plupartdes taxes sur les véhicules de société (la taxe étant abondéede 40% par sa non dé<strong>du</strong>ctibilité de l’impôt sur les sociétés),sur les cartes grises (le plus souvent incluses dans desfrais de mise à disposition des véhicules neufs), sur lesassurances (incluses dans les contrats) <strong>et</strong> sur les péageseux-mêmes.En cas de crise, le gouvernement manque de réflexions defond préalables sur les évolutions possibles (<strong>et</strong> souhaitables)<strong>du</strong> système fiscal. De ce fait, les décisions sont souventprises à chaud.Enfin, la justification de la fiscalité automobile par lesbesoins budgétaires <strong>du</strong> système automobile (coûts decréation, d’exploitation, de gestion <strong>et</strong> de police des infrastructures)<strong>et</strong> la compensation des désutilités <strong>du</strong> systèmeautomobile (pollution, bruit, insécurité, eff<strong>et</strong> de serre)n’ont jamais été considérées comme nécessaire vis-à-vis de


A U T O M O B I L E S E T E Q U I P E M E N T : E L A R G I R L E D I A L O G U E35l’opinion publique. Se préparer à un tel débat serait judicieux,à la lumière des événements de septembre 2000.Le ministère chargé des Transports, en première ligne encas de crise, devrait en prendre l’initiative. A moins quecelle-ci ne soit <strong>du</strong> ressort <strong>du</strong> ministère des Finances. Quoiqu’il en soit, ces réflexions devront être interministérielles.LA GESTION DU PARC AUTOMOBILEL’état <strong>du</strong> parc automobile est un facteur important vis-à-visde la sécurité, des consommations ou des émissions depolluants. Mais la tradition administrative françaises’intéresse essentiellement aux matériels neufs (logements,véhicules) <strong>et</strong> peu au devenir des matériels existants. D’ailleurs,la connaissance statistique s’intéresse presque uniquementaux flux <strong>et</strong> très peu aux parcs (la suppression de la vign<strong>et</strong>teva rendre la connaissance des parcs encore plus difficile).Pourtant, la conformation <strong>du</strong> parc peut se faire de plusieursfaçons. A l’entrée, on peut inciter à des choix en subventionnantdes types de véhicules : ce fut le cas de l’Allemagne<strong>et</strong> des pays scandinaves à la fin des années 1980 pourpromouvoir les pots catalytiques, ou bien le cas de l’Italieen faveur de carburants alternatifs comme le GPL ou legaz naturel. Des aides en vue des futures normes sur lediesel prévues pour 2005-2008 sont actuellement enapplication en Allemagne.A la sortie <strong>du</strong> parc, certains pays mènent depuis longtempsdes politiques actives, qui s’appuient sur des contrôlestechniques avec des obligations de destruction des véhiculesne répondant plus aux normes souhaitées (c’est le cas auJapon) <strong>et</strong> sur des incitations fiscales au renouvellement desvéhicules.Un certain nombre d’actionspubliques s’opposent àl’amélioration <strong>du</strong> parc, àtravers la fiscalité (commela gratuité de la vign<strong>et</strong>tepour les vieux véhicules,avant que celle-ci soit supprimée),ou dans l’applicationtolérante des contrôlespour ne pas pénaliser lespossesseurs modestes devéhicules âgés.Dans un seul cas <strong>et</strong> avec lesdispositifs de subventions àla destruction de véhiculesanciens, connus sous le nomde Balla<strong>du</strong>r<strong>et</strong>te (ou Jupp<strong>et</strong>te),la France a agi spécifiquementsur les parcs. C<strong>et</strong>temesure n’a pas fait l’obj<strong>et</strong>d’une évaluation malgré lesrésultats importants apparemmentenregistrés sur laconstitution <strong>du</strong> parc automobile.Pourtant, ce typed’actions semble très efficacepour conformer le parc auxLe Japon a la politique la plus active en matière d’élimination de véhicules âgés.Photo : Durand-Raucher.P OLITIQUE P UBLIQUE POUR L’AUTOMOBILE


Evolutions ou révolutions3624. Leur financement par l’Anvar,agence nationale pour la valorisation dela recherche, peu transparent <strong>du</strong> fait dela nécessaire confidentialité, ne perm<strong>et</strong>pas de vue d’ensemble.25. RDS-TMC : radio data system -traffic management channel.Système de suivi de trajectoirepar caméra CDD de chez Nissan.Photo : Nissan 2000.objectifs de diminution despollutions <strong>et</strong> des consommations.La Cour des comptes aregr<strong>et</strong>té le manque d’évaluationa posteriori de ces dispositifs.Ces actions sur le parc s’avèrenttrès difficiles à initier dansle système administratif actuel,parce qu’elles ne relèvent desmissions d’aucune des cellulesen place. On peut regr<strong>et</strong>ter qu’il n’existe pas de réflexioncohérente sur une politique de conformation <strong>du</strong> parc.Pourtant, il s’agit là d’un problème d’avenir fondamental.Lancer c<strong>et</strong>te concertation interministérielle pose évidemmentla question de savoir qui en aura l’initiative.LES STRATEGIES DE RECHERCHE-DEVELOPPEMENTLa recherche-développement sur les véhicules fait l’obj<strong>et</strong>en France d’un programme interministériel, le Predit.L’essentiel de la recherche-développement se fait à desniveaux nationaux, car les programmes européens, dansle domaine des transports, représentent seulement l’équivalentd’un programme des quatre grands pays constructeursd’automobiles.Une question de fond a été posée : doit-on conserver desprogrammes nationaux ou plutôt s’appuyer sur lesprogrammes européens ? La faiblesse actuelle <strong>du</strong> programmeeuropéen semble l’exclure. Mais ne faudrait-ilpas, justement, donner plus d’ampleur à ce programme ?Enfin, certaines spécificités françaises comme la filière“nucléaire <strong>et</strong> véhicule électrique”, par exemple, pourraientfaire l’obj<strong>et</strong> de recherches particulières <strong>du</strong> fait de notreavance dans le domaine nucléaire.<strong>Les</strong> aides <strong>du</strong> Predit sont actuellement surtout attribuéessur des propositions de type bottom up venues desconstructeurs automobiles. <strong>Les</strong> p<strong>et</strong>ites <strong>et</strong> moyennesentreprises in<strong>du</strong>strielles intervenaient trop peu dans leprocessus <strong>du</strong> Predit dans le passé 24 . L’action actuelle en leurfaveur doit être poursuivie.Lorsque l’on considère les trois grands marchés automobilesde l’Europe, des USA <strong>et</strong> <strong>du</strong> Japon, on doit adm<strong>et</strong>tre qu’ilsprésentent des différences considérables entre eux : la prééminenceabsolue des véhicules à boîte automatique auxUSA <strong>et</strong> au Japon ; les tailles très différentes des véhicules,plus grands aux USA, ou comportant une part importantede très p<strong>et</strong>its véhicules comme au Japon ; l’utilisation devéhicules alternatifs, comme les véhicules au gaz naturelen Italie, les véhicules hybrides électriques au Japon ;ou l’avance <strong>du</strong> marché japonais dans l’intro<strong>du</strong>ction dessystèmes intelligents transports. Or, la tendance naturelledes constructeurs de chaque zone n’est pas de combler lesdifférences pointées ci-dessus.L’administration elle-même, lorsqu’elle s’écarte des propositionsdes constructeurs automobiles, a trop souventenvisagé le développement de technologies ne répondantpas aux désirs des usagers tels qu’ils s’expriment parl’intermédiaire des marchés. Un bon exemple est le soutienau RDS-TMC 25 , système qui a fait l’obj<strong>et</strong> de plusieurséchecs depuis 1990.


A U T O M O B I L E S E T E Q U I P E M E N T : E L A R G I R L E D I A L O G U E37L’étude des stratégies de recherche-développement, pourcompléter les propositions bottom up des constructeursautomobiles, ou s’y confronter, serait un des principauxmoyens d’action de la puissance publique. Ce type d’étudesinterrogera principalement les déterminants des marchésdes véhicules avec les moyens de la recherche sur l’économiein<strong>du</strong>strielle, en les comparant dans les divers pays.Il convient, en eff<strong>et</strong>, de ne pas s’en tenir au seul marchénational, où l’expression de la demande est orientée parla politique commerciale des constructeurs automobiles(comme dans tous les pays, d’ailleurs).Ces actions seront difficiles à m<strong>et</strong>tre en œuvre. Ellesdevront dépasser les préventions naturelles des in<strong>du</strong>strielsdevant ce type de curiosité qu’ils peuvent juger trop prochede la compétition in<strong>du</strong>strielle <strong>et</strong> s’efforcer de leur faire comprendrel’intérêt qu’ils pourraient y trouver. La définitionde stratégies de recherche-développement mieuxadaptées aux demandes réelles des ach<strong>et</strong>eurs devrait endécouler.L’INTEGRATION DES POLITIQUES DES TRANSPORTSAuparavant, la technologie des véhicules avait peud’eff<strong>et</strong>s sur une intégration souhaitable des divers moyensde transport. C’était un lieu commun que de regr<strong>et</strong>ter laséparation des divers moyens de transport <strong>et</strong> ses eff<strong>et</strong>snégatifs sur l’urbanisme <strong>et</strong> l’aménagement <strong>du</strong> territoireainsi que les résultats décevants d’actions entreprisesdans les domaines de la mobilité, de l’intermodalité ou<strong>du</strong> contrôle <strong>du</strong> trafic, qui s’appuyaient essentiellementsur la réalisation d’infrastructures, pôles <strong>et</strong> parkingsd’échange, <strong>et</strong>c.Désormais, l’apparition des systèmes intelligents d<strong>et</strong>ransport (en dehors de leurs applications sécuritaires)semble offrir la perspective d’une grande transformation.Ici encore, l’écueil à éviter est la recherche de technologiespolitiquement correctes au détriment de laréflexion sur l’exécution qui devrait être au cœur de cespolitiques d’intégration des transports. Ceci suppose laparticipation des divers partenaires plus ouverte que parle passé.LES NOUVEAUX ACTEURS : TRANSPORTS ET TELECOM-MUNICATIONS<strong>Les</strong> réflexions sur les conséquences de la révolution del’information <strong>et</strong> des télécommunications sur les transportsn’ont pas manqué. Elles sont restées trop souvent trèsthéoriques, alors que la réalité évoluait très rapidement.On a signalé ci-dessus la réussite des activités de la sphèredes télécommunications dans le domaine de l’automobile,à travers le phénomène des salons IncarTech. L’absencequasi absolue des administrations ou des organismes derecherche liés au METL à ces manifestations n’est pasforcément un mal en soi. Mais il est à craindre qu’elle n<strong>et</strong>ra<strong>du</strong>ise un divorce grandissant avec la réalité de la demandedes usagers.L’in<strong>du</strong>strie automobile, par son adaptation au marché, samaîtrise de ses propres techniques (moteurs notamment),P OLITIQUE P UBLIQUE POUR L’AUTOMOBILE


