Voir la traduction en français moderne (format pdf) - Harmonia Mundi

HMU 907330LES TRAVAILLEURS DE LA MERAnciens chants d’une petite île■ 20Le voyage de Lihou■ 22V’là men livre fini■ 24Cha chonPoeme Heroique contenant les Nouvelles Aventure d’un DocteurEclesiastique et quelque Damoiselles durant le dit VoyageL’autre jour un docteur, fatigué de l’étude,cherchant à dissiper sa noire inquiétude,prépare quelques filets, apprête un hameçonet s’en va à Lihou pour pêcher du poisson.Il trouve en chemin quatre ou cinq demoisellesdepuis longtemps connues pour de chastes pucelles ;il les prend avec lui, assuré que s’il ne prend pasde poisson, il n’aura pas perdu ses pas.Ils arrivent au lieu propre pour l’entrepriseet font des vœux au ciel pour qu’il les favorise ;ils découvrent parmi tant de curiositésd’antiques vestiges du papisme détruit.Deux rochers fort polis, creusés par artifice,sont le lieu où les nonnains & les jeunes novicesvenaient, durant la canicule & les dangereux jours,rafraîchir l’ardeur de leurs folles amours.Toutes lui crient en lui jetant des coquilles,« jetez ici vos filets, vous pêcherez des filles » ;l’une va folâtrant, et tirant son hameçonpour y mettre un ormeau, lui dit qu’il tient un poisson.Voilà mon livre fini,que vont en dire les gens ?Le paysan, les jours de fête,et sa fille, en riront ;chers enfants, il n’est plus tempsque je prétende aux amourettes ;ma plume a fait son devoir,et il faut bien que je m’en contente.Le soleil d’hiver s’éteint,le croissant de lune montre les crocs ;le long de nos verts coteaux,bien qu’il y ait de beaux petits chemins,seul avec mon ombre j’erre –il n’est plus temps que j’aille,tournant comme une toupie,cueillir du varech et des fougères.Je n’ai ni regret ni chagrindans ma paisible retraite ;après tout, que me manque-t-il ?J’ai bon pied et bon poing,la mer pour nager, une boîte de jeux,de l’encre pour écrire, un livre à lire,et, quand je vois briller deux beaux yeux,le mot pour rire.Chausseaton, berceaton,ma grand-mère est au poisson.Si elle en prend, j’en aurai,et si non, je m’en passerai.Chausseaton, berceaton,ma grand-mère est au poisson.Crolloton, berchoton,ma grand-mère est au poisson.S’il y en a, j’en aurai,plein le grand panier.Crolloton, berchoton,ma grand-mère est au poisson.Cha chon, bulleton,ma grand-mère est au poisson.Les restes sont pour le chat,si elle n’en a pas, il s’en passera.Cha chon, bulleton,ma grand-mère est au poisson.Cha chon, bulleton,et le bon est pour la petite fille de la maison.Traduction Elsa Beaulieu, avec l’aimable contribution deW. T. Gallienne, Président du Coumité d’la Culture GuernésiaiseL’autre ayant rencontré par hasard une anguilledit qu’elle veut en goûter, ne fût-elle plus fille ;une autre ayant trouvé dans son trou un congres’écrie qu’elle tient le plus féroce morceau.Muses, arrêtez-vous là & gardez le secret,sans révéler jamais ce qui fut dit ou fait !Faites-nous plutôt voir notre pêcheur dormant,que le Sommeil amuse d’un songe plaisant.Il croit qu’il pêche avec son aimable troupeet que le sort ne lui a jamais été plus favorable.Il lui semble voir un gros & gras ormeauqu’il tient entre ses doigts tout mouillés par la mer.Il sent en même temps une maligne anguillequi remue en tous sens & frétille,il voit tout près de lui cinq congres étendus,qui contre cent pêcheurs se seraient bien défendus.Cependant le pêcheur en sursaut se réveilleet revenant à lui il se gratte l’oreille ;il demeure étonné & plus froid qu’un rocherde voir que son poisson est devenu chairet qu’au lieu de congres & d’ormeaux & d’anguilles,il ne touche & ne sent que cinq charmantes filles.Fin des Vers de Lihou.Recopiez par moi Nicolas De La Mare ce 29e jour de mois de janvierL’an mille sept cents Septante & cinq■ 23Jean-gros-JeanJean-gros-Jean marie sa fille,grosse et grasse et bien habile,à un marchand de sabots,radinguette et radingot. *Pour dîner, ils eurent des pois,pour quatre, ils n’en eurent que trois,ah ! pensez si c’est trop,radinguette et radingot.Pour souper, ils eurent des prunes,pour quatre, ils n’en eurent qu’uneet la coquille d’un escargot,radinguette et radingot.Ils firent faire une couchettede deux petites bûches bien sèches,et l’oreiller d’un fagot,radinguette et radingot.Ils firent faire des courtinescroyant que c’était de la mousseline,mais c’était du calicot,radinguette et radingot.Honneur au vieux langage,radinguette et radingot.* Cet air a été l’hymne national officieux de Guernesey jusqu’au milieu duXX e siècle. Les mots radinguette et radingot sont si anciens que mêmeMétivier dut admettre que leur sens se perdait dans la nuit des temps.Dans les tavernes de Saint-Pierre-Port, on improvisait de nouveaux couplets àcette chanson : nous levons notre verre en l’honneur de la vieille langue guernesiaise.THE HARP CONSORT4 LES TRAVAILLEURS DE LA MER