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Voir la traduction en français moderne (format pdf) - Harmonia Mundi

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HMU 907330LES TRAVAILLEURS DE LA MERAnci<strong>en</strong>s chants d’une petite île■ 8La maison <strong>en</strong>sorchellâïeUn soir, j’étais dans ma cahute,assis au coin d’un beau feu de varech,avec une bolée de fort bon cidreet ma petite pipe au bec ;le v<strong>en</strong>t qui hur<strong>la</strong>it dans mon gr<strong>en</strong>ierfaisait bleuir <strong>la</strong> f<strong>la</strong>mme de <strong>la</strong> <strong>la</strong>mpe,ma femme travail<strong>la</strong>it sur le lit de feuilleset dit : « On frappe au grand portail ! »Je trébuchai sur le vieux panieret je dis : « Qui est là, malvârìn,tu tapes comme un serg<strong>en</strong>t, palfràndingue !Pr<strong>en</strong>ds-tu donc mon huis pour un tambourin ? »« Ah ! mon Dieu ! voilà le trépied qui danse,dit notre Madeleine tout affolée,les cinq brocs font le pot à deux anses,et <strong>la</strong> chatte a les babines retroussées ! »« Mais sais-tu qui est v<strong>en</strong>u, malheureuse,fis-je : De mes deux yeux, Madelon,j’ai vu les cornes, oui, et <strong>la</strong> queuedu démon, j’<strong>en</strong> ai des frissons partout :j’ai vu, à cheval sur son ba<strong>la</strong>i,derrière le diable…tu sais bi<strong>en</strong> qui… elle est partieau Catioroc ou… <strong>en</strong> <strong>en</strong>fer. »« Nico<strong>la</strong>s, dit-elle, fais ta prière !Mais non, tu n’y connais ri<strong>en</strong> !C’est toi qui nous portes malheur,qui nous ruineras, mauvais chréti<strong>en</strong> :si tu al<strong>la</strong>is à l’égliseau lieu d’aller picoler au Mont D’va,tu n’aurais pas vu <strong>la</strong> vieille femme gris<strong>en</strong>i le vieux démon… Mon Dieu, les voilà ! »En effet, <strong>la</strong> damnée vieille biqueavait passé <strong>en</strong> un éc<strong>la</strong>irle seuil, <strong>la</strong> porte, le chambranle,le loquet, <strong>la</strong> barre et le verrou de fer.Je <strong>la</strong> vis, avec ses longues d<strong>en</strong>ts crochues,accroupie sur le petit coussin,et (sans m<strong>en</strong>tir) dans ses braselle t<strong>en</strong>ait un chat et une gu<strong>en</strong>on.Elle ricanait, <strong>la</strong> vieille indigne,et, le croirez-vous, une bande de chats,traversant le portail et <strong>la</strong> cuisine,esca<strong>la</strong>da l’échelle du gr<strong>en</strong>ier ;le tricot de Madelon <strong>en</strong> faisait de belles,le rouet tournait tout seul,le chandelier gambadait devant <strong>la</strong> seille,et <strong>la</strong> vielle à roue viel<strong>la</strong>it.Moi qui ne crains ri<strong>en</strong>, j’attrape ma baïonnetteaccrochée à une poutre,je m’approche d’elle <strong>en</strong> jurant,je lève le bras pour l’embrocher :mais dès qu’elle s<strong>en</strong>t le fer, vite,elle pr<strong>en</strong>d son <strong>en</strong>vol, et le diable de même,avec une pièce de <strong>la</strong>rd, <strong>la</strong> maudite,hur<strong>la</strong>nt « Qué hou-hou ! Qué hou-hou ! ».« Grand merci, dis-je, émissaire de l’<strong>en</strong>fer,le cidre est bon, veux-tu le goûter ? »J’<strong>en</strong> bus une demi-goutteet dis : « Cornu, à ta santé ! »Tout démon qu’il est (il y <strong>en</strong> a de pires),il fut bi<strong>en</strong> étonné de mon courageet par-dessus le seuil, avec sa chère,il s’<strong>en</strong> fut, riant comme un perdu.« Ha, ha, fis-je, ma vieille poulette,comm<strong>en</strong>t es-tu <strong>en</strong>trée ? L’huis était clos,et <strong>la</strong> clé est là, dans ma poche…– Cot, cot, dit-elle, va-t’<strong>en</strong> là-haut !