Evolutions ou révolutions38son contrôle de ses équipementiers <strong>et</strong> son aptitude àrepousser ou différer l’application de technologies concurrentesémergentes (comme le véhicule électrique), constituaitjusqu’à présent l’interlocuteur in<strong>du</strong>striel privilégié despouvoirs publics dans le domaine des transports routiers.Le rapprochement del’administration chargéedes transports de cellechargée des télécommunications,ainsi que des in<strong>du</strong>striels <strong>et</strong> services de cesdomaines, paraît ainsi devoir être un objectif urgent àprendre en compte par les directions <strong>du</strong> METL.Centre d’appel d’urgence Stacad.Photo : Document PSA Peugeot-Citroën.L’apparition des systèmes intelligents de transport, àpartir des technologies de l’informatique, des télécommunications,<strong>du</strong> positionnement à partir de satellites <strong>et</strong><strong>du</strong> développement des automatismes, intro<strong>du</strong>it de nouveauxacteurs : in<strong>du</strong>strielsde l’électronique <strong>et</strong>des logiciels, in<strong>du</strong>strielsdes services de télécommunications<strong>et</strong> des nouvellestechnologies (typeIntern<strong>et</strong>). La structureancienne des administrations,qui s’était développéeen face de la seulein<strong>du</strong>strie automobile,n’est probablement plusadaptée dès lors qu’ilfaut prendre en compteces nouveaux acteurs.C<strong>et</strong>te difficulté est particulièrementsensible auministère des Transports.LE DEVELOPPEMENT DU JURIDISMEL’emprise croissante <strong>du</strong> juridisme dans la société française,notamment vis-à-vis des services publics (santé), devraitfaire l’obj<strong>et</strong> d’une réflexion particulière dans le domainedes transports. En cas d’accident, les services de l’Etat oudes collectivités concernées sont de plus en plus souventmis en cause.A c<strong>et</strong>te évolution, s’ajoutent des problématiques nouvellesqui viennent de deux côtés : d’une part certaines administrationsentendent continuer à maîtriser des domaines quitendent à leur échapper (comme l’information routière),d’autre part les usagers peuvent être amenés à impliquer lapuissance publique par toutes sortes de moyens juridiques.Ainsi, un usager ne pourrait-il pas se plaindre d’avoirobtenu une mauvaise information d’origine publique luiayant causé des torts, même si celle-ci lui a été transmisepar des services privés. Ceci d’autant plus que la collectivitéaura fait payer ces informations aux entreprises,<strong>et</strong>c. <strong>Les</strong> dispositifs de sécurité interactive “voie-véhicule”,ou coopératif “véhicule-véhicule” impliqueront automatiquementdes dispositifs publics. Vers qui l’usager ser<strong>et</strong>ournera-t-il en cas de dysfonctionnement de ces futurspro<strong>du</strong>its ? Un cas précis est déjà en application : il concerneles systèmes automatiques d’alerte en cas d’accident.


A U T O M O B I L E S E T E Q U I P E M E N T : E L A R G I R L E D I A L O G U E39L’opérateur de ces services doit intervenir auprès desservices d’urgence : comment se fera le partage desresponsabilités ?<strong>Les</strong> réponses envisageables peuvent être très souples. Lapuissance publique peut adm<strong>et</strong>tre de se désengager decertains domaines, en laissant toute la responsabilité auxservices concernés (dans l’information par exemple).Ou bien elle peut assumer totalement ses responsabilitésdans un certain nombre de dispositifs. De toutes façons,on devra élaborer des doctrines nouvelles sur la responsabilitépublique concernant ces nouveaux dispositifs d<strong>et</strong>ype systèmes intelligents de transport.Simulateur de con<strong>du</strong>ite.Photo : Renault Communication / Philippe Castano.En dehors de l’Etat, la collectivité est représentée par une séried’organismes (collectivités territoriales <strong>et</strong> services publics)propriétaires (en théorie), gestionnaires ou exploitantsdes infrastructures. Bien qu’ils n’aient apparemment pasde responsabilité dans la réglementation des véhicules,ces divers organismes ont une action non négligeable. Dèslors qu’il y a interaction entre le véhicule <strong>et</strong> l’infrastructure(cas de certains systèmes intelligents de transport), ilsavancent certaines prétentions in<strong>du</strong>strielles ou financièrespour prix de leur collaboration, en mobilisant inutilementles subventions à la recherche-développement, ou par leurvolonté de commercialiser les informations publiques(cartographie, données de trafic), pourtant mises gratuitementà la disposition générale dans la plupart des pays.Bien qu’apparemment mineures, ces résistances des collectivités<strong>et</strong> services publics disposant des infrastructurescontribuent à r<strong>et</strong>arder certaines évolutions des véhicules.Le ministère des Transports est le mieux placé pour prendrel’initiative de faire disparaître ces résistances Bibliographie1 - Rapports annuels de la Commission des Comptes des Transports de la Nation, éditeur Directiondes affaires économiques <strong>et</strong> internationales, Service économique <strong>et</strong> statistique, METL.2 - Le parc automobile des ménages, étude annuelle, éditeur Inr<strong>et</strong>s.3 - Le marché des véhicules, immatriculations en 2000, parcs au 1-1-2001, éditeur Direction desaffaires économiques <strong>et</strong> internationales, Service économique <strong>et</strong> statistique, METL.4 - <strong>Les</strong> rapports <strong>et</strong> la revue de l’ADIT : “Agence pour la diffusion de l’information technologique”,association dépendant en fait <strong>du</strong> ministère des Affaires étrangères, constituent une bonne source surles activités étrangères en matière d’in<strong>du</strong>stries automobiles, de systèmes intelligents de transport, <strong>et</strong>c.5 - Carburants <strong>et</strong> moteurs, Jean-Claude Guib<strong>et</strong>, éditions Technip de l’Institut français <strong>du</strong> pétrole, 1997.6 - Energies nouvelles pour l’automobile, Jean Orselli, éditions Paradigme, collection Transports<strong>et</strong> communication, 1992.7 - La maîtrise de l’énergie, Evaluation de la politique de l’énergie par une Instance présidée parYves Martin, Comité interministériel d’évaluation des politiques publiques, Commissariat général<strong>du</strong> Plan, édition La Documentation française, 1998.8 - L’In<strong>du</strong>strie Automobile, G. de Bonnafos, J.J. Chanaron, L. de Mautort (1983), Paris, La DécouverteMaspero, coll. Repères, n°11.9 - Vers un système automobile européen, Paris, Economica, avril 1991. E. de Banville, J.J. Chanaron.10 - L’auto immobile, F. Wasservogel, 1977, Denoël, Coudées Franches, Paris.P OLITIQUE P UBLIQUE POUR L’AUTOMOBILE


En un siècle,l’automobile est entréedans notre universen le transformantradicalement.Elle est à la foisun instrument demobilité qui influenceprofondémentl’organisationéconomique <strong>et</strong> sociale,mais aussi un obj<strong>et</strong>personnel porteur denotre identité.L’automobile de demain : un obj<strong>et</strong> “mécatronique” ?FRANÇOIS DE CHARENTENAYDIRECTION DE LA RECHERCHEGROUPE PSA PEUGEOT-CITROENDans ce cadre, quellesera la voiture dedemain ? Commentles constructeursautomobile vont-ilspréparer c<strong>et</strong>tecomposante essentiellede notre avenir ?Si les progrès passent parl’amélioration desinfrastructures routières, lesconstructeurs doiventégalement poursuivre leursefforts pour concevoir desvéhicules plus sûrs <strong>et</strong> moinspolluants. En eff<strong>et</strong>, au mêm<strong>et</strong>itre que la sécurité,l’environnement est devenuun enjeu majeur.Concept car Bobslid.Photo : Document PSA Peugeot-Citroën.L’analyse doit être faite en partant de deux points de vue :celui <strong>du</strong> client <strong>et</strong> celui de la demande sociale (environnement,mobilité, <strong>et</strong>c).Commençons par ce qui touche le client directement, cequ’il ressent dans son véhicule : confort, agrément decon<strong>du</strong>ite, ambiance intérieure, <strong>et</strong>c. <strong>Les</strong> nouveaux équipements,les automatismes <strong>et</strong> les dispositifs d’aide à lacon<strong>du</strong>ite comme le contrôle automatique des distancesavec le véhicule précédent, le traitement acoustique <strong>et</strong>


