10.07.2015 Views

Voir la traduction en français moderne (format pdf) - Harmonia Mundi

Voir la traduction en français moderne (format pdf) - Harmonia Mundi

Voir la traduction en français moderne (format pdf) - Harmonia Mundi

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

HMU 907330LES TRAVAILLEURS DE LA MERAnci<strong>en</strong>s chants d’une petite île■ 13MinetteTu n’étais, je le sais, qu’une angora, Minette,et, dis<strong>en</strong>t les g<strong>en</strong>s, une chatte, un chat, n’est bonqu’à t<strong>en</strong>ir compagnie à <strong>la</strong> veuve ou à <strong>la</strong> fillettequi reste seule à chantonner d’un cœur tristedevant l’âtre, à l’heure où le thé est prêt,et à attraper des mulots et des souris.Palfràncordìn, je ne suis pas de leur avis.Toi, tu m’as montré ce qu’est un chat :<strong>la</strong> foi du chi<strong>en</strong>, <strong>la</strong> douceur de <strong>la</strong> brebis.Nous avons joué comme deux <strong>en</strong>fants, ma Minon,je te faisais belle, toi, tu ne cherchais qu’à me p<strong>la</strong>ire ;tu m’aimais fort, et le monde ne m’aimait guère.Et voilà pourquoi, maint<strong>en</strong>ant que tu es morte,chatte, après tout, c’est bi<strong>en</strong> ce que tu étais,mon cœur m’a dit : jamais tu ne retrouveraspareille amitié à Saint-Hélier.Les <strong>la</strong>rmes n’ont pas souv<strong>en</strong>t coulé de mes yeux,mais, Minn’, ta mort m’<strong>en</strong> a tiré beaucoup.Je ne voudrais pas inv<strong>en</strong>ter une histoireet dire que tu n’avais pas de travers ;non, petite voleuse ! Ah ! qu’aurais-tu pu fairesi tu avais comparu devant Monsieur le juge ?C’était ta nature, et tout chat est voleur,les vieux radot<strong>en</strong>t, et le matin est trompeur.Tu étais, Minon, nature et sincérité,et si <strong>la</strong> première te va<strong>la</strong>it des faiblesses,tout, tout de l’autre dépasse les mots,c’est pour ce<strong>la</strong> que j’aimais tant tes caresses.Oh ! tu ne vou<strong>la</strong>is jamais m’<strong>en</strong> faire accroire,c’était sans calcul, Minn, que tu cherchais à me p<strong>la</strong>ire.Même, au dernier souffle, il me semble que je te vois,j’approche, et je mets mes cinq doigts sur ta tête,et ma main tremble, et toi, tu sais que c’est moi,tu fais un suprême effort, ma bête,et, pour montrer que tu m’aimas jusqu’à <strong>la</strong> fin,avant que de mourir tu m’as léché <strong>la</strong> main.■ 15Le furetIl tourne, il tourne le furet,le furet du bois, Mesdames,il tourne, il tourne le furet,le furet du joli bois.Il n’a tourné par ici,il retournera par là,il va tourner par ici,le furet du bois, Mesdames.Il danse, il danse le furet…Il n’a dansé par ici,il redansera par là,il va danser par ici,le furet du bois, Mesdames.Il court, il court le furet…Il n’a passé par ici,il repassera par là,il va passer par ici,le furet du bois, Mesdames.■ 16Le voyage a GerneruiIls leur dir<strong>en</strong>t qu’ils irai<strong>en</strong>t <strong>en</strong> Bretagne,qu’ils parlerai<strong>en</strong>t au roi Salomon,homme de grand pouvoir.De <strong>la</strong> nuit au jour, du matin au soir,ils ont tant couru et tant naviguéqu’ils sont arrivés à Guernesey,une île vers le couchant ;au-delà de cette île,il n’y a pas d’autre terre habitée<strong>en</strong>tre Cornouailles et Bretagne.■ 17Seul et cont<strong>en</strong>tUn matin il y a peu, j’étais tout seul,assis sur l’herbe, adossé à un rocher,je n’avais qu’un livre *, il ne m’<strong>en</strong> faut qu’un à lire,le livre que l’homme lit sans jamais se <strong>la</strong>sser ;<strong>la</strong> terre et le ciel, et <strong>la</strong> mer <strong>en</strong>dormie,tout ret<strong>en</strong>tissait d’espérance et d’amour,<strong>la</strong> mousse humide était fraîche et fleurie,les papillons voletai<strong>en</strong>t de fleur <strong>en</strong> fleur.Les alouettes, battant des ailes de joie,de nue <strong>en</strong> nue vo<strong>la</strong>i<strong>en</strong>t, s’égosil<strong>la</strong>nt.Dans l’eau d’un ruisseau, le jars, m<strong>en</strong>ant ses oiestel un sultan, nageait tout <strong>en</strong> jargonnant ;un cormoran, tout de noir vêtu,muet, triste et l<strong>en</strong>t, au <strong>la</strong>rge de Pûllias,tantôt dans l’air et tantôt à <strong>la</strong> nage,<strong>en</strong>tre deux eaux, déchirait les pauvres varechs.De coucous, de marguerites et de pâquerettes,une bande d’<strong>en</strong>fants composait des bouquets ;le soleil bril<strong>la</strong>nt sur l’herbe t<strong>en</strong>dre et mollefaisait sortir les vers de leurs creux d’hiver ;à sa linotte un linot, faisant le joli sire,chantait matines dans le creux d’un buisson,et <strong>la</strong> poulette – inutile de le dire –sautil<strong>la</strong>nt, écoutait son ga<strong>la</strong>nt.Tout est, me dis-je, si tranquille et si calmeque je resterais, le dos contre mon rocher,sans <strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre ni voir ni att<strong>en</strong>dre personne,seul et cont<strong>en</strong>t, du matin jusqu’au soir.J’y communie avec le ciel et <strong>la</strong> terre,le passé, l’av<strong>en</strong>ir, <strong>la</strong>issant notre monde <strong>en</strong> repos ;et je ne suis jamais – le croirez-vous ? – si solitaireque dans les grands festins, à <strong>la</strong> table des sots.■ 18* L’original de tout ce qui est dans l’âme – l’univers.Doublle <strong>la</strong> vio<strong>la</strong>etteJ’ai un long voyage à faire,je ne sais qui le fera,ce sera le rossignolqui pour moi fera ce<strong>la</strong>.Double, double, <strong>la</strong> violette,et <strong>la</strong> violette redoublera.Le v<strong>en</strong>t ne disait mot ; <strong>la</strong> mer profonde et c<strong>la</strong>ire,battant son plein, caressait les galets,et je regardais les mouettes et les goé<strong>la</strong>ndss’<strong>en</strong>tre-bénir chacun à sa manière.Ah ! si ce n’était que je suis un peu trop sage,à l’heure qu’il est, pour faire pareille chose,j’aurais presque voulu être une grèbe,f<strong>en</strong>dant l’écume au ras des Sauteriaux.THE HARP CONSORT3 LES TRAVAILLEURS DE LA MER

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!