– Comm<strong>en</strong>t, dis-je, tu <strong>en</strong>tres chez moiet oses commander au maître de <strong>la</strong> maison ? »J’attrape une fourche, et, palfrandine,je <strong>la</strong> lui pique dans l’aileron.Et aussitôt, Messieurs, Mesdameset Mesdemoiselles qui m’écoutez,rainettes, mulots, chouette, chat-huant, dame,je les vis tous s’<strong>en</strong>fuir ;je les <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dis (<strong>en</strong> sirotant mon cidre)crier : « Allons ! allons ! allons ! »Et il ne resta dans ma cahuteque moi, <strong>la</strong> chatte et notre Madelon■ 10La chànson de <strong>la</strong> RibotressePâquerettes, asphodèles,fleurs de trèfle, pimpr<strong>en</strong>elleset toutes nos fleurs des champs :comme nos petites vaches ont bi<strong>en</strong> mangé !Écoutez tous ma belle chanson,et ribotton ton, ton, ton, ton.Nos belles vaches sont florissantes,et nos grandes rouges sont très jolies.Jamais vous n’avez eu de plus belles génisses,jamais vous n’avez vu de plus jolis veaux !Écoutez tous…Oh ! le pépiem<strong>en</strong>t des oiseauxet le meuglem<strong>en</strong>t des vaches,<strong>la</strong> chanson de nos bourdonset les hourras de nos garçons.Écoutez tous…En barattant, j’aurai du beurre<strong>en</strong> barattant, je vous conte mon histoire,le ciel est bleu, et tout le jour<strong>la</strong> brise m’apporte un conte d’amour.Écoutez tous…Il y a des pâquerettes dans les préset des primevères sous nos pieds ;j’aurai du beurre jaune comme de l’oret, mieux que tout, du bel arg<strong>en</strong>t.Écoutez tous…Le beurre se fait, j’aurai du beurre,<strong>la</strong> baratte tourne, et je dis mon histoire,demain Marion ira à <strong>la</strong> ville,le vieux cheval l’y portera.Écoutez tous…■ 11Ma chifournieMa pauvre pauvre vielle,on te voit le jour à travers !ta roue est toute rouillée,ton bois tout mangé des vers !Hé<strong>la</strong>s ! te voilà toute dé<strong>la</strong>brée,comme ton pauvre maître,mais tu as fait ton temps,et tout a une fin !Quand tu sonnais aux D’Lisles,à La Lande ou aux Quaeux,j’ai vu les souliers cloutésfaire des étincelles, cordi !Tu ne feras plus ret<strong>en</strong>tir l’airaux fêtes et aux bals,et moi, je m’<strong>en</strong> vais sous terre –ma pauvre vieille, adieu donc !THE HARP CONSORT2 LES TRAVAILLEURS DE LA MER


HMU 907330LES TRAVAILLEURS DE LA MERAnci<strong>en</strong>s chants d’une petite île■ 13MinetteTu n’étais, je le sais, qu’une angora, Minette,et, dis<strong>en</strong>t les g<strong>en</strong>s, une chatte, un chat, n’est bonqu’à t<strong>en</strong>ir compagnie à <strong>la</strong> veuve ou à <strong>la</strong> fillettequi reste seule à chantonner d’un cœur tristedevant l’âtre, à l’heure où le thé est prêt,et à attraper des mulots et des souris.Palfràncordìn, je ne suis pas de leur avis.Toi, tu m’as montré ce qu’est un chat :<strong>la</strong> foi du chi<strong>en</strong>, <strong>la</strong> douceur de <strong>la</strong> brebis.Nous avons joué comme deux <strong>en</strong>fants, ma Minon,je te faisais belle, toi, tu ne cherchais qu’à me p<strong>la</strong>ire ;tu m’aimais fort, et le monde ne m’aimait guère.Et voilà pourquoi, maint<strong>en</strong>ant que tu es morte,chatte, après tout, c’est bi<strong>en</strong> ce que tu étais,mon cœur m’a dit : jamais tu ne retrouveraspareille amitié à Saint-Hélier.Les <strong>la</strong>rmes n’ont pas souv<strong>en</strong>t coulé de mes yeux,mais, Minn’, ta mort m’<strong>en</strong> a tiré beaucoup.Je ne voudrais pas inv<strong>en</strong>ter