A U T O M O B I L E S E T E Q U I P E M E N T : E L A R G I R L E D I A L O G U E41lumineux des habitacles, les nouveaux matériaux <strong>et</strong> biend’autres évolutions en préparation feront de la voitureun lieu de calme, de sécurité <strong>et</strong> de convivialité.UN AXE ESSENTIEL DE PROGRES : CELUI DE LA SECURITELa sécurité est une demande à la fois indivi<strong>du</strong>elle <strong>et</strong> collectiveimpliquant la société dans son ensemble. Si les progrèspassent par l’amélioration des infrastructures routières,les constructeurs doivent également poursuivre leurs effortspour concevoir des véhicules de plus en plus sûrs. <strong>Les</strong>dispositifs de protection en cas d’accident vont se développer<strong>et</strong> devenir plus efficaces. Mais les progrès les plus importantsviendront d’une meilleure capacité à éviter l’accidentgrâce à des systèmes d’alerte destinés à informer lecon<strong>du</strong>cteur des situations critiques suffisamment à l’avance.<strong>Les</strong> études menées sur simulateurs de con<strong>du</strong>ite ont montréclairement qu’une bonne performance dans la perception<strong>et</strong> le diagnostic perm<strong>et</strong>tait d’éviter de très nombreux accidents.<strong>Les</strong> capteurs radar seront capables, pour un coûtmodique, d’apporter des solutions à ces questions.UN ENJEU POUR L’INDUSTRIE AUTOMOBILE : REPONDREAUX PREOCCUPATIONS ENVIRONNEMENTALESAu même titre que la sécurité, la question de l’environnementrevêt aujourd’hui une très grande importance,même si son impact sur l’indivi<strong>du</strong> <strong>et</strong> sur la société estplus faible. Le moteur thermique, qui équipe la plupart desvéhicules actuels, a fait des progrès considérables enrendement <strong>et</strong>, depuis ces dernières années, en ré<strong>du</strong>ction desémissions polluantes. D’ailleurs, les eff<strong>et</strong>s de c<strong>et</strong>te améliorationcommencent à être perceptibles sur la qualitéde l’air dans les villes. Le dernier saut technologique dansce sens concerne la mise au point <strong>du</strong> filtre à particulesannoncée récemment par PSA Peugeot-Citroën.QUELLE CHAINE DE TRACTION “PROPRE” EQUIPERA LAVOITURE DE DEMAIN ?Contrôle de vitesse adaptatif.Photo : Nissan.Pour les dix ouquinze prochainesannées au moins,c<strong>et</strong>te propulsionpropre sera baséesur le moteur thermiquedont les progrèsse poursuivront suffisamment pour assurer unexcellent niveau de qualité de l’air. Ces progrès seront<strong>du</strong>s à la capacité, offerte par l’électronique, de piloterde façon de plus en plus fine le déroulement de lacombustion. Qu’il fonctionne au diesel, à l’essence,ou avec d’autres types de carburants, le moteur dedemain sera une machine de mieux en mieux contrôlée<strong>et</strong> s’intégrera très bien dans un environnement sansrisque.P OINTS DE V UE


L’automobile de demain : un obj<strong>et</strong> “mécatronique” ?42Principe de fonctionnementd’une pile à combustible.Photo : Document PSA Peugeot-Citroën.Mais dans le domaine de l’environnement, la solution radicaleest celle <strong>du</strong> véhicule électrique. Or, son autonomie estlimitée actuellement à une centaine de kilomètres. Onespère atteindre deux cents kilomètres avec les batteriesau lithium. Pour augmenter la capacité d’autonomie de cesvéhicules, une solution existe : elle consisterait à générerl’énergie électrique à partir d’un véhicule hybride dont legénérateur serait un p<strong>et</strong>it moteur thermique. A long terme,ce générateur serait une pile à combustible, seul systèmeà offrir une grande autonomie <strong>et</strong> à ne dégager aucuneémission polluante ; mais sa viabilité économique reste àdémontrer.LES INTERACTIONS DE L’AUTOMOBILE SUR L’EFFET DE SERRESi les perspectives dans le domaine de l’environnementparaissent assez positives, une question nouvelle se pose :celle de la contribution de l’automobile à l’eff<strong>et</strong> de serrepar la pro<strong>du</strong>ction de gaz carbonique issu de la combustiondans les moteurs.De nombreuses études récentes confirment l’influence desémissions anthropiques sur le réchauffement atmosphérique.<strong>Les</strong> constructeurs européens d’automobiles se sontengagés à ré<strong>du</strong>ire les émissions de gaz carbonique à140 grammes par kilomètre en moyenne pondérée, àl’horizon 2008. Avec l’allégement des véhicules, dessystèmes hybrides, électriques <strong>et</strong> thermiques, représententune voie prom<strong>et</strong>teuse. C<strong>et</strong>te solution perm<strong>et</strong> de ré<strong>du</strong>irela puissance <strong>du</strong> moteur thermique, de récupérer l’énergieau freinage ou d’arrêter le moteur si son énergie n’est pasnécessaire. Notons qu’en plus de ses propres travauxsur le plan technique, le Groupe PSA Peugeot-Citroëns’est impliqué directement dans la lutte contre l’eff<strong>et</strong> deserre en créant le premier “puits de carbone”, à savoir uneplantation au Brésil perm<strong>et</strong>tant d’absorber 50 000 tonnesde carbone par an.Le développement considérable de l’usage de l’automobile,<strong>du</strong> fait de l’autonomie <strong>et</strong> de la disponibilité qu’elle offre(“je pars quand je veux où je veux”), se heurte actuellementà des phénomènes de congestion ré<strong>du</strong>isant la mobilité.Le développement très rapide des nouvelles technologiesde communication, qui perm<strong>et</strong>tent l’information en tempsréel <strong>et</strong> le guidage efficace des con<strong>du</strong>cteurs, ouvre unevoie intéressante qui va dans le sens de l’optimisation des


A U T O M O B I L E S E T E Q U I P E M E N T : E L A R G I R L E D I A L O G U E43infrastructures existantes. <strong>Les</strong> technologies (téléphoniemobile <strong>et</strong> positionnement par satellites) sont disponibles<strong>et</strong> vont être progressivement accessibles à une majoritéd’automobilistes.L’AUTOMOBILE DE DEMAIN SERA-T-ELLE UN OBJET“MECATRONIQUE” ?Au cours de ce rapide survol des techniques automobiles<strong>et</strong> de leur futur, un mot est revenu très souvent :le mot électronique. A l’aide de circuits intégrés, lesunités de traitement <strong>et</strong> de contrôle sont à même de pilotertous les organes <strong>du</strong> véhicule : moteur, transmission,suspension, frein, direction, climatisation, <strong>et</strong>c. jusqu’auxessuie-glaces dont la fréquence de balayage s’adapteau rythme des gouttes sur le pare-brise. L’automobilede demain sera donc un obj<strong>et</strong> hybride régi par la mécanique<strong>et</strong> l’électronique, un obj<strong>et</strong> “mécatronique” commedans l’aéronautique. A titre d’exemple, un véhiculecomme la Peugeot 607 a autant de logiciels que l’AirbusA310 de 1982.Mais l’influence de l’électronique <strong>et</strong> des circuits intégréss’exercera aussi sur le métier de l’automobile par l’intro<strong>du</strong>ctionmassive de l’informatique à tous les stades allantde la conception à la distribution. En particulier, lesméthodologies de conception progresseront rapidementgrâce à l’intégration de moyens de calcul <strong>et</strong> de simulationtrès puissants perm<strong>et</strong>tant d’évaluer le comportement <strong>du</strong>véhicule dans toutes ses dimensions avant d’en construiredes prototypes.Soufflerie numériquePeugeot 206.Photo : PSA Peugeot-Citroën.C<strong>et</strong>te description de l’automobile de demain montrel’extraordinaire vitalité de c<strong>et</strong> étrange obj<strong>et</strong> à quatre rouesqui ne cesse de se transformer pour apporter à son propriétair<strong>et</strong>oujours plus de confort <strong>et</strong> de sécurité, souventen le faisant rêver, mais aussi en s’adaptant aux nouvellesexigences de la société Peugeot 607 : un obj<strong>et</strong> “mécatronique” ?Photo : PSA Peugeot-Citroën.P OINTS DE V UE


<strong>Les</strong> eff<strong>et</strong>s des pollutionssur la santé ont faitl’obj<strong>et</strong> de mesurestechniques, notammentpour le <strong>du</strong>rcissementdes normes d’émissionde polluants. De même,les accidents de la routeconstituent toujours undes grands problèmessanitaires.Mais il reste beaucoupà faire pour mieuxconnaître ces questions,améliorer les mesuresdéjà prises <strong>et</strong> amenerl’opinion à apprécierà sa juste mesurel’importance relativede ces divers risques.Transport automobile <strong>et</strong> santé publiqueDR WILLIAM DABPRESIDENT DU CONSEIL SCIENTIFIQUEDU PROGRAMME PRIMEQUAL-PREDITLa situation actuelle nemanque pas de paradoxes. Lerisque accidentel semblelargement consenti alors quel’impact sanitaire de la pollutionatmosphérique suscite uneémotion médiatisée de façonrécurrente.Dépendance de l’automobile <strong>et</strong> <strong>du</strong> camion : congestion urbaine à Lyon <strong>et</strong> pollution de l’air.Photo : DDE <strong>du</strong> Rhône / Mission communication J-L. Métrat.En apparence, la situation semble simple. D’un côté, uninstrument _ le véhicule automobile _ indispensable auxactivités humaines, outil de loisirs <strong>et</strong> de liberté. De l’autre,une série d’inconvénients, parmi lesquels l’encombrementde l’espace urbain, l’aggravation de l’eff<strong>et</strong> de serre <strong>et</strong>les conséquences sanitaires des accidents, <strong>du</strong> bruit <strong>et</strong> dela pollution atmosphérique.


A U T O M O B I L E S E T E Q U I P E M E N T : E L A R G I R L E D I A L O G U E45AUTOMOBILE ET RISQUE SANITAIRE : UNE ALLIANCEIRREVOCABLEMENT FATALE ?LA PREVENTION : UNE ACTION TRANSVERSALE ETCOMPLEXEDans le bilan bénéfice/risque, notre société a tranché <strong>et</strong>personne n’imagine revenir à la charr<strong>et</strong>te, même s’il existeune marge de progression pour les modes de transportsnon polluants en milieu urbain.Mais c<strong>et</strong>te simplicité apparente cache une réalité pluscomplexe. En matière de transport automobile <strong>et</strong> de santépublique, les éléments d’excellence coexistent avec dessituations de non qualité. <strong>Les</strong> services médicalisés d’urgence<strong>et</strong> de réanimation (Smur) sont performants <strong>et</strong> limitent lesconséquences des accidents. La technologie a fait desprogrès d’une rapidité étonnante, qu’il s’agisse de lasécurité passive, de la fiabilité, de la diminution desémissions de polluants, de la consommation d’énergie,<strong>du</strong> confort, de la qualité des routes ou de leur signalisation.L’in<strong>du</strong>strie automobile est sans conteste l’une desplus innovantes qui soit. Faut-il pour autant acceptercomme une fatalité l’impact sanitaire de l’usage del’automobile ?Certainement pas. La période récente montre que ladimension sanitaire peut parfaitement être prise en comptepar les in<strong>du</strong>striels. Ainsi, quand il est devenu évident quela pollution particulaire liée à la motorisation diesel avaitdes impacts avérés sur la santé, un effort considérable derecherche-développement a permis de rem<strong>et</strong>tre en selleune technologie qui semblait condamnée.En fait, l’action préventive est réellement difficile lorsqueses leviers ne sont pas seulement techniques mais plutôtde nature socio-technique. Si la question de la vitessepeut être résolue en agissant sur les moteurs, celle descomportements <strong>et</strong> de la consommation d’alcool, de drogues<strong>et</strong> de médicaments auvolant sont bien sûr pluscomplexes. Pourtant,certains pays ont réussià mieux maîtriser cesrisques. De même, lapollution photo-oxydanteest-elle autrementplus complexe à prévenirque la pollutionacido-particulaire enraison de ses mécanismesde formation <strong>et</strong>de sa dimension continentale.Pour les politiques publiques, l’action transversale esttoujours complexe à organiser puisqu’il s’agit de fairefonctionner ensemble des systèmes ayant chacun leur logiquepropre <strong>et</strong> que notre histoire administrative a plutôt promuun fonctionnement “verticalisé”. Une autre difficulté vient<strong>du</strong> fait que dans ce domaine, la visibilité des résultats estrestreinte en raison de leur grande latence.Alcootest : nécessité des contrôles routiers.Photo : DSCR / F. Cépas.P OINTS DE V UE


Transport automobile <strong>et</strong> santé publique46L’accident : un problèmede santé publique.Photo : DSCR / F. Cépas.VERS DES SOLUTIONS TECHNIQUEMENT JUSTIFIEES,SOCIALEMENT ACCEPTÉES PAR UN CONDUCTEUR “CITOYEN”La situation actuelle ne manque pas de paradoxes. Lerisque accidentel semble largement consenti alors quel’impact sanitaire de la pollution atmosphérique suscite uneémotion médiatisée de façon récurrente. On a pu estimerun peu rapidement que le fardeau sanitaire des deux typesde danger était <strong>du</strong> même ordre de grandeur. Pourtant, onne peut pas considérer que les morts <strong>et</strong> les blessés liésaux accidents sont de même nature que ceux résultantd’une modélisation statistique. On constate d’un côté unrisque considéré (à tort) comme contrôlable par tout unchacun, <strong>et</strong> de l’autre, une exposition redoutée pourlaquelle les indivi<strong>du</strong>s se sentent (à tort) impuissants. Il ya donc un effort pédagogique à fournir pour définir dessolutions scientifiquement justifiées <strong>et</strong> socialementacceptées.Le domaine de la santé publique connaît des évolutionsdoctrinaires importantes. A la contrainte <strong>et</strong> à l’obligationréglementaires viendront s’ajouter de nouveaux outilsfondés sur l’information, le débat <strong>et</strong> les démarchesévaluatives. Ce sont les principes de l’assurance-qualité qu’ilfaut travailler <strong>et</strong> faire avancer : vigilance, r<strong>et</strong>our d’expérience,évaluation des risques/bénéfices des solutionsdisponibles, identification <strong>et</strong> traitement des situationsde non qualité à partir de l’identification de l’ensemble desfacteurs de risque <strong>et</strong> de vulnérabilité.Limitation de vitesse sur le périphériquependant les pics de pollution de l’air.Photo : DREIF / Gobry.En matière de pollution atmosphérique, la ville est lameilleure plate-forme pour organiser l’action <strong>et</strong> la loi de1996 offre des outils intéressants.En matière d’accident, la sécuritétechnique atteint sa zone de rendementdécroissant <strong>et</strong> il va falloirtravailler sur les représentations<strong>et</strong> les valeurs pour faire émergerla notion de con<strong>du</strong>cteur citoyen.Avec la question de l’eff<strong>et</strong> de serre,ce sont les flux des transportsinterurbains qu’il faudra gérer. Telssont les principaux défis communsque les secteurs <strong>du</strong> transport <strong>et</strong> dela santé devront relever dans lesannées qui viennent


<strong>Les</strong> moteursautomobiles, loin deconstituer une techniquestable, subissent desévolutions trèsimportantes. <strong>Les</strong> progrèsdans la compréhensiondes procédés chimiquesde la combustion, destechniques demodélisation de lacombustion, de lacommande numérique,des dispositifs d’injection<strong>et</strong> de suralimentation,améliorent sans cesseles rendements enénergie utile. L’efficacitéaccrue des moteurs àcarburants classiquesévolués constituera lechallenge pour toutesles énergies alternatives.La transmission changerapidement, avecl’apparition de nouveauxtypes de boîtes devitesses automatiques<strong>et</strong> leur développementsur les marchéseuropéens, ou lestransmissions électriques(véhicules hybrides,autobus). L’allégementdes véhicules <strong>et</strong>l’amélioration de leuraérodynamique devrontaccompagner les progrèsdes moteurs.<strong>Les</strong> motorisations sontdevenues performantes.<strong>Les</strong> champs d’action pourle futur sont d’abord lesgroupes motopropulseursthermiques, mais également lavoiture dans son ensemble.De multiples innovations sepréparent car l’usage del’énergie électrique progresse.A U T O M O B I L E S E T E Q U I P E M E N T : E L A R G I R L E D I A L O G U E<strong>Les</strong> motorisations, quels progrès demain ?MARC LALIERECONSULTANT, ANCIEN DIRECTEUR TECHNIQUEDE RENAULTSimulation numérique. Image CAO <strong>du</strong> moteur HDI.Photo : Document PSA Peugeot-Citroën.DES PROGRES DEJA REALISES, MAIS A CONFORTERL’automobile, en tant que pro<strong>du</strong>it, a connu des progrèsconstants grâce à l’amélioration des connaissances par ledéveloppement des moyens de calcul <strong>et</strong> modélisations ;en eff<strong>et</strong>, le développement <strong>et</strong> la maîtrise des connaissancessur la combustion ont été essentiels pour les progrès destechnologies. De plus, ces améliorations sont liées à unmeilleur usage <strong>du</strong> temps, avec les progrès des performances,en dynamique de réponses <strong>et</strong> en mémoires, des47P OINTS DE V UE


<strong>Les</strong> motorisations, quels progrès demain ?48Le développement de nouveaux outils a aussi très fortementcontribué aux améliorations techniques apportées àl’automobile. Il a permis de mieux analyser <strong>et</strong> comprendreles données, de relier la physique <strong>et</strong> le calcul dans desconditions limites ou extrêmes, d’exploiter les technologiesles plus sophistiquées qui existaient. A côté <strong>du</strong>calcul, la numérisation des surfaces <strong>et</strong> les moyensoptiques les plus avancés appliqués à des moteurs expérimentauxtransparents perm<strong>et</strong>tent de suivre les combustions,les pressions, les températures <strong>et</strong> la formation depolluants à chaque degré de rotation d’un vilebrequin.Echantillon <strong>du</strong> filtre à particules (FAP) : les appareils de mesure sur bancd’essai se diversifient.Photo : PSA Peugeot-Citroën.pro<strong>du</strong>its électroniques : on ambitionne aujourd’hui desuivre la physique des phénomènes au voisinage <strong>du</strong> millionièmede seconde.S’est ajouté à cela un intérêt accru des motoristes pour lachimie. L’objectif recherché était d’améliorer la chaîne deconversion des carburants en énergie utile <strong>et</strong> de diminuerles rej<strong>et</strong>s. Mais l’implication de la chimie dans la préparation<strong>du</strong> futur est encore actuellement insuffisante, compt<strong>et</strong>enu de sa richesse potentielle : la catalyse s’avère êtred’une efficacité <strong>et</strong> d’une fiabilité remarquables.Enfin, l’usage récent des calculateurs électroniques pourmoteurs a été très profitable. L’explication réside dans lacombinaison de deux actes importants qu’offrent cescalculateurs : suivre ce qui se trouve dans l’échappementpour définir ce qui doit se faire à l’admission <strong>et</strong> user d’unestratégie programmée “intelligente” entre le pied <strong>du</strong>con<strong>du</strong>cteur <strong>et</strong> le moteur ; c<strong>et</strong>te amélioration technique estdevenue possible avec l’adoption nouvelle des commandesélectriques <strong>et</strong> électroniques des moteurs.D’autres facteurs ont participé à ce progrès technologique :• les nouvelles organisations <strong>du</strong> travail en cellules coopérantes;• la multiplication des échanges dans le monde ;• la vigoureuse compétition des grands constructeurs <strong>et</strong>grands équipementiers ;• les développements de programmes de recherche coopératifs,nationaux ou internationaux.Ainsi, les motorisations sont-elles devenues très performantes.Le moteur n’est plus très cher. Il a beaucoup progressé enqualités d’usage, confort de con<strong>du</strong>ite, progressivité dansles réponses <strong>et</strong> facilité des démarrages. Il est devenu fiable<strong>et</strong> présente une <strong>du</strong>rabilité satisfaisante. <strong>Les</strong> polluantsessentiels (non compris le gaz carbonique) ont été ré<strong>du</strong>itsde plus de 70 %, parfois de plus de 90 %. Ils sont à des