une histoireet dire que tu n’avais pas de travers ;non, petite voleuse ! Ah ! qu’aurais-tu pu fairesi tu avais comparu devant Monsieur le juge ?C’était ta nature, et tout chat est voleur,les vieux radot<strong>en</strong>t, et le matin est trompeur.Tu étais, Minon, nature et sincérité,et si <strong>la</strong> première te va<strong>la</strong>it des faiblesses,tout, tout de l’autre dépasse les mots,c’est pour ce<strong>la</strong> que j’aimais tant tes caresses.Oh ! tu ne vou<strong>la</strong>is jamais m’<strong>en</strong> faire accroire,c’était sans calcul, Minn, que tu cherchais à me p<strong>la</strong>ire.Même, au dernier souffle, il me semble que je te vois,j’approche, et je mets mes cinq doigts sur ta tête,et ma main tremble, et toi, tu sais que c’est moi,tu fais un suprême effort, ma bête,et, pour montrer que tu m’aimas jusqu’à <strong>la</strong> fin,avant que de mourir tu m’as léché <strong>la</strong> main.■ 15Le furetIl tourne, il tourne le furet,le furet du bois, Mesdames,il tourne, il tourne le furet,le furet du joli bois.Il n’a tourné par ici,il retournera par là,il va tourner par ici,le furet du bois, Mesdames.Il danse, il danse le furet…Il n’a dansé par ici,il redansera par là,il va danser par ici,le furet du bois, Mesdames.Il court, il court le furet…Il n’a passé par ici,il repassera par là,il va passer par ici,le furet du bois, Mesdames.■ 16Le voyage a GerneruiIls leur dir<strong>en</strong>t qu’ils irai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> Bretagne,qu’ils parlerai<strong>en</strong>t au roi Salomon,homme de grand pouvoir.De <strong>la</strong> nuit au jour, du matin au soir,ils ont tant couru et tant naviguéqu’ils sont arrivés à Guernesey,une île vers le couchant ;au-delà de cette île,il n’y a pas d’autre terre habitée<strong>en</strong>tre Cornouailles et Bretagne.■ 17Seul et cont<strong>en</strong>tUn matin il y a peu, j’étais tout seul,assis sur l’herbe, adossé à un rocher,je n’avais qu’un livre *, il ne m’<strong>en</strong> faut qu’un à lire,le livre que l’homme lit sans jamais se <strong>la</strong>sser ;<strong>la</strong> terre et le ciel, et <strong>la</strong> mer <strong>en</strong>dormie,tout ret<strong>en</strong>tissait d’espérance et d’amour,<strong>la</strong> mousse humide était fraîche et fleurie,les papillons voletai<strong>en</strong>t de fleur <strong>en</strong> fleur.Les alouettes, battant des ailes de joie,de nue <strong>en</strong> nue vo<strong>la</strong>i<strong>en</strong>t, s’égosil<strong>la</strong>nt.Dans l’eau d’un ruisseau, le jars, m<strong>en</strong>ant ses oiestel un sultan, nageait tout <strong>en</strong> jargonnant ;un cormoran, tout de noir vêtu,muet, triste et l<strong>en</strong>t, au <strong>la</strong>rge de Pûllias,tantôt dans l’air et tantôt à <strong>la</strong> nage,<strong>en</strong>tre deux eaux, déchirait les pauvres varechs.De coucous, de marguerites et de pâquerettes,une bande d’<strong>en</strong>fants composait des bouquets ;le soleil bril<strong>la</strong>nt sur l’herbe t<strong>en</strong>dre et mollefaisait sortir les vers de leurs creux d’hiver ;à sa linotte un linot, faisant le joli sire,chantait matines dans le creux d’un buisson,et <strong>la</strong> poulette – inutile de le dire –sautil<strong>la</strong>nt, écoutait son ga<strong>la</strong>nt.Tout est, me dis-je, si tranquille et si calmeque je resterais, le dos contre mon rocher,sans <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre ni voir ni att<strong>en</strong>dre personne,seul et cont<strong>en</strong>t, du matin jusqu’au soir.J’y communie avec le ciel et <strong>la</strong> terre,le passé, l’av<strong>en</strong>ir, <strong>la</strong>issant notre monde <strong>en</strong> repos ;et je ne suis jamais – le croirez-vous ? – si solitaireque dans les grands festins, à <strong>la</strong> table des sots.