A U T O M O B I L E S E T E Q U I P E M E N T : E L A R G I R L E D I A L O G U E49niveaux tels que les nuisances (émissions gazeuses, solides<strong>et</strong> sonores) sont essentiellement le fait des véhicules anciens,non équipés des bonnes technologies actuelles. 1ET DEMAIN, QUELLES AMELIORATIONS ?C<strong>et</strong>te grande étape de progrès étant franchie, nous nesommes pas encore au voisinage d’une limite asymptotique.En eff<strong>et</strong>, nous évoluons toujours <strong>et</strong> les gains énergétiques,par rapport aux pro<strong>du</strong>its actuels, devraient avoisiner25 % dans huit à dix ans.Mais, il faut être attentif aux nouveaux pro<strong>du</strong>its quipourraient, pour certains, masquer les progrès que nousévoquons, <strong>du</strong> fait de trois points essentiels :• la poursuite de l’alourdissement des véhicules : l’énergieconsommée par une automobile, en usage urbain, estimputable pour près de 60 % à la masse ;• la croissance de la surface frontale des véhicules, qui augmentel’effort de pénétration dans l’air : c’est le cas desvéhicules récents dits monocorps, qui consomment plusque la berline correspondante ;• le développement commercial de véhicules plus hauts, plusgrands, plus lourds, à 4 roues motrices, <strong>du</strong> type des véhiculesaméricains LDV, LDT, SUV, RV (light <strong>du</strong>ty vehicles ou light<strong>du</strong>ty trucks, sport utility vehicles, recreation vehicles),qui représentent, en 2000, 50 % <strong>du</strong> marché aux USA.<strong>Les</strong> champs d’action pour le futur sont d’abord les groupesmotopropulseurs thermiques, mais également la voituredans son ensemble.<strong>Les</strong> progrès des groupes motopropulseursseront remarquablesPour les moteurs thermiques lesapproches sont diverses. Il estencore difficile de prédire quellessolutions seront les plus efficaces,en intégrant tous les paramètres,sans oublier les prix.Concernant le développement del’injection directe de l’essence,quelques réajustements techniquessont à faire. En eff<strong>et</strong>, nous sommesconfrontés à certaines difficultés,notamment lorsque l’on veut fonctionner en mélang<strong>et</strong>rès pauvre. Mais le potentiel de l’injection directed’essence est tel qu’il faut envisager un développementtrès rapide de c<strong>et</strong>te technologie qui implique une évolutionde la qualité des carburants améliorés au niveaumondial.De plus, le développement de la suralimentation devraitperm<strong>et</strong>tre de gagner en consommation ; mais il faudraitque celle-ci soit appliquée à toutes les motorisationsthermiques <strong>et</strong> pas seulement dans la réalisation de véhiculessportifs.Enfin, la ré<strong>du</strong>ction de la dimension des moteurs (downsizing),très porteuse grâce à la ré<strong>du</strong>ction des pertes enfrottements, en masse <strong>et</strong> en encombrement, est facilitée parla suralimentation évoquée précédemment. Le moteur <strong>du</strong>véhicule Smart en est un exemple intéressant.Injection “Common rail”.Photo : PSA Peugeot-Citroën.1. En toute rigueur, il faudrait ajouterà ces véhicules anciens, les véhiculesplus “lourds” anciens <strong>et</strong> récents qui nesont pas, ou pas encore, équipés desmeilleures techniques d’aujourd’hui.P OINTS DE V UE


<strong>Les</strong> motorisations, quels progrès demain ?50Usine de Sochaux.Capot en aluminium de la Peugeot 607.Photo : Document PSA Peugeot-Citroën.<strong>Les</strong> trois points précédents(injection directe+ p<strong>et</strong>it moteur + suralimentation)forment uneexcellente combinaison.Ce “tiercé” pourrait bienêtre un grand gagnantpour les futures motorisations,au niveau mondial,que les combustionssoient réalisées en mélangepauvre ou non, oustratifié dans une partiedes chambres de combustion.Mais bien d’autres progrès peuvent voir le jour avec lesdéphaseurs de lois de cames, le moteur à rapport volumétriquevariable, le moteur sans arbre à cames (s’il n’estpas trop exigeant en énergie électrique <strong>et</strong> acceptable enprix), enfin le moteur dans lequel un “volant” peut assurerdes fonctions complémentaires électriques : démarreur,générateur électrique, moteur d’appoint.Evoquons également les multiples améliorations possiblesdans le domaine de la combustion. Il s’agit :• des multi-injections, avec des injecteurs piézo-électriquesperm<strong>et</strong>tant des gains sur la formation des oxydes d’azote<strong>et</strong> le bruit ;• des combustions “homogènes” s’initiant dans l’ensemblede la charge, dans toute la chambre de combustion <strong>et</strong>perm<strong>et</strong>tant d’obtenir des cycles thermodynamiques à hautsrendements, en diesel comme en essence. D’ailleurs, cesuj<strong>et</strong> justifierait des efforts très importants, en partenariatavec le monde des chimistes <strong>et</strong> peut-être même avecquelques pétroliers.Il est en outre possible de gagner en consommation avecdes boîtes de vitesses automatiques, par exemple des boîtesmécaniques robotisées associées à quelques astuces pourque les passages de vitesses soient assurés sans à-coups.L’usage des boîtes automatiques devrait se développerdans les prochaines années <strong>du</strong> fait de leur potentiel degain en énergie. On r<strong>et</strong>iendra une large diversité de solutions,de technologies <strong>et</strong> de combinaisons de technologies.Cependant, si les avancées précédentes perm<strong>et</strong>tent defranchir une nouvelle étape de progrès en consommation,elles sont insuffisantes par rapport aux ambitionsaffichées.La voiture dans son ensemble doit donc evoluerConsidérons une voiture <strong>du</strong> segment supérieur de lagamme basse, Clio ou 206, fonctionnant avec une bonneessence, quatre places, quatre portes <strong>et</strong> supposons qu’ellepèse 1 tonne. Son rendement énergétique global, en cycleEurope, est voisin de 14 à 15 %. <strong>Les</strong> émissions de gazcarbonique s’approchent de 140 g/km.Ambitionner un niveau moyen d’émission de CO 2 amélioréde 120 g/km sur la moyenne de la pro<strong>du</strong>ction d’automobilessupposerait que les véhicules les plus performantsavoisinent les 90 g de CO 2 /km. Dans c<strong>et</strong>te hypothèse,l’amélioration des rendements de ces véhicules devrait êtrede 85 % par rapport au véhicule moyen ven<strong>du</strong> en 1995.


A U T O M O B I L E S E T E Q U I P E M E N T : E L A R G I R L E D I A L O G U E51Il faudra donc agir sur tous les points <strong>du</strong> véhicule, particulièrement:• en l’allégeant ;• en ré<strong>du</strong>isant les efforts de pénétration dans l’air <strong>et</strong> nonl’inverse ;• en améliorant le rendement des autres composants quele moteur ;• en ayant une gestion intelligente de l’énergie consommée.En fait, de multiples innovations se préparent car l’usagede l’énergie électrique progresse. <strong>Les</strong> voitures équipéesde moteurs disposant de volants générateurs de courantvont faire leur entrée sur les marchés à très courte échéance.Ces modèles pourraient être associés à l’adoption de la nouvell<strong>et</strong>ension de 42 volts <strong>et</strong> au développement des “gestionnairesélectroniques” de l’énergie que l’on r<strong>et</strong>rouveraà terme sur l’ensemble des véhicules.Sur la base <strong>du</strong> parc français actuel de 27 millions de véhiculesparticuliers <strong>et</strong> de leur usage moyen de 14 000 km/an,les dégagements de CO 2 pourraient évoluer selon l<strong>et</strong>ableau ci-dessous, pour un parc de véhicules totalementrénové, si l’automobile moyenne européenne pouvaitdescendre à un niveau de 120 g/km.Année 1995 2008 2020CO 2 émis par lavoiture moyenne en g/km 185 140 120Emissions de carboneen millions de tonnes 19,2 14,5 12,5Emissions de CO 2en millions de tonnes 70,5 53,3 45,7<strong>Les</strong> voitures dites “hybrides”, avec une motorisation thermique<strong>et</strong> une “transmission” électrique, occupent unecertaine place dans le marché des véhicules particuliers <strong>et</strong>des véhicules lourds (autobus). C<strong>et</strong>te place est vraisemblablementamenée à croître de manière significative.Seuls les prix pourraient en freiner l’extension. Ces marchésdevraient contribuer à soutenir la filière électrique <strong>du</strong> futurpar les développements techniques qu’ils vont générer.Véhicule hybride - illustration technique.Schéma Fever (Laguna Nevada équipée).Photo : Renault Communication.De nouvelles motorisationsLa motorisation électrique paraît attractive, mais ilreste des recherches à mener pour arriver à s’approcherdes performances <strong>du</strong> véhicule thermique, y comprisdans le domaine des émissions de polluants.L’automobile entièrement électrique ne devrait pasprendre une part significative <strong>du</strong> marché avant 20, 25ou 30 ans.P OINTS DE V UE


<strong>Les</strong> motorisations, quels progrès demain ?52Si l’on regroupe dans une même classe les véhiculeshybrides, les voitures utilisant <strong>du</strong> GPL ou <strong>du</strong> gaz naturelou des piles à combustible, la pro<strong>du</strong>ction de ce type devéhicule pourrait s’élever à 6-8 % <strong>du</strong> marché en 2010,essentiellement <strong>du</strong> fait des hybrides. Elle passerait à18-20 % dans une vingtaine d’années.Nous entrons probablement dans une période où de trèsgrandes transformations verront le jour.<strong>Les</strong> motorisations suralimentées, à injection directeessence <strong>et</strong> diesel, auront une part de marché considérable,avec des émissions quasi nulles, <strong>et</strong> cela en associationavec une amélioration de la qualité des carburants.Le marché de véhicules hybrides dépendra des prix deces pro<strong>du</strong>its.<strong>Les</strong> piles à combustible vont se développer essentiellementdans des usages stationnaires, mais leur utilisationpour l’automobile ne semble pas pouvoir s’envisager defaçon significative avant une longue période. Il faudrabien réfléchir aux conséquences potentielles de l’usage decertains pro<strong>du</strong>its comme le méthanol sur la santé, pour lagénération de l’hydrogène pour les piles.<strong>Les</strong> progrès exceptionnels des groupes motopropulseursthermiques poseront un réel challenge pour le développementde systèmes alternatifs (traction électrique, piles, <strong>et</strong>c.),<strong>du</strong> fait <strong>du</strong> cumul des progrès potentiels des moteurs,des boîtes de vitesses, de la ré<strong>du</strong>ction des masses <strong>et</strong> desré<strong>du</strong>ctions des autres pertes énergétiques.<strong>Les</strong> recherches relatives aux moteurs à combustioninterne sont à poursuivre avec vigueur <strong>et</strong> dynamisme touten tenant compte d’une concurrence croissante quantau rendement des motorisations <strong>et</strong> de la diversité desapproches, c’est-à-dire de notre incapacité actuelle àdéfinir “la” bonne solution <strong>du</strong> futur.Une évolution de la formulation des carburants semble aussià envisager. Il serait donc judicieux d’engager ou poursuivreles recherches pour des carburants de synthèse.Gal<strong>et</strong>srouleursBoîte de vitesses à variation continue hypertronic CVT-M6.Photo : Nissan 2000.Dans l’attente des eff<strong>et</strong>s des transformations déjà engagées,les recherches relatives aux motorisations thermiquesnouvelles justifient de vigoureux efforts, pour le plusgrand bénéfice de l’économie française <strong>et</strong> de ses activitésin<strong>du</strong>strielles


<strong>Les</strong> carburantspétroliers (essence,gazole <strong>et</strong> GPL),idéalement adaptés auxmoteurs automobiles,continueront dansl’avenir à couvrirl’essentiel <strong>du</strong> marché,comme aujourd’hui oùils assurent 99% desbesoins. Mais, dans laperspective deré<strong>du</strong>ction des émissionsde gaz à eff<strong>et</strong> de serre,il apparaît que le gaznaturel, excellentcarburant également,soit le concurrent leplus sérieux. L’électricitéd’origine non nucléaire,utilisée dans desvéhicules électriques ouhybrides, dégrade lebilan des émissions deCO 2 ; il en va de mêmepour l’hydrogène utilisédans les moteurs ou dansles piles à combustible.Parallèlement à la démarchede reformulation descarburants conventionnels,les énergies alternatives ontfait l’obj<strong>et</strong> d’initiativespubliques <strong>et</strong> privées, ceci dansune perspective nouvelle deré<strong>du</strong>ction des émissions de gazà eff<strong>et</strong> de serre.A U T O M O B I L E S E T E Q U I P E M E N T : E L A R G I R L E D I A L O G U EQuelles énergies pour les transports routiers ?ANDRÉ DOUAUDDIRECTEUR MOTEURS ENERGIE, IFPZone in<strong>du</strong>strielle - Vallée de la chimie au Sud de Lyon.Photo : Communauté urbaine / Service communication / J. Léone.PETROLE OU ENERGIES ALTERNATIVES ?<strong>Les</strong> carburants issus <strong>du</strong> pétrole partagent depuis unecentaine d’années l’essor des transports routiers. Si c<strong>et</strong>teénergie liquide occupe le domaine de façon quasi monopolistique,c’est parce que ses propriétés fondamentales- densité d’énergie (10kWh/litre), disponibilité, logistique,coût économique - sont idéalement adaptées aux véhiculesroutiers.53P OINTS DE V UE


Quelles énergies pour les transports routiers ?54120100806040200Figure 1Emissions <strong>du</strong> transport routier en Europe des Quinze1995 2000COBenzène2005 2010 2015NOxPM dieselVOCCO 2Bilan Auto-Oil publié par l’U.E en 2000<strong>Les</strong> dernières décennies ont vu la remise en question de c<strong>et</strong>tesituation parce que la société toute entière s’est attaquéeau problème de la pollution <strong>et</strong> des nuisances causées parl’automobile. Le développement de technologies propresa d’abord été le fait de l’in<strong>du</strong>strie automobile qui, dès lesannées 1980, a démontré que la dépollution impliquaitde nouvelles formulations des carburants telle que lasuppression <strong>du</strong> plomb dans les essences. <strong>Les</strong> trente annéesd’efforts pour la dépollution des automobiles vont aboutirà la mise sur le marché de véhicules aux normes 2005 dontle niveau d’émissions sera quasi nul. Un délai supplémentairelié au renouvellement <strong>du</strong> parc sera malheureusementnécessaire pour que la pollution automobile ne soit plusCO 2Polluants2020NMVOCSO 2le principal facteur de dégradation de la qualité de l’airdans les villes. C<strong>et</strong>te analyse est largement partagée parles acteurs publics <strong>et</strong> in<strong>du</strong>striels de ce domaine, comme lemontre l’évolution des émissions des sept polluants principauxissus <strong>du</strong> transport routier dans l’Europe des Quinzeentre 1995 <strong>et</strong> 2020 (figure 1).Parallèlement à la démarche de reformulation des carburantsconventionnels, essence <strong>et</strong> gazole, la question desénergies alternatives a fait l’obj<strong>et</strong> d’un certain nombred’initiatives publiques <strong>et</strong> privées.Le postulat de base consistait à attribuer aux énergiesalternatives des atouts spécifiques vis-à-vis de la pollutionlocale jusqu’à les qualifier de carburants “propres” paropposition aux carburants pétroliers qualifiés de carburants“sales”. C<strong>et</strong>te approche est de plus en plus désuètecar tous les véhicules, quels que soient leurs carburants,doivent respecter des normes anti-pollution de plus enplus sévères qui tendent vers le niveau zéro. <strong>Les</strong> travauxtrès importants menés par l’in<strong>du</strong>strie pétrolière, l’in<strong>du</strong>strieautomobile <strong>et</strong> la Commission européenne, dans le cadredes programmes Auto-Oil entre 1990 <strong>et</strong> 2000, ontprécisément démontré l’inexactitude de la notion decarburant “propre” ou “sale”. On observe même desrenversements de hiérarchie. C’est ainsi que l’avantagedes carburants gazeux sur le diesel, pour les émissions departicules, disparaît <strong>et</strong> peut même s’inverser dès lors queles véhicules diesel sont équipés de filtres à particules trèsperformants. Cependant, il est clair que tous les carburants,qu’ils soient conventionnels ou alternatifs, peuvent présenterdes propriétés environnementales particulières. Parexemple, les pertes par évaporation des gazoles sont très


A U T O M O B I L E S E T E Q U I P E M E N T : E L A R G I R L E D I A L O G U E55Le trolleybus-autobus Civis-Cristallis disposed’une motorisation hybride électrique.Photo : Irisbus.faibles <strong>et</strong> le potentiel en ozone <strong>et</strong> la toxicité des imbrûlésspécifiques des carburants gazeux sont très bas, maisuniquement si les technologies <strong>du</strong> véhicule minimisentles valeurs absolues de ces émissions. Seule la performanceenvironnementale <strong>du</strong> couple moteur+carburantest significative.<strong>Les</strong> énergies pour les automobiles, qu’il s’agisse decarburants conventionnels issus <strong>du</strong> pétrole ou de carburantsalternatifs, doivent être désormais reconsidérés sous deuxnouveaux critères :• leur bilan d’émissions de CO 2 <strong>et</strong> autres gaz à eff<strong>et</strong> de serresur toute la chaîne pro<strong>du</strong>ction+utilisation ;• leur contribution à la diversification des sources d’énergiepour les transports.En eff<strong>et</strong>, ces questions prennent une importance croissantealors que les progrès réalisés par les technologies de moteurs<strong>et</strong> de carburants perm<strong>et</strong>tent à terme de considérer commerésolus les problèmes de pollution locale. Le résultatd’Auto-Oil montre clairement que la maîtrise des émissionsde CO 2 par les transports constitue un véritable défi pourles années à venir (figure 1).UN INVENTAIRE DES ENERGIES CONVENTIONNELLES ETALTERNATIVES POUR LES TRANSPORTS ROUTIERSA l’échelle mondiale, les carburants issus <strong>du</strong> pétrole constituent98% de l’énergie utilisée par les transports routiers.Supercarburants pour les moteurs à allumage commandé<strong>et</strong> gazoles pour les moteurs diesel se partagent l’approvisionnementà volume sensiblement égal. <strong>Les</strong> progrès deformulation des carburants classiques sont programmésdans la Charte mondiale des carburants établie par lesin<strong>du</strong>striels concernés. C<strong>et</strong>te charte définit des spécificationsadaptées aux grandes zones géographiques mondiales structuréesen fonction de leur niveau de norme antipollution.<strong>Les</strong> principales énergies alternatives déjà utilisées <strong>et</strong> certainesdepuis fort longtemps sont :• le gaz de pétrole liquéfié (GPL) ;• l’éthanol (ETOH) principalement au Brésil <strong>et</strong> aux Etats-Unis ;• le gaz naturel (GN) en Argentine <strong>et</strong> en Italie ;• l’ester méthylique d’huiles végétales (EMHV) en France<strong>et</strong> en Italie en addition dans les gazoles ;• l’éthyltertiobutyl éther (ETBE) en addition dans les essences.P OINTS DE V UE


Quelles énergies pour les transports routiers ?56La figure 2 donne une évaluation des quantités annuellesd’énergie consommées par les transports routiers dans lemonde en 2000. Alors que la consommation de carburantsconventionnels pétroliers est d’environ 1550 Mtep qui separtagent entre gazole (40%) <strong>et</strong> essence (60%), la totalité descarburants alternatifs ne représente qu’une vingtaine deMtep, soit moins de 2% <strong>du</strong> total de l’énergie des transports.Ces chiffres montrent clairement la faiblesse de l’impactdes carburants alternatifs dans leur rôle de substitution auxcarburants pétroliers classiques. L’ETBE <strong>et</strong> l’EMHV ne sontpas utilisés purs dans des moteurs dédiés, mais en additiondans les carburants conventionnels. Le MTBE, pro<strong>du</strong>itd’addition des essences, n’est généralement pas considérécomme une énergie alternative.Quelles peuvent être les perspectives de développement desénergies alternatives ? A court terme, une requalificationdes priorités risque de perturber le développement desénergies alternatives déjà utilisées. C’est seulement dansune perspective nouvelle de ré<strong>du</strong>ction des émissions de gazà eff<strong>et</strong> de serre que les énergies alternatives devront êtrequalifiées <strong>et</strong> bénéficier d’incitations au développement.D’autres énergies qui ne sont pas encore utilisées doiventcompléter l’inventaire précédent.Il s’agit en particulier :• <strong>du</strong> gazole de synthèse Fischer-Tropsch ;• <strong>du</strong> diméthyléther (DME) ;• de l’hydrogène comprimé (H 2 comp.) ou cryogénique(H 2 liq).Figure 2Consommation d’énergie mondiale dans les transports routiers en 2000Carburants conventionnels : 1550 M<strong>et</strong>pCarburants alternatifs : 18 M<strong>et</strong>pDiesel : 600GPL : 12ETOH : 2GN : 2EMHV : 1Essence : 950ETBE : 0,2