■ 18* L’original de tout ce qui est dans l’âme – l’univers.Doublle <strong>la</strong> vio<strong>la</strong>etteJ’ai un long voyage à faire,je ne sais qui le fera,ce sera le rossignolqui pour moi fera ce<strong>la</strong>.Double, double, <strong>la</strong> violette,et <strong>la</strong> violette redoublera.Le v<strong>en</strong>t ne disait mot ; <strong>la</strong> mer profonde et c<strong>la</strong>ire,battant son plein, caressait les galets,et je regardais les mouettes et les goé<strong>la</strong>ndss’<strong>en</strong>tre-bénir chacun à sa manière.Ah ! si ce n’était que je suis un peu trop sage,à l’heure qu’il est, pour faire pareille chose,j’aurais presque voulu être une grèbe,f<strong>en</strong>dant l’écume au ras des Sauteriaux.THE HARP CONSORT3 LES TRAVAILLEURS DE LA MER


HMU 907330LES TRAVAILLEURS DE LA MERAnci<strong>en</strong>s chants d’une petite île■ 20Le voyage de Lihou■ 22V’là m<strong>en</strong> livre fini■ 24Cha chonPoeme Heroique cont<strong>en</strong>ant les Nouvelles Av<strong>en</strong>ture d’un DocteurEclesiastique et quelque Damoiselles durant le dit VoyageL’autre jour un docteur, fatigué de l’étude,cherchant à dissiper sa noire inquiétude,prépare quelques filets, apprête un hameçonet s’<strong>en</strong> va à Lihou pour pêcher du poisson.Il trouve <strong>en</strong> chemin quatre ou cinq demoisellesdepuis longtemps connues pour de chastes pucelles ;il les pr<strong>en</strong>d avec lui, assuré que s’il ne pr<strong>en</strong>d pasde poisson, il n’aura pas perdu ses pas.Ils arriv<strong>en</strong>t au lieu propre pour l’<strong>en</strong>trepriseet font des vœux au ciel pour qu’il les favorise ;ils découvr<strong>en</strong>t parmi tant de curiositésd’antiques vestiges du papisme détruit.Deux rochers fort polis, creusés par artifice,sont le lieu où les nonnains & les jeunes novicesv<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t, durant <strong>la</strong> canicule & les dangereux jours,rafraîchir l’ardeur de leurs folles amours.Toutes lui cri<strong>en</strong>t <strong>en</strong> lui jetant des coquilles,« jetez ici vos filets, vous pêcherez des filles » ;l’une va folâtrant, et tirant son hameçonpour y mettre un ormeau, lui dit qu’il ti<strong>en</strong>t un poisson.Voilà mon livre fini,que vont <strong>en</strong> dire les g<strong>en</strong>s ?Le paysan, les jours de fête,et sa fille, <strong>en</strong> riront ;chers <strong>en</strong>fants, il n’est plus tempsque je prét<strong>en</strong>de aux amourettes ;ma plume a fait son devoir,et il faut bi<strong>en</strong> que je m’<strong>en</strong> cont<strong>en</strong>te.Le soleil d’hiver s’éteint,le croissant de lune montre les crocs ;le long de nos verts coteaux,bi<strong>en</strong> qu’il y ait de beaux petits chemins,seul avec mon ombre j’erre –il n’est plus temps que j’aille,tournant comme une toupie,cueillir du varech et des fougères.Je n’ai ni regret ni chagrindans ma paisible retraite ;après tout, que me manque-t-il ?J’ai bon pied et bon poing,<strong>la</strong> mer pour nager, une boîte de jeux,de l’<strong>en</strong>cre pour écrire, un livre à lire,et, quand je vois briller deux beaux yeux,le mot pour rire.Chausseaton, berceaton,ma grand-mère est au poisson.Si elle <strong>en</strong> pr<strong>en</strong>d, j’<strong>en</strong> aurai,et si non, je m’<strong>en</strong> passerai.Chausseaton, berceaton,ma grand-mère est au