A U T O M O B I L E S E T E Q U I P E M E N T : E L A R G I R L E D I A L O G U E57LE BILAN CO 2 DES ENERGIES CONVENTIONNELLES ETALTERNATIVES DANS LES APPLICATIONS AU TRANSPORTROUTIERPour évaluer le bilan CO 2 des carburants “<strong>du</strong> puits à laroue”, de nombreuses études sont menées par les grandsacteurs publics <strong>et</strong> in<strong>du</strong>striels de l’énergie <strong>et</strong> des transports.On présente ici une synthèse de données issues de publications<strong>et</strong> de travaux internes à l’IFP (tableau 1).<strong>Les</strong> bilans d’émissions de CO 2 sont exprimés en grammede CO 2 par kilomètre. Ce bilan résulte <strong>du</strong> pro<strong>du</strong>it de lapro<strong>du</strong>ction de CO 2 par unité d’énergie <strong>du</strong> carburant <strong>et</strong> parl’intensité énergétique <strong>du</strong> véhicule. Ces deux facteurs,respectivement exprimés en gramme de CO 2 par kWh<strong>et</strong> en kWh par kilomètre, sont suffisamment découpléspour dissocier l’impact des technologies de pro<strong>du</strong>ction <strong>du</strong>carburant de celle <strong>du</strong> véhicule. Le tableau 1 présente unensemble de valeurs caractéristiques des diverses technologiesénergie+véhicule considérées.<strong>Les</strong> valeurs de rendement r<strong>et</strong>enues sont caractéristiquesde voitures particulières de taille moyenne pro<strong>du</strong>ites en2000 en Europe <strong>et</strong> équipées de moteurs bénéficiant desTableau 1Emission de CO 2 de technologies Moteur-Carburant conventionnelles <strong>et</strong> alternativesEnergie Origine Moteur CO 2 Rendement CO 2 CO 2(1) g/kwh véhicule g/km g/kmkwh/kmrelatifdiesel pétrole D 308 0,54 166 1,00diesel FT gaz naturel D 376 0,54 203 1,22DME gaz naturel D 313 0,54 169 1,02EMHV oléagineux D 410 0,54 221 1,33essence pétrole AC 327 0,66 216 1,30ETBE biomasse + pétrole AC 408 0,66 269 1,62ETOH blé, b<strong>et</strong>terave AC 530 0,66 350 2,11GN gaz naturel AC 224 0,54 121 0,73GPL pétrole + gaz natutrel AC 248 0,66 164 0,99H 2 Comp. gaz naturel + électricité Europe PAC 388 0,4 155 0,93H 2 Liq. gaz naturel + électricité Europe PAC 627 0,4 251 1,51(1) D : diesel ; AC : allumage commandé ; PAC : pile à combustible.P OINTS DE V UE


Quelles énergies pour les transports routiers ?58dés actuellement au stade <strong>du</strong> développement. La distributionvariable, les nouveaux procédés de combustion parauto-inflammation, les multiples modes d’hybridationthermique électrique <strong>et</strong> l’allégement ne sont que quelquesexemples parmi les filières les plus prom<strong>et</strong>teuses.Le rendement des véhicules à pile à combustible de typePEM <strong>et</strong> alimentés à l’hydrogène a été fixé à 0,4 kWh/kmcar il correspond à des valeurs mesurées sur l’un desvéhicules prototype très élaboré. Ce rendement est de66% supérieur à celui d’un véhicule doté d’un moteur àallumage commandé.Moteur-roue électrique <strong>du</strong> trolleybus-autobus Civis-Cristallis.(Renault VI).Illustration : Irisbus.technologies avancées telle que l’injection directe pour lescarburants liquides. <strong>Les</strong> rendements des véhicules àmoteur diesel ont été choisis à 0,54 kWh/km, ce quicorrespond à une consommation de carburant de 5,4 litresaux 100 kilomètres. On fait l’hypothèse qu’un véhiculeà gaz naturel peut atteindre un rendement identique à celui<strong>du</strong> diesel, compte tenu des propriétés de combustion <strong>du</strong>gaz (indice d’octane très élevé). Pour tous les autresvéhicules à moteur à allumage commandé, c’est unrendement de 0,66 kWh/km qui a été r<strong>et</strong>enu, rendementinférieur de 18% à celui des véhicules diesel. <strong>Les</strong> rendementsdes véhicules à moteurs thermiques disposent,au-delà des valeurs prises pour référence, d’un potentielde progrès important qui se concrétisera avant la fin dela décennie par l’in<strong>du</strong>strialisation de nouveaux procé-Il convient de préciser les énergies primaires mises enœuvre pour la pro<strong>du</strong>ction des énergies finales. Le dieselFischer-Tropsch, le diméthyléther ainsi que l’hydrogènecomprimé ou cryogénique liquide sont tous issus de gaznaturel. L’éthanol, l’ETBE <strong>et</strong> l’EMHV sont pro<strong>du</strong>itsà partir de biomasse filière blé ou b<strong>et</strong>terave <strong>et</strong> filièreoléagineuse. L’essence <strong>et</strong> le gazole correspondant tousdeux aux spécifications européennes de 2005 (très bastaux de soufre), ainsi que le GPL, sont issus <strong>du</strong> raffinage<strong>du</strong> pétrole.<strong>Les</strong> valeurs <strong>du</strong> tableau 1 appellent les remarques suivantes.De tous les procédés de combustion, rien n’est plusefficace pour minimiser les émissions de CO 2 que l’utilisationdirecte <strong>du</strong> gaz naturel dans un moteur à combustioninterne, optimisé pour c<strong>et</strong>te énergie. Ce positionnementrésulte de l’excellent rapport hydrogène/carbone dec<strong>et</strong>te énergie. Tous les carburants dérivés <strong>du</strong> gaz naturelsont moins performants. On notera en particulier que


A U T O M O B I L E S E T E Q U I P E M E N T : E L A R G I R L E D I A L O G U E59l’utilisation d’hydrogène cryogénique avec un convertisseurpile à combustible ém<strong>et</strong> deux fois plus de CO 2 au kmque l’utilisation directe de gaz naturel dans un moteurà combustion interne. Le GPL, grâce à son rapporthydrogène/carbone favorable, compense le faible rendementmoteur <strong>et</strong> atteint le même niveau d’émissions deCO 2 au kilomètre que la filière diesel. La filière dieselFischer-Tropsch entraîne une émission de CO 2 de 22 %supérieure à celle <strong>du</strong> diesel conventionnel, ce qui nepeut être compensé par une éventuelle amélioration de rendementpermise par la qualité de ce gazole de synthèse.On attribue généralement aux carburants issus de labiomasse un crédit de CO 2 évité, parce qu’issu de laphotosynthèse, de l’ordre de 50 % à 70 % pour l’éthanol<strong>et</strong> l’EMHV lié à leur origine. Ceci a pour conséquence deles rendre a priori attractifs vis-à-vis <strong>du</strong> bilan CO 2 , bilanqu’il convient de compléter par une analyse écologiqueapprofondie.De l’analyse des filières carburants conventionnels <strong>et</strong>alternatifs, il ressort que la filière diesel directe, parcequ’elle est très performante <strong>et</strong> massivement diffusée, constituecertainement celle dont le développement aura le plusgrand eff<strong>et</strong> sur la ré<strong>du</strong>ction des émissions de CO 2 .L’utilisation directe <strong>du</strong> gaz naturel dans un moteur àcombustion optimisé pour c<strong>et</strong>te énergie constitue égalementune voie alternative à privilégier. Inversement,l’utilisation de l’hydrogène, même dans un convertisseurà haut rendement (pile à combustible) ne semble pasprésenter d’avantage substantiel vis-à-vis <strong>du</strong> CO 2 . On nevoit pas comment c<strong>et</strong>te filière pourrait avoir un impactsignificatif sur le CO 2 avant la deuxième moitié <strong>du</strong>XXl e siècle sans l’apparition d’une discontinuité technologiquemajeure pour la pile <strong>et</strong> son énergie POUR CONCLURE…La constante de temps de l’énergie étant très grande, leschangements techniques ne peuvent donc s’inscrire quedans la <strong>du</strong>rée. Il en résulte que les fondements de touteévolution stratégique lourde doivent être extrêmementsolides <strong>et</strong> étayés par un argumentaire robuste. A ce titre,le développement des énergies alternatives doit d’abordrépondre à la priorité de ré<strong>du</strong>ction des émissions de CO 2<strong>et</strong> autres gaz à eff<strong>et</strong> de serre.Références1 - World-Wide Fuel Charter, ACEA, Alliance, JAMA, EMA, 2000.2 - Comparaison des filières piles à combustible avec les convertisseursconventionnels pour le transport. Bilan énergétique <strong>et</strong>analyse des cycles de vie. S. His, JF Gruzon, Rapport IFP 54 333,Septembre 2000.P OINTS DE V UE


Quels seront lesfournisseurs de servicesde télématiqueroutière? Entre lesconstructeursautomobiles,handicapés par larigidité <strong>du</strong> parcautomobile, leséquipementiers quihésitent à se lancerdans la compétition <strong>et</strong>les sociétés d<strong>et</strong>élécommunicationmobile dont le domained’action dépasselargement la seuleautomobile, ce sonttrès probablement lesderniers qui dirigerontle mouvement à courtterme.1. Wap : wireless application protocol.2. GPRS : general pack<strong>et</strong> radio service.3. UMTS : universal mobile telecommunicationssystem.4. E-CRM : electronic-customer relationshipmanagement.Télématique routière : qui en sortira gagnant ?JEAN-MARC MONTGUILLETPEUGEOT CITROEN ET VIVENDI UNIVERSALAprès avoir fait figure de rêved’ingénieur, la télématiqueest devenue un élémentcentral de la future relationconstructeur/client.Mais nul ne peut dire vers oùle choix <strong>du</strong> consommateur sePoint d’intérêtQuelques situations d’automobilistes.Point d’intérêt <strong>et</strong> itinéraireQuestion : “Je voudraisun restaurant grec dansle coin”.Réponse : “Le Sirtaki…voulez-vous que jeréserve une table <strong>et</strong> vousenvoie l’itinéraire ?”“Château Latour, voulez vous plusd’informations ?” Oui“Château médiéval construit en 1349…En ce moment, expo spéciale sur…”Télédiagnostic<strong>et</strong> servicegéolocaliséA13 : 38 mnN13 : 13 mnA14 : 25 mnportera demain. En intégrant des concepts comme intern<strong>et</strong> mobile, Wap 1 ,GPRS 2 , UMTS 3 , <strong>et</strong> E-CRM 4 , la télématique est devenuerécemment plus attractive <strong>et</strong> plus moderne. Cependant, lamême question se pose toujours : qui sortira gagnantde la rencontre <strong>du</strong> monde de l’automobile avec celui <strong>du</strong>mobile <strong>et</strong> de l’intern<strong>et</strong> mobile ?Attention - vous êtes surla réserve. Prochainestation service à 18 km.Voulez-vous l’itinéraire ?Information traficpersonnalisée en pushMardi matin, 7h32.Pierre démarre sa voiture,l’information traficarrive directement <strong>et</strong>automatiquement