poisson.Crolloton, berchoton,ma grand-mère est au poisson.S’il y <strong>en</strong> a, j’<strong>en</strong> aurai,plein le grand panier.Crolloton, berchoton,ma grand-mère est au poisson.Cha chon, bulleton,ma grand-mère est au poisson.Les restes sont pour le chat,si elle n’<strong>en</strong> a pas, il s’<strong>en</strong> passera.Cha chon, bulleton,ma grand-mère est au poisson.Cha chon, bulleton,et le bon est pour <strong>la</strong> petite fille de <strong>la</strong> maison.Traduction Elsa Beaulieu, avec l’aimable contribution deW. T. Galli<strong>en</strong>ne, Présid<strong>en</strong>t du Coumité d’<strong>la</strong> Culture GuernésiaiseL’autre ayant r<strong>en</strong>contré par hasard une anguilledit qu’elle veut <strong>en</strong> goûter, ne fût-elle plus fille ;une autre ayant trouvé dans son trou un congres’écrie qu’elle ti<strong>en</strong>t le plus féroce morceau.Muses, arrêtez-vous là & gardez le secret,sans révéler jamais ce qui fut dit ou fait !Faites-nous plutôt voir notre pêcheur dormant,que le Sommeil amuse d’un songe p<strong>la</strong>isant.Il croit qu’il pêche avec son aimable troupeet que le sort ne lui a jamais été plus favorable.Il lui semble voir un gros & gras ormeauqu’il ti<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre ses doigts tout mouillés par <strong>la</strong> mer.Il s<strong>en</strong>t <strong>en</strong> même temps une maligne anguillequi remue <strong>en</strong> tous s<strong>en</strong>s & frétille,il voit tout près de lui cinq congres ét<strong>en</strong>dus,qui contre c<strong>en</strong>t pêcheurs se serai<strong>en</strong>t bi<strong>en</strong> déf<strong>en</strong>dus.Cep<strong>en</strong>dant le pêcheur <strong>en</strong> sursaut se réveilleet rev<strong>en</strong>ant à lui il se gratte l’oreille ;il demeure étonné & plus froid qu’un rocherde voir que son poisson est dev<strong>en</strong>u chairet qu’au lieu de congres & d’ormeaux & d’anguilles,il ne touche & ne s<strong>en</strong>t que cinq charmantes filles.Fin des Vers de Lihou.Recopiez par moi Nico<strong>la</strong>s De La Mare ce 29e jour de mois de janvierL’an mille sept c<strong>en</strong>ts Septante & cinq■ 23Jean-gros-JeanJean-gros-Jean marie sa fille,grosse et grasse et bi<strong>en</strong> habile,à un marchand de sabots,radinguette et radingot. *Pour dîner, ils eur<strong>en</strong>t des pois,pour quatre, ils n’<strong>en</strong> eur<strong>en</strong>t que trois,ah ! p<strong>en</strong>sez si c’est trop,radinguette et radingot.Pour souper, ils eur<strong>en</strong>t des prunes,pour quatre, ils n’<strong>en</strong> eur<strong>en</strong>t qu’uneet <strong>la</strong> coquille d’un escargot,radinguette et radingot.Ils fir<strong>en</strong>t faire une couchettede deux petites bûches bi<strong>en</strong> sèches,et l’oreiller d’un fagot,radinguette et radingot.Ils fir<strong>en</strong>t faire des courtinescroyant que c’était de <strong>la</strong> mousseline,mais c’était du calicot,radinguette et radingot.Honneur au vieux <strong>la</strong>ngage,radinguette et radingot.* Cet air a été l’hymne national officieux de Guernesey jusqu’au milieu duXX e siècle. Les mots radinguette et radingot sont si anci<strong>en</strong>s que mêmeMétivier dut admettre que leur s<strong>en</strong>s se perdait dans <strong>la</strong> nuit des temps.Dans les tavernes de Saint-Pierre-Port, on improvisait de nouveaux couplets àcette chanson : nous levons notre verre <strong>en</strong> l’honneur de <strong>la</strong> vieille <strong>la</strong>ngue guernesiaise.THE HARP CONSORT4 LES TRAVAILLEURS DE LA MER

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