A U T O M O B I L E S E T E Q U I P E M E N T : E L A R G I R L E D I A L O G U E61QUELS SERVICES AUTOMOBILES AVEC QUEL ACCES ?LE CHALLENGE DES CONSTRUCTEURS AUTOMOBILESAu-delà de l’éternel débat sur “où commence l’automobiliste<strong>et</strong> où finit le consommateur en mobilité ”, les servicesles plus directement liés à la voiture se classent en quatrecatégories.• Sécurité <strong>et</strong> aide à l’entr<strong>et</strong>ien : urgence, assistance,dépannage, anti-vol, télé-diagnostic, télé-accès à la voiture.Une garantie de sécurité pour n’être jamais seul sur laroute !• Mobilité <strong>et</strong> aide au déplacement : navigation <strong>et</strong> guidage,info-trafic, parking, déplacements alternatifs. Unegarantie de mobilité pour ne pas passer plus de temps quenécessaire en voiture !• Entertainment : musique à la demande, radio-interactive,points d’intérêt. Une garantie de confort pour que le tempspassé en voiture soit agréable !• Pratiques : services automobiles (assurance, financement,pièces détachées, achat <strong>et</strong> vente de voitures d’occcasion),services de communication (messagerie, répertoire).Ces services seront accessibles au travers d’abonnementsforfaitaires, avec possibilité de dépassement <strong>du</strong> forfait enpay-per-use, <strong>et</strong> un prix inférieur à 20 € par mois. Une autrecondition pour atteindre le marché de masse est d’équiperles voitures, en standard, de l’équipement télématiquenécessaire (GPS 5 , GSM 6 , browser, OS 7 , mémoire) <strong>et</strong> deproposer ces services gratuitement, au démarrage. <strong>Les</strong>services télématiques (comme toute autre innovation automobile)ne pourront être généralisés qu’à c<strong>et</strong>te condition.<strong>Les</strong> constructeurs automobiles ont depuis longtempscompris que le profit dépend des services plus que de lavente de voitures. Après avoir fait figure de rêve d’ingénieurcantonné dans un développement assez marginal, latélématique est devenue récemment un élément beaucoupplus central de la future relation que le constructeursouhaite développer avec son client. Ce virage est particulièrementimportant en Europe avec la fin de la distributionexclusive en 2002, <strong>et</strong> le risque d’éloigner encore leconstructeur de son client final.Mais, avant de pouvoir générer par la télématique desrevenus additionnels récurrents (même si la voiturecommunicante représentera 25% <strong>du</strong> parc européen en2010 !) le constructeur doit relever plusieurs défis :•réconcilier les cyclesde développementdifférents de l’automobile,des télécommunications<strong>et</strong> del’intern<strong>et</strong> en acceptantd’intégrer danssa chaîne de pro<strong>du</strong>ctiondes équipementsqui n’existentpas encore, sinon austade de l’interface <strong>et</strong>des spécifications ;Des capteurs perm<strong>et</strong>tront au con<strong>du</strong>cteur d’être informédes situations dangereuses.Photo : DSRC / F. Cepas.5. GPS : global positionning system.6. GSM : general system for mobilecommunications.7. OS : operating system.P OINTS DE V UE


Télématique routière : qui en sortira gagnant ?62Quelques terminaux embarqués… ou nonUNE CHANCE POUR LES EQUIPEMENTIERS<strong>Les</strong> équipementiers automobiles ont une opportunitéd’augmenter la valeur des équipements radio, CD ounavigation par des fonctions télématiques <strong>et</strong> de développerun volant d’activité supplémentaire dans l’after-mark<strong>et</strong>,encore que :• ils hésitent à se lancer, tant que les constructeurs n’aurontpas fixé des spécifications communes ;• ils nourrissent, comme toujours, le rêve récurrent desortir des équipements pour aller dans les services, avecdes risques de concurrence forte avec leurs propres clientsconstructeurs ;• l’after-mark<strong>et</strong> aura des difficultés à atteindre le marchéde masse, contrairement à la première monte via lesconstructeurs.8. SIM : suscribe identity mo<strong>du</strong>le.• se préparer à gérer des parcs hétérogènes de terminauxde générations différentes, voire proposer à ses clientsdes up-grades matériels ;• modifier ses processus internes de services après-venteen transformant en revenus télématiques des coûts évitéspar ailleurs ;• tirer vers le bas le coût des terminaux “embarqués”, autravers d’une coopération entre constructeurs <strong>et</strong> parl’accélération de l’intégration dans la chaîne d’assemblage.Mais, si les constructeurs réussissent à proposer desservices pertinents à forte valeur ajoutée à l’automobiliste,alors peut-être réussiront-ils à les généraliser pour le marchéde masse mieux que d’autres acteurs.<strong>Les</strong> équipementiers automobiles ont clairement leurs cartesà jouer, mais attention, les équipementiers télécoms <strong>et</strong>pro<strong>du</strong>its bruns sont à l’affût !AVANTAGE AUX OPERATEURS DE TELECOMMUNICATIONMOBILE (TELCO)La voiture communicante ne pourra pas l’être sans carteSIM 8 , ni même sans partenariat fort avec un opérateurde télécommunication mobile. <strong>Les</strong> éternels débats de laplanète télématique sur la présence d’une ou de deuxcarte(s) SIM en voiture, sur le choix de la carte SIM parle constructeur ou par le client, ne sont pas terminés, loins’en faut.


A U T O M O B I L E S E T E Q U I P E M E N T : E L A R G I R L E D I A L O G U E63En revanche l’intérêt pour un opérateur de téléphoniemobile d’être présent dans la télématique est très clair :• génération de trafic voix <strong>et</strong> data supplémentaire, à la foispar l’automobiliste <strong>et</strong> sans doute surtout par le constructeurou le gestionnaire de flotte ;• fidélité accrue des clients de l’opérateur, calquée sur la<strong>du</strong>rée de vie de la voiture ;• part de marché supplémentaire dans le cas où le constructeurchoisit l’opérateur.En revanche, la tentation encore vivace de laisser au clientle choix de l’opérateur nivelle par le bas le service qui nepeut plus tirer le meilleur parti des fonctionnalités d’unréseau unique : l’intérêt de l’opérateur telco se trouveré<strong>du</strong>it par la diminution <strong>du</strong> nombre de clients potentiels<strong>et</strong> l’économie de l’opérateur de service télématique donton escamote le trafic voix est détruite.LES FOURNISSEURS DE CONTENUSFinalement, les grands vainqueurs de la télématique dedemain seront probablement les fournisseurs de contenus,<strong>et</strong> en particulier ceux qui sauront proposer sous leurmarque propre des contenus à très forte valeur ajoutéerépondant aux principaux besoins des automobilistes.Trois domaines sont à c<strong>et</strong> égard les plus souvent cités.• <strong>Les</strong> services cartographiques nourriront les services géolocaliséspromis à un bel avenir avec le GPRS <strong>et</strong> l’UMTS.<strong>Les</strong> fournisseurs de fonds cartographiques digitauxdétiennent un savoir-faire rare avec de fortes barrières àl’entrée ; ils progressent en valeur ajoutée, en enrichissantleur contenu de fonctions de service d’information géographique(SIG), d’accès en mode vocal ou de personnalisation.L’essentiel des consommations de fonds de cartesse fera pour des applications de guidage, donc adhérentesà la voiture.•<strong>Les</strong> services d’information trafic très liés au quotidien desautomobilistes, <strong>et</strong> avec des barrières à l’entrée aussi trèsélevées.• <strong>Les</strong> services de musique : la voiture est un univers deconsommation de musique idéal ; les fichiers MP3 ouéquivalents à la demande sont un support idéal pour uneconsommation variée, en réponse à la surprenante statistiqueaméricaine qui veut que le marché des chargeurs deCD soit en forte croissance, mais que la fréquence derenouvellement des CD eux-mêmes soit quasi-nulle.Contrairement à tous les autres acteurs, ces fournisseurspourront se prévaloir d’un vrai bénéfice d’usage, vérifiéau quotidien par le consommateur dans sa voiture <strong>et</strong> deplus avec un accès qui n’est pas limité à la seule voiture.Nul ne peut dire vers où le choix <strong>du</strong> consommateur seportera demain. Il n’est pas certain qu’il accepte deprendre un abonnement de plus lié à sa voiture.Ni la marque <strong>du</strong> constructeur, ni la beauté <strong>du</strong>terminal ne sauront le convaincre, mais lecontenu <strong>et</strong> le service ren<strong>du</strong> seront décisifs.<strong>Les</strong> constructeurs ont encore une chance depouvoir le faire. A défaut, leurs voituresse transformeront (<strong>et</strong> pour longtemps) ensimple station d’accueil pour des terminauxpersonnels multimédia <strong>et</strong> des servicesfournis par d’autres P OINTS DE V UE


DIRECTEUR DE LA PUBLICATIONGEORGES MERCADALREDACTRICE EN CHEF ET COORDINATIONELISABETH LIBRAIRESECRETARIAT DE REDACTION - RECHERCHE ICONOGRAPHIQUEISABELLE ALLARDCONCEPTION GRAPHIQUE - REALISATIONIPS COMMUNICATION12-14, PLACE DU GENERAL KŒNIG - 75017 PARISTEL. : 01 45 74 76 11 - FAX : 01 45 72 66 29


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